samedi 30 janvier 2010

L'affaire Farewell, Edge of Darkness, Lucky Luke, When in Rome


En cette fin de semaine glaciale, il ne faudra pas hésiter à y penser à deux fois avant de braver le froid pour aller voir des films terriblement ordinaires. Surtout que les sorties les plus populaires déçoivent amèrement.

C'est le cas de When in Rome (critique), une effroyable comédie romantique de Mark Steven Johnson qui ne fait ni rire ni rêver. Au contraire, dans une société superficielle au possible, une pauvre fille se fait harceler par des hommes qui entrent par infraction chez elle! Mais bon, lorsqu'elle désire ardemment l'amour, elle est prête à offrir son coeur au premier passant... De quoi vouloir laisser une chance au récent Leap Year qui n'était pas aussi ridicule et assommant finalement.

Sorte d'Astérix aux Jeux Olympiques se déroulant au Far-West, Lucky Luke (critique) du réalisateur de Brice de Nice James Huth est une autre amère déception. Bien que la direction artistique soit impeccable, s'inspirant avec succès des livres de Morris, les gags tombent à plat, avec une distribution secondaire insupportable et un Jean Dujardin qui se sent parfois trop dans un sous épisode d'OSS 117. Avec de la chance, c'est Alain Chabat qui pondra la suite, en espérant qu'il ramène les Dalton et, surtout, Rantanplan.

Edge of Darkness (critique) de Martin Campbell marque le retour à l'écran de Mel Gibson dans un long métrage qui ne passera pas à l'histoire. Il s'agit d'un autre récit de vengeance à l'américaine, barbare et ultra-violent, au rythme lent et maniéré, doté d'une trame narrative inutilement touffue, qui se conclut dans un dernier acte involontairement hilarant. Mel est-il devenu le prochain Charles Bronson? Espérons que non.

Il y a au moins une exception à ces déconfitures. Sans être le grand film d'espionnage qu'il aurait pu être, L'affaire Farewel de Christian Carion (l'homme derrière Joyeux Noël) est sufisamment intrigant pour retenir l'attention. Intelligente et sensible, l'intrigue se déroule en 1981 pendant la Guerre froide et elle met en scène deux espions (Emir Kusturica et Guillaume Canet, excellents) qui ne ressemblent nullement à des James Bond ou à des Jason Bourne. Plus humain que politique, l'ensemble demeure ce qu'il y a de mieux cette semaine. C'est déjà ça de pris.

vendredi 29 janvier 2010

Entrevue L'affaire Farewell (Christian Carion)


Le processus d'entrevue ne peut que varier d'une personne à l'autre. Généralement, on se déplace pour pouvoir parler à la personne. Si c'est impossible, on prend un rendez-vous téléphonique et le journaliste tâche d'être au bon endroit et à la bonne heure avec son matériel pour pouvoir enregistrer la conversation.

Parfois, on n'a qu'un numéro de téléphone (généralement en Europe, donc il faut prendre en note le décalage horaire) et une journée pour rejoindre ladite personne! Pour le reste, il faut s'arranger, prendre une chance et risquer d'attraper une ligne engagée ou une boîte vocale... car peut-être qu'il s'agissait de la seule et unique journée d'entrevue et que plusieurs journalistes essaient de la rejoindre au même moment!

Cela rajoute du piquant à l'emploi, une certaine tension qui fait rigoler une fois le texte terminé. Après quelques essais, j'arrive finalement à m'entretenir avec le réalisateur de Joyeux Noël, Christian Carion, pour son nouveau film L'affaire Farewell. Le timing n'était peut-être idéal (le cinéaste était en train de marcher dans la rue!), sauf que l'entrevue s'est tout de même très bien déroulée.

Sorte d'anti-film espionnage mettant en vedette Guillaume Canet et Emir Kusturica, L'affaire Farewell traite autant de la politique en temps de Guerre froide que de relations humaines où le mensonge semble cimenter toutes les relations. Parlant à la fois de ces sphères publiques et privées, le metteur en scène a également discuté lors de notre discussion téléphonique de la difficile fabrication de ce long métrage (avec la Russie qui ne voulait rien savoir), la façon de diriger ces deux acteurs-réalisateurs et l'importance des années 1980 sur notre vie de tous les jours. Ce qui aurait presque pu donner un second film à part entière!

L'entrevue complète se trouve ici.

jeudi 28 janvier 2010

Touche pas à ma fille


Les films se suivent et se ressemblent. 2010 est marqué par des thèmes morbides où les pères prennent les armes pour venger la mort violente de leurs filles.

Ce sujet, vieux comme le monde, ramène l'auto-justice sur la place publique, après des titres aussi intéressants que le Crossing Guard de Sean Penn et la fameuse trilogie de Park Chan-wook... mais également des longs métrages plus racoleurs tels Eye for an Eye de John Schlesinger et The Brave One de Neil Jordan.

Dans The Lovely Bones, Peter Jackson rappelle qu'il y a une justice (divine ou pas), et que l'amour que porte une famille à leurs proches est plus fort que tout. Pour le reste, il faut faire confiance au hasard et aux morts qui viennent rôder.

C'est également le cas de Edge of Darkness de Martin Campbell. Sauf que le traitement, manipulateur au possible, montre un Mel Gibson abandonner toute logique pour seulement avoir la peau des malfrats.

C'est justement ces sentiments barbares et simplistes que voulait éviter Podz avec son excellent Les sept jours du Talion qui prendra bientôt l'affiche dans les salles québécoises. Il est normal de vouloir se venger, sauf que la violence ne sert à rien, transformant l'homme en simple bête.

Dans tous les cas, il faudrait se questionner sur le rôle de l'au-delà qui vient sans cesse faire sentir sa présence dans le réel, influençant les choix des vivants, dictant leur conduite à suivre. Un passage qui semble obligé, du moins sur le plan cinématographique.

mercredi 27 janvier 2010

Janvier catastrophique


De mémoire, c'est la première fois que cela arrive. Aussi durement on s'entend. Généralement, pendant le mois de janvier, le cinéphile prend cela relaxe, digérant tout ce qu'il a pu absorber en décembre. C'est pourquoi le premier mois de l'année est souvent pauvre en sorties intéressantes. Cependant, il y a toujours les restants des Oscars (comment oublier les géniaux Revolutionary Road et There Will Be Blood ces dernières années) et d'excellents films étrangers récompensés à Cannes ou ailleurs.

2010 semble être l'exception. Depuis le 1er janvier, il n'y a eu aucun titre réellement pertinent. Et ce n'est pas ce vendredi qui viendra sauver les meubles. Que des productions moyennes ou ignobles, qui déçoivent (Crazy Heart malgré la performance électrisante de Jeff Bridges) ou ne remplissent pas les attentes (The Lovely Bones). Peut-être que les distributeurs sont encore en mode Avatar, gardant le meilleur pour la fin. Mais après 31 jours de sevrage, le cinéphile a très peu de raisons d'aller au cinéma, si ce n'est pour rattraper ce qu'il a manqué précédemment.

Quelle chance que février arrive à grand pas! Déjà, le premier vendredi, deux oeuvres vont surpasser tout ce qui a pris l'affiche. Avec Le ruban blanc de Michael Haneke et Les sept jours du Talion de PODZ, quelque chose de pertinent est enfin offert aux spectateurs. Et c'est sans parler de The Last Station, Fish Tank, Shutter Island, La dernière fugue et Un prophète qui sortiront au cours des prochaines semaines.

Au lieu de tout distribuer en même temps et que les petits essais obscurs se fassent compétition, pourquoi ne pas les échelonner pendant toute l'année? Ainsi ils resteront suffisamment longtemps à l'affiche et il y aura toujours quelque chose de potable à aller voir en salles.

mardi 26 janvier 2010

Mary et Max domine les DVD à voir


Grosse semaine pour les sorties de DVD. Il faudra en profiter, les mardis ne seront pas tous identiques.

À voir absolument:

Le meilleur titre de la semaine demeure la brillante et magnifique animation australienne Mary et Max d'Adam Elliott qui fera rire et pleurer petits et grands avec ses thèmes si uniques et forts.

Plus dérangeant est Import/Export d'Ulrich Seidl qui explore le malaise quotidien d'êtres abandonnés de tous.

Nanni Moretti et le réalisateur Antonello Grimaldi font de Caos Calmo un drame captivant et prenant malgré quelques baisses de régime.

La fille du RER est autre bon André Téchiné, politiquement engagé mais toujours plus intéressé par l'humain qui, ici, passe son temps à mentir pour exister réellement. Et quelle splendide Émilie Dequenne!

À voir si on a le temps:

Avec J'ai tué ma mère, Xavier Dolan offre un premier film personnel et authentique qui n'a laissé personne indifférent.

Denis Côté continue d'explorer le cinéma avec un Carcasses, une docu-fiction austère et dépouillée, inégale mais tout de même très intéressante.

Ellen Page dans un film mis en scène par Drew Barrymore? Cela s'appelle Whip It et ce n'est pas si mal si on peut faire abstraction de toutes les facilités du scénario.

Pris au dernier degré, Surrogates de Jonathan Mostow qui met en vedette Bruce Willis pourrait bien être la comédie - involontaire - la plus drôle de la semaine.

À éviter:

Longtemps attendu et sans doute charcuté au montage, The Timekeeper ne convainc guère, surtout de la part d'un cinéaste aussi talentueux que Louis Bélanger.

Présenté il y a quelques années au Festival du Nouveau cinéma, Voy a explotar de Gerado Naranjo arrivera sans aucun doute à irriter les cinéphiles les plus assidus avec son ton ampoulé et ses scènes répétitives.

Clive Owen ne peut sauver The Boys are Back de Scott Hicks de la débandade tant le mélo est lourd, pesant et moralisateur.

Un autre Saw (le 6e cette fois) aussi inutile et barbare que les précédents... qui annonce une suite pour octobre prochain. Eh, misère!

Une des farces de la dernière année est certainement Michael Jackson's This is It de Kenny Ortega. Un pseudo documentaire mal tourné où on y apprend rien du tout, ressemblant davantage à une séance de publicité et une façon d'exploiter le décès du roi de la pop.

lundi 25 janvier 2010

Pas pour vous!


Le temps enterre tout, même les traditions.

Il est de mise qu'un film reçoive une projection, de presse ou avec public, pour que les journalistes puissent préparer leur article. Généralement, cela se déroule le matin ou le soir, quelques semaines à l'avance ou la semaine même de la sortie. De plus en plus, cela se passe à la dernière minute, le mercredi ou le jeudi, pour empêcher les hebdomadaires de sortir leur texte à temps.

Devant la guerre de l'Internet, quelques studios (toujours les mêmes) refusent de montrer leurs films aux critiques et journalistes. Pas par peur de se faire pirater (il y a tout de même des visionnements s'adressant au public), mais pour empêcher les mauvais mots de se propager. Pourtant, le même film a été vu par des centaines de collègues aux États-Unis et un résumé de leur appréciation se retrouve sur le site Rottent Tomatoes.

Ces studios sont dans leurs droits. Sauf que la mauvaise foi règne vis-à-vis une presse spécialisée et électronique. Comme si le pouvoir du critique était si influent. Si ça serait le cas, 2012 n'aurait jamais fonctionné au box-office. Cela empêche seulement les lecteurs de se renseigner correctement et aux gens d'exercer leur métier convenablement.

De toute façon, ces décisions reflètent généralement la qualité de l'ouvrage. Il y a quelques exceptions (comme Rock'n'Rolla de Guy Ritchie et Doomsday de Neil Marshall), mais dans l'ensemble, ce ne sont pas des oeuvres qui se retrouveront aux Oscars ou dans des palmarès d'appréciation.

Heureusement, ce ne sont pas tous les studios qui agissent ainsi. Cela peut arriver de se retrouver avec un citron, mais même un citron mérite une projection. Ça paraît toujours mieux un studio qui semble soutenir son film qu'un autre studio qui cherche à enrayer les opinions en ne le présentant pas à tout le monde. Simple question de transparence.

samedi 23 janvier 2010

Crazy Heart, La domination masculine, The Horse Boy, Extraordinary Measures, Legion, Tooth Fairy


Grosse semaine de cinéma pour finalement peu de bons films en perspective.

Porté par son Golden Globe et son futur Oscar, Jeff Bridges transporte allègrement Crazy Heart sur ses épaules. Bien que ce petit film de Scott Cooper soit sympathique, le canevas est pratiquement identique à The Wrestler de Darren Aronofsky, mais en beaucoup moins fort et mémorable. À quoi bon toujours faire le même long métrage si d'année en année, la qualité baisse drastiquement?

En traitant de relations entre les hommes et les femmes, La domination masculine de Patric Jean saura faire réagir. Dommage que le documentaire demeure bancal et superficiel. Cela dit, quelques moments risquent d'alimenter plusieurs discussions.

Présenté dans une seule petite salle au Québec, The Horse Boy (critique) est l'exemple même de l'ouvrage difficile à évaluer puisqu'il s'inspire de la réalité: celui d'un enfant atteint d'autisme dont les parents décident de visiter des shamans en Mongolie afin de le guérir! Intrigant mais pas toujours au point, cette première réalisation de Michel O. Scott se démarque par le soin apporté à sa photographie et à sa trame sonore.

Dans la catégorie «fait vécu qui ne surprend jamais», Extraordinary Measures (critique) de Tom Vaughan est le type de projet parfait pour Canal Vie: aucune tension, aucun attrait et aucun public finalement (pour citer Vincent Delerm). Et dire qu'Harrison Ford et Brendan Fraser viennent se perdre dans ce gros mélo mou et sans forme.

Après The Book of Eli la semaine dernière, le discours religieux revient en force avec l'encore plus ridicule Legion (critique) où un ange se prend pour le Terminator en protégeant une femme qui va accoucher du sauveur de l'humanité... Lourd, pompeux et peu efficace sur le plan du rythme et de l'action, ce premier projet de Scott Stewart n'a rien d'un Sherlock Holmes ou d'un Avatar.

Le pire désastre de la semaine est cependant Tooth Fairy (critique) de Michael Lembeck. Voir Dwayne The Rock Johnson en fée des dents avec des ailes et un habit rose est déjà difficile, mais pas autant que de supporter cette «comédie» insignifiante qui ne sert pratiquement qu'à niveler par le bas l'intelligence du jeune spectateur. Trop, c'est trop!

vendredi 22 janvier 2010

Entrevue La domination masculine


La sortie de la semaine susceptible de faire couleur beaucoup d'encre est certainement La domination masculine de Patric Jean. Gardons les impressions critiques pour demain et parlons du réalisateur, avec qui j'ai pu m'entretenir par téléphone au début de la semaine.

L'essai n'aurait pu qu'être à vocation polémique. Au contraire, même s'il aborde 1000 thèmes à la vitesse de l'éclair, il se concentre sur l'essentiel: la culture où est enracinée la violence, qui débute timidement, dans des livres ou à la télévision, pour se répercuter dans les emplois et, finalement, insidieusement, par une violence physique et psychologique.

Intellectuel, posé, cohérant, féministe, le cinéaste sait vulgariser son sujet, et sa rhétorique, raisonnée, touche la cible. Même s'il a travaillé sur ce sujet pendant 6 années de son existence, les souvenirs sont nombreux et vifs. Surtout lorsqu'il repense à ce voyage annulé au Québec après avoir reçu des menaces de mort.

Bien que l'ouvrage ne soit pas parfait, cela fait du bien que la missive de Jean n'existe pas seulement pour diviser les gens. Il y a un discours, des faits, un raisonnement derrière ce brouhaha qui force à analyser le quotidien afin de déterminer si tout va si bien que cela dans la société.

L'entrevue complète se trouve ici.

jeudi 21 janvier 2010

Où sont les films pour enfants?


La question mérite d'être posée tant ils se font de moins en moins nombreux. Hormis par le format de l'animation (avec les Coraline, Ponyo et autres Mary & Max), le cinéma est loin d'être le lieu pour les jeunes âmes, et encore moins leurs parents, qui ne veulent surtout pas qu'ils s'abrutissent avec tous les Chipmunks en puissance. Pourtant, il n'y a aucune alternative au rendez-vous.

Récemment, Jackie Chan faisait un Arnold de lui-même dans The Spy Next Door, une comédie ni drôle ni intéressante ni pertinente. Du grand vent à la puissance 1000 qui ne s'avère même pas un bon divertissement. Cette semaine, c'est encore pire avec la sortie de Tooth Fairy, un ratage spectaculaire et presque total mettant en vedette l'ineffable Dwayne Johnson. Ce ne sont pas tous les films drôles qui fonctionnent, et celui-ci, en plus de s'aplatir comme une roche, insulte littéralement l'intelligence du spectateur.

Une famille avec des enfants en bas âge n'aura aucun autre choix que d'accepter cette poutine froide ou de rester à la maison et revoir de vieux longs métrages. Pour une éducation cinématographique, cette solution s'impose.

Il y a quelques semaines, je me rappelle être retombé en enfance et en amour avec le Mary Poppins de Robert Stevenson. Les effets spéciaux ne sont plus très jeunes, mais quelle magie, quelle fantaisie infinie! Une oeuvre toute simple, gentille et douce tout en étant engagée, avec des numéros musicaux irrésistibles et des comédiens en or. Il s'agit surtout d'un récit qui encourage le rêve. Même si on y aborde les symptômes d'un crise économique (tiens, tiens), l'ouvrage traite avec intelligence de thèmes sensibles, sans trop faire la morale et en s'arrangeant continuellement pour mettre de bonne humeur. Un véritable vent de fraîcheur pour ce début de 2010.

mercredi 20 janvier 2010

Entrevue Brendan Fraser


Dans le cadre de la sortie prochaine d'Extraordinary Measures, j'ai pu m'entretenir avec l'acteur Brendan Fraser qui était de passage à Montréal. L'entrevue complète se trouve ici.

Le processus d'entrevue est toujours intéressant, surtout pour des grosses vedettes internationales. Il est possible de leur parler quelques minutes (et encore!) sur le tapis rouge ou, avec de la chance, en privée. Encore une fois, tout dépendant du médium, cela peut être 5, 10 ou 15 minutes, seul, à 2 ou à 3. Peu importe si le journaliste est talentueux, s'il a de l'expérience ou s'il connaît bien son métier, ce qui est important, c'est le tirage du journal, les cotes d'écoute de l'émission radiophonique ou télévisuelle.

C'est tout de même toujours spécial de rencontrer quelqu'un d'aussi versatile, capable d'enchaîner les comédies pour les plus jeunes (George of the Jungle, Encino Man), les gros films d'action (la trilogie The Mummy) et, surtout, les drames captivants, comme Gods and Monsters et The Quiet American.

Surtout que l'acteur vu dans Crash aurait facilement pu avoir la grosse tête. Au contraire, il était relaxe, décontracté et plutôt comique. Il passait peut-être du coq à l'âne dans sa façon de répondre aux questions, mais ce n'est pas grave, cela doit être sa façon à lui d'amener un peu de nouveauté à des sujets de discussions qui doivent beaucoup se ressembler.

La prochaine fois, on tentera de parler à Harrison Ford, l'autre tête d'affiche de ce drame inspiré d'une histoire vraie.

mardi 19 janvier 2010

Cairo Time et rien d'autre (sorties DVD)


Les sélections DVD de la semaine sont simples tant la majorité des titres laissent à désirer.

L'exception demeure Cairo Time de Rubba Nadda, une très jolie histoire d'amour pour adultes, à mi-chemin entre Clint Eastwood et Wong Kar-wai (mais sans le souffle épique et l'extraordinaire mise en scène), dont le charme des interprètes (Patricia Clarkson et Alexander Sidding), la très jolie photographie et l'agréable trame sonore demeurent longtemps en tête.

Pour le reste, il n'y a pratiquement que de la science-fiction sans originalité, qui lorgne vers John Carpenter (le peu excitant Whiteout de Dominic Sena et son meurtrier dans le grand froid), Ridley Scott (le terriblement prévisible Pandorum de Christian Alvart et son vaisseau spatial parsemé d'êtres étranges) et le jeu vidéo (Gamer de Mark Neveldine et Matthew Brian Taylor et sa très grande violence gratuite et barbare).

La plus grande déception est toutefois Détour de Sylvain Guy. Un film noir québécois qui met en vedette Luc Picard et Guillaume Lemay-Thivierge? Enfin! Mais la joie disparaît rapidement devant ce thriller qui ressemble davantage à une comédie et où les scènes ratées se multiplient à un rythme d'enfer.

lundi 18 janvier 2010

Golden Globes populaires


Si la cérémonie des Golden Globes est un indicateur des prochains Oscars, la soirée risque d'être longue et éprouvante pour les cinéphiles.

Contrairement aux années passées, la plupart des films ont été récompensés sur des bases populaires, ce qui dépasse l'entendement. Votre film fonctionne au box office comme c'est le cas d'Avatar, The Hangover et The Blind Side (dont Sandra Bullock a devancé quatre comédiennes encore plus compétentes qu'elle)? Alors vous avez droit à des prix! Pourquoi prendre des risques alors que c'est normal d'acclamer une caricature de Meryl Streep dans l'ennuyant Julie & Julia ou le dernier Pixar (Up) qui est loin d'être extraordinaire?

Tant mieux si ces productions ont du succès et qu'elles poussent les gens à aller dans les salles de cinéma. Mais un jour ou l'autre, il faudra arrêter de mélanger le septième art et de simples vues, aussi divertissantes soient-elles. Et réserver un meilleur sort à des oeuvres qui valent réellement le détour, telles (500) Days of Summer et Inglourious Basterds, qui seront toujours importantes et pertinentes dans plusieurs décennies.

dimanche 17 janvier 2010

Traduction de...


En temps normal, il serait logique de parler des Golden Globes qui se déroulent ce soir, mais devant les nominations qui laissent terriblement à désirer (sauf pour ce qui est de l'excellent (500) Days of Summer... et peut-être le dernier Tarantino), passons à autre chose.

Pourquoi ne pas revenir sur le dernier film de Pedro Almodovar? Sans être un grand ou important long métrage, Étreintes brisées (critique) demeure un intrigant objet de cinéma, peut-être plus beau que bon, mais très fluide et solide, peu original quoique toujours fascinant, avec un nombre incalculable de mises en abyme et quelques moments d'une rare force dramatique.

Pourtant, deux éléments font sourciller. Pourquoi lorsque les médias parlent du film, ils l'illustrent toujours avec la photo de Penélope Cruz avec sa perruque blonde évoquant Marilyn Monroe? L'oeuvre est loin de se limiter à ça, surtout que la comédienne - qui joue également présentement dans le mésestimé Nine - est loin d'être la personne qui offre la meilleure performance, au contraire de Lluis Homar et de Blanca Portillo. Mais bon, elle est connue, et pourquoi chercher une autre photo à une époque où la concentration de la presse et des idées semble normale et acceptée?

Après avoir assisté au récit une première fois en projection de presse en version originale avec des sous-titres anglais, je suis retourné le voir. Malheureusement en version traduite en France. Non seulement la version laisse grandement à désirer, mais elle joue également pour beaucoup dans le (dé)plaisir rencontré tant l'évocation perd tout son sens. De quoi être frustré par ces dialogues qui sonnent parfois faux et cette poésie très importante chez Almodovar qui fait cruellement défaut. Peut-être que la mémoire fait défaut, sauf que les traductions de Tout sur ma mère, Parle avec elle et Volver semblaient moins problématiques. S'il faut chercher longtemps dans une ville comme Montréal pour la version originale, la situation doit être encore pire à l'extérieur de ce grand centre urbain. Et après on se demande pourquoi le cinéphile préfère attendre la version sur le DVD plutôt que de se déplacer en salles.

samedi 16 janvier 2010

The Lovely Bones, The Book of Eli, Largo Winch


La critique est un art qui se développe. Il n'est pas seulement question de savoir si un récit est bon ou pas, mais d'indiquer pourquoi, argumenter, démontrer. Sans aboutir pour autant dans l'analyse, la surexplication, la disparition de la frontière cinéma au détriment de la seule technique.
Il faut donc de la nuance. Les chefs d'oeuvres n'arrivent pas toutes les semaines, tout comme les productions catastrophiques. La réalité est généralement plus grise, tempérée, quelque part entre l'excellence et le mauvais, le bon et l'ordinaire.

Aux premiers égards, presque la totalité des titres de la semaine déçoivent amèrement. Après Lord of the Ring, King Kong et surtout Heavenly Creatures, les gens ont des attentes envers The Lovely Bones (critique) de Peter Jackson. Et plusieurs seront déçus. «Trop d'effets spéciaux» diront les uns, «trop ésotérique» diront les autres, «Et quelle fin douteuse!». Avec raison. Cela dit, l'ensemble est loin d'être raté. La qualité de ses thèmes (le deuil, la vie, la mort) n'est pas négligeable, il y a plusieurs scènes assez réussies, la musique de Brian Eno fait belle impression tout comme la qualité de l'interprétation. Mais trop souvent, lorsqu'un long métrage ne rencontre pas les attentes, il est jugé plus sévèrement qu'il ne le mérite.

L'histoire se répète avec l'adaptation cinématographique de Largo Winch (critique) de Jérôme Salle. Les livres et les bandes dessinées ont été tellement populaires que la transposition ne peut être totalement à la hauteur. Il est si facile de prendre le tout au sérieux et de fuir cette horde d'invraisemblances, de grande violence et de personnages peu développés. Mais avec un grain de sel, le rire est au rendez-vous, tout comme le dépaysement envers cette création qui bénéficie d'une luxueuse trame sonore d'Alexandre Desplat et d'une solide réalisation.

Il est si simple d'encenser ou de détruire une création. L'exemple de The Book of Eli (critique) est probant. D'un côté, c'est visuellement splendide et ses thèmes épousent étrangement la réalité, surtout depuis le terrible tremblement de terre survenu à Haïti. En revanche, il est possible de n'y voir qu'une vulgaire propagande chrétienne, lente et barbare. La vérité se trouve pourtant quelque part entre ces deux pôles et parfois, c'est bien de s'en rappeler.

vendredi 15 janvier 2010

Entrevue avec Diego Luna


Le comédien Diego Luna sera de passage à Montréal pour présenter Ambulante, son festival itinérant de documentaires mexicains qui se promène un peu partout depuis 2005. Au menu, le Cinéma Parallèle présentera du 15 au 21 janvier 2010 sept essais qui abordent d'importantes thématiques à une époque où le documentaire est de moins en moins populaire. Non seulement cet évènement cinématographique est une excellente idée, mais il pourrait facilement être imité par des cinéastes d'ici, ce qui pourrait combattre, d'une certaine façon, l'absence de salles de cinéma répertoire.

Hier j'ai pu m'entretenir avec l'acteur qui a obtenu une reconnaissance mondiale pour sa participation à l'excellent Y tu mama tambien. L'intégrale de l'entrevue se trouve ici, où il parle plus en détails de ce projet, de l'influence du septième art mexicain et de sa carrière hollywoodienne.

Même si les entrevues téléphoniques contiennent toujours des intempéries (la difficulté d'établir un horaire entre la Californie et Montréal, une conversation qui peut couper par inadvertance, etc.), la discussion a été fort agréable avec ce jeune homme volubile qui sait exactement où il s'en va.

Bien qu'à peu près tout le monde l'associe au film d'Alfonso Cuaron, ou à sa participation à Milk, The Terminal et Mister Lonely, c'est par la voie de la réalisation que Diego Luna se sent le plus à l'aise. « C'est ce que j'aime le plus faire, c'est là-dedans que je me suis trouvé. » Faisant suite à son documentaire J.C. Chavez qui retraçait la carrière du boxeur mexicain, il propose cette année une fiction, Abel, qui fera l'ouverture du prochain Festival de Sundance. Un métier qu'il tentera bien d'explorer à nouveau ces prochaines années. Qui sait, cela pourrait peut-être le transformer en Clint Eastwood ou John Cassavetes.

jeudi 14 janvier 2010

Meilleurs films de la décennie


Voici finalement mon palmarès des meilleurs films américains, internationaux et québécois de la dernière décennie. Pour les commentaires et les explications, merci de jeter un petit coup d'oeil ici.

Palmarès américain:

1. Requiem for a Dream de Darren Aronofsky
2. There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson
3. Mulholland Drive de David Lynch
4. Tarnation de Jonathan Caouette
5. Keane de Lodge Kerrigan
6. I'm Not There de Todd Haynes
7. Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry
8. Letters From Iwo Jima de Clint Eastwood
9. Elephant de Gus Van Sant
10. Memento de Christopher Nolan

Palmarès international:

1. In the Mood For Love de Wong Kar-wai
2. Spirited Away d'Hayao Miyazaki
3. Dancer in the Dark de Lars von Trier
4. Millenium Actress de Satoshi Kon
5. Le fils de Luc et Jean-Pierre Dardenne
6. Caché de Michael Haneke
7. Yi Yi d'Edward Yang
8. Nobody Knows de Kore-eda Hirokazu
9. Le fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet
10. L'arche russe d'Alexandre Sokourov

Palmarès québécois:

1. La neuvaine de Bernard Émond
2. Tout est parfait de Yves Christian Fournier
3. Gaz Bar Blues de Louis Bélanger
4. Dans les villes de Catherine Martin
5. C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée
6. Les invasions barbares de Denys Arcand
7. Congorama de Philippe Falardeau
8. Lost Song de Rodrigue Jean
9. Le Neg' de Robert Morin
10. La moitié gauche du frigo de Philippe Falardeau

mercredi 13 janvier 2010

Top 25 de 2009

Mieux vaut tard que jamais. Voici mon palmarès des meilleurs films distribués dans les salles québécoises entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2009. Pour davantage d'informations sur les 10 premières places, il ne faut surtout pas hésiter à consulter ce site.

1. Still Walking de Kore-Eda Hirokazu

2. Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa

3. Coraline de Henry Selick

4. Cherry Blossoms de Doris Dörrie

5. Entre les murs de Laurent Cantet

6. Two Lovers de James Gray

7. (500) Days of Summer de Marc Webb

8. Il Divo de Paolo Sorrentino

9. A Single Man de Tom Ford

10. Le silence de Lorna de Luc et Jean-Pierre Dardenne

11. Lost Song de Rodrigue Jean

12. Ponyo de Hayao Miyazaki

13. Revolutionary Road de Sam Mendes

14. Mary and Max d’Adam Elliot

15. Les 3 singes de Nuri Bilge Ceylan

16. Les plages d’Agnès d’Agnès Varda

17. Hunger de Steve McQueen

18. La vie moderne de Raymond Depardon

19. Antichrist de Lars von Trier

20. The Informant de Steven Soderbergh

21. Louise-Michel de Benoît Delepine et Gustave Kervern

22. Everlasting Moments de Jan Troell

23. Hommes à louer de Rodrigue Jean

24. La traversée du temps de Mamoru Hosoda

25. Welcome de Philippe Lioret

mardi 12 janvier 2010

Je veux voir avant The Hurt Locker


Les semaines se suivent et se ressemblent. Ce mardi, au moins 16 films sont disponibles en format DVD et, avec un peu de chance, Blu-ray! Dans le lot, quoi voir et quoi éviter?

Le meilleur choix est aisément Je veux voir du tandem Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Ce pensum lent et maîtrisé sur la guerre au Liban comporte un très joli duo de Catherine Deneuve et de Rabih Mroué.

Plus populaire et surestimé est The Hurt Locker de Kathryn Bigelow. Bien que le long métrage soit en bonne position dans les différentes catégories de prix, son manque flagrant de profondeur en fait un récit intéressant mais un peu quelconque.

Au sein d'une semaine parsemée d'oeuvre ratée (Agathe Cléry d'Étienne Chatiliez), de remake décevant (Fame de Kevin Tancharoen) ou tout simplement indigeste (Halloween II de Rob Zombie), il ne faut pas hésiter à opter pour des sélections plus restreintes, dont l'étonnant Moon de Duncan Jones qui ravira les amateurs de science-fiction, et Où vas-tu Moshé? d'Hassan Benjelloun sur les déchirements entre deux peuples voisins ennemis.

lundi 11 janvier 2010

À un de ces jours, Éric Rohmer


Le représentant le plus littéraire et le plus romantique de la Nouvelle Vague n'est plus. Éric Rohmer s'est éteint à 89 ans, laissant derrière lui une filmographie unique et fabuleuse, que de nombreuses générations se plairont à découvrir. Grâce à lui, Fabriche Luchini est devenu une star, Emmanuel Mourret fait des films et Marivaux s'est littéralement trouvé un fils adoptif.

Reconnu pour sa (fausse) légèreté, l'un des derniers grands cinéastes de la planète a exploré le sentiment amoureux comme peu de ses contemporains, avec ses cycles et ses contes, cherchant à se rapprocher de l'indescriptible, filmant le temps qui passe avec un amour unique des mots et de la langue.

Au sein d'oeuvres phares dont la plupart se retrouvent très difficilement en format DVD (à moins de sortir le chéquier pour débourser chez Criterion), il est impossible d'oublier Ma nuit chez Maud, La marquise d'O, Perceval le Gallois et la majorité de ces titres cousins ou jumeaux qui traitent de la même obsession.

Même si le cinéaste vieillissait, son travail ne perdait jamais de sa pertinence. Le scandale est grand et presque irréparable que sa dernière pièce maîtresse, Les amours d'Astrée et Céladon, ne soit jamais sorti dans les salles de cinéma régulières du Québec. Il est heureusement possible de combler ce manque et, pourquoi pas, de rattraper sa portion historique toujours aussi fondamentale, composée de L'anglaise et le duc et Triple Agent.

Au sein de ces souvenirs et de ces bribes d'une époque qui est toujours là, la fascination pour Pauline à la plage s'exerce aisément. Le récit, brillant, érotique et décalé, est d'une richesse inouïe, avec son parfum doux-amer qui fait toujours effet, pour le meilleur et juste pour le meilleur.

Après tant d'années à chercher l'amour, le vrai, le seul, l'unique, le metteur en scène peut enfin partir explorer de nouveaux univers, cinématographiquement indescriptibles pour le commun des mortels, où les saisons se succèdent dans le désordre, devenant la bougie d'allumage de ses admirateurs qui, à l'instar d'un Woody Allen, l'auront suivi pendant toutes ces décennies. Au lieu de pleurer son départ, mieux vaut se rappeler ses exploits, et les faire connaître pendant que l'art est toujours présent quelque part dans le cinéma. C'est ce qu'il aurait souhaité.

dimanche 10 janvier 2010

Second regard



S'il a le temps, le cinéphile devrait toujours revoir des oeuvres qu'il n'a pas pu voir depuis quelques temps. Seulement pour déterminer si sa perception est toujours la même. Cela peut donner plusieurs surprises, positives ou non.

Film mineur s'il en est un, Happy-Go-Lucky de Mike Leigh en avait déçu plusieurs lors de sa sortie en 2008. Pourtant, le second visionnement est nettement plus satisfaisant. Chez l'auteur de Vera Drake, le cynisme et l'espérance de jours meilleurs continuent à s'affronter, et si plusieurs avaient louangé le jeu extrêmement pétillant de Sally Hawkins (qui peut également tomber sur les nerfs), le scénario de Leigh penche pour beaucoup dans la balance. Ce dernier semble beaucoup moins développé que ses précédents opus, sauf que la charge engagée, sans doute plus discrète, est tout de même de la partie, soulignant cette fois l'adage des professeurs dans une société dite «normale».

Au contraire, apercevoir pour une énième fois Moonstruck de Norman Jewinson et The Outsiders de Francis Ford Coppola tant d'années plus tard n'est pas toujours une bonne idée. Bien que les récits demeurent satisfaisants, l'apport de la romance du premier (qui a tout de même remporté trois Oscars, dont un pour la performance de Cher) et la morale simpliste du second (qui comprend tout de même une impressionnante distribution masculine) démontrent que le septième art évolue, pour le meilleur et pour le pire. Si plusieurs des essais de Truffaut ont vieilli, le cinéaste français demeure toujours aussi pertinent, ce qui n'est pas le cas de la majorité des productions des années 1980, une décennie extrêmement tape-à-l'oeil.

Parfois, il faut seulement quelques opinions extérieures pour qu'un titre attire l'attention. L'excellent J.A. Martin photographe de Jean Beaudin en est un bon exemple. Sans ses prix remportés à Cannes, cette fabuleuse chronique mettant en vedette Monique Mercure n'aurait certainement jamais trouvé son public au Québec. Pourtant, le regard sur l'époque demeure admirable, et la réflexion, toute personnelle et intimiste, est doublée d'un constat social imparable.

Comme quoi rien n'est coulé dans le béton. Les classiques résistent à l'épreuve du temps et le reste ne demeura que bribes de mémoires. Qu'il faudra peut-être, un jour ou l'autre et à ses risques et périls, redécouvrir. Lors de son passage sur le plus grand festival de la planète, Marie-Jo et ses deux amours de Robert Guédiguian a marqué peu de gens. Pourtant, près d'une décennie plus tard, l'ouvrage s'est bonifié, signe que quelqu'un quelque part s'est peut-être trompé sur la valeur du travail. Ce ne sera pas le premier.

samedi 9 janvier 2010

Daybreakers & Leap Year


À voir cette semaine dans un cinéma près de chez vous:

La rumeur critique laisse croire que le meilleur film de la semaine serait Youth in Revolt avec Michael Cera. Même si la projection du long métrage tombait au même moment qu'un autre visionnement (comme d'habitude), il est difficile de penser le contraire. Surtout en sachant que c'est l'homme derrière le dérangeant Chuck and Buck qui se retrouve aux commandes.

Dans ce qui a été vu, Daybreakers est loin d'être mauvais dans la catégorie «film gore à portée sociale». Ce n'est peut-être pas Thirst ou Let the Right One In, sauf que pour une production de vampires, cela s'avère nettement plus intrigant que le second volet Twilight. Façon Gattaca ou The Matrix, les frère Spiering (Undead) traitent de l'avenir de l'humanité avec de flamboyants parallèles entre le sang et l'eau (ou le pétrole).

La déception de la semaine demeure Leap Year. Comment se planter avec une distribution qui comprend la magnifique Amy Adams et de superbes paysages de l'Irlande? En reprenant l'éternelle formule de la romance où les deux héros passent le film à se détester avant de se tomber dans les bras à la toute fin. C'est ce qu'on appelle un revirement inédit.

vendredi 8 janvier 2010

Tarantino, Truffaut, Melville


Petite confession. Contrairement à la majorité des critiques, Inglourious Basterds était très, très loin de mon top 10 de 2009. Bien que le film possède d'indéniables qualités (Tarantino connaît son cinéma et il veut absolument qu'on le sache), l'ensemble ressemblait à ces fastes familles royales qui veulent tellement montrer leurs joyaux que cela en devient louche. Des références à la tonne, des clins d'oeil et tout ce qui fait la marque de commerce de l'auteur de Pulp Fiction (violence, dialogues sans fin, aucune prise de position de l'auteur, etc.). Pourtant, derrière ces jolies pacotilles émanent un scénario étonnamment vide. Le cinéma peut réinterpréter l'histoire? Tant mieux. Et alors?

La comparaison, forcément inégale, est encore plus frappante avec deux oeuvres phares vues ces dernières semaines. Avec L'armée des ombres, Melville ne se soucie guère du flafla. Il épouse la réalité, créant un récit d'une telle intensité dramatique que le coeur ne peut que battre plus rapidement. Pourtant, tout est une question de détails. Un Ventura méconnaissable, des personnages développés et un discours, un vrai, qui ne prend pas une seule ride, rappelant l'apport de la Résistance, ses déchirements et son destin à la faible espérance de vie.

Et comment oublier Le dernier métro ? Fidèle à ses habitudes, Truffaut aborde l'existence de scène en multipliant les mises en abyme, recourant au mythique duo Catherine Deneuve/Gérard Depardieu au sommet de leur art. Et pour la première fois, il traite de politique autant que de théâtre ou de cinéma, juxtaposant ces deux éléments sans se laisser envahir par le cynisme, ce qui aurait été si facile.

Signe du temps? Il n'y a parfois rien de mieux que de retourner à l'essence. Pas pour s'y confiner, mais seulement pour s'y ressourcer et retrouver cette objectivité qui fait parfois si cruellement défaut.

jeudi 7 janvier 2010

On s'en fout du texte, on veut des étoiles


Les cotes. Les évaluations. Les étoiles. Sauf de rares exceptions, une critique de film ne se passe pas de chiffres. Il faut montrer, mesurer, simplifier. Et après on se demande pourquoi le lecteur regarde seulement la note au lieu de lire le texte au complet. Surtout qu'il y a des échelles sur 4, sur 5, des médias qui n'utilisent pas la plus haute note, qui vont dans la demi-mesure. Pour faire original, il est possible de mettre le tout sur 10, sur 100, sur A+, le fameux 1 à 7 de Médiafilm, etc. Ainsi le 4/5 d'un quotidien équivaut au 3,5/4 (en réalité sur 5, mais qui ne dépasse jamais la note de 4) d'un hebdomadaire. Il y a même de profondes divergences d'opinions au sein du même médium. De quoi être déconcerté. Surtout en apprenant qu'un chef-d'oeuvre comme Le voyage de Chihiro obtient seulement 3/5 dans La Presse. Si tout le monde utilise un principe d'étoiles, la pression est forte de les imiter. Cela attire l'oeil, ça empêche de penser, c'est ce qu'on retient... et c'est bien dommage.

Silence!


Entre la projection publique et le visionnement de presse, le critique préfère généralement le deuxième choix, plus calme, plus clément, sans odeur nauséabonde de popcorn. Pourtant, trop souvent, des «intrus» sont de la partie, riant à gorge déployée pendant Le Bonheur de Pierre, ronflant sur Étreintes brisées de Pedro Almodovar. Un peu de respect serait-il trop demandé?

Les prémisses de Requiem pour un film

Bienvenue sur Requiem pour un film, un nouveau blog sur le cinéma en cette ère de mutations et de changements profonds.

Avant de débuter les nouvelles et les critiques, les entrevues et les prises de positions, voici quelques aspects de la ligne directrice:

1. Un bon film demeure un bon film, qu'il soit américain, québécois ou japonais, réalisé avec 5000$ ou 200 millions. Pas de favoritisme envers des chouchous des critiques ni de snobage sur ce qui est plus populaire, classique ou grand public.

2. Mieux vaut être plus sévère dans l'évaluation, car le public en général ne va pas au cinéma tous les jours. Entre les enfants et les corvées, il a peut-être une seule soirée de libre. À ce moment-là, il doit choisir entre passer un moment entre amis, au sein de la famille, au théâtre, dans un spectacle de musique, etc. Là-dedans, s'il décide d'opter pour le cinéma, mieux vaut l'égayer vers le meilleur film possible. De nos jours, ce qui manque, ce n'est pas l'argent ou les possibilités, mais le temps.

3. En voyant plus de 300 films par année depuis déjà quelque temps, en revoyant autant des vieux classiques que des nouveautés, en suivant quelques cours de cinéma sans s'y laisser enfermer (on fait de la critique, pas de l'analyse): l'expérience est de la partie, tout comme le désir de s'émerveiller, de se perdre à l'écran et de tout traiter avec un grain de sel.

4. L'important est d'être objectif dans sa subjectivité. Argumenter et fuir la superficialité, décortiquer en demeurant clair et précis.

Sur ce, bonne lecture et bon cinéma!

Martin