mercredi 31 octobre 2018

Film du jour: Destination Wedding

Pour une Halloween différente, place à Destination Wedding de Victor Levin, une comédie qui fait... peur. (Universal)

C'est quoi? Deux êtres cyniques se rencontrent lors d'un mariage, se tapant rapidement sur les nerfs avant de, peut-être, s'aimer.

C'est comment? Qui a crû que c'était une bonne idée de réunir Keanu Reeves et Winona Ryder au sein d'une anti-comédie romantique où les longs plans fixes obligent les stars à parler, encore et encore?

Et pourtant? Le jeu est tellement gros, les répliques si inopérantes et la mise en scène tellement soporifique que cela devient presque fascinant à voir aller.

Techniquement? Rien à redire sur la beauté des paysages.

Suppléments? Absolument rien. Mais la pochette est d'un kitsch incroyable.

Au final? Le grand frisson opère de manière ironique devant cette production datée et faussement cinglante, dont on ne comprend pas trop l'existence.

mardi 30 octobre 2018

Scorpion King: Boof of Souls

Qui aurait crû que le succès de The Mummy en 1999 allait engendrer deux suites directes et le dérivé Scorpion King en 2002. Et que ce dernier allait donner plein de suites, dont la quatrième, Book of Souls, qui vient tout juste de voir le jour? (Universal)

C'est quoi? Le roi Scorpion repart à l'aventure pour trouver le mythique Livre des Âmes.

C'est comment? Les amateurs d'exotisme de bas étage seront comblés.

Et pourtant? Les autres se demanderont comment faire pour passer à travers 102 minutes souvent risibles. Surtout que les scènes de combats ne sont pas particulièrement édifiantes.

Techniquement? Alors là, c'est tout le contraire, avec un grand soin apporté aux images et aux pistes sonores.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Comme il n'y a aucun supplément, il faudra se rabattre sur le boîtier qui est agréable au toucher.

Au final? C'est toujours la même chose, surprises et budget en moins. La version de 2002 n'était déjà pas fameuse et cela ne s'est surtout pas amélioré avec le temps.

Film du jour: An Interview With God

Le cinéma religieux est plus populaire que jamais. An Interview With God en est le dernier exemple en liste. (Universal)

C'est quoi? Un journaliste revenu d'Afghanistan qui a des problèmes de couple s'entretien avec Dieu.

C'est comment? L'excellent David Strathairn dans le rôle de Dieu, ça peut toujours aller...

Et pourtant? ... mais pas le stoïque Brenton Thwaites en jeune héros. Le scénario est si moralisateur et appuyé qu'on finit par en rire. Et que dire de cette mise en scène sans apprêt de Perry Lang.

Techniquement? L'image est inutilement sombre. Sûrement pour faire ressortir le côté blanchâtre et pur de son sujet.

Suppléments? Des entrevues et une discussion portant sur la foi.

Au final? Ce long métrage simpliste sabote une bonne idée de départ en se perdant dans les poncifs.

lundi 29 octobre 2018

Confessions of a Young American Housewife / Sin in the Suburbs

Film Movement continue sa superbe rétrospective des films de Joseph W. Sarno en éditant en Blu-ray ses classiques Sin in the Suburbs et Confessions of a Young American Housewife.

C'est quoi? Des femmes de milieux rangés découvrent et écoutent les pulsations de désirs qui émanent de leur fort intérieur.

C'est comment? Des sujets parfois tordus qui sont offerts avec beaucoup d'élégance et des mises en scène élaborées qui tranche nettement avec le genre.

Et pourtant? L'interprétation et les dialogues peuvent laisser à désirer. C'est parfois plus scandaleux que réellement profond.

Techniquement? De nouvelles gravures 2K qui ne sont pas exempt d'égratignures. La musique jazzée, caractéristique chez le cinéaste, fait rapidement son effet.

Suppléments? Un livret instructif, des pistes de commentaires assez complètes, des scènes supprimées et le long métrage Warm Nights Hot Pleasures du même créateur qui traite sur le mode de la satire le désir de gloire de trois amies.

Au final? Clairement influencé par la Nouvelle Vague et le cinéma de Bergman, Joseph W. Sarno est certainement le Dieu du cinéma érotique des années 70 et 80. Tout y est plus suggéré que montré chez lui et entre le noir et blanc majestueux de Sin in the Suburbs et les couleurs frissonnantes de Confessions of a Young American Housewife, il y a surtout un désir de brasser les cartes et de filmer autrement le corps des femmes.

Film du jour: The Spy Who Dumped Me

Parodie féminine des films d'espionnage, The Spy Who Dumped Me de Susanna Fogel sort dès demain en format dvd. (Séville)

C'est quoi? Deux amies sont plongées dans une aventure trépidante alors qu'elles doivent livrer un document secret à bon port.

C'est comment? Le mélange d'humour et d'action fait sourire. Il y a quelques références sympathiques et Kate McKinnon vole encore une fois la vedette.

Et pourtant? Mila Kunis semble beaucoup moins à l'aise dans un registre comique, ce qui explique peut-être pourquoi on l'a gratifié d'une intrigue romantique. La réalisation ne casse rien et le scénario n'est pas toujours inspiré.

Techniquement? Les pistes sonores regorgent de détails et de nuances. Et qui ne veut pas voyager à travers l'Europe grâce à cette photographie qui multiplie les cartes postales?

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray et une copie numérique. Les suppléments légers et cocasses réunissent un documentaire sur les coulisses, une plongée dans les séquences musclées, des scènes supprimées, un bêtisier, de l'improvisation et une virée sous le signe de l'amitié en compagnie du comédien Hasan Minhaj.

Au final? Il s'agit d'un divertissant amusant à ses heures, mais redondant et guère original au bout de ses 115 minutes.

dimanche 28 octobre 2018

Les films préférés de... David Lowery

En l'espace de quelques longs métrages seulement (pensons à Ain't Them Bodies Saint et A Ghost Story), David Lowery est devenu un des cinéastes américains les plus importants de la présente décennie. J'ai pu lui parler pour la sortie de son jubilatoire The Old Man & the Gun (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films fétiches...

« McCabe & Mrs. Miller a toujours été un de mes films préférés. J'ai grandi avec des posters de ce film sur mes murs. Il y a aussi Buffalo '66 de Vincent Gallo.

Habituellement, j'y vais avec Barry Lyndon. Mais puisque j'ai vu une nouvelle copie, je dirais que 2001 est mon film favori de Kubrick! (rires) Je passe de l'un à l'autre régulièrement. Comme 2001 est un des premiers films que j'ai vu aussi, il demeure très important pour moi.

Quoi d'autre... There Will Be Blood est un des films récents qui se retrouvent parmi mes oeuvres préférées. Je suis également un grand fan de Claire Denis. J'ai revu Beau travail récemment et je l'adore. Mon préféré d'elle est toutefois 35 rhums. Je dois voir High Life très bientôt et j'ai bien hâte.

Il y a aussi Step Brothers, le film avec Will Ferrell. C'est un de mes favoris. Ça surprend toujours tout le monde lorsque je le dis! (rires) »

Film du jour: Reprisal

La carrière directement-en-dvd de Bruce Willis se porte bien avec Reprisal, un nouveau film d'action qui ne manque pas de testostérone. (VVS Films)

C'est quoi? Un père de famille traumatisé par un vol de banque tente de retrouver le responsable.

C'est comment? Frank Grillo assure dans le rôle principal et il forme un duo plus que correct avec Willis, qui incarne son voisin policier à la retraite. L'introduction ne tarde d'ailleurs pas à piquer la curiosité...

Et pourtant? ... le reste est beaucoup moins satisfaisant, jusqu'à cette conclusion ridicule où les ralentis ne manquent pas. Combien de fois a-t-on déjà vu cette intrigue passe-partout? Beaucoup trop!

Techniquement? Le soin sonore est constant, revigorant les enceintes de balles perdues.

Suppléments? Cette édition comprend un disque Blu-ray et une copie numérique. On y retrouve un documentaire un peu quelconque de 10 minutes, mais aussi une demi-heure d'entrevues plutôt intéressantes avec les acteurs et le réalisateur Brian A. Miller.

Au final? Les amateurs d'action trouveront probablement leur compte avec cette production conventionnelle et tape-l'oeil, qui s'oublie en quelques secondes. Les autres sont mieux de passer leur chemin.

samedi 27 octobre 2018

Sorties au cinéma: Félicité, Mid90s, Beautiful Boy, Oscillations, L'autre Rio, Maria par Callas, Bel Canto, Wolfe, Hunter Killer

Du beau, du moins bon et du magnifique sont à l'honneur cette semaine dans un cinéma près de chez vous.

Félicité: Bien qu'on l'ai vu en festivals en 2017 (à Berlin ou au FNC), il est toujours impossible d'oublier cette fresque majestueuse d'Alain Gomis, qui marquera l'esprit à jamais avec ses nombreux moments de grâce. ****

Mid90s: Pour son premier film en tant que réalisateur, Jonah Hill offre un touchant récit d'apprentissage sur l'adolescence, l'amitié, le skate et les années 90. Le cousin masculin de Skate Kitchen, quoi! ***1/2

Beautiful Boy: Steve Carell et Timothée Chalamet crèvent l'écran dans ce bouleversant drame de Felix Van Groeningen, qui évite de justesse le mélo grâce à la puissance de sa mise en scène. ***1/2

Oscillations: C'est un surprenant effort que propose Ky Nam Le Duc avec cette histoire de secrets de famille. Il y a de l'atmosphère à revendre et une agréable chimie entre les personnages. ***

L'autre Rio: Place à l'envers de la médaille des jeux olympiques de 2016 à travers ce documentaire révélateur d'Émilie B. Guérette, qui doit beaucoup au cinéma direct. ***

Maria par Callas: Ce documentaire pour les néophytes de la part de Tom Volf n'apprendra rien de nouveau sur la célèbre chanteuse. Reste sa voix qui donne son lot de frissons. ***

Bel Canto: Même si on aime à la folie Julianne Moore, il faut avouer qu'elle n'est pas très crédible dans ce drame mièvre de Paul Weitz qui prêche par excès de gentillesse. **1/2

Wolfe: Ambitieux mais boursouflé et prétentieux, ce premier film de la part de Francis Bordeleau qui a été écrit en quatre jours (cela paraît!) ne fait que multiplier les clichés chez les milléniaux. **

Hunter Killer: Cette série B (ou Z par endroit) qui s'ignore ferait passer Michael Bay pour le maître de la subtilité. Oui, c'est à ce point. *1/2

Film du jour: Teen Titans Go! to the Movie

Adaptée de la populaire émission de télévision, Teen Titans Go! To the Movie fait son plein de nouveaux adeptes pour son passage attendu au cinéma. (Warner Bros)

C'est quoi? Cinq pseudo super-héros doivent combattre un vilain qui cherche à contrôler l'esprit des gens.

C'est comment? Cette délicieuse satire séduit amplement avec ses personnages attachants, son dessin vif et ses nombreuses scènes d'action. Entre le premier degré pour les enfants et les clins d'oeil réservés aux parents, il y a de tout pour la famille.

Et pourtant? L'humour y est très inégal. Les chansons ralentissent le rythme, alors que les morales s'avèrent trop appuyées par moments.

Techniquement? L'effervescence de couleurs et de mélodies n'épargnera personne.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Les bonus nombreux et variés regroupent des scènes supprimées, des vidéoclips, des segments animés et la possibilité de chanter encore et toujours.

Au final? S'il n'y a rien de mémorable au menu, il est plutôt difficile de s'y ennuyer. Les jeunes âmes risquent même d'en redemander.

vendredi 26 octobre 2018

Entrevue Beautiful Boy

Très émouvant film sur l'addiction, Beautiful Boy est le premier long métrage anglophone du réalisateur Felix Van Groeningen. Je me suis entretenu avec le cinéaste belge (à qui l'on doit également The Broken Circle Breakdown) et mon entrevue se trouve dans le journal Métro du jour.

Film du jour: Pioneers in Ingolstadt

Tournée pour la télévision, Pioneers in Ingolstadt est l'oeuvre de séparation dans la carrière de Fassbinder, entre sa fascination envers Brecht (et l'anti théâtre) et sa passion pour Douglas Sirk qui allait donner naissance à ses plus grands classiques. Théâtre de l'absurde mélancolique, la démonstration verbeuse intéresse par parcimonie, s'avérant bien mineure dans sa filmographie malgré quelques moments plus relevés et éloquents. *** 

jeudi 25 octobre 2018

Le retour du héros (dvd)

Pour son premier véritable rôle comique, Mélanie Laurent rejoint Jean Dujardin dans Le retour du héros, le nouveau film de Laurent Tirard. (TVA Films)

C'est quoi? Au début du 19e siècle, une fausse correspondance cimentera à jamais les relations de deux individus qui ne peuvent pas se sentir en peinture.

C'est comment? L'humour coule à flot et le duo en place est particulièrement efficace.

Et pourtant? La deuxième partie est nettement moins réussie que la première et la réalisation s'avère bien sage.

Techniquement? Les couleurs saturent l'écran, alors que la musique évoque le western.

Suppléments? Un petit making-of qui ne paye pas de mine.

Au final? Les répliques savoureuses sont nombreuses dans ce sympathique long métrage, qui ne fait toutefois pas le poids devant son modèle avoué qu'est Cyrano de Bergerac.

Mon entrevue avec Mélanie Laurent

Film du jour: Mars Attacks!

Série B de science-fiction dans la veine de celles d'Ed Wood, Mars Attacks! de Tim Burton s'avère un peu trop calculé. Si l'on rit amplement au sein ce délire de scènes d'action risibles, d'effets spéciaux kitsch, de martiens hallucinants et de stars, il n'y a rien pour élever le film dans la catégorie culte tant le filon n'est jamais complètement exploité. ***

mercredi 24 octobre 2018

Film du jour: Wobble Palace

De tous les films sur les milléniaux, Wobble Palace d'Eugene Kotlyarenko est un des plus intéressants. Une fois passée la houleuse entrée en matière qui verse dans l'absurde simpliste, le récit inégal mais pertinent peut enfin prendre son envol, mélangeant satire et mélancolie, personnel et politique. On ne sait jamais s'il faut rire ou pleurer, alors que la mise en scène ludique met merveilleusement à contribution l'irrésistible Dasha Nekrasova. En vidéo sur demande. ***

mardi 23 octobre 2018

Film du jour: Summer 1993

Sélection de l'Espagne aux Oscars plus tôt cette année, Summer 1993 de Carla Simon est un très joli  film sur les aléas d'une fillette de 6 ans qui doit habiter chez sa tante et son oncle après le décès de ses parents. Loin du mélo attendu, le long métrage à hauteur d'enfant sent la liberté à plein nez, mélangeant adroitement le social et le psychologique. C'est d'ailleurs lorsque le récit se concentre sur l'héroïne et sa jeune amie qu'il s'élève du lot. En vidéo sur demande. ***1/2

lundi 22 octobre 2018

Film du jour: Mamma Mia: Here We Go Again

Dix années après le succès de Mamma Mia!, place à sa suite Here We Go Again. (Universal)

C'est quoi? Une nouvelle fête s'organise dans une île grecque où la musique sera à l'honneur.

C'est comment? Ça ne se prend toujours pas au sérieux et voir Pierce Brosnan danser sur Dancing Queen est une source infinie de bonheur.

Et pourtant? Les chansons ne sont pas toujours à la hauteur. On s'ennuie de plusieurs personnages, dont Meryl Streep qui n'y fait qu'une apparition.

Techniquement? Le soin sonore est constant, transformant les enceintes en une véritable discothèque.

Suppléments? Entre la piste de documentaires, les chansons inédites ou allongées, tous les documentaires et le mythique «sing-along», il y a de quoi s'amuser pendant longtemps.

Au final? Alors que le premier tome s'avérait un délicieux plaisir coupable, sa suite est beaucoup plus terne et quelconque. Pourquoi ne pas avoir développé l'intrigue au minimum pour qu'elle ne tombe pas dans la guimauve ?

dimanche 21 octobre 2018

Les films préférés... d'Agnès Jaoui

Ayant scénarisé quelques-unes des meilleures comédies des années 90 (Smoking/No Smoking, Un air de famille, On connaît la chanson), Agnès Jaoui a également réalisé des oeuvres majeures telles Le goût des autres et Comme une image. Je lui ai parlé pour la sortie de son récent Place publique (mon texte) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés. Voici sa réponse...

« Oh là, là! Je dirais La règle du jeu, Partition inachevée pour piano mécanique, The Shop Around the Corner, Manhattan, Mulholland Drive, Caro Diario de Nanni Moretti... Il y en a plein. »

Film du jour: Eternal Sunshine of the Spotless Mind

Même si on l'a déjà vu des centaines de fois, on se replonge dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind avec la même volupté. Seulement pour revivre une des romances les plus mignonnes du 21e siècle et d'être à nouveau happé par l'intelligence de se script sidérant sur les souvenirs et la solitude. Michel Gondry n'a jamais fait rien de mieux, Jim Carrey non plus, et ensemble, ils sont parvenus à créer une véritable oeuvre culte. ****1/2

samedi 20 octobre 2018

Sorties au cinéma: Anthropocène, Guy, 1999, Halloween, The Oath, Sharkwater Extinction, Galveston, Space on the Corner, Pervers ordinaire

La qualité varie grandement cette semaine parmi toutes les nouveautés au cinéma.

Anthropocène: L'époque humaine: Ce documentaire signé Jennifer Baichwal, Edward Burtysky et Nick de Pencier arrive à transcender son propos environnemental éculé grâce à la magnificence de ses images. ***

Guy: Alex Lutz offre un sensible faux documentaire sur un chanteur ringard à travers ce long métrage gentil, attendrissant mais un brin monocorde et répétitif. ***

1999: Une troublante histoire vraie sur une vague de suicides est le sujet douloureux de ce documentaire personnel de Samara Grace Chadwick, qui tend vers la thérapie collective malgré un manque manifeste de moyens et quelques égarements. ***

Halloween: Pour célébrer le 40e anniversaire du classique de John Carpenter, place à cette suite directe de David Gordon Green qui amusera à coup sûr les fans bien qu'elle ne prenne pas beaucoup de risques, demeurant constamment au niveau de l'hommage. ***

The Oath: Une joute politique entre amis tourne mal dans cette comédie de Ike Barinholtz, qui séduit d'abord par la pertinence de son propos pour lasser par la facilité de sa démonstration. **1/2

Sharkwater Extinction: Peu d'éléments nouveaux émanent de cette suite du succès de 2007, dont les rouages s'apparentent à un reportage journaliste. Reste la beauté de certains plans et la présence du regretté Rob Stewart. **1/2

Galveston: C'est un premier faux pas derrière la caméra pour Mélanie Laurent qui se fourvoie avec ce Drive des pauvres. Les excellents comédiens n'ont rien à se mettre sous la plan et la mise en scène fait dans l’esbroufe avec son esthétisation de la violence gratuite. **

Space on the Corner: Malgré ses bonnes intentions de rendre hommage à la communauté culturelle de son quartier, ce film à sketches de Sylvain Brosset montre rapidement ses limites, autant au niveau de la réalisation que du scénario et, surtout, de l'interprétation. *1/2

Pervers ordinaire: Même si on aime d'amour le cinéma québécois, il sera difficile de passer à travers cette «joke» de Roger Boire et Valérie Pouyanne. Rien n'y est drôle, c'est filmé comme une mauvaise web-série et les élans de films noirs tombent constamment à plat, gracieuseté de personnages médiocres. *

Film du jour: Dumbo

En attendant de découvrir (ou pas) la version de Tim Burton en 2019, renouer avec Dumbo en dessin animé est significatif. Rarement Disney aura accouché à la fois d'une animation aussi triste («maman est en prison») dans sa première partie, avant de terminer le tout dans une horde de scènes surréalistes et complètement cinglées. Une expérience de chaque instant, comme il ne s'en fait plus guère aujourd'hui. ****

vendredi 19 octobre 2018

Entrevue The Old Man and the Gun

Présentement à l'affiche, The Old Man and the Gun offre un amusant et mélancolique dernier tour de piste pour Robert Redford. Je me suis entretenu avec son cinéaste David Lowery (réalisateur du magnifique A Ghost Story) et mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro.

Film du jour: After Everything

Disponible en vidéo sur demande, After Everything de Hannah Marks est une histoire d'amour souvent mignonne et savoureuse entre un cancéreux et une jeune femme naïve. Très bien interprété (Maika Monroe y est géniale), le récit remplit ses promesses lorsque le duo apparaît ensemble à l'écran, alors qu'il se perd quelque peu dans des clichés et des facilités lorsque les héros évoluent en solo. *** 

jeudi 18 octobre 2018

Film du jour: The Man from Mo'Wax

Le Centre Phi présente ce soir The Man from Mo'Wax de Matthew Jones, un documentaire sur James Lavelle, qui a fondé le mythique label britannique Mo'Wax et le populaire groupe UNKLE. Autant le long métrage intéressera quiconque a déjà écouté du trip-hop (et les belles années de DJ Shadow!), autant l'effort sent l’info-pub à plein nez, adoptant une forme bien conventionnelle qui se trouve aux antipodes des visées musicales en place. **1/2

mercredi 17 octobre 2018

Entrevue Sharkwater Extinction

Prenant l'affiche ce vendredi, Sharkwater Extinction est l'ultime documentaire du regretté cinéaste Rob Stewart. Je me suis entretenu avec un de ses amis et collaborateurs et mon entrevue se trouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Unfriended: Dark Web

Il y a de plus en plus de films d'horreur qui se déroulent uniquement par l'entremise d'écrans d'ordinateurs. Unfriended: Dark Web de Stephen Susco est le dernier exemple en liste. (Universal)

C'est quoi? Un jeune homme découvre les secrets que recèlent son nouvel ordinateur...

C'est comment? Suspense et terreur sont au rendez-vous de ce long métrage parfois angoissant.

Et pourtant? Le filon commence déjà à s'épuiser et le Unfriended original était plus abouti. C'est sans doute la faute des différents personnages qui ne suscitent aucune sympathie.

Techniquement? Il n'y a rien d'éclatant et c'est voulu ainsi. Cependant, ce qui est bien visible sur un écran de cinéma perd nettement de son intérêt sur une télévision normale tant il est parfois difficile de lire ce qui est écrit dans les échanges de courriels.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray et une copie numérique. Trois fins alternatives permettent de continuer le plaisir en place.

Au final? Malgré certaines idées valables, l'exécution ne convainc pas totalement. Il faut parfois un script de qualité supérieure et, surtout, une vision de mise en scène afin de sortir des sentiers battus.

mardi 16 octobre 2018

Film du jour: Chasseurs de phoques

Présenté jusqu'au 18 octobre à la Cinémathèque québécoise, Chasseurs de phoques de Nicolas Lévesque est un documentaire sur cette pratique souvent décriée. Magnifiquement photographié par son réalisateur, le récit qui se déroule aux Îles-de-la-Madeleine n'amènera peut-être rien de nouveau au sujet, si ce n'est qu'il explique clairement les enjeux sans juger, en laissant toute la place à ses personnages. ***

lundi 15 octobre 2018

Films du jour: Roma, Too Late to Die Young (FNC)

Le Festival du nouveau cinéma s'étant terminé hier, voici sans plus tarder quelques mots sur les derniers films vus...

Ils étaient nombreux à vouloir attraper sur grand écran Roma, la fresque la plus personnelle d'Alfonso Cuaron. Sans parler de chef-d'oeuvre comme l'a annoncé la presse depuis son sacre à Venise, il faut avouer qu'il s'agit d'un immense objet d'art, aussi bouleversant que saisissant. Sans doute que l'ensemble est parfois trop posé, appuyé et symbolique (on lorgne vers le néoréalisme italien sans saisir totalement ce souffle de vie, cette authenticité intrinsèque), mais le tout est vite oublié par la densité de certaines scènes et la performance exceptionnelle de Yalitza Aparicio. Et dire que le commun des mortels va vivre ça sur leur téléviseur, Netflix oblige, ce qui est une véritable honte à tous les cinéphiles qui se respectent. ****

Récit d'apprentissage classique au rythme un peu léthargique, Too Late to Die Young de Dominga Sotomayor confronte l'individuel au collectif en abusant parfois des métaphores (l'héroïne qui se ressource... sous une source d'eau, le chien en quête de liberté dont on enlève la chaîne). Il y a pourtant un réel sens de cinéma dans ces cadrages qui évoquent la solitude. Puis il y a la protagoniste qui est un véritable plaisir à voir évoluer. ***

dimanche 14 octobre 2018

Les films préférés de... Sébastien Pilote

En l'espace de deux films majeurs (Le vendeur et Le démantèlement), Sébastien Pilote est devenu un des cinéastes les plus importants du Québec. Je l'ai rencontré lors de la sortie de son savoureux La disparition des lucioles (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés...

« Le guépard de Visconti. C'est un film qui a une nostalgie, une mélancolie, que je trouve bouleversante. Évidemment une qualité formelle et un côté grandiose qui est spectaculaire. Ce qui est dit, aussi, sur le processus de révolution: Il fallait bien que tout change pour que tout puisse rester pareil. C'est un film que j'aime beaucoup. La finale me bouleverse.

Les enfants du paradis de Marcel Carné. Ce film-là me procure une grande mélancolie... Je fais attention, car c'est changeant, ces choses-là. Et des fois, les films que je souhaiterais dire ce ne sont pas mes films préférés, mais des films très importants.

J'aime beaucoup Michael Cimino et Deer Hunter, Jacques Tati, Heat de Michael Mann. C'est un cinéma que je trouve très profond. D'une beauté formelle hallucinante.

J'aime beaucoup le cinéma américain des années 70. Celui de Jerry Schatzberg avec The Scarecrow. Je ne peux pas dire que ce sont mes films préférés, mais ce sont parmi mes films favoris. Comme Paris, Texas.

Souvent, aussi, ce sont des films qui t'ont marqué lorsque tu étais plus jeune. L'heure du loup de Bergman, ça m'a marqué, profondément. Tarkovski aussi. 2001 de Kubrick, c'est un film mystique. J'ai perdu mon regard naïf sur le film. J'avais l'impression tout le temps que c'était un film fait par les dieux. Puis j'ai lu des explications dessus...

En France, je pense que mon cinéaste vivant préféré est Arnaud Desplechin. Trois souvenirs de ma jeunesse, c'est un film que j'hallucine tant c'est beau. Ses autres films aussi. C'est un cinéaste qui retourne au classicisme dans son cinéma. Il y a une générosité formelle aussi. Il exploite des mouvements de caméra. François Truffaut, aussi. J'ai toujours été plus Truffaut que Godard.

C'est très large. The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach, c'est un des meilleurs films que j'ai vu l'année passée. Mais je vois moins de films aussi, je ne peux plus tous les voir. »

Films du jour: An Elephant Sitting Still, Burning, Vision, The Gentle Indifference of the World (FNC)

Premier et dernier film du jeune cinéaste Hu Bo qui est décédé l'année dernière, An Elephant Sitting Still est une fresque colossale de près de 4 heures qui suit quatre personnages l'espace d'une journée. Impressionnant de maîtrise tant la mise en scène éblouit par sa fluidité et ses longs plans statiques ou en mouvements, l'ensemble implacable laisse pantois par ses thèmes déchirants et ses acteurs, tous excellents. ****

Huit ans après son magnifique Poetry, Lee Chang-dong est de retour avec Burning, une adaptation éblouissante d'une nouvelle d'Haruki Murakami. Ce qui n'aurait pu être qu'un film noir sous fond de triangle amoureux devient vite un objet fascinant et insalissable qui passe constamment du personnel au politique, du social au tragique, en franchissant allègrement cette frontière qui va du réel à la chimère, qu'elle soit littéraire ou cauchemardesque. Une oeuvre magnifiquement réalisée et interprétée qui fera date. ****

Il y a des longs métrages qui apaisent l'âme. Vision de Naomi Kawase en est un de ceux-là avec ses plans éblouissants de forêt, de soleil et du visage délicat de Juliette Binoche. À tel point qu'on aurait voulu l'oeuvre sans mots, car c'est là que ça se gâche un peu. La vision (hé, hé)  a beau être empreinte d'un sentimentalisme et d'une naïveté, enfin une création qui célèbre les vertus de la nature, de la vie et de l'amour, au détour d'une narration qui flirte avec le mystique dans la seconde partie. Mais pour tout saisir, les clés sont dans l'introduction: la mélancolie sera reine, et on ne saura jamais si on se trouve dans le passé, le présent ou le futur. ***1/2

Beaucoup plus oubliable mais pas désagréable pour autant, The Gentle Indifference of the World d'Adilkhan Yerzhanov est un conte sur un duo dépareillé qui va de déception en déception. Un peu trop inspiré par le cinéma de Kaurismäki, l'effort réserve malgré tout des plans extrêmement soignés et des morales qui sont loin d'être négligeables. ***

samedi 13 octobre 2018

Sorties au cinéma: First Man, The Sisters Brothers, Au poste!, The Old Man and the Gun, Free Solo, Bad Times at the El Royale, Birdboy: The Forgotten Children, Fireworks, Volontaire, Matangi Maya M.I.A., American Chaos, Bigger

Plusieurs cinéastes talentueux croisent le fer cette semaine dans un cinéma près de chez vous.

First Man: Suite au triomphe mérité de La La Land, Damien Chazelle pouvait tout se permettre. Contre toutes attentes, il débarque avec un anti-biopic sur Neil Armstrong qui n'a absolument rien de glamour. La solitude et la mort sont de tous les plans, alors que la caméra perpétuellement en mouvement rappelle au contraire la présence de la vie. D'une histoire universelle, il pond un drame familial extrêmement intime, dans la tradition d'Apollo 13 et, surtout, de Terrence Malick. Et si le grand public risque de détourner le regard, le cinéphile sera en orbite. ***1/2

The Sisters Brothers: Pour son premier film en anglais avec des vedettes hollywoodiennes, Jacques Audiard aurait pu se perdre. Au contraire, il propose un faux western bien personnel, parsemé d'éclats de rires et de violence, où l'on retrouve tous ses thèmes fétiches. Les fans de John C. Reilly ne le verront d'ailleurs plus du même oeil. ***1/2
Ma critique

Au poste!: Quentin Dupieux persiste et signe avec ce qui est à ce jour son meilleur opus. En se moquant de tout avec une intelligence féroce (le polar, les discussions sans fin, le septième art français), le maître de l'absurde multiplie les fantaisies insolites, rappelant que les meilleures farces sont souvent les plus courtes. Et l'effort se bonifie au fil des visionnements. Brillant! ***1/2

The Old Man and the Gun: Après son immense A Ghost Story, le réalisateur David Lowery revient à un cinéma plus ludique et accrocheur, toujours mélancolique mais où l'on rit et sourit allègrement Une première chez lui! Cette réflexion sur le temps qui passe est surtout l'occasion d'offrir un rôle en or à Robert Redford qui brille comme jamais. ***

Free Solo: Si leur précédent Meru était haletant, le tandem Elizabeth Chai Vasarhelyi et Jimmy Chin se surpasse avec leur nouveau documentaire, qui suit cette fois un homme qui aime gravir des sommets sans s'attacher! La tension est dans le tapis, faisant vite oublier la réalisation qui ne s'éloigne guère des standards télévisuels. ***

Bad Times at the El Royale: Autant le précédent et jouissif The Cabin in the Woods de Drew Goddard jouait adroitement avec les genres, autant son petit nouveau laisse un peu sur sa faim dans sa façon d'imiter Quentin Tarantino. Mais on finit par s'y amuser, gracieuseté d'une distribution à tout casser. ***
Ma critique

Birdboy: The Forgotten Children: À ne montrer à aucun enfant, cette fable d'Alberto Vazquez et Pedro Rivero que Fantasia a diffusée l'année dernière est une animation morbide sur de jeunes animaux qui tentent de survivre dans un monde inquiétant. Peuplé de visions alarmantes, ce dessin animé techniquement impressionnant séduit amplement même s'il a tendance à se perdre en chemin. ***

Fireworks: Tirée d'une célèbre série télévisée des années 90, cette création de Akiyuki Shinbo et Nobuyuki Takeuchi qui a été présentée l'été dernier à Fantasia est une animation japonaise extrêmement romancée sur les amourettes d'adolescents et cette possibilité de revenir dans le temps. Un bonbon sucré pas désagréable mais qui finit par peser et qui ne convainc pas totalement avec ses individus superficiels et son graphisme soigné dont les incursions 3D mal imbriquées sautent aux yeux. **1/2

Volontaire: En s'attaquant à la place des filles dans la marine, Hélène Fillières propose un long métrage bien attentionné mais un peu lisse, qui demeure trop loin des zones d'ombre. Reste la joie de revoir le trop rare Lambert Wilson dans un rôle sous-développé et la toujours pétillante Diane Rouxel. **1/2

Matangi/Maya/M.I.A: Réalisé par un vieil ami de la chanteuse, ce documentaire impressionniste prend la forme d'une hagiographie bien sage, où l'on n'apprend finalement presque rien de la star, si ce n'est son engagement social. La musique fait cependant son effet. **1/2

American Chaos: Pourquoi les gens ont-ils voté pour Trump? C'est ce que se demande James D. Stern dans ce documentaire partisan, éclairant mais parfois trop brouillon, qui n'est jamais sauvé par une facture visuelle assez terne. Dès le 15 octobre. **1/2

Bigger: Histoire vraie sur deux frères Montréalais qui se sont construits un véritable empire, ce téléfilm déguisé de la part de George Gallo prend tout au premier degré, oubliant du coup la profondeur de ses thèmes et la complexité de ses personnages. **

Du 16 au 19 octobre, le Musées des beaux-arts de Montréal accueille également le Festival de Film Au Contraire qui tente de briser les tabous sur la maladie mentale.

Films du jour: Long Day's Journey Into Night, Ray & Liz (FNC)

Ayant fait sensation à Cannes, Long Day's Journey Into Night du jeune cinéaste de 27 ans Bi Gan emprunte autant à Wong Kar-wai qu'à Andreï Tarkovski dans sa façon de jouer constamment avec les souvenirs, jusqu'à perdre volontiers le spectateur. Ce qui débute comme un film noir touffu et tape-à-l'oeil devient dans sa dernière heure un exercice de haute voltige alors que se dessine un incroyable plan séquence, en trois dimensions par-dessus le marché. Les personnages sont ainsi plongés dans une intrigue labyrinthique de nature métaphysique, qui allie humanité et exercice de style. Sans doute que projeter le tout à 21h30 n'était pas la meilleure idée du monde, mais même là, l'ensemble fascine allègrement. ***1/2

Pour son premier long métrage Ray & Liz, le photographe Richard Billingham se tourne vers ses parents spéciaux et son enfance dans un milieu ouvrier. Plus que pour sujet éprouvé (on n'est pas très loin d'Andrea Arnold), le récit se démarque quelque peu par son mélange d'empathie et de pathétisme, son humour biscornu et son montage réfléchi qui laisse beaucoup de place aux images, évidemment très travaillées. ***

vendredi 12 octobre 2018

Entrevue Quentin Dupieux (Au poste!)

Dans son délicieux nouveau film Au poste!, Quentin Dupieux continue à utiliser l'art de l'absurde pour se moquer des gens atrophiés par leur milieu et même du cinéma français, à grand coup de situations tordues et de dialogues hilarants. Je me suis entretenu avec le cinéaste et mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro d'aujourd'hui.

Films du jour: Grass, Fausto (FNC)

Quatrième film de Hong Sang-soo en 12 mois, Grass pourrait paraître son plus modeste à 66 minutes. Il y a pourtant une exploration minutieuse des sentiments, alors que la gravité est plus présente que jamais. Sa caméra toujours attentive aux détails et à la durée se permet des variations singulières afin de mieux saisir l'âme de ses personnages. Lorsque la musique (classique) opère et que les hommes et les femmes se livrent dans un café, on ne peut qu'être comblé. ***1/2

Il faut être prêt à se laisser emporter afin d'apprécier Fausto d'Andrea Bussman à sa juste mesure. À l'aide d'images souvent inquiétantes et un sens inné de la narration, l'essai ressort des entrailles de la terre des mythes et des légendes, jouant avec les ombres et les étoiles, rétablissant le règne animal. L'exercice pourra paraître sommaire, mais il risque d'alimenter bien des rêves. ***

jeudi 11 octobre 2018

Films du jour: Tourism, Woman at War (FNC)

C'est un petit film ludique, naïf et sincère que propose Daisuke Miyazaki avec Tourism, qui s'intéresse aux vacances de deux Japonaises à Singapour. Le récit extrêmement mince questionne la part des technologies dans nos existences trop souvent solitaires, alors que la mise en scène s'amuse à jouer d'effets singuliers. Mineur et sympathique. ***

Plus ambitieux dans sa forme et son discours, Woman at War de Benedikt Erlingsson épouse discours environnementalistes et féministes à travers le combat d'une militante islandaise. Porté par une réalisation colorée à la Kusturica et une héroïne truculente, l'effort a toutefois tendance à faire du sur-place après un démarrage en trombe. Le fait de voir à l'écran les différents chanteurs et musiciens fait sourire dans un premier temps avant de lasser par la suite. ***

mercredi 10 octobre 2018

Films du jour: Die Tomorrow, Los Silencios, Mishima (FNC)

Les nouveaux alchimistes est une des sections les plus intéressantes du FNC, car c'est là qu'on retrouve les oeuvres qui prennent des risques avec la forme et la narration. C'est le cas du très beau Die Tomorrow de Nawapol Thamrongrattanarit, un essai profond et ludique à la fois qui regroupe documentaire et fiction dans sa façon de parler de mort mais surtout de vie, de ces petits moments de beauté insoupçonnés qui apparaissent avant le trépas. La réalisation, généreuse, cumule les longs plans, faisant ressortir la vitalité des âmes et du quotidien avec une poésie rafraîchissante. Aujourd'hui. ***1/2

Avec ses plans fixes extrêmement soignés et son rythme méditatif, Los Silencious de Beatriz Seigner arrive à exposer visuellement le déracinement d'une famille de migrants. Si le scénario peut paraître mince, son atmosphère particulière transporte allègrement le spectateur dans un autre univers, qui finit par se soucier de ces personnages attachants. Aujourd'hui. ***

Paul Schrader est en ville pour présenter quelques-uns de ses films. Dans le lot, il ne faut surtout pas manquer Mishima en version restaurée. Non seulement il s'agit de sa meilleure réalisation en carrière, mais également d'un des biopics les plus éclatants du septième art. D'une virtuosité à donner le tournis, le récit utilise les différentes fictions de l'écrivain pour traiter un nombre incalculable de thèmes. Du grand art! Aujourd'hui. ****1/2

mardi 9 octobre 2018

Skyscraper (blu-ray)

Dwayne Johnson prouve à nouveau dans Skyscraper qu'il est le Dieu du film d'action moderne. (Universal)

C'est quoi? Une homme doit sauver sa famille d'un gratte-ciel en feu où sévissent également des preneurs d'otages.

C'est comment? C'est complètement cinglé, avec des sauts joyeusement invraisemblables et une star qui s'amuse beaucoup.

Et pourtant? Le classement Général empêche le vrai plaisir de prendre forme (il y a peu de violence ou de gros mots). Il n'y a rien qu'on a déjà vu en mieux dans Die Hard ou Towering Inferno.

Techniquement? Entre le verre brisé qui explose dans les oreilles et les différentes tons de couleurs de feu, difficile de demander mieux.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Les bonus réunissent une potable piste de commentaires du réalisateur Rawson Marshall Thurber, cinq scènes supprimées, autant de séquences allongées et de courts segments plus ou moins essentiels (sur le héros, sa conjointe campée par Neve Campbell, leurs enfants, le méchant, etc.).

Au final? Il n'y a rien à prendre au sérieux dans cette aventure amusante mais peut-être trop sage, gentille et répétitive pour marquer réellement les esprits.

Ma critique

Films du jour: Season of the Devil, M (FNC)

Est-ce qu'il y a une forme de cinéma plus pure que celle de Lav Diaz? Avec sa longue durée, son noir et blanc évanescent, ses lenteurs et langueurs, et son côté statique, son art âpre et exigeant invite au recueillement, à l'évasion suprême. C'est à nouveau le cas de Season of the Devil, un opéra-rock à la fois éblouissant et déchirant sur la dictature philippine. Face au Mal, on résiste par le chant, et les contrastes vont droit au coeur... à condition d'être préparé pour cette odyssée de quatre heures. Un des sommets de cette édition du FNC.  ****

D'abord envisagé pour les musées, M est le premier long métrage de la populaire chanteuse Anna Eriksson. Il s'agit d'une installation qui multiplie les liens entre sexe et mort à travers une série de tableaux époustouflants. On ne tarde toutefois pas à faire le tour de ce procédé hypnotisant, aussi fulgurant qu'irritant, qui laisse tout de même émaner une réelle vision de mise en scène. ***

lundi 8 octobre 2018

Les meilleurs films de septembre 2018

Octobre bat son plein avec le FNC. Revenons toutefois sur les meilleurs films de septembre 2018, question de ne rien oublier lors de notre palmarès de fin d'années. Mes sélections se trouvent sur le site de Cinefilic.

Films du jour: DRVO - The Tree, Birds of Passage (FNC)

Clairement inspiré par le grandiose Cheval de Turin de Béla Tarr, Drvo (The Tree) est un premier film saisissant de la part d'André Gil Mata, où un immense soin technique (longs plans séquences, utilisation incroyable du son) enrichit cette puissante réflexion sur le temps et la guerre. Si le sujet pourrait paraître ténu et le rythme léthargique, c'est justement pour que le spectateur pénètre cette dimension inédite, qui en fascinera plus d'un... et endormira les autres. Voilà une odyssée dont on revient difficilement. Aujourd'hui et le 14 octobre prochain. ***1/2

L'équipe derrière l'extraordinaire Embrace of the Serpent est de retour avec Birds of Passage, un autre récit hors norme qui fait découvrir les moeurs et coutumes d'un peuple peu connu. Le noir et blanc laisse cette fois la place à une profusion de couleurs et la violence façon Scorsese/Tarantino explose dans cette création féministe extrêmement maîtrisée, qui n'hésite pas à plonger dans le monde des rêves pour mieux éclairer le réel. Aujourd'hui. ***1/2

dimanche 7 octobre 2018

Les films préférés de... Pierre Morel

Ancien collaborateur de Luc Besson, Pierre Morel a fait sa marque dans le film d'action, réalisant Gunman, From Paris With Love, Banlieue 13 et le mythique Taken. J'ai pu lui parler dans le cadre de la sortie de Peppermint (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films et réalisateurs préférés...

« Oh là. Vaste question! (rires) Qu'est-ce qui m'a convaincu à faire du cinéma? Bizarrement, je pense que mon premier choc cinématographique était Star Wars. Lucas a dû m'influencer il y a très longtemps. Je pense que Ridley Scott a beaucoup influencé ce que je fais. Tony Scott aussi. Il nous manque beaucoup.

J'ai été plus influencé par des cinéastes anglo-saxons que des cinéastes français, bizarrement. Peut-être qu'à cause de cette attention pour les personnages et à la trame narrative, mais je plus vieilli et plus je m'intéresse au cinéma français.

Mais celui dont je revois ses films encore et encore et dont je me lasse jamais, c'est Ridley Scott. On peut aussi dire Eisenstein. Ça ne vieillit pas. Il y a un sens visuel qui n'a jamais été égalé. Et Coppola aussi. Je revois encore et encore ses films. Il est intemporel dans sa façon de filmer. » 

Film du jour: Coincoin et les z'inhumains (FNC)

Depuis 2014, Bruno Dumont a complètement changé sa veste de bord, utilisant le réel (cadre naturel, acteurs amateurs) à des fins irrationnelles. Il récidive avec Coincoin et les z'inhumains, sa nouvelle série en quatre épisodes où l'absurde côtoie le grotesque et le burlesque, façon Keaton et Tati. Le tout avec une charge sociale qui est loin d'être négligeable. La formule n'est pas nouvelle (il s'agit d'une suite à son jouissif P'tit Quinquin) et l'ensemble un peu inégal. Sauf qu'il y a de véritables trouvailles comiques, des personnages attachants, un travail de longue haleine sur le son et la durée, puis une finale bluffante. Aujourd'hui et demain dans le cadre du FNC. ***1/2

samedi 6 octobre 2018

Entrevue Jacques Audiard (The Sisters Brothers)

Présenté aujourd'hui au FNC et prenant l'affiche la semaine prochaine, The Sisters Brothers est le premier film américain de Jacques Audiard. J'ai pu échanger avec le grand cinéaste français et mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro.

Films du jour: Thunder Road, Funan (FNC)

C'est toujours une joie de découvrir un excellent acteur, réalisateur ou scénariste. Jim Cummings est un peu tout ça à la fois, proposant avec son premier long métrage Thunder Road une délicieuse comédie tragique sur un policier dont l'univers s'écroule peu à peu. Chronique d'un looser un brin pathétique malgré son bon vouloir (et par extension sur l'Amérique), l'effort cumule malaises et tendresse, débutant sur les chapeaux de roue avec un superbe long plan. Un talent à suivre. Présenté aujourd'hui et le 13 octobre. ***1/2

Intéressant complément au documentaire Les tombeaux sans noms qui est également présenté au FNC, Funan de Denis Do est une animation sur le génocide des Khmers rouges qui a été récompensée au prestigieux Festival d'Annecy. Bouleversant à ses heures, le récit est en un de simplicité, autant dans ses personnages attachants que ses traits limpides. Et malgré la présence de clichés (et d'une fin très hollywoodienne), l'effort s'avère d'une grande finesse, subtilement enchanteur dans sa noirceur ambiante. Présenté aujourd'hui, ainsi que les 12 et 14 octobre. ***

vendredi 5 octobre 2018

Sorties au cinéma: Colette, Lizzie, At First Light, Monsieur je-sais-tout, Chilly Gonzales: Shut Up and Play the Piano, Quand les pouvoirs s'emmêlent

Il n'y a pas seulement le FNC dans la vie. Les sorties régulières continuent à affluer dans un cinéma près de chez vous.

Colette: Ce biopic bien sage et classique de Wash Westmoreland sur une romancière d'exception vaut surtout pour son grand soin technique et la performance allumée de Keira Knightley. ***

Lizzie: Chloë Sevigny et Kristen Stewart incarnent un convaincant duo torturé dans cette histoire vraie angoissante mais un brin trop maniérée de la part de Craig William Macneill. ***

At First Light: Théodore Pellerin assure au sein de cette série B anglophone un peu quelconque de Jason Stone, qui mélange amourettes adolescentes et drame de science-fiction à la Midnight Special. **1/2

Monsieur je-sais-tout: Ce canevas d'un homme cynique qui s'attendrit au contact d'un enfant «différent», on l'a déjà vu plein de fois. Et on n'en ressort pas plus ému ému tant les ficelles sont grosses. **1/2

Chilly Gonzales: Shut Up and Play the Piano: Éclaté mais complaisant, ce documentaire de Philipp Jedicke sur le populaire musicien montréalais reste constamment en surface. Comme si on assistait à une infopub. **

Quand les pouvoirs s'emmêlent: Malgré toutes ses bonnes intentions, ce documentaire d'Yvonne Defour qui porte sur le retour du religieux dans la sphère publique simplifie des enjeux complexes, offrant un tour d'horizon peu convaincant, autant d'un point de vue technique (on est devant un simple reportage) qu'informatif (la qualité des intervenants est très variable). *1/2

Je me garde Venom et A Star is Born pour leurs sorties en blu-ray, tant le FNC est toujours un peu accaparant!

Films du jour: Another Day of Life, Mariphasa (FNC)

Inspiré du célèbre livre de Ryszard Kapuscinski sur les déboires d'un journaliste en Angola pendant la Guerre Froide, Another Day of Life de Damian Nenow et Raül de la Fuente mélange fiction animée et documentaire en prise de vues réelles. Sans atteindre la maestria d'un Valse avec Bachir, le récit pique l'intérêt dans sa façon de questionner le rôle de la guerre et du quatrième pouvoir. Tout centrer sur un protagoniste blanc étranger au conflit prive cependant l'essai de l'essentiel. Et comme les nuances psychologiques ne sont pas très développées... On retiendra ainsi d'abord et avant tout le tour de force graphique, impressionnant, mais qui ne fait jamais oublier le grand film qui manque à l'appel. Présenté aujourd'hui et le 7 octobre. ***

Il faut aimer le cinéma expérimental pour adhérer à Mariphasa de Sandro Aguilar, un film noir près du cauchemar que n'aurait pas renié Philippe Grandrieux. L'intrigue aussi fascinante que frustrante parce que trop fragmentée et incompréhensible n'est souvent qu'un prétexte à se perdre dans ce délire, dont l'atmosphère suffocante en mettra plus d'un à l'épreuve. Hypnotisant, même si on demeure parfois sur son appétit. Aujourd'hui et le 14 octobre. ***

jeudi 4 octobre 2018

Films du jour: A Land Imagined, Les tombeaux sans noms (FNC)

Léopard d'Or au dernier Festival de Locarno, A Land Imagined de Siew Hua Yeo est un film noir maculé de rêves, qui réunit à la même enseigne l'esprit de Blade Runner, David Lynch et Wong Kar-wai. Une oeuvre évanescente à l'image de Singapour la solitaire où se situe l'intrigue quelque peu sinueuse et chargée, qui fascine allègrement avec son esthétisme soigné et ses élans existentiels. Présenté aujourd'hui et le 7 octobre. ***

Continuant sa réflexion sur le génocide cambodgien, Rithy Panh explore avec Les tombeaux sans noms (Graves Without a Name) cette frontière poreuse entre les vivants et les morts, se livrant plus que jamais. Le procédé n'est pas nouveau (son précédent et éblouissant L'image manquante était sans doute supérieur), mais l'émotion n'a aucune difficulté à transcender l'écran. Présenté aujourd'hui, ainsi que les 7 et 14 octobre. ***1/2

mercredi 3 octobre 2018

Suggestions de films à voir au FNC

Le Festival du nouveau cinéma commence aujourd'hui. Pour l'occasion, voici des suggestions de films à voir au jour le jour. En espérant se croiser! Mes propositions se trouvent ici.

Film du jour: The Heiresses (FNC)

Le Festival du nouveau cinéma débute aujourd'hui. Jusqu'au 14 octobre, vous allez retrouver quotidiennement des mini critiques sur des films qui ne risquent jamais d'être distribués au Québec.

Prenons un peu d'avance avec The Heiresses de Marcelo Martinessi, qui est présenté le 4 (demain) et le 8 octobre prochain. Dans cette délicate oeuvre paraguayenne au féminin, la suggestion et le non-dit sont rois, obligeant le cinéphile à prendre part active au récit. L'actrice Ana Brun y est éblouissante en figure mélancolique qui tente de s'extirper de sa condition. La Berlinale est tombée sous son charme et nous aussi! ***1/2

mardi 2 octobre 2018

Death Race: Beyond Anarchy (blu-ray)

Sans trop qu'on sache pourquoi, la série Death Race est déjà à son 4e épisode avec Beyond Anarchy. (Universal)

C'est quoi? L'illégale Course à la mort est sur le point de débuter et le grand gagnant Frankenstein part encore une fois favori...

C'est comment? Quelques allusions sociales et économiques font état de la dégénérescence de la société américaine d'aujourd'hui.

Et pourtant? Il s'agit encore d'une grosse série B sans queue ni tête, aussi répétitive que lassante.

Techniquement? La musique rentre au poste, gracieuseté d'enceintes mouvementées.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray et un dvd. En dehors d'une intéressante piste de commentaires du réalisateur Don Michael Paul et de la star Zach McGowan, les trois documentaires déçoivent par leur futilité.

Au final? Le remake de 2008 était déjà pitoyable, pourquoi alors allonger la torture? Sans être le pire épisode du lot, cette quatrième aventure déçoit par ses piètres cascades et ses personnages énervants.

Film du jour: Tales from the Hood 2 (blu-ray)

Présenté plus tôt cette année à Fantasia, Tales from the Hood 2 de Rusty Cundieff et Darin Scott sort directement en dvd et en blu-ray au Québec. (Universal)

C'est quoi? Quatre nouvelles histoires fantastiques et horrifiques sont racontées à un homme tout-puissant.

C'est comment? Enfin une suite supérieure à l'original. Comme brûlot de l'ère Trump, il se fait difficilement plus grinçant. La touche du producteur Spike Lee n'est sans doute pas étrangère à ça.

Et pourtant? La qualité des segments est toujours inégale. La charge ne gagnera pas de prix pour sa subtilité..

Techniquement? Un travail tout à fait valable sur les contrastes.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique, mais aucun supplément.

Au final? C'est une surprise inattendue qui est offerte ici. Les amateurs de Get Out risquent de bien rigoler.