vendredi 30 novembre 2012

Killing Them Softly (critique)


Quelques années après avoir travaillé ensemble dans l’excellent The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford, l’acteur Brad Pitt et le cinéaste Andrew Dominik remettent ça avec Killing Them Softly. Le résultat final n’est peut-être pas aussi mémorable, mais le film n’est pas dénué d’intérêts pour autant.

En pleine période de crise économique, des malfrats se font voler leur argent par deux jeunes délinquants. Pour retrouver leur margot et éliminer les responsables, ils font affaire à un tueur à gages (Brad Pitt) qui a plus d’un tour dans son sac.

Les amateurs de Fargo et de Pulp Fiction se sentiront en terrains connus dans cette adaptation d’un roman du trop peu connu George V. Higgins. Ce sont les dialogues qui dominent ce thriller policier qui a été présenté en compétition officielle à Cannes en mai dernier. En fait, comme dans n’importe quel long métrage de Quentin Tarantino, les personnages ne font que parler, pour le meilleur et pour le pire.

Cette prédisposition ankylose peut-être le rythme et elle empêche l’histoire de prendre réellement son envol, mais elle permet également aux comédiens de briller. Bien que l’on ne voie pas autant Brad Pitt que souhaité, l’interprète est affable dans le rôle principal. Et il est entouré de nombreuses pointures comme Richard Jenkins, Ray Liotta, Sam Shepard et surtout James Gandolfini qui ont tous des dialogues truculents à livrer.

La mise en scène sophistiquée de Dominik relève constamment les enjeux. Débutant de façon minimaliste et hyper réaliste, il offre quelques magnifiques séquences stylisées, dont cette confrontation au sommet entre Pitt et Liotta qui demeurent un des moments les plus excitants de l’année. Après une somptueuse introduction, sa réalisation s’amuse à recréer avec beaucoup de maestria ce monde interlope, demeurant sans faille dans son évocation.

Au-delà de son sujet pas nécessairement original et de sa grande violence graphique, l’effort se distingue du lot par ses aspects politiques et économiques. Il se déroule dans la dernière grande noirceur mondiale, celle où Obama promettait de relever la Terre après le fléau du règne de George W. Bush. L’action est située dans une ville meurtrie, probablement la Nouvelle-Orléans, et il regroupe des truands sans foi ni loi. C’est là que débarque l’antihéros par excellence, un mercenaire qui a tout de même son propre code moral. Il représente le nouvel homme à la croisée du chemin, celui qui s’est fait humilier et qui doit constamment se battre pour survivre. Une métaphore fascinante de l’état de la planète, dont la finale cynique et nihiliste ne s’oubliera pas de sitôt.

Malgré toutes ces qualités (les personnages savoureux, la réalisation fignolée, le discours politisé), Killing Them Softly aurait pu être bien meilleur. On sent que le récit s’enlise à la première occasion et qu’il n’offre que le minimum requis au lieu d’en mettre plein la vue (comme Drive, par exemple). Ce sera pour une prochaine fois. En attendant, on regardera cette sombre et verbeuse fresque de l’Amérique à tête reposée, avec un sourire en coin, en ne s’attendant pas nécessairement à un divertissement, mais à quelque chose de plus ambitieux, qui aurait pu marquer 2012 mais qui n’arrive pas à assembler tous ses beaux morceaux correctement.

3/5

Film du jour: Anna Karenina (1935)

Pour ceux et celles qui découvrent Anna Karenina par la version de Joe Wright, on conseille évidemment de lire le livre. Et de regarder l'adaptation de 1935 de Clarence Brown qui met en vedette l'éternelle Greta Garbo. Il s'agit sans aucun doute de l'ultime version de ce classique, court mais compact, qui présente l'essentiel et non le superflu, le désarroi amoureux mais également la quête politique. Une mise en scène spectaculaire, c'est bien. Sauf qu'une histoire qui touche et de véritables émotions, dans ce cas-ci, c'est mieux. ****

jeudi 29 novembre 2012

Anna Karenina (critique)


Opulente réinterprétation toute personnelle du chef-d’œuvre littéraire de Tolstoï, la version d’Anna Karenina de Joe Wright est un tour de force visuel et technique qui laisse malgré tout sur sa faim.

L’histoire n’a guère changée depuis toutes ces décennies. Divisée entre son mari (Jude Law) et son enfant et son nouvel amant (Aaron Taylor-Johnson), la belle Anna Karenina (Keira Knightley) doit choisir son camp, au risque d’y perdre son âme et peut-être même plus.

On a adapté ce classique tellement souvent qu’il est aisé de craindre la vieille version poussiéreuse et académique. Ce n’est heureusement pas ce que propose cette énième transposition qui possède beaucoup plus de chien qu’il n’y paraît. Au contraire, le cinéaste britannique décide de camper son action dans les arcanes du théâtre, conférant un climat de superficialité propice à son sujet, rappelant toute la vacuité dans ces rapports de classes sociales qui séparent les êtres humains.

En fait, la mise en scène de Joe Wright est le véritable héros du long métrage. Sa réalisation ponctuée d’étonnants plans séquences est spectaculaire, explosive, férocement originale, jouant avec les métaphores, abusant des symboles, en mettant plein la vue pour essayer d’apporter un peu du neuf à du vieux. À tel point qu’on a l’impression qu’il se prend pour le grand Max Ophüls, se plaisant à multiplier les obstacles entre le spectateur et ses personnages, payant quelques hommages aux illustres Lola Montès et Madame de…

Bien entendu, tout ça cache quelque chose. Le style est peut-être flamboyant, mais le récit ne semble pas toujours incarné. Au lieu de se concentrer sur son triangle amoureux, le scénario fait des digressions, s’attardant trop longtemps aux personnages secondaires, renfonçant par la répétition cette idée que le couple adultère et en crise peut être sauvé (le frère d’Anna) et que la passion amoureuse peut se réaliser sur une longue durée (le rouquin qui aimerait bien jouer chez Terrence Malick). Autant de jeux de miroirs pas toujours subtils pour mettre en relief la dimension tragique de la prémisse.

Sauf que débarrassée de ses sous-entendus politiques, l’intrigue ne peut que manquer de souffle. La pire idée est d’avoir confié un rôle aussi important que celui de l’amant au tiède Aaron Taylor-Johnson. Il était peut-être potable dans Kick-Ass, mais il s’avère ici monolithique et bien peu convaincant. Du coup, on se demande pour quelles raisons Anna veut tout quitter pour lui. Abonnée aux films à costumes, Keira Knightley s’en sort plutôt bien, sauf lors des moments de crises où elle semble toujours à un doigts de chuter dans l’hystérie. Des pièges qu’arrivent à éviter l’excellent Jude Law, que l’on voit malheureusement trop peu, et dont le «méchant» de l’histoire semble ici plus «gentil» et «compréhensif», en comparaison d’Anna dont il est parfois difficile de prendre en pitié.

Beaucoup moins complexe et réussi que l’ultime version de 1935 qui mettait en vedette Greta Garbo, le Anna Karenina de Joe Wright demeure un objet de grande classe, un peu tape-à-l’œil et superficiel, qui se regarde tout de même avec intérêt, et dont l’humour insoupçonné en surprendra plus d’un. Sans rivaliser avec son superbe Atonement, cela fait tout de même du bien de voir son auteur revenir à quelque chose de plus substantiel après son terriblement ordinaire Hanna.

3/5

Film du jour: Deux ou trois choses que je sais d'elle

L'oeuvre emblématique du cinéma de Jean-Luc Godard des dernières décennies a certainement pris forme avec Deux ou trois choses que je sais d'elle, en 1967. Il s'agit plus un exposé qu'un film sur les affres du capitalisme, de la publicité et de la perte du bien commun. Cérébral, intellectuel, un brin didactique, ce concentré du septième art à l'état pur fascine et déroute, méritant plusieurs visionnements, seulement pour saisir toutes les subtilités du messages, de la dérive de cette héroïne qui se prostitue «comme les autres» à ce jeu continuel sur la forme et le fond. Ce ne sera peut-être pas pour n'importe qui, mais c'est certainement à ne pas manquer au moins une fois dans son existence. ****

mercredi 28 novembre 2012

Sur le plateau de tournage de La maison du pêcheur

Plus tôt cette semaine, j'ai pu m'aventurer sur le plateau de tournage du film La maison du pêcheur, le nouveau long métrage d'Alain Chartrand qui parle de la rencontre déterminante entre quatre hommes qui allaient jouer un rôle important au sein du Front de libération du Québec (FLQ).

Pour tout savoir sur cette oeuvre qui prendra l'affiche en 2013, il y a une charmante vidéo sur le site de Cineplex.

Film du jour: Dressed to Kill

C'est probablement avec Dressed to Kill que Brian DePalma a confirmé son statut du maître du suspense. Dans les mains d'à peu près n'importe qui, ce thriller matinée de sexe et de sang sur femme qui se fait assassiner par une autre femme aurait paru banal, conforme. Mais pas chez le cinéaste qui a une signature si forte qu'il est capable de tout mettre à sa patte. Ainsi, les morceaux d'anthologie sont nombreux et son style est si éclatant qu'on savoure le tout comme un des meilleurs plaisirs coupables des dernières décennies. ***1/2

mardi 27 novembre 2012

DVD : Happy Few, Camion, Lawless, Ces crimes sans amour, Bestiaire, Men in Black 3, ParaNorman, Le torrent, Sparkle, Step Up Revolution

Les sorties dvd et blu-ray sont nombreuses cette semaine et il n'y a pas moins de quatre films québécois qui se retrouvent sur le marché! En espérant que la compétition ne fasse pas ombrage à ces productions d'ici...

L'amour à 4 est possible (ou pas) dans Happy Few d'Antony Corider, un drame de moeurs assez savoureux aux dialogues bien pendus et à l'interprétation irréprochable. ***1/2

Même s'il signe le récit le plus conventionnel de sa carrière, Rafaël Ouellet fait de Camion un des films québécois les plus intéressants de 2012. Le duel d'acteurs y est impressionnant. ***1/2

Il y a beaucoup d'action et de testostérone dans Lawless de John Hilcoat qui se déroule pendant la prohibition. Et le casting y est impeccable (oui, même Shia LaBeouf est potable). ***1/2

Passionnant documentaire sur les conséquences des crimes d'honneur, Ces crimes sans amour de Raymonde Provencher mérite le détour malgré une réalisation un peu anonyme. ***1/2

Denis Côté filme «l'autre» dans Bestiaire, un ovni cinématographique que chacun interprétera comme bon lui semble. Un hors-d'oeuvre en attendant quelque chose de plus subtantiel. ***

Le second volet était horriblement mauvais, mais Men in Black 3 de Barry Sonnenfeld arrive à divertir avec  son rythme effréné, son intrigue rocambolesque et son humour assez désopilant. ***

Gentille animation des stutios qui ont offert le splendide Coraline, ParaNorman de Chris Butler et de Sam Fell traite de l'intimidation avec tact. C'est peut-être moralisateur, sauf que les clins d'oeil font sourire. ***

Il y a plein de belles choses dans Le torrent de Simon Lavoie (la cinématographie, la quête identitaire du Québec, etc.). Mais également beaucoup de prétention qui ne tarde pas à lasser. **1/2

Pour son dernier rôle à l'écran, Whitney Houston incarne une mère dépassée par les évènement dans Sparkle de Salim Akil, un mélodrame d'un intérêt très, très limité. *1/2

Step Up Revolution de Scott Speer reprend exactement la même formule, laissant son public médusé devant tant d'acteurs mauvais et d'intrigues à deux sous. *1/2

Film du jour: The Hi-Lo Country

De tous les films de Stephen Frears, The Hi-Lo Country est un de ses moins connus. Et ce n'est pas surprenant. Ce long métrage qui met en vedette Billy Crudup, Woody Harrelson, Patricia Arquette et Penelope Cruz est un western académique, intéressant mais oubliable sur l'amitié de deux comparses qui sera mise à dure épreuve par une femme et un méchant propriétaire terrien. Il y a cependant assez d'humour, de répliques cinglantes et de beaux paysages pour ne pas décrocher avant la fin. ***

lundi 26 novembre 2012

Pour en finir avec la «crise»

C'est quoi cette fausse crise du propriétaire des cinémas Guzzo qui trouve que les films québécois ne lui rapportent pas assez d'argent? Depuis quand est-ce que l'art est supposé être synonyme d'argent? Ce n'est pas là pour enrichir la culture d'un pays? Et est-ce qu'il y a eu un seul film québécois qui a fait ses frais? Bien sûr que non, il n'y a pas la population nécessaire pour faire vivre une industrie rentable.

Cette «crise», cyclique, n'est pas nouvelle. Elle réapparaît tous les 2-3 ans lorsqu'un succès se fait attendre. Pourtant, en y regardant de plus près, les très bons films québécois sont nombreux cette année: Rebelle, L'affaire Dumont, Camion. Et il y en a plus lorsqu'on pense à tous ces documentaires que presque personne ne voit, comme Over My Dead Body.

Déjà, dans mon livre Arrêt sur l'image qui a été publié plus tôt cette année, j'abordais cette problématique, entre le désir de créer une industrie cinématographique viable et de la nécessité de faire de l'art pour laisser quelque chose aux générations suivantes. À ce chapitre, nos plus grands créateurs s'expriment sur cette question.

Je reprends d'ailleurs une citation de Louis Bélanger, qui a entre autre offert l'excellent Gaz Bar Blues.

« On a tendance à mélanger un bon film avec ce qu'il a engrangé en recettes. Je pense qu'un bon film est un film qui va être mis dans les voûtes de la Cinémathèque québécoise et dans quinze ou vingt ans, il va encore parler, il va informer sur la société dans laquelle on vivait. Le devoir de citoyen d’un cinéaste est ne pas oublier à qui tu t’adresses. Si tout ce qui nous reste, c’est qu'ils faisaient des maudites bonnes jokes dans les années 1990 et 2000, qu’on était une méchante belle gang de comiques, je pense qu'on va avoir raté notre mission… »

Et celle d'Yves Christian Fournier, le cinéaste derrière l'éblouissant Tout est parfait et qui attend toujours de pouvoir tourner un nouveau film...

« Quand un gars qui possède des salles comme Guzzo dit qu'au cours des deux dernières années, le cinéma québécois est disparu, ça me lève le cœur. C’est de la malhonnêteté. Le cinéma québécois existe à travers le monde à cause des films d’auteur. Et au contraire, à travers les produits commerciaux, il N’EXISTE PAS intrinsèquement. »

Pour les personnes intéressées, Arrêt sur l'image se trouve dans plusieurs points de vente, dont la Cinémathèque québécoise, le Cinéma du Parc et Renaud-Bray. N'hésitez pas à le demander à votre librairie préférée (ou directement à moi, si vous voulez la dédicace!), parce que ça ferait un excellent cadeau de Noël!

Film du jour: The Man Who Shot Liberty Valance

The Man Who Shot Liberty Valance est loin d'être le meilleur western du cinéma américain, mais c'est certainement le plus populaire. Il offre un bon mélange d'action, d'éléments comiques, de confrontations passionnantes et de  paysages spectaculaires. Surtout qu'il y a en prime d'excellents comédiens, de James Stewart à Vera Miles, en passant par Lee Marvin et bien sûr John Wayne. Mais c'est surtout la présence du cinéaste John Ford qui apporte ce supplément d'âme que les autres n'ont pas. Il s'agit pratiquement du testament du fondateur du genre qui expose ici différentes sortes de justice, jouant avec la notion d'héroïsme et du mythe américain. De quoi passionner tout le monde, du cinéphile invétéré à l'amateur de divertissements. ****

dimanche 25 novembre 2012

Film du jour: Kiss of the Spider Woman

Adapter du théâtre au cinéma est toujours casse-gueule. Il faut trouver un moyen de rendre cinématographique ce qui ne l'est pas nécessairement, sinon cela ne donne qu'un simple huis-clos. C'est l'exploit de Kiss of the Spider Woman d'Hector Babenco, qui parvient à traiter avec subtilité  de cette amitié entre deux détenus tout en se permettant d'ingénieuses ellipses temporelles. En plus d'être extrêmement politisé, il y a une réflexion sur le cinéma et des mises en abyme qui s'apparentent au conte, la fantaisie verbale en plus. Il y a surtout deux comédiens qui trouvent leur meilleur rôle en carrière: le regretté Raul Julia et le trop peu utilisé William Hurt qui a remporté pour l'occasion les plus grandes consécrations à Cannes et aux Oscars! ****

samedi 24 novembre 2012

Film du jour: Picnic at Hanging Rock

Pour se réchauffer un peu en cette première neige officielle sur Montréal, il est tout légitime de regarder Picnic at Hanging Rock, qui est probablement le meilleur film de Peter Weir. Dans cette oeuvre extrêmement poétique qui a certainement inspiré The Virgin Suicides, un groupe de jeunes femmes disparaissent sans laisser de trace. D'un beauté à couper le souffle, d'un rythme évanescent et langoureux, cette réflexion sur la sexualité et la jeunesse hante rapidement l'esprit. La fascinant opère dès le merveilleux générique, intriguant au plus au point. Tout simplement hypnotisant et inoubliable. ****

vendredi 23 novembre 2012

L’enfant d’en haut, La vierge, les Coptes et moi, Red Dawn

En plus des gros films de la semaine (Silver Lining Playbook qui est à voir et Life of Pi qui est loin d'être essentiel), il y a d'autres sorties en salles.

Les amateurs de cinéma d'auteur voudront peut-êtres s'intéresser à La Vierge, les Coptes et moi de Namir Abdel Messeeh, un documentaire sur les mensonges et le septième art qui met en scène un cinéaste qui cherche à filmer l'apparition de la Vierge. Le propos tourne rapidement en rond, mais l'ensemble ne manque pas de charme. ***

C'est tout de même mieux que l'horrible remake de Red Dawn, cette fois par le faiseur d'images Dan Bradley. Bye bye les Russes et bienvenue la méchante Corée du Nord qui devient l'ennemie à abattre. Un grand film politique aurait pu ressortir de cette oeuvre qui demeure malheureusement une simple production propagandiste et de très mauvais goût. *1/2

Il est toujours possible d’attraper le très bon L'enfant d'en haut qui devrait encore être à l'affiche. Sans être aussi maîtrisé que son précédent Home et sans marcher dans les mêmes plates-bandes que les opus des frères Dardenne, la réalisatrice Ursula Meier en impose dans cette déchirante histoire d'un gamin et de sa soeur qui tentent de survivre à tout prix. ***1/2

Film du jour: Groundhog Day

Présenté ce soir au Cinéma du Parc, Groundhog Day d'Harold Ramis est probablement la comédie américaine la plus drôle des 20 dernières années. On rit énormément en voyant l'hilarant Bill Murray tenter de «sortir» de cette journée infinie qui ressemble à un jeu vidéo. Mais on est également touché par la réflexion sur le temps qui y est développée en filigrane. Combinant tous les grands genres «populaires» (l'humour, la romance, l'action), le réalisateur a réussi à pondre un récit inusable, qui se regarde comme un classique annuel. ****

jeudi 22 novembre 2012

Life of Pi (Critique)

C'est hier que prenait l'affiche le très attendu Life of Pi d'Ang Lee. Si visuellement, le film est une véritable réussite, son scénario extrêmement moralisateur s'apparente à un récit new age pour enfant de sept ans.

Pour en savoir plus, ma critique se trouve sur le site de Cinéfilic.

Film du jour: Ordet (La Parole)

Avant-dernier long métrage de l'illustre cinéaste Carl Theodor Dreyer, Ordet est un nouveau récit sur la foi, la résilience et la famille maudite qui atteint des sommets dans une filmographie déjà renversante. Ce drame déchirant sur un père, ses fils et sa belle-fille enceinte chavire l'âme, posant d'excellentes questions existentielles sans nécessairement y apporter des réponses. L'odeur de la vie et de la mort plane sur cet opus visuellement magnifique qui deviendra à coup sûr un des titres préférés de n'importe quel cinéphile. *****

mercredi 21 novembre 2012

Silver Linings Playbook (Critique)

Prenant l'affiche aujourd'hui, Silver Linings Playbook est une comédie dramatique de qualité supérieure, mis en scène avec efficacité par David O. Russell et bénéficiant du grand talent de Bradley Cooper, Jennifer Lawrence et Robert De Niro.

Pour en savoir plus sur le sujet, ma critique se trouve ICI.

Film du jour: The Pornographers

Film le plus connu d'Imamura à l'extérieur du Japon, The Pornographers n'est pourtant pas son meilleur, mais certainement son plus emblématique. Dans sa satire des moeurs du Soleil Levant, il multiplie tous les tabous possibles et inimaginables pour faire rire aux larmes. L'objectif est atteint avec ce long métrage décalé où les personnages énigmatiques apparaissent au tournant. S'il faut un peu de patience des spectateurs qui peuvent avoir de la difficulté à se retrouver, ils sont graduellement récompensés d'un opus unique, bien en avance sur son temps, qui traite du voyeurisme avec encore plus de brio que tous les De Palma de la planète. ***1/2

mardi 20 novembre 2012

DVD : La source des femmes, Zarafa, Laurence Anyways, Hors les murs, The Expendables 2, Sur la piste du Marsupilami

Ce n'est pas la semaine la plus faste au niveau des sorties de films en dvd et en blu-ray. Il y a toutefois quelques titres potables...

Il faut par exemple faire mention de La source des femmes de Radu Mihaileanu, une oeuvre courageuse mais  parfois trop didactique sur des femmes qui font la grève de la faim. ***

Détour vers l'animation pour le metteur en scène Rémi Bezançon, le voici qu'il fait équipe avec Jean-Christophe Lie pour raconter les aventures de la girafe Zarafa. Mignon mais moralisateur.***

Fresque ambitieuse sur un homme qui désire devenir une femme, Laurence Anyways de Xavier Dolan est visuellement splendide. Dommage que le scénario tourne un peu à vide. **1/2

C'est également le cas de Hors les murs de David Lambert, qui raconte les amours difficiles de deux hommes. Pour une intéressante première partie, il faut se farcir la seconde, parsemée de clichés. **1/2

Même s'il est supérieur au premier tome, The Expendables 2 de Simon West n'en demeure pas moins une superproduction qui n'exploite jamais correctement son sujet béton. **1/2

Alain Chabat adore les BD et il a offert par le passé le formidable Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre. Il a la main moins heureuse avec Sur la piste du Marsupilami, un conte pour enfants franchement inégal. **1/2

Film du jour: La rivière (Renoir)

Un des films préférés de Martin Scorsese, The River est le retour en grande forme de Jean Renoir après un passage pas toujours concluant aux États-Unis. Tourné en couleurs en Inde avec des comédiens souvent non-professionnels, le récit est un vibrant hommage à cette culture orientale. Le récit a peut-être un peu vieilli (normal, le long métrage original a pris l'affiche en 1951 et ce mélange d'histoires d'amour à quatre et de narration presque sociologique et didactique est maintenant la norme), mais il se regarde encore avec bonheur et fraîcheur. Seulement pour les images, qui y sont extraordinaires. ****1/2

lundi 19 novembre 2012

Film du jour: Bob le flambeur

Influence des deux Ocean's Eleven et inspiration directe de The Good Thief, Bob le flambeur de Jean-Pierre Melville dépasse aisément ces versions grâce au soin apporté à ses ambiances et à ses atmosphères. Le cinéaste prend le temps de camper ses personnages, de leur donner des motivations et de la profondeur, soignant au même moment sa mise en scène. Du coup, l'étude psychologique verse lentement vers le suspense, élégant sans être infernal, qui est accompagné de joyeuses touches humoristiques. Le résultat n'est peut-être pas toujours immédiat, mais il ne manque vraiment pas de classe. ****

dimanche 18 novembre 2012

Film du jour: Le Cri (Il Grido)

Avant d'être ce grand cinéaste obnubilé par la forme (ce qui lui a permis d'accoucher de nombreux chefs-d'oeuvre importants du septième art), Antonioni a déjà été un réalisateur qui a brillamment mis en scène des films phares issus de la vague du néoréalisme. De ce côté, il n'a pratiquement rien fait de mieux que Le Cri en 1957, ce récit d'errance sur un homme en quête de sens qui marche de village en village avec sa jeune fille pour tenter d'oublier son amante qui vient de le quitter. Avec ses tons de gris et sa mélancolie infinie, ce récit extrêmement triste mais jamais larmoyant véhicule un lot incroyable d'émotions, qui déferlent lors de cette finale qui sera difficile à oublier. Contrairement à son habitude, ce sont les sentiments et non l'intellect du cinéphile qui sont d'abord mises à contribution, ce qui permet à ce mélo de très grande classe d'être dans un registre à part dans la filmographie de son auteur. ****1/2

samedi 17 novembre 2012

Entrevue avec Christopher Heyerdahl (Twilight)

Pour accompagner ma critique du dernier Twilight, voici mon entrevue réalisée avec le très sympathique Christopher Heyerdahl, qui y incarne le Volturi Marcus.

Mon texte se retrouve dans les pages du Métro.

Film du jour: Metropolitan

Dès son premier film, le bien nommé Metropolitan, Whit Stillman aspirait à prendre la place de Woody Allen. Avec ses superbes dialogues affutés au couteau, ses délicieux personnages, sa caméra statique et sa façon de filmer amoureusement New York, il y arrivait allègrement. Il proposait également un riche combat de classes sociales dans cette analyse légère et caustique d'un club de jeunes adultes bourgeois qui accueille dans leur rang un jeune rouquin différent. S'ensuit alors des délicieuses escapades nocturnes amoureuses et spirituelles. Quiconque aime les oeuvres verbeuses risquent d'y prendre leur pied. ****

vendredi 16 novembre 2012

Lincoln (Critique)

Film ambitieux sur le plus célèbre président américain, Lincoln de Steven Spielberg est loin d'être au point. S'il y a plusieurs éléments intéressants (comme l'apport de la majorité des interprètes), son caractère verbeux  et académique en laissera plusieurs de glace.

Ma critique complète se trouve sur le site de Cinefilic.

Film du jour: Secret Sunshine

Moins flamboyant que ses compatriotes coréens, Lee Chang-dong construit néanmoins une filmographie nécessaire et exemplaire. Avec Secret Sunshine, superbe mélodrame sur la nécessité de se raccrocher au monde des vivants par n'importe quel moyen, il dessine avec beaucoup d'habileté le destin d'une mère épeurée. D'une belle lenteur, parsemée de symboles qui ne sont pas trop lourds et s'amusant à jouer avec la prévisibilité de son récit, cette oeuvre froide se réchauffe progressivement grâce aux thèmes déployés et à la performance de haut vol de son héroïne. Le chaînon manquant entre Oasis et Poetry, c'est bien ce film-là. **** 

jeudi 15 novembre 2012

Twilight : Breaking Dawn – Part 2 (critique)


Enfin! La saga Twilight est chose du passé avec la sortie de l’ultime volet, Breaking Dawn – Part 2. Dommage que cette conclusion soit un des épisodes les plus faibles de la série.

Pour deux ou trois ermites qui n’ont pas lu les populaires romans de Stephenie Meyer, l’histoire tourne autour d’une guerre de clans entre vampires. Depuis que Bella (Kristen Stewart) a été transformée en suceuse de sang et qu’elle a eu un enfant avec son époux Edward (Robert Pattinson) – au grand désarroi du lycanthrope Jacob (Taylor Lautner) qui trouve tout de même une raison pour se dévêtir -, c’est le clan des Cullen qui est menacé par les méchants Volturi. Pour seulement penser demeurer en vie et s’abreuver à la Croix-Rouge pendant leurs vieux jours, ces êtres qui brillent au soleil devront se monter une équipe de choc.

Ah, Twilight… Contrairement à Star Wars, The Lord of the Rings et peut-être même Harry Potter, les cinéphiles n’en garderont aucun souvenir impérissable. Malgré un sympathique premier volet, la sauce s’est rapidement gâchée par la suite. Pourtant, l’espoir était revenu avec le premier Breaking Dawn. Dans les mains d’un vrai cinéaste (lire ici Bill Condon, à qui l’on doit les très bons Gods and Monsters, Kinsey et Dreamgirls), on sentait l’intérêt revenir lentement mais sûrement. Oui, le long métrage était assez ridicule, mais il s’assumait entièrement, avec ses regards ironiques et ses morales joyeusement rétrogrades.

Mais pourquoi donc cette suite se prend tant au sérieux alors qu’elle est si risible? L’auteure et productrice avait t-elle eu peur de perdre le contrôle sur sa poule aux œufs d’or? Peut-être bien. Du coup, on se retrouve avec le pire effort du lot, en égalité avec l’indigeste New Moon. Séparer le roman en deux n’était pas une bonne idée. Il ne se passe absolument rien ici. Outre les dialogues d’un intérêt abyssal et les situations d’un kitch consumé, l’ennui s’accapare l’écran, éteignant le jeu des comédiens. Il y a bien quelques exceptions (comme Michael Sheen qui cabotine à souhait, Dakota Fanning qui donne froid dans le dos et une apparition savoureuse de Wendell Pierce de la superbe série Treme), mais elles sont tellement rares et dispersées. Et à quoi bon présenter une douzaine de nouveaux personnages si c’est pour les montrer moins de trois fois?

En étant indulgent (mais pourquoi faut-il l’être devant la magnificence de cet art?), on peut reconnaître que ce projet n’a rien d’artistique et qu'il s’adresse seulement aux fans qui vont consommer sans rien dire en hurlant lorsque Bella et Edward vont se frotter dans le lit. Ce serait pourtant injuste. Oui, l’essai n’est pas à jeter complètement – la bataille finale fait sourire dans sa façon d’arracher le plus de têtes possibles, l’élégante partition musicale de Carton Burwell va même jusqu’à voler quelques mesures de l’excellent Mildred Pierce -, mais il aurait également pu (dû) s’arrêter à un épisode. Tout le monde s’en serait mieux porté. Surtout le couple Stewart-Pattinson, parce qu'il n’y aurait sûrement pas eu le désastreux Snow White and the Huntsman qui a fait coulé tant d’encre… et pas pour des raisons cinématographiques.

2/5

En attendant Twilight...

Afin de patienter un peu avant la sortie de l'ultime épisode de Twilight, voici un dossier sur les nombreux nouveaux personnages qui seront présents.

Mon article se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Buffet froid

Possiblement le film le plus savoureux de Bertrand Blier, Buffet Froid est une fantaisie absolument jouissive, parsemée de répliques cultes et de situations mémorables. Chronique de l'absurde d'un homme qui est entraîné dans le crime alors qu'il croît avoir tué un sans-abri, ce long métrage réglé au quart de tour est une oeuvre qui frôle le génial, divertissant de bord en bord malgré un certain flottement à mi-chemin. Complètement imprévisible, l'essai doit beaucoup à ses personnages colorés, dont Gérard Depardieu qui trouve un personnage qui lui va comme un gant. Désolé Le dîner de cons et Le prénom, mais les meilleures comédies françaises sont issues des années 1970 et 1980. ****

mercredi 14 novembre 2012

Film du jour: 3 Women

On associe généralement le cinéma de Robert Altman à ses magnifiques films chorals. Pourtant, l'important cinéaste américain est bien plus que ça. Dans 3 Women (qui est une de ses plus belles créations), il mélange rêve, réalité et fantasme pour créer un drame puissant qui plaira à coup sûr aux disciples de David Lynch. En faisant rencontrer deux filles en quête d'amour et d'attention, il arrive à jouer avec toutes les possibilités de ce spectre, fascinant allègrement au passage. Surtout, il utilise les possibilités du septième art (sa photographie est superbe, son utilisation de la musique est sidérante) et d'un symbolisme chargé d'iconographies pour pénétrer l'âme de ses personnages. Ce qui en ressort est d'une beauté infernale. ****1/2

mardi 13 novembre 2012

DVD : The Queen of Versailles, Brave, 2 Days in New York, Savages, Elles, Liverpool,

Après avoir vu James Bond deux ou trois fois, le commun des mortels est prêt à autre chose. C'est là que débarquent les nouveautés Blu-ray et DVD!

Cette semaine, le titre le plus intéressant est The Queen of Versailles de Lauren Greenfield, un documentaire édifiant sur un couple de riches qui ne sait pas comment affronter la crise économique. Une brillante satire du rêve américain. ***1/2

Pixar aurait-il perdu la main? Après le décevant Cars 2, la fabuleuse compagnie est de retour avec Brave, une magnifique fresque au scénario assez creux sur une jeune rouquine en quête d'émancipation. Gentil, tout au plus. ***

On avait beaucoup aimé 2 Days in Paris de Julie Delpy, mais sa suite 2 Days in New York laisse un peu de glace avec ses clichés et ses personnages stéréotypés. Quelques bons gags n'arrivent malheureusement pas à sauver la mise. **1/2

Oliver Stone renoue avec le divertissement sans conséquence avec Savages, ce long métrage tape-à-l'oeil mais ultimement vide de sens sur deux amis drogués qui sont des experts pour se mettre dans le pétrin. Stylisé, politiquement incorrect mais beaucoup trop long. Au moins, les suppléments du disque Blu-ray méritent le détour. **1/2

Avec son sujet attrayant (la prostitution chez les étudiantes) et la présence lumineuse de Juliette Binoche, il était normal d'avoir des attentes envers Elles. Sauf que l'effort de Malgorzata Szumowska déçoit dans sa façon de demeurer en surface, dans l'anecdote. **1/2

Première réalisation de Manon Briand depuis des lunes, Liverpool s'amuse à mélanger des genres disparates à travers le destin de personnages extrêmement naïfs. Dommage qu'on embarque pratiquement jamais, parce que l'interprétation est trop inégale et la finale, extrêmement moralisatrice. **

Film du jour: Bunny Lake is Missing

Suspense psychologique particulièrement prenant qui sait tenir en haleine jusqu'à la fin, Bunny Lake is Missing d'Otto Preminger raconte une histoire cauchemardesque, soit la disparition d'un enfant et ses conséquences sur sa mère. Avec sa fine réalisation et ses interprètes incroyablement convaincus, le récit captive intelligemment. Et même si l'ensemble se devine assez facilement, l'intérêt ne décroit en aucun moment. ****

lundi 12 novembre 2012

Film du jour: Il Generale Della Rovere

Roberto Rossellini n'est pas seulement le père du néoréalisme. Il est également l'auteur d'autres films merveilleux et marquants, comme Il Generale Della Rovere où il a demandé au grand Vittorio De Sica d'incarner un homme sans scrupule qui abuse de la foi des gens pendant la Seconde Guerre mondiale et qui devra apprendre à prendre position dans ce conflit sanglant. Réalisé avec précision, interprété avec conviction, ce puissant drame divisé en deux parties distinctes se veut un brûlot politique sur l'engagement et le sacrifice, et il est d'autant plus d'actualité à une époque où la neutralité a bien meilleur goût. ****1/2

dimanche 11 novembre 2012

Film du jour: L'ordre et la morale

Inédit au Québec et censuré en France, L'ordre et la morale de Mathieu Kassovitz retrace le soulèvement de la population en Nouvelle-Calédonie - territoire français - en 1988. Réalisé comme un film d'action américain mais avec plus de substances que d'habitude, ce récit musclé peut paraître naïf, moralisateur et manipulateur. Et il l'est. Sauf que sa charge mérite le détour dans sa façon de rappeler des faits oubliés de tous. Et puisqu'il s'agit de la meilleure réalisation de son auteur depuis le culte La haine, il faudra en profiter pendant que Cinemania le diffuse. ***

samedi 10 novembre 2012

Film du jour: Renoir

Présenté aujourd'hui à Cinemania (et au mois de mars ou avril prochain dans les salles régulières de la Belle Province), Renoir de Gilles Bourdos retrace les derniers mois du célèbre peintre. Bien fait mais sans audace ni génie, composant ses images comme des tableaux sans nécessairement y insuffler l'âme d'une Séraphine, cette élégante production aux dialogues parfois trop écrits bénéficie d'une magnifique photographie et de bons comédiens, dont la lumineuse Christa Theret. Dans le cadre de la sortie du long métrage au Québec, je me promets de revenir sur le sujet avec une entrevue avec la jolie actrice. ***

vendredi 9 novembre 2012

Entrevue Fernand Dansereau pour Le vieil âge et le rire

Émouvant documentaire sur la vieillesse, Le vieil âge et le rire est réalisé par l'expérimenté cinéaste québécois Fernand Dansereau.

J'ai pu m'entretenir avec le réalisateur et il y a quelques semaines qui m'a accueilli à ses bureaux de l'INIS.

Mon entrevue se trouve dans les pages du Métro.

Films du jour: Love and Bruises, Voie rapide, Madame Solario

Un des meilleurs films présentés à Cinemania cette année, Love and Bruises porte indéniablement la marque de son cinéaste Lou Ye, dans sa façon de se coller au corps humain et de développer une intrigue forte en bouche, dérangeante et intransigeante. En s'attardant au destin d'une femme en manque d'amour, il dresse brillamment le portrait de classes sociales, de gens qui ont tout pour réussir mais qui se font gruger de l'intérieur par la jalousie. ****

Premier film qui débute pratiquement de la même façon que le supérieur Trois mondes - les conséquences d'un délit de fuite - pour s'en aller ailleurs, Voie rapide de Christophe Sahr manque de finition, surtout au niveau de sa trame narrative plus ou moins bien élaborée qui est chiche en scènes réellement fortes. Et lorsque c'est le cas, le scénario propose autre chose - jamais la bonne chose -, ce qui est un peu fâcheux. On a beau se rattacher à la beauté des images et à la présence des comédiens, rien n'y fait. **

De mémoire, le précédent long métrage de René Féret, Nanneri la soeur de Mozart, comportait de beaux moments de cinéma. Dommage que le cinéaste soit tombé en panne pour Madame Solario, une oeuvre verbeuse et superficielle sur un frère et une soeur qui finissent bien malgré eux à détruire tout ce qui les entoure. L'interprétation figée et les personnages chancelants ne rendent pas l'intrigue très crédible, et il faudra pratiquement attendre à la toute fin pour soutirer un peu de chair de cette production plastique. **

jeudi 8 novembre 2012

Films à voir d'ici Noël

Noël cogne déjà à la porte! Pour bien se préparer, j'ai dressé une liste des films à ne pas manquer d'ici là.

Mes choix se retrouvent sur le site de Cineplex.

Films du jour: Trois mondes et Une Estonienne à Paris

Dans la programmation d'aujourd'hui de Cinemania, Trois mondes sort du lot. Nouveau long métrage de Catherine Corsini (Partir), cette histoire à trois embranchements montre les conséquences d'un délit de fuite sur l'entourage de la victime, du bourreau et d'une témoin gênante. Réalisé avec élégance, misant sur une belle distribution et des thèmes salvateurs (la rédemption, la culpabilité, le désir de vengeance), le récit intéresse malgré un scénario quelque peu capricieux qui n'évite pas les lieux communs. Reste que l'ensemble tient plutôt bien la route. ***

Dans un autre genre d'idées, Une Estonienne à Paris de Ilmar Raag est un beau portrait de femmes, celui d'une Estonienne qui quitte son pays pour s'installer à Paris, et celui de la femme acariâtre qu'elle s'occupera. La réalisation fine à la photographie soignée et l'interprétation douce-amère jouent pour beaucoup dans la modeste réussite de l'entreprise. Parce qu'il faut avouer que le rythme est ankylosé et que l'histoire guère élaborée demeure parfois en surface. ***

mercredi 7 novembre 2012

Films du jour: J'enrage de son absence (et La dernière séance)

Cinemania bat son plein jusqu'à dimanche. On peut voir aujourd'hui le très beau drame J'enrage de son absence, le premier long métrage de fiction de Sandrine Bonnaire qui s'intéresse à la dérive d'un homme endeuillé par la mort de son enfant. Sobre, prenant et magnifiquement défendu par de bons comédiens, l'ensemble s'élève malgré une finale plus ou moins convaincante. ***1/2

Au rayon du film de genre, Dernière séance de Laurent Achard intrigue pour ultimement lasser au bout de ses 80 longues minutes où il ne se passe rien. Cette histoire de projectionniste qui tue des femmes (bonjour l'hommage à Psycho!) est abordée avec superficialité, et même si la mise en scène peut compter sur des angles étudiées et une magnifique photographie, rien ne ressort de cette belle coquille vide. **

mardi 6 novembre 2012

DVD : Tomboy, Calimero, Dark Horse, 360, Arthur Christmas

Alors que les festivals de cinéma se chevauchent à Montréal, les sorties en dvd et en blu-ray se veulent plutôt discrètes.

Ce n'est toutefois pas une raison pour passer à côté de Tomboy, magnifique film de Céline Sciamma (La naissance des pieuvres) sur une fillette qui s'habille en garçon pour se faire des amis. ****

L'ami des tous petits, Calimero, arrive dans le confort de la maison dans une très jolie collection six disques! Cela en fait des heures de plaisirs avec le poussin le plus chou de la planète! ****

Inédit en salles au Québec, Dark Horse est un Todd Solondz en petite forme, qui égratigne le confort de la  société américaine à grand coup de dialogues mordants. Rien de très original, mais cela fait toujours du bien. ***

Fernando Meireilles (Cité de Dieu) s'essaye au film choral avec 360, un long métrage ambitieux mais un peu pompeux sur le hasard, les circonstances et l'effet papillon. On est assez loin de Babel. **1/2

Noël arrive à grand pas. Ce n'est pas une raison pour infliger aux petits comme aux grands Arthur Christmas de Sarah Smith et Bary Cook, une animation pas très jolie à regarder et rarement drôle. À éviter. **

Film du jour: 38 témoins

Lucas Belvaux était peut-être un bon acteur, mais il est surtout un excellent réalisateur. Dans son dernier film, 38 témoins, il dépoussière un ancien fait divers, celui où de nombreux hommes et femmes qui ont vu un crime ont décidé de se taire. Une prémisse qui donne froid dans le dos et qui est développée intelligemment, à coup de dialogues incisifs et d'interprétations fortes (d'Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia...). La mise en scène clinique est bien adaptée au sujet et le suspense - plus psychologique que policier - tient très bien la route. ***1/2

lundi 5 novembre 2012

Film du jour: Berlin Telegram

Premier long métrage extrêmement prometteur qui finit toutefois par tourner en rond et à être un peu répétitif, Belin Telegram de Leila Albayaty est un film minimaliste sur une femme au coeur brisé qui décide de déménager ses pénates en Allemagne pour recoller les morceaux. Doté d'une narration généreuse et d'une belle poésie, l'essai mise davantage sur ses agréables images et sa formidable musique pour faire avancer le récit que sur l'histoire elle-même. On sent parfois l'exercice de style, ce qui n'empêche pas d'être intrigué par cet effort qui s'avère cependant trop long malgré ses 80 petites minutes. Peut-être est-ce la faute de la finale, qui ne sait pas comment bien conclure. ***

dimanche 4 novembre 2012

Film du jour: La clinique de l'amour

Il n'y a pas seulement des drames sérieux à Cinemania. Il y a aussi des comédies burlesques. C'est dans cette catégorie qu'il faut classer La clinique de l'amour d'Artus de Penguern, sorte de sitcom volontairement kitch qui se moque de tous les Feux de l'amour de l'univers. On oublie l'histoire, on grossit les personnages, on plogue le rythme sur le 300 volts et on obtient un long métrage pas très cinématographique et assez répétitif, qui fait tout de même sourire en quelques occasions. C'est déjà plus qu'espéré. **1/2

samedi 3 novembre 2012

Tout ce que tu possèdes, The Sessions, The Man With the Iron Fists,

Il y a plusieurs beaux films cette semaine au cinéma. Mieux vaut en profiter, avant le raz-de-marrée James Bond la semaine prochaine...

Bernard Émond continue à faire du cinéma de gravité avec Tout ce que tu possèdes où il donne le véritable sens au mot «dépouillement». Peut-être moins âpre et austère que ses précédentes pièces d'orfèvre, avec de l'émotion plus à l'avant-plan et un sens plus aiguisé vers la littérature et la culture slave, cet effort très touchant interprété par d'excellents comédiens convainc malgré quelques passages plus forcés, des dialogues qui peuvent manquer de subtilité et des métaphores parfois trop évidentes. ***1/2

Comment assouvir ses fantasmes après une terrible maladie qui nous a laissé handicapé? C'est ce que cherche à découvrir le touchant The Sessions de Ben Lewin. Tourné comme un documentaire, avec de l'humour qui remplace le mélo d'usage, cet essai léger et sans prétention est dominé par des comédiens inspirés, notamment John Hawkes qui recevra probablement une nomination aux Oscars, et la trop rare Helen Hunt. ***1/2

Le rappeur RZA devient cinéaste le temps de The Man With the Iron Fists, un hommage inspiré aux classiques de la Saw Brothers. Cette fois, il y a plus d'effets spéciaux et également d'hémoglobine dans cette prémisse volontairement brouillonne où tout ce qui compte sont les affrontements musclés et les chorégraphies de la mort. Un plaisir coupable qui fait du bien, et qui montre le talent de Russell Crowe sous un jour nouveau. ***

C'est tout pour le moment. Il va falloir se reprendre dans une entrée ultérieure pour Elles, Flight et Wreck-It Ralph.

Film du jour: Thérèse Desqueyroux

Ultime film du cinéaste Claude Miller, Thérèse Desqueyroux est un drame très classique sur une femme en quête d'émancipation qui se venge de son manque d'amour sur son mari. Réalisé avec soin, interprété avec classe (Audrey Tautou y est excellente), le récit demeure cependant très prévisible, l'adaptation du célèbre roman ayant été fait avec talent mais sans génie. Il en demeure toutefois un long métrage qui se regarde avec intérêt mais qui ne marque pas autant que le précédent Je suis heureux que ta mère soit vivante du même créateur. ***

vendredi 2 novembre 2012

Entrevue avec Bernard Émond pour Tout ce que tu possèdes

Bernard Émond est probablement le cinéaste le plus constant du Québec. À peu près tous les deux ans, il continue à explorer ce sentiment de perte qui afflige l'être humain.

Le voici de retour avec Tout ce que tu possèdes, qui raconte l'histoire d'un homme qui décide de refuser un riche héritage de son père.

J'ai pu parler au toujours très intéressant réalisateur et mon entrevue se retrouve dans les pages du Métro.

Film du jour: Garde à vue

Un des meilleurs films du regretté Claude Miller, Garde à vue est un passionnant huis clos où Lino Ventura, Michel Serrault (et parfois même Romy Schneider) se livrent des duels incendiaires sous fond de crimes et de mensonges. Écrit par le maître Michel Audiard et mis en scène avec un grain soin technique, le long métrage fascine et tient en haleine. À redécouvrir aujourd'hui à Cinemania. ****

jeudi 1 novembre 2012

En attendant The Man With the Iron Fists

En attendant la sortie de The Man With the Iron Fists, le très attendu premier film du compositeur RZA qui mélange culture hip-hop et longs métrages de kung fu des années 1970, voici quelques faits intéressants sur cette production qui est présentée par Quentin Tarantino.

Mon article se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: De rouille et d'os

Cinemania lance ses festivités en grand avec la présentation de De rouille et d'os, l'excellent nouveau film de Jacques Audiard. Sans atteinte le sommet d'Un prophète, ce grand admirateur du cinéma américain propose un mélodrame réglé au quart de tour, avec son émotion à l'avant-plan et des prestations d'acteurs incroyables (Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts crèvent l'écran). Le récit révèle peut-être peu de surprises et la finale est sirupeuse à souhait, cela n'empêche pas d'être rivé à l'écran. ****