Un mois ne passe sans qu’un film
mettant en vedette Laurent Lafitte
ne prenne l’affiche au cinéma au Québec. Plus tôt cette année, il y a eu L’art de la fugue, Papa ou maman, Elle l’adore
et Incompatibles (De l’autre côté du périph).
Véritable acteur caméléon, celui
qui est également humoriste à ses heures se retrouve dans la comédie dramatique
Tristesse Club de Vincent Mariette,
où il partage la vedette avec Ludivine Sagnier et Vincent Macaigne. Un trio de
choc qui tente d’éclaircir la mort soudaine et inespérée de leur père.
Pour en savoir davantage, je me
suis entretenu avec le polyvalent interprète.
Qu’est-ce qui vous intéressait dans Tristesse Club?
« Il y a un humour sobre,
nostalgique et mélancolique, assez référencé années 80, qui n’est pas écrit que
pour faire rire. C’est une histoire intime et le réalisateur a choisi de la
raconter sous l’angle de la comédie pour la rendre digeste. J’aime beaucoup ce
film parce qu’il est très tendre et très touchant, très pudique aussi. »
Il est très imprévisible, aussi…
« Oui,
c’est vrai. Et le trio fonctionne très bien. Le réalisateur a réuni des acteurs
qui sont tous très différents. Et les personnages aussi sont très différents.
Ils sont tous réunis par cette quête du père. C’est un peu le cas dans la vie.
On était tous très différents, mais on était là par notre amour de ce scénario. »
Ludivine et Vincent ont l’air d’occuper
presque tout l’écran. Est-ce que vous arrivez également à prendre votre place?
« Je ne sais
pas. Dans le travail, oui. Je suis bon camarade, mais je ne suis pas effacé. Si
des choses ne me conviennent pas ou si j’ai l’impression de ne pas avoir assez
de place, je le dis. Là, je n’ai pas eu le besoin de dire ça. Ils sont un peu
plus jeunes que moi. Grosso modo, ce sont des acteurs de la même génération. On
n’est pas dans un combat d’ego. Surtout pour un petit film comme ça qui a été
tourné très vite, en cinq semaines, sans argent. Quand on est là, c’est parce
qu’on a envie de faire un film qu’on aime. On est tous là pour les bonnes
raisons. »
Je crois que Tristesse Club s’inscrit dans la nouvelle forme du cinéma français…
« Oui, un
nouveau mouvement avec Tonnerre, La fille du 14 juillet et Les combattants. Il y a toute une
génération de cinéastes du cinéma d’auteur qui arrivent et qui font
différemment de ce que la génération précédente faisait, à part quelques
exceptions comme Desplechin ou Jacquot. C’est un nouveau cinéma d’auteur
français qui a beaucoup digéré le cinéma américain et le cinéma anglo-saxon et
du coup, il y a une forme d’efficacité dans la structure du récit qui est un
peu nouvelle. Mais avec une profondeur, une psychologie, une retenue typique de
l’écriture du cinéma d’auteur français. Je pense que c’est ce mélange-là qui
est un peu nouveau. »
En espérant que ce mouvement puisse durer
et porter ses fruits…
« Oui. J’espère
juste qu’ils ne vont pas s’enfermer et qu’il ne va pas y avoir un nouveau
snobisme du nouveau cinéma français. C’est pour ça que je suis content qu’un
réalisateur comme Vincent Mariette fasse appel à des comédiens comme moi qui
fait aussi des films populaires. Je ne suis pas vraiment dans le sérail du
cinéma d’auteur. Ça serait dommage que ce cinéma-là s’enferme sur lui-même.
Mais je n’ai pas l’impression que c’est ça qui est en train de se passer. Il
faut aussi que les acteurs qui font des films plus populaires acceptent d’aller
ailleurs. Il y en a plein qui sont prêts à le faire, mais ils ne reçoivent pas
les scénarios. »
Papa
ou maman, Elle l’adore, Tristesse Club… Vous travaillez beaucoup
avec des nouveaux réalisateurs. Leurs visions apportent une certaine fraîcheur?
« Oui.
J’aime bien, parce que le réalisateur est toujours celui qui connaît le mieux
son film. Et le fait d’être un réalisateur qui n’a pas beaucoup tourné et d’être
avec un acteur comme moi qui a beaucoup tourné, ça crée un point d’équilibre
que je trouve intéressant. Moi je fais une confiance totale parce qu’il connaît
le film mieux que moi et lui il me fait confiance car j’ai plus tourné que lui. »
Pourquoi lorsqu’un comédien vient de la Comédie Française,
on le mentionne automatiquement à l’écran lorsque son nom apparaît?
« C’est contractuel. Quand
on rentre à la Comédie Française,
on signe un contrat et quand on travaille, il faut spécifier que tout le
travail qu’on fait à l’extérieur, il doit avoir cette mention pour rappeler
qu’on fait parti de la troupe. C’est une manière de faire parler de la troupe.
Et ça marche plutôt bien. »
Le cinéma québécois, vous connaissez?
« Très peu. Mais il est peu
ou voir pas du tout distribué en France, sauf deux ou trois réalisateurs. C’est
dommage, d’ailleurs. Il y a Dolan, évidemment. Disons que sauf pour les films
qui ne sont pas dans le circuit des festivals internationaux, on ne les reçoit
pas. Ici, je sais que vous, vous intéressez au cinéma français, mais la
réciprocité est moins évidente. Ce n’est pas très poli, en plus."