mercredi 9 février 2011

Jutra, entre belles surprises et aberrations


C’est ce matin qu’ont été annoncé les nominations du 13e gala des Jutra, qui se déroulera le 13 mars prochain. C’est sans surprise qu’Incendies de Denis Villeneuve part favori dans la course, avec 10 mentions. Pourtant quelques surprises et de nombreuses aberrations figurent dans ce palmarès qui, année après année, ne fait toujours pas l’unanimité.

Meilleur film
10 et demi
Les amours imaginaires
Curling
Incendies
Les signes vitaux

Cela fait beaucoup de bien de voir Curling et, surtout, Les signes vitaux. Il est également normal d'avoir retenu Incendies et 10 et demi. Sans doute que Les amours imaginaires y est pour la popularité de son cinéaste, même si le film ne fait pas nécessairement le poids lorsqu’on le compare à Trois temps après la mort d’Anna, À l’origine d’un cri et Route 132.

Meilleure réalisation
Denis Côté (Curling)
Xavier Dolan (Les amours imaginaires)
Kim Nguyen (La cité)
Podz (10 et demi)
Denis Villeneuve (Incendies)

Villeneuve, Podz, Dolan : des choix logiques et attendus. Mais pas le Côté qui mérite pleinement d’y être. La présence du talentueux Nguyen s’explique par le fait que La cité est un très bel objet technique, mais au scénario un peu laborieux. Pourtant il aurait été légitime de lui préférer Podz pour Les sept jours du Talion, Robin Aubert pour À l’origine d’un cri et même Rafaël Ouellet pour New Denmark.

Meilleure actrice
Lubna Azabal (Incendies)
Suzanne Clément (Tromper le silence)
Mélissa Désormeaux-Poulin (Incendies)
Évelyne Rompré (2 fois une femme)
Guylaine Tremblay (Trois temps après la mort d’Anna)

Ignorer Guylaine Tremblay dans cette catégorie aurait été une insulte, et il est intéressant de voir le combat que se livreront les deux comédiennes d’Incendies. La présence d’Évelyne Rompré relève de la prise de risques... qui fait beaucoup de bien. Tout le contraire de Suzanne Clément. Pourquoi ne pas avoir opté pour Marie-Hélène Bellavance, une des révélations de Les signes vitaux?

Meilleur acteur
Jay Baruchel (The Trotsky)
Emmanuel Bilodeau (Curling)
Jacques Godin (La dernière fugue)
Claude Legault (10 et demi)
François Papineau (Route 132)

Trois choix logiques sur cinq. Papineau part favori, Bilodeau le seconde et Baruchel est là pour aller chercher une clientèle plus jeune. Claude Legault trouve son meilleur rôle en carrière dans 10 et demi. Mais cela aurait été plus pertinent de le retenir dans la catégorie du meilleur acteur de soutien et de privilégier son jeune collègue Robert Naylor, déjà retenu aux Génie dans la section du meilleur acteur. La sélection de Jacques Godin est également difficile à saisir. Surtout en considérant les grands compétiteurs délaissés (Michel Barrette si bouleversant dans À l'origine d'un cri, Claude Legault pour Les sept jours du Talion, et même Paul Giamatti si l’on considère que Barney’s Version est un film québécois…).

Meilleure actrice de soutien
Dorothée Berryman (Cabotins)
Marie Brassard (Les signes vitaux)
Geneviève Chartrand (Le journal d’Aurélie Laflamme)
Isabelle Miquelon (La dernière fugue)
Danielle Proulx (Reste avec moi)

Sans aucun doute la catégorie la plus aberrante du lot. Mis à part Marie Brassard, à peu près personne ne mérite d’y figurer. Cabotins et Reste avec moi ont réussi l’exploit de saborder ses excellentes distributions, alors que les deux autres comédiennes arrivaient difficilement à sortir du lot. Étrangement Anne-Élisabeth Bossé pour Les amours imaginaires y est dans cette même catégorie, mais aux Génie. Cela aurait été le bon moment de jouer d’audace. Retenir une des actrices de Lucidité passagère par exemple, une des jeunes frimousses de New Denmark, reconnaître que Mélissa Désormeaux-Poulin avait peut-être un rôle moins important dans Incendies que Lubna Azabal (ou vice-versa), ou même d’y aller d’un doublé Les signes vitaux en rajoutant la merveilleuse Danielle Ouimet. N’importe quoi (ou presque, au moins Anik Jean n’y est pas pour Filière 13), mais pas ça.

Meilleur acteur de soutien
Martin Dubreuil (Les sept jours du Talion)
Yves Jacques (La dernière fugue)
Jean Lapointe (À l’origine d’un cri)
Alexis Martin (Route 132)
Gérard Poirier (Reste avec moi)

Alexis Martin et Martin Dubreuil étaient des choix évidents. Comme cette édition des Jutra paye un hommage à Jean Lapointe, sa sélection relevait de l’évidence. Quel dommage que Patrick Hivon n’y figure pas pour À l’origine d’un cri. De même que Claude Legault ou Robert Taylor pour 10 et demi et François Papineau pour Trois temps après la mort d’Anna. Ils sont tous plus habités que Gérard Poirier (qui s’offre un retour à l’écran remarqué) et Yves Jacques.

Meilleur scénario
Robin Aubert (À l’origine d’un cri)
Michael Konyves (Barney’s Version)
Claude Lalonde (10 et demi)
Ian Lauzon (Piché entre ciel et terre)
Denis Villeneuve, avec la collaboration de Valérie Beaugrand-Champagne (Incendies)

Le talent de Robin Aubert est enfin reconnu! Tout comme Claude Lalonde qui a pondu un scénario vraiment supérieur à la/sa moyenne. Ce n’était qu’une formalité pour Incendies. Les deux autres choix demeurent cependant très questionnables. Le film sur Barney est particulièrement édulcoré par rapport au livre, alors que Piché comporte des failles béantes. À ce chapitre Route 132 est mieux fignolé, tout comme Les signes vitaux, Trois temps après la mort d’Anna, Curling et Les sept jours du Talion.

Meilleur documentaire
La belle visite
Le cœur d’Auschwitz
Pierre Falardeau
Les porteurs d’espoir
Vous n’aimez pas la vérité : 4 jours à Guantanamo

Dans l’ensemble ce sont des sélections qui se tiennent. Mais est-ce que Pierre Falardeau est réellement supérieur à Les Fros de Stéphanie Lanthier? Bien sûr que non!

Alors qu’est-ce qui ressort de ces nominations? De belles surprises avec Curling et Les signes vitaux qui sont enfin reconnus à leur juste valeur. Mais également plusieurs aberrations, dont les nombreuses sélections de Reste avec moi et La dernière fugue, l’absence remarquée de Robert Naylor, de Michel Barrette et celle de New Denmark. Sans doute que c’est impossible de satisfaire tout le monde, mais parfois il faut seulement y aller avec le bon sens.

8 commentaires:

  1. Mise à jour: Il ne faudrait pas oublier non plus Le journal d'un coopérant de Robert Morin qui aurait facilement pu se retrouver dans la catégorie du meilleur scénario et de la meilleure réalisation.

    RépondreEffacer
  2. Décidément, plus je regarde la liste et plus je trouve ça déprimant.

    Mais oui, comme on se le répète, le couple Jean-Huard a été éliminé des catégories de jeu et de réalisation OUF!

    Tant qu'à faire, Yves Pelletier aurait déjà eu plus sa place dans scénario que Piché!

    Je ne comprends pas non plus la nomination de Geneviève Chartrand, tant qu'à faire, pourquoi pas Edith Cochrane?

    Et puis, meilleur coiffure pour Le poil de la bête? C'était vraiment LE plus grand défaut du film s'il n'en avait qu'un (!)! Il faudra remontrer le travail fait sur Antoine Bertrand et Gilles Renaud notamment au jury, ils se sont probablement endormi avant de les apercevoir..

    Même chose pour meilleure musique. Au moins, ça permet à Lucidité passagère de trouver une nomination, mais quand même.. C'est un peu une blague.

    C'est vrai que Michel Barette fut remarquable côté performance.

    Et je vais devoir voir New Denmark!

    RépondreEffacer
  3. Ah oui, et l'étonnant The Wild Hunt, finalement, c'est 2009 ou 2010? Il était l'an dernier aux RVCQ, mais cette année en nomination (aux Genie)..

    RépondreEffacer
  4. Ah ok, j'ai trouvé la feuille des (40) films éligibles.

    Donc parmi les oubliés officiels: The Wild Hunt, Mesrine (?), L'appât (ha ha), 2 frogs dans l'ouest (ouf) et tous ceux déjà nommés évidemment.

    RépondreEffacer
  5. Bonne chance pour trouver New Denmark, car il n'est pas en dvd. Mais le film vaut le détour. Oui Yves Pelletier aurait eu sa place au scénario. Au moins on regarde la catégorie du meilleur film et c'est très rare que toutes les sélections sont convenables. Il n'y a pas d'insulte du genre De père en flic...

    RépondreEffacer
  6. Merde pour New Denmark! Quel est le distributeur?

    C'est vrai pour la catégorie Meilleur Film. Par ailleurs, Sophie Deraspe doit être envahie d'un sentiment indescriptible pleinement mérité!

    RépondreEffacer
  7. Dans mes souvenirs New Denmark n'a pas de distributeur.

    Oui, Sophie Deraspe doit être contente. En même temps elle n'est pas nominée comme meilleure réalisatrice, ce qui est un non-sens.

    RépondreEffacer
  8. Ah ben oui, surtout si les 4 autres le sont..

    RépondreEffacer