dimanche 30 septembre 2012

El Huaso, Looper, Bienvenue parmi nous, Hotel Transylvania, Won’t Back Down

Science-fiction, documentaire, animation, comédie dramatique: pratiquement tous les gens sont à l'honneur cette semaine dans les sorties cinéma.

Long-métrage émouvant sur la famille, El Huaso de Carlo Guillermo Proto est un documentaire très personnel où le réalisateur filme son père qui a l'Alzheimer. Un premier film convaincant malgré quelques répétions à mi-chemin.

Rian Johsnon en avait épaté plus d'un il y a quelques années avec son excellent Brick. Le voici de retour avec Looper où il mélange science-fiction, film noir, mélo, romance, western et encore plus de genres qui ne vont pas toujours bien ensemble. Si l'amalgame n'est pas parfait, le divertissement est assuré grâce au grand soin apporté à la mise en scène et à la distribution vigoureuse.

Depuis des années, Jean Becker construit des oeuvres sincères qui risquent à tout moment de verser dans le kitch. C'est ce qui arrivent dans Bienvenue parmi nous où il confronte deux solitudes. La prémisse n'est pas mauvaise et les comédiens jouent dans le ton, reste que la réalisation manque d'attrait et le traitement embrasse rapidement les méandres du mélo.

Animation qui aurait pu être hilarante mais qui tarde à séduire et à faire rire convenablement, Hotel Transylvania de Genndy Tartakovski est un essai très moyen que petits et grands vont oublier assez rapidement.

Production moralisatrice à outrance qui sabote son beau sujet (le combat vrai de deux femmes contre le système scolaire américain), Won't Back Down de Daniel Barnz ne mérite tout simplement pas le détour. À moins d'aimer les efforts sirupeux qui finissent par faire tourner la tête.

Film du jour: Bronson

Bien avant Drive et Vanhalla Rising, le cinéaste Nicolas Winding Refn en mettait déjà plein la vue avec Bronson, ce formidable biopic sur un des prisonniers les plus violents de la Grande-Bretagne. Avec sa mise en scène éclatée, sa trame sonore recherchée et son ton ironique, le long métrage se regarde avec un grand sourire sur les lèvres. Mais c'est surtout le jeu incendiaire de Tom Hardy qui évite que l'ensemble chute dans la farce grotesque, apportant au personnage titre une profondeur insoupçonnée. Oui, il est normal d'être un peu mal à l'aise devant une si grande violence graphique, mais il faut donner une chance à ce petit film extrêmement original qui ne ressemble à rien d'autre. ***1/2

samedi 29 septembre 2012

Entrevue El Huaso

Très beau documentaire sur la famille, la vieillesse et la maladie mentale, El Huaso est un premier long métrage étonnant, qui va droit au coeur.

Pour nous en parler, j'ai pu discuter avec son réalisateur, Carlo Guillermo Proto.

Mon entrevue se retrouve sur le site du Métro.

Film du jour: L'enfant sauvage

Cette histoire d'enfant abandonné qui est éduqué par un homme de la haute société n'est pas nouvelle. Il y a eu la version d'Herzog qui était bien entendu bizarre. Puis celle de Truffaut, ou L'enfant sauvage en question donne place à un petit film singulier, pas très loin du documentaire, où le grand metteur en scène parle d'éducation dans un ton et un style qui lui est propre. C'est une oeuvre courte, plutôt cérébrale, d'un intérêt constant, mais qui ne mérite peut-être pas plusieurs écoutes comme de nombreux classiques de son auteur. ****

vendredi 28 septembre 2012

Film du jour: César et Rosalie

Le traditionnel triangle amoureux en prend pour son rhume dans César et Rosalie de Claude Sautet. Comme d'habitude chez ce réalisateur d'exception, les personnages ont plus d'importance que l'intrigue elle-même. Et s'il est question d'amour, l'amitié n'est jamais bien loin dans le rétroviseur. Du coup, si l'histoire qui date de 1972 a pris quelques rides et que la musique «électronique» fait sourire, la sincérité de la plume et du coeur ne font jamais défaut. Et il y a la présence d'acteurs éternels tels Romy Schneider et Yves Montand qui apportent un supplément d'âme à ce projet qui en avait déjà beaucoup. Inspirant, tout au moins. ****

jeudi 27 septembre 2012

Film du jour: Amarcord

Un des films les plus fous et éclatés de Fellini, Amarcord est un mélange de rêves, de fantasmes et de souvenirs d'enfance sur les habitants d'une petite ville. D'une belle fantaisie, complètement imprévisible, poétique, politique et disjonctée, cette succession de vignettes enchante au plus haut point. Visuellement et musicalement, le long métrage est époustouflant, ce qui contribue encore plus à en faire un classique - parmi tant - dans la longue filmographie de son auteur. Magique. *****

mercredi 26 septembre 2012

Programmation du FNC 2012

C'est hier qu'était dévoilée la programmation de l'édition 2012 du Festival du nouveau cinéma.

Pour tout savoir, mon article se trouve sur le site de Cineplex.

Assayas, Loach, Ozon, Reygadas, Sono, Kurosawa... on a terriblement hâte au 10 octobre prochain!

Film du jour: Samurai Rebellion

C'est pendant les années 1960 que le cinéaste nippon Masaki Kobayashi a réalisé ses plus grand opus. Il y a eu La condition humaine, Harakiri et  son film jumeau Samurai Rebellion. Dans cette fable où un homme et sa famille décident de ne plus obéir aux directives de leur maître, le metteur en scène arrive à transcrire parfaitement le climat de l'époque, créant des ponts subtils avec la vie de tous les jours. Magnifiquement orchestrés, les quelques affrontements impressionnent, surtout dans leur utilisation des sons ambiants et du noir et blanc. L'interprétation est de tout premier ordre et le spectacle s'avère un véritable régal pour les cinéphiles. ****1/2

mardi 25 septembre 2012

DVD: My Trip to Al-Qaeda, José & Pilar, Damsels in Distress, La délicatesse, Pink Ribbons, Surviving Progress, The Avengers, Hell, Comme un chef, 388 Avenue Arletta

C'est aujourd'hui qu'est annoncée la programmation du Festival du nouveau cinéma. En attendant de tout savoir, voici les nouveautés DVD et Blu-ray qui feront patienter les plus impatients des cinéphiles.

Documentaire incendiaire sur la vie aux États-Unis depuis le 2001 et la montée du fondamentaliste musulman, My Trip to Al-Qaeda d'Alex Gibney fascine allègrement. ****
Critique

Tout autant que José & Pilar, un documentaire bouleversant de Miguel Goncalves Mendes sur les dernières années de l'écrivain José Samarago. ***1/2

On rit beaucoup dans Damsels in Distress, la nouvelle comédie délicieuse de Whit Stillman qui porte sur des jeunes femmes qui cherchent à aider leurs semblables. ***1/2
Critique

Film romantique extrêmement mignon, La délicatesse de David Foenkinos avec Audrey Tautou ravira à coup sûr les amateurs du genre. ***1/2
Mes entrevues (1 et 2) avec le réalisateur

Essai incendiaire sur le cancer du sein, Pink Ribbons Inc. de Léa Pool ne laissera personne indifférent. ***1/2
Mon entrevue avec la réalisatrice

Réflexion sur le progrès, Surviving Progress de Mathieu Roy et Harold Crooks ne fera peut-être pas découvrir grand-chose de nouveau, mais le tour d'horizon mérite le détour. ***
Mon entrevue avec un des cinéastes

Le divertissement est stupide mais efficace dans The Avengers de Joss Whedon, ce gros long métrage complètement débile où les superhéros se cassent la gueule pour des riens. ***
Mon entrevue avec une des actrices

La beauté de la science-fiction ne sert qu'à l'action et non à la réflexion dans Hell, un drame inégal au potentiel gargantuesque. **1/2
Critique

Comédie sans envergure que vient momentanément sauver du désastre le duo composé de Jean Reno et de Michaël Youn, Comme un chef de Daniel Cohen ne lève qu'à moitié. **1/2

Petit film canadien fauché et surtout inintéressant, 388 Avenue Arletta de Randall Cole explore la descente en enfer d'un couple lors de la disparition d'un de ses membres. C'est quoi, encore, boring en français? **

Film du jour: Tous les matins du monde

Un des plus beaux films du regretté Alain Corneau, Tous les matins du monde est une oeuvre visuellement éblouissante sur la famille et l'obsession que l'on peut éprouver envers l'art et la musique. Très rigoureux, truffé d'émotions insoupçonnés et d'interprétations raffinées (Jean-Pierre Marielle y trouve d'ailleurs un de ses meilleurs rôles en carrière), le long métrage se révèle également une véritable merveille pour les yeux et pour les oreille, en plus d'être une oeuvre extrêmement intéressante et bouleversante. Rien ne dépasse et pour une fois, il ne faudra pas trop s'en plaindre. ****

lundi 24 septembre 2012

Film du jour: The Other

Lorsqu'on dresse une liste des meilleurs films qui donnent froid dans le dos, on omet généralement The Other de Robert Mulligan, ce conte sur ces jumeaux maudits qui semblent constamment attirer la mort. Pourtant, il s'agit d'un des récits les plus angoissants des dernières décennies. Même si les nombreuses surprises de l'histoire se devinent assez rapidement, cela n'enlève rien à la grande qualité de l'interprétation et aux soins apportés à la mise en scène, dont la lumière et les jeux de caméras coupent le souffle. À regarder en duo avec l'illustre The Shining. ****1/2

dimanche 23 septembre 2012

Faust, The Co(te)lette Film, Kivalina vs. Exxon, À moi seule, Après la neige, La vie d'une autre, Inescapable, End of Watch, Trouble With the Curve, Roller Town

Les sorties de films sont nombreuses, surtout cette semaine qui offre plusieurs titres de qualité, dont un presque chef-d'oeuvre.

Il s'agit bien entendu du Faust de Sokourov, joyau inestimable sur un homme qui fait un pacte avec le diable. Magnifique réalisé, l'opus est un fantasme pour le cinéphile. 

Mike Figgis ne fait peut-être plus de fictions, mais ses documentaires valent le détour. C'est le cas de The Co(te)lette Film, un incroyable spectacle de danse sur la pornographie des images.

Un autre documentaire intéressant est Kivalina vs. Exxon de Ben Addelman où le petit David (un village éloigné) se frotte au grand Goliath (les compagnies pétrolières responsables des changements climatiques).

Tout aussi déstabilisant est À moi seule de Frédéric Videau qui porte sur les relations ambiguës entre un kidnappeur et sa victime. Le rendu manque peut-être de finition, mais les comédiens sont épatants.

Honnête premier film, Après la neige de Paul Barbeau qui s'intéresse à l'errance d'un homme maîtrise déjà son langage cinématographique. Lorsque ce sera le cas avec les dialogues, le résultat risque d'être fabuleux.

La déception est plus vive du côté de Sylvie Testud qui accouche avec La vie d'une autre d'un essai quelconque où romantisme, comédie et Juliette Binoche viennent se mélanger un peu n'importe comment.

On avait bien aimé Cairo Time et Sabah de Ruba Nadda, mais lorsqu'elle parle d'espionnage avec Inescapable, le résultat est beaucoup moins réussi.

Avec ses clichés à la tonne et ses personnages complètement vides, il est difficile de porter attention au récit policier de End of Watch de David Ayer. Pourtant, la technique n'est pas si mal.

Ce sentiment se répercute sur Trouble With the Curve de Robert Lorenz, ce long métrage de baseball où Clint Eastwood n'est qu'une caricature de lui-même. Encore là, le temps peut sembler long.

Production canadienne, Roller Town d'Andrew Bush est une parodie qui tombe à plat sur les années 1980, l'époque disco et le patin à roulettes. Des intentions rigolotes ne font pas toujours qu'elle chose de pertinent.

Film du jour: Fingers

Inspiration directe du poignant De battre mon coeur s'est arrêté de Jacques Audiard, Fingers que James Toback a réalisé en 1978 est une oeuvre beaucoup plus sombre, sexy et dépravée sur un jeune musicien qui est mêlée à des affaires louches à cause de son père. Même si la mise en scène a bénéficié d'un budget très modeste, ce petit film indépendant à l'histoire vaporeuse éclabousse au visage du spectateur avec son traitement sans concession. Il y a surtout une prestation exceptionnelle d'Harvey Keitel qui n'a jamais été aussi extraordinaire qu'ici (et chez Scorsese). Seulement pour lui, le long métrage prend tout son sens. ***1/2

samedi 22 septembre 2012

Entrevues À moi seule

Film français qui glace le sang, À moi seule raconte le quotidien troublant d'un kidnappeur et de sa jeune victime. Nouveau long métrage du cinéaste Frédéric Videau, l'essai met en vedette Agathe Bonitzer que l'on voit de plus en plus sur nos écrans (Une bouteille à la mer, La belle personne).

Pour le Métro, je me suis entretenu avec le réalisateur, et pour Cineplex, avec la comédienne.

Bonne lecture!

Film du jour: Family Viewing

Les détracteurs d'Atom Egoyan - qui sont plus nombreux après un film extrêmement classique et commercial comme Chloe - se rappelleront la grâce et le génie de leur protégé. Avec Family Viewing qu'il a réalisé en 1987, le cinéaste canadien dynamitait la cellule familiale à grand coup d'humour noir et de réflexions tordues et sexuelles. La réalisation pouvait laisser à désirer, mais certainement pas le propos où des gens s'ignorent et ne se parlent pas, rompant presque à jamais le schéma de communication. C'est ce qu'on appelle une oeuvre actuelle. ***1/2

vendredi 21 septembre 2012

Entrevue: Ruba Nadda pour Inescapable

Après ses séduisants Sabah et Cairo Time, la réalisatrice Ruba Nadda est de retour avec Inescapable, un film d'espionnage se déroulant en Syrie.

J'ai pu rencontrer la cinéaste lors de son passage à Montréal plus tôt cette semaine. 

Mon entrevue se retrouve dans les pages du Métro.

Film du jour: Masques

Même dans les films plus légers et mineurs de Claude Chabrol, il est possible de s'amuser follement. C'est le cas de Masques où un jeune homme décide d'écrire la biographie d'un célèbre animateur de télévision. Le cinéaste s'amuse avec une plume bien aiguisée à explorer les travers des grands de ce monde. Le suspense fait sourire et Philippe Noiret offre une brillante performance, parfaitement grotesque et maîtrisée. Du bonbon entre deux projets plus substantiels. ***1/2

jeudi 20 septembre 2012

Entrevue avec Mike Figgis pour The Co(te)lette Film

Le nouveau festival Cinédanse Montréal débute ce soir. C'est le spectacle de danse The Co(te)lette Film qui ouvre l'évènement. Pour l'occasion, je me suis entretenu avec le réalisateur de cette performance, Mike Figgis, à qui l'on doit également le merveilleux Leaving Las Vegas avec Nicolas Cage.

Mon entrevue se trouve dans les pages du Métro.

Film du jour: Le soleil

Avec l'impression de ne parler que de Sokourov ces derniers temps - ah oui, tient, son extraordinaire Faust prend l'affiche ce vendredi au Québec -, place à son film sur l'Empereur Hirohito qui régnait sur le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Le soleil n'a que faire de l'exactitude politique. C'est du cinéma, de l'art avec un grand A, qui dessine de magnifiques images claires-obscures, qui bousculent les certitudes du cinéphile en dressant une sorte de biopic ultime où l'on est plongé dans son enfer mais où il n'y a ni explications à deux sous, ni moralisme sous-jacent. On déambule donc dans le noir. comme dans Apocalypse Now, et on ne peut qu'être fasciné par ce qui en ressort. L'exercice ne sera pas pour tout le monde (ce n'est pas un produit de masse comme La chute), mais quelle leçon de cinéma! ****

mercredi 19 septembre 2012

Aperçu du 8e Festival Black

C'est aujourd'hui que débute la 8e édition du Festival International du Film Black de Montréal

Pour en savoir davantage sur cet évènement qui se termine le 30 septembre prochain, voici un aperçu de la programmation et une entrevue que j'ai réalisée avec la porte-parole Sonia Benezra.

Film du jour: L'arche russe

Film le plus connu de Sokourov, L'arche russe est une odyssée extraordinaire dans l'Histoire russe en plus d'être un tour de force cinématographique qui n'a jamais été égalé. Il est constitué d'un seul plan séquence mettant en scène des centaines de figurants qui navigue dans les époques d'un musée, laissant béat le spectateur. Un plaisir pour les yeux qui se retrouve devant une grande oeuvre, visuellement éblouissante, mais dont la technique admirable seconde constamment le propos, qui s'inscrit sans difficulté dans la continuité des obsessions de son auteur. À voir et à revoir. ****1/2

mardi 18 septembre 2012

DVD : Guilty of Romance, The Cabin in the Woods, The Crimson Petal and the White, Turn Me On !, The Best Exotic Marigold Hotel

Il y a plein de belles choses qui prennent l'affiche cette semaine en format DVD et Blu-ray.

Nouveau cauchemar hallucinant de Sion Sono, Guilty of Romance réactualise Belle de Jour pour en offrir une version trash et inoubliable. Traumatisant. ****

Film d'horreur qui recycle tous les clichés pour sortir largement des sentiers battus, The Cabin in the Woods de Drew Goddard deviendra certainement culte chez les amateurs du genre. ***1/2

Adaptation très cinématographique d'un roman à succès sur une prostituée qui arrive à s'élever socialement, The Crimson Petal and the White séduit par le jeu sensuel de Romola Garai. ***1/2

Vu plus tôt cette année à Fantasia, Turm Me On! est une comédie norvégienne sur une adolescente qui a la libido dans le tapis. Les sourires sont présents, tout comme les répétitions. ***

Des personnes du troisième âge cherchent le bonheur en s'envolant vers l'Inde dans The Best Exotic Marigold Hotel de John Madden, une fable sympathique mais moralisatrice sur le passage du temps. ***

Film du jour: The Second Circle

Réalisé en 1990, The Second Circle est un des films les plus hermétiques d'Alexandre Sokourov... et un de ses plus simples. Pendant 90 minutes, il filme le rite de la mort d'un homme qui doit s'arranger avec les derniers détails de son père qui vient de rendre l'âme. Exigeant, d'une belle lenteur, visuellement splendide, ce requiem universel - logiquement, tout le monde devra passer par là - touche et bouleverse l'âme. Quelques moments d'humour ironique peuvent faire un peu trop relâcher la tension, mais dans l'ensemble, quiconque a le désir de s'embarquer dans cette aventure éreintante sera récompensé avant la fin. ***1/2

lundi 17 septembre 2012

Film du jour: Ugetsi Monogatari

Fantômes, mélancolie, déchirements, moralité: Ugetsi Monogatari (ou Les contes de la lune vague après la pluie) explore tous ces thèmes - et bien plus encore - à travers cette véritable merveille du septième art. Kenji Mizoguchi est passé maître dans l'art de créer des chefs-d'oeuvre et il se surpasse ici avec cette fable initiatique sur deux familles dont les hommes handicaperont le bonheur de leurs proches pour s'enrichir et devenir célèbre. Les images en noir et blanc où viennent se mêler l'ombre et la lumière sont tout simplement sublimes. Un classique indémodable. *****

dimanche 16 septembre 2012

Film du jour: Cendres et diamant

Le sort de la Pologne a toujours fasciné le cinéaste Andrzej Wajda et cela s'affichait déjà avec Cendres et diamant, le long métrage qui allait le faire connaître à la fin des années 1950. Dans cet opus d'une grande beauté formelle, son alliage entre la violence et la poésie est réelle et implacable alors que l'armistice est loin d'annoncer la fin des festivités guerrières. Ses images à l'emporte-pièce, son ton très particulier et son interprétation souvent déstabilisante confèrent à ce drame inoubliable un statut de film culte où le cinéphile se plaira régulièrement à revenir arpenter son atmosphère unique en son genre. ****1/2

samedi 15 septembre 2012

Rapailler l’homme, Bullhead, L’affaire Dumont, Samsara, For a Good Time Call..., 26 lettres et un philosophe, Le paradis des bêtes, Kumaré, Resident Evil – Retribution, Finding Nemo

Pour une rare fois, on a vu 100% des films qui prennent l'affiche cette semaine au Québec! On remercie bien entendu Karine Projean dans cette tâche. Alors, qu'est-ce qui vaut le déplacement jusqu'au cinéma?

Certainement Rapailler l'homme d'Antonio Pierre de Almeida, un magnifique documentaire sur Gaston Miron et le processus de création qui ont mené à la fabrication de deux disques hommages. Pour tout savoir sur le Québec des 50 dernières années.

Nominé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger, Bullhead de Michael R. Roskam est un très beau drame matinée d'humour noir sur un homme qui a tendance à se comporter comme animal. La performance de Matthias Schoenaerts est tout simplement saisissante.

Maître du minimaliste, Podz revient en force avec L'affaire Dumont où il relate la véritable histoire pathétique d'un homme qui a passé plusieurs années en prison pour un crime qu'il n'a pas commis. Mis en scène avec subtilité, interprété avec force, cette tragédie donne froid dans le dos.

Le réalisateur de Baraka récidive avec Samsara, un nouveau tour d'horizon de la planète où la beauté des images et de la trame sonore n'a pas besoin d'une narration pour faire ressortir son engagement. Ce n'est plus aussi nouveau qu'avant, mais l'effet escompté fonctionne malgré tout.

Comédie qui fait amplement sourire, For a Good Time, Call... de Jamie Travis fonctionne relativement bien grâce au soin apporté à ses dialogues et à ses situations. Les clichés sont nombreux, mais les personnages demeurent très attachants.

En utilisant un abécédaire pour montrer l'existence autrement, 26 lettres et un philosophe de Suzy Cohen parvient à intéresser malgré un sujet aride. Le traitement n'est peut-être pas toujours cinématographique, ce qui n'empêche pas le spectateur d'être fasciné par ce qui en ressort.

L'actrice Estelle Larrivaz se lance à la réalisation avec Le paradis des bêtes, un essai très inégal sur un père indigne qui débute avec force pour décevoir par la suite. Dommage, les bons comédiens méritaient beaucoup mieux.

Le vrai et le faux ne fait pas nécessairement bon ménage dans Kumaré de Vikram Gandhi, un documentaire où un homme décide de partir sa propre religion. On se demande bien où tout cela nous amène, mais l'intérêt n'arrive jamais à se matérialiser.

Gros navet qui oublie de divertir, Resident Evil - Retribution de Paul W.S. Anderson est peut-être bien l'effort qui se rapproche le plus du jeu vidéo. Mais justement, pourquoi avoir voulu faire un film alors que tout est singulièrement raté et que l'art n'est jamais utilisé?

Il n'y a pas eu de projection de Finding Nemo en 3D (grosse déception, parce que la technologie avait beaucoup aidé La belle et la bête plus tôt cette année). Mais même en 2D, cette animation des studios Pixar est un ravissement pour petits et grands.

Film du jour: L'Anglaise et le Duc

Rompant momentanément avec ses comédies spirituelles pour embrasser le drame se déroulant pendant la Révolution Française, Éric Rohmer continue à bien mettre à l'avant-plan ses dialogues, savoureux, dans L'Anglaise et le Duc, une des oeuvres les plus originales de sa filmographie. Visuellement, le récit semble s'évader d'une peinture extrêmement soignée dont l'aspect plastique et artificiel ne vient jamais brimer l'inconfort du spectateur. Mais sur la durée, c'est la relation entre Lucy Russell et Jean-Claude Dreyfus qui captive, dont le propos demeure cruellement d'actualité. ****

vendredi 14 septembre 2012

Film du jour: The Last Man on Earth

Bien avant le divertissant The Omega Man avec Charlton Heston et le décevant I am Legend avec Will Smith, le roman de Richard Matheson était déjà passé par le cinéma en 1964 avec The Last Man on Earth qui a fortement inspiré les films de zombies de Romero. Dans cette vision de l'apocalypse, un homme doit survivre sur une Terre détruite laissée aux morts-vivants qui cherchent à lui faire la peau. Doté d'un rythme lent, de nombreuses incohérences sur le plan du scénario mais surtout de très belles images en noir et blanc et d'une prestation convaincue de Vincent Price, ce long métrage se laisse apprécier avec le temps, comme embryon d'un genre qui allait faire date. Loin d'être parfait, mais pas désagréable pour autant. ***

jeudi 13 septembre 2012

Film du jour: Baraka

À revoir avant Samsara - sa suite non-officielle - qui prend l'affiche demain sur les écrans québécois, Baraka de Ron Fricke séduit au plus haut point avec ses images magnifiques et sa trame sonore majestueuse. Ce tour d'horizon muet de la planète se veut engagé, autant politiquement que socialement et humainement, dans sa façon d'utiliser le montage, montrant les beautés de l'univers et quelques calamités de l'espèce humaine. Il n'y a peut-être rien pour surpasser l'inégalable Koyaanisqatsi, mais cette odyssée vaut amplement le détour. **** 

mercredi 12 septembre 2012

Film du jour: Le septième continent

Dès Le septième continent, son premier film tourné pour le cinéma, Michael Haneke forgeait déjà son style si particulier qui allait faire sa marque de commerce. En filmant la banalité du quotidien avec une froideur chirurgicale, il laisse émaner le manque d’interactions et d'émotions entre les êtres humains, qui ont tout pour réussir mais qui ne trouvent jamais le bonheur. Le réalisateur n'est pas tendre avec ses personnages  et il faut être alerte pour noter toute la subtilité qui se dégage de sa démarche et de sa mise en scène. Il en ressort toutefois une grande oeuvre tragique et déstabilisante, à la fois universelle et cauchemardesque. ****

mardi 11 septembre 2012

Film du jour: Moloch

Portrait d'Hitler comme on ne l'a jamais vu, Moloch est bel et bien un film d'Alexandre Sokourov, autant dans sa photographie soignée que dans son rythme lent. Un grand climat d'étrangeté se dégage de l'atmosphère et des situations, et si cela prend beaucoup de temps avant d'embarquer, on ne peut qu'être fasciné par la proposition extrêmement originale du cinéaste qui n'a pas hésité à prendre des risques et sans doute à jouer avec les faits pour raconter à sa façon l'Histoire. Ce sera peut-être un peu trop hermétique pour quelques cinéphiles, mais les autres ne voudront pas manquer ça. Et c'est peut-être son effort qui se rapproche le plus de son supérieur Faust qui sort sur les écrans québécois très bientôt. ***1/2

lundi 10 septembre 2012

DVD: Habemus Papam, Et maintenant on va où ?, Snow White and the Huntsman

Eh oui, une nouvelle édition de Titanic sortait aujourd'hui en DVD et en Blu-ray. Mais il y a des longs métrages beaucoup plus intéressants qui sont également disponibles.

Comme Habemus Papam, par exemple, cette succulente comédie spirituelle de Nanni Moretti sur les conséquences de l'élection du nouveau pape. Un film fin, intelligent et brillamment interprété par Michel Piccoli. ****

Presque aussi réussi est le drame féministe Et maintenant on va où? de Nadine Labaki qui parle des conséquences de la guerre sur la population libanaise. Malgré quelques égarements, le mélange de genre est au point et il y a des scènes d'une densité dramatique implacable. ***1/2

Ce n'est malheureusement pas le cas de Snow White and the Huntsman de Rupert Sanders qui semble parfois penser davantage aux répétitions privées avec la jolie Kristen Stewart que de faire un film crédible ou intéressant. Vouloir être le nouveau Lord of the Rings est une chose, mais il est difficile d'y parvenir. Malgré tout, le soin technique est irréprochable et il y a des bonus qui méritent le détour. **

Film du jour: Alexandra

En attendant son superbe Faust qui va bientôt prendre l'affiche au Québec, les cinéphiles voudront essayer d’attraper Alexandra d'Alexandre Sokourov, inédit en salles ici. Il s'agit d'un drame poétique d'un rare pouvoir d'évocation doublé d'un magnifique portrait de femme, de la magnifique chanteuse d'opéra Galina Vishnevskaya de surcroît. Cette exploration des ravages - et des fantômes - de la guerre peut être politiquement tendancieuse, mais il s'agit de cinéma et non de reproduire fidèlement la réalité. Le cinéaste fait de l'Art, peignant de magnifiques images symboliques, créant un monde à part qui mérite amplement d'être visité. ****

dimanche 9 septembre 2012

Philémon chante Habana, Un bonheur n'arrive jamais seul

Les sorties en salles sont peu nombreuses cette semaine. J'ai déjà parlé du mésestimé The Words, j'ai malheureusement manqué Adieu Berthe qui s'annonçait pas mal et The Cold Light of Day semble horriblement mauvais. Alors qu'est-ce qu'il reste?

L'intéressant documentaire Philémon chante Habana de Pedro Ruiz qui filme le retour à Cuba du chanteur Philémon. L'essai sobre sait comment capter les doutes et les possibilités de l'artiste et il fait voyager à grand coup de belles images. Surtout, il y a ces mélodies, incroyables, qui donnent le goût de réécouter son excellent album Les sessions cubaines.

Beaucoup plus terne est Un bonheur n'arrive jamais seul de James Huth, une comédie romantique parsemée de clichés où Gad Elmaleh et Sophie Marceau s'aiment mais «c'est si compliqué». Rien qu'on n'a jamais vu 1000 fois et malgré la chimie du duo en place, l'ensemble ne lève jamais réellement.

Film du jour: Le bannissement

Jamais sorti sur les écrans québécois mais présenté ce soir au Cinéma du Parc, Le bannissement est la seconde - et meilleure oeuvre- du cinéaste russe Andreï Zivaguintsev (Le retour, Elena). Sorte de conte biblique peuplée de métaphores éblouissantes, d'images inoubliables et de prestations époustouflantes, cette tragédie grecque doublée d'une enquête intrigue digne d'un film noir séduit par la pertinence de son propos, la qualité de sa mise en scène, ses silences angoissants, sa lenteur hypnotisante et sa façon de faire éclater le noyau familial alors qu'une femme annonce à son mari qu'elle est enceinte mais qu'il n'est pas le père de son enfant. Une construction dramatique hallucinante pour un opus qui l'est tout autant. ****1/2

samedi 8 septembre 2012

Critiques: The Words


Ambitieux premier film qui pourrait bien être une sorte d’«Inception» romantique, «The Words» séduit malgré ses quelques faiblesses et son ton trop précieux. Entre outre, la distribution y est exemplaire.

Un romancier à succès (Dennis Quaid) lit des extraits de son nouvel ouvrage à une foule médusée. Il est question d’un écrivain (Bradley Cooper) qui cherche à faire publier son premier livre. Il y arrive et le résultat rencontre un immense succès public et critique. Le problème est que ces mots couchés sur papier ne sont pas de lui, mais d’un vieillard (Jeremy Irons) qui raconte sa propre jeunesse à Paris tout juste après la Seconde Guerre mondiale.

Cela fait plus de dix années que Brian Klugman et Lee Sternthal (qui ont tous les deux participé à l’histoire du divertissant «Tron : Legacy») ont écrit ce scénario. Il devient l’objet de leur première réalisation qui ne manque pas de classe. Tout tombe en place, de la photographie extrêmement soignée à la musique – beaucoup trop présente et insistante – qui rappelle les compositions de Philip Glass et de Michael Nyman. On sent parfois ce désir un peu artificiel de faire beau, mais cela ne tombe pas sur les nerfs outre mesure.

L’histoire à tiroirs qui navigue allègrement entre trois époques différentes est complexe mais assez limpide, hormis cette fin qui est ouverte à toutes les interprétations possibles et inimaginables (Christopher Nolan aurait beaucoup aimé). «The Words» confronte la réalité à la fiction, à la nécessité de vivre avec ses choix et à la tentation d’embellir le passé. Sans qu’on ne le sache réellement, un mensonge peut affecter tout ce qui a été dit précédemment, laissant planer le doute sur la motivation de chacun des personnages.

Il s’agit également d’histoires d’amour traitées avec poésie, tendresse et volupté. Les êtres ne trouvent plus les mots pour exprimer leurs sentiments, laissant leurs corps en mouvement et en errance. Cela nécessitait de bons acteurs pour faire avaler la pilule puisque les personnages manquent parfois d’épaisseur et le casting en place (Cooper, Quaid, Irons, mais également Olivia Wilde, Zoë Saldana et J.K. Simmons) est tout simplement formidable. Les faux-pas sont rares et le duo composé de Bradley Cooper et de Zoë Saldana est le plus lumineux du récit.

Sans tambour ni trompette, «The Words» est un effort enveloppant, qui a tendance à trop en faire, mais dont la surenchère n’empiète pas trop sur le bonheur rencontré. On imagine déjà un public – sans doute plus féminin que masculin – vouer un mini culte à l’ouvrage. Et ce sera sans doute mérité.

3/5

Film du jour: Who's Afraid of Virginia Woolf?

Au panthéon des meilleures adaptations d'une pièce de théâtre au cinéma, Who's Afraid of Virginia Woolf? qui est le premier long métrage du réputé cinéaste Mike Nichols n'arrive pas très loin du sommet. Le texte brillant d'Ernest Lehman sur ces couples qui se massacrent à l'aide de mots est conservé, étant bonifié par des interprétations exceptionnelles d'excellents comédiens. Elizabeth Taylor et Richard Burton sont d'ailleurs formidables dans les rôles pas toujours évident à jouer, qui mêlent excentricité et vulnérabilité. Décidément, le très bon Carnage n'a rien inventé. ****

vendredi 7 septembre 2012

Entrevues: The Words

Premier film de Brian Klugman et de Lee Sternthal, The Words est un drame littéraire se déroulant à plusieurs époques et dans plusieurs endroits différents et qui met en vedette de nombreuses vedettes établies (dont Bradley Cooper et Jeremy Irons).

Je me suis entretenu avec les deux cinéastes lors de leur passage à Montréal.

Mon entrevue se trouve dans les pages du Métro.

Film du jour: Le retour

Lion d'Or à Venise en 2003, Le retour signe l'arrivée d'un grand cinéaste russe: Andreï Zviaguintsev. Avec cette oeuvre symbolique à la photographie exemplaire et à l'interprétation presque parfaite, il propose une odyssée  destructrice des racines familiales alors qu'un père réapparaît dans l'existence de leurs fils pour les amener pêcher. D'une nature sauvage et poétique, violent et angélique tout à la fois, ce passage de l'enfance à l'âge adulte embrasse le mystère pour mieux s'y perdre. Et l'exploration se voudra en plusieurs points fascinantes. ****

jeudi 6 septembre 2012

10 films à voir au TIFF

Pour les chanceux et les chanceuses qui sont à Toronto pour le TIFF, voici ma liste de 10 films à ne pas manquer pendant ce festival de cinéma qui s'annonce, encore une fois, extrêmement intéressant.

Mes choix sont disponibles sur le site de Cineplex.

Film du jour: L'ange exterminateur

Il y a de quoi follement s'amuser dans L'ange exterminateur de Bunuel. La prémisse, extrêmement originale, s'intéresse au sort d'une multitude de personnes bourgeoises qui n'arrivent pas à sortir d'une pièce ouverte! Du coup, ils finissent pratiquement par tous se détester et ils tentent même de se tuer!  C'est l'Enfer de Sartre à la sauce surréaliste, avec une énorme critique jouissive de la société, des classes sociales et de la religion. Le ton tragi-comique, l'interprétation appropriée et la très belle utilisation du noir et blanc confèrent à cette oeuvre un statut de film culte qui mérite d'être vu encore et encore. ****1/2

mercredi 5 septembre 2012

Film du jour: Les vacances de monsieur Hulot

Pour calmer les esprits ce matin, on revoit Les vacances de monsieur Hulot, ce chef-d'oeuvre de la comédie française où Jacques Tati fait rire aux larmes tout en touchant l'âme et le coeur du spectateur. Bijou du patrimoine cinématographique qui se veut également une satire de toutes ces personnes qui vont au bord de la plage pendant leurs vacances estivales, ce joyau impressionne encore par ses trouvailles, par ses beaux personnages et par ses nombreux gags qui deviennent de plus en plus nombreux au fil des visionnements. *****

mardi 4 septembre 2012

DVD: Route Irish, The Five-Year Engagement, Une bouteille dans la mer de Gaza, Safe, Quick, Dérapages

Quelle coïncidence! La journée d'élections au Québec qui tombe exactement au même moment que les sorties de nouveautés dvd et blu-ray. Ce n'est pas un hasard. Ainsi, en allant voter, il est possible de ramasser quelques films. Ou vice-versa. Mais tant que vous votez. Et du bon bord en plus de ça!

Sinon Ken Loach ne sera pas fier de vous. Vous savez, ce cinéaste engagé à gauche qui réalise plus rapidement que son ombre? Il est de retour avec Route Irish où il enquête sur la dérive de certaines personnes en Irak. Sans être un grand crû, ce long métrage de fiction pose d'excellentes questions sur l'engagement en temps de guerre. Et compter le nombre de «fuck» révèle même de l'exploit! ***

Mieux vaut peut-être en rire qu'en pleurer? De ce côté, il y a le mésestimé The Five-Year Engagement de Nicholas Stoller, cette irrésistible histoire d'amour sur un mariage en devenir entre un homme et une femme. Oui, il y a des clichés, mais surtout beaucoup de scènes drôles et mignonnes. ***

Plus dramatique est Une bouteille dans la mer de Gaza de Thiery Binisti, une sorte Roméo & Juliette qui se déroule au Moyen-Orient. Une fresque ambitieuse, un brin trop moralisatrice, qui sort de notre train-train quotidien. ***  

Moins pire qu'il en a l'air, Safe de Boaz Yakin permet à Jason Statham de jouer dans un long métrage supérieur à la moyenne (enfin, pour lui) qui est doté de bonnes scènes explosives. Dommage que le scénario ne soit vraiment pas à la hauteur. **1/2

C'est toutefois mieux que Quick de Beom-gu Cho, cet autre film d'action qui reprend l'essence de Speed. Même si l'effort ne se prend pas au sérieux, l'accumulation de séquences interchangeables finit par lever le coeur au bout de 30 minutes. **

Sensibiliser les gens qui conduisent avec des facultés affaiblies est une nécessité. Pourtant, Paul Arcand le fait avec Dérapages avec tellement de sensationnaliste et de mauvais goût qu'il en devient offensant. Son documentaire est laid, ses interventions assez peu recherchées, et ce qui en ressort n'est qu'un brouillon d'un sujet important. **

Film du jour: A Night To Remember

Et si l'ultime film sur le naufrage du Titanic n'était pas la superproduction de James Cameron, mais bien A Night to Remember que Roy Ward Baker a réalisé en 1958? L'histoire fait bien plus de sens, le sort des individus est exploré avec beaucoup plus de sensibilité, et si la romance - et les effets spéciaux - ne sont pas à la hauteur, il y a l'émotion, l'effroi de découvrir un tel drame et la magnifique photographie en noir et blanc. Il faudrait bien qu'on redonne à César ce qui lui revient. ****

lundi 3 septembre 2012

Entrevues Gad Elmaleh pour Un bonheur n'arrive jamais seul

Film de clôture du Festival des films du monde, Un bonheur n'arrive jamais seul est une comédie romantique où Gad Elmaleh tombe en amour avec Sophie Marceau.

La semaine dernière, j'ai pu m'entretenir avec le célèbre humoriste français lors d'un entretien téléphonique.

Mon premier texte sur cette discussion est un texte suivi très cocasse qui est disponible dans les pages du Métro.

Mon second article est un questions/réponses que l'on peut lire sur le site de Cineplex.

Film du jour: Tommy

Basé sur l'opéra rock de The Who, Tommy est un autre délire hallucinant de Ken Russell. Une tragédie musicale sur un petit gars qui ne peut ni voir, ni entendre ni parler! Une oeuvre culte que l'on se doit de sortir pour en mettre plein la vue et les oreilles tant la mise en scène syncopée est en parfaite osmose avec le jeu des comédiens et la trame sonore grandiloquente qui donne seulement le goût de danser et de chanter. Un doute peut subsister dans les premières minutes, mais il est rapidement balayé par le grand bonheur qui ressort de cet opus iconoclaste, un des meilleurs de son auteur. ****

dimanche 2 septembre 2012

Elena, The Matchmaker, Karakara, Union Square

Les petits films - souvent présentés préalablement sans aucune projection de pression - sont nombreux à prendre l'affiche cette semaine.

Le long métrage à ne pas manquer est Elena d'Andrei Zviaguintsev qui porte sur les déboires d'une famille russe dont le père et la mère ne s'entendent pas sur la façon de prendre soin des enfants. Un drame intimiste d'une beauté opaque, qui rappelle Bergman de plusieurs façons. ***1/2

Un adolescent deviendra un homme dans The Matchmaker d'Avi Nesher, une comédie dramatique sous fond d'amour, de secrets et d'identité. Sans rien casser, l'essai séduit par ses personnages et ses situations sans nécessairement marquer les esprits outre mesure. ***

C'est également le cas de Karakara de Claude Gagnon, sorte de road movie sur deux âmes peinées. Le Japon s'affiche dans toute sa splendeur et les deux comédiens principaux sont excellents. Dommage que la réalisation manque de tonus et que l'humour vient maladroitement contrebalancer le drame. ***

On reconnaît une tranche du cinéma américain des années 1970 (celui de Cassavetes) derrière Union Square, le premier effort depuis des lustres de Nancy Savoca. Le verbe prend l'action sur la mise en scène dans cette confrontation entre deux soeurs. Pourtant, il est aisé de bailler aux corneilles et d'être horripilé devant ces personnages souvent superficiels et désagréables. **

Film du jour: Dom Över Död Man

Un des meilleurs films à être présenté au FFM (il repasse d'ailleurs aujourd'hui), Dom Över Död Man du renommé cinéaste suédois Jan Troell est une merveille à bien des égards. Autant dans sa façon de mélanger les sphères privées (un journaliste marié dont sa maîtresse est connue de tous et de toutes) et publiques (la Seconde Guerre mondiale cogne à la porte), de faire apparaître des fantômes dans le quotidien et de rappeler la possibilité de tous dans les massacres prochains du conflit armé. Mis en scène avec grand soin, où les images en noir et blanc transcendent tout, l'effort peut également compter sur une interprétation relevée et un rythme qui ne fait jamais défaut. De quoi vouloir se partir une compagnie de distribution et de le présenter partout dans la région tant le long métrage mérite le détour. ****

samedi 1 septembre 2012

Entrevues : La vallée des larmes

Avec son nouveau long métrage, La vallée des larmes, la cinéaste libanaise installée à Montréal, Maryanne Zéhil, fait vivre les répercussions du terrible massacre de Sabra et Chatila.

J'ai pu longuement discuté avec la réalisatrice il y a de cela quelques semaines.

Mon premier entretien est un texte suivi qu'il est possible de lire dans les pages du Métro.

Mon second article en format questions/réponses est disponible sur le site de Cineplex.

Film du jour: Mona Lisa

Croisement british entre Taxi Driver et Le samouraï, Mona Lisa est ce très beau film de Neil Jordan sur la rencontre fortuite entre deux âmes éprouvées par la vie. Drôle et violent, plus amer que mélancolique, cette odyssée jazz sait comment émouvoir et divertir. Le scénario économe de mots trouve sans cesse le sentier le moins arpenté pour l'explorer, et les interprètes mettent complètement à leur main ces personnages qui auraient pu être des archétypes. On y retient surtout un cinéaste qui n'a pratiquement rien fait de mieux depuis (1986, tout de même) et un génial Bob Hoskins qui y trouve le grand rôle de sa carrière. ****