dimanche 10 janvier 2010

Second regard



S'il a le temps, le cinéphile devrait toujours revoir des oeuvres qu'il n'a pas pu voir depuis quelques temps. Seulement pour déterminer si sa perception est toujours la même. Cela peut donner plusieurs surprises, positives ou non.

Film mineur s'il en est un, Happy-Go-Lucky de Mike Leigh en avait déçu plusieurs lors de sa sortie en 2008. Pourtant, le second visionnement est nettement plus satisfaisant. Chez l'auteur de Vera Drake, le cynisme et l'espérance de jours meilleurs continuent à s'affronter, et si plusieurs avaient louangé le jeu extrêmement pétillant de Sally Hawkins (qui peut également tomber sur les nerfs), le scénario de Leigh penche pour beaucoup dans la balance. Ce dernier semble beaucoup moins développé que ses précédents opus, sauf que la charge engagée, sans doute plus discrète, est tout de même de la partie, soulignant cette fois l'adage des professeurs dans une société dite «normale».

Au contraire, apercevoir pour une énième fois Moonstruck de Norman Jewinson et The Outsiders de Francis Ford Coppola tant d'années plus tard n'est pas toujours une bonne idée. Bien que les récits demeurent satisfaisants, l'apport de la romance du premier (qui a tout de même remporté trois Oscars, dont un pour la performance de Cher) et la morale simpliste du second (qui comprend tout de même une impressionnante distribution masculine) démontrent que le septième art évolue, pour le meilleur et pour le pire. Si plusieurs des essais de Truffaut ont vieilli, le cinéaste français demeure toujours aussi pertinent, ce qui n'est pas le cas de la majorité des productions des années 1980, une décennie extrêmement tape-à-l'oeil.

Parfois, il faut seulement quelques opinions extérieures pour qu'un titre attire l'attention. L'excellent J.A. Martin photographe de Jean Beaudin en est un bon exemple. Sans ses prix remportés à Cannes, cette fabuleuse chronique mettant en vedette Monique Mercure n'aurait certainement jamais trouvé son public au Québec. Pourtant, le regard sur l'époque demeure admirable, et la réflexion, toute personnelle et intimiste, est doublée d'un constat social imparable.

Comme quoi rien n'est coulé dans le béton. Les classiques résistent à l'épreuve du temps et le reste ne demeura que bribes de mémoires. Qu'il faudra peut-être, un jour ou l'autre et à ses risques et périls, redécouvrir. Lors de son passage sur le plus grand festival de la planète, Marie-Jo et ses deux amours de Robert Guédiguian a marqué peu de gens. Pourtant, près d'une décennie plus tard, l'ouvrage s'est bonifié, signe que quelqu'un quelque part s'est peut-être trompé sur la valeur du travail. Ce ne sera pas le premier.

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