mercredi 29 août 2012

Critique: Lawless


Testostérone et grande violence font bon ménage dans «Lawless», un film de gangsters pas toujours original qui peut compter sur une distribution en or et une réalisation soignée. Le sang va couler à flot, c’est garanti!

En ces temps de prohibition, vendre de l’alcool est un métier risqué. Trois frères (Tom Hardy, Shia LaBeouf, Jason Clarke) l’apprennent à leur dépend lorsqu’un policier étranger (Guy Pearce) tentent de leur faire la peau.

Adaptation cinématographique du roman «The Wettest Country In the War» où l’auteur Matt Bondurant s’est librement inspiré de la vie de son grand-père, «Lawless» s’apparente à un western crépusculaire où la morale est un concept très relatif. Il n’y a que des méchants dans cette histoire et pour régler leurs différents, ils sortiront les armes à feu. Oui, le long métrage est violent, sadique même. Plusieurs scènes sont difficiles à supporter. Mais fallait-il s’attendre à autre chose de ce pensum sur la loi et l’ordre? Derrière ces morts et ces blessés se tissent une réflexion sur le rêve américain, le pouvoir et l’argent. La prémisse peut rappeler de vieux opus de John Ford ou de Hudson Hawkes, mais le développement et la narration ne peuvent qu’évoquer Martin Scorsese. En fait, l’effort aurait pu être tourné il y a une décennie avec Leonardo DiCaprio en tant que tête d’affiche.

En 2012, Leo n’est pas là, mais Shia LaBeouf a pris sa place. Le comédien n’a jamais prouvé qu’il pouvait jouer, ce qui peut surprendre qu’il soit si juste et à l’aise. Oui, son rôle – beaucoup trop parfait et charismatique – est le moins profond du lot. Il sert à guider le spectateur dans les arcanes de l’époque, à l’initier aux rouages de son destin où il deviendra avant la fin un véritable homme. Cela n’empêche pas l’acteur de s’acquitter correctement de sa job, même lorsque la romance prend de plus en plus de place (les moments avec la ravissante Mia Wasikowska se laissent regarder sans trop de difficulté). Ce duo doit cependant s’éclipser pour faire place aux vrais hommes – et femmes – de la situation. Tom Hardy et Jessica Chastain (qui campe une tenancière de bar au passé trouble) sont les deux plus belles découvertes des dernières années et ils offrent des prestations incendiaires. C’est toutefois Guy Pearce qui leur vole la vedette en méchant cauchemardesque. Le seul véritable bémol se trouve du côté du toujours excellent Gary Oldman que l’on voit beaucoup trop peu.

Mis en scène avec finesse par John Hillcoat qui est déjà passé par là (avec son supérieur «The Proposition» en 2005) et porté par une trame sonore rugueuse de Nick Cave - qui a également conçu le scénario - et de Warren Ellis (qui aurait toutefois mérité à être plus instrumentale, la plupart des tubes extérieurs s’avérant superflus), «Lawless» ne fait pas dans le demi-mesure même s’il révèle quelques surprises au tournant. Derrière tout ce bruit et cette rage, ce sont les fondements de l’Amérique qui s’écroulent et qui se reconstruisent à nouveau. Un mythe indestructible fondé sur l’union, la famille et la force.

3,5/5

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