jeudi 31 octobre 2019

Les meilleurs films de... octobre 2019

2019 s'écoule à toute vitesse, novembre cogne déjà à la porte. Il ne faudrait toutefois pas oublier les excellents films qui ont pris l'affiche en octobre...

- Parasite

- Douleur et gloire

- The Lighthouse

- Joker

- Les fleurs oubliées

- Kuessipan 

Film du jour: Horrors of Malformed Men

Pour l'Halloween, on voudra (re)découvrir Horrors of Malformed Men, le film culte que Teruo Ishii a réalisé en 1969. La première partie intrigante à souhait place habilement la table pour la seconde, complètement cinglée et hallucinante, qui traumatise par ses inoubliables images transgressives et son admirable traitement cinématographique. Personne n'en sortira indemne. ****

mercredi 30 octobre 2019

Entrevue Une manière de vivre

En prévision de la sortie ce vendredi du plus récent film de Micheline Lanctôt, Une manière de vivre, je me suis entretenu avec ses deux vedettes principales: Laurent Lucas et Rose-Marie Perrault. Mon article se trouve sur le site du VOIR.

Film du jour: Possession

Est-ce qu'il y a un film plus fou et hystérique que le Possession d'Andrzej Zulawski? Entre la caméra hyperactive, le jeu démoniaque d'Isabelle Adjani, la prestation cinglée de Sam Neil et le scénario profondément dérangeant, il s'agit d'une oeuvre cauchemardesque qui n'épargne rien ni personne, parfaite à ressortir en ce moment de l'année... ou lorsque son couple bat de l'aile pour se rappeler que finalement, il n'y a rien là! ****

mardi 29 octobre 2019

Luce (dvd)

Brillante adaptation d'une pièce de théâtre à succès, Luce en rivera plus d'un à son siège. (Entract Films/Elevation Pictures)

C'est quoi? Un étudiant exemplaire est accusé par sa professeure de ne pas être tout à fait honnête dans sa démarche.

C'est comment? Tous les acteurs (Kelvin Harrison Jr., Octavia Spencer, Naomi Watts, Tim Roth) livrent d'excellentes performances et le script pose des questions nécessaires sur le racisme, l'adoption, les privilèges et la performance.

Et pourtant? Il ne faut pas avoir peur des joutes orales.

Techniquement? Les pistes sonores toujours appropriées permettent de décupler l'effet déjà admirable de la musique.

Suppléments? Cette édition comprend un dvd et une copie numérique. Les bonus sont composés d'une piste de commentaires extrêmement intéressantes du cinéaste Julius Onah, ainsi que des entrevues avec Octavia Spencer et Naomi Watts.

Au final? Quelle oeuvre intelligente et fascinante, bien de son temps, qui tient allègrement en haleine!

Mon entrevue avec Kelvin Harrison Jr.

Film du jour: Matewan

Disponible à partir d'aujourd'hui en Criterion, Matewan a tout du classique américain: un sujet social - une grève minière - inspiré d'un fait réel, une réalisation éblouissante de John Sayles, des dialogues recherchés, une psychologie fouillée, une interprétation relevée de tous les comédiens, une trame sonore authentique et une tension qui montre constamment avant d'exploser à la toute fin. Voilà enfin l'occasion de redécouvrir ce grand film dans le format qu'il mérite. ****1/2

lundi 28 octobre 2019

It's a Wonderful Life (Blu-ray)

C'est Noël avant l'heure avec la sortie en format blu-ray du classique It's a Wonderful Life de Frank Capra. (Paramount)

C'est quoi? Un ange tente de prouver à un homme que son existence mérite d'être vécue.

C'est comment? Quelle oeuvre majestueuse, avec des morales sincères, une histoire humaniste et des interprètes attachants.

Et pourtant? Les quelques détours plus religieux peuvent faire sourciller.

Techniquement? L'image restaurée aux détails soignés est d'une splendeur à regarder.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray et une copie numérique. Il y a un premier disque avec la version en noir et blanc et un second en couleurs. Les quelques bonus regroupent trois documentaires informatifs, portant notamment sur la restauration et des souvenirs personnels.

Au final? À une époque de plus en plus sombre et trouble, il fait toujours du bien de plonger dans un film optimiste, qui remonte instantanément le moral. Voilà un must pour toute les collections qui se respectent. ****1/2

Film du jour: Some Girl(s)

Les textes de Neil Labute sentent généralement la misogynie à plein nez. C'est toujours le cas de Some Girls(s), mais pour une rare fois, les femmes peuvent enfin dire ce qu'elles ont sur le coeur. Cela donne les meilleurs moments de cette adaptation d'une pièce de théâtre - enfin, si on peut parler d'adaptation, tant la mise en scène de Daisy von Scherler Mayer manque de cinéma - sur un écrivain à succès qui revisite ses anciennes conquêtes avant de se marier. La démarche est stérile, le ton approximatif, ce qui n'empêche pas quelques brillantes actrices de triompher, dont la toujours excellente Zoe Kazan qui livre un vibrant et émouvant monologue. **1/2

dimanche 27 octobre 2019

Les films préférés de... Émile Schneider

Depuis Après la neige en 2011, Émile Schneider mène une carrière plus qu'enviable au cinéma, étant apparu au sein de films aussi différents que Le rang du lion, Là où Atilla passe..., Embrasse-moi comme tu m'aimes et Le pacte des anges. Je l'ai rencontré pour la sortie de Les fleurs oubliées et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés. Il m'a répondu avec des noms de réalisateurs!

« J'admire des personnage flamboyants. J'aime plein de types de cinéma. Mais les films de Bunuel m'ont marqués. Le cinéma d'Europe de l'Est, tout ce qui est Tarkovski, Emir Kusturica. J'aime les mises en scène où les musiciens apparaissent dans le plan. Cet espère de chaos organisé, des personnages flamboyants, des mises en scène avec plein de monde où ça explose. Aussi lorsque le théâtre vient à la rencontre du cinéma...

Sinon dans les nouveaux cinéastes, il y a tellement de talent. C'est hallucinant! Je trouve que le cinéma en ce moment est en santé. C'est souvent proche des grandes crises que le cinéma est en santé dans l'Histoire. Ça fait un peu peur. On est en danger, donc il faut pondre des films qui ont du sens.

Je suis également un adepte de films de gangsters, de Francis Ford Coppola, Scorsese, Tarantino. Ce sont des cinéastes que j'admire, que j'aime beaucoup.

Au Québec, il y a tellement de talents. Anne Émond qui est capable de passer d'une zone à l'autre. Il y a plein de cinéastes incroyables. Un que j'aime beaucoup est Jean-Marc E. Roy qui va faire plein de beaux films à venir. Plus des courts métrages, mais on va en entendre parler. Sébastien Pilote aussi. »

Film du jour: The Long Dumb Road

Des road-movies initiatiques et existentiels comme The Long Dumb Road, il y en a eu plusieurs. Ce qui permet au film d'Hannah Fidell de sortir du lot est son regard juste sur l'Amérique, ce mélange attendrissant d'humour et de mélancolie, et les performances attendrissantes de ses deux vedettes. L'ensemble trop long tourne en rond, mais les émotions véhiculées s'avèrent bien réelles. ***

samedi 26 octobre 2019

Sorties au cinéma: Parasite, The Lighthouse, Les fleurs oubliées, The King

C'est une superbe semaine de cinéma avec la sortie québécoise de deux immenses films de genre.

Parasite: Dans le coin droit se trouve la dernière Palme d'Or, gracieuseté de Bong Joon-ho qui se dépasse dans la façon de cumuler tous les styles possibles et inimaginables. Un divertissement de grande classe, aux propos destructeurs. ****

The Lighthouse: Puis dans le coin gauche se retrouve le plus récent opus de Robert Eggers (The Witch), qui propose un autre cauchemar en noir et blanc. Une création obsédante, à l'image du conflit qui oppose Willem Dafoe à Robert Pattinson. ****

Les fleurs oubliées: Il ne faudrait pas oublier dans tout ça le 15e long métrage d'André Forcier, qui amuse la galerie avec ses thèmes environnementaux et sa psychédélique palette de couleurs. ***1/2

The King: Pourquoi chaque film qu'un réalisateur fait pour Netflix est son pire? Révélé avec son sublime Animal Kingdom, David Michôd continue à traiter de la famille toxique, conviant toutefois l'ennui et l'indifférence au sein de ce téléfilm sur Henry V, où l'excellente distribution n'a rien à se mettre sous la dent tant l'intrigue est prévisible et les dialogues appuyés. Reste les combats, souvent spectaculaires. Dans le même genre, on reverra les versions de Welles et Branagh. **

Jusqu'au 31 octobre, le Cinéma du Parc accueille le 13e festival du film brésilien de Montréal, ce qui permettra de voir des titres acclamés comme Bacurau.

Film du jour: Indiana Jones and the Temple of Doom

De tous les Indiana Jones, Temple of Doom est certainement le plus original. Et le plus confondant, s'adressant à une clientèle familiale avant de noircir le trait au niveau de la violence et des situations malsaines. Comme toujours, Steven Spielberg mène ce projet de main de maître, y insufflant encore plus d'action mouvementée et d'humour que sur son prédécesseur. ****

vendredi 25 octobre 2019

Entrevue Parasite

Pour la sortie de Parasite, j'ai eu la chance de m'entretenir avec le cinéaste culte Bong Joon-ho, qui s'est mérité la Palme d'Or à Cannes plus tôt cette année pour ce magnifique film. Mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro.

Film du jour: The Laundromat

Sujet fort et traitement déficient. C'est le destin de The Laundromat, qui s'inspire des Paper Panamas en se vautrant dans la farce, l'absurde et la satire. La réalisation de Steven Soderbergh a beau être efficace et l'interprétation enjouée (ce qu'on aimerait s'amuser autant que Gary Oldman, Antonio Banderas et Meryl Streep!), le récit s'éparpille rapidement et tourne à vide, n'apprenant absolument rien de nouveau et manquant toutes les occasions d'être le film important qu'il aurait pu être. À la Cinémathèque québécoise. **

jeudi 24 octobre 2019

The Lion King (2019) (blu-ray)

C'est au tour du chef-d'oeuvre The Lion King de revivre en «live-action», gracieuseté cette fois de Jon Favreau. (Disney)

C'est quoi? En exil de son royaume, un lion y revient pour voir sa nation ravagée par les hyènes.

C'est comment? Les animaux sont mignons comme tout. Les nouvelles voix (Donald Glover, Seth Rogen, Chiwetel Ejiofor, etc.) ne sont pas désagréables.

Et pourtant? Il s'agit de la même chose, mais en plus long, plus violent et plus appuyé. Plusieurs mélodies cadrent mal (Can You Feel the Love Tonight chanté en plein jour???) et les personnages semblent parfois perdus (ils regardent dans le vide).

Techniquement? La qualité des images - en animation ultra-réaliste - est extrêmement aboutie.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Les suppléments regroupent une intéressante piste de commentaires du cinéaste, plusieurs documentaires (sur l'évolution de la production, la réinterprétation des mélodies, la nécessité de secourir les lions, etc.), des scènes musicales allongées, deux vidéoclips et la possibilité de sauter directement aux chansons de son choix.

Au final? Quiconque aime de près ou de loin le classique de 1995 sera refroidi par cette version qui en met plein la vue en négligeant le coeur et l'âme de la production.

Film du jour: La rivière sans repos

En transposant le roman La rivière sans repos de Gabrielle Roy, Marie-Hélène Cousineau signe son plus beau film en carrière. Une oeuvre lente, poétique et contemplative, qui utilise ses magnifiques paysages à bon escient. Le récit a beau manquer de passion, de tension et d'émotions, il est porté par le jeu nuancé et intériorisé de Malaya Qaunirq Chapman. Aujourd'hui, le 26 octobre et le 2 novembre au Cinéma Moderne. ***

mercredi 23 octobre 2019

Scarface (blu-ray)

Scarface célèbre son 35e anniversaire avec une toute nouvelle édition Or. (Universal)

C'est quoi? Le rêve américain est possible pour Tony Montana... à condition de mettre ses principes de côté.

C'est comment? Brian De Palma + Oliver Stone + Al Pacino = un film culte qui en met plein la vue avec sa violence excessive.

Et pourtant? Cela n'a jamais été un long métrage très subtil.

Techniquement? La nouvelle piste sonore anglophone est d'un dynamisme à toute épreuve.

Suppléments? Cette édition regroupe un blu-ray et une copie numérique. Les suppléments exhaustifs comprennent un tas de documentaire (une réunion 35 ans après, un retour sur ce phénomène, une immersion dans cet univers, des segments sur sa création et ses acteurs, etc.), des scènes supprimées et une bande-annonce hilarante qui compare la version cinéma et télévisuelle.

Au final? Création emblématique de son époque, cette version de Scarface tient toujours bien la route... même si son modèle de 1932 est largement supérieur.

Film du jour: An Evening With Beverly Luff Linn

Fortement influencé par le cinéma de Lynch et des frères Coen, Jim Hosking offre avec An Evening With Beverly Luff Linn un film ultra bizarre et décalé, hilarant dans sa première demi-heure mais assommant et longuet par la suite. Il n'y a rien à retenir de ce délire sur le marasme du quotidien, si ce ne sont ces comédiens - Aubrey Plaza, Jemaine Clement - qui possèdent tous la gueule de l'emploi. Mention spéciale à Emile Hirsch qui n'aura jamais paru aussi désaxé. **1/2

mardi 22 octobre 2019

Entrevue Les fleurs oubliées

C'est ce vendredi que prend l'affiche Les fleurs oubliées, le nouveau film complètement flyé d'André Forcier. Je me suis entretenu avec notre poète cinématographique - ainsi qu'avec son fils François Pinet-Forcier - dans le cadre d'une entrevue très sympathique pour le compte du VOIR.

Film du jour: Galaxy Quest (blu-ray)

Galaxy Quest fête son 20e anniversaire avec une nouvelle édition limitée en blu-ray que l'on retrouve dans une pochette de fer! (Paramount)

C'est quoi? Des vedettes d'une ancienne série télévisée de science-fiction sont appelées à sauver l'univers.

C'est comment? Drôle et mouvementée, cette parodie de Star Trek touche la cible grâce à son script simple et efficace, ainsi qu'à la distribution en place (Tim Allen, Sigourney Weaver, Alan Rickman, Sam Rockwell).

Et pourtant? C'est léger et oubliable. L'ensemble aurait pu aller beaucoup plus loin.

Techniquement? Le soin apporté aux images et à la qualité sonore demeure plus qu'acceptable. Même si les effets spéciaux ont vieilli, le rendu s'avère agréable.

Suppléments? Les bonus présents en grand nombre comprennent différents documentaires (sur l'histoire, le casting, les effets spéciaux, la touche du réalisateur Dean Parisot), des scènes supprimées superflues, une bande-annonce, un rap de Sigourney Weaver et de Sam Rockwell, un glossaire que l'on peut ouvrir n'importe quand pendant le récit afin d'obtenir de l'information et une piste de commentaires en langue martienne!

Au final? Ce sympathique long métrage est devenu culte au fil des années et heureusement, personne n'a osé en proposer une suite. Les fans seront évidemment comblés par cette plus récente édition.

lundi 21 octobre 2019

Midsommar (blu-ray)

Après son efficace Hereditary, le nouveau maître de l'horreur Ari Aster se surpasse avec Midsommar. (Entract Films)

C'est quoi? Suite à une expérience traumatisante, une jeune femme part en voyage en compagnie de son amoureux et d'amis dans un village éloigné de la Suède.

C'est comment? Il s'agit d'un film fascinant et obsédant, qui se bonifie à chaque visionnement. La  méditation sur le couple est prenante, la réalisation ne manque pas d'attrait et l'héroïne livre une vibrante performance.

Et pourtant? L'ensemble s'avère assez prévisible. Le symbolisme y est parfois prononcé.

Techniquement? La photographie soignée est décuplée par une image riche, pleine de textures et de détails.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray et une copie numérique. En plus d'une hilarante bande-annonce promotionnelle, les bonus comprennent un très intéressant segment d'entrevues où les personnages - même secondaires - peuvent s'exprimer sur ces thèmes qui ne sont pas toujours sains.

Au final? En compagnie de Us et The Lighthouse, Midsommar demeure le long métrage le plus angoissant de 2019.

Mon entrevue avec le réalisateur

Ma critique

Film du jour: Xalko

Prenant l'affiche aujourd'hui au cinéma, Xalko est un joli documentaire de Sami Mermer et Hind Benchekroun sur un village kurde d'Anatolie peuplé presque exclusivement par des femmes. Juste, intime et délicate, cette méditation personnelle quoiqu'un peu longuette sur l'immigration offre des portraits éclairants, souvent baignés d'une photographie exceptionnelle. ***1/2

dimanche 20 octobre 2019

Les films préférés de... Safy Nebbou

Depuis 15 ans, le réalisateur Safy Nebbou a laissé sa marque sur le cinéma français, que ce soit avec Le cou de la girafe, L'empreinte de l'ange et L'autre Dumas. Je lui ai parlé pour la sortie de son plus récent film Celle que vous croyez (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient les films - les cinéastes dans ce cas-ci - qui ont eu un impact sur lui...

« Il y a un réalisateur qui me bouleverse depuis que je fais des films: c'est Bergman. C'est un metteur en scène qui me fascine. J'ai vraiment une grande admiration pour son travail.

Après il y a Elia Kazan que j'aime beaucoup, Capra. En France, je dirais Pialat.

Il y en a d'autres, évidemment. Mais c'est vrai que je reviens à Bergman, qui est toujours pour moi un endroit de référence. »

Films du jour: Perdrix, Zombi Child, The Halt, Liberté (FNC)

C'est un stimulant premier film que propose Erwann Le Duc avec Perdrix. Entre la comédie romantique mélancolique et le récit absurde à la Wes Anderson, le long métrage développe un ton qui lui est cher, s'y lovant à notre plus grand plaisir. Surtout que le duo formé de Swann Arlaud et Maud Wyler fonctionne à plein régime. Présenté aujourd'hui. ***1/2

Bertrand Bonello revient à un cinéma plus étrange et expérimental avec Zombi Child, où il développe deux histoires parallèles de zombi, de vaudou et d'amour déchu. Cette méditation sur l'esclavage ne sera pas pour tous les appétits, mais elle risque d'en méduser plus d'un avec ses conclusions politiques sur le monde d'hier et d'aujourd'hui. Présenté aujourd'hui. ***1/2

Un des plus essentiels réalisateurs de la planète, Lav Diaz poursuit et signe avec The Halt une oeuvre ambitieuse sur la dictature aux Philippines, cette époque de l'oubli où la plupart de ses membres ne voient pas ce qui se passe. Il le fait évidemment à l'aide d'une mise en scène somptueuse. Dommage que cette fois, le récit soit si lourd et didactique, embrassant parfois l'absurde la plus démesurée. ***

Prix spécial du jury dans la section Un certain regard du dernier Festival de Cannes, Liberté est un essai radical d'Albert Serra. Après son magnifique La mort de Louis IV, il continue à s'intéresser aux natures mortes à l'aide de magnifiques images claires obscures qui tendent de sucer toute trace de vie de ses personnages : des libertins qui, l'espace d'une nuit, tentent de jouir encore et encore. Entre perversion et voyeurisme, l'effort courageux mais vain fascine et irrite tout à la fois, reflétant cette décadence dont est plongé la société actuelle. Pour encore plus de plaisir, il faut s’asseoir dans le fond du cinéma et observer la salle se vider au rythme des envies des protagonistes! **1/2

samedi 19 octobre 2019

Entrevue La virgen de agosto (FNC)

On combat le froid et l'humidité par la chaleur de Madrid avec La virgen de agosto, un récit existentiel d'une grande beauté et profondeur. Je me suis entretenu avec son réalisateur Jonas Trueba et mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro. Aujourd'hui au Festival du nouveau cinéma.

Films du jour: Varda par Agnès, Lillian, Feral, And Then We Danced (FNC)

Dans son ultime documentaire Varda par Agnès, la grande cinéaste Agnès Varda commente son parcours et son existence unique en se tenant loin de la chronologie bon marché. Au contraire, le film suit ses seules envies et désirs, posant un regard différent et personnel sur les choses. Ce qu'elle va nous manquer! ***1/2

Inspiré d'une histoire, Lillian d'Andreas Horvath est un incroyable road movie sur une Russe qui parcoure les États-Unis à pied pour revenir chez elle. Porté par des images à couper le souffle et une héroïne investie, ce portrait probant d'une région immense séduit malgré sa trop longue durée. ***1/2

Oeuvre farouchement indépendante, Feral d'Andrew Wonder suit une jeune itinérante dans le New York souterrain. Entre noirceur et espoir, violence et résilience, le récit qui a tendance à s'éparpiller se dresse malgré tout face à l'adversité grâce à la merveilleuse composition d'Annapurna Sriram. ***

And Then We Danced du Georgien Levan Akin a tout du film de festival: un thème d'actualité qui est transgressif dans le pays où se déroule l'action, des interprètes dévoués, une mise en scène de type art et essai, etc. Bref, rien pour sortir du lot, bien que le résultat demeure de qualité malgré son immense prévisibilité. **1/2

vendredi 18 octobre 2019

Sorties au cinéma: Douleur et gloire, Zombieland: Double Tap, Apapacho: Une caresse pour l'âme

Une grande fresque prend l'affiche cette semaine au cinéma.

Douleur et gloire: Il s'agit du dernier opus de Pedro Almodovar, sans doute son plus personnel et autobiographique, qui offre le plus grand rôle en carrière à Antonio Banderas dans le rôle de l'alter ego du cinéaste. Un titre puissant et émouvant qui va directement dans le palmarès de fin d'année. ****

Zombieland: Double Tap: Cette suite du succès surprise et mérité de 2009 s'avère beaucoup moins original et surprenant, recyclant une formule usée sans aucun effort. Malgré le retour de la distribution originale et de son réalisateur Ruben Fleischer, le marasme n'est jamais bien loin. **1/2

Apapacho: Une caresse pour l'âme: Un sujet important ne fait pas un film réussi. C'est malheureusement le cas du dernier long métrage de Marquise Lepage qui traite du deuil avec sincérité mais maladresse. Rien n'est très crédible au sein de cette intrigue superficielle et anecdotique, qui sabote le talent de ses interprètes. **

Films du jour: To the Ends of the Earth, 1000 Kings (FNC)


Kiyoshi Kurosawa voyage jusqu'en Ouzbékistan pour son nouveau film To the Ends of the Earth, où il s'intéresse aux clashs des cultures et à la solitude humaine. Sympathique et mineur, ce récit un peu ténu est porté à bout de bras par la ravissante Atsuko Maeda. Il faut la voir chanter une chanson à une chèvre! ***

Beaucoup plus abstrait est 1000 Kings de Bidzina Kanchaveli, une animation sans parole sur l'origine de l'univers où il est question de boules emprisonnées, de classes sociales et de quatre gardiens. Un trip conceptuel et hallucinogène, poétique et fulgurant dans ses meilleurs moments, mais qui tend rapidement à s'éparpiller et à se répéter. **

jeudi 17 octobre 2019

Films du jour: The Physics of Sorrow, Monument (FNC)

Tout ce que touche Theodore Ushev se transforme en or. C'est le cas de The Physics of Sorrow (FNC), une touchante adaptation d'un roman sur le poids de l'exil et les relations père/fils. Les images merveilleuses en constante évolution rappellent le désir de vivre du protagoniste, qui se heurte à un monde mélancolique qui n'a que faire de lui. Puis il y a la narration poétique qui va droit au coeur. Présenté aujourd'hui. ****

Intriguant sans être totalement satisfaisant, Monument de Jagoda Szelc traite de la situation de l'emploi et, plus généralement, du quotidien sombre de la jeunesse polonaise par l'entremise d'un film de genre angoissant et malsain, un brin frustrant par ses nombreuses répétitions mais fascinant dans sa façon de créer des métaphores dantesques. Voilà une cinéaste à suivre de près. ***

mercredi 16 octobre 2019

Films du jour: Cancion Sin Nombre, Vitalina Varela (FNC)

Le Festival du nouveau cinéma regorge de trouvailles intéressantes. Une des plus nécessaires est certainement Cancion sin nombre (Song Without a Name) de Melina Leon, un douloureux film péruvien sur une femme qui s'est fait voler son bébé nouveau-né. Sa quête ne manque pas de happer, au même titre que la magnifique photographie en noir et blanc (rosée) qui rappelle de vieilles photographies. Dans un monde idéal, ce long métrage qui se perd quelque peu à mi-chemin rencontrerait le même succès que Roma. ***1/2

C'est également l'occasion d'attraper Vitalina Varela, la sublime nouvelle fresque de Pedro Costa qui s'est méritée le Léopard d'or. Fidèle à ses habitudes, le cinéaste portugais dessine le parcours sombre et austère de son protagoniste qui est prisonnier des griffes du post-colonialisme. Voilà un lent et prodigieux voyage au bout de la nuit que l'on se rappellera pendant longtemps, seulement pour l'immense qualité picturale de ses plans, qui évoquent des toiles de peinture. Présenté aujourd'hui et le 19. ****

mardi 15 octobre 2019

Films du jour: Bait, Children of the Sea (FNC)

Il faut voir Bait pour le croire. À partir d'un sujet universel (le clash entre des touristes et les habitants d'un village de pêcheurs), le cinéaste Mark Jenkin développe une allégorie fascinante qui utilise toutes les possibilités du cinéma: un traitement muet où l'on a rajouté des voix, une magnifique image en noir et blanc qui semble issue des années 30 et, surtout, un montage unique en son genre qui joue d'ellipses incroyables afin de rentrer dans la tête de ses personnages. On en ressort avec l'impression d'avoir vu un des meilleurs films de l'année. ****

Children of the Sea d'Ayumu Watanabe ne manque pas d'ambition dans sa façon de parler d'environnement, de lier l'eau aux étoiles et de se perdre dans des flux psychédéliques. Sa progression n'est toutefois pas sans heurt, surtout lors de sa première partie, quelconque et assez cliché symboliquement. Son animation luxueuse, les mélodies onctueuses de Joe Hisaishi et quelques scènes fortes viennent heureusement agrémenter le récit inutilement complexe, qui possédait toutes les munitions pour marquer davantage les esprits. Et dire que le résumé parlait d'une symbiose entre Kubrick, Malick et Miyazaki. Et quoi encore?! ***

lundi 14 octobre 2019

Film du jour: Jeanne (FNC)

Suite de son incompris et magistral Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc, Bruno Dumont reprend avec Jeanne son concept - non acteurs qui récitent dans une langue unique, paysages enchanteurs, cadres somptueux - en l'épurant complètement. Il n'y a plus de danses et de musique lourde, mais de merveilleuses mélodies de Christophe qui apparaît même à l'écran! Devant la folie et la stupidité des hommes se dresse une jeune femme admirable qui permet à ce film féministe et austère de toucher régulièrement la grâce. Entre comédie hilare et tragédie particulièrement bouleversante... et radicale. ****

dimanche 13 octobre 2019

Entrevue The Twentieth Century (FNC)

Incroyable satire canadienne à la distribution québécoise particulièrement relevée, The Twentieth Century traite de politique avec un ludisme et un humour ravageur. Je me suis entretenu avec son créateur Matthew Rankin et mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro. Présenté aujourd'hui et le 17 octobre au FNC.

Film du jour: System Crasher (FNC)

Sélection de l'Allemagne à la prochaine cérémonie des Oscars, System Crasher de Nora Fingscheidt est un bouillant film sur un enfant «à problèmes», dont la mise en scène physique épouse ses différents états d'esprit. Prenant malgré une certaine distanciation, l'effort qui traîne un peu en longueur vaut d'abord et avant tout pour la performance criante de vérité de la jeune Helena Zengel.  On en ressort soufflé. Présenté aujourd'hui, ainsi que les 14 et 16 octobre. ***1/2

samedi 12 octobre 2019

Les films préférés de... Miryam Charles

Réalisatrice de quelques-uns des courts métrages les plus poétiques et énigmatiques des dernières années, Miryam Charles présentera demain au Festival du nouveau cinéma sa plus récente création Second Generation. Je l'ai rencontré récemment (avant le TIFF, mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés...

« J'en ai trop. Comme réalisateurs, je dirais Marguerite Duras. Il y a 13 ans, j'avais gagné un concours au Festival du nouveau cinéma. Il fallait écrire un texte et quand tu gagnais, tu allais à Cannes. J'ai gagné, donc je suis allé à Cannes. Il y avait un film de Marguerite Duras, India Song, que je suis allé voir. Il y avait plein de gens qui sortaient de la salle. J'étais tellement émerveillée! Ah, il y a quelqu'un comme moi. Ça m'a vraiment rassuré. Ok, je peux faire les films que je veux. Il n'y a pas de problème. Je vais être correct.

Il y a aussi Ousmane Sembène. Mais je pense que les réalisateurs qui m'ont inspirés, ce sont les rétrospectives de films que j'allais voir à la Cinémathèque quand j'étais au cégep et à l'université. J'allais voir tous les films d'un même réalisateur, comme Tsai Ming-liang, Rafael Montero et Claire Denis que j'ai toujours aimée. »

Films du jour: Videophobia, Family Romance LLC, Aren't You Happy? (FNC)

Présenté ce soir en première mondiale, Videophobia est peut-être l'oeuvre qui propulsera la carrière du prolifique Daisuke Miyazaki. À partir d'un sujet délicat (l'exposition d'une vidéo intime sur le web), le cinéaste nippon propose une réflexion pertinente sur le regard et cette société saturée d'images, ensevelissant la banalité du quotidien sous une horde de tension et de paranoïa digne de suspenses horrifiques. La fascinante actrice Tomona Hirota s'occupe du reste, hypnotisant de son regard unique. ***1/2

Brouillant allègrement les pistes entre la fiction et le documentaire, le vénérable Werner Herzog propose avec Family Romance LLC une réflexion sur la solitude et les illusions du Japon, où le faux se veut souvent plus véridique que le vrai. Gentil et malsain à la fois, révélateur malgré sa trop longue durée, il s'agit d'un essai mineur qui réserve toutefois de belles surprises. Présenté aujourd'hui et le 19 octobre. ***

Véritable ovni, Aren't You Happy de Susanne Heinrich traite par l'entremise de 15 vignettes de l'image de la femme d'aujourd'hui. Une ingénieuse idée de départ qui est malheureusement sabotée par un traitement simpliste et répétitif, qui tourne très vite à l'exercice de style maniéré. Une demi-déception, surtout devant l'immense travail plastique qui rappelle les vieux opus de Godard et d'Akerman. Présenté aujourd'hui. **1/2

vendredi 11 octobre 2019

Sorties au cinéma: La langue est donc une histoire d'amour, Dolemite Is My Name, Matthias et Maxime, Gemini Man

Même si le Festival du nouveau cinéma a début hier, il ne faut surtout pas oublier les sorties régulières en salles... 

La langue est donc une histoire d'amour: Sobre dans son approche et terriblement classique dans sa forme télévisuelle, ce documentaire montréalais de Andres Livov mérite toutefois le détour pour la dévotion de ses professeurs, qui transmettent à une population qui ignore bien souvent tout du français. ***

Dolemite Is My Name: C'est l'histoire d'un personnage mythique de la culture afro-américaine des années 70, évidemment raconté par des scénaristes et un réalisateur blanc qui ramènent à l'avant-scène ses stéréotypes les plus éculés. Eddie Murphy - et par ricochet Wesley Snipes - sauveront peut-être leur carrière respective avec ces rôles jouissifs, ce qui n'empêche pas le long métrage de perdre constamment de son intérêt, jusqu'à devenir une métaphore de son producteur Netflix. **1/2

Matthias et Maxime: Après son désastreux The Life and Death of John F. Donovan, Xavier Dolan ne semble plus rien avoir de nouveau à dire, accouchant d'un film bien tiède qui ressasse toujours ses mêmes obsessions. Malgré une interprétation relevée de ses têtes d'affiche et quelques scènes plus réussies se trouvent une horde de clichés et un récit qui s'étire beaucoup trop longuement. **1/2

Gemini Man: Ang Lee s'enfonce encore un peu plus avec cette production générique, spectaculaire sur le plan technique mais qui cherche constamment son ton, entre le sérieux existentiel et la série B divertissante. **

Films du jour: La virgen de agosto, Nail in the Coffin: The Fall and Rise of Vampiro (FNC)

En cette période froide et humide, on voudra se ressourcer auprès de la chaleur d'été de Madrid avec La virgen de agosto de Jonas Truebas,  une oeuvre existentielle enveloppante et sensible sur les aléas d'une jeune femme perdue qui multiplie les rencontres charnières. Impossible de ne pas vouloir suivre la magnifique Itsaso Arana au bout de son périple qui est, évidemment, un peu le notre aussi. Présenté aujourd'hui, demain et le 19 octobre. ***1/2

Faire un documentaire sur le lutteur Vampiro est un sujet en or. Dommage que celui de Michael Paszt, intitulé Nail in the Coffin: The Fall and Rise of Vampire, manque de punch dans sa conception, suivant le consensus (têtes parlantes, archives, importance de la relation père/fille) au lieu de faire comme son héros et de prendre des risques. Présenté aujourd'hui et demain. **