Choix et prédictions César

La 50e cérémonie des César se déroule ce soir. Comme à chaque année, voici mes choix personnels et mes prédictions.

Meilleur film

Prédiction: Emilia Pérez

Choix: Miséricorde

Meilleure réalisation

Prédiction: Jacques Audiard (Emilia Pérez)

Choix: Boris Lojkine (L'histoire de Souleymane)

Meilleur acteur

Prédiction: Pierre Niney (Le comte de Monte Cristo)

Choix: Karim Leklou (Le roman de Jim)

Meilleure actrice

Prédiction: Hélène Vincent (Quand vient l'automne)

Choix: Hafsia Herzi (Borgo)

Meilleur acteur dans un second rôle

Prédiction: Laurent Lafitte (Le comte de Monte Cristo)

Choix: Jacques Develay (Miséricorde)

Meilleure actrice dans un second rôle

Prédiction: Élodie Bouchez (L'amour ouf)

Choix: Catherine Frot (Miséricorde)

Meilleure révélation masculine

Prédiction: Abou Sangaré (L'histoire de Souleymane)

Choix: Abou Sangaré (L'histoire de Souleymane)

Meilleure révélation féminine

Prédiction: Mallory Wanecque (L'amour ouf)

Choix: Maïwène Barthelemy (Ving Dieux)

Meilleur scénario original

Prédiction: Miséricorde

Choix: Miséricorde

Meilleure adaptation

Prédiction: Le comte de Monte Cristo

Choix: Emilia Pérez

Meilleur premier film

Prédiction: Vingt Dieux

Choix: Les fantômes

Meilleur film d'animation

Prédiction: Flow

Choix: Flow

Meilleur film documentaire

Prédiction: Madame Hofmann

Choix: Dahomey

Meilleur film étranger

Prédiction: Anora

Choix: La zone d'intérêt

Film du jour: Les perdants

Les perdants de Jenny Cartwright fait oeuvre utile en montrant tout ce qui va mal dans le système électoral québécois. Même si la facture de l'ensemble relève davantage du reportage journalistique et que l'ensemble s'avère quelque peu simpliste, le documentaire sait traiter d'enjeux importants en demeurant accessible, pertinent... et même divertissant. En salle. ***

Film du jour: Le procès du chien

Une avocate tente de sauver un chien de l'euthanasie dans Le procès du chien, le premier long métrage de l'actrice Laetitia Dosch. À partir d'une prémisse sociale et rigolote, le scénario ratisse beaucoup trop large, se perdant au sein de ses thèmes et de son type d'humour inégal. La distribution séduit aisément (au retrouve même Anne Dorval en antagoniste), mais la mise en scène, elle, manque de souffle et d'éclat. **1/2

Film du jour: La famille Hennedricks

La France a décidément beaucoup aimé Little Miss Sunshine. Après Nous, les Leroy, c'est au tour de La famille Hennedricks de Laurence Arné d'en offrir une nouvelle version désincarnée. Manque de pot, rien ne fonctionne dans cette production, ni l'humour stérile, ni l'émotion empruntée, à l'image de ces numéros musicaux plaqués censés sauvés la famille. Quand l'acteur le plus nuancé du lot est Dany Boon, il y a forcément un problème. En salle vendredi. **

Film du jour: Okiku and the World

Okiku and the World de Junji Sakamoto est un drôle de film. Il s'agit d'une oeuvre techniquement très soignée (la superbe photographie en noir et blanc laisse quelques éclaircis de couleurs) qui aborde des thèmes importants (solitude, solidarité) avec ses comédiens convaincus. Mais en même temps, le scénario extrêmement répétitif traite toujours de toilette, d'excréments et de défécation. Un humour bien noir qui finit par lever le coeur. À découvrir via Film Movement. **1/2

Film du jour: Rêver en néon (RVQC)

Les Rendez-vous Québec Cinéma présente aujourd'hui Rêver en néon de Marie-Claire Marcotte, une fiction adorable sur les tribulation d'une enfant de huit ans qui aimerait revoir sa mère. À partir d'une prémisse éprouvée, le scénario amène émotions et poésie, et bien que le ton fragile oblige la caméra à se rapprocher de ses sujets (la jeune Maélya Boyd est une véritable force de la nature et ne fait qu'une bouchée de ses partenaires de jeu), la mise en scène ne manque pas d'impact, notamment dans ces moments plus emballant rappelant The  Florida Project. Présenté ce soir et le 1er mars au FIFEM. ***

Film du jour: Viêt and Nam

Viêt and Nam de Truong Minh Quy est sans aucun doute l'un des plus beaux titres que l'on pourra voir cette année au cinéma. Il s'agit d'une histoire d'amour bouleversante contaminée par le temps, où le passé agit comme un fantôme insaisissable, comme chez Apichatpong Weerasethakul. Un temps que l'on ressent également physiquement, par une mise en scène implacable ponctuée de longs plans statiques, qui demande un apport aux cinéphiles pour plonger dans ce joyau qui recèle tant de beautés. Présenté aujourd'hui, le 27 février et le 1er mars au Cinéma Public. ****

The Monkey (critique)

À partir de la nouvelle The Monkey de Stephen King, Oz Perkins (Longlegs) a pondu une comédie noire, absurde et violente, intéressante quand vient le temps de faire la peau à un personnage mais quelque peu lassante dans sa durée. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***

Film du jour: Crise d'ado

La bonne nouvelle, c'est que tous les films québécois destinés aux enfants et aux ados ne se ressemblent pas (on pouvait pourtant en douter après les consensuels Mlle Bottine et La petite et le vieux). La mauvaise, c'est qu'en s'essayant à l'humour outrancier et aux gags douteux, Crise d'ado de Marc-André Lavoie peine à convaincre. En cause, un scénario superficiel et souvent paresseux, des interprètes inégaux et une mise en scène qui cadre rarement avec ce qui est raconté. En salle. ** 

Film du jour: Parthenope

Paolo Sorrentino aime décrire le parcours d'un personnage hors du commun en le comparant à une ville et en le suivant sur plusieurs décennies. C'est le cas de la magnifique Parthenope qui habite Naples et qui tentera de se frayer un chemin dans une société dominée par les hommes. L'ensemble n'est pas sans rappeler son chef-d'oeuvre La grande beauté. Dommage que le récit superficiel tourne à vide, un peu comme si le cinéaste italien se parodiait en offrant des images léchées évoquant des annonces de parfum. Et que dire de son regard sur son sujet, qui n'est pas toujours éloigné de celui du vieux mononcle vicieux. L'effort s'améliore toutefois dans la seconde partie et sa mise en scène demeure, comme toujours, éblouissante. En salle. **1/2

Film du jour: Eat the Night

Obnubilé par un jeu vidéo, un frère et une soeur doivent affronter le monde extérieur dans Eat the Night de Caroline Poggi et Jonathan Vinel, un récit hybride inégal mais non dénué d'intérêt et d'émotions, porté par ses valeureux interprètes et bercé de nombreuses influences (dont à Hou Hsiao-Hsien, James Gray et la série The Wire). En salles demain. ***

Film du jour: Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois

Il fallait un certain culot pour adapter avec de véritables animaux le livre qui a façonné la plus célèbre animation de Disney. Conçu pour les petits à grand coup d'anthropomorphisme, Bambi, l'histoire d'une vie dans les bois de Michel Fessler se révèle par moments enchanteur (gracieuseté des décors naturels et de la narration de Mylène Farmer), quoique le rythme relâché et le manque de péripétie le rapproche davantage du simple documentaire animalier. En salle dès vendredi. ***

Film du jour: La lune de Jupiter

Un immigrant illégal réfugié en Hongrie se révèle avoir des pouvoirs spéciaux. Telle est la prémisse inusitée de La lune de Jupiter (2017) qui ne remplit jamais son plein potentiel. La mise en scène complètement cinglée de Kornel Mundruczo (White God) multiplie les spectaculaires plans-séquences jusqu'à plus soif. Ce n'est toutefois pas suffisant pour oublier l'intrigue simpliste et l'interprétation inégale. **1/2

Film du jour: Blue Giant

Adapté des mangas à succès, Blue Giant de Yuzuru Tachikawa s'avère une animation rassembleuse sur la nécessité de croire en ses rêves et de travailler en équipe. Malgré ses quelques naïvetés, ses personnages stéréotypés et ses situations tire-larmes, le récit célèbre le pouvoir de la musique jazz, confiant ses mélodies à la virtuose Hiromi. L'esthétisme en place est si séduisant qu'il ne fait qu'une bouchée des conventions. ***

Film du jour: Riot in Cell Block 11

À la fois divertissement carcéral et drame social, Riot in Cell Block 11 de Don Siegel en impose. Le film qui fête cette année son 70e anniversaire n'est peut-être pas le plus crédible, ce qui ne l'empêche pas d'être implacable et de séduire, autant par son interprétation vigoureuse que le grand soin apporté à sa photographie. ***1/2 

Critique: Captain America: Brave New World

Que vaut Captain America: Brave New World, le 35e film de l'univers de Marvel qui prenait l'affiche hier le jour de la... Saint-Valentin?! Ma critique est à lire sur Cinoche.

Film du jour: Elephant

Chef d'oeuvre incontestable de Gus Vant Sant, Elephant (Palme d'Or en 2003) est un film qui n'a pas pris une ride. Cette réflexion pénétrante sur le quotidien d'adolescents et les tueries aux États-Unis demeure d'un grand pouvoir d'évocation, notamment par sa mise en scène prodigieuse où les plans séquences représentent ces destins en mouvement. ****1/2

Film du jour: My Bloody Valentine (1981)

Pour une Saint-Valentin qui sort des sentiers battus, on voudra certainement se replonger dans My Bloody Valentine, le slasher réalisé par George Mihalka en 1981. Pas qu'il s'agit d'un film révolutionnaire, bien au contraire. La prémisse prévisible et l'interprétation inégale en font une vue assez quelconque. Pourtant, le récit ne manque pas d'ambition et de dérision, sortant quelque peu des clichés afin de parler de la vie difficile dans les petites villes minières. **

Film du jour: En fanfare (critique)

Fratrie et déterminisme social font bon ménage dans En fanfare, une oeuvre attendrissante signée par Emmanuel Courcol. L'ensemble conventionnel et prévisible ne paye peut-être pas de mine sur le plan scénaristique ou stylistique, mais il ne manque pas de bons sentiments, de mélodies émouvantes et il est porté par des acteurs épatants, la révélation Pierre Lottin en tête. Ma critique. ***1/2

Film du jour: Medicine for Melancholy

Bien avant Moonlight, Barry Jenkins avait réalisé Medicine for Melancholy (2008), un premier film savoureux à bien des égards. Ce qui aurait pu être une charmante comédie romantique (la mise en scène soignée ne manque pas de sensualité et l'interprétation s'avère naturelle) est doublée d'une réflexion sur l'identité, le racisme et l'embourgeoisement, conférant un supplément d'âme à cette production un brin appuyée qui n'annonçait que le meilleur pour la suite des choses. ***1/2

Film du jour: The Conversation

Apocalypse Now ou les deux premiers Godfather? Et si le plus grand film de Francis Ford Coppola était The Conversation? Plus minimaliste, ce chef-d'oeuvre s'ancre dans l'Amérique paranoïaque des années 1970. La riche intrigue est souvent un prétexte à un tour de force technique jamais flamboyant, autant au niveau du montage que dans cette façon incroyable d'utiliser le son et les images. Gene Hackman n'aura jamais été aussi juste que dans cette figure solitaire et fataliste qui semble émaner d'une création de Melville. L'ambition, c'est bien. Mais au final, c'est cette mélancolie que l'on retient. *****

Film du jour: Liverpool

Avant ses monumentaux Jauja et Eureka, Lisandro Alonso avait réalisé Liverpool (2008), sur le retour au pays d'un marin qui renoue avec ses parents. Fascinante mais hermétique, cette odyssée minimaliste à la photographie souvent fulgurante prend tout son temps pour faire dévier son sujet, embrassant goulûment le détour en nature. Bien que frustrant, le résultat n'en n'est pas moins hypnotisant. ***1/2

Critique: Heart Eyes

Si le discours méta de Scream portait sur les films romantiques plutôt que les suspenses horrifiques, cela ressemblerait sans doute à Heart Eyes. En mélangeant les genres, le long métrage sanglant de Josh Ruben séduit et divertit, versant toutefois de plus en plus dans le n'importe quoi. Ma critique complète est à lire sur Cinoche. ***

Film du jour: Dark Nuns

La mode est aux films d'exorcisme et de religieuses. Il y a toutefois peu de productions qui valent le détour. Ce n'est malheureusement pas le cas de Dark Nuns de Kwon Hyeok-jae qui ressasse tous les clichés du genre. En plus d'être confus, le récit manque de frissons et de suspense. Mais comme tous longs métrages sud-coréen, la mise en scène de qualité, à la photographie extrêmement soignée, arrive à maintenir l'intérêt, bien que l'ennui finit par triompher. En salle. **

Film du jour: Bring Them Down

Difficile d'établir un climat plus morose et austère que Bring Them Down de Christopher Andrews, qui fait resurgir la rivalité entre deux familles de bergers irlandais. La violence est à l'honneur et le récit, même s'il n'est pas le plus profond et original, permet à ses archétypes de tâter le mythologique. Les interprètes convaincus offrent des jeux intenses et la mise en scène en deux temps (l'effet Rashomon) est bercée d'une photographie souvent étonnante. ***1/2

Film du jour: Kidnapping Inc.

Sélection d'Haïti aux Oscars, Kidnapping Inc. est une drôle de proposition de Bruno Mourral. Révéler les maux du pays à travers d'enlèvements qui tournent mal est une chose. Mais de le faire en utilisant la parodie la plus élémentaire, celle qui fait rarement mouche, en est une autre. Le film se transforme ainsi en farce violente et grotesque, qui lorgne n'importe comment dans l'univers des frères Coen. En salle. **

Film du jour: Ninan Auassat: Nous les enfants

La jeunesse autochtone brille dans Ninan Auassat: Nous les enfants, le nouveau documentaire de Kim O'Bomsawin. Elle s'affiche dans sa beauté et ses périodes de doutes, sa lumière et ses moments plus sombres. La variété des sources compensent pour les quelques redondances du récit, quoiqu'une mise en scène moins télévisuelle aurait pu décupler les effets en place. ***

Film du jour: La fiancée du pirate

Une femme exploitée décide d'utiliser la sexualité pour triompher de ses adversaires dans La fiancée du pirate (1969), ce qui demeure probablement le plus beau film de Nelly Kaplan. La satire corrosive n'épargne rien ni personne, versant allègrement dans l'outrance à la Godard. Bernadette Lafont est impériale dans le rôle-titre et l'ensemble séduit amplement même s'il a un peu vieilli. ****

Film du jour: The Wild Robot

Nommé pour trois Oscars, The Wild Robot de Chris Sanders raconte la relation improbable entre un robot et un oiseau. Techniquement soigné, avec de l'humour à revendre et des personnages attachants, le dessin animé sait divertir en abordant une multitude de thèmes. Sa propension à vouloir faire pleurer - et à faire la morale toutes les dix minutes - risquent toutefois de faire soupirer les adultes... tandis que les enfants n'y verront que du feu. Le blu-ray qui en met plein la vue et les oreilles sur le plan technique comporte de nombreux suppléments de choix, dont une piste de commentaires, une introduction différente et des documentaires révélateurs. *** (Universal) 

Film du jour: Wicked

Nommé pour dix Oscars (dont celui du meilleur film), Wicked de Jon M. Chu est un divertissement haut de gamme, rappelant qu'il est possible de faire quelque chose d'intéressant avec un musical. Mais si tout le talent a été mis sur le plan technique (visuellement et musicalement, le long métrage souffle tout sur son passage), l'histoire demeure prévisible, se prenant parfois trop pour Harry Potter tout en se perdant dans de sévères redondances (l'ensemble s'échelonne sur 160 minutes et il ne s'agit que de la première partie). L'interprétation uniforme s'avère toutefois impeccable et l'édition blu-ray comporte plus de 60 minutes de suppléments. (Universal) *** 

Film du jour: Louise Violet

À partir d'un sujet inspirant (la difficile instauration de l'éducation nationale en France à la fin du 19e siècle), Éric Besnard propose avec Louise Violet un film convenu et romancé, alourdit par une voix hors champ inutile. Les intentions sont bonnes, Alexandra Lamy se donne sans compter mais l'effort sent la carte postale à plein nez, soignée mais plutôt désincarnée. En salle. **1/2

Film du jour: Dark Match

Présenté à Fantasia l'été dernier, Dark Match de Lowell Dean est un film d'exploitation qui mélange lutte et satanisme. Une idée de départ brillante qui tarde cependant à prendre son envol tant la première partie s'avère longuette et sans intérêt. Cela se replace heureusement par la suite, beaucoup plus jouissive, bien que la réalisation fauchée et l'interprétation inégale empêchent le récit de réellement marquer les esprits. En salle. **1/2