lundi 17 juin 2019

An Elephant Sitting Still

Le cinéaste chinois Hu Bo a peut-être réalisé un seul long métrage avant de se suicider, mais il s'agit d'une oeuvre immense qui répond au doux nom de An Elephant Sitting Still. (Capricci)

C'est quoi? Les destins de quatre personnes vivant dans une ville post-industrielle sont affectés à jamais après un terrible accident.

C'est comment? Quel film chorale implacable, à la mise en scène gigantesque, qui traque le mal-être sans jamais se défiler! L'interprétation est irréprochable et la longue durée du récit (3h45) permet de mieux rendre compte du désarroi des âmes.

Et pourtant? Quand ça va mal, ça va mal. Un pessimiste qui risque de peser chez certains cinéphiles.

Techniquement? La photographie volontairement grise est parfaitement mise en valeur par une image détaillée. La musique délicate n'entrave jamais les enceintes audio, d'une précision chirurgicale.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray et deux dvd. On y retrouve comme bonus l'exquis court métrage Man in the Well de Hu Bo, ainsi qu'une introduction forte en gueule de Béla Tarr (les liens sont évidents entre les deux oeuvres) et une fascinante analyse du philosophe Jacques Rancière. Un très intéressant livret figurant dans le boîtier regroupe la nouvelle originale, une biographie du cinéaste, une courte entrevue en sa compagnie et une critique assez juste du film.

Au final? À classer parmi les plus grands opus de 2018, An Elephant Sitting Still ébranle les certitudes à chaque nouveau visionnement. En plus d'être une incroyable leçon de cinéma (autant sur le plan de la forme extrêmement travaillée avec ses longs plans séquences que du fond qui est un véritable cri du coeur), il s'agit certainement d'un des meilleurs premiers longs métrages de l'histoire du septième art. À découvrir sans faute.

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