lundi 26 novembre 2012

Pour en finir avec la «crise»

C'est quoi cette fausse crise du propriétaire des cinémas Guzzo qui trouve que les films québécois ne lui rapportent pas assez d'argent? Depuis quand est-ce que l'art est supposé être synonyme d'argent? Ce n'est pas là pour enrichir la culture d'un pays? Et est-ce qu'il y a eu un seul film québécois qui a fait ses frais? Bien sûr que non, il n'y a pas la population nécessaire pour faire vivre une industrie rentable.

Cette «crise», cyclique, n'est pas nouvelle. Elle réapparaît tous les 2-3 ans lorsqu'un succès se fait attendre. Pourtant, en y regardant de plus près, les très bons films québécois sont nombreux cette année: Rebelle, L'affaire Dumont, Camion. Et il y en a plus lorsqu'on pense à tous ces documentaires que presque personne ne voit, comme Over My Dead Body.

Déjà, dans mon livre Arrêt sur l'image qui a été publié plus tôt cette année, j'abordais cette problématique, entre le désir de créer une industrie cinématographique viable et de la nécessité de faire de l'art pour laisser quelque chose aux générations suivantes. À ce chapitre, nos plus grands créateurs s'expriment sur cette question.

Je reprends d'ailleurs une citation de Louis Bélanger, qui a entre autre offert l'excellent Gaz Bar Blues.

« On a tendance à mélanger un bon film avec ce qu'il a engrangé en recettes. Je pense qu'un bon film est un film qui va être mis dans les voûtes de la Cinémathèque québécoise et dans quinze ou vingt ans, il va encore parler, il va informer sur la société dans laquelle on vivait. Le devoir de citoyen d’un cinéaste est ne pas oublier à qui tu t’adresses. Si tout ce qui nous reste, c’est qu'ils faisaient des maudites bonnes jokes dans les années 1990 et 2000, qu’on était une méchante belle gang de comiques, je pense qu'on va avoir raté notre mission… »

Et celle d'Yves Christian Fournier, le cinéaste derrière l'éblouissant Tout est parfait et qui attend toujours de pouvoir tourner un nouveau film...

« Quand un gars qui possède des salles comme Guzzo dit qu'au cours des deux dernières années, le cinéma québécois est disparu, ça me lève le cœur. C’est de la malhonnêteté. Le cinéma québécois existe à travers le monde à cause des films d’auteur. Et au contraire, à travers les produits commerciaux, il N’EXISTE PAS intrinsèquement. »

Pour les personnes intéressées, Arrêt sur l'image se trouve dans plusieurs points de vente, dont la Cinémathèque québécoise, le Cinéma du Parc et Renaud-Bray. N'hésitez pas à le demander à votre librairie préférée (ou directement à moi, si vous voulez la dédicace!), parce que ça ferait un excellent cadeau de Noël!

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