Grand succès à sa sortie en France en 1980, Inspecteur la Bavure prouve
malheureusement que le temps est parfois la pire ennemie des films. Ce qui
était drôle il y a 28 ans ne l’est plus nécessairement aujourd'hui et c’est le
cas de ce long-métrage à la fois sympathique et énervant.
Grâce à son père,
un homme incompétent (Coluche) est accepté dans la police. Même si son nom
n’est pas François Pignon, il dérègle tout ce qu’il touche. Alors qu’il doit
assurer la protection d’une journaliste (Dominique Lavanant), son don de se
mettre dans le trouble atteint son paroxysme. En effet, il devient de plus en
plus ami avec l’homme (Gérard Depardieu) qu’il doit absolument arrêter !
Claude Zidi adore les flics et la plupart de
ses oeuvres les plus populaires touchent à cette thématique, que ce soient Ripoux et La totale. Déjà, il aborde des thèmes qui feront dates, dont la
filature irrésistible et la corruption policière. Il le fait cependant dans la
farce inutile et inconséquente. La solide réalisation ne permet pas au rythme
d’atteindre sa vitesse de croisière. Au contraire, l’essai a beaucoup de
difficulté à démarrer et les répétitions n’aident pas. Surtout que l’humour
s’adresse presque aux enfants, hormis quelques gags plus soutenus qui se
rapprochent du culte.
Le cinéaste a
travaillé cinq fois avec Coluche et le duo s’entend comme larron et foire. À
tel point que l’acteur peut se permettre de jouer sur le pilote automatique et
de multiplier les mimiques et les cris stridents. Ce qui est drôle cinq minutes
devient lassant après plus de 90 minutes. Gérard Depardieu, beaucoup plus à
l’aise et défendu, arrive trop tardivement pour sauver les meubles. Sa façon de
trop en mettre est toutefois comique. Il est capable de passer d’un ange au
démon en l’espace de quelques secondes, ce qui offre un peu de tension à cette
histoire qui en a bien besoin.
Inspecteur la Bavure est un
produit de son temps. Ce qui est important est le plaisir immédiat et le rire
en boîte. Bien entendu, il y a plusieurs séquences d’une drôlerie irrésistible,
dont celle où le policier doit composer avec une poupée gonflable. Sauf que ces
bons sketchs ne forment pas nécessairement un tout cohérent et satisfaisant. Au
contraire, la composition de Coluche énerve rapidement et c’est à se demander
ce qu’un Pierre Richard aurait pu faire dans de telles situations. Si la vue se
visionne aisément, elle s’oublie tout aussi rapidement et il ne s’agit
certainement pas du meilleur film de Claude Zidi. Lorsque le plaisir – relatif
– demeure éphémère. **1/2
À la Cinémathèque
québécoise.
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