samedi 18 août 2018

Film du jour: Elegy

La peur de vieillir est au cœur d’Elegy (2008), une adaptation plus que satisfaisante d’un roman de Philip Roth dont la formidable distribution sauve quelque peu le film de la dérive. Poétique, sensuel et d’une belle profondeur.

David Kepesh (Ben Kingsley) est un professeur et critique culturel qui aime bien séduire ses ancienne étudiantes. Ce père divorcé vit dans le moment présent sans trop s’attacher, recevant les foudres de son fils (Peter Sarsgaard), l’affection d’une vieille maîtresse (Patricia Clarkson) et les conseils d’un ami fidèle (Dennis Hopper). Un jour, il noue une relation avec la splendide Consuela (Penélope Cruz). Ce qui ne devait qu’être une aventure d’un soir se complique lorsque les sentiments remplacent les simples besoins animaux.

Après la transposition plus ou moins convaincante de The Human Stain par le vétéran Robert Benton, c’est au tour d’Isabel Coixet de s’attaquer à un autre roman de Philip Roth qui brasse des thèmes similaires. Il est toujours question de passion et de désir, d’amour et de sexualité, d’attachement et de liberté. Le tout est présenté au sein d’une mise en scène réfléchie et glaciale que viennent fracasser quelques moments de chaleur intense, un humour cyniquement jouissif et d’intempestifs jeux de miroir.

La première heure est intrigante à souhait avec ce mélange de passion et de jalousie entre deux êtres qui semblent diamétralement opposés. La seconde, plus évasive et abstraite, tend vers le recueillement, la mélancolie et, malheureusement, une conclusion dans les larmes et le drame. Avant d’arriver à cette finale trop facile et déjà mâchée, il y a de beaux personnages complexes et émouvants qui sont de la partie. Patricia Clarkson, toujours parfaite, continue de fasciner par sa présence. Tout comme Peter Sarsgaard qui n’apparaît que tardivement. Cela fait longtemps que Dennis Hopper n’avait été aussi juste. Et puis Ben Kingsley qui vient enfin de terminer sa longue traversée du désert après un nombre incalculable de navets. Pénélope Cruz a peut-être remporté un Oscar dans Vicky Christina Barcelona en campant encore et toujours la femme frustrée qui crie plus fort que son ombre, mais ici, elle s’avère encore plus convaincante et captivante, habitée par une fragile tendresse.

Elegy est un poème à la vie et à l’amour avec ses joies et ses déceptions, ses vibrants moments de bonheurs et ses doutes d’avoir manquer le bateau. Sans être parfaite, la progression tient en haleine, et c’est avec beaucoup de dévotion que d’excellents comédiens campent des individus en trois dimensions qui existent pour de vrai. Une brise attirante et réconfortante qui se regardera sans doute à nouveau dans quelques années avec des yeux différents. ***

À la Cinémathèque québécoise

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