Servants du Slovaque Ivan Ostrochovsky possède presque tout pour lui: un sujet en or qui confronte communisme et religion, des élans de film noir, une magnifique photographie en noir et blanc, un format d'image qui évoque l'enferment, de la musique stridente de circonstance. Cela a toutefois tendance à laisser le spectateur à l'extérieur de l'équation, lui qui admirera cet exercice lent et posé d'austérité (on pense parfois à Bresson) sans y participer réellement, sans s'y investir émotionnellement. Le climat d'étrangeté, l'ambiance étouffante presque horrifique et le scénario elliptique plaira toutefois aux amateurs des supérieurs Ida et Cold War. ***1/2
Plus doux et harmonieux est Apples de Christos Nikou, qui relate l'existence nouvelle d'un amnésique. Combinant le drame mélancolique à la comédie décalée, ce récit au rythme laborieux prend son temps avant de dévoiler ses charmes. Laissant tout le temps de l'analyser sur le plan politique, comme cette Grèce obligée d'écouter les instructions d'instances «supérieures» et qui désire seulement se reconnecter sur elle-même, ce présent qui permet de renaître. Puis vient une vague d'humanité qui rend l'âme plus légère et les yeux tristes. ***
L'oubli est également au coeur de Night Has Come de Peter Van Goethem, un essai sur la mémoire qui navigue allègrement entre les époques et les états d'esprit du narrateur. Ses mots peuvent parfois être trop envahissants, ils accompagnent néanmoins convenablement les étonnantes archives de la Cinémathèque royale de Belgique, déployant un univers unique et souvent anxiogène où un mystérieux virus détruit les souvenirs ambiants. Difficile d'être plus d'actualité. ***
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