dimanche 28 février 2010

Entrevues La dernière fugue et Césars


Très peu de surprises du côté de la cérémonie des Césars. Le grandiose Un prophète de Jacques Audiard a pratiquement tout remporté, ne laissant presque rien pour les très bons Welcome de Philippe Lioret, À l'origine de Xavier Giannoli, Le concert de Radu Mihaileanu, Les herbes folles d'Alain Resnais et Rapt de Lucas Belvaux. Comment ne pas se réjouir de la victoire du splendide documentaire L'enfer d'Henri-Georges Clouzot, de ne pas comprendre l'intérêt envers le faiblard La journée de la jupe, et être estomaqué que Gran Torino a été préféré au Ruban blanc ou à Milk.

Chez nous, pour la sortie de La dernière fugue de Léa Pool, j'ai pu m'entretenir avec la plupart de ses artisans, afin de mieux cerner le processus d'adaptation, celui de la coproduction (avec le Luxembourg), l'élaboration des personnages et, bien entendu, leurs opinions sur le suicide assisté. L'entrevue se trouve ici.

samedi 27 février 2010

Un prophète, L'enfer d'Henri-Georges Clouzot, La dernière fugue, Cop Out, The Crazies, Oscar et la dame rose, Vilaine, L'affaire Coca-Cola


Semaine de répit pour les gros films américains, mais certainement pas pour les autres longs métrages! En fait, il y a des titres de tous les genres qui risquent de satisfaire pratiquement tout le monde.

Le seul opus à voir absolument est le très attendu Le prophète. Les Césars se déroulent aujourd'hui et la missive de Jacques Audiard risque de tout rafler. Après les solides mais moins éclatants Sur mes lèvres et De battre mon coeur s'est arrêté, le cinéaste offre son meilleur essai depuis Un héros très discret, relatant la dure réalité d'un jeune prisonnier (stupéfiant Tahar Rahim) qui reçoit la protection d'une organisation corse (dont le patron est incarné par le terrifiant Niels Arestrup). De la qualité bord et bord, autant sur le plan de la forme que du fond, qui tient en haleine dans sa façon d'évoquer les grands classiques américains de 1970. Peut-être pas aussi génial que le laissait croire la rumeur (Le ruban blanc d'Haneke est probablement supérieur), mais néanmoins une véritable pépite d'or.

Il ne faudrait pas pour autant négliger la compétition. L'excellent documentaire L'enfer d'Henri-Georges Clouzot (critique) de Serge Bromberg retrace avec brio et ingéniosité le film maudit du réalisateur de Les diaboliques. Une plongée fascinante dans les années 1960, auprès de comédiens illustres qui ont marqué plusieurs cinéphiles.

Ce sont les deux coups de maître de l'Hexagone, car plusieurs autres productions déçoivent amèrement. C'est le cas de Oscar et la dame rose (critique), l'adaptation par Éric-Emmanuel Schmitt de son propre roman. Mélodramatique, trop symbolique et moralisateur, l'ensemble déçoit malgré le beau duo que se livre Michèle Laroque et Amir.

C'est l'horreur chez Vilaine (critique), une comédie ratée terriblement mauvaise et raciste de Jean-Patrick Bennes et d'Allan Mauduit. Marilou Berry qui campe une anti Amélie Poulain qui cherche à se venger? Non merci! Un des pires navets de l'année.

De ce côté de l'Atlantique, Kevin Smith surprend en livrant un hommage inutile mais assez désopilant aux films policiers des années 1980. Cop Out (critique) n'a rien de majeur ou d'essentiel, sauf qu'il permet à Bruce Willis, à Tracy Morgan et au spectateur de rire un bon coup.

The Crazies (critique) de Breck Eisner se prend beaucoup plus au sérieux, ce qui n'est pas nécessairement une bonne chose. Ce remake d'un vieux long métrage de Romero est capable de divertir et il demeure toujours d'actualité. Malheureusement, la réalisation et la distribution ne sont pas toujours à la hauteur, alors que les clichés prennent souvent toute la place.

Le Québec n'est pas en reste avec le très attendu La dernière fugue (critique), l'adaptation de Léa Pool d'un troublant livre de Gil Courtemanche. Malgré de bons acteurs et un sujet sensible (le suicide assisté), le résultat est loin d'être à la hauteur, notamment à cause de l'humour qui dame généralement le pas au drame, et une conclusion consternante.
Le documentaire engagé L'affaire Coca-Cola de Germán Gutiérrez et Carmen Garcia ne révolutionne rien sur le plan technique. En revanche, le propos mérite l'attention, dans leur odyssée de trois années auprès d'avocats qui cherchent à faire condamner le géant de la boisson gazeuse qui serait lié à des meurtres crapuleux en Colombie. Une démarche noble pour un traitement subjectif mais nuancé.

vendredi 26 février 2010

Entrevue L'affaire Coca-Cola


Pauvre petit blogue qui n'arrive pas à se mettre à jour avec la charge de travail! En fin de semaine, il sera question des films de la semaine, d'une entrevue avec les artisans de La dernière fugue et lundi, si tout va bien, d'une première discussion avec d'autres critiques du Québec.

Aujourd'hui, place à une entrevue avec Germán Gutiérrez et Carmen Garcia, les cinéastes de L'affaire Coca-Cola. Ce documentaire à la forme limitée se laisse regarder surtout pour son fond où le géant des boissons gazeuses semble avoir les mains ensanglantées à propos de meurtres commis sur des syndicalistes, notamment en Colombie. Un essai engagé, conçu par deux réalisateurs extrêmement sympathiques qui ont toujours 1000 anecdotes à raconter... et du bon café à offrir!

L'entrevue complète se trouve ici.

mercredi 24 février 2010

Entrevue avec Éric-Emmanuel Schmitt


Pour la sortie prochaine d'Oscar et la dame en rose, je suis parvenu à m'entretenir avec l'auteur et réalisateur Éric-Emmanuel Schmitt, ainsi qu'avec les comédiens Amir et Benoît Brière.

Au lieu des entrevues traditionnelles, il s'agissait du célèbre tapis rouge. Ce qui veut dire une horde de photographes et quelques journalistes qui jouent du coudre pour pouvoir parler aux invités le plus tôt possible. De quoi faire un bain de foule, parler à tout le monde et être très patient. De toute façon, à quoi cela sert de pousser les autres pour avoir presque la même image que son voisin, soutirer quelques minutes d'entrevues à un collègue si c'est pour poser toujours les mêmes questions?

L'entrevue complète se trouve ici.

mardi 23 février 2010

9.99$, The Informant! et autres DVD


Une autre agréable semaine de films à voir à la maison.

En 2009, la presse s'est peut-être déchaînée sur Mary and Max, Coraline et Up, mais il ne faudrait surtout pas oublier 9.99$, cette magnifique animation de Tatia Rosenthal où quelques personnages cherchent le sens de leur existence. À la fois magique et philosophique, que demander de plus?

Le tandem Steven Soderbergh et Matt Damon frappe encore dans le jubilatoire The Informant! où un homme qui occupe un poste important se perd littéralement dans ses mensonges. Une histoire vraie brillante et sardonique, qui bénéficie d'une interprétation de haut niveau et une très agréable trame sonore.

Le réalisme est à l'honneur dans la chronique sportive The Damned United de Tom Hooper retraçant les heures de gloire et de déchéance d'un entraîneur sportif. Aussi intéressant qu'énergisant, avec un Michael Sheen qui ne finit plus de surprendre.

The Box de Richard Kelly s'est peut-être planté au box office, mais il faudrait vraiment découvrir cette petite oeuvre inégale mais ambitieuse, qui mélange drame, suspense, horreur, science-fiction et rires avec une rare ingéniosité. Et quelle musique des membres d'Arcade Fire!

Petit documentaire sur des collectionneurs américains, Herb and Dorothy de Megumi Sasaki se regarde et s'oublie à la vitesse de l'éclair, ce qui est soit une qualité ou un défaut.

Il s'agit d'une bonne chose pour le terriblement kitch et sucré Love & Savagery de John N. Smith ressasse la traditionnelle histoire d'amour entre deux clans ennemis. Qui a dit zzzzzzzz?

Plus ridicule qu'horrifiant, Sorority Row de Stewart Hendler est un autre exemple probant que les longs métrages du 21e siècle n'arrivent presque plus à faire rire. C'est bien dommage, évidemment.

Cirque du Freak: The Vampire's Assistant de Paul Weitz a évité de jouer dans ces zones obscures en offrant un divertissant un peu trop sage qui aimerait beaucoup devenir le prochain Harry Potter. Ça ne sera heureusement pas le cas.

Offert dans une nouvelle édition, Ichi the Killer rappelle comment Takashi Miike pouvait faire de très bonnes oeuvres, violentes et intelligentes. Cela semble faire une éternité.

Il y a également le vieux titres (de 1997) de Tony Bill, Five Corners, qui n'a toujours pas perdu de sa pertinence, présentant des Jodie Foster, Tim Robbins et John Turturro très jeunes qui cherchent à survivre dans un quartier défavorisé de New York. La fin peut décevoir par sa facilité, mais le reste s'avère une belle charge sociale et poétique sur la jeunesse d'hier et d'aujourd'hui.

samedi 20 février 2010

Entrevue avec Andrea Arnold


Rêve de tous les jeunes cinéphiles pour qui Red Road a été un des électrochocs les plus puissants de la dernière décennie: pourvoir s'entretenir avec la cinéaste Andrea Arnold!

L'occasion était trop belle pour ne pas la saisir. Et ce, même si l'accent britannique de la réalisatrice était parfois à couper au couteau. Mais bon, ce n'est pas grave, lorsqu'on parle de septième art avec une metteure en scène qui a autant de style et de talent, le reste n'a pas beaucoup d'importance.

Afin de tout savoir sur son second - et très bon - long métrage Fish Tank, vous pouvez lire l'entrevue complète qui se trouve ici.

vendredi 19 février 2010

Entrevue avec Valérie Lemercier


L'adaptation cinématographique de Le petit Nicolas cogne à la porte. Au Québec du moins, alors que ce très grand succès français est déjà en dvd dans son coin de pays. Pour l'occasion, j'ai pu m'entretenir avec la comédienne Valérie Lemercier.

Cela fait deux fois que je parle de cinéma avec celle qui est également réalisatrice et humoriste. Il y a quelques mois, c'était pour le très oubliable Agathe Cléry. Même si son rôle demeure périphérique à celui de l'intrigue (elle incarne la mère du héros), elle s'est pliée au jeu avec beaucoup de plaisir et de simplicité.

L'entrevue complète se trouve ici.

jeudi 18 février 2010

Fish Tank, Shutter Island, Le petit Nicolas


Prenons un peu d'avance cette semaine avec les traditionnelles sorties de films...

Parmi les 4 titres qui prennent l'affiche (ce qui est très peu, il y en a 10 la semaine prochaine), le plus intéressant et excitant s'avère Fish Tank (Prix du Jury au dernier Festival de Cannes), une chronique sociale doublée d'un éveil à la sexualité d'une jeune fille de 15 ans envers le chum de sa mère. Sans doute moins surprenant que son précédent Red Road, Andrea Arnold continue à arpenter le cinéma engagé de Loach et de Leigh, développant son propre style, cinglant ou terrifiant au passage. Chapeau aux interprètes (Michael Fassbender, Kierston Wareing), et principalement à Katie Jarvis, une comédienne non professionnelles qui crève l'écran.

Le récit le plus populaire au box office sera sans aucun doute Shutter Island de Martin Scorsese, l'adaptation cinématographique d'un roman de l'influent Dennis Lehane avec une horde de vedettes, dont la muse du 21e siècle Leonardo DiCaprio. Ce thriller extrêmement bien réalisé et interprété, relatant la visite de deux marshals dans un hôpital psychiatrique, évoque Cape Fear du même cinéaste et les oeuvres d'Alfred Hitchcock. Dommage que le punch de la fin se devine dès les premiers moments (et même en regardant la bande-annonce attentivement) et que les 15 dernières - et longues - minutes ne servent qu'à expliquer ce qui s'est déroulé précédemment. Un honnête divertissement qui n'a cependant rien de transcendant.

Énorme succès en France, la transposition de la bande dessinée Le petit Nicolas par Laurent Tirard bénéficie d'une mise en scène très colorée, d'un rythme soutenu et d'une interprétation sympathique, surtout des jeunes garçons qui sont convaincus que les parents de Nicolas attendent un petit frère. Reste cependant un ton beaucoup trop niais et des gags aux effets limités, ainsi qu'un scénario extrêmement simpliste qui enlève un peu de charme à l'ensemble.

mercredi 17 février 2010

RVCQ: Gilles, mais pas Pierre

C'est aujourd'hui que s'ouvre la 28e édition des Rendez-vous du cinéma québécois avec la présentation de La dernière fugue de Léa Pool. Au menu, des centaines de courts et des longs métrages, des ateliers, des conférences et même la venue à Montréal du fascinant cinéaste Bruno Dumont qui viendra présenter son nouveau film Hadewijch. Tout cela jusqu'au 27 février prochain avec Journal d'un coopérant de Robert Morin qui sera présenté en clôture.


Une seule question s'impose. Parmi toutes ces activités et l'hommage vibrant réservé à Gilles Carle, pourquoi il n'y a rien sur Pierre Falardeau? Malgré ses propos souvent cyniques, il s'agit d'un des réalisateurs les plus essentiels de la Belle Province, qui a offert son lot de titres nécessaires et inoubliables. Un vrai combattant - contesté bien entendu, à tort ou à raison - qui aurait au moins mérité une simple rétrospective, le moindre petit film programmé. Simplement par décence, par respect pour son oeuvre immense, inégale mais franchement importante.

mardi 16 février 2010

Revanche, Hunger, Coco et plus


Le mardi idéal: peu de sorties de films en DVD mais d'excellentes oeuvres! Il faudra toutefois briser sa tirelire pour se procurer les titres les plus intéressants, car ils sont distribués par Criterion, la compagnie qui demande souvent plus de 40 dollars pour un seul long métrage.

S'il est encore à l'affiche au Cinéma du Parc, l'excellent Revanche de Götz Spielmann débarque dans le confort de la maison avec son histoire sombre et maîtrisée à souhait, qui n'aurait eu aucun mal à s'insérer dans le palmarès des meilleurs essais de 2009. Il faudra réessayer cette année.

Hunger de Steve McQueen l'a manqué de peu, sauf qu'il ne faudrait surtout rater cette fascinante Caméra d'Or qui ne laissera personne indifférent dans son exploration des prisons crasseuses de la Grande-Bretagne. Espérons toutefois que l'édition contienne des sous-titres, car les dialogues ne sont pas toujours évidents à saisir.

Sur un terme beaucoup plus classique, Coco avant Chanel d'Anne Fontaine s'adresse aux gens qui ont adoré La vie en rose. L'ouvrage ne bouge pas énormément et il semble se terminer là où il devenait intéressant, mais la prestation d'Audrey Tautou dans le rôle titre est rien de moins qu'admirable.

La daube de la semaine demeure Law Abiding Citizen de F. Gary Gray, un objet manipulateur et sensationnaliste mal interprété et tourné à la va-vite qui vante les mérites de l'auto-justice sans subtilité. Mal de tête en perspective.

lundi 15 février 2010

Entrevue avec Marilou Berry


Pour la sortie la semaine prochaine du film Vilaine, j'ai pu échanger avec l'actrice principale Marilou Berry.

Normalement, lors du processus d'entrevue, le temps est limité et il faut aller à l'essentiel. Surtout qu'il est difficile de prévoir si une personne va répondre à une question pendant 2 ou 10 minutes. C'est pourquoi il faut souvent en préparer davantage... et souvent toutes les sacrifier si l'entretien s'étend trop longtemps.

Avec la fille de Josiane Balasko, c'était tout le contraire. Sans doute que le décalage horaire ne jouait pas en ma faveur, mais les réponses étaient souvent courtes. Dommage... mais bon, il sera sans doute possible de se reprendre avec cette jeune fille intelligente et sympathique.

L'entrevue complète se trouve ici.

samedi 13 février 2010

Revanche, The Last Station, Romaine par moins 30, The Wolfman, Percy Jackson, Valentine's Day


Semaine occupée après avoir vu 100% des sorties en salles!

Dans le lot, il ne faudrait surtout pas passer à côté du sublime Revanche (critique), un drame extrêmement maîtrisé et intelligent de Götz Spielmann qui explore le sentiment de vengeance (le thème à mode en ce début de 2010) avec agilité et précision. Un grand film, à la technique impeccable et interprété avec talent, qui se savoure comme les récents Les trois singes.

Dommage que les autres titres ne soient pas à la hauteur. Malgré ses excellents interprètes, The Last Station (critique) de Michael Hoffman relate beaucoup trop superficiellement et académiquement les derniers jours de Tolstoï. Reste le duo Christopher Plummer et Helen Mirren qui est loin d'être désagréable.

Sans doute plus intéressant que l'horrible Le bonheur de Pierre, Romaine par moins 30 d'Agnès Obadia demeure une autre carte postale véhiculant la plupart des clichés associés au Québec (gens sympathiques, grands espaces, métaphores de la neige, etc.). Sandrine Kiberlain n'arrive pas à sauver le long métrage qui s'enfonce lentement mais sûrement dans l'indifférence.

Plus amusant mais encore plus stupide est l'adaptation cinématographique de Percy Jackson & the Olympians: The Lightning Thief (critique). Lorsque Chris Columbus se pense encore dans Harry Potter, cela ne peut que créer une oeuvre sans originalité, à l'interprétation inégale et aux effets spéciaux à peine potables. Un mélange de défauts qu'il faut prendre comme une énorme comédie tant le divertissement est néanmoins de la partie.

Impossible d'en dire autant avec le remake de The Wolfman (critique) par un Joe Johnston qui se prend beaucoup trop au sérieux, passant son temps à soigner ses décors et à utiliser sa trame sonore dans le tapis. Au passage, il oublie complètement d'intéresser, livrant des dialogues banaux et dirigeant mal ses interprètes talentueux (Benicio Del Toro, Anthony Hopkins). Dommage.

En cette période de l'année, les couples voudront peut-être se divertir légèrement en allant voir Valentine's Day (critique) du spécialiste de la romance américaine Garry Marshall. Ils devront toutefois y penser à deux fois tant ce sirop sucré qui met en scène pas moins de 20 comédiens connus tourne en rond, demeurant superficiel et sans attrait, véhiculant si peu de chaleur humaine et d'humour.

C'est triste, mais bon, avec des opus majeurs comme Le ruban blanc ou Revanche, les récits de qualité sont néanmoins toujours au rendez-vous dans les salles de cinéma.

jeudi 11 février 2010

Ne pas vouloir être là


Ah, la traditionnelle projection publique pour les longs métrages des majors hollywoodiens. Cela peut être drôle ou non, tout dépendant du film... et des gens présents. Pour un titre sérieux, on espère ne pas être trop dérangé. Pour un essai plus quelconque, cela n'est pas grave.

Même si les journalistes ont généralement des places réservées, cela peut arriver que quelques-uns soient là uniquement pour le boulot, rouspétant avant même que l'oeuvre soit commencée. D'un côté, c'est normal, il y a de plus en plus de récits douteux qui prennent l'affiche. Cependant, pourquoi ne pas donner une chance au coureur? Le premier surpris pourrait être le critique de cinéma.

L'histoire s'est répétée avec l'adaptation de Percy Jackson & the Olympians: The Lightning Thief. Le générique n'avait même pas débuté que déjà, les soupirs s'entendaient. Et c'était encore plus prononcé pendant le visionnement. À quoi bon exercer le métier si le texte est pratiquement écrit à l'avance, si l'opinion est connue en attendant que les lumières de la salle se baissent?

Bien sûr, ce n'est pas un grand film. C'est même tellement ridicule que cela en devient hilarant (j'en parlera plus en détails ce samedi). Mais il s'est fait pire, bien pire. Peut-être que la projection n'est tout simplement pas tombée la bonne journée...

mardi 9 février 2010

Frères Coen, Michel Louvain et DVD


Petite semaine de sorties de films en format DVD qui offre toutefois quelques titres intéressants...

Comment ne pas mentionner A Serious Man des frères Coen? Ce récit très personnel sans acteur connu n'a pas attiré énormément de gens dans les salles. Dommage. Mais ce n'était pas leur long métrage le plus évident, surtout après des récits si accessibles et spectaculaires comme No Country For Old Men et Burn After Reading. Reste toutefois une oeuvre très cocasse qui fonctionne peut-être mieux à la maison... et il ne faut surtout pas hésiter à multiplier les visionnements!

Drôle et touchant documentaire sur Michel Louvain, Les dames en bleu est probablement l'effort le plus convaincant de Claude Demers. En plus personne n'est obligé d'être fan de l'artiste pour en retirer un certain plaisir. Mes entrevues réalisées avec le chanteur et le réalisateur se trouvent ICI.

Plus éthérée est l'odyssée du protagoniste de Ulzhan. Bien que le cinéaste Volker Schlöndorff a déjà paru plus allumé, son effort mérite le détour, tout comme la performance forte de Philippe Torreton.

La Saint-Valentin cogne à la porte. Ce n'est pas une raison pour vouloir louer la romance cheap The Time Traveler's Wife qui assomme le spectateur de bons sentiments et de sirop collant. Quoique ce sera toujours mieux que l'insignifiant Couples Retreat où une multitude de comédiens connus oublient complètement comment faire rire. Cela donne une triste performance, longue et ennuyante.

Sur le plan de la désolation, The Stepfather est tellement mauvais qu'il finit par faire rire aux larmes. Ce qui n'est jamais bon signe.

Une nouvelle édition du film Privates on Parade (que Michael Blakemore a mis en scène en 1982) est également disponible. Dommage que cette satire guerrière mettant en vedette John Cleese manque de mordant... et qu'aucun supplément ne soit de la partie.

lundi 8 février 2010

Aux calendes grecques


Cela m'a sauté aux yeux ces dernières semaines en revoyant des vieux films de cinéastes estimés dont les dernières missives ne sont jamais arrivées sur les écrans. Cela sert à quoi à des grosses pointures comme Kim Ki-duk, Beat Takeshi Kitano ou Kim Jee-woon de soulever la passion de fans à travers le monde si personne n'ose distribuer leurs oeuvres?

Être à Cannes ou à Toronto n'est plus un indicatif. Parlez-en à Jia Zhang Ke et à Johnny To qui attendent longuement que leurs essais atteignent le public canadien. Et la situation n'est pas seulement propre à l'Asie. Depuis l'excellent La vie est un miracle, combien de films de Kusturica ont été édité ici? Et les récits d'Amos Gitai? Surtout qu'ils ne sont même pas trouvables en DVD normaux Zone 1!

Et la liste peut-être très longue. Autant de cousins français (Chéreau, Honoré, Jeunet) que des voisins américains (Todd Solondz qui a tout de même marqué les cinéphiles, The Messenger d'Oren Moverman).

Le seul moyen de remédier à la situation est de tout abandonner pour devenir distributeur. De ce côté, il faut bien entendu beaucoup de contacts, de chance... et d'argent.

Ou encore faire l'acquisition d'un DVD multizone et commander les titres en Zone 2. Sauf que le vrai amateur de cinéma qui préfère assouvir sa passion dans les salles de cinéma, il fait quoi? Il pleure devant la centaine d'écran accordé à Avatar alors qu'il n'y en aura qu'un seul pour Revanche? Déjà qu'il a attendu longtemps pour voir Le ruban blanc et Le petit Nicolas (déjà disponible en DVD en France, mais sur les écrans québécois à la fin du mois).
L'expérience cinématographique se tient en communion, dans une salle sombre. Sans cela, le plaisir est tronqué. Encore plus si le matériel ne se rend pas ici, petit pays inconnu collé sur le plus influent (du moins, pour l'instant) de la planète. Et dire que là-bas aussi, ils attendent autre chose que des Dear John et des Legion.

samedi 6 février 2010

Le ruban blanc, Les sept jours du Talion, Collapse, From Paris With Love, Saint John of Las Vegas


Enfin une belle semaine de cinéma avec rien de moins que trois films recommandables.

Superbe Palme d'Or en noir et blanc aussi malsaine qu'intelligente, Le ruban blanc (critique) rappelle que Michael Haneke est un des meilleurs cinéastes de la planète, filmant la montée du nazisme avec une rare maestria à travers les yeux de parents - et d'enfants - particulièrement inquiétants. Un chef-d'oeuvre à savourer plus d'une fois.

Habilement réalisé par Podz qui en est à son premier long métrage de fiction, Les sept jours du Talion (critique) explore le processus de la vengeance à travers une très belle mise en scène lente et glaciale dominée par une extrême violence, mais également de formidables comédiens.

Documentaire dans le style de ceux d'Errol Morris, Collapse (critique) du talentueux Chris Smith donne la parole à un homme paranoïaque et/ou visionnaire qui traite des déboires passés, présents et futurs aux États-Unis. Il n'y a pas beaucoup d'espoir au rendez-vous, mais quelle vision pessimiste et de mots déstabilisants.

Presque aussi barbare et stupide que son précédent Taken, Pierre Morel propose à nouveau une France raciste et sexiste dans From Paris With Love (critique) où un Américain campé par John Travolta vient sauver leurs homologues de la Ville Lumière. Une sorte de Rush Hour vide et si peu divertissant, qui aurait pu être beaucoup plus drôle et mouvementé.

Fabriqué avec un budget modeste, Saint John of Las Vegas (critique) de Hue Rhodes doit tout à son interprète Steve Buscemi qui évite que l'ensemble chute trop rapidement dans les bras de Morphée. C'est cependant peine perdue, car cette timide relecture de L'enfer de Dante ne sait jamais quoi faire pour attirer l'attention du spectateur.

vendredi 5 février 2010

Entrevues Romaine par moins 30


Même si Romaine par moins 30 prend seulement l'affiche vendredi prochain au Québec, j'ai pu m'entretenir avec la réalisatrice Agnès Obadia et le comédien Pierre-Luc Brillant.

De loin l'histoire peut ressembler à celle du si critiqué Le bonheur de Pierre avec ce couple de Français qui débarque dans la Belle Province, mais au moins le résultat est tout autre. Le long-métrage, sans prétention, est peuplé de personnages colorés et il doit beaucoup à l'actrice Sandrine Kiberlain, sorte d'alter ego de la cinéaste.
Les entrevues se trouvent ici

jeudi 4 février 2010

Pierre Morel déteste la France


Douloureux visionnement de presse cette semaine avec l'insignifiant From Paris With Love. En sortant de la salle, il est difficile de ne pas placer le nom de Pierre Morel sur la liste des «pires réalisateurs» du moment.

À l'époque, ce n'était pas si pire. Sans être un grand film, Banlieue 13 n'avait aucune autre prétention que de divertir. Déjà, avec l'horrible Taken en 2009, les choses ont radicalement changées. Même si ce titre a fait explosé le box office, il ne s'agissait que d'un long métrage barbare et stupide, ventant les idées de l'extrême droite, de l'auto-justice et de la torture. Aucune subtilité dans ce discours affligeant et pompeux, si ce n'est un metteur en scène qui passe son temps à détruire sa ville, demandant aux sauveurs américains de la libérer des méchants envahisseurs étrangers. Eh oui, comme pendant la Seconde Guerre mondiale...

L'histoire se répète avec From Paris With Love où deux agents font tout sauter dans la Ville Lumière, multipliant les cadavres toutes les 5 minutes. Encore une fois, le message est le même, demeurant raciste et sexiste. Les êtres diaboliques ne sont pas blancs, mais noirs, arabes et chinois. Les filles ne sont que des prostituées, des caricatures ambulantes ou des êtres facilement manipulables qui sont capables des pires vices de la planète.

N'importe qui peut rigoler en regardant un vieux film des années 1980 décrivant avec ironie le régime de Reagan et le climat de l'époque. Mais sans charge politisée ou d'humour qui fonctionne réellement, il est normal d'être intellectuellement frustré devant tant de stupidités. Peut-être que pour se défendre, celui qui se prépare à actualiser le classique littéraire de science-fiction Dune (catastrophe à prévoir) ne s'inspire finalement que de la société de Sarkozy...

mercredi 3 février 2010

Une liste parallèle aux Oscars?


Les nominations aux Oscars ont été dévoilées hier. Dans la liste des 10 meilleurs films américains de l'année, il y a bien peu de surprises:

Avatar
District 9
Blind Side
An Education
The Hurt Locker
Inglourious Basterds
Precious: Based on the Novel ‘Push’ by Sapphire
A Serious Man
Up
Up in the Air

Bien entendu, on va y revenir d'ici la cérémonie pour commenter ces choix, souvent douteux et illogiques, plus populistes que sérieux.

Pourtant, cela ne serait même pas surprenant que des gens (ou des journalistes qui ont trop de temps libre) mécontents fassent comme pour notre gala des Jutras et qu'ils trouvent une liste parallèle. Voici très bien ce qu'ils pourraient trouver:

(500) Days of Summer
A Single Man
Brothers
Duplicity
The Informant
The Soloist
State of Play
Two Lovers
Watchmen
Where the Wild Things Are


Hormis pour le film de Tarantino et celui des frères Coen, ce serait presque mieux, non?

mardi 2 février 2010

The Music Man et autres DVD de la semaine


Il est toujours surprenant qu'en ce mardi - jour de la semaine où de nouveaux DVD sont disponibles à la vente et à la location -, les choix les plus intéressants demeurent des rééditions.

Il y a celle en Blu-ray de l'excellente comédie musicale The Music Man de Morton Da Costa (1962) où Robert Preston s'éclate comme un petit fou. Le modèle est peut-être un peu long (150 minutes!), mais quelle magie et fantaisie qui découle de ce constat ironique d'une petite ville qui est incapable d'accueillir des étrangers.

Il y a également le sous-estimé Section spéciale (1975) de Costa-Gavras qui témoigne pour les générations présentes et à venir sur les imbroglios et la stupidité du Gouvernement Vichy. Hilarant, inquiétant et fascinant: que demander de plus à cette édition qui ne contient toutefois aucun supplément?

Dans les sorties traditionnelles, Demain dès l'aube s'avère un choix idéal, explorant avec intelligence et ambiguïté les jeux de rôles à l'âge adulte. L'entrevue que j'ai réalisé avec le cinéaste Denis Dercourt et l'acteur principal Vincent Pérez lors de leur passage à Montréal se trouve ICI.

Les amateurs de rires et de morts-vivants rigoleront un bon coup devant Zombieland de Ruben Fleischer, une comédie vigoureuse quoique tout de même traditionnelle qui comporte une apparition inoubliable à mi-chemin.

Sans être la meilleure adaptation d'un roman de Patrick Senécal (il faudra attendre cette semaine avec l'excellent Les sept jours du talion), 5150, rue des Ormes d'Éric Tessier est un long métrage respectable, assez drôle pour les gens qui ont un esprit tordu. Mes entrevues que j'ai réalisées avec le metteur en scène, le romancier et les comédiens se trouvent ICI.

Malgré son maigre budget, Daytime Drinking de Noh Young-seok demeure un récit doux-amer particulièrement mignon et attendrissant, qui fait voyager dans un endroit perdu de la Corée du Sud.

Visuellement impeccable et doté de dialogues anglophones onctueux, Bright Star plaira aux fans inconditionnels de Jane Campion... mais peut-être pas aux autres qui détestent les histoires d'amour trop romancées et sucrées.

Superbe prémisse qui ne tient pas la route plus que 30 minutes, Cold Souls de Sophie Barthes nage dans l'absurde en conviant Paul Giamatti (qui joue son propre rôle!) dans une aventure prometteuse mais soporifique où il aimerait bien se débarrasser de son âme afin de mieux apprendre son nouveau rôle au théâtre!

La déception (une des plus grandes de 2009) demeure Amelia, un biopic traditionnel et sans envergure de Mira Nair qui n'arrive même pas à soutirer des prestations satisfaisantes d'Hilary Swank, de Richard Gere et d'Ewan McGregor. Long, plat, ennuyeux: de quoi vouloir s'en tenir le plus loin possible.

lundi 1 février 2010

R.I.P. Pierre Vaneck


Le beau-fils de Jacques Becker, Pierre Vaneck, est décédé hier à la suite d'une opération cardiaque. La nouvelle n'a presque pas eu d'écho au Québec. C'est triste mais sans doute normal, l'acteur était peu connu de ce côté de l'Atlantique et ses films se retrouvent très difficilement dans nos DVD en Zone 1.

Pourtant, en France, c'est un énorme comédien de théâtre et de télévision qui s'éteint, un peu l'équivalent du Raymond Bouchard de l'Hexagone. En plus d'enflammer toutes les scènes où il se trouvait, il a laissé sa marqué et sa bouille sur le septième art d'antan, participant à des projets aussi important que le Paris brûle-t-il? de René Clément.

Depuis les années 1970, il était cependant à l'écart du grand écran. Il a bien participé au Othello d'Oliver Parker et La science des rêves de Michel Gondry, mais aucun rôle réellement significatif. Sa carrière cinématographique s'est toutefois terminé sur une belle note, campant le père d'Albert Dupontel dans l'efficace et très distrayant Deux jours à tuer de Jean Becker.

Je me rappelle il y a quelques mois d'avoir trouvé en DVD pour environ trois dollars dans un magasin à grande surface de la région de Montréal une édition neuve d'Une balle de canon, ce drame policier réalisé par Michel Deville (tout de même) et Charles Gérard en 1958. Le film n'a peut-être pas marqué les annales, sauf que Varek y était tout de même excellent, côtoyant de jeunes gens comme Jean Rocherfort et Michael Lonsdale.

Voilà un des rares «vieux» titres qu'il est possible de retrouver quelque part, par hasard, au gré des recherches. C'est trop peu, bien entendu.