Le Centre Phi souligne le 10e anniversaire en repassant La vie des autres, cet excellent film de Florian Henckel von Donnersmarck sous fond d'espionnage et de guerre froide. Voici ma critique publiée à sa sortie...
« La perte d’intimité et la conscience du beau tourmentent les
protagonistes de La Vie des autres (Das Leben der Anderen), le représentant
de l’Allemagne comme « meilleur film étranger » aux prochains Oscars.
Touchant.
La vie n’est guère aisée en République Démocratique de l’Allemagne au
cours des années 1980. Pratiquement tout le monde est sur écoute et les gens
plus subversifs sont rapidement interrogés. L’État soupçonne l’auteur Georges
Dreyman (Sebastian Koch) et sa compagne l’actrice Christa-Maria Sieland
(Martina Gedeck) d’avoir des liens avec des journaux de l’Ouest. Il décide donc
de les espionner. Le projet est confié à l’expérimenté Wiesler (Ulrich Mühe),
un professionnel de l’interrogation. Lorsque ce dernier découvre des preuves
compromettantes, il n’avise pas immédiatement ses supérieurs. Il préfère
prendre des notes, énigmatiquement, jusqu’au jour où ses patrons décident
d’enrayer la situation…
Ce n’est guère un hasard si La Vie
des autres a remporté une multitude de prix sur son passage. L’intrigue,
qui peut préalablement rappeler celle de The
Conversation, emprunte son propre fil tout en explorant plusieurs chemins
intéressants. Il y a bien entendu ce pays divisé, renfermé sur lui-même,
intransigeant aux critiques intérieures et fermant les yeux sur le nombre
incroyablement élevé de suicides. Un arrière-plan décisif dans le destin des
personnages, un climat de tension atteignant son paroxysme lors des séances de
questions. À ce chapitre, le film démarre brusquement et brillamment pour
poursuivre plus lentement, prenant tout son temps pour développer les
différentes figures.
Cet opus de Florian Henckel von Donnersmarck est surtout pertinent pour
son exploration de la psyché humaine et de l’espoir qui peut découler de la
beauté lorsque les jours semblent si gris. Les arts et les discussions
d’intellectuels bouleversent les mœurs préétablis, permettant un réajustement
des valeurs. Des éléments profonds et tempérés qui font de Wiesler un symbole
si important. Même s’il prend légèrement moins d’importance au milieu de l’intrigue,
le rôle défendu avec brio par Ulrich Mühe séduit tout en intrigant. Ses
motivations, multiples, ne sont pas immédiatement identifiables et l’acteur
demeure discret au lieu d’épater la galerie. Il est appuyé par des très bonnes
prestations de Sebastian Koch et de Martina Gedeck qui s’avèrent un couple
crédible, entre bonheur et trahison.
L’implacable réalité les fera tous souffrir et le destin – arrangé ou
non – ne pourra pas toujours les sauver. S’il faut être ravi par un
retournement de situations, il est un peu dommage que l’intrigue peine à se
terminer. Malgré trois ou quatre conclusions possibles, la finale s’étire à
outrance, brûlant au passage les mérites passés. La trame narrative n’atteint
pas toujours son rythme de croisière et lorsqu’un élément politisé apparaît, il
est souvent laissé de côté pour mettre l’emphase sur ce couple qui se détruit à
petit feu. Un choix compréhensible qui n’est pas toujours pour le mieux.
Avec des œuvres de très grandes qualités comme Good Bye, Lenin! et La Vie
des autres, le cinéma allemand qui arrive sur les écrans québécois arrive
largement à faire oublier des demi-succès (Sophie
Scholl) et des échecs populistes (The
Edukators). Pour sa réalisation touchante quoiqu’un peu académique, Florian
Henckel von Donnersmarck a décidé de privilégier les émotions humaines au
détriment du tape à l’œil propre au sujet (pesant La Chûte). Heureuse idée, son travail n’en est que meilleur. La perte d’intimité et la conscience du beau tourmentent les
protagonistes de La Vie des autres (Das Leben der Anderen), le représentant
de l’Allemagne comme « meilleur film étranger » aux prochains Oscars.
Touchant.
La vie n’est guère aisée en République Démocratique de l’Allemagne au
cours des années 1980. Pratiquement tout le monde est sur écoute et les gens
plus subversifs sont rapidement interrogés. L’État soupçonne l’auteur Georges
Dreyman (Sebastian Koch) et sa compagne l’actrice Christa-Maria Sieland
(Martina Gedeck) d’avoir des liens avec des journaux de l’Ouest. Il décide donc
de les espionner. Le projet est confié à l’expérimenté Wiesler (Ulrich Mühe),
un professionnel de l’interrogation. Lorsque ce dernier découvre des preuves
compromettantes, il n’avise pas immédiatement ses supérieurs. Il préfère
prendre des notes, énigmatiquement, jusqu’au jour où ses patrons décident
d’enrayer la situation…
Ce n’est guère un hasard si La Vie
des autres a remporté une multitude de prix sur son passage. L’intrigue,
qui peut préalablement rappeler celle de The
Conversation, emprunte son propre fil tout en explorant plusieurs chemins
intéressants. Il y a bien entendu ce pays divisé, renfermé sur lui-même,
intransigeant aux critiques intérieures et fermant les yeux sur le nombre
incroyablement élevé de suicides. Un arrière-plan décisif dans le destin des
personnages, un climat de tension atteignant son paroxysme lors des séances de
questions. À ce chapitre, le film démarre brusquement et brillamment pour
poursuivre plus lentement, prenant tout son temps pour développer les
différentes figures.
Cet opus de Florian Henckel von Donnersmarck est surtout pertinent pour
son exploration de la psyché humaine et de l’espoir qui peut découler de la
beauté lorsque les jours semblent si gris. Les arts et les discussions
d’intellectuels bouleversent les mœurs préétablis, permettant un réajustement
des valeurs. Des éléments profonds et tempérés qui font de Wiesler un symbole
si important. Même s’il prend légèrement moins d’importance au milieu de l’intrigue,
le rôle défendu avec brio par Ulrich Mühe séduit tout en intrigant. Ses
motivations, multiples, ne sont pas immédiatement identifiables et l’acteur
demeure discret au lieu d’épater la galerie. Il est appuyé par des très bonnes
prestations de Sebastian Koch et de Martina Gedeck qui s’avèrent un couple
crédible, entre bonheur et trahison.
L’implacable réalité les fera tous souffrir et le destin – arrangé ou
non – ne pourra pas toujours les sauver. S’il faut être ravi par un
retournement de situations, il est un peu dommage que l’intrigue peine à se
terminer. Malgré trois ou quatre conclusions possibles, la finale s’étire à
outrance, brûlant au passage les mérites passés. La trame narrative n’atteint
pas toujours son rythme de croisière et lorsqu’un élément politisé apparaît, il
est souvent laissé de côté pour mettre l’emphase sur ce couple qui se détruit à
petit feu. Un choix compréhensible qui n’est pas toujours pour le mieux.
Avec des œuvres de très grandes qualités comme Good Bye, Lenin! et La Vie
des autres, le cinéma allemand qui arrive sur les écrans québécois arrive
largement à faire oublier des demi-succès (Sophie
Scholl) et des échecs populistes (The
Edukators). Pour sa réalisation touchante quoiqu’un peu académique, Florian
Henckel von Donnersmarck a décidé de privilégier les émotions humaines au
détriment du tape à l’œil propre au sujet (pesant La Chûte). Heureuse idée, son travail n’en est que meilleur. » ****