lundi 31 octobre 2016

En rattrapage... Alex of Venice, Star Trek Into Darkness, Those People, Goosebumps, Closed Circuit, Maze Runner, A Brilliant Young Mind, San Andreas, The Spoils Before Dying, Bad Country, Hercules, Suburban Gothic, Paranormal Activity: The Ghost Dimension, G.I. Joe: Retaliation

Comme on ne peut - et veut - pas tout voir ce qui sort au cinéma, on finit par récupérer certaines sorties en DVD et en Blu-ray. Afin de parler du maximum de films possibles, voici ce qui a passé sous notre radar...

Alex of Venice: Voilà un ouvrage émouvant sur des vies qui n'ont pas le choix de recommencer à zéro. Bien de son temps, le récit s'articule autour d'une magnifique Mary Elizabeth Winstead qui transmet beaucoup même si elle en fait peu. ***1/2

Star Trek Into the Darkness: On s'amuse beaucoup devant cet immense film d'action de J.J. Abrams. Les parallèles avec le 11 septembre 2001 sont peut-être légion et les morales collantes, sauf que la technique demeure impressionnante, l'humour coule à flot et même les non-fans risquent d'y trouver leur compte. ***

Those People. Inédit sur les écrans québécois, cette création de Joey Kunh est un sensible petit film sur un triangle amoureux. Délicat et sincère malgré un dernier quart d'heure qui tombe un peu à l'eau, l'oeuvre bien jouée ressemble parfois à du Stillman en moins acéré. Une jolie découverte. ***

Closet Circuit. Suspense en l'ancienne sur un sujet d'actualité, cette création de John Crowley (Brooklyn) séduit davantage pour son casting parfait et son étonnant montage parallèle que son scénario particulièrement prévisible. ***

Goosebumps: Adapté de livres à succès, cette surprise concoctée par Rob Letterman comporte suffisamment de magie, d'humour, d'action et de romance pour ravir petits et grands. Une sorte de Jumanji nouveau genre. ***

The Maze Runner / The Scorch Trials: Empruntant à la fois à The Hunger Games et à Divergent, cette série de Wes Ball "fait la job" même si elle est totalement dépourvue d'originalité et que son jeune héros ne comporte aucun charisme. Il y a du suspense à revendre et la technique est bien huilée. **1/2

A Brilliant Young Mind. Classique, mélodramatique et moralisateur dans son approche d'entraîner un jeune homme pas comme les autres par un prof différent, ce long métrage bénéficie toutefois de bons interprètes (Sally Hawkins!) et d'une direction artistique particulièrement colorée. **1/2

San Andreas. Une oeuvre catastrophique complètement cinglée et hilarante de Brad Peyton, qui emprunte à Cliffhanger, Twister et autres productions douteuses pour offrir un divertissement stupide mais si drôle, porté par un Dwayne Johnson qui rappelle les vertus de la famille. À ne pas prendre au sérieux. **1/2

The Spoils Before Dying. L'équipe derrière The Spoils of Babylon remet ça avec une nouvelle parodie, cette fois des films noirs des années 60. Le résultat ne possède toutefois pas le même charme. Les gags réussis sont rares et la troupe réunie est nettement sous-utilisée. **1/2

Bad Country. Banale dans son exécution, ce film d'action interprété correctement (par Willem Dafoe et Matt Dillon) sort rarement des chemins communs et la réalisation du regretté Chris Brinker manque de panache. **

Hercules. C'est une légende un peu revisitée que propose Brett Ratner en ramenant le mythe au niveau de l'homme. Quelques éléments valent le détour et si l'ensemble se laisse écouter (la distribution est assez impressionnante), l'intérêt vacille avant la fin. **

Suburban Gothic. On aurait tellement voulu s'amuser devant cette comédie horrifique de Richard Bates Jr. Il n'y a cependant rien de réellement pertinent au menu. Même la romance entre l'irritant Matthew Gray Gubler et la toujours sublime Kat Dennings ne fonctionne pas. **

Paranormal Activity: The Ghost Dimension: Ce 6e et dernier volet ressemble aux précédents, frissons en moins. La série a été tellement allongée pour rien que l'intérêt y est quasi inexistant. On ne parle même pas de la finale, qui ne comporte aucune surprise. *1/2

G.I. Joe Retaliation. Moins catastrophique que son prédécesseur, ce joujou signé Jon M. Chu n'en demeure pas moins d'une profonde stupidité. Si au moins c'était une comédie (Channing Tatum est si bon là-dedans) et qu'il y avait plus de scènes entre The Rock et Bruce Willis. *1/2

Film du jour: Carnival of Souls

Il devrait y avoir plus de films d'horreur comme Carnival of Souls de Herk Harvey. Tourné avec un budget dérisoire, cette oeuvre de 1962 fait beaucoup avec peu, rappelant qu'il ne faut parfois qu'une atmosphère frissonnante, une trame sonore angoissante et un récit qui sort un peu de l'ordinaire pour créer un malaise profond. Les "comédiens" ne sont peut-être pas tous bons, mais l'histoire comporte d'excellents moments psychologiques et la beauté des images rappellent Cocteau et Bergman en mode série B. ***1/2

dimanche 30 octobre 2016

Film du jour: Treeless Mountain

Un grand souci de vérité plane sur Treeless Mountain de Kim So-young, cette très touchante histoire de deux fillettes qui attendent inlassablement leur mère. Les performances des jeunes actrices sont justes, le rythme méditatif permet de mieux comprendre ce qu'elles vivent et les images s'avèrent souvent magnifiques. Une belle découverte pour toute la famille. ***1/2

Les films préférés de... Juliette Gosselin

Découverte en bas âge au sein de Nouvelle-France, Familia, Histoire de famille et Délivrez-moi, la comédienne Juliette Gosselin est actuellement à l'affiche au cinéma dans La chasse au collet et Embrasse-moi comme tu m'aimes

Je l'ai rencontré pour le dernier long métrage d'André Forcier où elle défend le rôle principal et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés. Voici sa réponse...

« Présentement, le film Mon roi de Maïwenn m’a bouleversé. Je l’ai vu au cinéma et j’ai capoté. Sinon, un film que j’aime beaucoup c’est Thelma & Louise. Et aussi In the Mood for Love. Il y en a plusieurs autres. C’est trois films quand même différents où il y a des personnages féminins forts. Je pense que ça me séduit beaucoup au cinéma. »

samedi 29 octobre 2016

Film du jour: Eva Doesn’t Sleep

Sans être totalement au point, Eva Doesn't Sleep de Pablo Agüero fascine dans sa façon de raconter les aventures incroyables d'un corps désiré de plein de gens. Le récit mystérieux offre une allégorie incroyable de l'Argentine et il réserve son lot de surprises malgré une construction inégale en trois parties et une interprétation un peu figée. ***

vendredi 28 octobre 2016

Sorties au cinéma : Mademoiselle, Prank, An Eye for an Eye, The Violin Teacher

Lorsqu'on fait exprès de bouder Inferno, on se retrouve avec peu de nouveautés au cinéma mais une à voir absolument.

Il s'agit évidemment de Mademoiselle, le dernier délire tordu de Park Chan-wook qui est un délice narratif et technique. Une grande fresque féministe, politique et sensorielle. ****

C'est une jolie surprise du champ gauche que propose Vincent Biron avec Prank. Un long métrage mince mais très amusant sur la jeunesse, qui s'apparente à un Judd Apatow québécois. ***

Sensible documentaire sur les ironies de la peine de mort aux États-Unis, An Eye for an Eye d'Ilan Ziv n'est pas dénué d'intérêt même si on est très loin de l'essentiel Into the Abyss de Werner Herzog. ***

Variation sur le Music of the Heart qui mettait en vedette Meryl Streep, The Violin Teacher de Sergio Machado est un effort inspirant mais sans surprise, qui insuffle espoir à des jeunes défavorisés. **1/2

Film du jour: Schneider vs. Bax

Remarqué grâce à ses comédies noires Waiter et Borgman, Alex van Warmerdam remet ça avec Schneider vs. Bax, un nouveau récit absurde sur un tueur en série qui rencontre plusieurs difficultés à remplir un contrat. Plus "ordinaire" que ses prédécesseurs, ce long métrage un peu éparpillé comprend néanmoins quelques moments hilarants et les comédiens s'en donnent à coeur joie. ***

jeudi 27 octobre 2016

Film du jour: Norma Rae

Sally Field a remporté l'Oscar de la meilleure actrice et le prix d'interprétation à Cannes pour le rôle titre de Norma Rae, une femme courageuse qui s'est battue pour les droits des travailleurs. Le film de Martin Ritt, toujours très intéressant et divertissant, est porté par des interprètes épatants et son scénario évite d'être simpliste et manichéisme. Un long métrage inspirant et rassembleur. ****

mercredi 26 octobre 2016

Retour sur La chasse au collet

Intriguant film québécois, La chasse au collet a pris l'affiche la semaine dernière. Pour mieux en apprécier les textures, voici mon article sur le sujet que j'ai publié pour le site de Cineplex.

Film du jour: Asura : The City of Madness

Ayant subtilement pris l'affiche la semaine dernière sans la moindre projection de presse, Asura: The City of Madness est le nouveau film du réalisateur de Musa: The Warrior (Kim Sung-su). L'histoire sous fond de violence et de corruption sans fin qui paye des hommages au cinéma de Martin Scorsese et de Johnnie To ne brille pas par son originalité. Reste que la démonstration est féroce, l'interprétation intense et lorsque les enjeux se corsent, bonjour les éclats brutaux et un second degré qui fait rire aux larmes. ***

mardi 25 octobre 2016

Nouveautés DVD/Blu-ray : Captain Fantastic, Lights Out, La tête haute, Heidi, Blood Father, King Dave, Le dep, Five…

Une belle variété de films sortent cette semaine en format DVD et Blu-ray. L'idéal avec ces jours froids et gris qui s'installent.

Cela commence en force avec Captain Fantastic de Matt Ross, une odyssée familiale assez irrésistible avec un Viggo Mortensen impérial. ***1/2

Sorte de Babadook plus ludique, Lights Out de David Sandberg s'avère un réjouissant et amusant long métrage horrifiant, parfait pour l'Halloween. ***

Lourd mais inspirant, La tête haute d'Emmanuelle Bercot est porté par des interprètes épatants qui font toute la différence. ***

Pourquoi faire revivre Heidi si c'est pour offrir des personnages sans profondeur? Techniquement cette création d'Alain Gspone est soignée et c'est pas mal tout. **1/2

Série B routinière, Blood Father de Jean-François Richet n'offre qu'un objet de curiosité: Mel Gibson. Le reste est terriblement banal. **

Autant l'exercice de style derrière King Dave de Podz laisse béant, autant l'effort irrite rapidement et il n'implique jamais émotivement le spectateur. **

La cause derrière Le Dep de de Sonia Bonspille Boileau est noble. La démonstration est cependant manipulatrice et moralisatrice, sabotant du coup la talentueuse distribution. **

Suivant le modèle américain, Five d'Igor Gotesman est une production française noyée de clichés qui recèle à peine un ou deux moments plus cocasses. Le reste est d'un vacuité affligeante. **

Dans un esprit similaire, on ne voudra pas nécessairement montrer à nos petites filles Barbie & Her Sisters in a Puppy Chase et Hopkins Chef Club. *1/2

Afin de terminer sur une notre positive, le 4e Festival de films sur la santé mentale se déroule jusqu'au 28 octobre au Musée des beaux-arts et la programmation est assez alléchante. L'idéal pour élargir nos horizons.

Film du jour: Ice Age: Collision Course

Cinquième film de la collection Ice Age, Collision Course de Mike Thurmeier est l'épisode de trop. Comment une série de qualité a pu tomber aussi bas avec un humour indigeste, des personnages vides, une intrigue sans intérêt et une animation dépassée? S'il y a une ou deux scènes plus cocasses (l'apparition de Buck par exemple), l'ensemble croule sous une horde de messages et de gags douteux. C'est long, ennuyant et même un enfant de 4 risque de ne pas y trouver son compte. *1/2

lundi 24 octobre 2016

Film du jour: Boiling Point

Takeshi Kitano ne fait jamais rien comme les autres et dès son second long métrage Boling Point, on pouvait reconnaître les thèmes qui allaient marquer au fer blanc sa filmographie. Ce film libre d'attache semble aller dans tous les sens et on sent le cinéaste expérimenter. Il a ce don unique de faire ressortir l'absurde de la tragédie et si le portrait de société est sombre, on ne peut s'empêcher d'en rire comme unique sortie. ***1/2

dimanche 23 octobre 2016

Les films préférés d'... Agnes Obel

Depuis la sortie de Philharmonics en 2010, Agnes Obel enchante de sa voix d'ange. Ses mélodies bouleversent, révélant une part inconnue de l'existence. J'ai pu m'entretenir avec la musicienne danoise pour son troisième disque Citizen of Glass qui vient tout juste de sortir (mon entrevue se trouve ici) et je lui ai parlé de septième art...

Quels sont vos films préférés?

J’aime beaucoup The Lobster. C’est un très bon film. J’adore l’univers. C’est une façon de montrer comment notre vie peut être absurde, toutes les règles qui régissent l’amour et de quelles façons on peut structurer notre vie et nos relations. Je pense que c’est un film brillant.

Je suis également amoureuse du cinéma d’Ingmar Bergman. Souvent il ne faisait qu’un seul plan avec un orchestre qui jouait dans la chambre d’à côté. C’est vraiment incroyable! J’aime sa façon d’aborder ses éléments psychologiques et de jouer avec les attentes de l’audience. Dès que tu sais que tu es dans un film, tu acceptes n’importe quoi et tu peux faire des choses surréelles. J’aime tellement ses films!

Vos albums sont cinématographiques et ils évoquent plusieurs images et paysages. La pochette de votre premier disque Philharmonics semble être un clin d'oeil au classique Les oiseaux d’Hitchcock et l’image de vous sur Avantine me rappelle Liv Ullman. Vous aimeriez composer pour le cinéma?

C’est quelque chose que j’ai déjà pensé. Parce que j’ai fait un peu de cinéma avant de commencer ma propre musique: notamment dans un court métrage de Thomas Vinterberg. J’adore le cinéma! Pas tout, évidemment, mais j’aime ce qui est très cinématographique, ce qui révèle l’illusion. J’aimerais bien travailler pour ça. Mais il faudrait que je trouve le bon projet, parce que composer une trame sonore me prendrait autant de temps que de faire un de mes propres albums. Je ne suis pas très rapide, je prends mon temps. Je ne veux pas faire quelque chose de mauvais. C’est comme si je devais choisir entre composer pour le cinéma ou faire un disque pour moi. Je choisirais la trame sonore si je crois vraiment au film, si je pense pouvoir en faire quelque chose de bon.

Film du jour: Mundo cão (Un monde de chien)

Même si on aime les bêtes et le cinéma, il est difficile d'être impressionné par Mundo Cao de Marcos Jorge. Cette histoire de destins croisés n'est pas particulièrement transcendante, réunissant des personnages typés et une réalisation tape-à-l'oeil au sein d'un récit certes vitaminés mais beaucoup trop gentil et inoffensif. Présenté au 10e Festival du film brésilien de Montréal. ** 

samedi 22 octobre 2016

Entrevues Mean Dreams

Film canadien bien atmosphérique sur le désir de liberté de deux adolescents, Mean Dreams de Nathan Morando met en vedette notre Sophie Nélisse nationale. J'ai rencontré le réalisateur et la jeune actrice pendant le Festival du nouveau cinéma et j'ai concocté une entrevue pour le Journal Métro et un entretien complémentaire pour Cineplex.

Film du jour: Boi Neon (Neon Bull)

C'est une oeuvre étonnante que propose Gabriel Mascaro avec Boi Neon. En suivant un homme et sa famille de substitution qui arpentent les routes pour préparer les taureaux lors de rodéos, le cinéaste compare sans cesse la nature humaine, animale et végétale, au détour d'un récit un peu laborieux mais toujours d'une grande beauté formelle. Quelques scènes tardives plus osées rappellent que la poésie n'est jamais trop éloignée du réel. Présenté au 10e Festival du film brésilien de Montréal. ***

vendredi 21 octobre 2016

Sorties au cinéma : Sand Storm, Ouija: Origin of Evil, Manoir, Sur les traces d'Arthur, Mean Dreams, La chasse au collet, Keeping Up with the Joneses, Jack Reacher: Never Go Back

Mis à part La vache que je me réserve en DVD et Boo! A Madea Halloween de Tyler Perry qui n'a bénéficié d'aucune projection de presse, j'ai pu voir les 8 autres nouvelles sorties au cinéma. Qu'est-ce qui mérite l'investissement de temps, d'efforts et d'argent?

Opus féministe sur une famille israélienne, Sand Storm d'Elite Zexer passionne dans sa confrontation de moeurs et de valeurs malgré un sujet qui a déjà été traité auparavant. ***

Ouija: Origin of Evil de Mike Flanagan est la rare suite qui est meilleure que son prédécesseur. C'est tordu et efficace à défaut d'être terriblement original. ***
Ma critique

Sensible documentaire sur des gens qui n'ont pas le choix de quitter un hébergement alternatif qui va se faire démolir, Manoir de Martin Fournier et Pierre-Luc Latulippe n'évite pas l'anecdote pour heureusement se concentrer sur les souffrances lors de son émouvante dernière ligne droite. ***

Sur les traces d'Arthur de Saël Lacroix a le bénéfice de faire découvrir un dessinateur trop peu connu. Il le fait toutefois avec trop de têtes parlantes et trop peu de folies propre à son sujet. **1/2

Récit atmosphérique sur le passage de deux adolescents à l'âge adulte, Mean Dreams de Nathan Morlando commence plutôt bien pour sombrer dans les invraisemblances. Quel dommage! **1/2

Sorte de série B peu crédible mais divertissante à ses heures, La chasse au collet de Steve Kerr fracasse deux univers de qualité variable au détour d'une intrigue éparpillée dont la finale ne peut que ravir. **1/2

Nouvelle comédie sous fond d'espions, Keeping Up with the Joneses de Greg Mottola est une production paresseuse et rarement comique qui trouve le moyen de saboter un étincelant casting. **
Ma critique

Autant le premier était fort agréable, autant Jack Reacher: Never Go Back d'Edward Zwick sent la redite à plein nez, se perdant au sein de tous ses clichés. Même Tom Cruise méritait mieux. **
Ma critique

Film du jour: Aquarius

Oeuvre d'ouverture du 10e Festival du film brésilien de Montréal qui se déroule au Cinéma du Parc, Aquarius de Kleber Mendonça Filho (dont le précédent Neighboring Sounds en avait étonné plus d'un) est une fine création sur une femme qui ne veut surtout pas se laisser exproprier. Le récit qui joue brillamment des ellipses passe constamment du drame à la comédie, exposant une nostalgie bienveillante face au passé. Un peu long, l'ensemble est riche en thèmes et en mélodies, et il est porté par une épatante actrice en la présence de Sonia Braga. ***1/2

jeudi 20 octobre 2016

Film du jour: Prova d'orchestra

Oeuvre mineure dans l'immense filmographie de Fellini, Prova d'orchestra n'en demeure pas moins une création extrêmement pertinente sur la révolte face à l'autorité. Ces musiciens qui se soulèvent contre leur chef d'orchestre offre une incroyable métaphore politique et si le résultat s'avère bien sage, quelques moments de chaos surprennent amplement. Un petit film riche de sens. ****

mercredi 19 octobre 2016

Film du jour: Daisies

Interdit en République tchèque lors de sa sortie, Daisies de Véra Chytilova est une hallucinante oeuvre féministe et anarchiste qui s'attaque à tout ce qui bouge. Une liberté rare émane de ce destin de deux soeurs qui s'en prennent à la société, ce qui provoque une horde de scènes incroyables. Le montage rendra jaloux à coup sûr Godard et si la charge n'est pas toujours subtile, elle est particulièrement décapante et jouissive. ****

mardi 18 octobre 2016

Nouveautés DVD/Blu-ray: The King of Pigs, The Fake, Café Society, Independence Day: Resurgence, Kingsglaive, Our Kind of Traitor, The Legend of Tarzan, Alice Through the Looking Glass

Le Festival du nouveau cinéma étant chose du passée, on se permet de souffler un peu avec les nouveautés DVD et Blu-ray.

C'est surtout le meilleur moment de s'initier à Yeon Sang-ho, un cinéaste coréen d'animation qui fait des dessins animés réalistes à portée sociale. Autant The King of Pigs que The Fake fascinent dans leur refus de suivre un code moral en déstabilisant le cinéphile. ***1/2

Beaucoup plus gentil est Café Society, le nouveau long métrage de Woody Allen. Une comédie ludique, oubliable et très agréable, qui charme et amuse sans marquer les esprits outre mesure. ***

Suite inutile d'un colossal succès de 1996, Independence Day: Resurgence de Roland Emmerich est tellement stupide qu'il finit par amuser et faire rire aux larmes. Un nanar de luxe. **1/2

Produit dérivé pour annoncer le jeu vidéo Final Fantasy XV, Kingsglaive de Takeshi Nozue est une producton musclée mais vide qui s'adresse uniquement aux fans de la série culte. **1/2

Our Kind of Traitor de Susanne White réussit l'exploit de saboter un casting de rêve et un livre de John le Carré au fil d'un récit invraisemblable et même risible. **

Lorsque les effets spéciaux mènent le bal, l'histoire et les personnages prennent le bord. C'est ce qui arrive à Tarzan de David Yates et Alice Through the Looking Glass de James Bobin qui sont visuellement fantastiques et d'une vacuité affligeante. Au moins les éditions Blu-ray méritent le détour avec leurs suppléments et un immense grand soin technique. **

Film du jour: Short Cuts

Disponible en format Criterion à partir d'aujourd'hui, Short Cuts qui s'est mérité le prestigieux Lion d'Or à Venise en 1993 est un autre incroyable film choral de la part de Robert Altman. Un opus de plus de trois heures qui passe à la vitesse de la lumière et qui suit les joies et les peines de pas moins de 22 personnages. Une oeuvre phare, brillamment écrite, réalisée et interprétée, qui est toujours aussi mordante de nos jours. ****

lundi 17 octobre 2016

Entrevue Le peuple interdit

Prenant l'affiche aujourd'hui, Le peuple interdit d'Alexandre Chartrand est un intéressant documentaire sur le désir d'indépendance des citoyens catalans. J'ai pu m'entretenir avec le cinéaste et mon entrevue se trouve dans les pages du Journal Métro.

Films du jour : A Lullaby to the Sorrowful Mystery, Antiporno, Life After Life, Yourself and Yours, Frantz, The Untamed,

Le Festival du nouveau cinéma se terminait hier. Voici un dernier aperçu des longs métrages vus... surtout que rien ne dit qu'ils prendront l'affiche sur les écrans québécois.

A Lullaby to the Sorrowful Mystery de Lav Diaz est facilement un des plus beaux films de 2016. Une fresque de huit heures (!), lente et exigeante, sur un moment historique clé de la Philippine. Techniquement impeccable, on ne peut que se perdre devant l'ampleur de cette création politique et humaniste qui laisse constamment béant. **** (on hésitait grandement avec le ****1/2)

Avec Frantz, le réputé François Ozon signe son meilleur film, son Vertigo personnel. Une fresque classique et émouvante d'une grande fluidité sur les mensonges et le pardon (ou pas) d'après-guerre. Le récit en apparence prévisible emprunte constamment de nouveaux chemins et la construction en miroirs est d'une richesse inouïe. L'interprétation d'ensemble est irréprochable, tout comme la mise en scène où le noir et blanc se permet quelques instants de bonheur en couleurs. ****

En apparence, Antiporno est un nouveau délire superficiel et provocateur de Sion Sono. Mais une fois passée le premier quart d'heure, on découvre un opus qui dévoile ses nombreuses couches, jouant avec les genres et les thèmes, devenant même féministe à ses heures! Un véritable feu d'artifices de couleurs et de sensations fortes, de sexe et d'une quête incessante de liberté. ***1/2

C'est un premier long métrage fort intriguant que propose Zhang Hanyi avec Life After Life. Cette oeuvre rudimentaire sous fond de fantômes mélange les obsessions de Camus et de Jia Zhang-ke (qui agit ici comme producteur) pour livrer une forte impression. S'il ne semble rien s'y passer (le rythme est particulièrement indolent), les plus attentifs noteront qu'au contraire, la poésie du quotidien fonctionne à plein régime. ***1/2

Hong Sang-soo fait constamment le même film et c'est pour ça qu'on l'aime tant. Dans Yourself and Yours, il convie une femme et son double (ou son mensonge, son fantôme, son Doppelgänger, etc.) qui fraternisent avec des hommes qui semblent la connaître. Une façon de traiter des secondes chances amoureuses avec humour, légèreté et esprit autour d'alcool et de discussions sans fin. ***1/2

Récompensé à Venise pour la qualité de sa réalisation, The Untamed d'Amat Escalante (Heli) est un drôle d'ovni atmosphérique: à la fois drame domestique et chronique sociale avec des soupçons d'horreur et de science-fiction. Si l'histoire brouillonne ne fait pas toujours de sens, il y a des scènes inoubliables et dérangeantes qui risquent de marquer les cinéphiles pendant longtemps. ***

dimanche 16 octobre 2016

Les films préférés de... Gaspard Ulliel

Rencontré lors de la promotion de Juste la fin du monde de Xavier Dolan où il incarne le rôle principal, Gaspard Ulliel (découvert dans Les égarés, il a trouvé de grands rôles dans Saint Laurent et Un long dimanche de fiançailles, tout en incarnant un Hannibal Lecteur jeune!) nous parle de ses films préférés...

« C’est un peu dur d’en citer un. Je vais parler de films qui m’ont vraiment marqués et ça intervient à un âge plus jeune. J’ai fait des études de cinéma. Oh, je n’ai fait que deux ans. J’ai souvent dit que ces études ne m’ont pas apportées grand-chose, si ce n’est le fait de découvrir plein de cinéastes passionnants que j’aurais mis plus de temps à découvrir tout seul.

« Il y a un film qui m’a toujours beaucoup impressionné qui s’appelle L’aurore de Murnau. Pour moi  c'est l’aboutissement du cinéma muet. Je pense que ça intervient juste avant l’arrivée du parlant. J’adore ce film! Après, qu’est-ce qui a comme film majeur….

« J’ai découvert il n’y a pas longtemps un film que j’ai trouvé très impressionnant. C’est Wake in Fright de Ted Kotcheff, le cinéaste qui a fait Rambo après. Je pense que c’est un film qui a été longtemps invisible parce que les bobines étaient égarées. Je crois qu’on les a retrouvées il y a quelques années et il est sorti en DVD. À l’époque, il est allé à Cannes et c’est un film totalement fou. Ça ressemble à rien d’autre. C’est sur un jeune Australien qui est professeur d’école. Ce sont les vacances scolaires et il doit rejoindre sa fiancée qui fait du surf je ne sais plus où. Il prend un train, il y a une escale pour une nuit dans un petit village et là il sort, il va dans une grande fête. C’est complètement fou comme film! Il se fait embarquer dans des grandes ivresses. Il y a une scène où ils vont tuer le kangourou au couteau. Franchement, c’est une expérience.

« Après j’aime des cinémas très différents. J’aime beaucoup en ce moment le cinéma coréen. Il y a une liberté. Il n’y a qu’eux qui peuvent se permettent d’avoir ce second degré, ce décalage permanent. De raconter des choses très profondes, de traiter de sujets sociaux et politiques à travers des films qui ont beaucoup d’humour. »

Films du jour : The Woman Who Left, Maliglutit (FNC)

"Court" opus selon les standards de son cinéaste Lav Diaz (un peu moins de quatre heures), The Woman Who Left qui s'est mérité le Lion d'Or à Venise est une courageuse oeuvre sociale sur une femme qui tente de retrouver ses repères après avoir passé les 30 dernières années en prison. Toute la puissance de la vie émerge de cet incroyable magma en mouvement où résonne un rythme particulier, une mise en scène qui touche la perfection et une interprétation remarquable. S'il faut être dans le bon état d'esprit pour se laisser porter par ce cinéma qui ne fait aucune concession, le résultat est une des plus grandes fresques de l'année. ****

Plus près de l'oubliable The Journals of Knud Rasmussen que de son essentiel Atanarjuat, Zacharis Kunuk reprend sur Maliglutit la trame narrative de The Searchers - un homme qui part à la recherche de sa femme et de sa fille kidnappées - en y insufflant des vieilles légendes inuits. La pâte ne lève pourtant qu'à moitié et les magnifiques paysages qui semblent parfois avaler les personnages sont souvent plus intéressants à regarder que le récit plus ou moins convaincant aux rebondissements attendus. Comme western hivernal, on se contentera de The Revenant. **1/2

samedi 15 octobre 2016

Sorties au cinéma : American Honey, Tout en haut du monde, Merci patron!, Le peuple interdit, The Vessel, Moi Nojoom 10 ans divorcée, Unlocking the Cage, Le chantier des possibles, Radin!, Generation Wolf, 1:54

Une dizaine de films - et on ne compte même pas The Accountant, la grosse sortie américaine - prennent l'affiche cette semaine, alors que le Festival du nouveau cinéma n'est pas encore terminé...

On s'arrangera toutefois pour aller voir American Honey, l'immense fresque d'Andrea Arnold qui est aussi libre qu'essentielle. En voilà un qu'on retrouvera dans notre top 10 de fin d'année. ****

Très jolie animation dans un style russe et scandinave rétro, Tout en haut du monde de Rémi Chayé plaira à coup sûr aux petits et aux grands avec son scénario émouvant. ***1/2

Immense succès en France, Merci patron! de François Ruffin est un documentaire social ironique qui débute comme un banal Michael Moore pour se muter en quelque chose de plus puissant. ***

Autre docu sur "le vrai monde", Le peuple interdit d'Alexandre Chartrand fait rêver avec son message un brin verbeux sur l'indépendance en Catalogne et sa superbe première scène. Dès le 17. ***

Clairement inspiré par le cinéma de Terrence Malick (qui agit comme producteur), The Vessel est un premier film prometteur de la part de Julio Quintara qui interroge le rôle de la foi chez l'humain. La finale s'avère décoiffante. ***

Rare fiction émanant du Yémen, Moi Nojoom, 10 ans, divorcée de Khadija Al-Salami traite d'un sujet nécessaire en étant parfois plus sincère que crédible et en demeurant pas trop manichéen. ***

Ce désir de changement se retrouve également au coeur de Unlocking the Cage de Chris Hegedus et D.A. Pennebaker qui offre un combat probant de la cause animale en oubliant malheureusement qu'on se retrouve au cinéma. Du 17 au 20. **1/2

Inspirant documentaire sur les gens d'un quartier qui se mobilise, Le chantier des possibles d'Ève Lamont est ampoulée par une narration maladroite et une réalisation qui manque quelque peu d'imagination. Dès le 18. **1/2

On s'attendait au pire devant Radin! de Fred Cavayé. Cette comédie qui met en vedette un Dany Boon plus sobre que d'habitude s'avère plutôt rigolote. Dommage que le dernier quart d'heure vienne tout saboter. **1/2
Plus maîtrisé que son précédent Transit, Generation Wolf de et avec Christian de la Cortina laisse malgré tout sur sa faim. Après une première moitié psychologique plutôt intéressante, le second tronçon détruit tout avec son action rudimentaire et son suspense à l'emporte-pièce. **

Le thème de l'intimidation en milieu scolaire derrière 1:54 est essentiel. Le souffle vient toutefois à manquer dans ce long métrage de Yan England qui possède d'immenses lacunes scénaristiques. Lorsque le dramatique se veut humoristique, il y a un grave problème. **

Film du jour: Harmonium (FNC)


Cinéaste encore trop peu connu, Kôji Fukada propose avec Harmonium une exploration des non-dits qui finissent par plomber une famille japonaise. Mélo de classe dont une surprise de taille apparaissant à mi-chemin bouleverse complètement la donne, le récit qui débute lentement est tour à tour sensible, surprenant et bouleversant, devant beaucoup à ses interprètes épatants. ***1/2

vendredi 14 octobre 2016

Entrevue Generation Wolf

Les films québécois (fictions comme documentaires) se succèdent ces temps-ci sur les écrans. Oeuvre tournée en anglais et en espagnol, Generation Wolf raconte les déboires financiers et familiaux d'un homme qui n'a aucun autre choix que de faire pousser de la marijuana afin d'obtenir de l'argent pour financer son rêve professionnel. Je me suis entretenu avec son réalisateur et acteur principal Christian de la Cortina et mon entrevue se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Prank (FNC)

Présenté aujourd'hui au FNC et prenant l'affiche dans les salles québécoises le 28 octobre prochain, Prank de Vincent Biron est un premier long métrage entraînant sur l'adolescence et la difficulté de se faire de véritables amis. Reprenant le schéma d'une comédie typique de Judd Apatow, ce film manque de densité et il ne surprend guère. Il est en revanche souvent très drôle et porté par une mise en scène libre et des interprètes sympathiques. Le genre de bouffée de fraîcheur qu'a besoin à l'occasion notre cinéma. ***

jeudi 13 octobre 2016

Films du jour: Mes nuits feront écho, Werewolf (FNC)

Après plusieurs courts métrages très réussis, Sophie Goyette passe au long avec succès. Authentique, poétique et d'un grand pouvoir d'évocation, Mes nuits feront écho annonce déjà une grande cinéaste en devenir et si ce film sous fond de rêves et d'amertume s'avère un brin ampoulé au niveau des dialogues, son sens de l'image est loin d'être négligeable. ***

On sent également le talent d'Ashley McKenzie derrière Werewolf qui s'intéresse au destin de deux jeunes junkies. Il y a une assurance dans sa mise en scène et un désir de traiter avec réalisme d'une réalité trop souvent cachée. Malgré une performance juste des deux interprètes, la froideur clinique de l'ensemble  et le faible développement psychologique des personnages empêchent le moindre attachement... ce qui est toujours regrettable. **1/2

mercredi 12 octobre 2016

Films du jour: Belgica, Apnée (FNC)

En plus d'une rétrospective accordée au cinéaste flamand Félix Van Groeningen qui sera à Montréal pour donner une classe de maître, on présentera son dernier film Belgica. Comme toujours chez lui, l'histoire classique (les hauts et les bas de l'ouverture d'un bar par deux frères) n'a guère d'importance. Ce qui compte, c'est l'atmosphère survoltée, la camaraderie à tout prix et la musique qui décoiffe. Et de ce côté, il n'y a rien à redire puisque tout baigne dans l'huile. ***

On rit beaucoup devant Apnée de Jean-Christophe Meurisse, l'excursion des Chiens de Navarre au cinéma. Surtout dans la première demi-heure où le dialogue roi fait apparaître un nombre incalculable de malaises. Le reste, plus redondant, s'essouffle rapidement, et l'ensemble s'apparente à un simple sitcom gonflé sur 90 minutes où le septième art est très peu sollicité. **1/2

mardi 11 octobre 2016

Nouveautés DVD/Blu-ray : Wiener-Dog, Les innocentes, Les cowboys, Ghostbusters, The Infiltrator, Genius

Si jamais vous avez besoin de faire une pause du FNC qui est encore une fois intense cette année, il y a d'intéressantes sorties en formats DVD et Blu-ray.

La plus satisfaisante est Wiener-Dog, le nouveau délire de Todd Solondz qui fait à nouveau rire aux larmes en multipliant les histoires et les personnages. Une variation jouissive sur le Au hasard Balthazar de Bresson. ***1/2

Plus dramatique est Les innocentes d'Anne Fontaine, une histoire vraie sur le sort réservé à des religieuses à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Certainement le meilleur film de la réalisatrice depuis des lustres, même si le tout aurait pu être encore plus tempéré. ***

Étonnant récit sur une famille qui recherche leur fille disparue, Les cowboys de Thomas Bidegain touche grandement à l'actualité. La force de l'interprétation rachète les quelques errances à mi-chemin. ***

Loin du désastre annoncé, le Ghostbusters de Paul Feig est un divertissement honorable. Tout ne fonctionne pas correctement, mais l'ensemble aurait pu être bien pire. ***

Des excellentes comédiens et un scénario éprouvé ne sont pas suffisants pour élever The Infiltrator des conventions. Si seulement la mise en scène de Brad Furman était compétente. **1/2

Ce syndrome se répercute également sur Genius de Michael Grandage qui s'apparente à un banal téléfilm et qui ne traite pas toujours correctement d'un sujet qui le méritait. Reste un duo pas piqué des vers formé de Colin Firth et de Jude Law. **1/2

Films du jour: Safari, Autre part, Before We Go


Ulrich Seidl continue à titiller la bassesses humaines avec un nouveau documentaire malaisant. Après l'inquiétant In the Basement, il est de retour avec Safari où il suit des chasseurs lors d'excursions organisées en Afrique. Entre les moments sur le terrain et les confessions souvent ahurissantes, le spectateur passe sans cesse du rire à l'effroi. Sa mise en scène contrôlée se permet cette fois d'interagir avec le réel et quelques scènes à la limite du supportable en dégoûteront plus d'un. Une véritable expérience. (FNC) ***1/2

Présenté dans la section "Les nouveaux alchimistes" du FNC, Autre Part de Ouananiche s'apparente à un long vidéoclip de 66 minutes. Autant la forme est séduisante et la musique enivrante, autant la narration s'avère rapidement redondante et lassante. Un voyage introspectif qui aurait été beaucoup plus puissant s'il avait été plus court et ramassé. **

Présenté gratuitement au Café du Monument National, Before We Go de Jorge Leon est un documentaire sur la rencontre entre des personnes qui reçoivent des soins palliatifs et des artistes (chorégraphes, acteurs, musiciens). La mort danse avec la vie et si les moments dialogués sonnent faux, ceux qui s'expriment par le mouvement ne sont pas désagréables bien que l'intérêt ne soit pas constant et qu'il n'y ait rien pour égaler l'extraordinaire Over My Dead Body de Brigitte Poupart. Une discussion animée par Philip Szporer avec la chorégraphe Meg Stuart suivra la projection. **1/2

lundi 10 octobre 2016

Films du jour: Bitter Money, La tortue rouge, Les arts de la parole (FNC)

De tous les documentaristes en activité, Wang Bing est l'un des plus importants. De fresque en fresque, il dresse le portrait d'une Chine en pleine mutation qui se joint au capitalisme au détriment de sa population. Plus court que d'habitude (le film ne fait "que" 2 heures 37 minutes), Bitter Money n'en demeure pas moins essentiel dans sa façon de suivre des destins qui semblent aller vers le mur. Sa façon de filmer ponctuée de longs plans est en parfaite symbiose avec son sujet et si l'espoir se fait rare, il est impossible d'en ressortir indemne. ****

Magnifique animation pratiquement muette, La tortue rouge de Michael Dudok de Wit débute comme Robinson Crusoé pour ensuite déjouer toutes les attentes. Grâce aux dessins uniques des studios Ghibli qui s'aventurent hors du Japon, le film d'une richesse et d'une poésie sans nom n'a aucune difficulté de se lover près du coeur. De quoi émouvoir et ébahir encore et encore. ****

Nouveau long métrage singulier de la part d'Olivier Godin, Les arts de la parole s'amuse à aller dans tous les sens et de convoquer les personnages les plus incroyables. Cette originalité folle finit toutefois pas tomber au neutre à mi-chemin, pour mieux repartir par la suite. On reconnaît là le style unique de ce jeune créateur talentueux, même si l'ensemble n'est pas aussi achevé que son précédent Nouvelles, nouvelles. **1/2

dimanche 9 octobre 2016

Les films préférés de… Céline Bonnier

Céline Bonnier et sans aucun doute une des actrices les plus essentielles du cinéma québécois. Elle a laissé sa marque dans de nombreux films (La passion d'Augustine, Délivrez-moi, Monica la mitraille...) tout en devenant la muse d'André Forcier. C'est d'ailleurs pour son dernier long métrage Embrasse-moi comme tu m'aimes que je l'ai rencontrée que je lui ai demandé quels étaient ses films préférés...

"J’ai beaucoup aimé La grande beauté de Sorrentino. Ça m’a vraiment appris beaucoup de choses et ça m’a transporté. J’aime beaucoup les films de Lynch et de Roy Andersson, comme la Chansons du deuxième étage. Je suis beaucoup là-dedans. Et Jacques Tati, Playtime. C’est un clown, Tati, et il a un regard autre sur la réalité. Le Bal d’Ettore Scola a changé beaucoup ma vision. J’ai capoté quand j’ai vu ce film-là. C’est hyper théâtral. Mais il y a des affaires comme Elephant Man de David Lynch qui va me déchirer à chaque fois que je le vois."

Films du jour: After the Storm, The End, Déserts, Les malheurs de Sophie (FNC)


Il n'y a rien de plus réconfortant qu'un film d'Hirokazu Kore-eda. Dans After the Storm, il suit le quotidien désenchanté d'un romancier adepte de jeux qui tente de ne pas perdre l'estime de son fils et de sa famille. Le portrait est sensible, la mélancolie omniprésente et si le dernier quart d'heure se veut un peut trop moralisateur, un parfum doux-amer s'en dégage et il fait un bien fou. ***1/2
Mon entrevue avec le cinéaste lors de la rétrospective que la Cinémathèque québécoise lui a consacrée.

Après Valley of Love, Guillaume Nicloux renoue avec Gérard Depardieu pour une autre randonnée dans des grands espaces. Plus onirique et singulier, The End s'apparente à un rêve angoissant sur un homme qui est perdu en forêt et qui rencontre des gens étranges. La tension va à crescendo et l'intérêt ne disparaît pas malgré une finale décevante et des inspirations trop évidentes (Lynch, notamment). ***

Dans registre similaire, on voudra s'aventurer dans Déserts de Charles-André Coderre et Yann-Manuel Hernandez, un premier film fort intriguant. Revendiquant clairement son influence du cinéma de Philippe Grandrieux, cette expérience sensorielle qui en met constamment plein la vue et les oreilles séduit aisément bien que le fil narratif soit bien mince. ***

Christophe Honoré sera-t-il condamné à éternellement mettre des chansons dans ses films? C'est là où il excelle et ce sont les meilleurs moments des Malheurs de Sophie, un long métrage assez sombre qui s'adresse à toute la famille. S'il n'y a presque rien à redire de la fabuleuse direction artistique et de la musique d'Alex Beaupain, le récit comporte tous ses tics, il est souvent exaspérant et le talent des enfants varie entre le correct et l'exécrable. **

samedi 8 octobre 2016

Films du jour: Voyage à travers le cinéma français et Daguerrotype (FNC)

C'est un colossal documentaire que propose Bertrand Tavernier avec Voyage à travers le cinéma français. Pendant plus de trois heures, il parle des films et des artistes qui ont changé sa vie et le septième art de l'Hexagone. Se concentrant presque exclusivement sur les années 30 à 70, s'intéressant à des pointures (Becker, Gabin, Carné, Renoir, Melville) tout en oubliant d'autres grands (Bresson, Malle), cette oeuvre formidable présente de longs extraits tout en les mettant brillamment en contexte. De quoi vouloir les redécouvrir le plus rapidement possible. ****

Première excursion de Kyoshi Kurosawa à l'extérieur du Japon, Daguerrotype (Le secret de la chambre noire) le présente en terrain familier avec ses fantômes et son suspense mélancolique (de quoi le rapprocher de Journey to the Shore, présenté l'année dernière au FNC). Sa réalisation encore une fois impressionnante est portée par les fortes prestations de Tahar Rahim et d'Olivier Gourmet. Le récit souvent sinueux n'est pas sans défaut (un rebondissement à mi-chemin n'est pas toujours crédible), mais il est compensé par une atmosphère du tonnerre qui imprègne lentement mais sûrement le spectateur. ***  

vendredi 7 octobre 2016

Sorties au cinéma : The Birth of a Nation, Denial, Two Lovers and a Bear

Les nouvelles sorties sont peu nombreuses cette semaine au cinéma. Surtout si on a manqué The Girl on the Train (je me promets d'attraper le DVD) et qu'on évite Middle School: The Worst Years of My Life qui semble horrible. Trois films méritent toutefois notre attention...

Grand vainqueur à Sundance et sélection logique pour les prochains Oscars, The Birth of a Nation est un long métrage courageux de la part de Nate Parker, qui s'en sort plutôt bien derrière la caméra et dans le rôle d'un esclave qui s'est soulevé avec violence. Le ton lourd est cependant un peu trop manichéen et la seconde partie plus barbare se rapproche davantage de Braveheart que de 12 Years a Slave. *** 

Rachel Weisz est très bonne dans Denial de Mick Jackson, une fiction inspirée d'une histoire vraie sur une prof qui doit prouver l'existence de l'Holocauste. Il n'y a cependant pas beaucoup de cinéma dans ce téléfilm appliqué mais sans émotion, où les explications prennent le dessus sur le suspense. **1/2

Kim Nguyen est un des cinéastes les plus talentueux du Québec. Autant son soin technique est magnifique, autant ses scénarios tournent souvent à vide. C'est le cas de Two Lovers and a Bear qui se déroule en zone arctique et qui passe difficilement du banal drame social au film de genre plus satisfaisant. Si seulement il ne se sentait pas obligé de tout expliquer à l'aide de mots et ensuite d'images redondantes. **1/2

Films du jour : L’effet aquatique, Stealing Alice, Richard Linklater: Dream is Destiny

Trois films attirent notre attention aujourd'hui dans le cadre du FNC et du MBAM...

L'effet aquatique est l'ultime long métrage de Solveig Anspach (Lulu femme nue, Stormy Weather, Haut les coeurs!), qui est décédée d'un cancer en 2015. Reprenant un personnage de son agréable Queen of Montreuil, elle signe une romance très mignonne, dont la première demi-heure est tout simplement savoureuse. La suite qui se déroule en Islande ne possède pas le même charme, bien qu'elle soit parfois touchée par la grâce. (FNC) ***

Stealing Alice est la première excursion au cinéma du peintre et auteur Marc Séguin et le résultat est loin d'être concluant. Verbeux et chargé, le récit aurait fait une grande oeuvre sur le Québec s'il n'était pas aussi ampoulé et prétentieux. Malgré une photographie soignée et une performance sentie de Fanny Mallette, la mise en scène s'avère mal maîtrisée (avec ces abus de drones et de musique électronique) et les soupirs ne tardent pas à survenir. (FNC) **

Très conventionnelle dans son approche, Richard Linklater: Dream is Destiny de Louis Black et Karen Bernstein demeure un documentaire ludique et superficiel sur le cinéaste américain. En s'attardant trop à Boyhood et Slacker, cela permet de montrer le génie de l'homme mais en même temps ce choix finit par faire ressortir les limites de l'effort. (MBAM) **1/2

jeudi 6 octobre 2016

La Jonction


La Jonction qui est co-produite par l'ONF donne la parole à des acteurs locaux qui utilisent l'art dans leur vie de tous les jours. Réalisés par des cinéastes d'animation montréalais, ces épisodes qui sont dévoilés chaque mardi et jeudi jusqu'au 11 octobre sur Youtube sont de véritables plaisirs ludiques et esthétiques. Aujourd'hui il est question de musique alors l'univers de la talentueuse et trop peu connue Jessay Lanza rencontre celui de Jeremy Greenspan de Junior Boys. Synthétiseurs et mélodies pop à prévoir!

Films du jour: Diamond Island et Dom Juan & Sganarelle

Deux premiers films forts intéressants et très différents sont présentés aujourd'hui, le premier dans le cadre du FNC et le second au MBAM.

Retenez bien ce nom: Davy Chou. Au sein de Diamond Island qui a été récompensé à la Semaine de la Critique à Cannes, le réalisateur convoque les esprits de Jia Zhang-ke et de Tsai Ming-liang pour offrir une étonnante oeuvre sur la jeunesse et ses désirs de romance, mais également avec ces fantômes du passé et ce capitalisme sauvage qui transforme tout sur son passage. Sa mise en scène gorgées de néons est ingénieuse et son rythme lent permet la totale introspection. Un talent à suivre! ***1/2

Bien connu des cinéphiles, Vincent Macaigne se lance à la réalisation avec Dom Juan & Sganarelle, une interprétation moderne et audacieuse du texte classique. Les premières 45 minutes, tout simplement grandioses, sombrent sous les lumières diffuses, la peau fraîche et les textes incisifs. L'heure suivante n'a pas la même force et elle s'étire un peu en se répétant, diffusant tout de même des moments à couper le souffle. ***

mercredi 5 octobre 2016

10 films à voir au FNC

Le Festival du nouveau cinéma débute aujourd'hui et jusqu'au 16 octobre, il y a des centaines de films intéressants. Qu'est-ce qu'on va voir? Je vous propose 10 titres en prenant soin de me concentrer sur des longs métrages qui risquent de ne jamais sortir sur un écran de cinéma. Du moins au Québec...

1. A Lullaby to the Sorrowful Mystery. Huit heures de cinéma, ce n'est pas banal. Surtout de la part du grand réalisateur philippin Lav Diaz qui est encore trop peu connu. Cela s'annonce comme l'événement de l'année. On pense ici au triptyque de Gomes sur les 1001 nuits ou au chef-d'oeuvre Santantango de Tarr.

2. Diamond Island. Remarqué à la Semaine de la Critique, ce film d'adolescents pas comme les autres plongera le spectateur dans un Cambodge à la croisée des chemins et il risque de faire découvrir en Davy Chou un nouveau chouchou.

3. Daguerrotype - Le secret de la chambre noire. Pour son premier film en dehors du Japon, Kiyoshi Kurosawa réunit Tahar Rahim, Olivier Gourmet et Mathieu Amalric dans une histoire de... fantôme, évidemment! En espérant que ça soit aussi bon que son Creepy présenté à Fantasia.

4. Bitter Money. Il n'y a rien de plus essentiel qu'un documentaire de Wang Bing qui dévoile ce qu'on ne veut pas nécessairement voir de la Chine. A-t-on réellement un équivalent ici, aussi humaniste et poétique? Ce serait à peu près temps.

5. The Untamed. Sa précédente offrande Heli nous avait coupé le soufflé avec sa violence immorale. Amat Escalante est de retour avec cette déflagration qui mélange les thèmes et les genres et qui ne s'adressent pas aux enfants de coeur.

6. Yourself and Yours. Il n'y a rien qui ressemble davantage à un film de Hong Sang-soo qu'un autre film de Hong Sang-soo et après avoir livré un de ses meilleurs ouvrages l'année dernière (avec Right Now, Wrong Them), il récidive avec une nouvelle fantaisie douce-amère.

7. Antiporno. Pas moins de quatre longs métrages de Sion Sono ont été montrés à Montréal en 2015. On a failli désespérer d'en voir aucun cette année, jusqu'à l'annonce de ce titre intriguant. Avec de la chance, on va revoir le metteur en scène déjanté, celui qui est prêt à tout pour marquer au fer blanc le cinéphile.

8. Aquarius. Les films sont longs cette année au FNC et cette création de Kleeber Mendonça Filho (son précédent Neighboring Sounds était vraiment captivant) ne fait pas exception avec ses 142 minutes. On risque toutefois d'être happé par son sujet et ses hommages.

9. After the Storm. Même en mode plus mélodramatique, mineur et ouvert, le cinéma d'Hirokazu Kore-eda (Nobody Knows, Still Walking) touche une corde sensible et ce sûrement le cas de cette ode à la famille.

10. The Woman Who Left. Le récent Lion d'or pourrait bien être l'expérience mystique tant attendue. C'est pratiquement un court métrage de moins de quatre heures de la part de Lav Diaz dont on attend avec impatience la rétrospective.

Film du jour: American Honey (FNC)

Andrea Arnold est-elle capable de faire un mauvais film? Après ses sublimes Red Road, Fish Tank et Wuthering Heights, elle signe une nouvelle chronique féminine éclatante par l'entremise d'American Honey. Oeuvre d'excès et d'errance, qui dure 163 minutes et où l'on sent la liberté dans chacun de ses plans (sa mise en scène est phénoménale), ce road movie souffle par l'utilisation ingénieuse de ses thèmes éprouvés et la performance de ses comédiens. Sasha Lane est rien de moins qu'une révélation et le mal-aimé Shia LaBeouf trouve aisément le plus beau rôle de sa carrière. Une expérience splendide, parmi les plus essentielles de l'année. ****

mardi 4 octobre 2016

Nouveautés dvd/blu-ray : The Wailing, A Bigger Splash, Au nom de ma fille, X-Men : Apocalypse, Hunt for the Wilderpeople, Swiss Army Man, Into the Forest, The Purge: Election Year, Laid in America

Alors que le Festival du nouveau cinéma est sur le point de débuter, plusieurs films intéressants débarquent en format DVD et Blu-ray.

Sélection de l'AQCC à Fantasia, The Wailing de Na Hong-ji s'avère un opus brillant qui mélange les genres en donnant froid dans le dos. Plus on le voit et plus on l'apprécie. ***1/2 la première fois, **** ensuite.

On s'amuse beaucoup devant A Bigger Splash de Luca Guadagnino, un remake d'un film français qui donne toute la place à ses excellents comédiens. ***1/2

Daniel Auteuil trouve son meilleur rôle depuis longtemps dans Au nom de ma fille de Vincent Garenq, une histoire vraie révoltante et haletante qui prend cependant beaucoup de temps à se mettre en chantier. ***

Suite au décevant précédent épisode, X-Men: Apocalypse de Bryan Singer a tout misé sur l'action et les personnages et ça fonctionne dans ce tome stupide mais très divertissant. ***

Les duos mal-assortis auront rarement été aussi originaux que dans Hunt for the Wilderpeople de Taika Waititi qui réserve de bons moments malgré sa superficialité. ***

En tentant tellement de sortir des sentiers battus, Swiss Army Man de Daniel Scheinert et Daniel Kwan n'explore pas tout son potentiel, abusant des jokes de pets. Il avait tellement plus à offrir. **1/2

La fable sociale du récit apocalyptique et fauché d'Into the Forest de Patricia Rozema tourne rapidement en rond, laissant d'excellentes à elles-mêmes. **

Chaque suite est plus décevante que la précédente et The Purge: Election Year de James DeMonarco ne peut qu'ennuyer dans sa façon de traiter mollement d'idées importantes qui sont d'actualité. **

On touche presque le fond avec Laid in America de Sam Milman et Peter Vass, un énième American Pie sans humour qui est plus consternant qu'autre chose. *1/2

Pour faire plaisir à sa jeune fille, on peut toujours opter pour Barbie: Starlight Adventure ou Welcome to Monster High, quoique aucun de ces dessins animés ne brillent par leurs qualités.

Film du jour: 20 000 Leagues Under the Sea

Avant le remake qui finira bien un jour par le voir jour, on retournera vers 20 000 Leagues Under the Sea de Jules Verne et produit par les studios Disney avec le même plaisir. Il s'agit d'un très bon film d'aventure, divertissant et intéressant tout plein, où le réalisateur Richard Fleischer s'en donne à coeur joie au niveau des effets spéciaux. Le propos demeure indémodable et la distribution qui comprend Kirk Douglas, James Mason et Peter Lorre est une immense valeur ajoutée. Un plaisir ludique et fantaisiste pour le plus grand dénominateur commun. ***1/2

lundi 3 octobre 2016

Film du jour: Ragtime

Toujours très d'actualité dans sa façon de présenter une justice inégale et raciale entre classes sociales différentes, le Ragtime de Milos Forman est une oeuvre raffinée, réalisée avec grand soin et interprétée par une palette disparates de comédiens aguerris. Le récit pas trop éloigné du film choral est d'une fluidité exemplaire et le climat en place change constamment de genres avec une virtuosité certaine. ****

dimanche 2 octobre 2016

Les films préférés de... Marc Labrèche

S'il sera éternellement associé à ses projets télévisuels absurdes et délirants, Marc Labrèche est parvenu à faire sa marque au cinéma, que ce soit dans L'âge des ténèbres, L'enfant prodige, Whitewash, les deux Matusalem et L'assassin jouait du trombone. Lors de notre rencontre pour 9 - Le film (il a réalisé un des meilleurs courts métrages), je lui ai demandé quels étaient ses films préférés. Voici sa réponse...

« J'ai loué The Lobster que je n’avais pas vu et qui arrive avec une proposition décalée, surréaliste. Il y a un ton, une vraie patente, une vraie vision, quelque chose qui est assumée complètement, dans un univers un peu à gauche, awkward. Les films de Wes Anderson, j’aime ça aussi pour les mêmes raisons. Ça c’est ce que j’aime maintenant. Grand Hotel Budapest, où il y a une espèce de recherche, de langage total qui fonctionne avec l’humour, l’histoire, le ton, le jeu. Ce que font les britanniques aussi j’aime ça…

« Et il y a les films évidemment qui sont inscrits, parce que j’étais jeune quand je les ai vus. Ça ne se démodera jamais. J’ai regardé encore les Parrain à Télé-Québec. Pour moi ça marche encore. Toutes les références d’acteurs que j’aime. Des films à grand « aura » qui sont encore pertinents et modernes. Le deuxième…

Moi : Ça toujours été mon préféré.

ML : Ah, moi aussi! Hey! Beau, touchant, à pleins d’égards... Et il y a l’inévitable Peau d’âne.

Moi : Jacques Demy!

ML : Effectivement. Je dis ça presque en blague. Mais non, j’ai vraiment aimé ça. La musique de Michel Legrand c’est liée directement à mon enfance. Parce que malgré mon âge avancé, j’ai eu une enfance. Et il y a des choses qui existaient même avant moi, dont Peau d’âme qui est sorti en 66 ou 67. (Le film a pris l’affiche en 1970.) J’avais 5 ans.

« Mais les films que je préfère, là, c’est lorsque j’ai l’impression d’être décalé et d’avoir accès à une partie de mon cerveau auquel je n’avais pas accès. Et en comédie, c’est assez rare. Il n’y en a pas tant que ça. La grosse farce, je ne suis pas bon public à ça, même si ça peut m’arriver d’en faire moi-même. Ce qui m’intéresse plus c’est la fantaisie mais avec une poésie ou la comédie avec une espèce de poésie. » 

Film du jour: A Flag Without a Country

Pour son nouveau film A Flag Without a Country, le cinéaste Bahman Ghobadi (Les tortues volent aussi, Un temps pour l'ivresse des chevaux) mélange fiction et documentaire comme il le faisait sur Les chats persans. Cette fois on suit deux destins en parallèle de gens qui tentent d'aider des enfants dans un camp de réfugiés syriens. Le récit de valeur inégale ne manque pas d'intéresser, proposant un ton optimiste en rappelant bien entendu que la réalité est tout autre. S'il y a quelques moment d'égarement, le sujet demeure nécessairement et cruellement d'actualité. Au MBAM. ***