vendredi 31 janvier 2020

Entrevue Une femme, ma mère

Claude Demers se surpasse sur son nouveau film Une femme, ma mère, un objet hybride entre fiction et documentaire qui parle de la filiation maternelle et cinématographique. Je me suis entretenu avec le cinéaste québécois et mon entrevue se trouve dans le journal Métro du jour.

Film du jour: Heureux comme Lazzaro

Avec Heureux comme Lazzaro, Alice Rohrwacher entre dans la cour des grandes en signant une oeuvre magistrale, à la fois tournée vers le passé (en conviant les fantômes de Pasolini, Taviani, De Sica, etc.) et le présent, alors qu'on suit les déambulations d'un jeune homme trop bon. Doté d'un réalisme magique, le récit se savoure à travers ses magnifiques images, ses personnages irrésistibles et ses fulgurantes leçons de cinéma, le tout se terminant avec une scène inoubliable. À (re)voir, si possible, au cinéma... si Netflix le permet, évidemment. ****

jeudi 30 janvier 2020

Entrevue Papicha

Les bonheurs de la sororité féminine et les malheurs de l'intégrisme s'affrontent constamment dans Papicha, un premier film éminemment personnel de Mounia Meddour. Je me suis entretenu avec la cinéaste algérienne et mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro.

Film du jour: Weathering With You

Après l'immense succès de Your Name, le cinéaste Makoto Shinkai renoue avec la fresque amoureuse et écologique par l'entremise de Weathering With You (Les enfants du temps). Construit sous le même modèle, cette splendide animation japonaise fera fonde le coeur d'adolescents de 13 ans. Un autre triomphe annoncé... quoi que le talentueux réalisateur serait mieux de retrouver l'essence de ses premières oeuvres, plus complexes et essentielles, car il semble déjà épuiser ses thèmes de prédilection. À découvrir au Forum (Montréal). ***

mercredi 29 janvier 2020

Les meilleurs films de janvier 2020

Eh oui, on pense déjà à notre palmarès de fin d'année! D'ici là, place aux meilleurs films qui sont sortis en salles au Québec en janvier 2020...

- Synonymes

- Clemency

- La vie invisible d'Euridice Gusmao

- Les misérables

- Une femme, ma mère

- L.A. Tea Time

- Dieu existe, elle s'appelle Petrunya

- 1917

- Cunningham

Film du jour: Fail-Safe

Longtemps tenu dans l'ombre de Dr. Strangelove, Fail-Safe retrouve ses lettres de noblesse en étant intégré à la grande famille de Criterion. Tant mieux. Parce que ce suspense technologique signé Sidney Lumet passionne malgré une première partie un peu trop verbeuse et explicative, donnant froid dans le dos dans sa façon d'imaginer un avenir - le film a pris l'affiche en 1964 - avec une acuité démesurée. Lorsque le sort de la planète est en jeu, seul Henry Fonda peut assurer dans la peau du président américain... ***1/2

mardi 28 janvier 2020

Parasite (blu-ray)

Véritable film événement de 2019 (Palme d'Or, Oscars et alouette), le jouissif Parasite de Bong Joon-ho est finalement disponible en blu-ray et en dvd.

C'est quoi? Deux familles de classes sociales opposées sont liées dans le mensonge.

C'est comment? Drôle, brillant, angoissant: il s'agit de l'un des  meilleurs longs métrages des dernières années.

Et pourtant? Il y a quelques longueurs au menu.

Techniquement? L'oeuvre en impose visuellement, pouvant toujours compter sur des images détaillées aux textures précises.

Suppléments? Le seul et unique bonus qui se retrouve sur cette édition blu-ray est un questions/réponses en compagnie du réalisateur. Malgré ce qui est indiqué sur la pochette, la version reçue ne comportait aucun sous-titres français ou piste sonore dans la langue de Molière.

Au final? La cohérence de Parasite et si grande qu'elle donne littéralement le tournis. S'il y a un «classique instantané» pour ravir à la fois la critique et le grand public, c'est bien ce film de qualité supérieure. ****

Ma critique
Mon entrevue avec le cinéaste

Film du jour: J'accuse

On ne verra probablement jamais J'accuse de Roman Polanski sur un écran de cinéma nord-américain. Malgré ce qu'on peut penser de l'homme, son plus récent long métrage demeure passionnant à bien des égards. À partir d'une histoire qui a marqué son époque, le cinéaste maudit livre un véritable film d'espionnage, où sa technique virtuose est au service d'un scénario puissant. Jean Dujardin trouve probablement son meilleur rôle en carrière, aux côtés d'un Louis Garrel qui ose enfin changer de registre. (Vu à Paris) ****

lundi 27 janvier 2020

Entrevue avec Cédric Kahn pour Fête de famille

(Paris) Dans son nouveau film Fête de famille, Cédric Kahn réunit une distribution cinq étoiles - Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot, Vincent Macaigne - autour d'une réunion familiale qui tourne évidemment mal. Surtout lorsque la maladie mentale se mêle de la partie.

J'ai pu m'entretenir avec le réalisateur de Roberto Succo et Feux rouges dans le cadre des plus récents Rendez-vous du cinéma français à Paris...

Pourquoi vous avez décidé de faire ce long métrage?
Hahaha! Tout le monde me pose cette question pour commencer. Mais c'est difficile comme question. C'est tellement large. C'est toute une vie pour arriver à chaque film. Je ne sais pas. Je voulais raconter cette histoire depuis longtemps, ça c'est sûr.

Vous renouez avec les scénaristes de votre précédent film La prière. Vous sentez une énergie renouvelée en retravaillant avec eux?
Oui. La rencontre avec eux m'a un peu régénérée. Sur la question de confiance. Sur La prière, je leur ai beaucoup confié le scénario. Là, ça n'a rien à voir. C'était une chose plus personnelle, que j'avais commencé à écrire seul, et ils sont venus m'aider.

Lorsqu'on regarde votre filmographie, on vous imagine mal faire un film comme Fête de famille, qui semble moins brut que les précédents, plus bourgeois.
J'ai déjà entendu ça et je ne comprends pas. D'abord, il faut que ça reste une aventure. Quand je fais La prière, filmer des catholiques qui prient, c'est une aventure pour moi. Déjà, j'ai un goût de l'aventure. La chose qui me fait le plus peur dans la vie, c'est l'ennui. Je veux des défis. C'est vrai qu'il y avait des choses que je n'avais jamais faites sur Fête de famille.

Après, l'âpreté, je ne comprends pas. Ce que je raconte dans le film est très âpre, très dur. C'est une sorte de trompe-l'oeil. Ça démarre comme ça, c'est beau, la maison est magnifique, les gens sont charmants et on va passer une belle journée. Mais ce n'est pas du tout ça, le film. On voit cette famille s'enfoncer dans le problème et ne pas avoir de solution.

Vous dîtes que c'est un film plus personnel...
C'est pour ça que je suis étonné. C'est comme si j'avais fait un film extérieur à moi-même, alors que dans le fond, c'est probablement le film le plus personnel que j'ai fait. Peut-être que parce que c'est quelque chose de personnel, que j'ai voulu l'emballer dans quelque chose de plus mainstream.

Et qu'est-ce qu'il y a de personnel dans cette histoire?
C'est comment la maladie mentale, la folie familiale agit. Il y a une personne qui est désignée comme fou et problématique. En fait, assez vite, on ne sait pas si c'est elle qui est folle ou tout le groupe. Je veux montrer comment tout ce groupe survit en désignant cette vie, comme elle l'accepte ou elle ne l'accepte pas. Pour moi, le noeud est là. Et cette famille survit par le mensonge. C'est une chose que je ressens et que j'ai vécue.

Il n'y a pas un peu des codes à respecter - ou à déjouer - lorsqu'on fait des films sur la famille? Que l'on pense à Bergman, Un conte de Noël, Festen, où tout passe par les secrets, les mensonges et les apparences? Ce passé qui revient hanter. Avec évidemment Catherine Deneuve en matriarche. On peut également penser à Cassavetes ou Tennessee Williams.
C'est un genre extrêmement visité, ça je le savais. J'avais mes propres références. Je pensais beaucoup à Festen. Mais non, il fallait que je trouve ma liberté. Je n'ai pas fait un film contre - ou avec - les autres. J'avais cette chose-là à raconter sur la folie que je voulais absolument raconter. Sur comment cette famille gère la folie d'une des leurs. Je me suis juste concentré là-dessus.

On sent que le film est toujours en dualité entre le vrai et le faux, le comique et le tragique, les bourgeois et les anti-conformistes. Cette construction en miroir.
Ouais. C'est ça. Est-ce que la famille est normale et elle est folle? Est-ce qu'elle est normale et c'est la famille qui est folle? Chaque personnage a aussi sa propre dualité. Mon personnage est très carré et en même temps, il est aussi totalement obsessionnel et insupportable. La mère est victime du clan mais elle est aussi la grande manipulatrice. Etc. Etc. Oui, c'est le sujet: c'est un film sur la dualité. C'est pour ça qu'il n'est pas simple.

Je pense que les gens qui aiment le film sont des gens qui aiment les choses un peu complexes. Qui acceptent de voir le film sur des choses doubles. On a un visage social et même à l'intérieur de la famille, on joue un rôle. On montre parfois son vrai visage et on se bagarre avec ces deux énergies.


Comme toujours dans votre cinéma, les personnages sont en constantes contradictions. On les aime et les déteste à la fois. Ils sont adorables avant de tomber dans l'hystérie. Il doit y avoir un plaisir à explorer toutes les extrémités du spectre humain...
Absolument. Après, ça serait sûrement plus simple de faire des personnages plus simples. Je ferais sûrement des films plus larges. Mais moi je vois les gens comme ça dans la vie. Ça m'intéresse de voir la complexité des choses.

Par ailleurs, j'ai de la tendresse pour les excès. Je n'aime pas forcément les gens qui sont complètement contrôlés, lisses. Je peux avoir beaucoup d'empathie pour des gens qui débordent. Ce sont probablement les gens qui m'intéressent le plus dans la vie. Ceux qui ne contrôlent pas toutes leurs émotions.

On sent qu'ils vivent peut-être plus que les autres.
Oui. Et moi je suis comme ça. En plein de moments, j'essaye de me retenir. Je me dis qu'il faut que je maintienne le lien social. Mais il y a plein de moments, je me dis que si je me retiens trop, tu es vieux. Ta vie est finie. Continue à vivre tes émotions. Ce n'est pas seulement de les exprimer, mais c'est aussi de les vivre. Là par exemple, je pourrais me lever et rentrer chez moi. (sourire)

Pourquoi avoir intégré dans le film différents récits de mises en scène, que ce soit le film de Vincent Macaigne et la pièce de théâtre des enfants?
Parce que c'est le point de vue, en fait. J'aimais bien me déplacer dans cette histoire. Je mets en place un dispositif dans cette famille. Finalement, ce qui était intéressant pour moi, c'est que les membres de la famille sont tous dans la même histoire mais que finalement, ils peuvent se raconter leur propre histoire.

On sent que les fictions qui sont en train de se créer leurs permettent d'éviter de sombrer dans la folie...
Ça, c'est mon autre croyance. Je pense que la fiction est la meilleure raison à la folie, à la souffrance, au mal-être. Je pense que chacun a besoin de se créer sa fiction. Il y en a qui le font en direct, dans la vie, en mentant. Comme la mère qui est toujours dans le déni. Et il y en a d'autres qui ont besoin d'un support.

De quelles façons vous vouliez utiliser la musique, qui va de Mouloudji à François Hardy, en passant par cette pièce rap?
Ce sont toutes des chansons sentimentales, mais de générations différentes. Elles ont une symbolique différente. La chanson de Mouloudji, c'est vraiment la chanson familiale. Celle qu'écoutait les parents et qui relie les enfants. C'est comme un hymne de leur enfance. Celle de François Hardy, c'est vraiment celle de l'héroïne, Emmanuelle Bercot. Pour moi. c'est vraiment l'hymne de la mélancolie. Et le rap, c'est la chanson de la nouvelle génération. Mais les chansons se parlent, elles dialoguent entre elles.

À quand un musical comme chez Jacques Demy ou Alain Resnais?
J'adorerais faire un film en chanson, où une grande partie des choses se disent en chansons. Surtout que maintenant, j'aime la chanson française dans les films. Je n'aime plus du tout entendre des chansons anglo-saxonnes dans des films français. Je trouve ça très gênant et très dommage. Le répertoire français est tellement beau. Il y a tellement de belles chansons et c'est triste qu'on ne s'approprie pas sa culture.

Depuis sept ans avec Alyah, on vous voit davantage comme acteur. Pourquoi vous avez continué? Car vous êtes excellent dans L'économie du couple.
Vraiment, c'est chaque occasion. Je refuse facilement les films comme acteur, mais je les accepte lorsque j'aime le metteur en scène, le projet, les partenaires. J'accepte quand je n'ai vraiment pas envie de dire non. C'est très spontané. Il n'y a pas de calcul.

Vous sentez que cela vous apporte quelque chose comme cinéaste?
C'est difficile à dire. Ça m'apporte déjà d'être sur un plateau en étant plus léger que le metteur en scène. J'ai déjà ce plaisir-là d'être joyeux sur un tournage. Alors que comme metteur en scène, je suis soucieux.

Ça m'apporte également une position très privilégiée pour regarder d'autres metteurs en scène travailler. Avant de faire l'acteur, je n'en voyais pas des metteurs en scènes travailler. Là, si. Et j'ai travaillé avec de bons metteurs en scène. Comme Cold War. C'était fantastique. Le rôle n'était pas très intéressant. Mais j'ai passé des journées à côté de Pawel (Pawlikowski). Je lui disais «je peux m'asseoir à côté de toi»? «Oui, pas de problème.» Juste d'être là, c'était très beau de le voir construire son film. C'est vraiment une place extraordinaire. Et c'est vraiment la meilleure place. On est à l'intérieur du processus, on voit l'équipe, on voit tout.

J'aimais déjà travailler sur le scénario des autres. J'aime bien le collectif, d'être dans l'oeuvre des autres. Avant, je travaillais juste avec ma tête. Maintenant, en jouant, je me suis réapproprié mon corps.

Quand je joue sur les films des autres, j'essaye de ressentir ce que je fais. Je sens quand ce n'est pas bon. Je ne sens pas forcément quand c'est bon, mais je sens quand ce n'est pas bon.

C'était simple de vous diriger vous-mêmes dans Fête de famille?
Je ne me suis pas vraiment dirigé. Ce qui était simple, c'est que j'ai joué un texte que j'ai écrit moi-même. Ça c'est plus simple que de jouer un texte écrit par quelqu'un d'autre. Parce que c'est organique. Déjà, je n'avais pas de problème d'apprentissage, car je savais le texte par coeur. Je me suis rendu compte que quand je répétais avec les autres, je savais le texte de tout le monde.

Film du jour: Harriet

Enfin un film sur l'importante combattante Harriet Tubman! (Universal)

C'est quoi? Une jeune américaine libère des esclaves au péril de sa vie.

C'est comment? Le sujet est nécessaire et Cynthia Erivo s'avère excellente dans le rôle-titre.

Et pourtant? Le ton appuyé, la réalisation empotée de Kasi Lemmons et la musique grandiloquente ne sont pas là pour aider.

Techniquement? La photographie de qualité est soutenue par des images amples, aux détails certains.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Les suppléments regroupent une intéressante piste de commentaire de la cinéaste, des scènes supprimées et des documentaires portant sur cette figure historique et son interprète qui est nommée aux Oscars.

Au final? Dommage qu'avec une héroïne aussi prestigieuse, l'ensemble ressemble à un simple téléfilm de luxe, une hagiographie lourde et oubliable. **

dimanche 26 janvier 2020

Les films préférés de... Zabou Breitman

Qu'on la retrouve devant la caméra (L'exercice de l'État, La crise) ou derrière (Je l'aimais, Se souvenir de belles choses), le charme de Zabou Breitman ne tarde pas de rayonner au grand jour. Je l'ai rencontré pour la sortie de sa nouvelle réalisation Les hirondelles de Kaboul (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés...

« Je vois le cinéma depuis que j'ai 5-6 ans. Comme j'avais un papa féministe, j'ai tout vu. Autant les films de la Hammer... Il n'y a pas une fille de ma génération qui connaît ça.! Après les polars, les films d'horreurs, les westerns, les films fantastiques, les films d'amour, les grands films romantiques, les films russes, les films américains. Mon père me disait que je pouvais tout faire. Et j'ai envie de tout faire.

Il y a La mort aux trousses. Je pense que c'est le film que j'ai vu le plus. J'aime tout. J'aime le générique, l'erreur de départ. Le personnage qui n'existe pas, car on remplit les vides. Après il y a Les enchaînés. Encore Hitchcock! C'est lui en premier. Pour la construction, il y a de la comédie à l'intérieur, de la romance. Il y a tout. De la construction folle, de la liberté dingue, une maîtrise du temps. Et il est ludique, il joue et ça, j'aime ça.

Après, j'aime beaucoup les Lubitsch. To Be Or Not to Be, c'est un truc exceptionnel. C'est extraordinairement drôle! C'est tellement génial et libre.

Cinq soirées de Mikhalkov. Ça, j'aime beaucoup. Ça me lamine.

Aussi 2001: A Space OdysseyL'exorcisteRosemary's Baby que j'ai vu 50 fois et qui est mon Polanski préféré. C'est un cauchemar génial. Ça et Le locataire.

Ce sont tous des trucs que je me refais. 50 fois.

J'aime aussi Locataire, le film coréen, avec ce gars qui va habiter dans des appartements.

J'aime beaucoup les films asiatiques qui mettent mal à l'aise. Un peu gore.

Parasite, c'est vraiment bien. Ce que j'ai rit! Il y a des scènes d'anthologie. C'est déjà un classique. »

Film du jour: Terminator: Dark Fate

Oubliez tous les films de Terminator sortis après Judgment Day. La trilogie se termine avec Dark Fate de Tim Miller (Deadpool). (Paramount)

C'est quoi? Une supersoldate issue du futur doit protéger une jeune femme du plus dangereux Terminator à ce jour.

C'est comment? Les scènes d'action sont spectaculaires à souhait et il est si bon de revoir Linda Hamilton et Arnold Schwarzenegger.

Et pourtant? L'histoire demeure toujours dans la redite et aucun nouveau personnage ne s'avère particulièrement intéressant.

Techniquement? Le long métrage est une véritable orgie sonore, alors que les aspects visuels utilisent plus que correctement les contrastes.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Les suppléments sont composés de six scènes supprimées ou inédites (malheureusement sans réel intérêt) et de quatre documentaires plutôt intéressants (portant sur la finale, les effets spéciaux, les séquences musclées et le mythe revisité).

Au final? Même s'il a mordu la poussière au box-officie, Dark Fate est facilement le meilleur épisode de la série depuis T2. Cela n'en fait pas un grand ou même bon film pour autant, sauf que les irréductibles seront enfin comblés. **1/2

samedi 25 janvier 2020

Sorties au cinéma: Rêves de jeunesse, Rebelles, Fête de famille, Nin e Tepueian - Mon cri, Color Out of Space, The Turning

Le cinéma français s'impose en force cette semaine sur les écrans de cinéma québécois.

Rêves de jeunesse: Alain Raoust propose de modifier notre mode de vie dans cette fable mélancolique, sans doute trop appuyée et symbolique, qui bénéficie toutefois d'une riche interprétation de Salomé Richard. ***

Rebelles: Plus ludique est ce délire féminin d'Allan Mauduit, où Cécile de France et Yolande Moreau prennent les armes pour s'émanciper. Une bd volontairement typée que n'aurait pas renié les frères Coen. ***

Fête de famille: Le film de «famille» vient avec ses codes et Cédric Kahn les utilise à bon escient, faisant écho à Festen et Desplechin. Sans être très original, le récit ne manque pas de nerfs et la prestigieuse distribution - dominée par Catherine Deneuve - joue dans le ton. ***
Mon entrevue avec le cinéaste sera bientôt publiée

Nin e Tepueian - Mon cri: Cet honorable documentaire de Santiago Bertolino permet de capter l'ascension de l'artiste innue Natasha Kanapé Fontaine, dont le discours évolue considérablement à l'écran. Un pas dans la bonne direction pour cette réconciliation tant attendue. ***

Color Out of Space: Adapter Lovecraft est impossible et le trop rare Richard Stanley l'apprend à ses dépends avec cette psychédélique série B qui comporte quelques scènes potables mais qui traîne trop souvent en longueur. En roue libre, Nicolas Cage finit par peser. **1/2

The Turning: Cette transposition du chef-d'oeuvre d'Henry James déçoit à tous les niveaux: scénario ridicule, abus de jump scare, héroïne sans intérêt et aucun réel frisson. La cinéaste Floria Sigismondi semble perdue, loin de sa zone de confort qu'était le plus soutenu The Runaways. **

Film du jour: The Others

La sortie de The Turning est une raison suffisante de revisiter The Others, qui s'inspire également de la nouvelle Le Tour d'écrou d'Henry James. À l'époque (en 2001), le film d'Alejandro Amenabar avait été comparé défavorablement à The Sixth Sense pour sa surprise finale. Sauf qu'avec le recul, il s'agit d'une grande fresque mélancolique sur la condition humaine et ce mal qui rôde sans cesse. L'effort fonctionne à tous les plans (politiques, psychologiques, métaphysiques) et comme objet de cinéma, il atteint des sommets grâce à sa réalisation maîtrisée et la performance impeccable de Nicole Kidman. ****

vendredi 24 janvier 2020

Entrevues Rebelles et Rêves de jeunesse

Prenant l'affiche tous les deux aujourd'hui, Rebelles et Rêves de jeunesse partagent de nombreux points en commun, que ce soit la nécessité de renouer avec ses racines dans un monde en perte de repères et se réinventer au détour d'un décors de western. Je me suis entretenu avec Cécile de France (l'héroïne du premier film) et Alain Raoust (le réalisateur du second) pour une entrevue qui est publiée dans les pages du journal Métro.

Film du jour: Paranoid Park

Pendant toute sa carrière, Gus Van Sant n’a pourfendu qu’une seule obsession majeure : celle de la marginalité. Son œuvre, qui se compose en cycles assez inégaux, se trouve sur une belle spirale depuis le tendre Gerry en 2002. Il faut cependant être prêt pour ses derniers récits. Malgré sa Palme d’Or, Elephant en a laissé plusieurs de glace. Et que dire de ce Last Days qui a irrité au plus haut point les fans de Nirvana? C’est justement dans cette mouvance que s’inscrit le poétique Paranoid Park qui déambule sur le fil de la vie.

Le titre renvoie à un parc de la région de Portland où les adolescents aiment bien faire du skate-board. Sauf que pendant une fin de semaine, un agent de sécurité est retrouvé mort près d’une voie ferroviaire. La police enquête, cumule les témoignages et les soupçons se portent sur Alex (Gabe Nevins), un adolescent de 16 ans. Entre sa vie normale à l’école et ses relations amicales, amoureuses et familiales avec ses parents en instance de divorce, le jeune homme prend soin d’écrire les faits et gestes des dernières journées…

Le réalisateur de l’époustouflant Drugstore Cowboy a toujours aimé les contrastes et il se dépasse pour son ce long métrage qui a pris part à la sélection officielle du Festival de Cannes de 2007. Tout y est en demi-teinte, en équilibre instable entre la beauté et la laideur. Le scénario a été inspiré par le roman de Blake Nelson et cela paraît par cette utilisation de la voix hors champs. Cependant, le récit cumule les ellipses temporelles, s’avérant toujours cinématographique.

Déjà au générique de l’inutile remake de Psycho du même Gus Van Sant, l’excellent directeur de la photographie Christopher Doyle oublie son travail remarqué au côté de Wong Kar-Wai pour épouser un style carré et même cubique, multipliant les longs plans séquences et ceux qui demeurent sans mouvement. Sa capacité de capter le cadrage parfait en clair obscur (en 35mm) au réalisme lourd de sens se marie étonnamment bien à ce support en super 8 qui permet de filmer sur un skate-board. Lorsque la caméra est sur les planches à roulettes, l’oxygène apparaît, la liberté est totale et la distribution semble vouloir s’envoler comme des oiseaux hors de leurs cages.

Cette dualité entre le monde des adultes et celui des enfants (l’adolescence?) se matérialise même sur les ingénieux choix musicaux. Le son distille la mélodie, la rendant souvent bizarre et imprévisible. Lorsqu’une scène possède un potentiel dramatique certain, un air plus léger et parfois même humoristique se fait entendre, rappelant que les problèmes de la jeunesse américaine est souvent futile face à la guerre en Irak et la pauvreté chronique de l’Afrique.

Les figures de monsieur Good Will Hunting sont souvent des archétypes ambulants. Comme dans Elephant, ce sont des gens qui se cherchent sans se trouver, qui errent pour grandir et qui finissent par se mettre les pieds dans les plats. Lorsque les parents sont absents ou impuissants, la quête de repères pourra en sauver – ou en perdre – plus d’un. Rien de très nouveau de ce côté. L’interprétation est néanmoins saisissante de réalisme. Afin d’être plus vrai que nature, le créateur du jouissif To Die For a recruté ses protagonistes par l’entremise de myspace, ce qui offre au passage des gens au physique exemplaire qui n’ont pas à jouer juste ou seulement à lorgner vers une large palette d’émotions.

Le cinéma de Gus Van Sant finit quelque peu par tourner un peu en rond. Malgré sa mise en scène magistrale et son ton naturaliste, il y a peu de lieux nouveaux qui sont explorés. Cela dit, les amateurs de sa phase plus expérimentale trouveront à coup sûr leur compte. ***1/2

Présenté ce soir à la Cinémathèque québécoise.

jeudi 23 janvier 2020

Entrevue Nin e Tepueian

Parmi tous les films français qui prennent l'affiche demain sur les écrans québécois, il y a l'intéressant documentaire Nin e Tepueian, qui porte sur l'artiste innue Natasha Kanapé Fontaine. Je me suis entretenu avec son cinéaste Santiago Bertolino et l'entrevue se trouve dans les pages du journal Métro.

Film du jour: The Kid Who Would Be King

Huit années après son film culte Attack the Block, Joe Cornish est de retour derrière la caméra avec une nouvelle célébration du courage et de l'unité face aux forces obscures. Avec The Kid Who Would Be King, il adapte pour les enfants la légende du Roi Arthur, le tout pimenté de références au Brexit. Si le résultat s'avère long et moralisateur, il demeure également divertissant et amusant, surtout pour un jeune public avide de sensations fortes et de magie. ***

mercredi 22 janvier 2020

Film du jour: Searching

À partir d'un concept déjà usé (la recherche d'une personne via le web et les médias sociaux où tout apparaît à l'écran selon les différentes applications), le réalisateur Aneesh Chaganty est parvenu à créer par l'entremise de Searching un suspense infernal et bien de son époque. Malgré une finale bâclée et beaucoup trop explicative, la tension va à crescendo et elle est vécue par de véritables humains. ***1/2

mardi 21 janvier 2020

Film du jour: Merci pour tout

Dernier grand succès du cinéma québécois, Merci pour tout de Louise Archambault est un film de Noël sur deux soeurs qui partent répandre les cendres de leur père aux Iles-de-la-Madeleine. Ce sujet exploré maintes fois dans notre cinématographie est agrémenté de sous-intrigues ridicules qui ne font qu'allonger ce qui aurait dû être un court métrage. Malgré une complicité indéniable entre les actrices, l'ensemble demeure superficiel, se vautrant dans des clichés qui font à peine sourire. **

lundi 20 janvier 2020

Film du jour: De toutes nos forces

Oeuvrant dans l'ombre de son célèbre père, Nils Tavernier propose avec De toutes nos forces (2013) un mélo imbuvable, un drame sentimental tellement appuyé et manipulateur qu'il en devient grotesque. Pauvre Jacques Gamblin qui se ridiculise au passage! Au moins le duo a pu se reprendre avec le beaucoup plus émouvant L'incroyable histoire du facteur cheval. *1/2

dimanche 19 janvier 2020

Les films préférés de... Ladj Ly

Ladj Ly s'est fait un nom à Cannes en mai dernier avec son brûlot Les misérables, qui remporté le prestigieux Prix du Jury. J'ai pu lui parler pour l'occasion (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés. Il m'a répondu avec des réalisateurs.

« Si je n'ai qu'à citer un nom, ça serait Costa-Gavras. J'aime également beaucoup le travail de Depardon, tout comme celui de Jacques Audiard. Spike Lee demeure une référence quoiqu'il arrive, Michael Mann pareil. »

Film du jour: Missbehavior

Capable du meilleur comme du pire, Pang Ho-cheung propose avec Missbehavior une comédie absurde et disjonctée sur des femmes qui sont à la recherche de lait maternel! Doté d'un rythme dynamique et d'interprètes colorés, le récit ne lève pourtant jamais tant les séances d'improvisations tombent à l'eau et que l'humour fait rarement mouche. **1/2

samedi 18 janvier 2020

Sorties au cinéma: Clemency, L.A. Tea Time, Dieu existe son nom est Petrunya, Cunningham, Les hirondelles de Kaboul

C'est une autre sublime semaine de cinéma que proposent les plus récentes sorties au cinéma.

Clemency: Cela commence avec ce formidable film de prison de Chinonye Chukwu, qui offre un immense rôle à l'actrice Alfre Woodard. La conclusion incendiaire et pleine d'humanité mérite à elle seule le prix d'entrée. ****

L.A. Tea Time: Après Claire l'hiver, Sophie Bédard Marcotte prouve qu'elle est la cinéaste la plus originale de notre cinématographie, revenant avec un nouvel ovni irrésistible qui évoque Miranda July et Chantal Akerman. ***1/2

Dieu existe, son nom est Petrunya: Rare création issue de la Macédoine, cette chronique forte en gueule de Teona Strugar Mitevska qui passe habilement de la satire au drame pourfend le pouvoir (masculin, religieux, médiatique) en présentant une héroïne hors du commun. ***1/2

Cunningham: Se tenant loin du traditionnel défilé des têtes parlantes, ce documentaire vivifiant d'Alla Kovgan présente la démarche du grand chorégraphe en mettant justement à l'avant ses  magnifiques créations. Et pour une fois que la trois dimensions sert réellement à quelque chose. ***1/2

Les hirondelles de Kaboul: Cette prenante adaptation du roman de Yasmina Khadra par Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec élève un récit quelque peu didactique par son animation poétique qui donne une légitimité à l'ensemble. ***

Film du jour: They Shall Not Grow Old

Colorier des archives de la Première Guerre mondiale afin de les rendre plus accessibles à la nouvelle génération. L'idée derrière They Shall Not Grow Old est intrigante (quoique moralement, c'est une autre histoire) et Peter Jackson rappelle tout son savoir-faire technique. Les néophytes n'y verront que du feu... alors que les autres n'apprendront absolument rien de nouveau à ce conflit largement documenté. ***

vendredi 17 janvier 2020

Entrevue Clemency

Tous les films de prison sur les couloirs de la mort se ressemblent? Alors vous n'avez pas vu Clemency, qui prend l'affiche aujourd'hui au Québec. J'ai pu discuter avec sa réalisatrice Chinonye Chukwu et mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro du jour.

Film du jour: After

Lorgnant à la fois vers Pride and Prejudice et les Liaisons dangereuses, cette adaptation de Jenny Gage d'un livre à succès s'avère une bluette imbuvable et extrêmement kitsch où de très mauvais acteurs (hormis peut-être Josephine Langford) ne font que se languir pendant près deux heures, alors que le moindre de leurs sentiments est exacerbé par une mélodie populaire sucrée. Un véritable supplice qui fait souvent hurler de rire tant le ridicule prend toute la place. Ce qu'on a hâte à la suite... *1/2

jeudi 16 janvier 2020

Entrevue: Les hirondelles de Kaboul

L'amour au temps de l'intégrisme, cela donne Les hirondelles de Kaboul, une très jolie animation qui prend l'affiche ce vendredi dans les salles québécoises. Pour l'occasion, j'ai pu m'entretenir avec sa coréalisatrice Zabou Breitman. Mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro.

Film du jour: Home Again

Reese Witherspoon s'amourache d'un homme plus jeune qu'elle dans Home Again, une bluette superficielle sans grand intérêt de Hallie Meyers-Shyer. Rien ne fonctionne réellement dans ce long métrage, que ça soit la romance, la comédie où la tentative de parler du cinéma et de la famille. Sa vedette a beau se démener avec son minois irrésistible, il n'y a rien que l'on a déjà vu des centaines de fois en beaucoup mieux. **

mercredi 15 janvier 2020

Entrevue L.A. Tea Time

Sophie Bédard Marcotte nous avais charmé avec Claire l'hiver, un essai DIY à la fois drôle, charmant et doux-amer. La voilà de retour en force avec L.A. Tea Time, un road-movie qui lui permet de développer encore davantage son style unique. Je l'ai rencontré pour l'occasion et l'entrevue se trouve dans les pages du journal Métro d'aujourd'hui.

Film du jour: Little Monsters

Rare films de zombies mettant en scène de jeunes enfants, Little Monsters d'Abe Forsythe divertit, faute de mieux. (VVS Films)

C'est quoi? Un oncle qui tente de remettre sa vie sur pied et une enseignante de maternelle doivent s'allier afin d'éviter le pire.

C'est comment? L'humour et l'hémoglobine coulent à flot. Lupita Nyong'o assure dans le rôle principal.

Et pourtant? Il n'y a rien que l'on a déjà vu et l'intrigue tarde à se mettre en branle.

Techniquement? Le soin sonore surprend lors des moments plus explosifs.

Suppléments? Cette édition blu-ray comprend un documentaire superficiel sur le tournage et 2 heures 30 minutes (!) d'entrevues avec le cinéaste, un producteur et les comédiens.

Au final? Cette amusante variation sur des thèmes communs plaira à coup sûr aux amateurs du genre. En effet, il est rare de voir des morts-vivants être tenus en échecs par de jeunes enfants! ***

mardi 14 janvier 2020

The Lighthouse (blu-ray)

Fort de son excellent The Witch, le réalisateur Robert Eggers est de retour avec l'encore plus traumatisant The Lighthouse. (VVS Films)

C'est quoi? Un jeune gardien de phare a maille à partir avec son supérieur.

C'est comment? Quelque cauchemar hallucinant qui regorge d'humour noir! Le duo formé de Robert Pattinson et de Willem Dafoe (qui mérite un Oscar) est tout simplement flamboyant, alors que de nombreuses scènes ne s'oublieront pas de sitôt.

Et pourtant? Il y a quelques longueurs à mi-chemin et le symbolisme n'est pas le plus subtil.

Techniquement? La magnifique photographie en noir et blanc laisse béat.

Suppléments? Cette édition blu-ray comprend une très intéressante de piste de commentaires. On y retrouve également un long documentaire qui explore la mythologie du scénario, un making off, quelques scènes supprimées et des segments publicitaires.

Au final? À classer instantanément parmi les meilleurs films américains des années, The Lighthouse laisse béat dans sa façon d'appeler l'horreur qui s'abat sans prévenir sur le cinéphile. Non, on ne verra plus jamais les mouettes de la même manière...

Ma critique

Gemini Man (blu-ray)

Ang Lee s'essaye au film d'action avec Gemini Man, où il dirige Will Smith dans une production de Jerry Bruckheimer. (Paramount)

C'est quoi? Un tueur à gages près de la retraite doit affronter un jeune clone de lui-même.

C'est comment? Les révolutions technologiques rendent les scènes d'action explosives. En fait, on y va que pour ça.

Et pourtant? Malheureusement, l'histoire manque de surprises et les acteurs sont coincés dans des personnages unidimensionnels à l'émotion défaillante.

Techniquement? Le long métrage décoiffe allègement sur le plan visuel et sonore.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Les suppléments contenant plus d'une heure de bonus réunissent une introduction différente (intéressante quoique trop révélatrice), deux scènes supprimées quelconques et six documentaires pertinents (sur la genèse du projet, le concept original, l'apport de la technologie, l'élaboration des séquences musclées, le souci du détail et la vision d'Ang Lee).

Au final? Conçu pour être présenté en 120 images par seconde (ce que peu de salles de cinéma ont faits), on demeure avec un regard incomplet sur le long métrage Gemini Man, qui est d'abord et avant tout un trip esthétique. Dommage que le reste ne tienne pas toujours la route.

Ma critique

Film du jour: Maleficent: Mistress of Evil

Suite au succès de Maleficent, Disney remet ça avec Mistress of Evil.

C'est quoi? Maléfique est accusée d'avoir lancé un sort au roi d'un puissant royaume.

C'est comment? Ce second tome est plus supportable que le précédent et Angelina Jolie s'amuse dans le rôle principal...

Et pourtant? ... il est pourtant difficile de tenir jusqu'à la fin tant les enjeux sont allongés pour rien. L'imaginaire n'a rien de très original (entre Avatar et Game of Thrones), le degré de noirceur est inégal (des scènes trop puériles et stupides pour les adultes, d'autres de génocide trop effrayantes pour les enfants) et la conclusion demeure nauséabonde de bons sentiments.

Techniquement? Là, au contraire, le soin regorge dans les détails et les teintes, surtout sur le plan esthétique.

Suppléments? Cette édition blu-ray comprend également un dvd et une copie numérique. Les suppléments regroupent quelques documentaires superficiels (sur les origines de la fée, les effets spéciaux, la beauté de voler, le mariage d'Aurore), deux scènes allongées, un bêtisier et un vidéoclip musical.

Au final? Autant on peut aimer La belle au bois dormant, autant ses dérivés s'avèrent ratés (le premier épisode) et quelconque (celui-ci). Espérons que ce soit le dernier. **

lundi 13 janvier 2020

Beverly Hills Cop: 3 movie collection

36 ans après sa présentation en salles, le film culte Beverly Hills Cop sort en blu-ray... dans un coffret qui comprend également ses deux suites! (Paramount)

C'est quoi? Un flic qui n'en fait parfois qu'à sa tête est plongée dans des intrigues qui dépassent tout le monde... sauf lui!

C'est comment? Eddie Murphy crève l'écran dans la peau d'Alex Foley. Le mélange d'action et d'humour tient toujours la route et le premier tome demeure évidemment une référence en la matière.

Et pourtant? Déjà on sent l'essoufflement sur le second long métrage (réalisé par Tony Scott) et c'est la débandade rendu au troisième épisode.

Techniquement? L'image fraîchement rematricée est plus belle et détaillée que jamais. Heureusement, cela n'affecte pas la légendaire piste sonore

Suppléments? Tous les bonus sont concentrés sur le premier disque Blu-ray. On y retrouve les mêmes suppléments que sur les éditions précédentes - piste de commentaires du réalisateur Martin Brest, carte des lieux de tournage, un regard sur la distribution et un autre sur ce véritable phénomène cinématographique - ainsi que des nouveautés qui sont les bienvenues. Entre plusieurs vieilles entrevues de 1984, deux scènes supprimées, un mixage musical et la possibilité d'isoler la trame sonore, il y a amplement de quoi s'amuser.

Au final? En attendant de découvrir (ou pas) le quatrième épisode qui devrait finalement voir le jour, ce coffret s'avère un divertissement exemplaire, un bonbon de nostalgie pour quiconque veut revivre les années 80 et revoir Eddie Murphy dans son rôle le plus emblématique au cinéma.

Film du jour: Ossos

Même en état brouillon, Pedro Costa assumait pleinement son style radical sur Ossos (1997): plans  souvent lents et fixes, noirceur ambiante, émotions distantes, aliénations de la pauvreté, existences de marginaux qui se heurtent aux difficiles conditions d'un quartier populaire de Lisbonne. Le tout à travers le périple d'un jeune père qui ignore comment s'occuper de son bébé naissant. Cela donne une plongée d'un esthétisme prodigieux qui rend encore plus douloureux pour l'âme cette réflexion sur la condition humaine, où les ombres semblent sans cesse avaler tout rond la lumière. ***1/2

dimanche 12 janvier 2020

Les films préférés de... Claude Lalonde

Du drame (Malek, 10 et demi) à la science-fiction (Origami), en passant par la comédie (les deux tomes des 3 p'tits cocons, Filière 13), Claude Lalonde est un scénariste québécois prolifique, qui débarque là où personne ne l'attend. Mais quels sont ses films préférés?

« Dans les dernières années, Birdman m'a marqué. Il y a Youth et La grande beauté de Sorrentino. Ça c'est dans les films récents. Mais j'ai l'âge que j'ai... j'ai admiré beaucoup les films de Truffaut. Sinon Midnight Cowboy m'a beaucoup marqué lorsque j'étais jeune, Le dernier tango à Paris aussi. Ce sont des films qui, pour moi, traversent le temps et qui sont encore bons. Je regarde encore Les 400 coups. Il y a des films comme ça dont je ne me lasse pas.

J'ai également accroché à la comédie italienne des années 60 et 70. J'étais presque devenu un spécialiste. J'ai fait les deux 3 p'tits cochons en pensant à ça. Et je m'en sers encore. Mon fond culturel vient de là. Les Italiens sont des maîtres dans leur excentricité. »

Film du jour: Metropolis

Impressionnante relecture animée du chef-d'oeuvre de Fritz Lang, Metropolis de Rintaro libère son message politique et philosophique en y insufflant un supplément de poésie. Même s'ils ne sont pas toujours nuancés, les personnages habitent un espace créatif fécond qui se déploie grâce aux éblouissants dessins animés et une trame sonore joyeusement jazzée. ***1/2

samedi 11 janvier 2020

Sorties au cinéma: Synonymes, Les misérables, 1917, Underwater

2020 débute en trombe avec plusieurs excellents longs métrages qui envahissent les salles de cinéma.

Synonymes: À prendre ou à laisser, la nouvelle création de Nadav Lapid (L'institutrice) confronte un jeune Israélien à sa nouvelle terre d'accueil: la France. Aussi brillant qu'essoufflant, ce tour de force que n'aurait pas renié Christophe Honoré regorge de mots, de sueurs et de désirs. Le courageux héros Tom Mercier n'est rien de moins qu'une révélation. Un Ours d'or pleinement mérité. ****

Les misérables: À la fois drame social façon La haine et suspense policier dans la lignée de Training Day, ce premier long métrage de fiction de Ladj Ly met le feu aux poudres dans la façon dont les forces de l'ordre bafouent littéralement la jeunesse en place. Après une première moitié plus humoristique et quelconque, le récit commence à chauffer jusqu'à sa finale explosive et inoubliable. ****

1917: Sam Mendes s'essaye au film de guerre avec cet exercice de style flamboyant, qui use de faux raccords afin de raconter en un «seul» plan les exploits de deux soldats britanniques. La technique (et la musique) est si brillante qu'elle finit par peser sur le récit, les personnages, l'émotion et l'humanité. ***1/2

Underwater: Kristen Stewart est une des meilleures actrices de sa génération. Mais qu'avait-elle à gagner en jouant dans ce Alien/Cloverfield des pauvres qui a été tourné en 2017? Rien ne fonctionne réellement au sein ce désastre sous-marin qui manque à la fois de tension, de suspense, de rebondissements, d'humour et d'une vision cinématographique - c'est pourtant signé William Eubank, dont le précédent effort The Signal s'avérait assez convaincant - digne de ce nom. **

Film du jour: The Circus

Charlie Chaplin revient à l'essence de son art dans The Circus (1928), un de ses films les plus drôles en carrière. Derrière de nombreux numéros rigolos se trouvent pourtant une mélancolie communicatrice, un regard fragile sur la dualité et la difficulté de faire rire lorsqu'on est un génie comique. Peut-être pas un sommet, mais certainement un très grand cru. ****1/2

vendredi 10 janvier 2020

Entrevue: Les misérables selon Ladj Ly

La révolte des oubliés

Près d'un quart de siècle après la sortie du film culte La haine, voici que prend l'affiche Les misérables de Ladj Ly qui risque de marquer autant les esprits.

En 1862 était paru Les misérables, le classique de Victor Hugo qui mettait notamment en lumière les injustices qui se déroulaient à Montfermeil, en banlieue de Paris. « Toutes ces années plus tard, la misère est toujours présente sur ce territoire », laisse savoir Ladj Ly, interrogé en marge du festival de Toronto.

En 2008, le réalisateur français y a filmé une bavure policière qui allait faire le tour du web, devenant le sujet d'un court métrage puis de ce premier long qui a remporté le Prix du Jury à Cannes et représente la France aux Oscars. « Ce n'est évidemment pas le quotidien de toutes les cités, évoque-t-il avec soulagement. Mais j'ai grandi à Montfermeil et c'était comme ça en pire. »

Construit comme de véritables montagnes russes, le récit débute par un état des lieux, alors qu'un nouveau flic découvre la banlieue en compagnie de deux collègues plus expérimentes. Une immersion qui ne manque surtout pas d'humour, parce que «c'est important de signaler que malgré les difficultés, les gens continuent à rire », rappelle le cinéaste.

Puis arrive une bourde policière, filmée par la population locale, qui met le feu aux poudres, soulevant la jeunesse qui n'est plus écoutée par personne. Il n'y a alors rien pour arrêter cette pression qui va à crescendo, prête à exploser à chaque moment, notamment lors de cette conclusion coup de poing particulièrement violente.

Ladj Ly est issu du documentaire et cela paraît. Le metteur en scène tourne souvent en plans séquences, avec une caméra près des gens, rendant sa fiction la plus réaliste possible. Il aime autant le cinéma revendicateur de Costa-Gavras et social de Spike Lee que celui plus humaniste de Raymond Depardon et les polars américains, de Sidney Lumet à Training Day.

« Mais j'ai surtout envie de filmer comme j'ai envie, sans qu'il y ait de règles à respecter », avoue le principal intéressé.

Tout en admettant que cette version des Misérables risque de se décupler sur plusieurs volets (il a en tête un biopic sur un ancien maire de Clichy-sous-Bois), Ladj Ly est surtout habité d'un désir d'aider les jeunes de sa cité, ce qui l'a amené à créer une école de cinéma à Montfermeil.

« C'est une envie de transmettre ce qu'on a pu apprendre et former cette nouvelle génération. C'est important aujourd'hui que ces gens s'expriment, qu'ils puissent raconter leurs histoires. Que ça ne soit pas encore que des gens de l'extérieur qui viennent raconter des histoires qui sont très souvent dans les clichées. »


***

« Dans le monde entier, il y a plein de ghettos, des gens qui se sentent isolés, qui ont du mal à joindre les deux bouts. La misère est universelle. » - Ladj Ly, qui n'est pas surpris que son film Les misérables rencontre le même écho peu importe le pays où il est présenté.

Film du jour: West North West

Pour son premier film West North West, Takuro Nakamura s'intéresse aux destinées sentimentales de trois jeunes femmes dans le Japon d'aujourd'hui. Finement écrit et interprété malgré quelques lourdeurs et un symbolisme éprouvé (l'oiseau en cage, le compas déréglé), le récit captive réellement lorsqu'il laisse le son et l'image triompher. Une entrée en matière qui promet pour le futur. Disponible en vidéo sur demande. ***

jeudi 9 janvier 2020

Big Little Lies: The Complete Second Season

Devant l'immense succès de Big Little Lies, HBO récidive avec The Complete Second Season.

C'est quoi? La mort d'un homme empoisonne la vie de cinq amies.

C'est comment? Cette ode à la sororité ne manque pas de clairvoyance. Les dialogues sont souvent forts et les situations, complexes. L'interprétation d'ensemble demeure excellente, particulièrement Zoë Kravitz dans un rôle nuancé et Meryl Streep qui incarne une magnifique vilaine.

Et pourtant? Cela ressemble davantage à une prolongation de la série précédente, quelques défauts en moins (le côté maniéré et mélo). Dommage qu'on ne sente pas davantage la patte d'Andrea Arnold derrière la caméra, tant le montage de Jean-Marc Vallée prend souvent toute la place.

Techniquement? Les choix musicaux sont, comme toujours, exquis.

Suppléments? Cette édition dvd comprend sept épisodes répertoriés sur deux disques. Le seul et unique supplément est une longue discussion en compagnie des prestigieuses actrices.

Au final? En fouillant davantage en profondeur, Big Little Lies The Complexe Second Season se permet de plonger dans la psyché féminine sans se dérober, explorant notamment les liens qui unissent les femmes à leurs enfants. Voilà une suite tout aussi pertinente que son prédécesseur... qui mérite toutefois de se terminer là, sans un troisième tome.

«Warner Bros. Home Entertainment provided me with a free copy of the DVD I reviewed in this Blog Post. The opinions I share are my own.»

Film du jour: A Scene at the Sea

Les amateurs du cinéma violent de Takeshi Kitano seront un peu déboussolés devant A Scene at the Sea (1992), une douce fable sur deux sous-muets qui se mettent au surf. Sensible et délicat, le récit parfois tenu ensorcelle allègrement par sa poésie, ses images hypnotiques et les mélodies réconfortantes de Joe Hisaisi. Il y a bien quelques scènes plus ordinaires, mais d'autres carrément brillantes. ***1/2

mercredi 8 janvier 2020

Entrevue: La vie invisible d'Euridice Gusmao

On trouve généralement toujours au moins un film intéressant au cinéma, même en début d'année. C'est le cas présentement de l'excellent long métrage brésilien La vie invisible d'Euridice Gusmao. J'ai pu m'entretenir avec son réalisateur Karim Aïnouz et mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro du jour.

Film du jour: The Party

Possiblement la comédie américaine la plus hilarante des années 60, The Party de Blake Edwards est un feu roulant de gags physiques qui rappelle l'immense génie comique de Peter Sellers. À partir de situations simples qui sont fortement inspirés du cinéma muet et celui de Tati, le film fait rapidement boule de neige, décuplant le plaisir jusqu'à une finale hallucinante. Peu importe le nombre de fois qu'on le voit, l'ensemble fonctionne toujours autant... au même titre que la flamboyante trame sonore d'Henry Mancini. ****