mercredi 31 juillet 2019

Film du jour: The Miracle of the Sargasso Sea (Fantasia)

Au sein de la nouvelle vague du cinéma grecque, le public est familier avec l'art singulier de Yorgos Lanthimos. C'est le moment de faire la connaissance de celui de Syllas Tzoumerkas, qui offre des considérations encore plus sociales, politiques et engagées par l'entremise de son déstabilisant The Miracle of the Sargasso Sea. Tel un mauvais rêve qui bouleverse le mythe jusqu'à la tragédie, ce voyage étonnant dénonce l'austérité, le sort laissé aux femmes et aux étrangers, en développant un récit sibyllin aux métaphores puissantes. On s'y perd allègrement, ce qui n'empêche pas d'être happé par son immense beauté. À Fantasia aujourd'hui et demain. ***1/2

mardi 30 juillet 2019

Long Shot (dvd)

Après une série de comédie un peu quelconque, Jonathan Levine signe un de ses meilleurs films en carrière avec Long Shot. (Les Films Séville/EOne)

C'est quoi? Un journaliste aide une amie d'enfance qui se lance comme candidate à la présidentielle américaine.

C'est comment? Qui eut crû que le tandem Seth Rogen et Charlize Theron allait fonctionner à ce point? Les situations sont souvent hilarantes, alors que les dialogues fondement littéralement dans la bouche.

Et pourtant? C'est trop long. Lorsque la romance prend la place de la satire politique, l'intérêt finit par défaillir.

Techniquement? Les images ne manquent pas de soin et de détails. Et oui, même si l'histoire se déroule un peu partout sur la planète, le long métrage a été tourné principalement à Montréal.

Suppléments? Il y a pas moins de 11 segments explicatifs. Les plus hilarants sont ceux sur l'acteur Alexander Skarsgard (qui campe le Premier ministre du Canada!) et une rencontre avec les Boyz II Men!

Au final? Le cinéma hollywoodien étant chiche en bonne comédie, il faut prendre Long Shot comme une libération, à voir et à revoir. ***1/2

Film du jour: The Crow (Fantasia)

Fantasia célèbre le 25e anniversaire de The Crow d'Alex Proyas en le projetant à nouveau. C'est l'occasion de voir ou revoir sur grand écran l'oeuvre testamentaire de Brandon Lee. Un cauchemar qui fascine à chaque visionnement, notamment par son délire esthétique et sonore. Au diable l'histoire qui ne casse rien, c'est par son ambiance et son atmosphère que le film est devenu culte. ***1/2

lundi 29 juillet 2019

Entrevue Aquaslash (Fantasia)

Après son étonnant Discopath, le réalisateur Renaud Gauthier est de retour avec Aquaslash, un slasher sur des glissades d'eau meurtrières! Je me suis entretenu avec le cinéaste québécois et mon entrevue est à lire sur le site du Voir. Le film est présenté ce soir à Fantasia, en première mondiale.

Film du jour: Young Frankenstein

Mel Brooks apparaît au sommet de son art avec Young Frankenstein, une parodie jouissive du classique de James Whale. Tout est prétexte à des gags hilarants dans ce long métrage brillant et inventif, dont l'humour ne se démode pas. Si la qualité des situations varie grandement, il y aura toujours des moments pour faire hurler de rire. Gene Wilder domine une distribution impeccable, parfaitement adaptée à une mise en scène sans faux pas. À la Cinémathèque québécoise. ****

dimanche 28 juillet 2019

Les films préférés de... Mehdi Bousaidan

Populaire humoriste, Mehdi Bousaidan flirte de plus en plus avec le cinéma, ayant apparu dans De père en flic 2. Je l'ai rencontré pour La course des tuques (il prête sa voix au «méchant») et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés...

« Je suis un grand fan de films de gangsters. J'aime beaucoup les mob movies, les self-made millionaire movies. Je suis un grand fan de Scarface, les Scorsese. J'aime beaucoup Guy Ritchie. Tout ce qui est Snatch, Lock, Stock and Two Smoking Barrels, Revolver. Ce sont des films que j'apprécie beaucoup.

Sinon je suis un fan des vieilles comédies françaises des années 80 et 90, comme Les Inconnus, Le dîner de cons, Le jouet, La chèvre, les films de Depardieu.

Si je veux me gâter, je regarde un film de gangsters ou une comédie avec Pierre Richard.

J'ai revu récemment Le pari avec les Inconnus et j'ai ri tout le long. Ça me manque, ces comédies-là. C'était efficace. Maintenant, ils mettent des millions et des millions et finalement tu ris deux ou trois films pendant le film. »

Film du jour: The Moon in the Hidden Woods (Fantasia)

La présente édition de Fantasia regorge d'animations. The Moon in the Hidden Woods d'Umehara Takahiro, qui est présenté aujourd'hui, n'est toutefois pas la meilleure. Malgré une fantaisie relevée et des couleurs éclatantes, le dessin animé peine à sortir des sentiers battus, reprenant un schéma éprouvé pour offrir un divertissement à usage unique, sans réelle profondeur. **1/2

samedi 27 juillet 2019

Sorties au cinéma: Once Upon a Time in... Hollywood, C'est ça l'amour, The Farewell, L'autre histoire, Le vent de la liberté

De la qualité s'installe dans les salles de cinéma cette semaine.

Once Upon a Time in... Hollywood: En apparence, Quentin Tarantino se répète sur son nouveau film, offrant le mélange attendu de dialogues cultes, d’icônes incroyables, d'hommages attendus et de violence qui peut exploser n'importe quand. Ce serait pourtant bien mal évaluer cet immense opus. Une mélancolie latente le berce allègrement, offrant une réflexion pénétrante sur Hollywood et sa façon de traiter le réel, faisant triompher ses loosers sympathiques (le duo DiCaprio et Pitt fonctionne à plein régime). Le septième art est plus fort que tout dans ce qui est certainement son effort le plus émouvant depuis Jackie Brown. ****

C'est ça l'amour: Bouli Lanners est parfait en père aimant dépassé par les événements dans ce beau et sensible drame intimiste de Claire Burger, qui passe allègrement de l'humain au social. ***1/2

The Farewell: Rires et pleurs se retrouvent en grande quantité au sein de cet agréable choc des cultures qui, sans payer de mine sur le plan du scénario ou de la réalisation, présente une jolie palette de personnages attachants. ***1/2

L'autre histoire: Des familles doivent sans cesse se remettre en question dans ce drame psychologique potable quoique tendancieux à ses heures du cinéaste Avi Nesher, qui traite de thèmes importants sans éviter de faire la morale. ***

Le vent de la liberté: Une incroyable histoire vraie devient le sujet d'un banal téléfilm de la part de Michael Herbig, qui accentue le côté suspense (avec cette musique à la Hans Zimmer) sans nécessairement trouver ses points de repères. Au moins l'interprétation demeure correcte. **1/2

Film du jour: Les particules (Fantasia)

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs plus tôt cette année, Les particules est un prometteur premier long métrage de la part de Blaise Harrison, qui est particulièrement doué pour créer une ambiance et une atmosphère prenante et suffocante (surtout pendant les scènes de danse ou quelques moments plus hallucinants). Dommage que son scénario, beaucoup moins inspiré, reprenne les conventions des récits initiatiques habituels, afin de créer une allégorie attendue sur le passage à l'âge adulte, ce qui atténue le climat de mystère développé jusque-là. Présenté aujourd'hui et le 31 juillet. **1/2

vendredi 26 juillet 2019

Entrevue C'est ça l'amour

C'est un délicat portrait d'un père - et d'une société qui ne s'accorde pas toujours ensemble - qui est élaboré dans C'est ça l'amour, le second long métrage de Claire Burger (Caméra d'Or pour Party Girl). Je me suis entretenu avec la réalisatrice française et mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro d'aujourd'hui.

Film du jour: Burn After Reading

La Cinémathèque québécoise présente ce soir Burn After Reading des frère Coen. Il s'agit d'une de leurs comédies les plus délirantes et ludiques, mélangeant situations saugrenues et casting en or (mention spéciale à Brad Pitt) pour un résultat explosif. Rien n'est à prendre au sérieux dans cette farce décalée et férocement divertissante, qui se savoure en toute simplicité. ***1/2

jeudi 25 juillet 2019

Film du jour: SHe (Fantasia)

Au rayon des animations bizarres, il ne s'est rien fait de plus étrange depuis des lustres que le SHe de Zhou Shengwei. Dans cette atypique création chinoise, des chaussures femelles tentent de se rebeller d'une société patriarcale qui asservie tout sur leur passage! Fascinant mais non exempt de longueur, cette aventure incroyable innove constamment, s'adressant tout de même aux cinéphiles les plus invétérés, ceux qui sont prêts à tout braver afin d'être récompensé. ***

mercredi 24 juillet 2019

Film du jour: House of Hummingbird (Fantasia)

LE film à voir cette année à Fantasia, House of Hommingbird est un magnifique récit d'initiation de la nouvelle venue Kim Bora. Une oeuvre phare et nécessaire, à ne manquer sous aucun prétexte. ****

mardi 23 juillet 2019

High Life (dvd)

La grande cinéaste Claire Denis s'attaque au film de science-fiction avec son remarquable High Life. (Entract Films/Elevation Pictures)

C'est quoi? Des expériences sont menés sur des prisonniers qui se trouvent dans l'espace.

C'est comment? Quel film fascinant! En plus de rendre hommage aux classiques du genre, le long métrage développe une intrigue unique, à la fois humaine et métaphysique.

Et pourtant? Ce n'est vraiment pas pour tout le monde.

Techniquement? L'immense soin vidéo est au service des images magnifiques, alors que les enceintes permettent de faire ressortir toute la subtilité des mélodies.

Suppléments? Cette édition comprend un dvd et une copie numérique. Les bonus réunissent un intéressant documentaire sur le tournage et un segment explicatif sur le visuel utilisé.

Au final? Les véritables cinéphiles voudront prendre part à cette odyssée incroyable, qui multiplie les plans inoubliables. On y retrouve d'ailleurs une des plus belles scènes de sexe solitaire de l'histoire du septième art. ****

Ma critique complète

Mon entrevue avec Claire Denis

Film du jour: Ode to Nothing (Fantasia)

Dans les mains de Lav Diaz ou d'Apitchatpong Weerasethalkul, Ode to Nothing aurait été une brillante réflexion sur la solitude des régions éloignées. Mais dans celles de Dwein Ruedas Baltazar, cela se transforme en film brouillon, techniquement soigné mais qui ne sait jamais sur quel pied danser, débutant sobrement avant de devenir de plus en plus grotesque. C'est d'autant plus dommage que le potentiel y est. **1/2

lundi 22 juillet 2019

The Hummingbird Project (dvd)

Kim Nguyen continue son aventure anglophone avec The Hummingbird Project. (Entract Films/Elevation Pictures)

C'est quoi? Deux hommes tentent de construire une ligne de fibre optique ultra rapide entre le Kansas et New Jersey.

C'est comment? La satire du rêve américain ne manque pas de décaper. La mise en scène vulgarise avec humour un sujet complexe, alors que l'interprète ne manque pas de verve.

Et pourtant? Le sujet s'essouffle assez rapidement. Le traitement ludique demeure superficiel.

Techniquement? Le soin vidéo et audio s'avère de haute-voltige.

Suppléments? Cette édition comprend un dvd et une copie numérique. Les bonus proposent des scènes supprimées de qualité variable.

Au final? Il faut remonter jusqu'à Rebelle pour trouver un long métrage aussi réussi de Kim Nguyen. Beaucoup plus léger, The Hummingbird Project vise le divertissement, s'en sortant généralement avec les lauriers. ***

Mon entrevue avec Kim Nguyen

Film du jour: Ride Your Wave (Fantasia)

Depuis quelques années, le cinéaste Masaaki Yuasa a adopté un rythme de tournage effrénée. Cela se fait ressentir sur ses dernières oeuvres, sympathiques au possible mais qui ne possèdent pas le sceau de ses premiers classiques. C'est le cas de Ride Your Wave, une animation extrêmement mignonne sur les hauts et les bas d'une histoire d'amour. Après une première partie volontairement kitsch, l'oeuvre mute vers une gravité insoupçonnée, se repositionnant toutefois rapidement du côté du divertissement ludique aux morales appuyées. ***

dimanche 21 juillet 2019

Les films préférés de... Bertrand Belin

Depuis une quinzaine d'années, Bertrand Belin est un des chanteurs les plus nécessaires de la chanson française. Je lui ai parlé lors de la sortie de son 6e album Persona et de sa tournée québécoise (mon entrevue) et j'en ai profité pour lui demander quels étaient ses films préférés...

« Il y a plein de films que j'adore. J'aime beaucoup Kelly Reichard, en particulier Old Joy. C'est un film que j'admire. Sinon j'aime énormément Sidney Lumet, les vieux films de John Huston comme La nuit de l'iguane et Reflets dans un oeil d'or. »

Film du jour: Bruce McDonald's Dreamland (Fantasia)

On ne sait jamais à quoi s'attendre avec le cinéma du réalisateur canadien Bruce McDonald et c'est ce qui le rend si intéressant. Pour Dreamland, il combine action, gore, vampirisme, enlèvements de fillettes et plus encore au sein d'une quête parfois jouissive, qui relève du grand n'importe quoi. La première partie royalement inégale s'améliore constamment, jusqu'à une conclusion mouvementée qui s'assume finalement dans ses délires. Au sein de cet exercice brouillon et fécond triomphe l'acteur aguerri Stephen McHattie dans un double-rôle. **1/2

samedi 20 juillet 2019

Sortie au cinéma: Le Grand Bal, Maiden, Les fauves, The Art of Self-Defense

On combat la saison chaude et humide avec des grands frissons de cinéma.

Le Grand Bal: Cela commence en trombe avec ce magnifique documentaire de Laetitia Carton, qui laisse toute la place à la danse et la musique. Pour une meilleure union de l'être humain face à une société de plus en plus individualiste. ****
Mon entrevue avec sa cinéaste

Maiden: Tout aussi inspirant est ce documentaire d'Alex Holmes sur une navigatrice et son équipe entièrement féminine. Construit comme un thriller, le récit éclaire sur les luttes passées dont l'écho est toujours perceptible aujourd'hui. ***1/2

Les fauves: Après son surprenant Tristesse Club, Vincent Mariette demeure dans les univers mystérieux, en suivant cette fois une hypnotisante chasse à la panthère. Tout se joue dans le regard de l'héroïne, et ce sont les cinéphiles qui voudront jouer le jeu qui seront récompensés. ***

The Art of Self-Defense: Fight Club rencontre Karate Kid dans cette comédie noire de Riley Steams sur la masculinité toxique, où brille Jesse Eisenberg. Dommage que l'humour fonctionne au détriment du drame et des élans psychologiques. ***

Film du jour: Another Child (Fantasia)

Pour sa première réalisation Another Child, le réputé acteur Kim Yoon-seok s'intéresse aux répercussions d'une passion illicite qui détruit deux familles. Finement écrit, le récit d'une sobriété exemplaire doit tout à ses excellentes actrices, qui modulent l'émotion à la perfection. Ce sont leurs figures inoubliables qu'on retient lorsque le film fait du surplace à mi-chemin, avant de retrouver le chemin des larmes et des rires mélancoliques. Présenté à Fantasia aujourd'hui.

vendredi 19 juillet 2019

Entrevue Le Grand Bal

Vous connaissez Le Grand Bal, cet événement de danse et de musique qui se déroule en France depuis une trentaine d'années? Après avoir vu l'excellent documentaire de Laetitia Carton, vous aurez le goût d'y aller. Je me suis entretenu avec la réalisatrice et mon entrevue se trouve dans le journal Métro d'aujourd'hui.

Film du jour: Away (Fantasia)

À la fois simple et radical, Away est un tour de force de Gints Zilbalodis, qui a conçu cette animation de A à Z. À partir d'un canevas classique (un garçon et son oiseau tentent de retrouver le chemin de la maison), ce dessin animé muet au style unique et aux mélodies imparables se perd allègrement dans les symboles et les métaphores, frustrant par son rythme inconséquent et ses détours tortueux, mais fascinant justement par son désir de ne pas séduire. Même sans les clés habituelles, on voudra vivre cette aventure incroyable. ***1/2

jeudi 18 juillet 2019

Film du jour: The Lion King (2019)

Après les décevants Dumbo et Aladdin, c'est au tour de The Lion King d'être revisité par les studios Disney, gracieuseté cette fois de Jon Favreau (The Jungle Book). Comme trop souvent, tout le soin a été apporté à la qualité de l'animation - souvent formidable, même si les différentes bêtes ne semblent jamais interagir correctement ensemble - au détriment du reste. En misant sur le photo-réalisme, cela rend les numéros musicaux ennuyants, alors que l'histoire pratiquement identique est gonflée de 30 minutes supplémentaires (encore plus de morales, de clins d'oeil féministes, de blagues de Timon et Pumbaa, et d'action à la toute fin). Les fans de la version originale ne seront pas particulièrement emballés, alors que les néophytes ne voudront que découvrir le dessin animé. Lorsque l'âme et le coeur viennent à manquer, on se concentre sur le beau, le mignon et les défis techniques. Malgré toutes les scènes de poil, d'eau et d'éléments difficiles à recréer, cela ne rend pourtant pas le film meilleur. **1/2

mercredi 17 juillet 2019

Film du jour: Crawl

Succès surprise au box-office américain, Crawl d'Alexandre Aja fait apparaître de méchants alligators lors d'un ouragan qui détruit tout sur son passage. Malgré sa prémisse farfelue qui promet des situations hilarantes, le récit propose finalement peu de scènes vraiment divertissantes, se concentrant plutôt sur une relation père/fille plaquée et prévisible. Lorsque trop de sérieux finit par tuer la bête. **1/2

mardi 16 juillet 2019

Film du jour: Idol (Fantasia)

Cinq années après son reversant Han Gong-ju (LE meilleur film présenté à Fantasia en 2014), le cinéaste Lee Su-jin est de retour avec le passionnant Idol. Pour son second long métrage, le Coréen explore les eaux du thriller malsain, de l'immoralité humaine et de la satire politique pour offrir une oeuvre d'une maîtrise technique à toute épreuve, dont le scénario complexe ne lésine pas sur les coups de théâtre. Bien que moins marquant et original que son prédécesseur, ce divertissement de luxe s'avère un des faits d'armes de cette édition. ***1/2

lundi 15 juillet 2019

Entrevues Les fauves

C'est ce vendredi que prend l'affiche au Québec Les fauves, le surprenant second film de Vincent Mariette (Tristesse Club), sur une mystérieuse panthère qui fait disparaître des gens! Je me suis entretenu avec le réalisateur - ainsi qu'avec l'acteur Laurent Lafitte - et mon texte d'entrevue se trouve dans les pages du journal Métro.

Film du jour: Shazam!

DC Comics n'a pas dit son dernier mot, surprenant positivement avec le Shazam! de David F. Sandberg. (Warner)

C'est quoi? Un garçon de 14 ans détient le pouvoir de se transformer en superhéros adulte.

C'est comment? Enfin un film de DC Comics qui ne se prend pas au sérieux! L’interprétation décontractée et les situations cocasses en font un bon divertissement.

Et pourtant? Il n'y a rien d'inédit au menu. Les nombreuses longueurs et répétitions ne sont pas rares, alors que les enfants risquent d'y trouver plus leur compte que les adultes.

Techniquement? Le soin vidéo et audio est de chaque instant.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Les bonus totalisant plus de 90 minutes sont composées d'extraits de bandes dessinées, un long documentaire sur le tournage et les effets spéciaux, une présentation du héros, un retour sur les valeurs en places, un segment portant sur l'affrontement final, un bêtisier et pas moins de 16 scènes retranchées (on y retrouve également une introduction et conclusion différentes).

Au final? Voilà enfin un peu d'espoir sous le soleil pour une des franchises les plus sombres des dernières décennies années. Sans rivaliser avec les meilleurs Marvel, Shazam! fait une entrée irrésistible au cinéma. Ça sent la suite... ***

dimanche 14 juillet 2019

Les films préférés de... Kaveh Nabatian

Entre sa carrière en musique (dans The Bell Orchestre) et au cinéma, Kaveh Nabatian refuse de choisir. Après avoir réalisé quelques courts métrages remarqués, il a notamment conçu l'idée originale de l'essai Les sept dernières paroles. Je l'ai rencontré pour l'occasion (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés.

« Un film que j'aime beaucoup... C'est drôle, un moment donné ce n'était pas cool de l'aimer, et l'a ça l'est, c'est Happy Together de Wong Kar-wai. Dans les années 2000, quand tout le monde faisait du Haneke, c'était pas cool d'expérimenter comme ça. Mais c'est ça que j'aime. La façon dont il a fait ce film. C'est une belle méditation sur le désir nostalgique. Chaque image est tellement géniale et poétique.

J'adore également Tarkovski, surtout Le miroir.

Je dirais aussi Pierrot le fou. C'est le film qui m'a le plus bousculé lorsque j'étais à l'école à Concordia. C'était le film d'examen et il le montrait cinq fois ce jour-là. En pellicules en plus. Je l'ai vu cinq fois ce jour-là. Je ne pouvais juste pas croire qu'on pouvait faire ça.

Donc Tarkovski, Godard, Kar-wai ont jeté les règles, peut-être par des contraintes d'argent, mais ils ont osé faire les films, en développant une signature. Cela m'inspire beaucoup, même si je suis loin de ça. Mais c'est comment j'aimerais m'exprimer, en n'étant pas dans une boîte.

Le cinéma que j'aime est beaucoup plus dans la poésie, dans l'intuition ».

Film du jour: Louis 19

Rare film québécois à avoir fait l'objet d'un remake (de la part de Ron Howard en plus de ça), Louis 19, le roi des ondes est une comédie avant-gardiste de Michel Poulette, qui avait prévu il y a 25 ans la fascination pour la téléréalité et la célébrité instantané. Ce sont d'ailleurs les uniques idées intéressantes qui ressortent de ce long métrage ampoulé, rarement drôle et gênant sur le plan technique, où de bons comédiens en font des tonnes dans des rôles souvent hystériques. À la Cinémathèque québécoise. *1/2

samedi 13 juillet 2019

Film du jour: Inspecteur la Bavure

Grand succès à sa sortie en France en 1980, Inspecteur la Bavure prouve malheureusement que le temps est parfois la pire ennemie des films. Ce qui était drôle il y a 28 ans ne l’est plus nécessairement aujourd'hui et c’est le cas de ce long-métrage à la fois sympathique et énervant.

Grâce à son père, un homme incompétent (Coluche) est accepté dans la police. Même si son nom n’est pas François Pignon, il dérègle tout ce qu’il touche. Alors qu’il doit assurer la protection d’une journaliste (Dominique Lavanant), son don de se mettre dans le trouble atteint son paroxysme. En effet, il devient de plus en plus ami avec l’homme (Gérard Depardieu) qu’il doit absolument arrêter !

Claude Zidi adore les flics et la plupart de ses oeuvres les plus populaires touchent à cette thématique, que ce soient Ripoux et La totale. Déjà, il aborde des thèmes qui feront dates, dont la filature irrésistible et la corruption policière. Il le fait cependant dans la farce inutile et inconséquente. La solide réalisation ne permet pas au rythme d’atteindre sa vitesse de croisière. Au contraire, l’essai a beaucoup de difficulté à démarrer et les répétitions n’aident pas. Surtout que l’humour s’adresse presque aux enfants, hormis quelques gags plus soutenus qui se rapprochent du culte.

Le cinéaste a travaillé cinq fois avec Coluche et le duo s’entend comme larron et foire. À tel point que l’acteur peut se permettre de jouer sur le pilote automatique et de multiplier les mimiques et les cris stridents. Ce qui est drôle cinq minutes devient lassant après plus de 90 minutes. Gérard Depardieu, beaucoup plus à l’aise et défendu, arrive trop tardivement pour sauver les meubles. Sa façon de trop en mettre est toutefois comique. Il est capable de passer d’un ange au démon en l’espace de quelques secondes, ce qui offre un peu de tension à cette histoire qui en a bien besoin.

Inspecteur la Bavure est un produit de son temps. Ce qui est important est le plaisir immédiat et le rire en boîte. Bien entendu, il y a plusieurs séquences d’une drôlerie irrésistible, dont celle où le policier doit composer avec une poupée gonflable. Sauf que ces bons sketchs ne forment pas nécessairement un tout cohérent et satisfaisant. Au contraire, la composition de Coluche énerve rapidement et c’est à se demander ce qu’un Pierre Richard aurait pu faire dans de telles situations. Si la vue se visionne aisément, elle s’oublie tout aussi rapidement et il ne s’agit certainement pas du meilleur film de Claude Zidi. Lorsque le plaisir – relatif – demeure éphémère. **1/2

À la Cinémathèque québécoise.

vendredi 12 juillet 2019

Sorties au cinéma: The Last Black Man in San Francisco, Bunuel après l'âge d'or, Toni Morrison - The Pieces I Am, Marianne & Leonard - Words of Love, Stuber

C'est évidemment la semaine où débute un gros festival comme Fantasia que se pointe d'excellents films sur les écrans de cinéma.

The Last Black Man in San Francisco: C'est le cas de ce merveilleux opus de Joe Talbot qui présente des êtres fiers et résilients, capables de prendre en main leur destin. La méditation sur l'identité et l'appartenance laissent béat, tout comme la maestria de l'interprétation et de la mise en scène. Un des grands films de 2019. ****

Bunuel après l'âge d'or: C'est une très intrigante animation que propose ici Salvador Simo, désacralisant le maître pour offrir une réflexion sur le cinéma et l'amitié. En jouant de  délicieux symboles, le scénario rend honneur aux obsessions de son créateur, bien que l'utilisation  démesurée de la musique finisse par rendre l'émotion un peu plaquée. ***1/2

Toni Morrison - The Pieces I Am: Au lieu d'un documentaire comme les autres, le réalisateur Timothy Greenfield-Sanders laisse pratiquement toute la parole à son fascinant sujet, l'enrobant d'intervenants qui l'encensent allègrement. Classique, l'hagiographie finit néanmoins par divertir, tant l'auteure sait manier les mots. ***

Marianne & Leonard - Words of Love: La musique de Leonard Cohen est éternelle. Mais quelle est la pertinence de ce documentaire de Nick Broomfield, au demeurant soigné et élégant, mais d'où n'émane absolument rien d'inédit, si ce n'est que d'alimenter le mythe? Car rendu là, à quand un docu sur sa relation avec sa mère, un autre sur son premier amour, un différent sur telle chanson populaire, etc. Les possibilités sont infinies... **1/2

Stuber: D'un côté, il s'agit d'un hommage sympathique mais usé et sans originalité à tous ces duos dépareillés du septième art américain des années 80 et 90. De l'autre, il ne s'agit que d'une vulgaire pub pour Uber, qui a dû investir gros pour que le titre du long métrage soit un dérivé du sien... **1/2

Film du jour: Hotel by the River

En apparence, Hotel by the River ressemble à un film classique de Hong Sang-soo. Il y a des rencontres sentimentales qui ne se concrétisent pas, un réalisateur un peu perdu et du soju. Mais en vérité, il s'agit d'une de ses oeuvres les plus complexes, agissant à différents niveaux pour entretenir un mystère venimeux. Lorsque le temps semble s'arrêter, le rêve peut débuter, évoluant au sein d'un labyrinthe qui ne manque pas de fasciner. Au Cinéma Moderne les 12, 14 et 18 juillet. ****

jeudi 11 juillet 2019

Film du jour: Angèle en quatre temps

La violoniste Angèle Dubeau méritait certainement un documentaire. Sauf que Angèle en quatre temps que lui accorde Isabelle Depelteau n'est qu'à moitié concluant. Les informations pertinentes côtoient celles plus promotionnelles, alors que la forme aspire vers le cinéma sans jamais y arriver complètement. Au moins il y a cette musique, merveilleuse, qui donne son lot de frissons. **1/2

mercredi 10 juillet 2019

Suggestions Fantasia

Fantasia se met en branle dès demain et comme à chaque année, voici mes suggestions de films à ne pas manquer.

Idol
Le réalisateur de l'inoubliable Han Gong-ju est de retour avec un sombre suspense dégoulinant de violence, qui mettra à rude épreuve la moralité de ses personnages. L'ambiance est si forte que les frissons risquent d'apparaître en moins de deux.

Shadow
Il y a tellement de découvertes à faire à Fantasia, des bonnes comme des moins bonnes. Afin de ne pas être déçu, il y a toujours cet excellent long métrage de Zhang Yimou, qui a pris l'affiche en sol montréalais en mai dernier. Sur un grand écran, c'est un must.

The Miracle of the Sargasso Sea
Le cinéma grec bizarre ne se limite pas seulement à celui de Yorgos Lanthimos. Surtout pas en voyant cette oeuvre iconoclaste, prisonnière quelque part entre le présent et le passé, qui aborde plein de thèmes importants à coup d'images probantes et de métaphores puissantes.

House of Hummingbird
Voilà un récit d'initiation pas comme les autres qui transforme à coup sûr une existence. Le récit par excellente du dernier Festival de Berlin qui fait découvrir l'immense talent de la cinéaste Kim Bora, qui signe ici son premier long métrage.

Ride Your Wave
C'est l'année des animations à Fantasia et la plupart semblent excellentes (Away, Cencoroll Connect, Human Lost, The Moon in the Hidden Woods, Promare, She, Son of the White Mare). S'il y en a une seule à retenir, c'est bien ce délirant conte de Masaaki Yuasa - le créateur du classique Mind Game - qui ne fait jamais rien comme personne.

Film du jour: Menteur

Il y a les bons films québécois à vocation populaire comme 1991. Puis il y a ceux qui sont mauvais et insipides, sabotant les rires presque à chaque fois. C'est le cas de Menteur d'Émile Gaudreault, une farce ambitieuse et inaboutie où les situations s'avèrent aussi répétitives que moribondes. Entre l'interprétation chargée (exception de l'agréable découverte Catherine Chabot), la mise en scène tape-à-l'oeil et un scénario qui verse dans le sentimentalisme de bas étage, il y a tout pour mettre la patience du spectateur à l'épreuve. **

mardi 9 juillet 2019

Film du jour: Tatie Danielle

À une autre époque, il y a de cela fort longtemps, Étienne Chatiliez était capable de faire de bons films. C'est le cas de Tatie Danielle, une comédie assez marrante sur une excentrique vieille femme qui prend le monde en grippe. L'humour qui fait mouche et la performance truculente Tsilla Chelton font oublier le ton moralisateur et la mise en scène un peu gauche. *** À la Cinémathèque québécoise.

lundi 8 juillet 2019

Film du jour: Little

Les producteurs de Girls Trip et Night School remettent ça avec Little. (Universal)

C'est quoi? Une patronne acariâtre qui se retrouve dans le corps d'une adolescente de 13 ans est appelée à changer ses comportements.

C'est comment? Les actrices principales semblent s'amuser et il y a bien un ou deux gags qui font sourire.

Et pourtant? Il s'agit d'une histoire que l'on a déjà vu des centaines de fois... en beaucoup mieux. Les morales manquent de finesse et la réalisation est lourde.

Techniquement? Les images mettent en valeur les couleurs criardes, alors que les pistes sonores soignées permettent de ne rien perdre des nombreux dialogues.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Les bonus comprennent des documentaires superficiels (sur le projet, les actrices, une scène de confrontation dansée, etc.) et une piste de documentaires animée avec vivacité par la cinéaste et coscénariste Tina Gordon.

Au final? Il n'y a vraiment rien de très intéressant qui ressort de cette production paresseuse, qui recycle une formule usée jusqu'à la moelle. Même le charme des comédiennes n'y peuvent rien. *1/2

dimanche 7 juillet 2019

Les films préférés de... Monia Chokri

Révélée dans Les amours imaginaires, Monia Chokri est apparue au cinéma au sein de propositions originales (récemment dans Les affamés et Nous sommes Gold), avant de se lancer à la réalisation. Je l'ai rencontré lors de la sortie de La femme de mon frère (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés...

« Dans mes films fondateurs, même s'il est un peu persona non grata, il y À tout prendre de Claude Jutra. Ça reste probablement mon film préféré sur la Terre. Je trouve que c'est d'une telle liberté, c'est un film qui me bouleverse. Je l'ai vu des tonnes de fois.

Husbands and Wives de Woody Allen est aussi un film très important pour moi. Je trouve que c'est un scénario parfait, impeccable. Tous les films des frères Coen, mais surtout The Big Lebowski qui est pour moi la plus grande comédie qui a été écrite sur cette Terre. C'est tellement bon! Ce sont des films que je vis comme des pèlerinages. J'y retourne une à deux fois par année. J'aime beaucoup aussi Sweet Sixteen de Ken Loach, Raging Bull de Scorsese. Il y en a tellement.

J'aime beaucoup Alice Rohrwacher, que j'ai découvert dernièrement. Elle a fait Les merveilles, Heureux comme Lazzaro. Cette femme-là a mon âge et je suis tellement complexée par elle. Je la trouve tellement bonne! Je l'ai rencontrée à Cannes et c'est la personne qui m'a le plus impressionnée. J'ai rencontré Tarantino, Jarmusch, Bill Murray, plein de gens. Mais quand j'ai vu Alice Rohrwacher, j'étais tellement gênée! » (rires)

Film du jour: The Life and Death of Colonel Blimp

Souvent considéré comme le meilleur film britannique de tous les temps, The Life and Death of Colonel Blimp du mythique tandem Michael Powell et Emeric Pressburger brosse 40 ans d'existence d'une société en plein changement. À la fois une satire mordante, une comédie irrésistible, un drame de guerre émouvant et une romance délicieuse, ce chef-d'oeuvre aux dialogues pétillants étonne constamment par sa construction morcelée et ses images exceptionnelles. Malgré ses 163 minutes, on ne s'y ennuie pas une seconde. ****1/2

samedi 6 juillet 2019

Sorties au cinéma: Instant Dreams, L'incroyable histoire du facteur Cheval, Duelles, Wild Rose, Spider-Man: Far From Home, Solaris

C'est une semaine de cinéma où les émotions sont généralement à l'honneur.

Instant Dreams: Au lieu du documentaire attendu sur le Polaroid, Willem Baptist offre plutôt une réflexion impressionniste sur le temps qui passe, baignée d'images sidérantes. Une expérience sensorielle comme il s'en fait peu. ***1/2

L'incroyable histoire du facteur Cheval: Très classique dans son approche, cette histoire vraie de Nils Tavernier vaut surtout pour la prestation de Jacques Gamblin et l'émotion insoupçonnée qui déferle à la fin. ***

Duelles: Ce prévisible thriller d'Oliver Masset-Depasse ne se fait pas prier pour piller du côté d'Hitchcock, s'amusant avec ses travellings soignés et son épatant duo d’interprètes féminines. Efficace à défaut d'être très profond. ***

Wild Rose: Les clichés et les lieux connus sont nombreux dans ce drame musical de Tom Harper. Il y a pourtant la présence phénoménale de Jessie Buckley pour convaincre même les plus récalcitrants. Après Beast, il s'agit indéniablement de l'actrice à suivre de près. ***

Spider-Man: Far From Home: Les drames shakespeariens du dernier Avengers laissent place à une fantaisie ludique et comique, supérieure au précédent Homecoming du même Jon Watts. De quoi passer un bon moment... même si le tout sera oublié en sortant de la salle de cinéma. ***
Ma critique

Le Cinéma du Parc présente toute la fin de semaine l'immense chef-d'oeuvre Solaris d'Andreï Tarkovski, sans doute la plus grande oeuvre de science-fiction de tous les temps (à égalité avec 2001). On ne se lasse pas de replonger dans cette aventure hors du commun, qui fait battre le coeur plus rapidement avec ses images somptueuses, ses mélodies légendaires, son rythme unique et son propos métaphysique. *****

Film du jour: Les maris, les femmes, les amants

Sorte de vaudeville doté d’une prémisse qui n’est pas tellement éloignée du truculent Le déclin de l’empire américain (B000291Q9I), Les maris, les femmes, les amants parle du sexe et des relations de couple avec légèreté et beaucoup d’humour.

C’est le temps des vacances ! Pendant que les maris amènent les enfants à la plage sur l’Île de Ré, les épouses restent à Paris pour prendre un congé bien mérité. Les plus grands retomberont en enfance, les plus petits deviendront des adultes et tout le monde verra son été transformé l’espace de quelques semaines. Au cœur de ces voyages de corps et de pensée, ce sont les souvenirs qui auront généralement le dernier mot.

Le cinéaste français Pascal Thomas adore le passé. La majorité de ses films fuient la rigueur et la complexité du présent pour revenir dans le temps à des époques généralement plus simples et clémentes.

En 1988, ce grand amateur d’Agatha Christie a lancé la douce et sympathique fable initiatrice Les maris, les femmes, les amants qui revient sur ces courtes périodes de temps où le cœur semble battre plus rapidement. À la façon de Feydeau, il multiplie les personnages de tout âge pour leur faire vivre des situations désopilantes. Les femmes attendent leurs hommes en encourageant une amie célibataire à chercher le grand amour. Les hommes en vacances profitent de cette liberté soudaine pour séduire leur entourage. Au menu, il y a des rires francs et des révélations tardives, de la jalousie et des pleurs, des joies et des déceptions.

Cette petite comédie inoffensive qui ne paye pas de mine ne se fait surtout pas remarquer par sa mise en scène. Au contraire, la réalisation de Thomas est seulement fonctionnelle. C’est plutôt le ton, léger et irrésistible comme tout, qui fait sourire. En grossissant la réalité, l’ensemble arrive à dévoiler quelques parcelles de vérités, et les trop nombreux personnages évitent la caricature en évoluant avec leurs forces et leurs faiblesses. La distribution, hétéroclite au possible, est parsemée de comédiens justes (Hélène Vincent, Jean-François Stévenin, Guy Marchand), dont la surprise de générique est d’apprendre la présence de la lumineuse Ludivine Sagnier dans son premier rôle, elle qui n’avait même pas dix ans à l’époque !

Les maris, les femmes, les amants est un divertissement très français qui met presque immédiatement de bonne humeur. Il n’y a pas d’enjeux majeurs ni de réflexions profondes sur la condition humaines. Il s’agit plutôt d’une excursion estivale, drôle et gentille, qui donne le goût de voyager. En famille et entres amis, mais gare aux répercussions extérieures ! ***

À la Cinémathèque québécoise

vendredi 5 juillet 2019

Entrevue Duelles

Après une série de films plus sociaux, le réalisateur belge Oliver Masset-Depasse s'essaye au drame hitchcockien avec son élégant Duelles. Je me suis entretenu avec le cinéaste et mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro.

Film du jour: Les drapeaux de papier

Réalisé à l'âge de 18 ans, Les drapeaux de papier fait preuve d'une belle maturité de la part de Nathan Ambrosioni, qui sonde les parts d'ombre et de lumière d'une relation frère-soeur dysfonctionnelle. Malgré quelques tics de mise en scène et un récit conventionnel, certaines séquences sensibles happent allègrement. Puis il y a le douloureux duo, qui offre des personnages complexes aux excellents Guillaume Gouix et Noémie Merlant. Une jolie découverte. ***

jeudi 4 juillet 2019

Film du jour: Independence Day

C'est le jour tout indiqué pour se retaper Independence Day. Pas parce que c'est bon, mais pour se rappeler justement que le nanar peut être drôle et explosif. C'était l'époque où Roland Emmerich avait un certain talent pour les formes et l'expérience cinématographique, agrémentant son scénario à saveur écologique de trouvailles tellement clichées et pompeuses qu'elles en devenaient presque savoureuses. ***

mercredi 3 juillet 2019

Film du jour: Midsommar

Après son angoissant Hereditary, le cinéaste Ari Aster est de retour avec Midsommar, une oeuvre encore plus inquiétante et ambitieuse. Réalisé de main de maître, cet opus débute dans le cauchemar le plus total, avant de faire lever lentement la tension au soleil et de tout laisser éclater à la fin. Le récit a beau être prévisible et s'étirer, sa virtuosité et son humour noir ne cessent de passionner. Voilà un film que l'on voudra revoir plus d'une fois, seulement pour mieux cerner ses nuances et ses subtilités. ***1/2

mardi 2 juillet 2019

The Beach Bum (blu-ray)

Le cinéaste Harmony Korine délire complètement avec The Beach Bum. (VVS Films)

C'est quoi? Un populaire poète qui passe son temps à se droguer doit trouver un moyen d'écrire sa dernière oeuvre.

C'est comment? C'est complètement malade! Les situations sans queue ni tête abondent et l'humour coule à flot (mention spéciale à la scène avec les dauphins). Matthew McConaughey est d'ailleurs hallucinant dans le rôle principal.

Et pourtant? Il faut être dans le bon état d'esprit afin d'y adhérer. Les gags ne seront pas pour tout le monde et il y a quelques répétitions.

Techniquement? La photographie colorée est desservie par des images soignées, alors que les mélodies rythmées - notamment avec des chansons de The Cure - sont poussées par les enceintes de qualité.

Suppléments? Cette édition comprend un seul bonus: des entrevues avec le réalisateur et des comédiens. Malgré la longue durée du segment (42 minutes), les questions s'avèrent primaires et les réponses, bien secondaires.

Au final? Sans être aussi mémorable que son précédent Spring Breakers, cette nouvelle satire des États-Unis en fera hurler de rire plus d'un. Cela risque de devenir culte un jour ou l'autre.

Mon entrevue avec Harmony Korine
Ma critique complète

Film du jour: Evolution of a Filipino Family

Avec sa durée de 10 heures 25 minutes, Evolution of a Filipino Family (2004) est un des plus longs films narratifs du cinéma. Et quelle fresque envoûtante, qui se déroule sur 16 années, multipliant les ellipses temporelles! On retrouve tout le condensé de l'art unique de Lav Diaz - le jeu sur la durée, sa superbe photographie en noir et blanc, ses élans sociaux et politiques - qui se voit gonflé d'expérimentations sidérantes vers le documentaire. On s'y perd allègrement et c'est tant mieux. ****1/2

lundi 1 juillet 2019

Les meilleurs films de... juin 2019

La moitié de 2019 vient tout juste de se terminer. Afin de ne rien oublier, voici les meilleurs films qui ont pris l'affiche en juin...

- L'héroïque lande, la frontière brûle

- Dogman

- Nuestro Tiempo

- Toy Story 4

- Les sept dernières paroles

Film du jour: Breakfast With Scot

Cela fait des lustres que le cinéma du Canada anglais ne se limite plus seulement à Porky. Pendant que des cinéastes mondialement connus alternent les styles et les prix, des réalisateurs débutant comme Laurie Lynd (il s’agit de son deuxième long-métrage) préfèrent forger des petits films sur des sujets plus pointus. C’est le cas de Breakfast With Scot.

L’ancien joueur de hockey et maintenant analyste pour la télévision, Eric (Tom Cavanagh), vit le parfait bonheur avec son compagnon Sam (Ben Shenkman). Un jour, la belle-sœur de ce dernier décède, alors que son propre frère se trouve au Brésil. Contre toutes attentes, le couple gay se retrouve avec Scot (Noah Bernett) sur les bras. Ce jeune garçon à la sensibilité débordante n’a que faire des préjugés extérieurs et il n’hésite pas à s’habiller en femme et à chanter n’importe quand. Tout pour heurter le code moral d’Eric qui a toujours pris beaucoup de soin à départager sa vie privée et publique.

Par son titre, Breakfast With Scot semble être un dérivé de l’excellent Breakfast On Pluto de Neil Jordan. Il n’en est rien. Il s’agit plutôt d’une comédie grand public assez prévisible et platement construite, qui fait rire pendant sa première moitié avant de laisser de glace par la suite. Au début, la prémisse s’active avec entrain. Un enfant défile comme un chien dans un jeu de quille, se plaisant à sauter sur les lits, à se déguiser et aller magasiner, de quoi se mettre à dos quelques adultes et les gens de son entourage. Ces éléments, vifs et frais, rappellent par moment le très bon Ma vie en rose d’Alain Berliner.

La suite se veut nettement moins inspirée. Très évidentes, les grosses ficelles finissent par devenir collantes. Le ton moralisateur prend alors le dessus, pour ne plus jamais disparaître avant la fin. La progression de l’histoire est également quelconque. À un moment donné, le scénario se transforme en un Mighty Ducks fauché avec cette équipe qui se fait entraîner par un ancien professionnel. Au sein de ces discours de tolérance et d’acceptation de la différence, il aurait été bénéfique d’explorer davantage la peur liée à l’homosexualité chez la vie des adultes au lieu de se concentrer sur l’impact (ou pas) chez les enfants. En revanche, l’interprétation est dans le ton, et la chimie plutôt éclatante entre Cavanagh et Bernett.

Breakfast With Scot a tout de la gentille comédie pour toute la famille qui joue à la télévision les après-midi de fin de semaine. C’est charmant, bien interprété, avec de l’humour et de la tendresse. Mais en même temps, le sujet est incroyablement prévisible et insuffisamment exploité, avec ces morales qui éclatent à tous les tournants. **1/2