jeudi 7 mars 2019

Film du jour: Adrift in Tokyo

Récit doux-amer sur la famille et la solitude, Adrift in Tokyo (2007) apaise l’âme par sa longue promenade à travers la métropole du Japon. Original et décalé, à l’image de cet humour qui baigne la majorité des situations.


Fumiya (Joe Odagiri) doit de l’argent à Fukuhara (Tomokazu Miura). Ce dernier lui propose de régler sa dette en marchant en sa compagnie dans les rues de Tokyo au gré de ses envies. Cette errance dans des sites pas nécessairement touristiques va rapprocher les deux hommes, qui se trouveront une famille de substitution. Il doit bien y avoir une raison à tous ces pas qui semblent sans fin?

Ce road-movie est issu de l’imaginaire du talentueux cinéaste nippon Satoshi Miki. Lors de l’édition de 2009 du Festival Fantasia, il ravissait le public avec son extrêmement imaginatif Instant Swamp. Il reste ici sur le plancher des vaches, traitant des thèmes universels et essentiels, dont la filiation, l’amitié et le sens de l’existence. Il utilise cette capitale tant arpentée pour décrire la solitude et la mondialisation effrénée qui remplace ce qui est et ce qui n’est plus.

Cette mélancolie des souvenirs est traitée sur un mode absurde à travers des dialogues décalés et des situations complètement imprévisibles. Il ne faut surtout pas prendre au premier degré cet humour en apparence vulgaire et primaire. L’étrangeté et la bizarrerie des lieux et des personnages restent en tête, ce qui tranche avec la majorité des longs-métrages qui prennent régulièrement l’affiche. Surtout que l’interprétation décontractée détonne au sein de sujets plus lourds et profonds, où le visage ensoleillé d’Odagiri se frotte à celui plus perplexe et rigide de Miura.

Adrift in Tokyo est une œuvre singulière, drôle et subtile, qui cache sa complexité derrière des gags limites qui surprennent avant de faire rire ou sourire. Il s’agit surtout d’une quête existentielle comme il s’en fait peu, fine et méditative, qui permet de voir l’univers un peu autrement. Cela fait du bien. ***1/2

Ce soir à la Cinémathèque.

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