mardi 31 juillet 2012

À voir (ou pas): Laurentie, I'm Yours, Servitude, Les géants, To Rome With Love, Step Revolution

En congé mais Fantasia n'est pas dans vos goût? Voici quelques films à voir ou à éviter pour bien profiter de la climatisation, loin de la chaleur ambiante.

Laurentie: Un petit film indépendant qui brasse toutes les questions du Québec moderne. Une importe oeuvre coup de poing à ne pas manquer. Radical, peut-être trop, même. ***1/2 (DVD)

Les géants: La fragilité de l'été de trois adolescents qui passeront à l'âge adulte au fil de leurs rencontres. Lent, inspirant, d'une grande beauté: ce road-movie fait du bien malgré quelques baisse de régime. ***1/2 (en salles)

To Rome With Love: Un Woody Allen satirique, plus comique que dramatique, qui met de bonne humeur et ce, même si on connaît la formule par coeur. Pourquoi pas? *** (en salles)

I'm Yours: Un autre road-movie, bavard et parsemé d'invraisemblances celui-là, que la radieuse Karine Vanasse n'arrive pas à sauver. ** (DVD)

Servitude: Un long métrage sur le service à restauration qui tombe rapidement à plat. Une comédie plus ou moins inspirée malgré quelques scènes rigolotes. ** (DVD)

Step Up Revolution: Un 4e épisode de Step Up, toujours avec aucune histoire, des comédiens mal dirigés et des dialogues indigestes. Les séquences dansées sont potables, mais il ne s'agit toujours pas de cinéma. *1/2 (en salles)

Film du jour: Le Doulos

Tout le monde joue un double-rôle. C'est la seule phrase qu'il faut prendre en considération dans le merveilleux film noir Le Doulos de Jean-Pierre Melville où un indicateur de police travaille à faire tomber un ami malfrat. L'histoire simple mais haletante est rehaussée par un grand soin apporté aux images (en noir et blanc, comme les personnages qui sont tiraillés par l'ombre et la lumière), de la musique jazz qui amène beaucoup d'atmosphère, une réalisation subtilement impressionnante qui ne manque pas de longs plans et une interprétation tout à fait dans le ton de comédiens expérimentés (Belmondo, Reggiani, Piccoli). De quoi beaucoup s'amuser au final. ****

lundi 30 juillet 2012

Films pour les Jeux olympiques

En phase avec les Jeux olympiques de Londres, voici cinq films à voir, pour les amateurs de sports... ou pas.

Ma sélection se retrouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: La notte

Titre le plus difficile à trouver en DVD d'Antonioni dans sa trilogie sur la solitude, l'ennui et l'incommunicabilité, La notte est également un de ses plus beaux chefs-d'oeuvre. Moins hermétique que d'autres de ses fresques (quoique...), peut-être moins subtile au niveau des symboles, cette histoire d'amour damnée entre Marcello Mastroiani et Jeanne Moreau hypnotise par son rythme lancinant, la construction éblouissante de sa mise en scène, le jeu minimaliste de ses interprètes et sa façon de plonger dans l'âme humaine pour décrire tous les problèmes qui peuvent exister entre un homme et une femme. Une voyage hors de l'ordinaire que le cinéphile gardera près de lui pendant le restant de sa vie. *****

dimanche 29 juillet 2012

Top 5 Vince Vaughn

Pour accompagner la sortie du film The Watch (que je n'ai pas vu et dont les critiques sont catastrophiques), voici mon top 5 de mes films préférés mettant en vedette Vince Vaughn.

Mon palmarès se retrouve sur le site de Cineplex.

Film du jour: Chariots of Fire

Parfait pour les Jeux olympiques de Londres, Chariots of Fire est ce très beau film de Hugh Hudson qui ressasse l'entraînement et l’acharnement de deux hommes qui courent leur vie. Réalisé de façon classique mais avec soin, ce long métrage à la fois social et humaniste peut compter sur des belles prestations de comédiens convaincus et une trame sonore légendaire de Vangelis qui a marqué son époque. Même si le traitement peut parfois couper les coins ronds sur la psychologie des personnages, le résultat ne manque pas d'intérêt. ****

samedi 28 juillet 2012

Entrevue avec Bouli Lanners pour Les géants

Acteur mais également réalisateur, Bouli Lanners débarque avec son troisième long métrage, l'ensoleillé Les géants, où il filme l'été de tous les dangers de trois adolescents laissé à eux-mêmes.

J'ai pu discuter avec le sympathique cinéaste lors d'un échange téléphonique depuis la Belgique.

Mon entrevue se retrouve dans les pages du Métro.

Film du jour: À nous la liberté

Il n'y a pas seulement Chaplin, Keaton et les Marx Brothers. René Clair a développé son propre style humoristique qui a atteint des sommets dans À nous la liberté, cette fable sur deux prisonniers aux parcours différents: le premier arrive à s'échapper et à faire fortune, alors que le second doit demeurer incarcérer. Qui sait ce qui va leur arriver à leur prochaine rencontre... Drôle, léger et avec plein d'imagination, cette chronique sociale fait mouche à chaque plan avec ses chansons, sa fantaisie et ses fabuleux comédiens. Une oeuvre gentille et délirante comme il ne s'en fait plus. ****1/2

vendredi 27 juillet 2012

The Dark Knight Rises : plus haut mais pas plus loin


Il fallait s’y attendre. «The Dark Knight Rises» vient à peine de sortir que les fans crient au génie et au chef-d’oeuvre, l’érigeant pratiquement au même titre que «Citizen Kane» et «The Godfather». S’il s’avère effectivement une superproduction de qualité supérieure (surtout en le comparant à «Battleship» et autres «Dark Shadows»), une légère déception se fait ressentir. Surtout chez quelqu’un qui a toujours apprécié le travail de Christopher Nolan.

Surpasser «The Dark Knight» était pratiquement impossible. Après un premier tome longuet qui posait les bases de la trilogie, le second épisode faisait tout éclater avec son méchant parfait, ses personnages fascinants (ah, Harvey Dent!), ses conflits moraux dantesques et ses scènes d’action réglées au quart de tour. Même en multipliant les visionnement, il était plus difficile de s’ennuyer devant ce qui demeure facilement un des meilleurs films de super-héros de tous les temps. La conclusion arrive enfin et elle devait être du même moule. Surtout que son cinéaste a eu le temps d’explorer autre chose avec son époustouflant «Inception».

L’histoire symbiose les deux précédentes aventures de la chauve-souris masquée. Batman (Christian Bale) et son alter ego Bruce Wayne doit apprendre à se relever s’il veut repousser le terriblement menaçant Bane (Tom Hardy), un terroriste à la force gigantesque qui rêve de détruire Gotham City. Sa route sera parsemée de nouvelles rencontres, notamment avec un jeune policier idéaliste (Joseph Gordon-Levitt), une femme chat envoûtante (Anne Hathaway) et une environnementaliste convaincue (Marion Cotillard).

Christopher Nolan n’a jamais fait dans la demi-mesure. Il accouche ici de son Batman le plus long (165 minutes) et le plus ambitieux à ce jour. Trop, peut-être, tant les personnages se multiplient, n’ayant pas l’opportunité d’être développés en conséquence. Est-ce que la sortie du DVD cacherait un «director’s cut» de trois heures? C’est presque à souhaiter tant les coins sont souvent coupés ronds, que ce qui se devait d’être complexe s’avère en fait linéaire et superficiel. Si cela a fonctionné pour Kenneth Lonergan et son exquis «Margaret», pourquoi pas pour Nolan?

On reconnaît ici la touche d’un auteur qui n’a pas peur de traiter de thèmes graves et importants (le capitalisme sauvage, la notion de l’héroïsme lors des jours sombres, la nécessité de participer à une société certes imparfaite mais primordiale pour le bon fonctionnement de l’humanité, etc.) au sein d’une grosse production à effets spéciaux et au budget de plus de 200 millions de dollars. À ce chapitre, le créateur de «Following» s’en sort plutôt bien. Sa mise en scène est réglée au quart de tours, son rythme est haletant et ses affrontements son spectaculaires à souhait.

En analysant un peu la bête, on sent toutefois qu’elle est loin d’être parfaite. Les trous scénaristiques sont nombreux, plus que dans les précédents efforts du chevalier noir. Batman semble omniprésent, au même titre que le flic incarné par Joseph Gordon-Levitt qui doit bien être le seul policier de Gotham à travailler. Les invraisemblances sont nombreuses et presque normales dans ce type de récit, mais à ce point? Surtout que la belle pyramide que Nolan a dressée depuis les débuts s’affaisse quelque peu. L’action a tendance à prendre le dessus sur la réflexion, les échanges sont encore plus moralisateurs qu’avant, l’humour y est pratiquement inexistant, la finesse des enjeux manque cette fois de subtilité, la progression se veut assez prévisible et même la belle partition musicale d’Hans Zimmer est identique à 90% à celle de «The Dark Knight».

Malgré des interprétations irréprochables, les personnages manquent quelque peu de saveur. Gary Oldman, Michael Caine et Morgan Freeman sont de grands acteurs, sauf que leurs présences demeurent au final mécanique, n’ayant comme unique fonction que de titiller la conscience du héros et des gens qui l’entourent. Le Batman en question a toujours été fade et Christian Bale module son jeu à celui des précédentes versions. Ne pouvant faire oublier le légendaire Joker de Heath Ledger, le Bane de Tom Hardy la joue beaucoup plus physique. Encore là, son sort laisse complètement indifférent. Il n’est que le Mal infini, ne possédant aucune réelle profondeur. Et pourquoi l’avoir affublé d’une voix de grand-père qui est, pour demeurer poli, assez ridicule? Sa façon de parler devait être l’instrument de sa personnalité. Mais comme les essais tests n’ont pas été concluants (des spectateurs se plaignaient de ne pas tout comprendre), sa voix a été modifiée, empêchant du coup de le prendre totalement au sérieux. Les autres «petits nouveaux» souffrent également de ces syndromes de laissés-pour-compte, étant tour à tour unidimensionnel (le personnage que campe Marion Cotillard), inutile (la femme chat égoïste d’Anne Hathaway) et guère élaboré (celui de Joseph Gordon-Levitt qui personnifie trop aisément l’innocence perdue).

Cela dit, «The Dark Knight Rises» n’est pas un mauvais long métrage. Au rayon du film d’action divertissant avec de la substance, le résultat vole plus haut que «The Avengers» et «Prometheus». Christophe Nolan n’aura pourtant jamais paru aussi pompeux dans sa façon d’explorer – encore et toujours – ces histoires qui se répètent jusqu’à l’infini («Memento», «The Prestige», «Inception»). On pourra y dresser tous les parallèles qui nous intéressent – ses liens avec l’actualité, son utilitariste presque militaire, ses sous-entendus avec le 11 septembre comme au moins 50 autres films qui sortent à chaque année. Cela ne rend pas le résultat final unique pour autant. Ou même irréprochable.

jeudi 26 juillet 2012

Entrevues Step Up Revolution

Nouveau film de danse, Step Up Revolution (alias Step Up 4) prend l'affiche demain, au grand plaisir des jeunes adolescents et adolescentes en mal de sensations fortes.

Pour l'occasion, je me suis entretenu avec le danseur Stephen «tWitch» Boss et le chorégraphe Christopher Scott.

Ma première entrevue se trouve sur le site du Métro.

Ma seconde figure sur le site de Cineplex.

Film du jour: 11/25 The Day Mishima Chose His Own Fate

Il y a des sujets forts qui sont littéralement brûlés par la faiblesse de leur mise en scène et des prestations inégales de leur distribution. 11/25 The Day Mishima Chose His Own Fate du réalisateur culte Kôji Wakamatsu s'inscrit dans cette mouvance. Raconter la fin de la vie du célèbre écrivain Mishima qui a troqué la littérature pour la résistance est fascinant, tout comme l'inclusion d'images d'archives. Le film s'inscrit parfaitement dans son époque même s'il s'est déroulé 40 ans plus tôt. Cependant, en tant qu'objet de cinéma, le long métrage fait pitié. Sa réalisation est rudimentaire, son traitement extrêmement brouillon et le spectateur n'arrive jamais à comprendre ce qui motivait son protagoniste. Au lieu d'être complexe, Mishima est décrit comme un être en une seule dimension qui fonce, tête baissée, vers l'abattoir. De quoi vouloir revoir la beaucoup plus réussie version de Paul Schrader. **

P.S.: Oui, c'est promis, demain, je vais parler de The Dark Knight Rises avec une longue critique!

mercredi 25 juillet 2012

DVD: Detachment, Keyhole, Jiro rêve de sushi, Footnote, La permission de minuit, Angèle et Tony, Salmon Fishing in the Yemen, Art/Crime, StreetDance 2

Pendant que The Dark Knight Rises est la sensation de l'heure (une critique à ce sujet devrait être publiée d'ici la fin de semaine), les sorties dvd et blu-ray se déroulent normalement...

Detachment: Sorte de Monsieuz Lazhar américain, ce film du créateur de American History X surprend par la qualité de sa réalisation, l'acuité de ses thèmes et la performance magistrale d'Adrian Brody. ***1/2

Keyhole: Guy Maddin revient avec un nouveau délire qui mélange fantômes, polar, cauchemars et fantasmes. Pas son meilleur opus, mais un titre qui mérite tout de même le détour. ***1/2

Jiro rêve de sushi: Plat exquis sur un célèbre cuisinier japonais, ce documentaire de David Gelb donne l'eau à la bouche et enchante les oreilles avec son excellente trame sonore. ***1/2

Footnote: La famille est au coeur de cet essai verbeux de Joseph Cedar qui fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire rire. Sans crier au génie, il faut avouer que sa mission est réussie. ***

La permission de minuit: L'amitié entre un dermatologue et un adolescent séduit dans ce drame de Delphine Gleize où Vincent Lindon donne le meilleur de lui-même. ***

Angèle et Tony: Social et romance font bon ménage dans ce premier long métrage d'Alix Delaporte qui peut compter sur d'excellentes prestations de Clotilde Hesme et de Grégory Gadebois. ***

Salmon Fishing in the Yemen: Même si le dernier effort de Lasse Hallstrom va dans tous les sens (satire, comédie romantique, thriller politique, etc.), le résultat est loin d'être désagréable. ***

Art/Crime: Documentaire sur Rémy Couture, ce maquilleur d'effets spéciaux qui a été arrêté par la police pour des raisons obscures, l'ensemble par rapidement dans tous les sens, cernant un peu superficiellement la liberté d'expression et de création. **1/2

StreetDance 2: Chorégraphies ennuyantes, histoire stupide et morales à la clé sont encore à l'honneur dans cette fantaisie extrêmement sucrée qui donne rapidement mal à la tête. *1/2

Film du jour: Deliverance

Opus ayant popularisé le film de survie, Deliverance de John Boorman demeure, encore à ce jour, la quintessence du genre. Ce périple en forêt qui se transforme en cauchemar hante par ses scènes fortes et inoubliables (celle du banjo et du porc, surtout), sa profonde critique de la société américaine et son combat sans fin entre l'Homme et la nature. Souvent imité mais jamais égalé, ce long métrage où l'action et la réflexion se retrouvent au même pied d'égalité est un des titres contemporains les plus implacables des dernières décennies. Et oui, rien de moins! ****1/2

mardi 24 juillet 2012

Film du jour: The Taste of Tea

Fréquenter le Festival Fantasia, c'est également se rappeler des films extraordinaires qui ont déjà été présentés. Un des meilleurs du dernier millénaire est The Taste of Tea de Katsuhito Ishii, une fable familiale à la fois poétique et disjonctée qui se veut complètement imprévisible. L'opus, maîtrisé et joué à la perfection, est le genre de long métrage qui ne s'oublie pas tant les moments cultes sont nombreux. Qui ne se rappelle pas de ce train géant? De ce grand-père excentrique? Et de ce fabuleux moment de danse? Magique!

lundi 23 juillet 2012

Film du jour: Mère et fils

Magnifique ode à la famille, Mère et fils d'Alexandre Sokourov est son film dont l'inspiration de Tarkovski est la plus flagrante. Cela ne l'empêche pas d'être un chef-d'oeuvre. Cette histoire simple d'un fils qui prend soin de sa mère malade est touchante et d'une poésie sans nom. Malgré la cruauté de la conclusion et la solitude qui semble ressortir de chaque plan, la beauté des images, de cette nature qui reprend peu à peu sa place rappelle que dans le combat entre la vie et la mort, personne ne s'en sort indemne. C'est lent (of course!) et pour un cinéphile qui a dépassé le cinéma de Christopher Nolan depuis belle lurette, mais quelle expérience singulière! ****1/2

dimanche 22 juillet 2012

Film du jour: Les sept samouraïs

Possiblement l'opus le plus influent de Kurosawa, Les sept samouraïs a renouvelé le western (en y intégrant des thématiques sociales) et le film de gangs, y insufflant notamment un schéma unique fondé sur les ellipses. Au-delà de ces compositions techniques, l'oeuvre est une grande claque dans sa façon d'intégrer action et réflexion et de développer des personnages d'une belle complexité. Unique en son genre à l'époque, ce chef-d'oeuvre est encore en tête de peloton aujourd'hui, s'avérant aisément une des plus belles pièces du septième art. *****

samedi 21 juillet 2012

Film du jour: Zarafa

De mon côté pour ce qui est de la nouvelle édition de Fantasia, c'est déjà deux en deux avec le très fantaisiste film d'ouverture de Takeshi Miike (l'hilarant For Love's Sake qui a tendance à s'essouffler à mi-chemin) et la très jolie animation Children Who Chase Lost Voice From Deep Below de Makoto Shinkai (et ce, même si le scénario est beaucoup trop dense pour son propre bien).

Dans un registre totalement différent est présenté aujourd'hui Zarafa de Rémi Bezançon et Jean-Christophe Lie, un dessin animé pour très jeunes enfants sur les aventures d'un garçon qui tente de récupérer son amie girafe qui est transportée jusqu'en France. Les personnages réconfortants, les thèmes traités avec doigtés et le grand soin esthétique finissent par compenser cette tendance incroyablement didactique de toujours faire la morale. ***

vendredi 20 juillet 2012

Les meilleurs films de Christian Bale

Pour souligner la sortie du dernier Batman, j'ai cumulé un top 10 des meilleurs films de Christian Bale.

Mes choix se trouvent sur le site de Cineplex.

Film du jour: La Jetée

Les gens qui ont adoré 12 Monkeys de Terry Gilliam doivent absolument jeter un coup d'oeil à sa principale inspiration: le chef-d'oeuvre La Jetée de Chris Marker. Dans ce diaporama de photographies de moins de 30 minutes, la société du future est détruite, obligeant un de ses hommes qui vit dans les bas-fonds à multiplier les voyages dans le temps. Au lieu d'aider la civilisation à reprendre le dessus, cet antihéros perd peu à peu pied avec la réalité, étant obsédé par le passé et par ses rêves. Original, déstabilisant, onirique et inoubliable, ce récit de science-fiction pourrait s'analyser presque à l'infini. Alors que l'intelligence est titillée, les sens côtoient le nirvana, au même titre que les émotions qui se laissent peu à peu convaincre par tout ce qui se passe à l'écran. Tout simplement un grand voyage. *****

jeudi 19 juillet 2012

À voir à Fantasia...

Contrairement aux autres années où j'étais sur le jury de Fantasia, je n'ai pratiquement vu aucun film de cette nouvelle édition. Cela ne m'empêche pas d'avoir l'eau à la bouche devant de nombreux titres. Voici les 10 films que je me jure (je sais, ce n'est pas bien de jurer) de voir...

Ma liste se trouve ICI.

Film du jour: The Last Circus

Présenté au Festival du nouveau cinéma il y a quelques années, The Last Circus d'Alex de la Iglesia est une fable trash sur deux clowns qui sont affectés par les conséquences du régime franquiste. Peuplé de bonnes idées sans les explorer totalement, ce conte parfois morbide rappelle qu'il n'y a parfois qu'un pas à franchir entre la folie et la normalité. Même si la réalisation semble parfois fauchée, que le rythme est décousu et que l'interprétation demeure volontairement grotesque, il y a suffisamment d'éléments intéressants pour demeurer captiver jusqu'à la fin. ***

mercredi 18 juillet 2012

Film du jour: Margaret

Comment un des plus grands films américains des dernières années est devenu un désastre sur toute la ligne? C'est simple, on coupe dans le montage, au grand dam de son réalisateur. C'est ce qui est arrivé avec Margaret, le deuxième long métrage tant attendu de Kenneth Lonergan. Lors de sa sortie en salle, le récit durait 150 minutes et il s'avérait souvent incompréhensible, avec ses personnages qui disparaissent mystérieusement et ses liens inexistants entre deux scènes. Il faut voir l'opus dans son ensemble, dans sa version de 3 heures pour mieux comprendre les déchirements de cette adolescente qui change du tout au tout après avoir assisté à une tragédie. Rarement le climat du 11 septembre aura été saisi à l'écran avec autant de maestria. Fidèle à ses habitudes, le cinéaste a accouché de dialogues vrais et destructeurs, dirigeant ses comédiens avec une aisance peu commune. Après tant d'années sur les tablettes, le film a fait choux blanc sur les écrans à cause de son distributeur. Pourtant, il aurait pu tout rafler à la dernière cérémonie des Oscars. En espérant que le cinéphile le découvre dans sa vraie version en se procurant cette édition qui vient tout juste de sortir. Allez, on se débarrasse du Blu-ray et on garde précieusement le DVD! **** 

mardi 17 juillet 2012

DVD: Friends With Kids, Some Guy Who Kills People, The Beat Hotel, Casa de mi Padre, Silent House, Red State, Lockout, The Three Stooges

En attendant la sortie de Dark Knight Rises, les nouveautés DVD et Blu-ray se font rares. Il y a toutefois un ou deux films qui méritent le détour.

C'est le cas de Friends With Kids de Jennifer Westfeldt où la venue d'un enfant chamboule complètement l'équilibre d'adultes. Gentil, sympathique et très drôle. ***1/2

Présenté à Fantasia l'année dernière, Some Guy Who Kils People de Jack Perez ravira les amateurs d'hémoglobine tout en développant une réflexion pertinente sur les relations père-fille et l'intimidation. ***

Documentaire sur la Beat Generation, The Beat Hotel d'Alan Govenar pique la curiosité malgré toutes ses facilités et son traitement superficiel. **1/2

Idée hilarante (Will Ferrell qui se retrouve dans un film mexicain) qui aurait donné un très bon court métrage, Casa de mi Padre de Matt Piedmont finit par lasser dans son format long. Dommage. **1/2

Faire un seul long plan-séquence et compter sur une excellente actrice (Elizabeth Olsen) n'est pas suffisant pour que le film d'horreur Silent House de Chris Kentis et Laura Lee mérite le détour. **

On aime beaucoup l'irrévérence de Kevin Smith. Mais pas quand il se prend pour Quentin Tarantino comme c'est le cas dans son inabouti Red State. **

Un divertissement qui ne l'est pas est toujours un peu frustrant. C'est pourtant ce que recèle le récit de science-fiction Lockout de James Matther et Stephen St. Leger. **

Une des plus grandes déceptions de l'année, The Three Stooges n'aurait jamais dû être porté de nouveau au grand écran. Même dans les mains des frères Farrelly, le résultat est catastrophique. *1/2

Film du jour: You Can Count on Men

Premier long métrage de Kenneth Lonergan, You Can Count on Me ne sort pas du lot grâce à la qualité de sa réalisation, mais principalement grâce à son scénario extrêmement réaliste, peuplé de dialogues vrais et de répliques cinglantes. Ce moment de vie entre une soeur et un frère éprouvés par le passé touche énormément tant le film paraît sincère. La présence de Laura Linney et de Mark Ruffalo rajoutent à la crédibilité de l'entreprise, qui semble débuter comme n'importe quelle production indépendante pour se muter en quelque chose de beaucoup plus universel et au final, nécessaire. ****

lundi 16 juillet 2012

Entrevues: Beasts of the Southern Wild

Pour accompagner la sortie de Beasts of the Southern Wild qui est facilement un des meilleurs films de 2012 jusqu'à présent, je me suis entretenu avec son réalisateur Benh Zeitlin.

Ma première entrevue, pour le Métro, traite des liens à tirer entre la réalité et la fiction, tout en revenant sur le parcours incroyable de ce premier long métrage.

Mon second texte, pour Cineplex, consiste en un questions/réponses.

L'oeuvre par excellence en voir en cette période de canicule!

Film du jour: A Place in the Sun

Un jeune homme cherche à changer de classe sociale et à s'offrir une place au soleil dans A Place in the Sun de George Stevens, qui est adapté du roman de Theodore Dreiser. Au sein de ce petit chef d'oeuvre américain où les bonnes intentions ne sont pas suffisantes pour réussir, toutes les cartes sont jouées pour créer une tragédie hors de l'ordinaitre. Autant la réalisation appliquée que les nombreux thèmes moraux et le jeu plus-que-parfait de Montgomery Clift et Elizabeth Taylor ou la superbe photographie en noir et blanc, le bonheur apparaît à chaque instant, dans chaque plan. Autant bien en profiter alors qu'il est possible de voir le tout dans une édition peu onéreuse. ****1/2

dimanche 15 juillet 2012

Film du jour: Kes

Dès son premier long métrage de fiction, le superbe Kes, Ken Loach frappait fort dans sa façon de capter à l'écran la réalité d'un garçon issu d'une classe sociale défavorisée qui s'accroche à l'existence grâce à son amitié avec un oiseau. Le milieu est décrit sans concession et le jeu du jeune David Bradley (un acteur non professionnel), qui va droit au coeur, est éblouissant de perfection. Une oeuvre naturaliste comme il s'en fait peu, qui allait donner naissance à un immense cinéaste. ****1/2

samedi 14 juillet 2012

Film du jour: Au coeur du mensonge

Secrets, mensonges, infidélité: voici quelques thèmes omniprésents dans la filmographie de Claude Chabrol qui sont à nouveau à l'avant-plan dans Au coeur du mensonge, un polar matinée d'humour noir où un peintre est accusé d'avoir violé et tué une jeune fille. Plus l'enquête progresse et plus c'est cette petite communauté éloignée qui passe au banc des accusés, le réalisateur s'amusant à décortiquer les rouages d'une bourgeoisie morbide. Sans être un grand crû, l'exercice captive sans mal, surtout que les interprètes (Bonnaire, Gamblin, Bruni Tedeschi) sont bien dirigés. ***1/2

vendredi 13 juillet 2012

Beasts of the Southern Wild, Marina Abramovic, Ice Age 4, Savages, Collaborator, Omertà

Malgré la fermeture brutale de Showbizz.net et Lecinema.ca, je continue à voir autant de films. Voici un retour éclair sur quelques-unes des dernières nouveautés en salles.

Beasts of the Southern Wild: Un des meilleurs films de l'année, ce premier long métrage de Benh Zeitlin regroupe tour à tour du Kusturica, Miyazaki et Malick, offrant un vibrant hommage aux gens courageux de la Louisiane. À voir impérativement. ****

Très beau documentaire sur une fascinante artiste, Marina Abramovic de Matthew Akers questionne le rôle de l'art à travers une mise en scène vibrante ponctuée de jolies pièces musicales. ***1/2

Même si la formule est la même, le bonheur est palpable dans Ice Age 4. Pour toute la famille. ***

Oliver Stone n'arrive pas à secouer sa carrière en déroute avec Savages, un film qui se prend parfois trop au sérieux pour son propre bien. **1/2

Pour sa première réalisation, Martin Donovan propose un huis clos fauché et verbeux dont l'intérêt n'apparaît véritablement que dans les dernières 15 minutes. D'ici là, Collaborator ne peut qu'ennuyer malgré le jeu solide de David Morse. **1/2

La série était géniale, mais l'adaptation cinématographique d'Omertà fait réellement pitié. Il est difficile de prendre l'entreprise au sérieux tellement les personnages ne sont pas crédibles et que les répliques creuses sont nombreuses. Une véritable comédie... involontaire. **


Film du jour: Stavisky

Les films d'Alain Resnais sont toujours singuliers. Moins hermétique qu'un Hiroshima mon amour mais plus déroutant qu'un Smoking/Non Smoking, Stavisky est une fiction sur cet énigmatique homme d'influence lors de ses quatre dernières années de vie. Avec des ellipses démentielles et une performance suave de Jean-Paul Belmondo, le cinéaste alimente un mythe, créant des liens dantesques avec l'Histoire, menant sur des fausses pistes en montrant que son héros est à la fois responsable et victime de ce qui lui arrive. Le portrait, nuancé mais tout de même traité avec une certaine légèreté et distanciation, mérite grandement le détour. Comme pas mal tout ce qu'a pu faire le réalisateur. ****

jeudi 12 juillet 2012

Un avant-goût de Fantasia

C'est hier que s'est déroulée la conférence de presse annonçant la prochaine édition de Fantasia, qui se déroulera cette année du 19 juillet au 7 août.

J'étais sur place et j'ai pondu un petit texte (ici, sur le site de Cineplex) sur les principaux évènements ainsi que des suggestions de titres à voir.

Je vous reviens très bientôt avec ma liste de 10 oeuvres à voir absolument.

Plus qu'une semaine d'attente...

Film du jour: If...

Pour plusieurs personnes, Malcolm McDowell (qui joue maintenant dans un peu n'importe quoi) a été connu grâce au film culte Orange mécanique de Kubrick. Il a pourtant été révélé dans le brillant If... de Lindsay Anderson où il trouvait probablement son meilleur rôle en carrière. Dans ce pamphlet poétique d'une jeunesse troublée qui s'est méritée la Palme d'Or en 1969, de grands moments de beauté se heurtent aux affres du quotidien, donnant au passage de superbes scènes aussi apaisantes qu'inquiétantes. Et lorsque la brutale finale apparaît, le cinéphile se dit qu'il ne pourra jamais oublier ce qu'il a vu. À quand une variation dans le contexte québécois? ****1/2

mercredi 11 juillet 2012

Film du jour: Boudu sauvé des eaux

Comédie cinglante qui se moque des travers de la bourgeoisie, Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir n'a toujours pas perdu de son impact (critique, humoristique...) même si sa façon de décrire la marginalité semble souvent émaner de la fable. La réalisation appliquée du grand cinéaste français est en phase avec le jeu volontairement typé de Michel Simon dont chaque réplique, chaque mimique, s'échappe des chemins arpentés par sa fonction politiquement incorrect. Bien plus que pour ses deux pénibles remakes, on revient à la source pour se rendre compte qu'entre 1932 et 2012 (et encore, le récit à la base a été écrit beaucoup plus tôt), l'histoire se répète, irrémédiablement. ****

mardi 10 juillet 2012

DVD : Pina, Un heureux événement, Being Flynn, Avant l’aube, Comic-Con Episode IV : A Fan’s Hope, American Reunion

Même s'il n'y a pas 72 sorties dvd et blu-ray, le choix est nombreux cette semaine et il y a même un titre à voir absolument.

Pina: Meilleur film de Wim Wenders depuis des lustres, son documentaire sur la chorégraphe Pina Bausch est éclatant de beauté et de sensualité. ****

Un heureux événement: La grossesse change un couple à jamais dans le nouveau long métrage de Rémi Bezançon qui manque parfois de pep pour être majeur. ***

Being Flynn: Robert De Niro et Paul Dano s'affrontent dans cette comédie sociale de Paul Weitz qui est extrêmement sympathique malgré sa superficialité. ***

Avant l'aube: Suspense à la Chabrol et dérives des classes sociales font bon ménage dans ce thriller captivant qui ne lésine toutefois pas sur les incohérences. ***

Comic-Con Episode IV: A Fan's Hope: Grosse pub sur la réunion par excellence des geeks, ce documentaire de Morgan Spurlock fait sourire. ***

American Reunion: Suite usée jusqu'à la semelle d'une ancienne série à succès, ce long métrage est la preuve que sans évolution, l'humour finit par mourir. **

Film du jour: Blood Work

Blood Work est la dernière réalisation «consensuelle» et «sans ambition» (elle a été faite en 2002) de Clint Eastwood. Cela ne veut pas dire pour autant que c'est un mauvais film même si l'acteur et metteur est déjà passé par là plus d'une fois. Il reprend son rôle de flic qui a cette fois un problème de coeur. Ce qui ne l'empêche pas de protéger la veuve et l'orphelin en cherchant à mettre la main sur un vilain. Prévisible malgré quelques dialogues qui fondent dans la bouche et de l'humour bien placé, le récit se regarde avec aisance mais il s'oublie assez rapidement. ***

lundi 9 juillet 2012

Film du jour: Gattaca

Le grand acteur Ernest Borgnine est décédé en fin de semaine. La plupart des cinéphiles l'ignorent, mais il tenait un petit rôle dans Gattaca, le fascinant premier film d'Andrew Niccol qui demeure encore à ce jour un des meilleurs films de science-fiction de tous les temps. Dans une société de l'avenir, la discrimination basée sur les gènes est devenu la norme et un être humain «né dans l'amour» cherche à prendre la place qui lui revient. Brillant, révoltant et d'une redoutable intelligence, ce récit au look rétro pose d'excellentes questions tout en créant un maximum d'émotions, gracieuseté de l'inoubliable musique de Michael Nyman. Y résister est impossible. ****1/2

dimanche 8 juillet 2012

Film du jour: Shame (1968)

Bien avant la vague de films apocalyptiques des dernières années (Turin Horse, Melancholia, Take Shelter, Kaboom), Bergman était déjà passé par là en signant avec Shame une oeuvre austère mais essentielle sur un couple apolitique qui est plongé en plein cauchemar alors que leur île est prise d'assaut par des forces «obscures». La beauté des images contraste avec les thèmes sombres et les enjeux moraux qui ne tardent pas à hanter. Les interprètes jouent parfaitement leurs partitions et si le maître se retrouve en terrain connu, il n'y a jamais de sentiment de redite. L'idéal pour commencer la semaine sur une bonne note. ****1/2

samedi 7 juillet 2012

Entrevue: Le cochon de Gaza

Très rigolo petit film absurde sur le conflit israélo-palestinien, Le cochon de Gaza du réalisateur français Sylvain Estibal s'est mérité le César de la meilleure première oeuvre plus tôt cette année.

Pour l'occasion, j'ai pu m'entretenir avec le cinéaste qui habite en Uruguay.

Mon entrevue se retrouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Modra

Petit film canadien qui est passé complètement inaperçu, Modra d'Ingrid Veninger reprend la formule «le voyage forme la jeunesse» pour l'appliquer à deux adolescents de Toronto qui sont de passage en Slovaquie. Alors que leurs proches s'imaginent qu'ils forment un couple, Lina et Leco ne se connaissent pratiquement pas et ils ont tôt fait de s'engueuler sur tout et sur rien. De facture modeste, souffrant d'un scénario peu développé et d'un rythme volontaire au neutre, cet essai arrive tout de même à sentir la liberté. L'errance dans ces magnifiques lieux se veut intrigante et le jeu complémentaire des deux comédiens se fait habilement ressentir. ***

vendredi 6 juillet 2012

Critique: In the Family


Aurait-on trouvé l’héritier de John Cassavetes? Peut-être bien. C’est du moins un des sentiments qui ressort de In the Family, le formidable premier film du réalisateur Patrick Wang.

Sorti aux États-Unis depuis plusieurs mois, l’accueil critique réservé à In the Family fut dithyrambique. Avec raison. Pourtant, en apparence, il ne s’agit que d’un mélo digne des traditionnels «movie of the week».

Joey (Patrick Wang) et Cody (Trevor St. John) forment un couple modèle. À la mort de ce dernier, son fils de six ans Chip (Sebastian Brodziak) est remis à la sœur de Cody, ce que décide de contester en cour son amoureux éploré.

Tous les éléments sont de la partie pour créer un drame sirupeux et moralisateur. Il y a les injustices de la vie, le racisme envers les homosexuels et les personnes asiatiques, l’avenir potentiellement sombre d’un enfant mignon comme tout, le rapport de force entre les liens de sang et ceux qui se développent à chaque jour, etc.

Des pièges que le cinéaste évite généralement à l’aide de son propre scénario. Ses dialogues sont particulièrement aiguisés, allant au fond des choses, créant un surplus d’émotions à partir de simples pacotilles. Ses personnages sont vrais et ils vivent de véritables drames. L’identification se fait presque instantanément. Peut-être que Wang aurait pu pousser encore plus loin sa démarche et rajouter davantage de failles à son héros. Reste qu’il possède plusieurs zones d’ombres, éclairées en partie par de judicieuses ellipses.

L’idée d’étirer les scènes au maximum est brillante… et un peu casse-gueule. Il était aisé de se retrouver devant une mer de répétitions et de redites. Surtout que l’essai dure près de trois heures. Il n’en est presque rien. C’est le réel qui vole au grand jour, devenant palpable grâce à cette superbe mise en scène ponctuée de longs plans fixes. Les longueurs deviennent ici lenteurs, qui permettent de mieux entrer dans la tête des personnages.

Plus que tout, Wang est un formidable directeur d’acteurs. Comédien au talent limité, il sait s’entourer d’excellents interprètes peu connus, les dirigeant de main de maître. Avec son sourire et ses grands yeux qui semblent porter toutes les joies et les souffrances du monde, Sebastian Brodziak est ce symbole par excellence de pureté qui résiste, coûte que coûte, à l’envahisseur.

Ne se permettant jamais de juger ses personnages, privilégiant une approche posée et empirique, Patrick Wang prouve avec ce premier long métrage qu’il est un réalisateur à surveiller de très près. Ce ne serait d’ailleurs pas surprenant que son prochain opus soit retenu à Cannes en compétition officielle. En attendant, John Cassavetes peut enfin dormir tranquille. Son véritable fils spirituel vient peut-être bien d’être trouvé, à la grande joie des cinéphiles qui désespéraient devant le cinéma américain qui n’était plus vraiment indépendant et avant-gardiste.

4/5

Vendredi le 6 juillet, le réalisateur Patrick Wang sera au cinéma AMC de Montréal pour rencontrer les spectateurs.

jeudi 5 juillet 2012

Film du jour: The Last Picture Show

Imaginez American Graffiti à la puissance 1000, avec beaucoup plus de profondeur, d'émotions, de malaises, de personnages sombres et de sexe. C'est ce qu'offre le réalisateur Peter Bogdanovich dans son brillant The Last Picture Show qui a pris l'affiche en 1971. De vieux adolescents (dont Jeff Bridges et  Cybill Shepherd)  errent dans un village qui semble sortir d'un western de John Ford en quête d'un sens à leur vie et tout ce qu'ils trouvent sont des échecs et des désillusions. Leur quête touchera au plus profond le spectateur, qui retrouvera le climat des années 1950 avec un réel bonheur au sein de ces très jolies images en noir et blanc et ce sentiment que l'âge adulte est finalement arrivé. ****1/2

mercredi 4 juillet 2012

Film du jour: Jeff, Who Lives at Home

Les frères Duplass s'améliorent de film en film. Après leur faussement inquiétant Cyrus, ils récidivent avec le très mignon Jeff, Who Lives at Home qui suit trois membres d'une même famille qui doivent accepter le deuil du patriarche. Drôle, léger et spirituel, ce récit sur les hasards de la vie de tous les jours s'approprie le Signs de Shyamalan pour en offrir une version agréablement décalée. C'est encore trop tôt pour crier au génie (leur mise en scène ponctuée de zooms peut lasser) et l'ensemble est loin d'être majeur, mais cela s'annonce très bien pour la suite des choses. Surtout que les frangins savent s'entourer d'excellents comédiens. ***1/2

mardi 3 juillet 2012

DVD: Des vents contraires, The Hunter, Jesus Henry Christ, Planète Yoga

Les nouveautés dvd et blu-ray sont peu nombreuses avec un film recommandable et plusieurs titres à éviter.

Sensible long métrage sur un père qui doit s'occuper seul de ses enfants, Des vents contraires de Jalil Lespert  est un récit émouvant mais un peu superficiel porté par d'excellents interprètes. Les intéressés voudront lire le roman d'Olivier Adam qui est tellement meilleur. ***

Willem Dafoe cherche un tigre dans The Hunter de Daniel Nettheim, un effort inégal où la beauté des paysages est plombé par un rythme lent et un scénario décoratif. **1/2

Dans Jesus Henry Christ qui retrace les péripéties d'un jeune génie qui recherche son père biologique, on sent que le metteur en scène Dennis Lee fait l'impossible pour copier le style de Wes Anderson. Il n'y arrive qu'à moitié, ce qui donne cet effort mou qui ne sait pas comment utiliser sa prestigieuse distribution. **1/2

Par le passé, Carlos Ferrand a déjà offert plusieurs documentaires intéressants. Planète Yoga ne s'inscrit pas là-dedans tant il ressemble à une vague commande kitch destinée à la télévision. Les informations qui en ressortent sont intéressantes, mais le traitement laisse à désirer. **1/2

Film du jour: A Perfect World

Parmi les meilleures réalisations de Clint Eastwood, on mentionne souvent avec raison Unforgiven, Mystic River et Letters From Iwo Jima. Sans appartenir à cette catégorie limitée, A Perfect World s'y rapproche dans sa façon de confronter le mode adulte et celui de l'enfance, de faire disparaître l'innocence au profit de la violence, de rappeler que l'être humain n'a pratiquement aucune deuxième chance. Tout cela à travers un récit simple mais bien élaboré de deux hommes qui prennent en otage un garçon. Lente, subtile et authentique, cette virée dans le sud des États-Unis est à la fois un portrait d'hommes et d'un pays qui n'allait plus jamais être le même. Et il y a Kevin Costner qui y trouve un de ses meilleurs rôles en carrière. ***1/2

lundi 2 juillet 2012

Film du jour: Un chien Andalou

C'est congé pour la plupart des gens, ce qui signifie une journée extrêmement occupée en famille et entre amis, auprès de la piscine et du barbecue. Pourtant, il est si facile de se trouver 16 petites minutes pour voir Un chien Andalou, ce chef-d'oeuvre surréaliste de Salvador Dali et Luis Buñuel qui change complètement sa perception du 7e art. Une succession de vignettes qui sont uniques et qui alimenteront n'importe quelle discussion tant la folie et l'imagination auront rarement été aussi fascinantes et sidérantes. *****

dimanche 1 juillet 2012

Film du jour: The Sweet Hereafter

Pour la Fête nationale du pays (pas le Québec, l'autre à côté), pourquoi ne pas revoir un des meilleurs films canadiens des dernières décennies? Et oui, l'on parle ici de l'éblouissant The Sweet Hereafter, l'effort le plus maîtrisé d'Atom Egoyan qui parle de deuil et de mensonges en faisant pleurer à chaudes larmes pratiquement du début à la fin. Il y a la neige pour refroidir en ces temps de canicule, la mise en scène somptueuse qui alterne entre les périodes de temps, la musique lyrique qui va droit au coeur, les sujets qui font réfléchir et, bien entendu, le jeu parfait de tous les comédiens. Un véritable classique qui n'a toujours pas pris une ride. ****1/2