jeudi 30 juillet 2015

Laurent Lafitte nous parle de Tristesse Club

Un mois ne passe sans qu’un film mettant en vedette Laurent Lafitte ne prenne l’affiche au cinéma au Québec. Plus tôt cette année, il y a eu L’art de la fugue, Papa ou maman, Elle l’adore et Incompatibles (De l’autre côté du périph).


Véritable acteur caméléon, celui qui est également humoriste à ses heures se retrouve dans la comédie dramatique Tristesse Club de Vincent Mariette, où il partage la vedette avec Ludivine Sagnier et Vincent Macaigne. Un trio de choc qui tente d’éclaircir la mort soudaine et inespérée de leur père.

Pour en savoir davantage, je me suis entretenu avec le polyvalent interprète.

Qu’est-ce qui vous intéressait dans Tristesse Club?
« Il y a un humour sobre, nostalgique et mélancolique, assez référencé années 80, qui n’est pas écrit que pour faire rire. C’est une histoire intime et le réalisateur a choisi de la raconter sous l’angle de la comédie pour la rendre digeste. J’aime beaucoup ce film parce qu’il est très tendre et très touchant, très pudique aussi. »

Il est très imprévisible, aussi…
« Oui, c’est vrai. Et le trio fonctionne très bien. Le réalisateur a réuni des acteurs qui sont tous très différents. Et les personnages aussi sont très différents. Ils sont tous réunis par cette quête du père. C’est un peu le cas dans la vie. On était tous très différents, mais on était là par notre amour de ce scénario. »

Ludivine et Vincent ont l’air d’occuper presque tout l’écran. Est-ce que vous arrivez également à prendre votre place?
« Je ne sais pas. Dans le travail, oui. Je suis bon camarade, mais je ne suis pas effacé. Si des choses ne me conviennent pas ou si j’ai l’impression de ne pas avoir assez de place, je le dis. Là, je n’ai pas eu le besoin de dire ça. Ils sont un peu plus jeunes que moi. Grosso modo, ce sont des acteurs de la même génération. On n’est pas dans un combat d’ego. Surtout pour un petit film comme ça qui a été tourné très vite, en cinq semaines, sans argent. Quand on est là, c’est parce qu’on a envie de faire un film qu’on aime. On est tous là pour les bonnes raisons. »

Je crois que Tristesse Club s’inscrit dans la nouvelle forme du cinéma français…
« Oui, un nouveau mouvement avec Tonnerre, La fille du 14 juillet et Les combattants. Il y a toute une génération de cinéastes du cinéma d’auteur qui arrivent et qui font différemment de ce que la génération précédente faisait, à part quelques exceptions comme Desplechin ou Jacquot. C’est un nouveau cinéma d’auteur français qui a beaucoup digéré le cinéma américain et le cinéma anglo-saxon et du coup, il y a une forme d’efficacité dans la structure du récit qui est un peu nouvelle. Mais avec une profondeur, une psychologie, une retenue typique de l’écriture du cinéma d’auteur français. Je pense que c’est ce mélange-là qui est un peu nouveau. »


En espérant que ce mouvement puisse durer et porter ses fruits…
« Oui. J’espère juste qu’ils ne vont pas s’enfermer et qu’il ne va pas y avoir un nouveau snobisme du nouveau cinéma français. C’est pour ça que je suis content qu’un réalisateur comme Vincent Mariette fasse appel à des comédiens comme moi qui fait aussi des films populaires. Je ne suis pas vraiment dans le sérail du cinéma d’auteur. Ça serait dommage que ce cinéma-là s’enferme sur lui-même. Mais je n’ai pas l’impression que c’est ça qui est en train de se passer. Il faut aussi que les acteurs qui font des films plus populaires acceptent d’aller ailleurs. Il y en a plein qui sont prêts à le faire, mais ils ne reçoivent pas les scénarios. »

Papa ou maman, Elle l’adore, Tristesse Club… Vous travaillez beaucoup avec des nouveaux réalisateurs. Leurs visions apportent une certaine fraîcheur?
« Oui. J’aime bien, parce que le réalisateur est toujours celui qui connaît le mieux son film. Et le fait d’être un réalisateur qui n’a pas beaucoup tourné et d’être avec un acteur comme moi qui a beaucoup tourné, ça crée un point d’équilibre que je trouve intéressant. Moi je fais une confiance totale parce qu’il connaît le film mieux que moi et lui il me fait confiance car j’ai plus tourné que lui. »

Pourquoi lorsqu’un comédien vient de la Comédie Française, on le mentionne automatiquement à l’écran lorsque son nom apparaît?
« C’est contractuel. Quand on rentre à la Comédie Française, on signe un contrat et quand on travaille, il faut spécifier que tout le travail qu’on fait à l’extérieur, il doit avoir cette mention pour rappeler qu’on fait parti de la troupe. C’est une manière de faire parler de la troupe. Et ça marche plutôt bien. »

Le cinéma québécois, vous connaissez?
« Très peu. Mais il est peu ou voir pas du tout distribué en France, sauf deux ou trois réalisateurs. C’est dommage, d’ailleurs. Il y a Dolan, évidemment. Disons que sauf pour les films qui ne sont pas dans le circuit des festivals internationaux, on ne les reçoit pas. Ici, je sais que vous, vous intéressez au cinéma français, mais la réciprocité est moins évidente. Ce n’est pas très poli, en plus."

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