mercredi 30 septembre 2020

Les meilleurs films de... septembre 2020


Il ne reste que trois petits mois à 2020. Quels ont été les meilleurs films à prendre l'affiche au cinéma en septembre?

- Ne croyez surtout pas que je hurle

- Kajillionaire (ma critique)

- La déesse des mouches à feu

- The Nest (ma critique)

- Dave Not Coming Back

- Nadia Butterfly (ma critique)

- Jumbo (ma critique)

Film du jour: The Front Runner

Passé un peu inaperçu à sa sortie en 2018, The Front Runner est un biopic qui pose des questions probantes sur la moralité dans des sphères aussi importantes que la politique et le journalisme. Bien que Jason Reitman (qui signe là son meilleur film depuis Up in the Air) demeure parfois en surface, sa mise en scène assurée et la performance délicieuse de Hugh Jackman en font une oeuvre supérieure à la moyenne. ***

mardi 29 septembre 2020

Film du jour: What Happened, Miss Simone?


Nina Simone s'affiche dans toute sa magnificence et sa fragilité dans What Happened, Miss Simone? Malgré sa construction conventionnelle, ce documentaire de Liz Garbus ne manque pas de puissance et d'émotion, explorant les zones grises de l'immense chanteuse tout en multipliant les liens entre l'individu et la société. Il en ressort un portrait complexe, teinté de solitude. ***1/2

lundi 28 septembre 2020

Film du jour: Little Woods

En attendant de découvrir son remake de Candyman et, un jour, sa suite à Captain Marvel, on s'initie au cinéma de Nia Dacosta avec Little Woods. Voilà un récit profond et puissant sur l'Amérique désenchanté, où la quête d'argent amène deux soeurs vers l'illégalité. Sans jamais juger ses personnages, le scénario classique qui s'apparente à un western moderne arpente allègrement des zones grises, faisant appel à une mise en scène sobre et à une Tessa Thompson qui donne le meilleur d'elle-même. Un talent qui est très prometteur pour la suite des choses. ***1/2

dimanche 27 septembre 2020

Film du jour: To Have and Have Not

Howard Hawks qui réalise un film tiré d'un livre d'Ernest Hemingway à partir d'un scénario coécrit par William Faulkner. Pourtant l'atout principal de To Have and Have Not (1944) est la chimie entre Humphrey Bogart et Lauren Bacall qui sont tombés à amoureux pendant le tournage. Et cela paraît diablement à l'écran tant ils se dévorent constamment du regard. En temps normal, cela aurait donné un film noir sous fond de résistance. Sauf que les vedettes transcendent le script afin de s'imposer comme matière première, livrant des dialogues drôles, sexy et mémorables. ****1/2

samedi 26 septembre 2020

Film du jour: Akira

Le film culte Akira (1988) de Katsuhiro Otomo avait tout prévu: l'essor des animations japonaises pour adultes, la fascination pour le cyberpunk, la violence qui allait régir les sociétés de demain, l'annulation des Jeux olympiques de Tokyo de 2020, etc. Toujours un tour de force technique et scénaristique, cette folle virée continue d'éblouir par sa folie, son imprévisibilité, ses thèmes phares et ce désir d'élever constamment son art. ****1/2

vendredi 25 septembre 2020

Sorties au cinéma: Kajillionaire, La déesse des mouches à feu, Loin de Bachar, The Last Shift, De Gaulle, Jazz on a Summer Day, All Roads Lead to Pearla


Le cinéma au féminin est au pouvoir cette semaine dans un cinéma près de chez vous.

Kajillionaire: Ce qu'on pouvait s'ennuyer de Miranda July! L'électron libre du cinéma américain est de retour avec un nouvel opus complètement cinglé, explorant à nouveau ses thèmes fétiches à travers le portrait d'une jeune voleuse qui tente de s'affranchir de son clan familial. Lorsque l'originalité s'allie d'une véritable démarche poétique. **** Ma critique 

La déesse des mouches à feu: Anaïs Barbeau-Lavalette signe son meilleur film avec cette adaptation du roman de Geneviève Petterson. Sensible et à fleur de peau, sa réalisation donne l'impression de retourner littéralement dans les années 90: celle qui est si belle et dure à la fois. Malgré quelques maladresses du scénario, les enjeux sont porteurs sans être trop appuyés et la nouvelle venue Kelly Depeault offre une performance à la fois mémorable et viscérale. ***1/2

Loin de Bachar: La crise syrienne sera certainement l'objet de centaines de documentaires. Sur un mode intimiste quoique légèrement conventionnel, Pascal Sanchez propose avec cet émouvant essai de suivre une famille émigrée au Québec. Alors que les parents sont toujours prisonniers du passé, les enfants tentent de s'intégrer par l'art. Un portrait juste sur l'exil et la résilience qui va droit au coeur. ***

The Last Shift: C'est bien la complexité de l'Amérique qui est montrée en filigrane de cette comédie existentielle d'Andrew Cohn, qui parle le plus simplement du monde d'identité, de classes sociales et de racisme. Une petite oeuvre cinématographiquement, qui aborde toutefois des thèmes importants à l'aide d'acteurs de talent (dont Richard Jenkins, également à l'affiche de Kajillionaire). ***

De Gaulle: Il y aurait pu avoir 1000 oeuvres différentes sur cette importante figure historique. Gabriel Le Bomin a décidé d'en faire un biopic extrêmement académique, d'un style feuilletonesque lisse et poussiéreux, où l'appel à la résistance du général pendant la Seconde Guerre mondiale est traitée sous l'angle appuyé de la famille éparpillée et ultimement réunie: comme le pays en crise. Malgré le bon vouloir de Lambert Wilson et des potables séquences politiques, la victoire de l'aspect sentimental ne peut que nuire grandement au récit final. **

Jazz on a Summer Day: Grand-père des spectacles filmés, ce classique de 1959 de Bert Stern multiplie les prestations endiablées d'immenses artistes, dont Louis Armstrong et Chuck Berry. La musique est tellement extraordinaire qu'on regrette parfois ce montage qui s'attarde trop longuement à la foule plutôt qu'aux musiciens. Présenté au Cinéma du Parc dans une restauration en 4K. ****

All Roads Lead to Pearla: Pour son premier long métrage, Van Ditthavong offre un film noir américain classique, très léché dans son visuel et sa mise en scène, mais plus ou moins satisfaisant quand vient le temps de développer une histoire engageante ou de suivre des personnages intéressants, dont l'interprétation inégale n'est pas là pour aider. Présenté dans quelques salles en Amérique du Nord et en vidéo sur demande. **1/2

Film du jour: Cats

Pire film de 2019 (et peut-être même de la dernière décennie), Cats est un ratage spectaculaire de la part de Tom Hooper, qui avait déjà détruit Les Misérables. Le cinéaste se surpasse cette fois-ci en sabotant le classique théâtral à grand coup d'effets spéciaux immondes et de scènes indigestes, relevant uniquement la médiocrité de chansons au demeurant efficaces et d'une distribution soignée. Le résultat est tellement désastreux qu'il y a des moments qui risquent de hanter négativement le cinéphile à jamais. *

jeudi 24 septembre 2020

Film du jour: Diamant noir


Niels Schneider a reçu le César du meilleur espoir masculin pour sa foudroyante composition dans Diamant noir (2016), une histoire de vols doublée d'une tragédie familiale qu s'élève au niveau du mythe (l'ombre de Hamlet n'est jamais loin). Au sein de ce premier long métrage ambitieux, Arthur Hatari offre une mise en scène soignée et habitée, dont les légères imperfections offrent justement une couche supplémentaire aux destins ambigus de ces âmes en suspens. Un film noir envoûtant, qui prend toutefois son temps avant de révéler ses secrets. ***1/2

mercredi 23 septembre 2020

Film du jour: Like a Boss

Pauvres Tiffany Haddish, Rose Byrne et Salma Hayek! Voilà trois actrices que l'on aime d'amour et qui sabotent leur talent dans Like a Boss, une imbuvable comédie de Miguel Arteta qui célèbre les vertus de l'amitié féminine. Rien ne fonctionne dans cette fable hystérique qui est plus agressante que réellement drôle, et dont les moments navrants se succèdent au tournant. *1/2

mardi 22 septembre 2020

Beckman (dvd)


Il y a tellement de bons films que l'on ne verra jamais en dvd. Puis il y a Beckman qui sort aujourd'hui même. (Universal)

C'est quoi? Un tueur à gage qui aspire à la retraite part à la recherche d'un membre de sa famille qui vient de se faire kidnapper.

C'est comment? C'est toujours une excellente nouvelle de constater que le format physique n'est pas mort...

Et pourtant? ... pour le reste, il n'y a rien à tirer de cet ersatz de Taken qui est croisé avec le long métrage de foi à saveur propagandiste.

Techniquement? La qualité de l'image demeure honnête, tout comme le soin audio qui aurait toutefois pu être encore plus immersif.

Suppléments? Cette édition dvd comporte trois bonus: une piste de commentaires généralement intéressantes en compagnie du réalisateur Gabriel Sabloff et de l'acteur David A.R. White,
 un documentaire superficiel sur le tournage et un bêtisier amusant.

Au final? Les amateurs du genre auront bien plus de plaisir avec la série John Wick dont l'aspect cinématographique est nettement plus soignée, que ce dérivé prédigéré de bas étage à faible budget.

Film du jour: Don't Read This on a Plane


Sophie Desmarais est une excellente actrice. Elle mérite tellement mieux que Don't Read This on a Plane, une «comédie existentielle» sur les aléas d'une romancière lors d'une tournée en Europe. Redondant et peu intéressant, le récit écrit par Stuart McBratney est d'une superficialité sans nom, alors que sa réalisation peu personnelle s'apparente à une succession de cartes postales. En vidéo sur demande. **

lundi 21 septembre 2020

Film du jour: Tesla

 


Après le coup d'éclair extrêmement divertissant de The Current War, Tesla de Michael Almereyda apparaît comme une charge d'énergie moins diffuse, qui fait côtoyer les excellentes idées (un casting élégant, une confrontation entre le royaume des rêves et celui de l'argent, des scènes remarquables dont une concernant un classique de Tears For Fears) et les mauvaises (le rythme bavard, les sous-intrigues inopérantes, cette tentative pas toujours fructueuse de s'éloigner du biopic en brisant le quatrième mur et en optant pour une bizarrerie pas toujours appropriée). L'ensemble finit ultimement par manquer de cohérence, affaiblissant l'intérêt au passage. En dvd, blu-ray et vidéo sur demande dès demain. **1/2

dimanche 20 septembre 2020

Film du jour: The Current War

Ayant bénéficié d'un tiède accueil au TIFF en 2017 et pris dans la tourmente Weinstein, The Current War d'Alfonso Gomez-Rejon est sorti en 2019 en director's cut. Lumineuse idée. Parce que cette rivalité entre Thomas Edison et George Westinghouse mérite qu'on s'y attarde. Léger et divertissant, le récit ne manque pas de lancer des flèches au monde d'aujourd'hui, développant une mélancolie insoupçonnée. Et si l'ensemble aurait pu être plus mémorable, il est alimenté d'une mise en scène dynamique, qui bénéficie grandement de choix sonores exemplaires et d'une photographie extrêmement soignée. ***

samedi 19 septembre 2020

Film du jour: A Tramway in Jerusalem


Cela fait des années que nous étions sans nouvelle du grand cinéaste israélien Amos Gitaï. Le voici enfin de retour avec A Tramway in Jerusalem (2019), une fiction étonnamment douce et lumineuse sur des rencontres fortuites d'habitants ou de visiteurs de la Ville Sainte. Une succession de saynètes d'une superficialité sans nom, qui ne servent qu'à mettre en valeur l'exercice de style poreux (chacune sont pratiquement tournées en un seul plan) au lieu de créer de la profondeur et de l'unicité autour de thèmes aussi importants que la religion, l'histoire et les relations entre les gens. Disponible en dvd et numériquement chez Film Movement. **

vendredi 18 septembre 2020

Sorties au cinéma: The Nest, Nadia Butterfly, We Had It Coming, Sisters: Dream & Variations, Radioactive, Blackbird, Rialto

 


Le sérieux l'emporte sur la plupart des nouveautés au cinéma...

The Nest: Neuf années après son brillant Martha Marcy May Marlene, Sean Durkin offre un nouveau suspense angoissant, sans doute plus superficiel mais néanmoins très intriguant - et stylisé - dans sa façon de montrer comment l'argent finit par dévorer l'intimité. Les performances de Jude Law et, surtout, de Carrie Coon, méritent le détour. ***1/2    Ma critique

Nadia Butterfly: Il en a pris encore du gallon, Pascal Plante, depuis Les faux tatouages. Le voilà de retour avec un drame sportif techniquement impeccable, à l'interprétation sentie de la nageuse Katerine Savard. Le scénario manque peut-être de consistance, mais son talent est trop grand pour ne pas vouloir le suivre de près. ***1/2  Ma critique

We Had It Coming: Paul Barbeau (Après la neige) frappe fort avec ce sombre cauchemar qui permet aux femmes d'accaparer l'écran et de se venger de leurs bourreaux masculins, dont on ne décèle jamais les visages (à l'origine, le projet s'intitulait Everest, ce qui en dit déjà beaucoup sur la psychologie des personnages). Un choix idéologique et esthétique qui sonne juste au détour d'une prémisse nocturne un poil trop fragmentée, qui aurait bénéficié d'un jeu moins chargé des comédiennes convaincues. Mais lorsque le cinéma d'ici ose, il ne faut pas hésiter à l'encourager. ***

Sisters: Dream & Variations: C'est un joli premier long métrage que propose la monteuse Catherine Legault avec ce portrait de deux artistes hors normes. Fantaisiste à souhait, le documentaire traite avec sensibilité de créations et de transmission même s'il a tendance à s'éparpiller. Vivement la fin de la pandémie pour un voyage en Islande! ***

Radioactive: S'il y en a une qui aime adapter des romans graphiques, c'est bien Marjane Satrapi (Persépolis). Elle le fait à nouveau avec ce projet qui célèbre le parcours de Marie Curie. Tourné en anglais (Rosamund Pike y est excellente dans le rôle principal), le récit combine maladroitement science et romance, forçant la dose dans la dernière partie. Afin d'éviter le classicisme d'usage, la mise en scène n'évite pas l’esbroufe. **1/2

Blackbird: Ce remake d'un film danois réunit une prestigieuse distribution (Susan Sarandon, Kate Winslet, Mia Wasikowsa, Sam Neil) autour de l'attendue réunion familiale où les secrets seront dévoilés. Prévisible et cinématographique indolent (désolé Roger Michell), l'ensemble distille l'ennui malgré quelques passages plus relevés. En vidéo sur demande. **1/2

Rialto: Beaucoup plus réussie est cette touchante histoire de remise en question masculine, obligeant son protagoniste - superbe Tom Vaughan-Lawlor - à voir la vie différemment. Un plein d'intimité et d'émotions qui vont droit au coeur même si, malgré une réalisation toute en retenue de Peter Mackie Burns, l'ensemble aurait pu être encore plus puissant. Présenté virtuellement dans quelques cinémas. ***

Film du jour: Dolls

Dolls (2002) est probablement le film de transition dans la carrière de Takeshi Kitano. Inspiré du théâtre Bunraku, il entremêle trois histoires d'amour malheureuses au fil des saisons. Grâce à une photographie fulgurante et des mélodies émouvantes de Joe Hisaishi, le cinéaste transforme sa violence en poésie mélancolique. Celle qui noue régulièrement le coeur. Le rythme contemplatif et l'interprétation figée ajoutent au plaisir justement de voir des marionnettes tenter en vain d'échapper aux fils de la vie et de la mort. ****

jeudi 17 septembre 2020

Film du jour: Talk Radio

Film trop souvent oublié d'Oliver Stone, coincé entre Wall Street et Born on the Fourth of July, Talk Radio (1988) demeure pourtant toujours une oeuvre cruellement d'actualité, portant sur les dérives des radios poubelles/provocatrices et de ces mots/maux dont sont affligés la population américaine. Jamais très subtile, la charge qui est inspirée de la populaire pièce d'Eric Bogosian (magistral dans le rôle principal) captive, séduit et répugne tout à la fois. Les excès sentimentaux ne casent évidemment rien (comme toujours chez Stone), sauf que sa réalisation plein de trouvailles visuelles apporte souffle et énergie à la traversée du désert de cet anithéros pas comme les autres. ***

mercredi 16 septembre 2020

Film du jour: Princes et princesses

Michel Ocelot a t-il déjà déçu? Sur Princes et princesses, il invente ou détourne six contes avec maestria, s'adressant autant aux enfants qu'aux adultes avec ses morales nobles (et souvent féministes) et la qualité exceptionnelle de son animation (ombres chinoises en papiers découpés). Le résultat enchante même si l'ensemble, un brin naïf, est de trop courte durée. ***1/2

mardi 15 septembre 2020

Film du jour: Ixcanul


Plus intéressant cinéaste guatémaltèque en activité, Jayro Bustamante a débuté en grand avec Ixcanul (2015), un formidable premier long métrage sur les aléas d'une jeune femme autochtone en région éloignée. La superbe première partie, construite comme un documentaire, annonce symboliquement les enjeux à venir, qui explosent littéralement à la figure des personnages tel un volcan. Avec ses images magnifiques, ses interprètes dévoués et ses longs plans séquences, le film capte une réalité rarement exposée au cinéma, élevant la chronique au niveau du mythe. ****

lundi 14 septembre 2020

Film du jour: The Three Musketeers

Lorsque Disney adapte - en anglais, évidemment - un classique littéraire français, cela donne The Three Musketeers (1993), une version simplifiée qui met l'accent sur sur l'humour et l'action. Peu de choses font sens dans cet effort de Stephen Herek... et c'est pour cela que le résultat est si amusant. Le casting étincelant est dominé par Tim Curry qui joue avec truculence le cardinal de Richelieu et le tout se termine avec une chanson extrêmement mauvaises où se superposent les voix de Bryan Adams, Sting et Rod Stewart. C'est ce qu'on appelle un plaisir coupable. **1/2

dimanche 13 septembre 2020

Film du jour: Séduite et abandonnée

La comédie à l'italienne atteint des sommets dans Séduite et abandonnée (1964) de Pietro Germi, où un père fera l'impossible pour sauver l'honneur de sa fille et celle de sa famille. Hilarant et souvent imaginatif (surtout dans sa deuxième partie, la plus réussie), le film dévoile des trouvailles de mise en scène, alors que des acteurs qui ont tous la gueule de l'emploi se perdent dans des spirales de plus en plus malhonnêtes. Personne ne sortira indemne de ce vortex qui exploite toutes ses possibilités humoristiques pour se terminer dans une vision sombre et cauchemardesque des relations hommes/femmes. ****

samedi 12 septembre 2020

Film du jour: La belle noiseuse

Un des chefs-d'oeuvre de Jacques Rivette, La belle noiseuse capte patiemment l'art de la création, alors qu'un peintre tente de finir son grand portrait sans trop vampiriser son modèle. Austère et fascinant, porté par ses excellents comédiens (Piccoli et Béart sont immenses) et une mise en scène chirurgicale, où la trame sonore représente du grattage et des coups de pinceaux, cette confrontation psychologique rappelle que l'ombre de Bergman n'était jamais loin du maître français. ****1/2

vendredi 11 septembre 2020

Sorties au cinéma: Dave Not Coming Back, Jumbo, Slaxx, Lola vers la mer, La grande cavale


Émotions fortes et problèmes familiaux sont à l'honneur cette semaine au cinéma...

Dave Not Coming Back: Ce fascinant documentaire de Jonah Malak sur une opération sous-marine qui a mal tournée séduit par sa riche recréation et la qualité de ses intervenants. Après une longue entrée en matière, la seconde partie rive littéralement le spectateur à son banc. ***1/2

Jumbo: Improbable histoire d'amour entre une femme et un manège d'un parc d'attraction, ce singulier premier film de Zoé Wittock ne manque pas de poésie et d'onirisme qui compensent pour les quelques baisses de régime. ***1/2    Ma critique

Slaxx: Un jean tueur? Pourquoi pas! C'est l'idée délirante derrière ce long métrage québécois signé Elza Kephart qui mélange avec excès rire, horreur et conscientisation sociale. À découvrir en groupe... distancié, évidemment. ***    Ma critique

Lola vers la mer: Deux excellents acteurs font toute la différence dans cette première création de Laurent Micheli, qui célèbre le droit à la différence au détour d'un road movie sincère mais appuyé. ***  Ma critique

La grande cavale: Avec son visuel décevant et ses morales appuyées, cette animation de Christoph et Wolfgang Lauenstein s'adresse aux petits malgré de nombreux et joyeux clins d'oeil au cinéma d'Hitchcock. **1/2

Film du jour: Streamers

Film moins connu du répertoire de Robert Altman, Streamers (1983) est l'adaptation d'une pièce de théâtre qui traite de masculinité, d'homosexualité et de racisme dans l'armée. Très intense, le récit est porté par le verbe et la dévotion de jeunes gens qui s'investissent corps et âme. Le traitement visuel (jolie photographie du Québec Pierre Mignot) et la force du montage sont au service d'un récit fort dont l'intérêt va et vient tout au long, jusqu'à un dénouement explosif fragilisant l'institution américaine. ***1/2

jeudi 10 septembre 2020

Film du jour: La voie lactée

Bunuel
s'attaque aux hérésies religieuses avec La voie lactée (1969), une satire souvent hilarante sur les dérives de deux pèlerins. Avec ce récit picaresque et blasphématoire, le maître du surréalisme passe 2000 ans d'histoire à la moulinette, faisant triompher le symbole et la parole, divine ou pas, à l'aide d'un long métrage parsemé de saynètes provocatrices. ****

mercredi 9 septembre 2020

Film du jour: It's Not Yet Dark

Puissant documentaire sur le parcours d'un cinéaste irlandais frappé par la maladie de Lou Gehrig, It's Not Yet Dark de Frankie Fenton ne manque pas d'inspirer, célébrant la lumière et la vie dans un monde parfois sombre et injuste. Alors que l'émotion coule de source (gracieuseté de la narration de Colin Farrell), on a toutefois eu tendance à l'enrober dans les mots et les mélodies, créant un effet larmoyant qui atténue un peu le propos. ***

mardi 8 septembre 2020

Film du jour: Entwined

Présenté au TIFF l'année dernière, Entwined de Minos Nikolakakis est un conte grec sur un médecin qui tente de guérir une jeune femme des bois. D'une fulgurante beauté, le récit symbolique à souhait finit toutefois par rebuter par son rythme ankylosé et ses interprètes figés. Mais lorsque les images prennent le dessus, alors il s'agit là de toute une odyssée cinématographique. Disponible en vidéo sur demande. ***

lundi 7 septembre 2020

Legally Declared Dead et Top 5 Fantasia


Présenté le dernier soir de Fantasia, Legally Declared Dead est un sombre suspense sur un courtier d'assurances qui est convaincu qu'un garçon ne s'est pas réellement suicidé... Malgré la mise en scène vitaminée de Yuen Kim-wai et ses interprètes courageux qui se livrent corps et âme, ce long métrage tient rarement la route tant le scénario - adapté d'un roman japonais - est parsemé de fils blancs et d'invraisemblances, devenant de plus en plus grotesque... volontairement ou pas. **1/2

Mon top 5 de l'édition 2020 de Fantasia...

1. Labyrinth of Cinema

2. Woman of the Photographs

3. My Punch-Drunk Boxer

4. Me and Me

5. I WeirDo

Film du jour: The Horse's Mouth

Pour son projet le plus personnel en carrière (il a signé le scénario), Alec Guiness campe un peintre inoubliable dans The Horse's Mouth, gesticulant à qui mieux mieux avec sa voix granuleuse. Malgré ses airs de franche comédie souvent hilarante, ce film signé Ronald Neame n'en demeure pas moins terriblement mélancolique, seulement dans sa façon de confronter les classes sociales et de rappeler comment les artistes se font souvent écraser par la société. ****

dimanche 6 septembre 2020

Film du jour: Poussières dans le vent


Il n'y a personne qui fait des chroniques de jeunesse comme Hou Hsiao-hsien. L'important dans Poussières dans le vent n'est pas tant de suivre deux amis dans la grande ville que de filmer ce temps qui passe, ces rencontres importantes ou pas, ces émotions qui apparaissent furtivement sur le visage des personnages. Avec son rythme méditatif, ses motifs de train et ses paysages à couper le souffle, le cinéaste se permet de retransmettre à l'écran la vie avec un grand V, celle qui sait émouvoir constamment. ****

samedi 5 septembre 2020

Film du jour: Distant Voices, Still Lives

Un des plus grands films du cinéma britannique, Distant Voices, Still Lives (1988) est un fascinant premier long métrage de la part de Terence Davies. En utilisant ses souvenirs d'enfance, il médite à la fois sur le Liverpool des années 40 et 50 que sur l'action même de se plonger dans sa mémoire, créant une oeuvre poétique inestimable, sombre et destructrice dans sa première moitié, et plus lumineuse par la suite alors que les chansons semblent capables de raviver les morts. L'interprétation et la mise en scène sont évidemment de premier plan. ****1/2

vendredi 4 septembre 2020

Sorties au cinéma: The Personal History of David Copperfield, Femmes d'Argentine, Jukebox, Les traducteurs, Psychomagic - A Healing Art


Passé et documentaires constituent la plupart des nouveautés au cinéma.

The Personal History of David Copperfield: Lorsque Armando Iannucci (Veep) adapte Dickens, cela ne peut pas donner quelque chose de normal. C'est évidemment le cas de cette oeuvre extrêmement charmante et vivifiante qui est portée par des personnages attachants, des répliques mémorables et des situations inoubliables. À voir impérativement sur grand écran. ****       Ma critique

Femmes d'Argentine: C'est un implacable documentaire pour la légalisation de l'avortement qu'offre Juan Solanas avec ce brûlot qui libère la parole. Malgré quelques détours plus schématisés et un procédé cinématographique qui aurait pu être relevé (cela ressemble parfois à un simple reportage), le cinéaste a tôt fait de faire réagir avec son sujet essentiel. ***

Jukebox: Qui n'a pas envie de revivre la folle époque de la musique yéyé du Québec? C'est ce que propose ce documentaire de Guylaine Maroist et Éric Ruel qui s'avère plus ludique et divertissant que réellement instructif et intéressant. **1/2       Ma critique

Les traducteurs: Le si amusant Knives Out étant encore dans notre esprit que prend l'affiche une autre oeuvre où l'on cherche encore le coupable parmi une tonne de suspects. Là s'arrêtent toutefois les comparaisons, parce que ce long métrage de Régis Roinsard (Populaire), aussi intriguant soit-il, ne possède pas le même impact, préférant singer les références du genre - Agatha Christie, The Usual Suspects - avec ses retournements de situations tirées par les cheveux. **

Psychomagic - A Healing Art: On aime d'amour l'oeuvre d'Alejandro Jodorowski. Mais beaucoup moins lorsqu'il laisse sa «religion» prendre le dessus. C'est malheureusement le cas de ce documentaire parsemé de malaises où l'artiste prétend pouvoir guérir le cancer et d'autres traumas par le pouvoir du toucher... Sans doute qu'il y a une part de performance dans l'essai, sauf que jouer autant avec des gens vulnérables peut s'avérer dangereux. *1/2

Film du jour: The Osiris Child

The Osiris Child ne fait pas dans la demi-mesure, recyclant tous les clichés de la science-fiction lorsqu'il est question de fin du monde, d'avenir de l'humanité, d'enfant sauveur et de virus mortel. Ce qui lui permet de ne pas être un gros navet comme il y en a tant d'autres, c'est la vigueur de son interprétation et le travail à la réalisation de Shane Abbess qui, malgré un budget extrêmement limité, fait tout de même preuve d'ambition, autant au niveau des textures (le désert australien) que des effets spéciaux. Cela ne donne pas nécessairement un bon film pour autant, mais il y a une certaine curiosité à vouloir aller se perdre là-dedans. **1/2

jeudi 3 septembre 2020

Le reste de Fantasia... La Dosis, Cosmic Candy


Fantasia s'étant terminé hier, voici les derniers films vus dans cette édition virtuelle qui fut bien surprenante.

Des infirmiers jouent à Dieu dans La Dosis, le solide premier film de Martin Kraupt qui traite dans un style clinique de la mort et de la masculinité toxique. Lent et verbeux, le récit composé dans des tons de bleus est interprété avec assurance et si le scénario ambigu peut paraître sinueux, c'est pour mieux refléter les enjeux moraux qui en découlent. ***

Prenez la scène de délire drogué de The Big Lebowski et mettez-là sur un film entier. Cela ressemblerait un peu à Cosmic Candy de Rinio Dragasaki, une oeuvre bonbon qui séduit la première demi-heure mais qui fait rapidement tourner la tête par son abus de sucre et de psychotropes. Un meilleur dosage aurait permis aux thèmes de prendre de l'épaisseur, car le potentiel y est et l'actrice principale demeure attachante. **1/2

Film du jour: Santiago, Italia

Très intéressant documentaire sur la chute du régime d'Allende et le sort de sa population dont quelques individus ont pu trouver refuge dans l’ambassade italienne avant d'être rapatriés en Europe, Santiago, Italia permet à Nanni Moretti de traiter avec humanité de résistance, de résilience et de fascisme, le cinéaste s'efface - peut-être un peu trop - afin de faire triompher la parole des survivants. Après une entrée en matière classique, le récit s'aventure en terrain inconnu, émouvant par la force de son propos tout en créant des liens implacables entre l'accueil hospitalier de l'Italie d'hier et la réaction individualiste de celle du présent face aux réfugiés. Disponible en dvd chez Icarus Films. ***1/2

mercredi 2 septembre 2020

Films du jour: Sleep, The Columnist, Bring Me Home (Fantasia)


Si David Lynch avait voulu faire un remake de Shining, cela ressemblerait sûrement à Sleep. Éternel combat entre le réel et le subconscient, ce premier long métrage de Michael Venus convoque les fantômes allemands du passé au détour d'une intrigue complexe qui arrive à la fois à être politique et cauchemardesque. Un labyrinthe lent et onirique où l'on peut errer longtemps en compagnie de l'excellente Gro Swantje Kohlhof. En vidéo sur demande. ***1/2

Qui n'a pas rêvé un jour de s'en prendre à tous les trolls qui polluent sur les médias sociaux? C'est ce que fait avec violence l'héroïne de The Columnist, une satire mordante et cynique signée Ivo Van Aart. Malgré sa facilité et son manque de subtilité, le récit jouissif fait mouche dans sa façon d'exposer les horreurs du monde moderne. Et bien que les scènes de vengeance manquent d'originalité, ce défaut est compensé par une interprétation sentie et une réalisation solide, dont la dernière scène marquera les esprits. En vidéo sur demande. ***

Bring Me Home avait tout pour séduire: une prestation impériale de Lee Young-ae (dans son premier rôle au cinéma depuis Lady Vengence) en mère qui recherche son enfant disparu, une mise en scène généralement maîtrisée du nouveau-venu Seung-woo Kim, une photographie extrêmement soignée. Si seulement ce sujet bien noir était mieux traité, que la musique n'était pas aussi abondante et que le scénario ne multipliait pas les invraisemblances les plus absurdes. **1/2

mardi 1 septembre 2020

Les meilleurs films de... août 2020

 


Avant d'entrer dans le dernier tiers de l'année, place aux films les plus vibrants d'août 2020 qui ont pris l'affiche au Québec...

- Chambre 212 (mon entrevue)

- The Personal History of David Copperfield

- Lumière! L'aventure commence

- L'oiseau bariolé

- La virgen de Agosto (mon entrevue)

- L'angle mort (mon entrevue)

- The Body Remembers When the World Broke Open

- Tenet (ma critique)

- The King of Staten Island

Films du jour: Sayo, Sanzaru (Fantasia)


Assemblé pendant la pandémie, Sayo du Montréalais Jeremy Rubier s'apparente à un récit de la fin du monde, alors qu'une jeune femme fera tout pour retrouver l'âme de sa jumelle décédée. Entre Orphée et Le voyage de Chihiro, ce conte parfois ténu à la voix off accaparante recèle son lot  de jolies mélodies orchestrales et d'images magnifiques, baignées de lyrisme et de poésie. Un périple au Japon plein d'émotions et d'imagination qui annonce de belles choses pour l'avenir. En vidéo sur demande ***

Sanzaru de Xia Magnus ne tarde pas à piquer la curiosité avec ses effets inquiétants de fantômes et son climat de claustrophobie. Sauf que l'intrigue, poreuse, finit rapidement par faire du surplace, développant que superficiellement ses personnages dont l'interprétation demeure très inégale. Jusqu'à un dernier tiers trop explicatif qui enlève le peu de mystère en place. Projection ce soir. **