Cela fait des lustres que le cinéma du Canada anglais ne se limite plus
seulement à Porky. Pendant que des
cinéastes mondialement connus alternent les styles et les prix, des
réalisateurs débutant comme Laurie Lynd
(il s’agit de son deuxième long-métrage) préfèrent forger des petits films sur
des sujets plus pointus. C’est le cas de Breakfast With Scot.
L’ancien joueur de
hockey et maintenant analyste pour la télévision, Eric (Tom Cavanagh), vit le
parfait bonheur avec son compagnon Sam (Ben Shenkman). Un jour, la belle-sœur
de ce dernier décède, alors que son propre frère se trouve au Brésil. Contre
toutes attentes, le couple gay se retrouve avec Scot (Noah Bernett) sur les
bras. Ce jeune garçon à la sensibilité débordante n’a que faire des préjugés
extérieurs et il n’hésite pas à s’habiller en femme et à chanter n’importe
quand. Tout pour heurter le code moral d’Eric qui a toujours pris beaucoup de
soin à départager sa vie privée et publique.
Par son titre, Breakfast With Scot semble être un
dérivé de l’excellent Breakfast On Pluto
de Neil Jordan. Il n’en est rien. Il s’agit plutôt d’une comédie grand public
assez prévisible et platement construite, qui fait rire pendant sa première
moitié avant de laisser de glace par la suite. Au début, la prémisse s’active
avec entrain. Un enfant défile comme un chien dans un jeu de quille, se
plaisant à sauter sur les lits, à se déguiser et aller magasiner, de quoi se
mettre à dos quelques adultes et les gens de son entourage. Ces éléments, vifs et
frais, rappellent par moment le très bon Ma
vie en rose d’Alain Berliner.
La suite se veut
nettement moins inspirée. Très évidentes, les grosses ficelles finissent par
devenir collantes. Le ton moralisateur prend alors le dessus, pour ne plus
jamais disparaître avant la fin. La progression de l’histoire est également
quelconque. À un moment donné, le scénario se transforme en un Mighty Ducks fauché avec cette équipe
qui se fait entraîner par un ancien professionnel. Au sein de ces discours de
tolérance et d’acceptation de la différence, il aurait été bénéfique d’explorer
davantage la peur liée à l’homosexualité chez la vie des adultes au lieu de se
concentrer sur l’impact (ou pas) chez les enfants. En revanche,
l’interprétation est dans le ton, et la chimie plutôt éclatante entre Cavanagh
et Bernett.
Breakfast With Scot a tout de la
gentille comédie pour toute la famille qui joue à la télévision les après-midi
de fin de semaine. C’est charmant, bien interprété, avec de l’humour et de la
tendresse. Mais en même temps, le sujet est incroyablement prévisible et
insuffisamment exploité, avec ces morales qui éclatent à tous les tournants. **1/2
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