samedi 31 mai 2014

Nouveautés au cinéma : Suzanne, We are the Best !, The Grand Seduction, Maleficent

Il y a de belles et de moins belles choses qui prennent l'affiche cette semaine au cinéma.

La sortie la plus intéressante est facilement Suzanne de Katell Quillévéré, récit doux-amer d'une femme-enfant qui préfère suivre son grand amour que de s'occuper de sa famille. La réalisation contrôlée, les choix musicaux, le don des ellipses et l'interprétation sincère rendent ce film extrêmement intéressant même si l'histoire ne tarde pas à afficher ses limites. ***1/2

Chronique légère et enfantine d'adolescents qui cherchent à partir leur groupe de musique punk, We are the Best! de Lukas Moodysson est un effort agréable sur la Suède du début des années 80. La mise en scène ne casse rien, sauf qu'elle est rachetée par des comédiens sympathiques. ***

Moins drôle mais plus mélancolique, The Grand Seduction de Don McKellar ressemble beaucoup à son modèle québécois. L'histoire est pratiquement la même, les surprises sont inexistantes et les acteurs talentueux n'évitent pas une certaine forme de pilote-automatique. Du coup, ce voyage à Terre-Neuve ne laisse finalement aucun souvenir impérissable. **1/2

Maleficent de Robert Stromberg est la première déception de la période estivale hollywoodienne. Un conte édulcoré aux effets spéciaux pitoyables, où la méchante de La belle au bois dormant se voit gratifier d'une histoire sans aucun enjeu pour expliquer que finalement, elle n'était pas si diabolique que ça. Les scènes d'action ne tiennent guère en haleine et les comédiens ne sont pas très bien dirigés. En gros: un ratage. **

Film du jour: A Short Film About Killing

Opus qui a contribué à éliminer la peine de mort en Pologne, A Short Film About Killing de Krzysztof Kieslowski est une oeuvre à la fois brutale et magnifique, où la beauté austère des paysages se fond au climat de violence généralisée. Ce qui débute d'abord comme un film choral devient complètement autre chose à mi-chemin, le cinéaste continuant à explorer le rôle du destin d'une manière implacable. L'approche d'abord froide et en retrait finit par hanter et, ultimement, faire pleurer. À voir ce soir à la Cinémathèque québécoise. ****

vendredi 30 mai 2014

Entrevues The Grand Seduction

Remake anglophone, The Grand Seduction de Don McKellar reprend la même histoire que le célèbre succès québécois, transposant cette fois l'action à Terre-Neuve.

J'ai pu rencontrer son réalisateur et plusieurs de ses comédiens, dont Brendan Gleeson et Taylor Kitsch.

Une première entrevue (plus sérieuse) se trouve sur le site du Métro.
La seconde, peut-être plus ludique, est accessible par le site de Cineplex.

Film du jour: The Italian Job (1969)

Oubliez tout de suite le banal remake avec Mark Wahlberg. La version de 1969 de The Italian Job de Peter Collinson demeure encore à ce jour un film hilarant et branché sur un vol tout simplement incroyable. L'histoire qui ne fait pas beaucoup de sens n'est qu'un prétexte aux poursuites de la mort et aux voitures incroyables, aux des situations tirées par les cheveux qui font beaucoup sourire et à des interprétations délectables de comédiens aguerris. Michael Caine y trouve d'ailleurs son rôle le plus emblématique en carrière. Du gros fun noir entre deux longs métrages plus sérieux. ***1/2

jeudi 29 mai 2014

Film du jour: Pine Ridge

Présenté ce soir à l'Excentris dans le cadre du cycle Docville, Pine Ridge d'Anna Eborn est un documentaire éloquent sur cette réserve Sioux du Dakota du Sud, où la pauvreté n'empêche pas d'avoir des rêves. Bien que le sujet soit intéressant et nécessaire, son déploiement un brin éparpillé s'avère souvent sommaire. À tel point qu'on regarde l'essai surtout pour sa réalisation rigide et contemplative qui impressionne avec ses longs plans et pour la beauté somptueuse de ses paysages. ***

mercredi 28 mai 2014

Film du jour: Short Term 12

C'est vraiment un magnifique film qu'offre le réalisateur Destin Daniel Cretton avec Short Term 12, oeuvre inconnue au Québec mais qui a remporté un franc succès dans les festivals indépendants américains. Sans misérabilisme et avec un surplus d'honnêteté, cette plongée dans un centre pour jeunes délinquants va droit au coeur, faisant rire et pleurer tout à la fois. Porté par la présence éblouissante de la trop rare Brie Larson, il s'agit d'un opus à voir et à faire découvrir, pour renouer avec l'essence même du septième art. ****

mardi 27 mai 2014

Nouveautés en DVD : Cheap Thrills, Rhymes for Young Ghouls, Endless Love

Encore une fois cette semaine, les nouveautés DVD et Blu-ray ne sont pas nombreuses...

On peut d'abord passer un bon moment devant Cheap Thrills de E.L. Katz, un film noir tordu et sardonique sur l'argent qui détruit tout (l'amitié, les valeurs, l'humanité). Le récit est modeste mais généralement satisfaisant. ***

Il y a également Rhymes for Young Ghouls de Jeff Barnaby, une sorte de conte sur une adolescente qui tente de venger son entourage. Le résultat va parfois dans tous les sens, sauf qu'il ne manque d'idée et il finit par séduire. ***
Mes entrevues avec le réalisateur et son héroïne

Le seule titre à oublier est Endless Love de Shana Feste, une romance kitsch et risible sur un amour naissant qui est parasité par les délires du père de la douce. Le sirop coule à flot, donnant l'impression de se retrouver devant une production moralisatrice de 1954 et non de 2014. *1/2

Film du jour: Red River

Disponible aujourd'hui dans la prestigieuse édition Criterion, Red River est une oeuvre emblématique dans la carrière du réalisateur Howard Hawks. Non seulement il s'agit de son premier western, mais c'est également son premier long métrage avec John Wayne et le premier rôle important de Montgomery Clift. Ce trio fait des merveilles dans ce récit particulièrement symbolique d'un convoi qui parcoure le Texas pour vendre des bêtes au nord. Les morceaux de bravoure sont nombreux et l'histoire est d'une profondeur inouïe. ****1/2

lundi 26 mai 2014

Cannes selon Xavier Dolan

Ce matin au cinéma Excentris, Xavier Dolan revenait sur son passage au Festival de Cannes et sur le succès réservé à son cinquième film Mommy, qui s'est mérité le Prix du Jury.

J'étais présent et voici ce qui s'est passé.

Film du jour: City of Fear

Des films américains comme City of Fear qui suscitent la paranoïa, il y en a eu plusieurs au courant des années 50. Celui d'Irving Lerner qui porte sur un malfrat qui possède une arme de destruction massive sans le savoir interpelle par l'originalité de sa prémisse, son traitement efficace et son rythme rentre-dedans. Le résultat n'est pas toujours subtil et l'interprétation est inégale, mais il y a de quoi être sur le bout de son siège tant le sujet pourrait se dérouler de nos jours. ***

dimanche 25 mai 2014

Film du jour: The Promised Land

Le cycle polonais se poursuit à la Cinémathèque québécoise avec la présentation de The Promised Land d'Andrzej Wajda, exceptionnelle saga sur trois hommes qui tentent de lancer leur propre entreprise. Le capitalisme sauvage s'exprime d'une brillante façon à l'aide d'hommes et de femmes qui ne pensent qu'à l'argent et au pouvoir. C'est sauvage, crû, rapide et violent tout en bénéficiant d'une mise en scène experte et d'incroyables interprètes. ****1/2

samedi 24 mai 2014

Film du jour: Naked

De tous les films de Mike Leigh, celui qui offre la meilleure symbiose de son écriture essentielle et de sa réalisation rentre-dedans, c'est bien Naked. Le propos et la forme sont en parfaite osmose derrière cette histoire de «fin du monde» d'un homme qui ne croit plus en rien et qui s'amuse à détruire son entourage. Brillant, d'une intelligence inouïe et défendu parfaitement par David Thewlis, il s'agit d'une oeuvre importante et toujours d'actualité, qui ébranle les convictions avec gravité et humour noir. ****1/2

vendredi 23 mai 2014

Nouveautés au cinéma : The Immigrant, X-Men : Days of Future Past, Blended

La saison estivale hollywoodienne est vraiment là avec la sortie simultanée du gros film de super-héros et de la comédie grand public. Qu'est-ce qu'on va voir?

Pourquoi pas l'essai plus modeste mais de qualité supérieure? Notre choix porte sur The Immigrant, l'oeuvre la plus ambitieuse à ce jour du cinéaste James Gray. Même s'il n'a pas réussi un autre tour de force comme Two Lovers ou We Own the Night, le réalisateur américain propose une fresque souvent fascinante d'une immigrante qui doit se prostituer pour survivre. Visuellement c'est magnifique, le scénario est riche et si l'héroïne campée par Marion Cotillard manque un peu de finition, elle est bien entourée par les excellents Joaquin Phoenix et Jeremy Renner. ***1/2
Ma critique complète

Le précédent épisode (et le meilleur du lot) touchait le sublime et la première bande-annonce de X-Men: Days of the Future Past annonçait quelque chose d'épique et inoubliable. Dommage que le résultat est si ordinaire, si banal dans les mains de Bryan Singer qui reprend la franchise en main. Outre les spectaculaires scènes d'action, on se retrouve avec une histoire simpliste, des dialogues souvent indigestes, beaucoup trop de personnages, des touches d'humour douteuses, des empreints navrants à The Matrix et une tonne de morales dégoulinantes. Pourtant, lors des séances de combats en 3D, c'est vraiment pas mal... ***

Adam Sandler qui se retrouve dans une production qui n'est pas un navet? Cela fait plusieurs années que ce n'est pas arrivé. Et même si Blended de Frank Coraci n'est pas à proprement parlé un bon film, cela demeure tout de même très potable. Bien sûr, ce voyage en Afrique est parfaitement prévisible et parsemé de clichés. Reste que le duo Sandler et Drew Barrymore fonctionne toujours autant et qu'il y a des éléments plus dramatiques viennent ramener l'humour souvent vulgaire dans le droit chemin. Pour une surprise, cela en est toute une. **1/2

Film du jour: Story of a Love Affair

Premier long métrage d'Antonioni, Story of a Love Affair est un film noir qui est accompagné de réflexions mélancoliques et psychologiques sur le passage du temps et les amours déchus. Un brin rigide, la construction annonce de grandes choses pour son auteur, qui maîtrise déjà les images et la direction d'acteurs. Il n'a fait qu'épurer ses sujets et sa mise en scène pour la rendre la plus universelle et avant-gardiste possible. Mais déjà dans ce récit obscur mais émouvant sur le passé sombre de deux anciens amoureux, il y a déjà la marque d'un cinéaste qui allait devenir majeur. ****

jeudi 22 mai 2014

En attendant Blended

Il n'y a pas seulement le dernier épisode des X-Men à prendre l'affiche ce vendredi. L'autre grosse sortie américaine est Blended, la nouvelle comédie mettant en vedette Adam Sandler. L'acteur a déçu plusieurs de ses fans avec ses récents - et très mauvais - films. Il revient cependant en force avec ce nouveau long métrage qui est beaucoup plus supportable.

Film du jour: Odds Against Tomorrow

Film noir autant que drame social qui cherche à exprimer visuellement le racisme, Odd Against Tomorrow de Robert Wise est un suspense lent mais enlevant sur trois hommes qui préparent un vol. La construction du récit, très minutieuse, expose la psychologie de ces êtres et même s'il ne s'y passe au final presque rien, l'ensemble captive (grâce à ses interprètes, à ses superbes images, à sa délicieuse trame sonore...). ***1/2 

mercredi 21 mai 2014

Film du jour: Nostalghia

Lorsqu'on nomme les classiques d'Andreï Tarkvosky, Nostalghia fait rarement partie du lot. Cette histoire largement autobiographique comporte pourtant tout ce qui intéresse le grand cinéaste russe: la quête identitaire, les souvenirs qui marquent à jamais, la difficulté de vivre dans le présent et de construire un futur, les liens avec les autres et la nature, etc. On y retrouve le même amour pour les paysages, les cadres, les symboles, les plans-séquences, la contemplation et le rythme qui respire, faisant de ce projet - tourné en Italie - sur l'exil et sur l'art une fascinante méditation spatio-temporelle. À regarder plus d'une fois afin de toucher allègrement le divin. ****1/2

mardi 20 mai 2014

Nouveautés en DVD: The Jewish Cardinal, Everybody Has a Plan, Stay, About Last Night, 3 Days to Kill, Vampire Academy

Alors qu'on aimerait vraiment ça être à Cannes pour profiter des meilleurs films de l'année, on demeure tranquillement à la maison à écrire sur les dernières nouveautés en DVD et en Blu-ray, alors que les sorties de la semaine ne passeront pas à la postérité.

Il y a tout de même un film intéressant. Il s'agit de The Jewish Cardinal (Le métis de Dieu), un biopic conventionnel mais honorable sur un prêtre qui tente de jongler avec ses origines juives et son mandat catholique. La leçon d'histoire est potable et le casting, assez réjouissant. ***

Viggo Mortensen parle espagnol dans Everybody Has a Plan et il prend la place de son frère jumeau, ce qui lui apporte que des problèmes. L'intrigue de départ de cette oeuvre signée Ana Piterbarg est prometteuse. La démonstration n'est cependant pas à la hauteur, l'effort manquant de profondeur. **1/2
Ma critique complète

C'est fou ce que la naissance prochaine d'un bébé peut changer. C'est la prémisse derrière le Stay de Wiebke von Carolsfeld. La démarche sincère et les beaux paysages ne sauvent pourtant pas le récit de ses fils blancs et de ses morales. **1/2

Un peu de romance et beaucoup d'humour. C'est la chimie d'About Last Night de Steve Pink sur les aléas de couples qui s'aiment parfois mal. Bien sûr, on n'y croit pas une seconde seconde tellement les clichés sont épais. **

Kevin Costner dans une production de Luc Besson, c'est une sorte d'énième Taken. 3 Days to Kill de McG respecte cette formule du papa frustré qui fait tout pour protéger sa fille. C'est manipulateur, outrancier, sexiste et jamais réellement divertissant. **

Les suceurs de sang reprennent du service dans Vampire Academy de Mark Waters, une comédie particulièrement ratée et réalisée n'importe comment, qui fait presque regretter Twilight. Oui, c'est à ce point. *1/2

Film du jour: Amistad

Dans la filmographie du Spielberg sérieux, on tend à oublier Amistad, qui porte sur un véritable procès où des esclaves noirs devaient être remis à leur propriétaire... ou tout simplement relâchés. C'est un peu normal, il ne s'agit pas de son meilleur effort (trop de symboles, de discours pompeux, de violons). Malgré tout, le sujet est important, quelques scènes marquent les esprits et la distribution est vraiment impressionnante. Il ne faut seulement pas le comparer à un certain 12 Years a Slave... ***

lundi 19 mai 2014

Film du jour: Master of the House

Avant ses grands classiques austères qui questionnent le rôle du divin, Carl Theodor Dreyer était l'auteur de films plus légers et même ludiques, comme Master of the House en 1925 qui a remporté un succès fou. Très moderne, cette satire mélodramatique sur un père de famille tyran qui se fait remettre la monnaie de sa pièce par les femmes qui l'entourent sonne encore juste à notre époque. La charge féministe est encore palpable et on se plait à redécouvrir l'ensemble, des interprètes formidables au soin apporté aux images et à la photographie. ****

dimanche 18 mai 2014

Film du jour: Les discrètes

À l'affiche au cinéma Excentris jusqu'à demain, Les discrètes d'Hélène Choquette est un documentaire sur les Soeurs de la Providence, de sa créatrice Émilie Gamelin et de ses actions aujourd'hui auprès des marginaux, des pauvres et des délaissés. Sensible, éclairant et assez ludique, l'effort pique la curiosité sans captiver totalement, la réalisation manquant parfois d'audace. Mais le sujet ne le méritait pas nécessairement, ce qui, au final, n'est pas trop grave. ***

samedi 17 mai 2014

Film du jour: Foxfire (critique)

Avec le cinéaste Laurent Cantet, il faut s'attendre à tout. Est-ce que ce sera un chef-d'oeuvre en puissance (comme Entre les murs et L'emploi du temps) ou une oeuvre beaucoup plus mineure (Ressource humaine et surtout Vers le sud)? Foxfire se situe dans la seconde catégorie, ce qui ne l'empêche pas de briller lors de scènes fortes (ou au niveau de la réalisation soignée, de l'interprétation convaincante, etc.). On sent cependant dans ce récit d'un groupe d'adolescentes qui se rebellent contre le machisme ambiant un manque de subtilité et de nuance, ainsi qu'on long métrage beaucoup trop... long. ***

vendredi 16 mai 2014

Entrevue Pour que plus jamais

Premier long métrage de la réalisatrice, productrice, scénariste et actrice Marie Ange Barbancourt, Pour que plus jamais est un ambitieux suspense sociopolitique qui se déroule à Haïti.

Pour en savoir plus sur le sujet, mon entrevue avec sa créatrice se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Come Worry With Us !

Présenté au Cinéma du Parc jusqu'au au 18 mai, Come Worry With Us! est un éclairant documentaire sur la vie de parents chez des musiciens qui sont constamment en tournée. Réalisé modestement par Helene Klodawsky, l'effort séduit par son propos pertinent et surtout par sa matière première: le groupe culte Thee Silver Mt. Zion, dont la musique est excellente et ses êtres si fascinants. L'ensemble tourne un peu en rond à mi-chemin, mais ce qui en ressort ne manque pas d'intéresser. ***

jeudi 15 mai 2014

Entrevue Le règne de la beauté

Pour la sortie du très attendu film Le règne de la beauté, je vous ai préparé des entrevues avec le réalisateur Denys Arcand et l'actrice Marie-Josée Croze.

Le tout se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Blind Chance

Présenté ce soir à la Cinémathèque québécoise dans le cadre d'une rétrospective accordée au cinéma polonais, Blind Chance est une histoire en trois temps qui questionne le rôle du hasard et du destin dans la vie politique et personnelle des êtres. Interdit dans son propre pays, ce long métrage critique et incendiaire offre déjà à l'époque (1981) un concentré de l'art de son réalisateur - le grand Krzystof Kieslowski - qui allait accoucher quelques années plus tard de véritables chef-d’œuvres. En attendant, on ne peut que se régaler... et se dire qu'un Cours, Lola, cours n'aurait pu exister sans lui. **** 

mercredi 14 mai 2014

Film du jour: Le règne de la beauté (critique)

Pauvre Denys Arcand! Son dernier film n’a pas été sélectionné à Cannes, les journalistes ne se gênent pas pour le remettre à sa place après des propos douteux sur les meilleurs réalisateurs québécois et avec la sortie de son dernier long métrage, Le règne de la beauté, il n’échappera pas à la critique. Ça fait changement des Invasions barbares, n’est-ce pas? Malheureusement, ce n’est pas ici une très bonne nouvelle, comme lui comme pour nous.

Sur papier, Le règne de la beauté est pourtant du Arcand tout craché. Il y a un groupe d’amis qui discutent d’amour et de cul autour de la table comme dans Le déclin de l’empire américain, des gens malades dont un à l’article de la mort qui rappelle beaucoup Les invasions barbares, une fascination pour les poncifs verbeux sur l’économie et la politique et des morales collantes sur le risque d’aller voir ailleurs (bonjour L’âge des ténèbres!). Beaucoup de surenchère pour encadrer une histoire qui aurait dû demeurer intimiste : le coup de foudre d’un architecte (Éric Bruneau, plutôt à l’aise) heureux en couple (normal, il est avec Mélanie Thierry même si elle est particulièrement inexpressive), qui décide d’aller voir ailleurs (on peut le comprendre, c’est avec Melanie Merkosky qui semble tout droit sortir d’un essai d’Emmanuel Mouret).


On sent rapidement que le cinéaste a voulu se faire plaisir. Il filme dans un environnement riche et luxueux de belles personnes qui portent du beau linge et conduisent de belles voitures. Cette beauté se répercute sur les paysages et la photographie, qui rappellent par moments certaines cartes postales. C’est partout et même dans le titre, pourquoi y voir autre chose? Pendant que le spectateur cherche ce qu’il y a sous le verni, le metteur en scène ne se soucie guère de son intrigue. Ah, mettons une scène de hockey ici, une de tennis par là et une autre de ski à cet endroit, faisant tous les sports qu’il apprécie pour montrer comment la vie des aisés de ce monde est belle - encore ce concept qui revient - et heureuse.

Pour la profondeur et même la vraisemblance, il faudra revenir. Car on les cherche encore, autant dans les personnages ternes (dommage, ils sont défendus par de bons comédiens) que dans leurs motivations, dans les situations tirées par les cheveux et même au sein des dialogues assommants.

Et si Arcand avait fait exprès de décrire ses trentenaires comme des individus superficiels et froids, dénués d’humanité et de valeurs? Son film lui rend bien, au même titre que sa réalisation beaucoup trop sage et impersonnelle.


Le créateur de Jésus de Montréal semble pourtant tenir à cœur ces destins où l’intérêt vacille constamment. Des rares éléments comiques, satiriques ou ironiques, il préfère embrasser le drame lourd et la romance exacerbée, où une mélodie involontairement hilarante se fait irrémédiablement entendre lors d’un coït qui est, évidemment, toujours effectué dans la même position. Pourtant, s’il y a un âge où on ne devrait pas manquer d’originalité, c’est bien celui-là. Du cynisme et de la désillusion qui enrobaient son cinéma, il y a maintenant que de la place pour la sentimentalité fleur bleue.

Difficile donc de prendre Le règne de la beauté pour autre chose qu’un coup d’épée dans l’eau. L’œuvre est plastiquement intéressante mais d'une fadeur abyssale, avec un chef d’orchestre qui semble constamment se parodier. Un échec retentissant, plus encore que ses précédents Stardom, De l’amour et des restes humains et L’âge des ténèbres et qui annonce peut-être bien la rupture amoureuse avec son œuvre (surtout pour quiconque considère Le déclin de l’empire américain comme un classique culte). On laisse évidemment la chance au coureur et avec la carrière qu’il a derrière lui, Arcand peut se permettre n’importe quoi. L’avenir ne semble toutefois pas très prometteur de ce côté. **

mardi 13 mai 2014

Nouveautés en DVD : Her, That Awkward Moment, Stalingrad

Ça paraît que le Festival de Cannes cogne à la porte, car il n'y a presque rien d'intéressant qui sort en format DVD et Blu-ray cette semaine.

On omet évidemment Her, le récent (et meilleur) film de Spike Jonze, qui porte sur l'amour au temps de l'informatique. C'est beau, intelligent, séduisant, un brin trop long et symbolique, mais doté d'une réalisation adroite, de superbes choix musicaux, de comédiens parfaits et d'un scénario ingénieux. ****
Ma critique

Beaucoup plus oubliable est That Awkward Moment de Tom Gormican, une comédie vulgaire sur trois amis qui décident de ne pas avoir de relations amoureuses stables. On sent la camaraderie entre les acteurs, mais c'est insuffisant pour rendre intéressant ou même réussi cet effort. **1/2

On s'y amuse pourtant plus que dans Stalingrad de Fedor Bondarchuk, un drame de guerre gonflé aux stéroïdes où cette tragédie survenu pendant la Seconde Guerre mondiale n'est qu'un prétexte pour montrer un maximum d'effets spéciaux et la 3D. De quoi cogner des clous très rapidement. **

Film du jour: Brand New Day

Lorsqu'une comédie musicale a du succès, elle finit invariablement en film. C'est le cas de Brand New Day, ce long métrage australien sur un jeune homme recherché qui ferait n'importe quoi pour retrouver l'élu de son coeur. C'est évidement kitsch et sirupeux, réalisé un peu n'importe comment par Rachel Perkins et sans aucun réel intérêt cinématographique. Pourtant, l'ensemble finit par mettre de bonne humeur avec ses chansons pimpantes et ses personnages colorés. C'est déjà beaucoup plus que ce que laissait deviner sa pochette. **1/2

lundi 12 mai 2014

Entrevue avec Lucia Puenzo, réalisatrice de Le médecin de famille

Très intéressant drame qui mélange la grande et la petite histoire, les nazis et le désir de changer de corps, Le médecin de famille est le nouveau film de la talentueuse cinéaste Lucia Puenzo, découverte grâce au magistral XXY.

J'ai pu m'entretenir avec la metteure en scène lors d'un entretien téléphonique réalisé jusqu'en Argentine. Mon entrevue se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Tanta Agua

C'est un sympathique premier long métrage uruguayen qu'offrent Ana Guevara et Letica Jorge. Sans être majeur, Tanta Agua demeure un drame intelligent et sensible sur une famille qui ne vit pas nécessairement les vacances escomptées. Le scénario est subtil, l'interprétation toujours adéquate et il en résulte un doux sentiment de mélancolie, à cette étape précise où les enfants commencent à se détourner de leurs parents pour tenter de vivre par eux-mêmes leur existence. ***
Critique

dimanche 11 mai 2014

10 films pour la Fête des Mères

Pour célébrer la Fête des Mères en famille, voici 10 films sur les plus belles relations mère/fils.

Mes choix se trouvent sur le site de Cineplex.

Film du jour: Voyage au Portugal

Présenté récemment au Cinéma du Parc, Voyage au Portugal de Sergio Tréfaut est une très belle expérience cinématographique. Minimaliste, influencé par la Nouvelle Vague mais également par des oeuvres plus récentes (comme l'excellent Tabou), ce récit sur une femme de l'Est qui ne peut séjourner au Portugal demeure constamment intriguant. Tourné comme un documentaire et bénéficiant d'interprétations particulièrement convaincantes, l'ensemble séduit amplement malgré sa rigidité intrinsèque. ***1/2 

samedi 10 mai 2014

Nouveautés au cinéma : Under the Skin, Le temps de l’aventure, Le médecin de famille, La Playa D.C., Fed Up, Michael Kohlhaas, Finding Vivian Maier, Anne des vingt jours, Legends of Oz – Dorothy’s Return

Quelle semaine impressionnante de cinéma avec au moins cinq nouveaux longs métrages qui méritent le détour! En plus de Locke qui est notre film du jour, voici également ce qui prend l'affiche cette semaine (et encore, on n'a pas vu Neighbors et Le semeur, mais on promet de se rattraper pour le DVD).

Fascinant et impénétrable essai sur une extraterrestre prédatrice qui «dévore» des hommes, Under the Skin de Jonathan Glazer est une oeuvre non-conventionnelle, hypnotisante par ses images et sa trame sonore, et dont le récit obscur facilitera les nombreux visionnements. Dans le rôle principal, Scarlett Johansson trouve son meilleur rôle en carrière. ****

Il ne s'en fait plus des romances comme Le temps de l'aventure. La mise en scène vivante de Jérôme Bonnell est parfaitement en phase avec le jeu d'Emmanuelle Devos, qui trouve là la somme de tous ses personnages déjà incarnés à l'écran. Son duo avec le trop rare Gabriel Byrne fait des flammèches, rappelant que l'amour, même trop court, est la plus belle des bénédictions. ***1/2

Histoire édifiante qui mélange le politique (l'exode de nazis après la Seconde Guerre mondiale, la recherche de la race parfaite) et le personnel (une amitié ambiguë entre un docteur et une adolescente), Le médecin de famille de Lucia Puenzo (XXY) est un opus tendu comme on les aime. ***1/2

Premier long métrage très maîtrisé, La Playa D.C. de Juan Andrés Arango Garcia suit le destin d'un jeune homme dans les rues de Bogota. On est soufflé par la réalisation souple, le style criant de vérité et cette façon d'éviter tout misérabilisme. ***1/2

Documentaire un brin sensationnaliste mais toujours intéressant et pertinent sur le sucre et l'obésité, Fed Up de Stephanie Soechtig parvient à sensibiliser à l'aide de témoignages probants et d'un montage aéré. Dans le genre, c'est pas mal. ***

Présenté l'année dernière en compétition officielle à Cannes, Michael Kohlaas d'Arnaud des Pallières est un drame au souffle épique sur un homme qui met un pays à feu et à sang pour se venger d'une humiliation. Les images magnifiques et la composition viscérale de Mads Mikkelsen tentent de coexister avec un traitement austère, soutenu et violent mais au final un peu redondant. Ragtime de Milos Forman reprenait ce thème avec beaucoup plus de brio. ***

Documentaire incroyable sur une photographe décédée qui devient célèbre après qu'un inconnu ait découvert ses croquis, Finding Vivian Maier de John Maloof et Charlie Siskel semble être arrangé avec les gars des vues. Pourtant, il est difficile de ne pas être diverti avec tous les témoignages savoureux qui y figurent. ***

Michel Langlois fait toujours le même film. Il est continuellement question d'une famille qui a marqué sa vie et du spectre d'Anne Hébert. Anne des vingts jours qui raconte sa rencontre avec la grande poétesse québécoise ne fait pas exception. Le résultat n'est cependant pas à la hauteur d'un Mère et monde tant le traitement est narcissique et que la réalisation manque de pep. **1/2

Une suite animée au classique Wizard of Oz où Dorothy et Toto retourne à Oz? Pourquoi pas. Malgré tout son bon vouloir, son action, sa 3D et ses chansons, il n'y a rien de vraiment mémorable ou même de recommandable qui ressort du Legends of Oz - Dorothy's Return de Will Finn et Dan St. Pierre. À ce chapitre, mieux vaut revoir l'antépisode concocté par Sam Raimi l'année dernière. **

Film du jour: Locke

Ayant pris l'affiche hier sans la moindre projection de presse, Locke de Steven Knight est une oeuvre réellement impressionnante. Huis clos qui résulte en un tour de force de sa vedette - Tom Hardy - qui passe le film au volant de sa voiture à converser avec sa famille et ces employeurs, ce drame psychologique se mute peu à peu en suspense, alors qu'on homme met en péril sa vie personnelle et professionnelle pour une raison qui alimentera les conversation. La mise en scène est extrêmement intéressante, le montage demeure tendu, la musique s'avère adéquate et malgré quelques répétitions, Hardy livre une grande performance, facilement la meilleure de cette année 2014. À voir avant qu'il ne soit trop tard. ***1/2

vendredi 9 mai 2014

Pour se donner le goût d'aller voir The Railway Man

Colin Firth, Nicole Kidman, un sujet particulièrement explosif. Les raisons sont nombreuses pour aller voir The Railway Man, ce drame imparfait mais important sur les conséquences de la guerre.

Pour se laisser convaincre, voici mon texte à cet effet. Surtout si ça permet de revoir les sublimes Le pont de la rivière Kwai et Furyo qui nagent dans les mêmes eaux!

Film du jour: XXY

Premier film de la romancière Lucia Puenzo, XXY est une oeuvre fine, délicate et sensible sur l'identité et la quête sexuelle de deux adolescents. La belle mise en scène à la fois douce et âpre frappe de plein fouet, au même titre que le scénario en couches et l'interprétation forte des comédiens. Entre réalisme et symbolisme, il y a un chemin qui fait de ce long métrage une véritable réussite. À voir en attendant de découvrir Le médecin de famille de la même réalisatrice. ****

jeudi 8 mai 2014

Entrevue avec Michel Langois pour Anne des vingt jours

Essai documentaire sur l'amitié et la grande poétesse Anne Hébert, Anne des vingt jours est le nouvel exutoire cinématographique du réalisateur Michel Langois (Cap Tourmente, Mère et monde).

Récemment, j'ai pu rencontrer le cinéaste québécois. Mon entretien se trouve dans le Journal Métro.

Film du jour: Fists in the Pocket

Plusieurs premiers films sont des oeuvres implacables qui ont marqué leur époque. C'est le cas de Fists in the Pocket de Marco Bellochio, un drame satirique très noir sur une famille au bord du précipice. Le ton outrancier fait écho à la situation de l'Italie du milieu des années 60 et si la mise en scène intègre quelques éléments de la Nouvelle Vague française, le long métrage demeure authentique, à la fois révoltant, important et hallucinant. ****

mercredi 7 mai 2014

5 questions à Emmanuelle Devos pour Le temps de l’aventure

Un amour incroyable façon le Brief Encounter de David Lean. C’est ce que vit Alex (Emmanuelle Devos) avec un mystérieux inconnu (Gabriel Byrne) dans Le temps de l’aventure de Jérôme Bonnell.

Pour en savoir plus sur ce très beau drame sentimental, voici mon entrevue avec la rayonnante Emmanuelle Devos.

Quelle aventure!
En effet! Jérôme Bonnell me disait qu’il écrivait pour moi depuis un an et demi. Quand il m’a envoyé le scénario, j’étais gênée et ravie. C’est un personnage qui à la fois me ressemble et ne me ressemble pas. J’adorais les situations et je trouvais cette histoire d’amour très belle. Cet amour d’une vie mais sur une journée et ça me remettait dans une sorte de fraîcheur des sentiments. C’était très romantique.

Ce rôle vous va comme un gant, s’apparentant à d’autres personnages que vous avez pu jouer par le passé, mais peut-être avec de nouvelles couleurs. Vous y avez mis beaucoup de vous?
C’est impossible de ne pas mettre de soi-même. Disons que l’enveloppe est différente, mais au final, on joue avec soi-même et avec un autre costume, une autre situation, un autre passé. Mais le soi-même, il est toujours là et moi je n’ai pas tous les points communs avec Alix. Je ne suis pas comme elle, mais je la comprenais tellement. Bizarrement, Le temps de l’aventure c’était presque plus fatiguant à jouer que Violette. Ça l’air plus léger comme ça, mais c’était tellement intense de jouer cet amour!


C’était la faute de Gabriel Byrne, immortalisé dans The Usual Suspects?
(Rires) Au début, on était très intimidé. J’étais extrêmement intimidée par lui et lui, il ne savait pas trop où il était. Et on s’est apprivoisée petit à petit. Une fois qu’on a jouée nos scènes d’amour, on était très copain (rires). On était allé loin, quand même (rires). On se regardait dans les yeux quand même toute la journée… S’embrasser c’est une chose. Mais c’était incroyable. Comme les personnages, on était sur une autre planète. Et puis c’est quelqu’un d’extrêmement charismatique, de très, très beau. Je le regardais tout le temps. J’étais complètement fasciné par lui. J’étais contente de tourner avec lui. C’était une belle aventure.

Le fait de devoir lui parler en anglais vous permettait peut-être d’abandonner cette réserve naturelle et de mordre à belles dents dans le rôle?
Oui, de jouer dans une autre langue, c’est extraordinaire. Surtout pour dire des mots d’amour. On dit toujours que le français est la langue de l’amour, mais je pouvais dire des choses en anglais qu’en français m’aurait paru un peu too much. En anglais, je disais ça très tranquillement. Et ça me protège un peu, oui. Ça rajoute une petite protection et on peut se permettre de dire des choses plus directement.

On sent que la caméra vous embrasse dans sa façon de filmer.  Elle est toujours au plus près, collée sur votre nuque. On vous suit, on est dans le moment présent, ça bouge. Il y a un sentiment, quelque part, de ne faire qu'un avec le film?
Oui. Mais quand on tourne, on ne pense pas à ça. Le cinéma, c’est vraiment l’art de l’instant. Je crois beaucoup au jour après jour, à ce qu’on fait aujourd’hui. On fait ça, bon, ok. Mais se dire qu’on a un film sur les épaules, je ne pense jamais à ça. Jamais, jamais. Ce que je veux, le moment que je suis sur le plateau, c’est de travailler et que ça se passe bien. Le reste, ce n’est pas des questions qu’il faut se poser.

Film du jour: Assunta Spina

Classique du cinéma muet italien, Assunta Spina de Gustavo Serena fête cette année son 100e anniversaire. Trop peu vu en dehors de ses frontières, cet essai sur une femme qui délaisse son futur mari pour un amant est un trésor incroyable, qui a fait évoluer son art sur des plans techniques et dramaturgiques. Autant l'histoire peut sembler simpliste, autant elle est continuellement enrichie de couches et de complexité. Dans le rôle principal, la diva Francesca Bertini offre toute une performance. ****1/2

mardi 6 mai 2014

Nouveautés en DVD : Violette, Le corps, Whitewash, Veronica Mars, 100% Cachemire, La fille du Martin

Une semaine relativement tranquille au niveau des sorties DVD et Blu-ray, avec au moins un titre à ne pas manquer.

Il s'agit de Violette, le nouvel opus de Martin Provost. Comme dans son précédent et excellent Séraphine, ce long métrage sur une romancière trop peu connue évite la poussière tout en conférant à la très bonne Emmanuelle Devos un rôle en or. On en redemande! ****

Suspense parsemé d'invraisemblances dont la finale, surprenante, vient presque tout compenser, Le corps d'Oriol Paulo est un divertissement honorable sur une femme morte qui serait peut-être encore en vie. On s'y amuse beaucoup. ***

Film noir où les magnifiques images prennent parfois le dessus sur le récit (un homme cherche à remettre en ordre le fil de son existence), Whitewash d'Emanuel Hoss-Desmarais est un premier film prometteur, un peu mince mais toujours intéressant. ***

Reprise sans originalité d'une série à succès, Veronica Mars de Rob Thomas s'adresse d'abord et avant tout aux gens qui connaissent cette licence par coeur. Mais même ceux-là auront peu de plaisir avec ce traitement léger qui fait à peine rire et cette mise en scène télévisuelle. **

Valérie Lemercier peut être très drôle. L'actrice et la réalisatrice manque cependant de gaz dans 100% Cachemire, une «comédie» grotesque sur un couple bourgeois qui décide d'adopter un enfant. Les situations sont déplorables et les morales, trop collantes. *1/2

Premier long métrage assez raté malgré la qualité de sa photographie, La fille du Martin de et avec Samuel Thivierge est une sorte de drame rédempteur avec des éléments de suspense, où une fille cherche à faire le deuil de son père. L'interprétation est inégale, l'histoire d'une simplicité déconcertante, la réalisation est fade et la musique beaucoup trop insistante. *1/2

Film du jour: L’événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la lune

Parfois, tout le talent du monde de peut sauver un film. C'est un peu le cas de L'événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune de Jacques Demy, avec Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve. Même s'il s'agit d'un conte sympathique, que l'utilisation des couleurs fait sourire et qu'il y a quelques gags réussis, cette histoire d'homme-enceinte frôle constamment le grotesque, passant son temps à tourner autour de son sujet au lieu de l'aborder de front. Cela donne au final un long métrage oubliable, surtout en comparaison des nombreux classiques de son créateur. **1/2

lundi 5 mai 2014

Entrevue: Mathieu Kassovitz parle d'Apocalypse la 1ère Guerre mondiale

Après l’énorme succès mondial de Apocalypse la 2e Guerre mondiale, les cinéastes Isabelle Clarke et Daniel Costelle continuent à retourner dans le temps. Ils s’intéressent cette fois à la Première Guerre mondiale, ce conflit de tranchées extrêmement violents et barbares qui fête cette année son 100e anniversaire.

Comme toujours, c’est Mathieu Kassovitz qui assure la narration. Nous avons pu rencontrer l’acteur et réalisateur lors de son passage à Montréal.

Vous êtes un passionné d’histoire?
Non, pas du tout.

En voyant Apocalypse la 1ère Guerre mondiale, vous avez pu y apprendre des choses?
Ah oui, plein de choses. Je n’y connaissais rien.


C’est votre quatrième collaboration avec les deux réalisateurs? Selon vous, pourquoi ils sont venus vous chercher?
Parce qu’ils cherchaient une voix nouvelle. Ils voulaient toucher un public un peu plus jeune, rendre le film le plus accessible possible à une jeunesse pour pas que les gens oublient.

Que sentiez-vous qui était différent avec cette collaboration-ci? Ils voulaient quelque chose de nouveau?
Non, on a commencé un travail avec La traque des nazis et au fur et à mesure, on en a fait quatre séries. Donc il y a une continuité dans le travail qui est tout à fait logique et normal.

Quelles sont les particularités au niveau de la narration?
Ils veulent raconter l’histoire de la guerre et que le spectateur soit émotionnellement attaché à l’histoire, avec un grand H et avec un petit h. Ce qu’ils m’ont demandé, c’est d’être le plus humain possible.

Un travail de doublage comme celui-ci prend environ combien de temps?
Une journée par épisode. Donc cinq jours en tout. Ce n’est pas grand-chose.

Sentez-vous que par rapport à d’autres conflits, comme la 2e Guerre mondiale ou la guerre du Vietnam, on parle moins de la 1ère Guerre mondiale? Car tous les problèmes que l’on vit présentement découlent de cet événement…
Non, ce n’est pas qu’on en parle moins. C’est qu’on a de moins en moins de survivants. Plus on va s’éloigner du temps, plus on va perdre les témoins de ces guerres-là et moins on va en parler. C’est pourquoi c’est important de se souvenir à travers ces images et de ne pas laisser les images vieillir. Pour que ça soit toujours d’actualité et qu’on se souvienne d’où on vient, pour comprendre où l’on va et pour comprendre où on est.

Que pensez-vous du processus de colorisation des images et le fait de rajouter des effets sonores?
Ces images-là sont difficiles à voir. Elles sont vraiment dans un sale état. Si on les regarde dans l’état qu’elles sont aujourd’hui, c’est impossible à voir. Et c’est impossible à voir pour toute une génération. Parce qu’il n’y a pas de son, c’est noir et blanc, c’est accéléré et on voit rien. Ce travail est essentiel. C’est un travail de mémoire. Si on ne faisait pas ce travail-là, on oublierait ces images parce qu’elles ne sont pas intéressantes à voir, à part au niveau historique. Mais à un niveau émotionnel, il faut arriver à les remettre dans leur contexte et remettre dans leur contexte, c’est leur donner de la couleur par exemple, c’est de leur donner le son qu’il y avait à l’époque.

Il y a un sentiment de trahir ces images?
Non, parce que ce n’est pas comme si on mettait des voix off ou on choisissait des couleurs. Qu’on prenait un film de Chaplin et qu’on allait dire qu’on veut que ça soit rouge. Et que comme il n’y avait pas de son, on va mettre une musique différente. Non. Ce n’est pas des images d’artistes, ce sont des images d’archives, faites par des reporters, par des journalistes, par des gens qui pouvaient filmer ce qu’ils faisaient. C’était vraiment de la documentation. Et cette documentation-là, si on peut la dépoussiérer, c’est tant mieux.


C’est propre à toutes les guerres, mais on remarque encore plus après avoir vu cette série que ce sont toujours les pauvres qui se battent…
Si les pauvres pouvaient prendre des décisions, on ne partirait pas en guerre. Car ils savent comment c’est dur d’être sur un terrain, de subir et de souffrir, d’être séparés de sa famille et de changer de vie complètement. Les gens savent. Mais les dirigeants ne le savent pas, car ils vivent une autre vie. Ça toujours été le cas et ça sera toujours le cas.

Vous allez être des prochains Apocalypse?
Oui, tout à fait. Les réalisateurs travaillent sur d’autres sujets, sur d’autres époques. Ils reviennent plus proche de nous. Il y a tellement de choses à traiter. On a 100 ans de guerre derrière nous. Tous les jours, de façon quotidienne, il n’y a que des guerres depuis 100 ans et ça n’a jamais arrêté.

Et je ne pense pas que ça va s’arrêter…
Non. Mais c’est important de l’observer et de se souvenir.

Prêter sa voix à cette série donne le goût de le refaire, pour d’autres documentaires ou même des animations?
Oui. Ça peut donner envie. Mais bon, je suis déjà content de participer à ces documents-là d’une manière ou d’une autre. Comme ça, ça me permet de ne pas me taper des films compliqués à faire. Tout est dit là-dedans.

Vous parlez de films compliqués. Comment se porte la carrière de cinéaste?
Ça va. Pour l’instant je suis tranquille parce que je n’ai pas grand-chose à dire. Mais j’ai la chance de pouvoir être acteur. Donc je gère ma vie autrement.

Il y a une certaine amertume avec les derniers projets, comme Babylon AD et L’ordre et la morale, où vous avez été un peu vilipendé à gauche et à droite?
Non. J’ai eu des très bonnes critiques sur mon dernier projet (L’ordre et la morale). Mais le public a besoin de rigoler, il n’a pas besoin de réfléchir trop. Il a trop de problèmes dans sa vie, le quotidien, bon. Le soir on a envie de penser à autre chose et je comprends.

Sentez-vous que sans donner ce que le client veut, ça peut vous pousser à modifier votre façon de travailler?
Oui… Il faut que j’aille quelque chose à dire et il faut que je sache comment le dire, c’est tout.

Plein de gens doivent vous associer à La haine
Oui…

Est-ce qu’on vous dit souvent  «La haine, c’était tellement magnifique. Pourquoi vous n’en faites plus des films comme ça?»?
Mais j’en ai fait. Ça dépend de comment les gens voient ce qui leur a plu. La Haine, ça a plu aux gens parce que c’était une comédie. Après, s’ils veulent que je fasse des comédies… Je ne sais pas, j’ai des trucs à raconter et ça ne m’intéresse pas ce que les gens veulent de moi. Alors je fais mon truc et on va voir ce qui se passe.


Et en tant qu’acteur, comment ça va?
Là, j’ai fait deux films qui vont sortir cette année (Vie sauvage de Cédric Kahn et Un illustre inconnu avec Marie-Josée Croze) et j’ai un projet qui risque de se faire cet été en tant que producteur. Tout va bien.

Comment vous choisissez vos rôles? C’est le scénario, les autres comédiens, le metteur en scène? Car vos deux derniers films à voir le jour au Québec étaient La vie d’une autre et Le guetteur
Je cherche à participer à des trucs qui sont intéressants. Cela dépend des projets. Des choses qui sont intéressantes parce que le réalisateur est intéressant, parce que le sujet est intéressant, d’autre parce que l’argent est intéressant, parce que le lieu de tournage est intéressant. Il y a plein de raisons pour accepter ou refuser un film.


Apocalypse la 1ère Guerre mondiale débute ce soir à 21h00 sur TV5. Les autres épisodes sont diffusés le jeudi 8 mai (19h00), lundi 12 mai (21h00), lundi 19 mai (21h00) et 26 mai (21h00), et en rediffusion les jeudis 15, 22 et 29 mai à 19h00.