Film du jour: Devi

La raison rencontre les croyances dans Devi (1960), le film le plus politisé - et controversé - de Satyajit Ray, alors qu'une jeune femme pourrait bien être la descendante d'une déesse. Le drame domestique qui en découle possède évidemment des ramifications historiques et si le scénario demeure au niveau intime, c'est pour mieux mettre en valeur le sort de ses beaux personnages, défendus par des comédiens alertes. Le cinéaste indien propose d'ailleurs une grammaire cinématographique élaborée, variant les compositions des plans selon les regards, faisant côtoyer ombres et lumières jusqu'à utiliser - comme toujours chez lui - l'eau à des fins métaphoriques. ****

Film du jour: The Remains of the Day

C'est une adaptation magistrale du roman de Kazuo Ishiguro que propose James Ivory avec Remains of the Day, traitant avec classe et retenue des sentiments amoureux et des regrets du passé. La mise en scène ample est au service des mots et des personnages, défendus brillamment par Anthony Hopkins et Emma Thompson à leur meilleur. Lorsque les non-dits disent, justement, tout. ****

Harold and Maude (blu-ray)

Harold and Maude fêtait en 2021 son 50e anniversaire. Pour l'occasion, Paramount a sorti une nouvelle édition de ce classique d'Hal Ashby.

C'est quoi? Une histoire d'amour non orthodoxe entre un adolescent et une femme de 79 ans.

C'est comment? L'humour est ravageur, l'interprétation excellente et le scénario d'une finesse inouïe en dit long sur l'importance de profiter au maximum de notre passage sur terre.

Et pourtant? Le sujet particulier et la noirceur de ses gags ne plairont pas à tous.

Techniquement? La gravure numérique est ample, précise et détaillée, aux couleurs exemplaires. Les pistes sonores délicatement immersives mettent à contribution la musique légendaire de Cat Stevens.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray et une copie numérique. Les bonus comprennent une piste de commentaires particulièrement animée du scénariste Larry Karaszewski et du réalisateur Cameron Crowe, une courte entrevue avec Yusuf (alias Cat Stevens) et deux bande-annonces.

Au final? Harold and Maude a marqué son époque et son charme est encore perceptible un demi-siècle après sa sortie. Si l'on ne possède déjà pas la version Criterion, celle-ci est une nécessité pour quiconque s'intéresse de près ou de loin aux comédies américaines.

Film du jour: The Mitchells vs the Machines

Parmi les animations les plus désopilantes des dernières années se trouvent The Mitchells vs the Machines de Mike Rianda, l'aventure incroyable d'une famille pour sauver la planète. Entre satire et parodie, le film multiplie les gags de haute tenue, sacrifiant sa profondeur et son émotion pour une efficacité de chaque instant. On en redemande presque. ***1/2

Film du jour: Médecin de nuit

De la noirceur naît la lumière. Ce dicton va comme un gant à Médecin de nuit, un polar classique et stylisé signé Élie Wajeman (Les anarchistes, Alyah) qui est sublimé par quelques éclaircies de quiétude et de réconfort. En toubib au grand coeur qui se met dans le pétrin bien malgré lui, Vincent Macaigne trouve son meilleur rôle en carrière (l'acteur est judicieusement nommé aux Césars), véhiculant d'un seul regard toutes les émotions de la condition humaine. Un peu comme si le James Gray de la première heure se permettait de refaire Carlito's Way. À voir en ligne sur le site du Cinéma du Parc/Beaubien/Musée. ***1/2

Film du jour: Les rendez-vous de Paris

Il n'y a rien de mieux qu'un film d'Éric Rohmer pour fuir les tracas de l'hiver... et de la pandémie. Dans Les rendez-vous de Paris, il propose d'arpenter les rues de la Ville Lumière en compagnie de jeunes gens qui cherchent ou possèdent déjà l'amour. Même s'il est déjà passé par là, le cinéaste solaire propose trois films à sketchs savoureux, fondés sur les mots et les mouvements. Le charme opère en quelques secondes seulement et un sentiment de béatitude demeure sur les lèvres du cinéphile longtemps après la tombée du générique. ***1/2

Film du jour: The Addams Family 2

Peu importe que le premier tome animé fut moyen: le succès financier était au rendez-vous. Ce qui explique la création de The Addams Family 2 qui est meilleur que son prédécesseur... mais tout de même très oubliable. (Universal)

C'est quoi? Lors d'un voyage, la famille Addams est confrontée à une nouvelle qui risque de les diviser.

C'est comment? L'humour noir est toujours au rendez-vous et les personnages s'avèrent attachants.

Et pourtant? Le scénario banal ne manque pas de clichés et de morales. La qualité des gags est très variable.

Techniquement? Visuellement décevante, l'animation est néanmoins élevée par des images précises, aux détails appréciables. L'abus de tubes musicaux indigestes en irritera plus d'un. Au moins les pistes sonores sont de qualité enviable.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray et un dvd. Les bonus réunissent trois documentaires - sur les doubleurs, l'importance de la différence et ce qu'il faut amener en voyage - assez sommaires.

Au final? À force d'étirer la sauce, on finit par se retrouve avec une production sans âme. C'est un peu ce qui arrive avec ce long métrage qui fait sourire mais qui aurait surtout pu plus mémorable.

Film du jour: Abigail Harm

Il y a plein de flashs intéressants émanant d'Abigail Harm (2013) de Lee Isaac Chung, qui conjugue contes de fées et amour tardif chez une femme solitaire qui fait la lecture à des personnages non-voyantes. La photographie est séduisante, la poésie bien présente et Amanda Plummer livre une performance touchante. Sauf que le récit d'à peine 80 minutes traîne en longueur et en répétitions, recourant à une maladroite voix off afin de se sortir du pétrin. Le cinéaste s'est heureusement repris quelques années plus tard avec son excellent Minari. (Film Movement) **1/2

Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait (dvd)

Les sentiments amoureux n'ont plus de secret pour Emmanuel Mouret, qui signe avec Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait son meilleur film en carrière. (K-Films Amérique)

C'est quoi? Des confidences sentimentales prévalent entre un homme éploré en amour et la copine de son cousin.

C'est comment? Les dialogues fondent dans la bouche. Le scénario riche et profond ne manque pas de séduire, de faire rire et de bouleverser. La mise en scène impressionne par sa virtuosité et sa beauté plastique, alors que les acteurs s'avèrent tous excellent.

Et pourtant? C'est plus verbeux et précieux que la moyenne du genre.

Techniquement? La photographie éblouissante est alimentée par des images précises et détaillées. L'agréable musique classique titille les enceintes, n'entravant jamais les voix.

Suppléments? La pochette lumineuse est gratifiée de citations éclairantes. En plus de bandes-annonces, les bonus comprennent une entrevue avec son cinéaste.

Au final? Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait demeure aisément un des longs métrages français les plus intéressants des dernières années, un des plus puissants et inoubliables. À voir sans faute afin d'agrémenter son quotidien de chaleur.

Ma critique

Film du jour: Lucky Life

Les réunions d'amis sont pratiquement un genre cinématographique en soi. Malgré ses conventions où il est évidemment question de joies et de déceptions (et ultimement de vie et de mort), Lucky Life de Lee Isaac Chung (Minari) sort légèrement du lot par sa poésie - inspirée de Gerald Stern - et sa confiance en un rythme plus lent, qui a foi en la puissance des silences et des images. (Film Movement) ***

Last Night in Soho (blu-ray)

Edgar Wright troque la comédie pour l'horreur avec Last Night in Soho, un projet divertissant à souhait qui aurait cependant pu être beaucoup plus. (Universal)

C'est quoi? Une étudiante arrive à voir et ressentir le quotidien d'une jeune femme qui habitait Londres à la fin des années 60.

C'est comment? La mise en scène alterne avec fluidité les époques. Les interprètes livrent des performances vigoureuses.

Et pourtant? Le scénario riche (illusions perdues, exploitation féminine) n'est souvent qu'un prétexte au suspense ou à la frousse. 

Techniquement? La musique mémorable s'appuie sur des enceintes fermes et immersives. La photographie ample s'avère à la fois soignée et détaillée.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Les bonus sont composés de deux pistes de commentaires riches en informations, des documentaires variés et généralement pertinents (sur les héroïnes, les jeu de miroirs, les rues de Soho, le voyage dans le temps), des scènes supprimées plus ou moins engageantes, des animations spéciales, des bandes-annonces, un vidéoclip et bien plus encore.

Au final? Edgar Wright en met encore plein la vue et les oreilles avec ce projet non-orthodoxe qui privilégie l'efficacité à la profondeur. De quoi vouloir aller s'y perdre même s'il n'y a rien qui marquera les esprits comme un certain Scott Pilgrim.

Ma critique

Film du jour: Munyurangabo

Pour son premier long métrage Munyurangabo (2007), Lee Isaac Chung (Minari) explore les conséquences du génocide rwandais sur deux adolescents. Tourné avec des survivants et des jeunes de la rue, cette fiction qui colle au plus près du documentaire utilise à son avantage son script ouvert pour y incorporer poésie, nature et lent passage du temps La famille est évidemment mise à l'avant-plan, tout comme l'effet du passé et de la mémoire sur la construction d'une identité personnelle et collective. (Film Movement) ***1/2

Film du jour: Antz

Éclipsé à sa sortie en 1998 par A Bug's Life, Antz d'Eric Darnell et Tim Johnson demeure tout de même le meilleur film de bestioles des deux. Sans doute que l'animation n'est pas aussi soignée que chez Pixar, mais le scénario s'avère beaucoup plus riche (on se croirait parfois chez Bernard Werber) et drôle, construisant son héros autour de la personnalité unique de Woody Allen qui prête sa voix au protagoniste. ***1/2

Film du jour: Un Héros

Grand prix du dernier Festival de Cannes, Un héros est une autre exposition des rouages de la société iranienne de la part d'Asghar Farhadi, qui retrouve la forme après son quelconque Everybody Knows. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est une oeuvre implacable et particulièrement bien huilée qui explore le côté sombre de ses personnages gris, teintant la vérité de mensonges (et vice-versa). Sur Amazon Prime Vidéo. Mes critiques se trouvent ici et là. ***1/2

Film du jour: Les créatures

Film peu connu de la filmographie d'Agnès Varda, Les créatures (1966) qui met en vedette Michel Piccoli et Agnès Varda est un récit de science-fiction sur un romancier qui tente de dominer son libre arbitre. Entre ruptures de tons et symbolisme intellectualisé, l'oeuvre brouille constamment la ligne entre le réel et l'imaginaire, proposant même une multitude de clins d'oeil, dont une parodie du Septième sceau. L'ensemble traîne en longueur, mais il s'avère d'une folle originalité. ***

Film du jour: Cruella

Dans la vague mercantile de vampirer des classiques d'antan, Cruella est loin d'être la pire variation du lot. Sans doute que cet antépisode signé Craig Gillespie traîne en longueur et que son scénario qui fait l'apologie des grandes marques de vêtement s'avère douteux. Mais ce qu'il sacrifie en profondeur, le film se rachète au niveau du style. Visuellement et musicalement, le long métrage séduit, alternant rire et action en offrant à Emma Stone un rôle particulièrement délirant. Toute la famille risque de passer un bon moment. ***

Film du jour: Escape from Mogadishu

Immense succès en sol coréen, Escape from Mogadishu de Ryoo Seung-wan débarque dans le confort de son foyer. (Well Go USA)

C'est quoi? Une guerre civile pousse deux ambassades ennemies de s'allier pour survivre.

C'est comment? Les scènes d'action s'avèrent époustouflantes. Les personnages sont attachants et le mélange de genre généralement au point.

Et pourtant? Le scénario est très douteux sur le plan politique. L'intrigue piétine rapidement et traîne en longueur.

Techniquement? Les images soignées donnent un soufflée épique au récit, alors que les enceintes développées ne manquent pas de tirs perdus et d'explosions.

Suppléments? Cette édition blu-ray comprend six courts et oubliables segments sur le conflit, les interprètes, le champ de bataille, etc. Il y a également quelques bandes-annonces.

Au final? À la fois amusante et assommante, cette production est loin du cours d'histoire, tentant un rapprochement inespéré entre deux Corées en temps de crise. Lorsque le divertissement mène le bal.

Film du jour: Zeros and Ones

Cinéaste prolifique, Abel Ferrara propose avec Zeros and Ones son film de pandémie, qui est aussi fascinant qu'exaspérant. L'intérêt de la production ne réside pas tant dans son scénario obscur et répétitif où Ethan Hawke incarne un soldat et son propre frère emprisonné. Mais dans la manière, justement, dont le réalisateur décrit l'isolement, la dérive psychologique et la perte de repère (la foi en prend pour son rhume), faisant errer son héros dans le noir, gracieuseté d'une photographiée étudiée de Sean Price Williams. Comme quoi la compréhension du monde est bien secondaire lorsqu'il faut la vivre réellement. Une émotion tacite et cinématographique qui se conclut sur une note d'espoir que l'on a bien hâte de se voir concrétiser dans la vie réelle. Disponible en vidéo sur demande dès demain. ***

Halloween Kills (Blu-ray)

Après avoir remis Michael Myers dans le «droit chemin», David Gordon Green bousille tout le travail accompli avec sa suite Halloween Kills. (Universal)

C'est quoi? Un célèbre croquemitaine fait à nouveau régner le chaos dans une ville qui «célèbre» le 40e anniversaire de ses crimes.

C'est comment? La série aura rarement été aussi brutale. Le sang coule à flot et la réalisation demeure bien huilée.

Et pourtant? Cela ressemble parfois plus à un épisode de The Purge. L'interprétation s'avère inégale et le suspense laisse grandement à désirer.

Techniquement? L'exploration de la noirceur donne des contrastes précis et homogènes. Les pistes sonores réglées au quart de tour dynamitent régulièrement les enceintes, faisant sursauter au passage.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray, un dvd et une copie numérique. Il est possible de choisir entre la version présentée en salle et un montage encore plus sanglant. Les bonus de qualité enviable regroupent un bêtisier, des scènes allongées ou supprimées, cinq documentaires (sur la communauté, les séances de carnage, la famille Strode, les liens avec la version originale de 1978 et le pouvoir de la peur), un décompte des morts et, surtout, une agréable piste de commentaires du cinéaste et des actrices Jamie Lee Curtis et Judy Greer.

Au final? En cherchant à varier une recette gagnante, Halloween Kills finit par dénaturer l'essence de la série, troquant le thriller haletant pour la satire peu opérante. En espérant que la conclusion de la trilogie arrive à faire oublier ce fâcheux faux pas.

Ma critique pour La Presse

Film du jour: Chicken Run

De toutes les créations d'Aardman Animations (Wallace et Gromit, Shaun le moutou), Chicken Run de Peter Lord et Nick Part demeure la meilleure. C'est la plus cohérente, le plus inclusive (envers les enfants ET les adultes), la plus drôle et la plus critique, créant des liens insoupçonnés entre la consommation de poulet et les prisons. Plusieurs gags hilarants continuent à faire hurler de rire, plus de deux décennies après sa sortie. Et dire qu'une suite est annoncée par Netflix qui sera, évidemment, terrible... ****

Film du jour: The Whaler Boy

Un jeune chasseur de baleines rêve d'Amérique dans The Whaler Boy, le premier long métrage du Russe Philipp Yuryev. Entre Lynch et Kaurismäki, ce récit d'apprentissage ne manque pas d'atmosphère, et si son scénario ne remplit pas toutes ses promesses, ses images souvent magnifiques montrent un coin de pays rarement filmé au cinéma. En cinéma virtuel via Film Movement. ***

Film du jour: The Tragedy of Macbeth

Immense. C'est le qualificatif idéal pour décrire The Tragedy of Macbeth de Joel Coen, qui est facilement le meilleur film américain de 2021. La forme majestueuse est en parfaite symbiose avec le fond sanglant, alors que Denzel Washington livre une des performances les plus abouties de sa carrière. Du grand cinéma, à ne manquer sous aucun prétexte. Ma critique

Ema (Blu-ray)

Maître du biopic non-conventionnel (Spencer, Jackie, Neruda), Pablo Larrain adore plonger dans la psyché de ses êtres hors de l'ordinaire. Il le fait à nouveau dans l'incendiaire Ema qui vient de sortir en format dvd et blu-ray. (Music Box Films)

C'est quoi? Une danseuse fera tout pour retrouver son fils adoptif.

C'est comment? Cette oeuvre éblouissante et envoûtante qui évoque à la fois Antonioni et Pasolini est portée par une héroïne tragique qui semble provenir de la mythologie grecque. Les dynamiques moments dansés sont tout simplement renversants.

Et pourtant? La prémisse ténue et parfois improvisée en frustrera plus, tout comme le symbolisme éprouvé du feu et la performance glaciale de Mariana Di Girolamo.

Techniquement? La musique sidérante de Nicolas Jaar est un personnage à part entière, mettant constamment les enceintes précises (virevoltant 7.1 DTS-HD Master Audio) sur le qui-vive. La photographie ample et majestueuse alimente les images en détails spectaculaires.

Suppléments? Un très intéressant livret - comportant une analyse du long métrage et une entrevue avec son cinéaste - figure au menu. Les bonus regroupent quelques extraits dansés commentés par le chorégraphes José Vidal, une galerie de photographies et des bandes-annonces.

Au final? Joyau inconnu d'une riche filmographie, Ema enivre allègrement. S'il faut s'y investir le moindrement, sa façon de titiller les sens ne laissera personne indifférent.

Film du jour: Kung Fu Hustle

Kung Fu Hustle (2004) représente l’apogée du cinéma de Stephen Chow: humour irrésistible qui ratisse large, scènes d'action spectaculaires, personnages attachants, effets spéciaux conséquents, morales omniprésentes mélangées d'un sentimentalisme kitsch, etc. Il signe ici son film le plus jouissif et spectaculaire en carrière, créant un amalgame corrosif entre Astérix et Kill Bill! Divertissement assuré. ****

Film du jour: The Many Saints of Newark

La série Les Soprano a été tellement populaire qu'on a décidé de lui pondre un antépisode cinématographique du nom de The Many Saints of Newark.

C'est quoi? Le jeune Tony Soparno idolâtre son oncle Richard, qui finit par se mettre dans le pétrin malgré son existence particulièrement bien huilée.

C'est comment? L'intégration d'éléments sociaux (le racisme prend beaucoup de place) est heureuse et la distribution de qualité comprend Alessandro Nivola, Vera Farmiga et Ray Liotta.

Et pourtant? Il ne s'agit que d'un ersatz des classiques de Martin Scorsese. La réalisation d'Alan Taylor manque de personnalité et le script ne comporte aucune surprise.

Techniquement? Les images amples et précises comportent un niveau plus qu'appréciable de détails. Les agréables mélodies bercent les enceintes dynamiques et relevées aux moments opportuns.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray et une copie numérique. Les maigres bonus réunissent quelques scènes supprimées assez quelconque et de courts documentaires sur le tournage et l'honneur de la famille.

Au final? Sans être désagréable, ce long métrage s'avère totalement inutile, tentant d'allonger mécaniquement une émission culte sans être capable de reproduire son ambiance, son atmosphère. Et dire que plusieurs suites pourront voir le jour...

Warner a fourni gratuitement un exemplaire pour cette critique.

Dune (blu-ray)

Peut-être bien le film le plus discuté de 2021, Dune atterrit en format blu-ray et dvd dans une galaxie près de chez vous.

C'est quoi? Un jeune homme voué à un destin hors du commun est envoyé sur une planète où l'on cultive des épices.

C'est comment? Denis Villeneuve assure sur le plan technique et son film s'avère un flamboyant objet de cinéma. Les scènes d'action y sont spectaculaires à souhait.

Et pourtant? Il y manque toute la dimension politique, philosophique et spirituelle du roman. Timothée Chalamet n'est pas particulièrement convaincant dans le rôle principal.

Techniquement? Le compositeur Hans Zimmer vient de remporter un Golden Globe pour la qualité de sa trame sonore et la musique se font aisément au enceintes rugissantes de bruits et de fureur. La photographie soignée et détaillée est maximisée par une utilisation astucieuse des contrastes.

Suppléments? Cette édition comprend un disque 4K Ultra HD, un blu-ray et une copie numérique. Les passionnants suppléments totalisant plus d'une heure d'informations comportent une horde de segments sur la création de ce monde unique, l'apport des comédiens, le développement du son et des costumes, les fameux vers, etc.

Au final? Après l'adaptation singulière - et décriée - de David Lynch, celle de Denis Villeneuve se veut plus divertissante et consensuelle, mettant la table pour une suite qui s'annonce épique.

Warner a fourni gratuitement un exemplaire pour cette critique.

Film du jour: Romeo + Juliet

Plus d'un quart de siècle après sa sortie, le Romeo & Juliet (1996) de Baz Luhrmann fait toujours mouche. Entre la réalisation ultra stylisée, les excellents choix musicaux, l'adaptation à la fois fidèle et innovante ou la chimie palpable entre Leonardo DiCaprio et Claire Danes, cette version continue de séduire, privilégiant le spectacle tout en intéressant de nouvelles générations d'adolescents à ce texte classique. ****

Film du jour: The Invisible Man

Il y a eu plusieurs versions de The Invisible Man. La plus amusante et la plus divertissante est certainement celle que James Whale a réalisé en 1933, permettant à Claude Rains de délirer, multipliant les gags les plus insolites. Cela n'empêche pas le climat de malaise de fonctionner à merveille. Le soin apporté aux images et les effets spéciaux de grande qualité complètent la réussite de cet objet hors norme, qui se permet même l'amoralité et le politiquement incorrect. ****

Film du jour: Earwig and the Witch

La perfection n'existe pas. Véritable sommité dans le domaine du cinéma d'animation, le mythique Studio Ghibli s'est pourtant fourvoyé avec Earing and the Witch de Goro Miyazaki. L'animation en trois dimensions manque singulièrement de charme et de personnalité, alors que le scénario prévisible au rythme léthargique emprunte allègrement aux classiques de la boîte, Kiki en tête. Une déception malgré quelques moments rigolos et la fougue contagieuse de son héroïne rebelle. **

Film du jour: The Parson's Widow

The Parson's Widow (1920) est certainement ce que Carl Theodor Dreyer a fait de ce qui se rapproche le plus d'une comédie. Dans ce conte norvégien, un homme n'a aucun autre choix que d'épouser une veuve s'il veut pouvoir un jour marier la femme qu'il aime vraiment. Tous les thèmes du grand cinéaste danois sont en jachère, et si la démonstration demeure un peu trop simple, on sent déjà un immense soin accordé aux images et au montage. ***1/2 

Film du jour: The Tender Bar

George Clooney n'a pas réalisé un seul film vraiment intéressant depuis The Ides of March, il y a plus d'une décennie. Avec The Tender Bar, il plonge dans le roman de J.R. Moehringer sur les tribulations d'un garçon issu d'une classe sociale populaire et de ses relations parfois difficiles au sein de sa famille. Platement scénarisé par William Monahan, le récit prévisible et moralisateur à ses heures est surtout un prétexte à une riche recréation des années 70 et 80. La musique mène le bal et Ben Affleck s'avère particulièrement émouvant en oncle, mais l'ensemble plutôt superficiel ne tarde pas à faire du surplace. Disponible dès aujourd'hui via Amazon Prime Video. **1/2

Film du jour: On connaît la chanson

Pour fuir la grisaille, il n'y a rien de mieux que l'irrésistible On connaît la chanson (1997), le délicieux film d'Alain Resnais qui est brillamment scénarisé par Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui. Le thème des illusions donne lieu à des chassés-croisés savoureux, où les mots fondent littéralement dans la bouche, gracieuseté d'interprètes épatants. Évidemment, ce sont les mélodies qui mènent le bal, s'intégrant parfaitement à l'action grâce à un montage à l'avenant. ****

Film du jour: My Left Foot

Ce qu'on peut s'ennuyer de Daniel Day-Lewis, parti à la retraite beaucoup trop tôt. Malgré son travail exemplaire pour Paul Thomas Anderson, il sera éternellement associé à son rôle dans My Left Foot, où il ne semble pas jouer mais réellement vivre avec une infirmité qui paralyse presque tout son corps. L'acteur oscarisé pour l'occasion élève le niveau de ses partenaires de jeu - Brenda Fricker a également remporté un Oscar en mère dévouée - au sein de ce joli film de Jim Sheridan qui, sans rien révolutionner par la tenue de sa mise en scène ou de son scénario, sera néanmoins difficile à oublier. ****

Film du jour: The Handmaid's Tale

Bien avant la populaire série télévisée, il y avait déjà eu une adaptation cinématographique de The Handmaid's Tale de Margaret Atwood. Écrit par Harold Pinter, réalisé par Volker Schlöndorff (Le tambour) et bénéficiant de la musique de Ryuichi Sakamoto, ce film de 1990 évoquait déjà les dérives d'une société totalitaire. Malgré un rythme défaillant et une conclusion en queue de poisson, le récit ne manque pas de scènes marquantes et la distribution de talent - qui comprend Natasha Richadson, Aidan Quinn, Faye Dunaway et Robert Duvall - tire le maximum de personnages schématisés. ***

Film du jour: Body Snatcher

Même si ce n'est pas l'Halloween, on voudra - si ce n'est déjà fait - découvrir l'adaptation cinématographique de The Body Snatcher (1945). Par l'entremise du mythique cinéaste Robert Wise, la nouvelle de Robert Louis Stevenson devient une oeuvre angoissante gorgées d'ombres morbides et de visions angoissantes. Le scénario sous fond d’obsession et de folie manque quelque peu de mordant, mais ce n'est rien que vient éclipser la présence plus grande que nature de Boris Karloff, qui a même l'occasion de se mesurer à Bela Lugosi. C'est ce qu'on appelle une confrontation au sommet. ***1/2

Film du jour: L'apiculteur

On ne ressort pas indemne de L'apiculteur, un film moins connu de Theo Angelopoulos. Après une introduction magnifique qui mélange longs plans sublimes et images à couper le souffle, le récit suit un homme d'un certain âge (magnifique Marcello Mastroianni) qui erre sur les routes, finissant par s'attacher à une jeune femme volage. La quête se veut ici personnelle et spirituelle, alors que le vide s'empare constamment des êtres et des lieux, comme ce passage inéluctable du temps qui détruit tout. Cela peut donner des moments absurdes et quelque peu redondants qui jouent avec la patience du spectateur, mais également des séquences inoubliables et poignantes, comme cet ultime hommage à la scène d'un cinéma. ***1/2

Film du jour: The New World

En ces temps glaciaux et incertains, on voudra aller se ressourcer dans The New World, l'immense film de Terrence Malick, qui a été vilipendé à sa sortie en 2005. Pourtant il s'agit d'un récit magnifique à bien des égards, poétique et éclatant, qui oppose à la cruauté du monde et des hommes un regard empreint de beauté, d'amour et de nature. La mise en scène exceptionnelle et le grand soin apporté aux images, aux mélodies et aux personnages confèrent un aura particulier à cette production. ****