Le représentant le plus littéraire et le plus romantique de la Nouvelle Vague n'est plus. Éric Rohmer s'est éteint à 89 ans, laissant derrière lui une filmographie unique et fabuleuse, que de nombreuses générations se plairont à découvrir. Grâce à lui, Fabriche Luchini est devenu une star, Emmanuel Mourret fait des films et Marivaux s'est littéralement trouvé un fils adoptif.
Reconnu pour sa (fausse) légèreté, l'un des derniers grands cinéastes de la planète a exploré le sentiment amoureux comme peu de ses contemporains, avec ses cycles et ses contes, cherchant à se rapprocher de l'indescriptible, filmant le temps qui passe avec un amour unique des mots et de la langue.
Au sein d'oeuvres phares dont la plupart se retrouvent très difficilement en format DVD (à moins de sortir le chéquier pour débourser chez Criterion), il est impossible d'oublier Ma nuit chez Maud, La marquise d'O, Perceval le Gallois et la majorité de ces titres cousins ou jumeaux qui traitent de la même obsession.
Même si le cinéaste vieillissait, son travail ne perdait jamais de sa pertinence. Le scandale est grand et presque irréparable que sa dernière pièce maîtresse, Les amours d'Astrée et Céladon, ne soit jamais sorti dans les salles de cinéma régulières du Québec. Il est heureusement possible de combler ce manque et, pourquoi pas, de rattraper sa portion historique toujours aussi fondamentale, composée de L'anglaise et le duc et Triple Agent.
Au sein de ces souvenirs et de ces bribes d'une époque qui est toujours là, la fascination pour Pauline à la plage s'exerce aisément. Le récit, brillant, érotique et décalé, est d'une richesse inouïe, avec son parfum doux-amer qui fait toujours effet, pour le meilleur et juste pour le meilleur.
Après tant d'années à chercher l'amour, le vrai, le seul, l'unique, le metteur en scène peut enfin partir explorer de nouveaux univers, cinématographiquement indescriptibles pour le commun des mortels, où les saisons se succèdent dans le désordre, devenant la bougie d'allumage de ses admirateurs qui, à l'instar d'un Woody Allen, l'auront suivi pendant toutes ces décennies. Au lieu de pleurer son départ, mieux vaut se rappeler ses exploits, et les faire connaître pendant que l'art est toujours présent quelque part dans le cinéma. C'est ce qu'il aurait souhaité.
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