vendredi 31 mars 2017

Sorties au cinéma: L'économie du couple, La fille de Brest, Ghost in the Shell, Les arts de la parole, The Zookeeper's Wife

Le drame est à l'honneur cette semaine au niveau des nouveautés au cinéma...

Cela commence en force avec L'économie du couple, le fabuleux nouveau film de Joachim Lafosse. Il s'agit d'une oeuvre très maîtrisée sur une séparation qui s'éternise. Avec ses comédiens exceptionnels, sa réalisation assurée (posée pour certains) qui laisse la place au temps d'exister et son scénario subtilement fignolé, on ne s'y ennuie pas une seule minute et on en redemande même. ***1/2

C'est toute une histoire vraie qui se trouve derrière La fille de Brest: celle d'une pneumologue qui s'est battue pour bannir un médicament. Mené avec vivacité et intensité, le récit généralement intéressant finit par se brûler en abusant des excès. C'est le cas notamment du personnage principal qui finit par taper sur les nerfs malgré la fine composition de Sidse Babett Knudsen. Même si c'est un peu gros, le nouveau Emmanuelle Bercot ne manquera pas de faire réagir. ***

On pouvait craindre le pire devant l'adaptation cinématographique de Ghost in the Shell. Sans être désastreuse, cette transposition ne comporte ni l'âme ni les élans philosophiques et existentiels du manga et de l'animation japonaise. Reste une superproduction visuellement extraordinaire et un peu moins bête que la moyenne, quoi doit beaucoup à ses vedettes (Johansson, Kitano, Binoche). Avec un metteur en scène plus inspiré que Rupert Sanders, cela aurait pu rivaliser avec Blade Runner... **1/2

Nouveau long métrage singulier de la part d'Olivier Godin, Les arts de la parole s'amuse à aller dans tous les sens et de convoquer les personnages les plus incroyables. Cette originalité folle finit toutefois par tomber au neutre à mi-chemin, pour mieux repartir par la suite. On reconnaît là le style unique de ce jeune créateur talentueux, même si l'ensemble n'est pas aussi achevé que son précédent Nouvelles, nouvelles. **1/2

Jessica Chastain a l'habitude de sauver des films du naufrage. Elle est d'ailleurs le meilleur élément de The Zookeeper's Wife de Niki Caro qui retrace l'histoire vraie d'un couple polonais qui a caché des personnes juives pendant la Seconde Guerre mondiale. Autant le sujet est essentiel, autant le traitement conventionnel n'amène absolument rien de particulier au projet. Ce n'est ni bon ni mauvais, seulement un peu ennuyant. **1/2

Film du jour: The Road to Mandalay

De film en film, le cinéma de Midi Z prend de l'épaisseur et il devient un réalisateur important avec The Road to Mandalay, le récit de deux jeunes immigrants illégaux. Patient et attentionné, le récit alterne constamment entre le personnel et le politique, plongeant des tableaux de toute beauté dans des environnements troubles. Plus l'effort défile et plus il tend des pièges à ses personnages, qui auront de plus en plus de difficulté à s'extirper de leur sort. Jusqu'à cette conclusion implacable qui marquera les esprits. Au Centre Phi. ****

jeudi 30 mars 2017

Film du jour: Lady Snowblood: Love Song of Vengeance

Suite complétée à la va-vite pour profiter de l'aura du premier film, Lady Snowblood: Love Song of Vengeance de Toshiya Fujita emprunte cette fois un chemin plus politisé, alors que notre savoureuse héroïne est parfois plus un témoin de ce qui arrive. Malgré de nombreux fils blancs, la mise en scène est toujours aussi stylisée et quelques affrontements sanglants font hurler de rire. Eh oui, la grand-mère de Lady Vengeance est toujours la radieuse Meiko Kaji qui s'acquitte encore une fois du rôle titre avec grâce! ***

mercredi 29 mars 2017

Film du jour: L'effrontée

C'est L'effrontée de Claude Miller qui a lancé la carrière de Charlotte Gainsbourg. Voilà un film simple mais ô combien séduisant sur la jeunesse qui emprunte allègrement au cinéma de Truffaut tout en demeurant authentique. La jeune comédienne y est rayonnante et elle élève le long métrage qui ne manque pas de profondeur psychologique. ****

mardi 28 mars 2017

Nouveautés Blu-ray/dvd: Silence, A Monster Calls, Patriots Day, Fantastic Beasts and Where to Find Them, Why Him?, Monster High: Electrified

Les amateurs de cinéma à la maison se retrouvent cette semaine avec un excellent long métrage qui a passé en flèche au cinéma.

Silence: C'est dommage que Martin Scorsese a mordu la poussière au box-office/Oscars avec cette fresque sublime mais un peu pesante, parce qu'il s'agit d'une véritable expérience transcendante. ***1/2

A Monster Calls: La tristesse d'un enfant se matérialise dans ce conte sombre signé J.A. Bayona, qui a recours à de très bons interprètes pour palier un récit qui est loin d'être inédit. ***

Patriots Day: La propagande est lourde dans ce film choral sur les attendats pendant le marathon de Boston. C'est de Peter Berg, alors c'est tout à fait normal. **1/2

Fantastic Beasts and Where to Find Them: L'univers d'Harry Potter vise à nouveau les enfants avec cette décevante production de David Yates qui manque singulièrement de magie. **

Why Him?: La comédie stupide et indigeste a un nouveau nom, alors que le tâcheron John Hamburg sabote un casting de qualité. Minable. *

Monster High: Electrified: C'est du pareil au même, ce qui risque d'être une bonne nouvelle pour les fans. Pour les autres...

Film du jour: Good Will Hunting

Good Will Hunting a déjà 20 ans! Pourquoi ne pas le revoir au Centre Phi? L'occasion est idéale de redécouvrir le cinéma de Gus Van Sant dans sa forme la plus classique, avec ce mélange d'humour et de drame qui réconforte le spectateur. Rien de révolutionnaire au menu, si ce n'est un script très bien écrit (de Matt Damon et Ben Affleck), une réalisation sobre et une performance terriblement humaine de Robin Williams. ***1/2

lundi 27 mars 2017

Film du jour: La vie des autres

Le Centre Phi souligne le 10e anniversaire en repassant La vie des autres, cet excellent film de Florian Henckel von Donnersmarck sous fond d'espionnage et de guerre froide. Voici ma critique publiée à sa sortie...

« La perte d’intimité et la conscience du beau tourmentent les protagonistes de La Vie des autres (Das Leben der Anderen), le représentant de l’Allemagne comme « meilleur film étranger » aux prochains Oscars. Touchant.

La vie n’est guère aisée en République Démocratique de l’Allemagne au cours des années 1980. Pratiquement tout le monde est sur écoute et les gens plus subversifs sont rapidement interrogés. L’État soupçonne l’auteur Georges Dreyman (Sebastian Koch) et sa compagne l’actrice Christa-Maria Sieland (Martina Gedeck) d’avoir des liens avec des journaux de l’Ouest. Il décide donc de les espionner. Le projet est confié à l’expérimenté Wiesler (Ulrich Mühe), un professionnel de l’interrogation. Lorsque ce dernier découvre des preuves compromettantes, il n’avise pas immédiatement ses supérieurs. Il préfère prendre des notes, énigmatiquement, jusqu’au jour où ses patrons décident d’enrayer la situation…

Ce n’est guère un hasard si La Vie des autres a remporté une multitude de prix sur son passage. L’intrigue, qui peut préalablement rappeler celle de The Conversation, emprunte son propre fil tout en explorant plusieurs chemins intéressants. Il y a bien entendu ce pays divisé, renfermé sur lui-même, intransigeant aux critiques intérieures et fermant les yeux sur le nombre incroyablement élevé de suicides. Un arrière-plan décisif dans le destin des personnages, un climat de tension atteignant son paroxysme lors des séances de questions. À ce chapitre, le film démarre brusquement et brillamment pour poursuivre plus lentement, prenant tout son temps pour développer les différentes figures.

Cet opus de Florian Henckel von Donnersmarck est surtout pertinent pour son exploration de la psyché humaine et de l’espoir qui peut découler de la beauté lorsque les jours semblent si gris. Les arts et les discussions d’intellectuels bouleversent les mœurs préétablis, permettant un réajustement des valeurs. Des éléments profonds et tempérés qui font de Wiesler un symbole si important. Même s’il prend légèrement moins d’importance au milieu de l’intrigue, le rôle défendu avec brio par Ulrich Mühe séduit tout en intrigant. Ses motivations, multiples, ne sont pas immédiatement identifiables et l’acteur demeure discret au lieu d’épater la galerie. Il est appuyé par des très bonnes prestations de Sebastian Koch et de Martina Gedeck qui s’avèrent un couple crédible, entre bonheur et trahison.

L’implacable réalité les fera tous souffrir et le destin – arrangé ou non – ne pourra pas toujours les sauver. S’il faut être ravi par un retournement de situations, il est un peu dommage que l’intrigue peine à se terminer. Malgré trois ou quatre conclusions possibles, la finale s’étire à outrance, brûlant au passage les mérites passés. La trame narrative n’atteint pas toujours son rythme de croisière et lorsqu’un élément politisé apparaît, il est souvent laissé de côté pour mettre l’emphase sur ce couple qui se détruit à petit feu. Un choix compréhensible qui n’est pas toujours pour le mieux.

Avec des œuvres de très grandes qualités comme Good Bye, Lenin! et La Vie des autres, le cinéma allemand qui arrive sur les écrans québécois arrive largement à faire oublier des demi-succès (Sophie Scholl) et des échecs populistes (The Edukators). Pour sa réalisation touchante quoiqu’un peu académique, Florian Henckel von Donnersmarck a décidé de privilégier les émotions humaines au détriment du tape à l’œil propre au sujet (pesant La Chûte). Heureuse idée, son travail n’en est que meilleur. La perte d’intimité et la conscience du beau tourmentent les protagonistes de La Vie des autres (Das Leben der Anderen), le représentant de l’Allemagne comme « meilleur film étranger » aux prochains Oscars. Touchant.

La vie n’est guère aisée en République Démocratique de l’Allemagne au cours des années 1980. Pratiquement tout le monde est sur écoute et les gens plus subversifs sont rapidement interrogés. L’État soupçonne l’auteur Georges Dreyman (Sebastian Koch) et sa compagne l’actrice Christa-Maria Sieland (Martina Gedeck) d’avoir des liens avec des journaux de l’Ouest. Il décide donc de les espionner. Le projet est confié à l’expérimenté Wiesler (Ulrich Mühe), un professionnel de l’interrogation. Lorsque ce dernier découvre des preuves compromettantes, il n’avise pas immédiatement ses supérieurs. Il préfère prendre des notes, énigmatiquement, jusqu’au jour où ses patrons décident d’enrayer la situation…

Ce n’est guère un hasard si La Vie des autres a remporté une multitude de prix sur son passage. L’intrigue, qui peut préalablement rappeler celle de The Conversation, emprunte son propre fil tout en explorant plusieurs chemins intéressants. Il y a bien entendu ce pays divisé, renfermé sur lui-même, intransigeant aux critiques intérieures et fermant les yeux sur le nombre incroyablement élevé de suicides. Un arrière-plan décisif dans le destin des personnages, un climat de tension atteignant son paroxysme lors des séances de questions. À ce chapitre, le film démarre brusquement et brillamment pour poursuivre plus lentement, prenant tout son temps pour développer les différentes figures.

Cet opus de Florian Henckel von Donnersmarck est surtout pertinent pour son exploration de la psyché humaine et de l’espoir qui peut découler de la beauté lorsque les jours semblent si gris. Les arts et les discussions d’intellectuels bouleversent les mœurs préétablis, permettant un réajustement des valeurs. Des éléments profonds et tempérés qui font de Wiesler un symbole si important. Même s’il prend légèrement moins d’importance au milieu de l’intrigue, le rôle défendu avec brio par Ulrich Mühe séduit tout en intrigant. Ses motivations, multiples, ne sont pas immédiatement identifiables et l’acteur demeure discret au lieu d’épater la galerie. Il est appuyé par des très bonnes prestations de Sebastian Koch et de Martina Gedeck qui s’avèrent un couple crédible, entre bonheur et trahison.

L’implacable réalité les fera tous souffrir et le destin – arrangé ou non – ne pourra pas toujours les sauver. S’il faut être ravi par un retournement de situations, il est un peu dommage que l’intrigue peine à se terminer. Malgré trois ou quatre conclusions possibles, la finale s’étire à outrance, brûlant au passage les mérites passés. La trame narrative n’atteint pas toujours son rythme de croisière et lorsqu’un élément politisé apparaît, il est souvent laissé de côté pour mettre l’emphase sur ce couple qui se détruit à petit feu. Un choix compréhensible qui n’est pas toujours pour le mieux.

Avec des œuvres de très grandes qualités comme Good Bye, Lenin! et La Vie des autres, le cinéma allemand qui arrive sur les écrans québécois arrive largement à faire oublier des demi-succès (Sophie Scholl) et des échecs populistes (The Edukators). Pour sa réalisation touchante quoiqu’un peu académique, Florian Henckel von Donnersmarck a décidé de privilégier les émotions humaines au détriment du tape à l’œil propre au sujet (pesant La Chûte). Heureuse idée, son travail n’en est que meilleur. » ****

dimanche 26 mars 2017

Les films préférés de... Benoit Pilon

Cinéaste de l'humain, Benoit Pilon a débuté avec de très bons documentaires (Roger Toupin, Nestor et les oubliés, Des nouvelles du Nord) avant de plonger dans la fiction avec l'essentiel Ce qu'il faut pour vivre. Six années après Décharge, il est de retour avec son nouveau film Iqaluit. Je l'ai rencontré pour l'occasion (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés. Voici sa réponse...

« J'aime toute sorte de cinéma. Je ne suis pas quelqu'un qui est dogmatique dans un type de films. J'aime des choses qui me rejoignent, qui me touchent, que je trouve qui sont honnêtes et inspirées. Par exemple cette année, j'ai été extrêmement touché par Manchester by the Sea et je n'ai pas pantoute aimé La La Land. Il y a une profondeur dans Manchester by the Sea, il y a des scènes là-dedans que j'aurais tant aimé avoir écrit. Le scénario, c'est juste hallucinant. Comment il arrive à nous faire saisir le non-dit entre les personnages. C'est absolument magnifique. Pour moi, c'est l'exemple de films dont j'aimerais faire.

Au cours des dernières années, il y a eu plusieurs films comme ça. Du cinéma ancré dans une certaine réalité, une vérité des personnages, une grande écriture. J'ai aussi beaucoup aimé Moonlight que je trouve qui est une belle histoire, qui nous surprend. La fin de ce film-là est extraordinaire. Il y a des choses qui sont réussies de façon grandioses là-dedans.

J'aime bien les choses qui font preuve d'une grande sensibilité, d'inventivité, à la fois scénaristique et de mise en scène. Quelque chose qui n'est pas dans l'esbroufe ou dans quelque chose de grandiloquent, mais qui atteint un niveau de vérité et qui te va droit au coeur. Ça c'est quelque chose qui me touche beaucoup.

J'aime beaucoup par exemple le cinéma d'Andrea Arnold. Dans Fish Tank, il y a une espèce de vérité, qui est toujours ancrée dans un réalisme. Je pourrais te nommer plusieurs films. Et en même temps, je vais être très touché et surpris d'être touché par Toy Story 3 que j'ai vu avec mon fils. J'avais les larmes aux yeux. Comment ça, ça me fait brailler? J'aime quand les choses sont bien faites et bien écrite. Ça me touche. Je ne suis pas dogmatique, je n'ai pas peur de dire que j'ai pleuré devant Toy Story. » (rires)

Film du jour: Cameraperson

Cinema Politica de Concordia présente demain Cameraperson en présence de sa cinéaste Kirsten Johnson. Voilà un des plus beaux essais documentaires des dernières années, qui utilise différentes archives tournées par la cinéaste pour composer une symphonie humaine sur les beautés et les laideurs de l'existence. Le travail - de mémoire - au niveau du montage est phénoménal et l'hymne invite au recueillement et à l'élévation. ****

samedi 25 mars 2017

Film du jour: Pariente

Western colombien où les crises politiques et amoureuses se conjuguent au niveau familial, Pariente (Guilty Men) d'Ivan D. Gaona pique la curiosité avec sa formidable introduction avant de titiller la patience du cinéphile et de tout faire exploser à la fin avec sa tension insoutenable. Bien que le récit ne soit pas toujours limpide, la réalisation maîtrisée au montage élaboré fait ressortir un talentueux cinéaste, qui dirige adroitement des comédiens non professionnels. Au Centre Phi. ***1/2

vendredi 24 mars 2017

Sorties au cinéma: Personal Shopper, Les fleurs bleues, Tuktuq, P.S. Jerusalem, Trainspotting 2, Les terres lointaines, The Sense of an Ending, The Second Time Around, Wilson, Je compte sur vous, Chips

Les films se succèdent au tournant cette semaine au niveau des sorties au cinéma. Trois nouveautés attirent cependant notre regard...

Seconde collaboration entre Olivier Assayas et Kristen Stewart, Personal Shopper est une superbe oeuvre de fantômes sur les rapports entre le tangible et le spirituel. Essentiel ****

Ultime long métrage d'Andrzej Wajda, Les fleurs bleues s'intéresse avec doigté au sort d'un peintre dans l'après Deuxième Guerre mondiale. Classique mais d'une très grande classe. ***1/2

Robin Aubert revient à un cinéma minimaliste avec Tuktuq où il questionne l'apport aux autres. Un très joli essai social, politique et humain tout à la fois. ***1/2

Émouvant documentaire sur une mère qui retourne vivre dans le lieu de son enfance avec sa famille, P.S. Jerusalem de Danae Elon traite son sujet à regard d'enfants, cumulant les répétitions mais également les réflexions probantes. ***

Hallucination nostalgique quoiqu'un peu éparpillée sur son célèbre prédécesseur, Trainspotting 2 de Danny Boyle prend le risque d'essayer des choses au lieu de simplement se répéter. ***

L'appel du large est au coeur de Les terres lointaines de Félix Lamarche, qui vaut surtout le détour dans sa façon anthropologique de filmer ses sujets et d'épouser leur rythme intérieur. ***

Autant on avait adoré The Lunchbox de Ritesh Batra, autant The Sense of an Ending qui est adapté d'un roman à succès laisse de glace dans sa façon mécanique d'alterner entre le présent et les souvenirs. L'interprétation demeure toutefois impeccable. **1/2

Les deuxièmes chances sont également au coeur de The Second Time Around de Leon Marr, un téléfilm longuet mais bien intentionné sur des personnes âgées qui se sentent vivre à nouveau. **1/2

Créateur du très sympathique The Skeleton Twins, Craig Johnson est de retour avec Wilson, une comédie mélancolique facile et mal ficelée, où Woody Harrelson en fait des tonnes pour rien. **

Inspiré d'une histoire vraie, Je compte sur vous de Pascal Elbé s'enfarge rapidement les pieds dans le tapis, se perdant dans ses tentatives de faire rire et d'émouvoir au détour d'une intrigue assez ennuyante. **

Chips de Dax Shepard n'a pas gardé grand-chose de sa rigolote série télé. C'est devenu vulgaire, violent et homophobe. Le duo de comédiens a beau s'amuser, ce n'est pas toujours le cas du spectateur. **

Film du jour: Apprentice

Sélection de Singapour aux derniers Oscars, Apprentice de Boo Junfeng est une oeuvre forte et humaine sur la peine de mort, alors qu'un jeune gardien de prison est initié à cette «routine de pendaison» par l'entremise d'un collègue expérimenté. Drame prenant qui comprend des éléments presque documentaire, ce suspense de l'âme à la réalisation assurée offre l'opportunité à de très bons interprètes de se faire valoir. Au Centre Phi. ***1/2

jeudi 23 mars 2017

Film du jour: Everything For Sale

Film hommage à un de ses acteurs fétiches décédé tragiquement, Everything For Sale d'Andrzej Wajda entremêle constamment le réel et la fiction. Si le résultat paraît un peu confus, il est souvent fascinant, créant des jeux de miroirs insoupçonnés. Sa mise en scène libre est un véritable plaisir, dynamitant un montage étonnant qui semble parfois peser sur les épaules des talentueux comédiens. Un trip cérébral sans limite. ***1/2

mercredi 22 mars 2017

Film du jour: Being There

Peter Sellers est né pour jouer dans Being There, ce délicieux film d'Hal Ashby sur un homme élevé par la télévision qui arrive à s'élever socialement. En plus d'être une satire mordante du milieu politique, il s'agit surtout d'une chronique douce-amère sur l'amitié et la vieillesse. Mis en scène avec précision et porté par un scénario riche qui offre une bonne dose d'humour et d'émotions, le récit est dominé par ses acteurs (Shirley MacLaine, Melvyn Douglas) et surtout la prestation de sa vedette qui n'aura jamais été aussi juste et émouvant. ****

mardi 21 mars 2017

Nouveauté Blu-ray/dvd: Fuocoammare, Julieta, Tower, The Blackcoat's Daughter, Miss Sloane, Sing, Assassin's Creed, Live by Night, Bad Moms

Trois films de qualité supérieure se démarquent cette semaine au niveau des sorties DVD et Blu-ray...

Fuocoammare: Ce documentaire puissant de Gianfranco Rosie s'avère être l'essai ultime sur la crise des migrants, combinant parfaitement le social et le cinématographique. ****

Julieta: Pedro Almodovar revient en pleine forme avec cet opus testamentaire de toute beauté qui s'ouvre sur un nouveau cycle créatif. ****

Tower: Impossible de ne pas être foudroyé par ce documentaire qui arrive avec virtuosité à recréer une infernale histoire vraie - une tuerie sur un campus - à l'aide de témoignages vibrants. ****

The Blackcoat's Daughter: Renouveler le film d'exorciste n'est pas évident et sans y parvenir totalement, Oz Perkins propose une production tendue, un peu brouillonne mais inquiétante. ***

Miss Sloane: L'incroyable Jessica Chastain aurait sans doute mérité un meilleur long métrage que celui de John Madden qui traite du lobby des armes à feu avec efficacité mais superficialité. ***

Sing: Les jeunes enfants raffoleront de cette animation enchantée. Les autres se heurteront aux morales collantes, au récit très inégal et aux dessins qui manquent de souplesse. **1/2

Assassin's Creed: Malgré tout le talent en place (Fassbender, Cotillard, Kurzel à la réalisation), il s'agit d'une autre adaptation sans âme d'un jeu vidéo à succès. **

Live by Night: Ben Affleck se fourvoie dans cette chronique gangster lente, prévisible et dénuée de tension qui est indigne de son talent de cinéaste. **

Bad Moms: Grand succès commercial, cette comédie de Scott Moore et Jon Lucas accumule pourtant les clichés jusqu'à plus soif, ne faisant pratiquement jamais sourire. **

Film du jour: Un secret

La grande et la petite histoire se rencontrent dans Un secret, un film très élégant de Claude Miller. Classique dans son approche, ce récit qui convie des grandes têtes d'affiche (Bruel, de France, Sagnier, Amalric...) en est un de romantisme et de ruptures, alors que le réel finit par prendre le dessus sur l'imaginaire. Cela aurait certainement pu être plus profond, mais l'émotion coule plutôt bien. À la Cinémathèque. ***1/2

lundi 20 mars 2017

Film du jour: Cinéma Paradiso

Entre un prix à Cannes et un Oscar, Cinéma Paradiso de Giuseppe Tornatore est l'exemple parfait du très bon film populaire, celui qui fait pleurer avec la musique au bon endroit (superbe trame sonore d'Ennio Morricone) et qui puise dans la nostalgie pour émouvoir encore davantage. Déjà qu'il traite de cinéma, du destin d'un jeune garçon et qu'il y a Philippe Noiret en vieux projectionniste, il y a tout pour passer un bon moment même si on sait perpétuellement qu'on est en train de se faire manipuler. Si le film se termine d'une façon magistrale, on regrette toutes les coupes de l'édition internationale, alors que la version du réalisateur est beaucoup plus longue et complète. ****

dimanche 19 mars 2017

Les films préférés de... Anne Dorval

En plus d'une carrière prolifique au théâtre et à la télévision, Anne Dorval est parvenue à prendre sa place au cinéma, notamment grâce à Xavier Dolan qui lui a confié des rôles extraordinaires dans J'ai tué ma mère et, surtout, Mommy. Je l'ai rencontré lors de la sortie de Réparer les vivants (mon entrevue) où elle tient un rôle important et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés. Voici sa réponse...

« Il y en a beacoup. Je viens de revoir La La Land et j'ai adoré. Je l'avais vu à Toronto. Je ne suis pas maniaque de comédies musicales, mais le réalisateur a tellement parlé des Parapluies de Cherbourg et pour moi c'est tellement un de mes films fétiches à vie. J'ai dû le voir 200 fois. J'adore ce film! C'est tellement bon!! C'est tellement bon!!! C'est touchant. La La Land, c'est sûr que c'est différent, ça n'a pas la même charge non plus. Le scénario est peut-être plus léger que Les parapluies de Cherbourg qui parle de la guerre d'Algérie. Mais quand même, ce sont deux films qui m'ont marqués.

Mais il y en a d'autres. Il y en a plein qui m'ont marqués. Te dire ça de même... J'ai vu un film qui n'était même pas aux Oscars et ça je n'ai pas compris. C'est 20th Century Women. Annette Bening est exceptionnelle, le scénario est extraordinaire. Je ne comprends pas pourquoi ce film est passé dans le beurre de même. Je ne le comprends pas! Annette est extraordinaire! J'adore Meryl Streep, mais Annette méritait bien plus d'être là. Voyons! Voyons!! Qu'est-ce que c'est que ça?! Je n'ai pas compris. Mais courez voir ce film-là! C'est exceptionnel!! C'est un grand film!!! C'est un grand film discret sur la vie. C'est un film bouleversant et elle, elle est extraordinaire. Une grande, grande actrice. »

Film du jour: La petite Lili

La rétrospective que la Cinémathèque québécoise accorde au cinéaste Claude Miller se poursuit avec La petite Lili, une chronique majestueuse où la nature, l'adolescence et les relations troubles se réunissent au même endroit. Moins éclatant que ses films phares des années 80 avec Charlotte Gainsbourg, ce long métrage irradie néanmoins de beauté, conférant des personnages éclatants à Ludivine Sagnier et à Julie Depardieu. À redécouvrir puisque à l'époque (2003), les avis étaient plutôt partagés. ***1/2

samedi 18 mars 2017

Film du jour: Betty Fisher et autres histoires

C'est l'histoire d'une rencontre incroyable, de portraits de femmes abîmées par l'existence, d'un trio d'actrices majestueuses (Sandrine Kiberlain, Nicole Garcia, Mathilde Seigner). Même si Betty Fisher et autres histoires, un peu trop préfabriqué, ne comporte pas la grâce des grands films de Claude Miller, il possède tout de même une dissonance un peu à part, comme ces bulles qui s'envolent et éclatent en plein air. L'évanescence dans sa forme la plus primaire que l'on pourra revoir à la Cinémathèque québécoise. ***

vendredi 17 mars 2017

Sorties au cinéma: Window Horses, Les colons, Le jardinier, La mécanique de l'ombre, L'outsider, Beauty and the Beast

On a droit à une semaine relativement tranquille au niveau des sorties du film au cinéma. Tout le contraire de l'apocalypse de vendredi prochain avec pas moins de 14 nouveautés en salles!

Agréable animation se déroulant en Iran et qui rappelle le pouvoir de nos racines et de la poésie, Window Horses d'Ann Marie Fleming séduit et finit par émouvoir malgré un ton pédagogique qui souligne toutes les morales et faits historiques. ***

Révélateur documentaire sur les territoires occupés en Cisjordanie, Les colons de Shimon Dotan a le mérite de l'objectivité tout en rendant limpide son sujet parfois complexe. L'ensemble aurait toutefois pu être plus cinématographique. ***

S'intéressant à un magnifique domaine au Québec, Le jardinier de Sébastien Chabot fait planer avec ses jolies images. Sauf qu'il y a des têtes tournantes qui se succèdent au tournant au fil d'un montage peu dynamique, noyant du coup la satisfaction éprouvée. **1/2

Véritable hommage aux films paranoïaques des années 70, La mécanique de l'ombre de Thomas Kruithof fonctionne dans sa première demi-heure. Le reste s'avère cependant risible et ridicule, faisant hurler de rire plus souvent qu'autrement. **1/2

Le monde des finances français avait besoin d'un long métrage incendiaire... tout ce que n'est pas L'outsider de Christopher Barratier. C'est mou au lieu d'être mordant, l'interprétation y est inégale et la mise en scène d'un ennui mortel. **

Cette relecture humaine de la version Disney de Beauty and the Beast par Bill Condon est loin d'équivaloir celle de Cendrillon. L'imaginaire fécond est rapidement anéanti par des effets spéciaux imparfaits, des numéros musicaux platement amenés et des personnages sans intérêt. **

Film du jour: The Happiest Day in the Life of Olli Mäki

Avec The Happiest Day in the Life of Olli Mäki, Juho Kuosmanen retrace un combat important du boxeur finlandais. Mais il le fait en évitant tous les pièges du biopic. Au contraire, on se retrouve plutôt devant une chronique assez charmante, répétitive et qui s'éparpille mais qui est parsemée de moments mélancoliques. Les interprètes donnent tout ce qu'ils ont et la photographie en noir et blanc demeure soignée. Ce fut la sélection de la Finlande aux dernier Oscars. Au Centre Phi aujourd'hui et demain. ***

jeudi 16 mars 2017

Les films préférés de... François Papineau

Que ce soit au théâtre, à la télévision ou au cinéma, confier un rôle à François Papineau est un signe de qualité. Dans le septième art, on a pu le voir dans de nombreux projets intéressants comme Papa à la chasse aux lagopèdes, Route 132 et Marécages. Je l'ai rencontré pour la sortie de Iqaluit (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés. Voici sa réponse...

« J'aime beaucoup les films qui n'expliquent pas tout. Les films qui laissent des questions en suspens. J'aime plein d'affaires, j'écoute de nombreuses choses mais je ne pourrais pas t'en nommer. (rires) Je suis comme très en retard sur mon écoute de films. En fait, quand c'est bien écrit et que c'est bon, j'aime ça! (rires) Mais si c'est poche, non. »

Film du jour: Richard Cardinal : le cri d'un enfant métis

C'est un bouleversant documentaire que propose Alanis Obomsawin avec Richard Cardinal: le cri d'un enfant métis, qui ressasse le quotidien malheureux d'un autochtone qui a multiplié les domiciles et les familles d'accueil avant de se suicider à l'âge de 17 ans. En se basant sur des témoignages de proches, de travailleurs sociaux et sur son propre journal intime, l'essai chavire le coeur, étant porté par un cri ravageur contre les établissements qui l'ont oublié. À la Cinémathèque québécoise. ***1/2

mercredi 15 mars 2017

Détectives de la pata­physique

La Cinémathèque québécoise accueille actuellement l'exposition Détectives de la pataphysique du collectif montréalais Clyde Henry Productions, qui a notamment travaillé avec Arcade Fire et sur le court métrage Madame Tutuli-Putli. J'y suis allé faire un tour et mon compte-rendu se trouve dans le Journal Métro.

Film du jour: La couronne cherche-t-elle à nous faire la guerre?

Continuant son combat de donner la parole à des populations autochtones qui se battent contre des méchants Goliath qui ont souvent la loi et l'argent de leur côté, Alanis Obomsawin propose avec son documentaire La couronne cherche-t-elle à nous faire la guerre? de s'interroger sur un village du Nouveau-Brunswick qui affronte un règlement les interdisant à pêcher le homard. Révoltant, l'essai engagé vulgarise les enjeux en restant au plus près des êtres humains, témoignant de toutes les inégalités qui peuvent exister. De quoi en sortir touché et ce, même si le propos est parfois plus important que la forme cinématographique utilisée. À la Cinémathèque québécoise. ***

mardi 14 mars 2017

Nouveautés Blu-ray/dvd: Elle, Quand on a 17 ans, Écartée, Fences, Sur les traces d'Arthur, Solace, Collateral Beauty, The 9th Life of Louis Drax

Il y a une belle variété de films qui sortent cette semaine en format DVD et Blu-ray, allant de l'excellent à l'exécrable. Voici nos recommandations...

Elle: Isabelle Huppert est parfaite dans cette jouissive et immense comédie noire de Paul Verhoeven, qui multiplie les malaises jusqu'à plus soif. ****

Quand on a 17 ans: C'est le retour en forme/force du grand André Téchiné qui a eu de l'aide à la scénarisation - de Cécile Sciamma - pour pondre un récit vraiment très satisfaisant. ***1/2

Écartée: Voilà un premier long métrage signé Lawrence Côté-Collins bien amusant, peut-être trop référentiel (à Robert Morin) mais qui fait beaucoup avec peu. ***1/2

Fences: Le théâtre s'invite au cinéma avec ce pertinent quoique trop verbeux long métrage de Denzel Washington, où Viola Davis pleure abondamment pour se mériter un Oscar. Et elle l'a eu. ***

Sur les traces d'Arthur: Ce documentaire de Saël Lacroix a le bénéfice de faire découvrir un dessinateur trop peu connu. Il le fait toutefois avec trop de têtes parlantes et peu de folie. **1/2

Solace: Ce thriller sans originalité a beau miser sur Anthony Hopkins et Colin Farrell, son manque total de rythme et d'intérêt fait amplement décrocher. **

Collateral Beauty: Comme nanar incontestable, il n'y a rien de plus savoureusement médiocre que ce mélo de David Frankel. C'est un art de bousiller autant de talent. *1/2

The 9th Life of Louis Drax: Allez, on se remonte le moral avec ce conte fantastique doublé d'un drame psychologique d'Alexandre Aja qui, sans rien révolutionner, se veut plutôt abouti. ***

Film du jour: Mon amie Pierrette

Faussement naïf et amateur, Mon amie Pierrette de Jean Pierre Lefebvre présente un Québec à la croisée des chemins, qui hésite à s'ouvrir aux autres et à la modernité. D'une forme libre (le travail sur le montage et les ellipses est très intéressant) malgré un sentiment brouillon où l'improvisation prend un peu trop de place, le récit d'une simplicité déconcertante enchante par quelques moments d'une profonde poésie. On y fait la connaissance de la craquante Francine Mathieu et on redécouvre l'essentiel Raoul Duguay. ***1/2

lundi 13 mars 2017

Film du jour: Kanehsatake, 270 ans de résistance

Kanehsatake, 270 ans de résistance est une des oeuvres phares de la rétrospective que la Cinémathèque québécoise accorde à la cinéaste Alanis Obomsawin. C'est un regard différent et de l'intérieur de la crise d'Oka que propose ce documentaire engagé et humaniste. Une plongée vers le désir de liberté et d'émancipation d'une population qui se tient loin des conclusions manichéennes et qui apparaît d'autant plus nécessaire aujourd'hui. ***1/2

dimanche 12 mars 2017

En attendant les prix Écrans canadiens

Les prix Écrans canadiens - «nos Oscars» - se déroulent ce soir et je me suis permis d'y aller de quelques prédictions sur le sujet. Mon article se trouve sur le site de Cineplex. En attendant celui de demain qui sera composé des gagnants et de mes impressions sur la soirée.

Les films préférés de... Stéphane Brizé

Hormis Entre adultes, Stéphane Brizé n'a réalisé que des films de grande qualité, que l'on pense au Bleu des villes, Je ne suis pas là pour être aimé, Mademoiselle Chambon, Quelques heures de printemps, La loi du marché et maintenant Une vie. Je l'ai rencontré lors de sa récente visite à Montréal où il venait présenter sa brillante adaptation du roman de Maupassant et je lui ai demandé quelques étaient ses films préférés. Voici sa réponse...

« Vous êtes face à un spectateur hyper éclectique. Je peux aussi bien être un grand fan d'Ozu que d'un film américain intelligent. Je n'ai pas une chapelle. Il y a des films de Pialat qui m'accompagnent, de Cassavetes, de Ken Loach, d'Ozu, de Kaurismäki, de Scorsese. C'est quelque chose de très, très vaste.

Mais si vous me disiez «elle est bien gentille votre réponse, mais citez moi-en un», je vous dirais Scènes de la vie conjugale de Bergman. Lorsque je suis sorti de la salle - et c'est absolument sincère ce que je vous dis,  je n'avais pas encore fait de films -, je me suis dit «Bon, on est face à quelque chose. Tout ce que je rêve de faire, toute l'intelligence à laquelle je rêve d'accéder, il l'a fait. Donc à quoi ça sert que j'existe? Je n'ai plus rien à faire. Il faudrait donc que j'ouvre un restaurant et que je me mette à inventer des plats plutôt que de courir après quelque chose qui est déjà à un niveau que je n'atteindrais jamais.»

Ça a été un gros coup de pression. En fait, finalement, ça m’a rendu plus humble. Ben non, je vais le faire avec mon chemin à moi, mon regard à moi. Il y a cet espèce de Graal: ça peut être aussi immense d'intelligence que ça un film. Il y en a d'autres films. Mais c'est celui-là. Je trouve ce film absolument bouleversant et d'une intelligence supérieure. Je rêve de faire un film sur une pure autopsie du couple. S'il faut avoir vécu pour ça, je commence à avoir un peu de bouteille et d'expérience.  »

Film du jour: Seven Brides for Seven Brothers

On s'amuse beaucoup devant Seven Brides for Seven Brothers de Stanley Donen. Malgré des morales un peu douteuses et un traitement naïf, cette comédie musicale est réglée au quart de tour. Les chorégraphies sont formidables, l'interprétation d'ensemble demeure enjouée et l'apport de la couleur apporte une réelle féerie à cette sorte de Blanche-Neige et les Sept Nains qui ne manque pas de combats et de pièges espiègles. ****

samedi 11 mars 2017

Entrevue Iqaluit

Renouant avec l'esprit de son immense Ce qu'il faut pour vivre, Benoit Pilon propose avec Iqualuit une nouvelle aventure nordique, alors que le personnage campé par François Papineau sera la clé d'une rencontre entre deux mondes improbables. Je me suis entretenu avec le cinéaste et le comédien et mon entrevue se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Weirdos

Nommé dans six catégories aux prix Écrans canadiens («nos Oscars»), Weirdos est le nouveau film de Bruce McDonald, un cinéaste prolifique trop peu connu qui déçoit rarement. Modeste dans son approche, cette chronique sur la jeunesse enchante par son rythme méditatif, sa magnifique photographie en noir et blanc et la performance toute en nuance de la jeune Julia Sarah Stone. S'il n'en ressort rien de particulièrement original, le charme ludique opère amplement. Au Centre Phi. ***

vendredi 10 mars 2017

Sorties au cinéma: Kong: Skull Island, Réparer les vivants, En cavale, Yes, Iqaluit, Combat au bout de la nuit, Le coeur en braille

Une belle variété de films en français prennent l'affiche cette semaine au cinéma. La seule exception étant...

... Kong: Skull Island de Jordan Vogt-Roberts (The Kings of Summer), un nouveau volet mettant en vedette notre singe préféré. Cette série B survitaminée s'avère un divertissement extrêmement efficace, stupide mais techniquement impressionnant, qui fait rigoler encore et encore avec ses scènes d'action à tout casser. ***

Très apprécié dans les festivals, Réparer les vivants de Katell Quillévéré parle du dons d'organes au sein d'une histoire lumineuse mais un peu lourde, qui fait l'impossible pour soutirer des larmes. La première partie très sensorielle est toutefois plus intéressante que la seconde, beaucoup plus convenue. ***

Documentaire  qui suit le destin de trois jeunes qui viennent de sortir d'un centre jeunesse, En cavale de Mathieu Arsenault va droit au coeur. C'est peut-être un peu brouillon mais si authentique et touchant à ses heures. ***

Le combat de l'indépendance est le nerf même de l'essai Yes de Félix Rose et Éric Piccolli qui suit deux militants québécois en Écosse pendant leur référendum. Malgré quelques redites et longueurs, la réflexion est plus que pertinente et on sent un réel désir de jouer avec le médium. ***

Si l'on a toujours adoré le cinéma de Benoit Pilon, Iqaluit laisse de glace avec son récit en demi-teinte. Quelques thèmes importants et un grand soin apporté à la photographie ne sont pas toujours suffisants pour excuser une errance dans le scénario et une performance peu convaincante de Marie-Josée Croze. **1/2

Combat au bout de la nuit de Sylvain L'Espérance ne manque pas d'ambition dans sa façon de poser son regard sur la Grèce endettée et de prendre le pouls de sa population. Sauf qu'un énorme travail au niveau du montage aurait dû être fait. Car peu importe ses qualités et sa nécessité d'exister, tenir le cinéphile en otage pendant 4h45 relève parfois plus de la prétention artistique que du bon sens. Il y a pourtant du très bon matériel caché là-dedans... **1/2

Il y a tellement de bons sentiments dans Le coeur en braille de Michel Boujenah que le spectateur rend rapidement les armes. Cette naïveté chronique et cette mise en scène ringarde ne servent jamais cette leçon d'amitié particulièrement appuyée et ces personnages artificiels. **

Film du jour: Iqbal, l'enfant qui n'avait pas peur

Inspiré d'une histoire vraie, Iqbal, l'enfant qui n'avait pas peur de Michel Fuzellier et Babak Payami qui ressasse le destin tragique d'un garçon esclave est porté par une poésie lyrique qui contraste avec la dureté du sujet. Le dessin qui mélange 2D et 3D n'est peut-être pas toujours convaincant, mais il n’entache en rien l'intérêt éprouvé. Au FIFFEM. ***

jeudi 9 mars 2017

Entrevue avec Anne Dorval pour Réparer les vivants

Sensible drame lumineux sur la question du don d'organes, Réparer les vivants met notamment en vedette Anne Dorval qui est en attente d'un nouveau coeur. J'ai pu rencontrer la sympathique comédienne et mon entrevue se trouve dans les pages du Journal Métro.

Du cinéma pendant la relâche scolaire (FIFEM)

Le Festival international du film pour enfants (FIFEM) s'active jusqu'à dimanche. Voici des suggestions de films à voir en famille pendant la semaine de relâche scolaire. Mon texte se trouve dans les pages du Journal Métro

Film du jour: Les événements de Restigouche

Du 9 mars au 5 avril, la Cinémathèque québécoise propose un cycle dédié à la cinéaste Alanis Obomsawin, qui a consacré son art aux préoccupations autochtones. Cela commence ce soir avec Les événements de Restigouche, un documentaire sur un exemple flagrant de brutalité policière. Malgré la brièveté de l'essai et une forme un peu convenue (les voix hors-champs en français utilisées pour doubler les intervenants laissent grandement à désirer), l'effort demeure intéressant, surtout lorsque la réalisatrice confronte un ancien ministre qui y a joué un rôle important. ***

mercredi 8 mars 2017

Film du jour: Persepolis

La Cinémathèque québécoise célèbre le 10e anniversaire de Persepolis en repassant le magnifique film de Marjane Satrapi et de Vincent Paronnaud. C'est l'occasion inespérée de revoir ce superbe dessin animé si poétique et enchanteur, un des plus réussis de la dernière décennie. Du trait ingénieux aux voix sélectionnées, rien n'a été laissé au hasard au sein de cette grande fresque humaniste, drôle et déchirante à la fois. ****

mardi 7 mars 2017

Nouveautés Blu-ray/DVD: Jackie, Miss Hokusai, Moana, Les Ardennes, La vache

Il n'y a pratiquement que des bons films qui prennent l'affiche cette semaine en format DVD et Blu-ray.

Jackie: Injustement ignoré aux Oscars, ce biopic pas comme les autres signé Pablo Larrain offre à Natalie Portman un de ses meilleures rôles en carrière. C'est hypnotisant et souvent très grand. ***1/2

Miss Hokusai: Présenté à Fantasia, ce très beau dessin animé de Keichi Hara combine réalisme et fantaisie à travers une histoire forte et émouvante sur le Japon d'hier. ***1/2

Moana: Disney signe une nouvelle animation réussie avec cette odyssée enlevante aux chansons irrésistibles. Techniquement c'est irréprochable et l'édition comprend plein de bonus. ***1/2

Les Ardennes: Voilà un premier long métrage prometteur de Robin Pront, qui allie tragédies familiales et absurdité chronique. On retient la première partie et la mise en scène stylisée. ***

La vache: Ce feel-good movie de Mohamed Hamidi a remporté un franc succès commercial et il s'avère drôle et sympathique à défaut d'être profond et révolutionnaire. ***
Ma critiqiue

Film du jour: The Great Race

Le bonheur est incommensurable devant The Great Race, un délire signé Blake Edwards. Il s'agit d'un pastiche qui se moque des principaux genres cinématographiques américains (muet, western, musical) en conviant action, humour, effets spéciaux et un casting impressionnant, qui comprend Tony Curtis, Jack Lemmon, Natalie Wood et Peter Falk. Si la durée est trop longue (160 minutes), le charme est certain et le scénario se réinvente constamment, demeurant dans la légèreté et le ludisme. ****

lundi 6 mars 2017

Film du jour: Meilleures ennemies

C'est une oeuvre sensible et délicate que propose la cinéaste Ga-Eun Yoon avec Meilleures ennemies. Sans jamais être lourd ou faire la morale, le long métrage explore le douloureux monde de l'exclusion chez une fillette de 10 ans. Un petit film interprété un peu inégalement qui ne manque surtout pas de sincérité. Au FIFEM. ***

dimanche 5 mars 2017

Les films préférés de... Louise Portal

Louise Portal est une véritable institution québécoise. Même si on l'associera à jamais à son rôle dans le Déclin de l'empire américain, elle a participé à des oeuvres diverses, que l'on pense à Cordelia, Vers le sud et Séraphin. Que ce soit dans Les loups ou Paul à Québec, elle est cette figure rassurante qu'a besoin notre cinéma. J'ai pu la rencontrer pour le documentaire L'érotisme et le vieil âge (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films favoris. Voici sa réponse...

« J'aime beaucoup le documentaire. Je sais qu'à chaque année quand je viens aux Rendez-vous du cinéma québécois, j'essaie d'aller voir le plus de documentaires possibles. J'aime ça être témoin de la réalité de notre monde... Sinon j'aime beaucoup le cinéma d'auteur, le cinéma français. Je vais voir peu de cinéma américain, mais là je vais aller voir le film de Denis Villeneuve, c'est sûr. Je vais aussi aller voir La La Land... J'avais beaucoup aimé Amour avec Emmanuelle Riva. Je me souviens avoir adoré La leçon de piano de Jane Campion, Cinema Paradiso...

Je suis allée voir Lion récemment et j'ai beaucoup aimé ça. C'est très touchant. Quel film! On part vraiment dans un voyage. Pour moi, c'est ça vraiment voir un film. On se fait raconter une histoire, mais à tous les points de vue. La cinématographie, le jeu, l'histoire que ça raconte: c'est grandiose! Tu sors de là au bout de trois heures et tu as fait un méchant voyage. J'aime les films à caractère humain, plus que la science-fiction ou les effets spéciaux. »

Film du jour: Maelström

C'est Maelström qui a littéralement lancé Denis Villeneuve dans la cours des grands... du moins au Québec. Malgré un scénario rachitique, sa réalisation immersive séduisait amplement, déployant une atmosphère unique en son genre. La photographie d'André Turpin et le jeu médusé de Marie-Josée Croze rajoutaient au climat d'étrangeté. Une carte de visite particulièrement stylisée qu'il sera possible de revoir sur grand écran ce soir au Cinéma De Sève de Concordia. ***1/2

samedi 4 mars 2017

Sorties au cinéma: Paterson, Ma vie de courgette, Papa ou maman 2, L'odyssée, The Assignment

Alors que Logan risque d'enflammer le box-office, j'ai manqué plusieurs films hollywoodiens (Table 19, Before I Fall, The Shack) qui prenait l'affiche hier dans les cinémas québécois. J'ai toutefois attrapé cinq longs métrages, dont deux méritent le déplacement.

Meilleure création de Jim Jarmusch depuis des lustres, Paterson est un plaisir de tous les instants. Une fresque immense sur un sujet lilliputien, qui fait ressortir toute la beauté et l'humanité de l'existence. ****

Il est difficile de ne pas retenir ses larmes devant Ma vie de courgette de Claude Barras, une animation sur des enfants laissés pour compte. Le dessin est coloré, le scénario de Céline Sciamma d'une véritable profondeur et les personnages absolument attachants. ***1/2

Papa ou maman 2 de Martin Bourboulon est tellement fidèle à son prédécesseur qu'on parle ici pratiquement d'une copie, autant son introduction en plan séquence que la construction de l'histoire. On s'y amuse toutefois un peu, bien que le bonheur s'amenuise rapidement. **1/2

Biopic compétent mais ronflant sur le mythique commandant Cousteau, L'odyssée de Jérôme Salle est plus intéressant lorsque le cinéaste adopte un ton muet et qu'il filme ses magnifiques paysages sous-marins. Parce que le reste n'étonne jamais malgré la présence de comédiens allumés. **1/2
Ma critique

Quelque part entre Silence of the Lambs et Sin City se trouve The Assignment, une série B rocambolesque sur un tueur trans. Divertissant et lassant tout à la fois, le récit mécanique s'avère rapidement répétitif, faisant de l'ombre à la forte performance de Michelle Rodriguez et à la réalisation assurée de Walter Hill (48 Hours). **1/2

Film du jour: Everyone Else

C'est un beau film sur le couple que propose Maren Ade (Toni Erdmann) avec Everyone Else. À l'aide d'une caméra discrète et d'un rythme lent volontairement répétitif, elle filme les joies et les frustrations de deux êtres qui ne se sentent pas toujours à la hauteur. Coincés dans des classes sociales qui ne sont pas les mêmes, ces personnages riches et complexes en imposent. Surtout qu'ils sont incarnés par d'excellents comédiens. Une excursion à expérimenter au Cinéma du Parc aujourd'hui ou demain. ***1/2

vendredi 3 mars 2017

Film du jour: Mad Max Fury Road: Black and Chrome

Ce soir, demain et dimanche, le Cinéma du Parc présente Mad Max Fury Road: Black & Chrome, la version préférée de son cinéaste George Miller. Plus qu'un simple choix esthétique, cette vision définitive apporte lyrisme et poésie à une superproduction déjà épique, l'élevant pour atteindre l'espace de quelques scènes des classiques de Lang et de Clouzot. Définitivement un plus. ****

jeudi 2 mars 2017

Film du jour: Le prix du paradis

Les Rendez-vous du cinéma québécois présentent aujourd'hui Le prix du paradis, le nouveau documentaire de Guillaume Sylvestre (Durs à cuire, Secondaire V). Il s'agit d'un moyen métrage de 46 minutes sur ces Québécois qui habitent en Floride six mois par année dans un luxueux camping. Avec la narration de Denys Arcand, des ralentis à la tonne et une musique souvent ironique, il s'agit d'un regard un peu obscène sur la situation, alors qu'on se moque allègrement des sujets en place. Cela peut être drôle mais on aurait aimé plus de confrontation, une certaine remise en question qui aurait permis d'échapper à la facilité ambiante. **1/2 

mercredi 1 mars 2017

Les meilleurs films de février 2017

Tout comme janvier, février 2017 a été occupé au niveau des sortes au cinéma. Voici mes films préférés qui ont pris l'affiche le mois dernier...

- Toni Erdmann
- Le client
- Ceux qui font les révolutions à moitié n'ont fait que se creuser un tombeau
- Une vie
- Louise en hiver
- Le cyclotron