dimanche 7 septembre 2014

Film du jour: Wu Ji

Continuant dans la lignée fantastique des combats volants engendrés par Ang Lee et Zhang Yimou, le réputé cinéaste Chen Kaige perd légèrement de son lustre en offrant Wu Ji, la légende des cavaliers du vent, un magnifique divertissement baignant un peu trop dans l’eau sucrée et les morales.

Les ravages de l’amour sont perceptibles à toutes les époques. Seule et désespérée, la jeune Qingcheng fait un troc avec la Déesse du Destin Manshen : elle échange ses plaisirs amoureux futurs contre la richesse, la beauté et la sécurité. À l’âge adulte, de nombreux conquérants se battent pour son cœur. Il y a le protégé du roi, le Général Guangming (Hiroyuki Sanada), un être affable et puissant, et le Duc du Nord Wuhuan (Nicholas Tse), un individu méchant et vil qui n’hésite pas à tout détruire sur son passage. Entre les combats qui font rage et les nombreuses trahisons, c’est à se demander comment l’esclave Kunlun (Jang Dong-Gun), qui vient du Pays des Neiges, pourra faire pour rompre le charme et le sort de la personne habitant ses pensée : la jolie et énergique Quingcheng (Cecilia Cheung).

En 2000, Ang Lee a popularisé le Wuxia en Amérique du Nord avec son acclamé Crouching Tiger, Hidden Dragon. Cette histoire amoureuse se déroulant à un autre siècle comportait des combats épiques qui défiaient toutes les lois de la logique pour en mettre plein les yeux et les sens. Si le public occidental était séduit par ce rythme et ce style hors norme, ce genre de long métrage était courant en Chine. Une fois la porte de Pandore ouverte, un peu tout le monde exploitait la recette sans réel savoir faire, mais des artistes mondialement connus pour leurs drames empruntaient cette voix pour surprendre au passage. C’est le cas de Zhang Yimou avec son superbe Hero. Aidé par un casting époustouflant, il cherchait à atteindre la perfection en alliant lyrisme philosophique et décors poétiques. Un coup de maître qu’il n’a pas totalement réussi à reproduire avec son plus léger House of Flying Daggers.

Au sein de cette galère, l’empressement de retrouver Chen Kaiger derrière une œuvre du même type pouvait surprendre. Qu’est-ce que ce réalisateur d’exception, créateur d’ouvrages mémorables comme Adieu ma concubine et Terre jaune, pouvait bien y gagner? Sauf qu’en regardant ses derniers projets (Killing me Softly, Together), il est évident que l’homme derrière Roi des enfants cherchait à se racheter. À travers un divertissement honnête, il pouvait séduire. Mais son Wu Ji, la légende des cavaliers (en version originale Mo Gik et en anglais The Promise) n’est rien d’autre qu’un fantastique feu d’artifices pour les yeux sans réel intérêt pour le cerveau.

Visuellement, son dernier joujou est un chef-d’œuvre, quoique nettement inférieur à Hero. Les couleurs demeurent vives, les pétales sont de tous les instants et la qualité des effets spéciaux est plus qu’appréciable. La rétine est sans cesse dorlotée au fil de situations incroyables et de revirements qui laissent béats. La musique transpose parfaitement les émotions et les scènes d’action sont chorégraphiées de mains de maîtres. De ce côté, difficile de demander mieux.

C’est plutôt au niveau de l’histoire que Wu Ji, la légende des cavaliers du vent manque d’attrait et de saveur. Elle est sommaire, sans grande originalité et très linéaire. Le film semble souvent s’adresser aux enfants avec ces divinités et ces fantômes provenant des contes d’Homère ou de Ji Yun. La trame narrative manque de souplesse, l’importance accordée aux sentiments amoureux est encore plus horripilante que dans House of Flying Daggers et ces messages apparaissant à tous les tournants (le destin peut être changé) sont à peine supportables. Il y a également ces acteurs qui jouent un peu n’importe comment et qui n’arrivent pas à insuffler assez de magie ou de mystère à leurs personnages.


Le dernier Chen Kaige ressemble donc par moment à une version simplifiée et encore plus édulcorée de son précédent The Emperor and the Assassin. Ça crie, ça bouge dans tous les sens et il est difficile de s’ennuyer tant les sens sont exploités. Un gros divertissement à regarder avec beaucoup de pop-corn tout en prenant soin de laisser son cerveau à l’entrée de la salle. **1/2 

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