lundi 30 novembre 2020

Film du jour: Purple Sea (RIDM)


Une traversée de la Méditerranée avec des migrants comme si on y était. C'est un peu ce que propose le renversant Purple Sea d'Amel Alzakout et Khaled Adbulwahed, où la caméra bouge sans cesse, portée par l'eau et la mouvance des corps face à leur destinée. Expérience physique à l'extrême, cette odyssée comporte malgré tout ses moments de calme (avant la tempête), notamment lorsque le silence avale tout rond la cacophonie sonore et que la jolie voix hors champ tente d'apporter un peu d'espoir au drame qui se déroule sous nos yeux. ****

dimanche 29 novembre 2020

Film du jour: Aswang (RIDM)


Il y a des Aswang aux Philippines, ces monstres mythologiques terrifiants. Selon la cinéaste Alyx Ayn Arumpac, ils prennent la forme du gouvernement Duterte qui fait régner la répression, la pauvreté et les enlèvements. Ce film urbain nappé dans la pénombre terrifie allègrement mais pas constamment, gracieuseté d'une trame narrative qui ose se détourner momentanément des ténèbres afin de regarder la lumière provenant d'enfants et de survivants. Voilà une plongée qui risque d'épargner rien ni personne. ***1/2

samedi 28 novembre 2020

Film du jour: Zero (RIDM)


Kazuhiro Soda continue de faire oeuvre utile avec Zero, où il suit un docteur qui est sur le point de prendre sa retraite afin de s'occuper de son épouse. L'intimité et l'empathie sont évidemment à l'honneur au sein de ce documentaire d'observations qui prend son temps pour noter chaque geste et regard important. Puisque la complicité est déjà acquise (depuis Mental en 2008), le processus est poussé encore plus loin, ce qui permet aux gros plans jamais voyeurs de faire ressortir toute l'émotion et la fragilité humaine. ****

vendredi 27 novembre 2020

Sorties au cinéma: Make Up, Mellow Mud, Zappa, Princess of the Row


C'est un très impressionnant premier film qu'offre Claire Oakley avec Make Up, un récit d'initiation qui débute dans le naturalisme pour muter peu à peu vers le fantastique. À partir d'une matière première usée, la cinéaste joue à fond les ambiances, les métaphores et les sensations, dirigeant à la perfection la jeune révélation Molly Windsor jusqu'à une conclusion particulièrement satisfaisante. Présenté dans quelques cinémas et en vidéo sur demande en janvier. ***1/2

Récompensé à Berlin en 2016, Mellow Mud de Renars Vimba est un récit d'apprentissage sur une adolescente qui doit subvenir aux besoins de son jeune frère. Conventionnel dans son approche, le long métrage ne manque toutefois pas de finesse et de sensibilité, possédant deux atouts de taille qui font toute la différence: les paysages magnifiques de la Lettonie et, surtout, la performance vibrante d'Elina Vaska. De quoi embarquer dans ce récit uniquement pour elle. Disponible en dvd via Corinth Films. ***1/2

Frank Zappa est un des musiciens les plus singuliers du 20e siècle. Alex Winter vient d'en tirer un documentaire assez concluant, bizarre mais pas trop, qui aurait dû être moins chronologique mais qui repasse efficacement sur les moments clés de son existence, poursuivant ce rêve de liberté dans un pays qui formate de plus en plus l'art et les gens. En vidéo sur demande. ***

Une gamine tente d'aider son père itinérant et victime de stress post-traumatique dans Princess of the Row. Deux films semblent constamment se battre au sein de cette oeuvre de Van Maximilian Carlson. Celui qui rappelle le meilleur du cinéma indie avec son sujet important, ses acteurs épatants et ses moments de lyrisme, de poésie. Puis l'autre qui s'apparente à une production anonyme où les développements laissent à désirer, que les mélodies sucrées détruisent les tympans et que les stars (Martin Sheen) enlèvent du précieux temps aux vrais personnages. Disponible virtuellement et en vsd. ***



Film du jour: Le fils de l'épicière, le maire, le village et le monde (RIDM)


Tënk est cette fameuse plateforme qui met le documentaire d'auteur à l'honneur. Claire Simon revient sur sa création par l'entremise de Le fils de l'épicière, le maire, le village et le monde, suivant les rêves utopiques de ses artisans. Comme toujours chez elle, la communauté et les interactions prennent le dessus, évoluant au fil d'une durée qui laisse beaucoup de temps et d'espace aux paysages. Et si l'ensemble n'est pas toujours passionnant, la cause, elle, l'est, si ce n'est seulement pour la suite du monde ***

jeudi 26 novembre 2020

Film du jour: Fatman


Le trop rare Mel Gibson campe le Père Noël dans Fatman et il doit échapper à un tueur embauché par un gamin de 12 ans qui n'a pas aimé son cadeau! Cette prémisse absurde n'est malheureusement pas traité dans le délire adéquat par les réalisateurs et scénaristes Eshom et Ian Nelms qui multiplient les pistes secondaires quelconques. Au lieu d'une variation capitaliste sur Bad Santa, on se retrouve avec un film qui passe d'un genre à l'autre dans l'indifférence total, ne sachant pas en exploiter un seul convenablement. Disponible en dvd, blu-ray et en ligne. **

mercredi 25 novembre 2020

Films du jour: Me and the Cult Leader, Trees in Summer, En route pour le milliard, My Mexican Bretzel, Nardjes A. (RIDM)


C'est aujourd'hui la dernière journée afin d'attraper la seconde vague de films des RIDM. On pourra notamment découvrir...

Me and the Cult Leader: Dans la mouvance de l'inoubliable The Act of Killing, le réalisateur nippon Atsushi Sakahara s'entretient avec un des membres de la secte qui a perpétré un attentat terroriste dans le métro de Tokyo en 1995. Faisant fi d'une mise en scène rudimentaire, le documentaire met les mots à l'avant-plan, créant des flux de souvenirs - façon Proust - qui permettent de palper l'âme, sa complexité teintée d’ambiguïté et d'énantiosémie, où la réminiscence d'une humanité perdue et peut-être retrouvable demeure envisageable. Puissant. ***1/2

Trees in Summer: La mémoire joue également un grand rôle dans cet essai personnel, expérimental et immersif de Suyu Lee, où l'annonce d'une grave maladie est contrecarrée par la lumière de la vie, de la nature et du temps qui s'immobilise. Une méditation ténue et parfois hypnotisante qui enivre à condition de renouer avec sa sensibilité. ***

En route pour le milliard: En 2000, pendant six jours, deux armées étrangères se sont combattues en territoire congolais, faisant plus de 1000 morts et 3000 blessés. Les survivants demandent réparation au sein de cette oeuvre de Dieudo Hamadi qui tente de lutter contre l'amnésie en rappelant les atrocités passées. Bien qu'éparpillé, cet hymne à la collectivité ne manque pas de vibrants protagonistes et d'ingénieux détours théâtraux, alternant les scènes touchantes et d'autres carrément enrageantes. ***

My Mexican Bretzel: La fiction est parfois le meilleur moyen d'arriver à la vérité. Nuria Giménez utilise cette maxime à son avantage avec ce brillant journal intime, détournant/manipulant de nombreuses archives tournées par ses grand-parents afin de parler autrement du passé et de sa famille. Son travail sur le son force d'ailleurs l'admiration avec ses silences révélateurs et ses quelques bruits stridents. ***1/2

Nardjes A.: Après son splendide La vie invisible d'Euridice Gusmao, Karim Aïnouz offre un nouveau portrait féminin qui devient la métaphore d'une Algérie en pleine ébullition. Sans être révolutionnaire, cette caméra libre qui suit pendant une journée une manifestante capte de fugaces instants de vie, rappelant que la jeunesse rime avec l'espoir de jours meilleurs. Enivrant. ***

mardi 24 novembre 2020

Peninsula (blu-ray)


Quelques années après son immense - et mérité - succès Train to Busan, Yeon Sang-ho remet ça avec Peninsula. (Well Go USA Entertainment)

C'est quoi? Dans une Corée ravagée par les zombies, quelques humains partent à la recherche d'un camion plein d'argent.

C'est comment? Le mélange de genres (satire, sociale, mélo...) coule à flot et les scènes d'action (affrontements, poursuites) demeurent souvent époustouflantes.

Et pourtant? Il n'y a rien d'aussi mémorable que sur la précédente mouture et la variation familiale se veut particulièrement appuyée.

Techniquement? De ce côté, tout baigne dans l'huile. La riche palette de couleurs en met plein la vue, alors que les pistes sonores toujours soignées s'avèrent immersives.

Suppléments? Cette édition blu-ray et dvd comporte des bonus superficiels: un documentaire sur le tournage, quelques entrevues et des bandes-annonces.

Au final? Si les amateurs du genres seront comblés, les autres - et particulièrement les cinéphiles qui ont découvert son réalisateur avec ses excellentes animations - seront en terrain connu et Peninsula offre un plaisir ludique mais limité. 

Films du jour: A Machine to Live In, Petite fille, Mother-Child (RIDM)


Le septième art brésilien est sans aucun doute le cinéma le plus nécessaire des dernières années. On en possède encore la preuve avec A Machine to Live In de Yoni Goldstein et Meredith Zielke, un documentaire flamboyant sur l'essor de Brasilia. Au lieu de l'effort attendu et conventionnel, cette déflagration allie dystopie, science-fiction, recueil sur la mémoire, images à couper le souffle et travail méticuleux sur le son. Pour offrir au final un essai libre et imprévisible, dont les élans politiques (mainmise religieuse, essor capitaliste) rappelle que le rêve utopique s'est malheureusement transformé en cauchemar. ****

Sébastien Lifshitz (Adolescentes) aime profondément ses sujets et il le prouve à nouveau dans Petite fille, où il s'intéresse au quotidien d'un jeune enfant transgenre. D'une sensibilité à fleur de peau, cette bouleversante réflexion sur la liberté, l'identité et la tolérance suit une famille dans ses luttes et doutes quotidiens, relevant constamment l'humanité avec ses longs plans évocateurs où l'émotion coule de source. On en ressort ému et transporté, prêt à abattre les barrières et changer les mentalités. ****

Tout aussi crève-coeur est Mother-Child d'Andrea Testa, qui pose sa caméra - toujours au bon endroit - dans un hôpital argentin où défilent de très jeunes femmes, qui sont mères ou enceintes. Malgré sa courte durée, cette production en noir et blanc en dit long sur les conditions sociales (pauvreté, accès aux soins, éducation sexuelle), offrant parfois le réconfort nécessaire à ces âmes en peine. ***1/2

lundi 23 novembre 2020

Films du jour: Los Conductos, Prière pour une mitaine perdue (RIDM)


La deuxième semaine du RIDM bat son plein. On pourra notamment découvrir le fascinant Los Conductos de Camilo Restrepo, qui a été récompensé à la Berlinale. S'inspirant de la vie de son héros Pinky, cette fiction sur un homme ténébreux arpentant la Colombie happe par son passage du passé au présent, de la réalité au fantastique, utilisant des thèmes forts (religion, violence) afin de créer des images inoubliables. Un film de genre obscur et hermétique qui appelle l'abandon. ***1/2

Est également présenté Prière pour une mitaine perdue, le plus récent long métrage de Jean-François Lesage. Derrière son côté ludique et magique (le quotidien des objets égarés à Montréal, cette neige ensorcelante qui semble tournoyer sur du jazz ou des synthétiseurs) se cache une réflexion profonde sur l'humanité, la perte, la solitude et le désir de créer des liens. Le tout étant enrobé dans une riche image en noir blanc ponctuée de travellings étudiés. L'idéal pour affronter le spleen environnant. ***1/2

dimanche 22 novembre 2020

Films du jour: La nuit des rois, Qu'un sang impur (Cinemania)


En cette dernière journée de Cinemania, on pourra découvrir La nuit des rois de Philippe Lacôte, une superbe coproduction (québécoise!) qui se déroule dans une prison de la Côte d'Ivoire. À mi-chemin entre les 1001 nuits et Cité de Dieu, cet opus riche et foisonnant - un peu trop peut-être, comme en fait foi cet épisode magique moins convaincant - enivre par son énergie, sa beauté picturale et la profondeur de ses liens humains et politiques. ****

La guerre d'Algérie aura marqué cette édition de Cinemania. Contrairement à Des hommes et Soeurs, Qu'un sang impur explore ce traumatisme par le cinéma de genre en plongeant directement dans l'action. Avec ses emprunts au western crépusculaire et à Apocalypse Now, le premier long métrage d'Abdel Raouf Dafri ne fait pas dans la demi-mesure. Surtout que le ton s'avère didactique. Mais cette prise de position amène justement un peu de nouveauté au sujet, utilisant une violence féroce et un canevas divertissant afin de forcer une réflexion sur ce conflit toujours sensible. **1/2

samedi 21 novembre 2020

Films du jour: Slalom, Si le vent tombe (Cinemania)


À la fois drame sportif et récit d'initiation adolescent, Slalom de Charlène Favier arrive à se frayer un chemin entre les conventions grâce son grand soin esthétique (le travail sur l'ombre et la lumière force l'admiration) et la dévotion de ses interprètes, alors que le troublant Jérémie Renier tente d'avaler tout rond la dévouée Noée Abita qui ne se laisse évidemment pas faire en se réappropriant son corps et son identité. Si les risques et les obstacles sont nombreux, l'adresse de la mise en scène glacée et le sujet d'une importance capitale compense quelques largesses du scénario. Présenté aujourd'hui à Cinemania et le film devrait prendre l'affiche en 2021. On y reviendra. ***1/2

Alors que le Haut-Karabakh défraye la manchette, la réalisatrice Nora Martirosyan y situe l'intrigue de son premier long métrage Si le vent tombe. Le conflit n'y est pas tant abordé, mais plutôt le sort d'un aéroport (qui prend ici la métaphore de la nation). Contemplatif, le récit ne vaut pas tant pour sa fiction un peu figée que ses instants empruntés au documentaire, ce pays qui vit par l'entremise d'images à couper le souffle où le temps semble s'arrêter. Comme quoi l'immersion a parfois meilleur goût que la narration. ***

vendredi 20 novembre 2020

Sorties cinéma: Été 85, Sound of Metal, L'état sauvage, Mon chien stupide, Vacarme, Jiu Jiutsu, Selfie


Vivement la réouverture des cinémas! D'ici là, plusieurs nouveautés cinématographiques sont disponibles en ligne. Voici les plus récentes...

François Ozon est sur une très belle lancée depuis Frantz et Grâce a Dieux (l'omis de L'amant double est volontaire). Voici qu'il offre Été 85, une libre adaptation d'un roman d'Aidan Chambers sur une saison qui marquera à jamais deux adolescents. Plus qu'un simple récit d'apprentissage à saveur rétro et nostalgique (à ce chapitre, la musique et la direction artistique s'avèrent phénoménales), cette oeuvre éminemment personnelle - cela ressemble parfois à un condensé de la filmographie du cinéaste - transporte dans sa façon de filmer l'élan de la jeunesse, sa soif de liberté et les premiers balbutiements de l'amour. On pense parfois à Salinger, Call Me By Your Name, le cinéma de Christophe Honoré et il sera difficile d'oublier des phrases phares telles «Tu crois qu'on invente les gens qu'on aime?»  ***1/2

Riz Ahmed se dirige vers les Oscars grâce à Sound of Metal, où il incarne un batteur de musique qui perd presque complètement l'ouïe. Classique mais sensible et émouvant, ce long métrage de Darius Marder bénéficie d'un travail méticuleux sur le son. L'acteur britannique s'occupe du reste, se livrant corps et âme à ce projet sous fond de silence et de solitude. Présenté dans quelques cinémas et en vidéo sur demande dès le 4 décembre. ***1/2

L'état sauvage: Cet ambitieux western français de David Perrault se démarque par son traitement féministe et son grand son apporté à l'image et au son. De quoi compenser pour une histoire tortueuse et un développement primaire des êtres en place. Ma critique. ***

Mon chien stupide: Chaque nouvelle réalisation d'Yvan Attal est moins intéressante que la précédente. Cela commence à se faire ressentir avec cette adaptation d'un roman John Fante qui laisse de glace avec sa mise en scène conventionnelle, ses personnages peu attachants et ses crises existentielles prévisibles. Bien que les acteurs s’acquittent honnêtement de leur tâche et qu'il y a tout de même quelques séquences réussies, l'ensemble est tout sauf convaincant. **1/2

Vacarme: Pour son premier long métrage, Neegan Trudel propose le portrait d'une adolescente de 13 ans qui est envoyée dans un foyer de groupe de la DPJ. Après une lourde et pénible entrée en matière ancrée dans la cacophonie et le mélo, le récit s'illumine quelque peu, tentant de marcher sur ce fil instable entre l'espoir et la douleur. Le scénario qui fait rapidement du surplace (avec métaphores élémentaires à la clé), l'interprétation inégale (les jeunes sont meilleures que les adultes) et la réalisation monotone (la musique demeure de qualité) sont autant d'obstacles qui empêchent l'ensemble de fonctionner comme il se doit. **1/2

L'acteur québécois Alain Moussi commence à avoir une belle carrière internationale. Il tient d'ailleurs la vedette de Jiu Jitsu, aux côtés de Nicolas Cage, Frank Grillo et Tony Jaa (rien de moins!). Sans doute que cette série B de Dimitri Logothe qui se rapproche fortement de Predator peine à sortir des sentiers battus. Mais lorsque l'action - aussi spectaculaire que redondante - prend le dessus, c'est tout ce que ça prend pour combler les amateurs du genre. Disponible via Amazon, itTunes, Google Play, etc. **

Selfie: Écrit à dix mains, ce film à sketchs très inégal tend un miroir de notre utilisation de l'Internet. Une satire lourde et stéréotypée à l'humour inopérant, qui arrive à saboter le talent de bons cinéastes (Marc Fitoussi, Thomas Bidegain...) et comédiens (Elsa Zylberstein, Blanche Gardin...). **

Films du jour: La nuit venue, Des hommes (Cinemania)


Élégant film noir vu par un immigré chinois à Paris, La nuit venue de Frédéric Farrucci combine cinéma social et errance nocturne nappée de néons. Une oeuvre plastique, classique et hypnotisante, autant pour la présence de la sensuelle Camélia Jordana que l'abondance d'irrésistibles mélodies électroniques qui font battre le coeur plus rapidement lorsque vient le temps du suspense ou de la romance. Un peu comme si Wong Kar-wai se permettait de refaire Taxi Driver en mode mineur. Présenté aujourd'hui. ***1/2

Lucas Belvaux s'attaque aux fantômes de l'Algérie avec Des hommes, faisant revivre la mémoire de Français traumatisés par ce conflit. Basé sur le livre de Laurent Mauvignier, le long métrage n'arrive jamais à transcender sa source littéraire, alors que les mots sont souvent plus puissants que les images. Autour d'un imposant trio de stars (Gérard Depardieu plus ours méchant que jamais, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin) qui hantent le présent, la démonstration du passé ne tarde pas à faire réagir même si elle s'avère parfois lourde. Présenté aujourd'hui. ***

jeudi 19 novembre 2020

Film du jour: Louis Bélanger: Portrait du cinéaste québécois, César première (Cinemania)


L'homme derrière l'illustre Gaz Bar Blues est à l'honneur cette année à Cinemania, qui lui consacre une classe de maître tout en programmant l'ensemble de sa filmographie. De son côté, la réalisatrice Kalina Bertin (Manic) propose Louis Bélanger: Portrait du cinéaste québécois, un documentaire simple et attachant qui se regarde comme une introduction à son art. Bien que trop court (47 petites minutes), l'essai ouvre des pistes intéressantes tout en donnant largement la parole à son créateur. L'ensemble aurait cependant mérité une forme beaucoup moins classique et consensuelle. À découvrir gratuitement.

Tout aussi académique est César première de Patrick Fabre, qui revient sur l'impact du César du meilleur premier film. Assez quelconque, le discours, la réalisation et le montage permettent toutefois aux invités généralement passionnants de parler sans trop de gant blanc à la fois du cinéma que de l'industrie.

mercredi 18 novembre 2020

Films du jour: Le miracle du Saint Inconnu, Éléonore (Cinemania) et The American Sector, Iwow: I Walk on Water (RIDM)


Délicieuse fable burlesque qui se situe entre les univers d'Elia Suleiman et des frères Coen, Le miracle du Saint Inconnu d'Alaa Eddine Aljem est peuplé d'individus attachants et délirants, de situations cocasses et d'une photographie luxueuse du désert. Peu importe si le rythme n'est pas toujours au point, cette rencontre entre la religion et le capitalisme fourmille de réflexions tendres sur la condition humaine. Présenté aujourd'hui. ***1/2

Sorte de Bridget Jones français, Éléonore d'Amro Hamzawi tient sur les épaules de sa propre soeur: Nora Hamzawi, une humoriste à la personnalité unique qui incarne ici une trentenaire névrosée qui doit apprendre à s'accepter. Dommage que la réalisation limitée et le script plein de clichés et de personnages stéréotypés ne lui fassent pas davantage honneur. Parce qu'il y a une belle mélancolie cachée dans ces tentatives désespérées d'humour potache et bancal. Présenté aujourd'hui. **

La première sélection des RIDM se termine aujourd'hui. Dans le lot, on ne voudra pas manquer The American Sector de Courtney Stephens et Pacho Velez. En retraçant les restes du mur de Berlin qui se trouvent aux États-Unis, les réalisateurs se permettent d'interroger la notion d'histoire et de mémoire, surtout dans un pays où l'ombre d'un autre mur se fait ressentir. Et bien que l'exercice demeure beaucoup trop court (68 minutes à peine) pour y aller en profondeur, quelques images fortes et témoignages marquants sortent du lot.***

Peut-être bien le meilleur jeune documentariste en activité, Khalik Allah propose avec son éblouissant Iwow: I Walk on Water une plongée dans Harlem. Immersif et empathique à souhait, cet essai conjugue une subjectivité assez unique (le travail sur la photographie et le son force l'admiration) qui permet de passer constamment du social au personnel, surtout que le cinéaste charismatique n'hésite pas à mettre beaucoup du sien dans l'équation. Cela donne une fresque inoubliable de plus de trois heures qui aurait certainement sa place dans un musée. ****

mardi 17 novembre 2020

Films du jour: Antoinette dans les Cévennes, L'étreinte, Felicità (Cinemania)


Rare comédie à avoir reçu le sceau de la Sélection Officielle Cannes 2020, Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal est un long métrage savoureux sur une enseignante qui s'embarque dans un voyage avec un âne afin de retrouver son amant! Centré autour de la personnalité de la rayonnante et hilarante Laure Calamy, ce film qui aurait très bien pu être muet multiplie les situations cocasses et les paysages enchanteurs. Les leçons de vie qui en découlent s'avèrent peut-être un peu lourdes, mais cela n'enlève rien au dépaysement ludique et à cette impression que la bourrique Patrick est sans aucun doute l'âne le plus doué depuis Balthazar. Présenté aujourd'hui. ***1/2

Une femme tente de revivre, se reconstruire et s'affirmer dans L'étreinte de Ludovic Bergery, qui alterne entre les moments lucides et émouvants, et les autres plus incertains lorsque l'histoire se devine d'avance et que le symbolisme se veut encombrant. Une oeuvre fragile et imparfaite, portée à bout de bras par Emmanuelle Béart qui trouve son meilleur rôle depuis des lustres. Présenté aujourd'hui. ***

Un tantinet plus dramatique est Felicità de Bruno Merle, qui explore une journée chez une famille hors de l'ordinaire. Bien que sincère et correctement interprété, l'effort peine à convaincre tant ses messages sur l'anormalité et la liberté s'avèrent appuyés (avec extrait de Freaks à la lettre). Entre la prometteuse introduction et la touchante conclusion, il y a tout un récit plus ou moins intéressant qui s'y déroule et qui ne lève qu'à moitié. Présenté aujourd'hui. **1/2

lundi 16 novembre 2020

Films du jour: City Hall (RIDM), Un vrai bonhomme et À l'abordage (Cinemania)



Frederick Wiseman persiste et signe. À 90 ans, il vient d'offrir City Hall, un documentaire colossal de 4h30 sur la ville de Boston, où l'on retrouve notamment un maire qui a les priorités aux bons endroits. Sa caméra attentive prend son temps pour capter les échanges entre les représentants du pouvoir et les citoyens multiculturels (la démocratie, quoi), alors que son montage fluide et exemplaire permet d'inscrire à l'écran ce flux d'idées et de discussions tout en gardant sans cesse les considérations sociales à l'avant-plan. Assurément unes des grandes fresques de 2020 tant l'espoir est au rendez-vous. Disponible en ligne jusqu'à mercredi dans le cadre des RIDM. ****

Les récits d'apprentissages adolescents se suivent et se ressemblent. Un vrai bonhomme de Benjamin Parent arrive toutefois à sortir du lot en embrassant le fantastique. Les clichés ne sont peut-être pas tous évités, mais l'interprétation d'ensemble soutenue et la réalisation soignée permettent aux thèmes sensibles (deuil, intimidation) de prendre de l'expansion et de séduire par leur clairvoyance. Présenté aujourd'hui à Cinemania et le 21 novembre. ***

Un chandail des Enfants loups, une chanson de Christophe: ce sont dans les petits détails que l'on reconnaît les bons films. De retour vers la fiction après un détour par le documentaire, Guillaume Brac (Tonnerre) signe avec le sympathique À l'abordage une histoire douce et sincère sur l'amitié masculine. Malgré toutes les conventions liées au genre, les situations s'avèrent amusantes, les personnages attachants et un sourire demeure sur les lèvres à la tombée du générique. Présenté aujourd'hui à Cinemania et le 22 novembre. ***

dimanche 15 novembre 2020

Films du jour: Josep, Mica (Cinemania)


Unique animation de la présente édition de Cinemania, Josep d'Aurel ne s'oubliera pas de sitôt. Il s'agit d'un retour sur un drame oublié de l'Histoire (l'exode vers la France des réfugiés de la guerre civile espagnole de 1939) qui mêle souffrance, espoir et transmission. Plutôt didactique, le scénario se veut manichéen à ses heures (les méchants sont tellement méchants), offrant néanmoins des échappées poétiques à l'aide d'images d'une simplicité déconcertante qui semblent parfois évoluer à l'écran. Présenté aujourd'hui. ***1/2

Entre le misérabilisme social de l'enfant pauvre perdu dans les rues du Maroc et le conte de fée sportif, Mica d'Ismaël Ferroukhi ne réinvente pas la roue, offrant les leçons attendues de courage et de symbolisme (l'oiseau en cage, la confrontation finale de tennis). Sauf qu'en le prenant comme film familial, le résultat s'avère beaucoup plus supportable. Surtout que le soin apporté aux images et la fraîcheur de l'interprétation s'élève quelque peu de la moyenne, surtout si on le compare au récent et ennuyant Fahim. Présenté aujourd'hui. ***

samedi 14 novembre 2020

Sorties au cinéma: Divine Love, Saint Frances, Dating Amber, Je m'appelle humain, Seberg


Se déroulant dans un Brésil futuriste, Divino amor de Gabriel Mascaro est une parabole de la dérive religieuse et ultra-conservatrice de ce pays en crise. Ancré autour d'une héroïne ambiguë qui ferait tout pour que les couples ne divorcent pas, le récit au rythme incertain séduit par son aura de mystère, ses explorations - spirituelles, sexuelles, formelles - ainsi qu'une riche photographie où le néon est roi. Présenté virtuellement dans quelques cinémas (et dès le 27 novembre via le site web du Cinéma du Parc). ***1/2

Plus rassembleur se trouve Saint Frances d'Alex Thompson, une comédie dramatique sur la difficulté de la parentalité, qui débute dans la légèreté pour mieux explorer des thèmes sensibles et profonds. L'interprétation y est particulièrement attachante et cela ressemble parfois à du Judd Apatow... sans les longueurs et la vulgarité. En vidéo sur demande. ***1/2

Tout aussi touchant et délirant est Dating Amber de David Freyne, un récit d'apprentissage sur deux adolescents qui ont de la difficulté à s'affirmer dans une société conservatrice. Gentil et sincère, l'ensemble est porté par ses chaleureux comédiens et des situations amusantes qui deviennent toutefois de plus en plus conventionnelles. En vidéo sur demande. ***

Joli documentaire sur le passé, la mémoire, le respect des traditions et ce qui disparaît, Je m'appelle humain de Kim O'Bomsawin célèbre le parcours de la poétesse Joséphine Bacon en mettant ses mots et sa pensée à l'avant-plan. La mise en scène simple aux images soignées et aux mélodies un peu trop appuyées sont d'ailleurs entièrement au service de l'inspirante protagoniste. En cinéma virtuel. ***

Kristen Stewart est probablement la meilleure actrice de sa génération. Elle se donne corps et âme dans  Seberg (L'histoire de Jeanne Seberg en version française) où elle incarne la célèbre icône d'À bout de souffle. Dommage que ce biopic de Benedith Andrews qui se concentre sur ses sympathies avec les Black Panthers et ses démêlées avec le FBI ne soit pas à la hauteur. Superficiel et ennuyant, l'objet s'apparente à un téléfilm de luxe qui serait vidé de toute sa substance. Dès mardi en vidéo sur demande et l'application Apple TV. **

Film du jour: Miss (Cinemania)


Adepte d'un cinéma populaire et rassembleur, Ruben Alves propose avec Miss une comédie sur un homme qui rêve d'être Miss France. En traitant de féminité, d'identité et de différence, le récit embrasse volontairement les clichés pour mieux les détourner. Sans être toujours très subtil, l'ensemble tendre et léger fait mouche, notamment grâce à sa distribution chaleureuse et son absence de prétention. « Je me sens plus fort en femme», lance le héros de cette fable inégale mais charmante et sympathique comme tout. Présenté aujourd'hui. ***

vendredi 13 novembre 2020

Films du jour: Garçon chiffon, Le prince oublié (Cinemania)


Nicolas Maury s'est investi corps et âme dans Garçon chiffon, sa première réalisation, où il défend le rôle titre: un comédien jaloux qui fera peur à son amant et qui n'aura aucun autre choix que d'aller se ressourcer chez sa mère. Le film, construit en deux temps, débute dans la farce facile et maniérée, à la limite insupportable comme son héros aux excès digne d'un Xavier Dolan. Puis à mi-chemin, lors du retour au bercail auprès de Nathalie Baye, le temps semble s'arrêter, ce qui permet au drame et à l'émotion de passer, à la mélancolie de triompher et même à la fantaisie d'émerger. Jusqu'à sa finale qui fait rire et pleurer à la fois. Imparfait mais touchant et authentique, voilà un premier long métrage plus que prometteur pour l'avenir, et qui n'hésite pas à citer Brisseau et Hong Sang-soo. Présenté aujourd'hui et le 18 novembre. ***

Depuis le triomphe de L'artiste, Michel Hazanavicius semble se chercher, changeant de style sans retrouver sa bonne étoile. C'est encore le cas avec Le prince oublié, un conte pour enfants de huit ans sur un père qui voit sa fille s'éloigner peu à peu de lui. Multipliant les détours vers un univers magique qui s'inspire beaucoup de Roger Rabbit et de Pixar (particulièrement Inside Out, Monsters Inc. et Toy Story), l'ensemble ne manque pas de charme et il se laisse regarder grâce à l'enthousiasme de son casting (Omar Sy en tête). Mais un traitement plus second degré aurait certainement permis d'éviter plein de lourdeurs, de morales et d'excès mielleux. Présenté aujourd'hui et le 21 novembre. **1/2

jeudi 12 novembre 2020

Films du jour: La troisième guerre, Soeurs (Cinemania)


Véritable film d'armée avec ses moments de tension et d'ennui, d'errance, de testostérone et de discours enflammés, La troisième guerre de Giovanni Aloi suit des soldats qui combattent des ennemis invisibles afin de prévenir des attentats terroristes à Paris. Classique mais vigoureux et non dénué d'intérêt lorsque l'action se concentre sur le champ de bataille (avec un style quasi-documentaire), l'ensemble se veut beaucoup moins pertinent lorsqu'il explore superficiellement et avec clichés la face cachée de ses personnages, qui sont campés par de solides comédiens. Le tout culminant par une conclusion facile et manipulatrice, gâchant ainsi une sauce moyennement relevée. Présenté aujourd'hui et le 17 novembre. **1/2

Les traumatismes de l'Algérie ressortent de Soeurs de Yamina Benguigui qui suit le destin d'une famille déchirée. Trop chargé et symbolique, le récit alterne entre le passé, le présent et une mise en abyme théâtrale, se perdant trop souvent dans des déflagrations cacophoniques d'un casting prestigieux (Isabelle Adjani, Maïwenn...) et des dialogues un peu plaqués. C'est dommage parce que le sujet mérite qu'on s'y attarde et les 20 dernières minutes annoncent clairement la grande fresque intime que cela aurait pu être. Présenté aujourd'hui. **1/2

mercredi 11 novembre 2020

Films du jour: Vers la bataille, La daronne (Cinemania)


C'est un ambitieux premier long métrage que propose Aurélien Vernhes-Lermusiaux avec Vers la bataille, alors qu'il suit l'errance d'un photographe de guerre français au Mexique vers 1860. Magnifiquement mis en image et en musique, ce western peut paraître laborieux dans ses détours narratifs, alors qu'il fascine lorsque l'aventure brutale et même magique prend le dessus. Surtout qu'en prime, il offre une réflexion probante sur l'amitié et la transmission. Présenté aujourd'hui et le 20 novembre. ***1/2

Isabelle Huppert gère un trafic de stupéfiants dans La daronne, une comédie guère convaincante ou divertissante de Jean-Paul Salomé, où la star française semble plus à l'aise à converser avec Hippolyte Girardot qu'à faire avancer l'histoire parsemée de fils blancs et d'invraisemblances. À l'affiche en 2021 et je vous promets une entrevue avec le cinéaste et l'actrice principale! Présenté aujourd'hui et le 21 novembre. **

mardi 10 novembre 2020

Films du jour: De l'or pour les chiens, Deux moi (Cinemania)


La présente édition de Cinemania regorge de personnages mal dans leur peau. Pour son premier long métrage De l'or pour les chiens, Anna Cazenave-Cambet emprunte le chemin du récit d'apprentissage par l'entremise d'une adolescente naïve qui apprendra à (re)prendre contrôle de son corps. Voilà une touchante histoire féminine qui résonne, particulièrement dans sa première partie, très soignée visuellement et sonorement, qui atteint son apogée lors d'une ensorcelante scène de danse. La suite, plus dense et posée, met à l'épreuve le rythme et la métamorphose soudaine de l'héroïne lunaire, qui est campée avec verve par la nouvelle venue Talluah Cassavetti. Présenté aujourd'hui et le 18 novembre. ***

Cédric Klapisch retrouvera-t-il un jour la ferveur de ses premiers films? Ce n'est malheureusement pas le cas de Deux moi, cette création sympathique mais oubliable sur ce mal-être qui gangrène de plus en plus de gens (solitude, difficulté à dormir, d'être soi-même ou de se rattacher au monde, etc.). En suivant deux destins en parallèle afin de mieux montrer les similitudes, le constat qui en ressort verse trop souvent dans la facilité et la superficialité. Sa mise en scène s'avère peu rigoureuse et le duo en place (Ana Girardot et François Civil) manque singulièrement de charisme. Au moins la distribution secondaire - François Berléand, Camille Cottin, Simon Abkarian - fait sourire. Présenté aujourd'hui et le 19 novembre. **1/2

lundi 9 novembre 2020

Films du jour: Seize printemps, L'audition (Cinemania)


À 20 ans seulement, Suzanne Lindon (la fille de Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain) signe son premier film, en plus d'y tenir la vedette. Et quelle claque! Seize printemps est sans aucun doute est un des longs métrages les plus romantiques de l'année, s'intéressant aux amours d'une adolescente de 16 ans pour un homme plus vieux. Beau et mélancolique comme une chanson de Vincent Delerm (qui signe d'ailleurs la trame sonore), cet exercice mignon et ténu est parsemé de scènes absolument adorables, recréant parfaitement ce sentiment de gaucherie qui apparaît pour la première fois. On pense à Maurice Pialat qui flirterait avec une sauce plus pop et charmante façon Valérie Donzelli. Présenté aujourd'hui et le 19 novembre. ****

Nina Hoss est une grande actrice. Elle brille d'ailleurs au sein de L'audition dans la peau d'une musicienne qui fait passer ses aspirations sur ses élèves et son propre fils. Malgré un traitement conventionnel et un peu anonyme de la réalisatrice Ina Weisse, le film pique la curiosité sans totalement captiver, posant toutefois des questions probantes sur les rêves et la discipline. À ce sujet, la finale est à glacer le sang. Présenté aujourd'hui et le 22 novembre. ***

dimanche 8 novembre 2020

Films du jour: Police, A Good Man (Cinemania)


Après des débuts plein de brio, la filmographie d'Anne Fontaine a pris une tangente en dent de scie, réunissant réussites et échecs à un nombre pratiquement équivalent. Police se trouve timidement dans la première catégorie, explorant l'intimité des forces de l'ordre en misant sur son casting de premier ordre (Virginie Efira, Omar Sy, Grégory Gadebois). La première partie à la Rashomon tarde toutefois à prendre son envol, et lorsque c'est le cas, c'est pour mieux se muter en huis clos façon The Last Detail, dont les errances scénaristiques apparaissent trop invraisemblables et appuyées pour le commun des mortels. Reste une oeuvre qui ne manque pas de style et de profondeur. ***

En 2020, est-ce qu'on peut toujours demander à une actrice cisgenre d'interpréter un homme transgenre? La question risque de faire couler beaucoup d'encre et de faire peser défavorablement la balance envers A Good Man. Ce serait dommage, parce que ce film sensible et humain de Marie-Castille Mention-Schaar traite avec beaucoup de délicatesse des questions d'identité, de maternité et de sacrifices. L'ensemble qui traîne quelque peu en longueur pourrait paraître un peu trop sage et conventionnel, mais il est mené par ses excellentes comédiennes - le couple formé de Noémie Merlant et Soko fonctionne complètement - et il y a au moins deux scènes (la discothèque, la finale) qui marqueront les esprits. Présenté aujourd'hui et le 19 novembre. ***

samedi 7 novembre 2020

Films du jour: Été 85, Flashwood (Cinemania)


François Ozon est sur une très belle lancée depuis Frantz et Grâce a Dieux (l'omis de L'amant double est volontaire). Voici qu'il offre Été 85, une libre adaptation d'un roman d'Aidan Chambers sur une saison qui marquera à jamais deux adolescents. Plus qu'un simple récit d'apprentissage à saveur rétro et nostalgique (à ce chapitre, la musique et la direction artistique s'avèrent phénoménales), cette oeuvre éminemment personnelle - cela ressemble parfois à un condensé de la filmographie du cinéaste - transporte dans sa façon de filmer l'élan de la jeunesse, sa soif de liberté et les premiers balbutiements de l'amour. On pense parfois à Salinger, Call Me By Your Name, le cinéma de Christophe Honoré et il sera difficile d'oublier des phrases phares telles «Tu crois qu'on invente les gens qu'on aime?» Présenté aujourd'hui et le 13 novembre. ***1/2

La jeunesse, l'amitié et la découverte du monde sont également le moteur de Flashwood, le premier long métrage de l'acteur Jean-Carl Boucher. Tourné sur plusieurs années, cette chronique aurait pu être le Boyhood québécois. Malheureusement, l'ensemble si court et long à la fois s'éparpille, faisant apparaître et disparaître des personnages - oui, la chimie de groupe est palpable - au détour de situations d'un intérêt très discutable. Au lieu d'accéder à l’essentiel (le hors champs), l'effort se concentre sur l'anecdote, l'entourant de sacres et de ralentis. Présenté aujourd'hui. **

vendredi 6 novembre 2020

Sorties au cinéma: Koko-Di Koko-Da, Let Him Go, The Kid Detective


Si Michael Haneke avait décidé de réaliser un remake du Jour de la marmotte en compagnie de Ruben Östlund, cela aurait sans doute donné Koko-Di Koko-Da, un conte impitoyable sur un couple qui revit sans cesse une attaque brutale. Une fois passée la longuette introduction, Johannes Nyholm arrive à asseoir style, tension et même poésie à travers une oeuvre brillante et dérangeante qui se regarde comme une réflexion sur la nécessité de faire le deuil de cette souffrance qui revient nous hanter encore et encore. Lauréat du prix AQCC lors du festival de Fantasia de 2019. Offert virtuellement dans quelques salles de cinéma et en vidéo sur demande dès le 8 décembre. ***1/2

Unique nouveauté à prendre l'affiche cette semaine dans les cinémas québécois, Let Him Go de Thomas Bezucha qui met en vedette Kevin Costern est un western à l'ancienne, consensuel dans sa forme et son fond mais agrémenté de puissantes performances d'actrices, que ce soit Diane Lane et surtout Lesley Manville. Juste pour elles, le long métrage mérite qu'on s'y attarde. ***

En empruntant la formule du film noir (un détective qui enquête sur un crime sordide), Evan Morgan est incapable avec The Kid Detective d'en tirer quelque chose de concluant. Sans suspense ni romance, doté d'un humour bon enfant mais d'une conclusion mélancolique destinée aux adultes, l'ensemble semble constamment se chercher, s'en remettant à Adam Brody trop souvent perdu et éteint. Surtout que son duo avec notre Sophie Nélisse ne fonctionne absolument pas. En vidéo sur demande. **

Films du jour: Un monde plus grand, Mes jours de gloire (Cinemania)


Les protagonistes perdus sont à l'honneur aujourd'hui à Cinemania. Dans Un monde plus grand de Fabienne Berthaud, Cécile De France tente de faire le deuil de son amoureux grâce à des rites mongols chamaniques. Voilà une histoire vraie à prendre ou à laisser, qui peut être inspirante ou lassante dans sa façon de convier une renaissance new age. Malgré la dévotion de son excellente actrice et quelques passages de transe plus oniriques et sensoriels, les quelques aspects documentaires s'avèrent nettement plus intéressants que l'apport de la fiction, davantage appuyée et prévisible. Présenté aujourd'hui et le 9 novembre. **1/2 

Vincent Lacoste semble prisonnier des rôles d'adulescent, de perdant attachant. Il est en terrain connu dans Mes jours de gloire d'Antoine De Bary, où il incarne un acteur incapable de trouver ses repères dans le vrai monde. Tombant un peu à plat autant dans sa palette comique que dramatique, cette oeuvre bousille un casting de classe - Emmanuelle Devos, Christophe Lambert, Noée Abita - au détour de situations trop souvent superficielles et rarement surprenante, dont les ressorts façon Apatown mineur ne fonctionnent jamais réellement. C'est d'ailleurs toujours bizarre lorsque le spectateur s'attache plus au chien Roger qu'au héros... Présenté aujourd'hui et le 17 novembre. **

jeudi 5 novembre 2020

Films du jour: Madre, Filles de joie (Cinemania)


Facilement un des meilleurs films de la présente édition de Cinemania, Madre de Rodrigo Sorogoyen débute avec un des appels téléphoniques les plus stressants du septième art. Puis le long métrage prend la direction de la plage, alors qu'une femme noue une étrange amitié avec un adolescent. Beau et douloureux comme l'existence, secondé d'une photographie à couper le souffle et d'une réalisation de haut calibre qui ne lésine pas sur le plan séquence, ce récit des secondes chances traîne quelque peu en longueur mais il permet de révéler l'immense talent de Marta Nieto, inoubliable dans le rôle titre. Présenté aujourd'hui et le 20 novembre. ****

À mille lieux de l'éblouissant L'Apollonide, Filles de joie d'Anne Paulicevich et Frédéric Fonteyne pose un regard plus oubliable et quelconque sur la prostitution féminine, réunissant des interprètes de talent (Sara Forestier, Noémie Lvovsky, etc.) autour d'une histoire poussive et morcelée franchement inégale, dont les faiblesses du scénario font de l'ombre aux qualités cinématographiques. Présenté aujourd'hui et le 22 novembre. **1/2

mercredi 4 novembre 2020

Film du jour: Deux (Cinemania)


Cinemania débute aujourd'hui! En plus d'une superbe rétrospective de la carrière de Louis Bélanger, de nombreux films français seront offert virtuellement. Parmi ceux-là, il ne faudrait pas manquer Deux de Filippo Meneghetti, une oeuvre mystérieuse sur le désir et le mensonge où la grande Barbara Sukowa trouve un rôle en or. Le long métrage doit prendre l'affiche en 2021 et on y reviendra avec une entrevue avec le réalisateur. Présenté aujourd'hui et le 15 novembre. ***1/2

mardi 3 novembre 2020

Film du jour: La dentellière


Dans La dentellière (1977), Claude Goretta offre à Isabelle Huppert son premier grand rôle au cinéma. Celui d'une jeune femme réservée qui trouve l'amour puis le perd. D'une délicatesse sans nom, ce film fragile sur la difficulté de communiquer enivre par sa mise en scène minutieuse, la performance incroyable de la protagoniste et sa finale d'une tristesse infinie. Enfin une oeuvre qui pose un regard sincère sur les gens ordinaires que d'habitude personne ne remarque. ****1/2

lundi 2 novembre 2020

Les meilleurs films de... octobre 2020


Avec la fermeture de la majorités des salles de cinéma du Québec à cause de la deuxième vague de la pandémie, pas évident d'établir un palmarès des meilleurs films d'octobre 2020. Surtout que le FNC a accaparé toute notre attention. Retenons tout de même...

Heimat is a Space Time

Sibyl

Coming Home Again

Les chiens-loups

Lucky Chan-sil

Aznavour: Le regard de Charles

Oliver Sacks: His Own Life

Film du jour: La drôlesse


Que serait le cinéma de Jacques Doillon sans ses enfants? Dans La drôlesse (1979), il passe outre un fait divers terrible (un enlèvement) pour s'attarder aux relations tendres et délicates entre deux adolescents malmenés par l'existence et qui arrivent à mettre la solitude de côté en étant ensemble. Un film qui sent la vie à plein nez, à la fois par sa mise en scène que la prestation de ses excellents interprètes, l'inoubliable Madeleine Desdevises en tête, qui est décédée quelques années plus tard à l'âge de seulement 15 ans. ****

dimanche 1 novembre 2020

FNC: To the Moon


50 longs métrages plus tard, on termine le Festival du nouveau cinéma la tête dans les nuages, ou plus exactement tournée vers la lune grâce à To the Moon de Tadhg O'Sullivan. Voilà un film d'archives dans le sens noble du terme, pas révolutionnaire mais réconfortant et magique, où des extraits cinématographiques mettant en vedette le mystérieux objet céleste sont compilés. Le résultat ne peut que faire rêver et donner le goût de voir encore plus de cinéma. ***

Film du jour: The Life and Death of a Porno Gang


Provoquer avec le sexe et la violence n'est pas nouveau. Mladen Djordjevic y va à fond avec The Life and Death of a Porno Gang (2009), qui ressemble à un faux documentaire devenant de plus en plus réaliste. La satire cocasse du début laisse la place à une oeuvre horrifiante et malsaine. Malgré ce retournement (prévisible) de situation, le long métrage se complaît dans la facilité et le nihilisme, ne proposant aucun réel discours tangible. Plusieurs seront choqués, sauf que ce sera en vain. **1/2