La moitié de 2021 est déjà terminée! Quels ont été les films les plus intéressants à prendre l'affiche en juin? Certainement...
- Adieu les cons
- Ondine
- The Disciple
- Censor
- The Sparks Brothers
"Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d'autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout." Jean-Luc Godard
- Adieu les cons
- Ondine
- The Disciple
- Censor
- The Sparks Brothers
C'est quoi? Trois anciens prodiges de kung fu tentent de faire la lumière sur les circonstances ayant entraîné la mort de leur maître.
Adieu les cons: Lauréat de sept Césars (meilleur film, réalisation, scénario...) et immense succès commercial en France, la nouvelle création d'Albert Dupontel est un conte savoureux sur des marginaux qui décident de s'allier afin de ne pas boire la tasse. Humour, poésie et mélo font bon ménage dans cette succulente proposition qui multiplie les hommages au chef-d'oeuvre Brazil. **** Ma critique
Échos d'Istanbul: L'embourgeoisement n'arrive pas seulement à Montréal. Elle menace les cultures et traditions partout sur la planète. Elle est notamment le sujet de ce joli documentaire de Giula Frati où l'on va à la rencontre d'une population trop souvent oubliée et rarement montrée de la Turquie. Sans être aussi mémorable que le récent Stray d'Elizabeth Lo, l'essai un brin longuet se veut révélateur, utilisant une palette sonore recherchée - et récompensée d'un Prix Iris - qui se veut immersive. Sur iTunes et Apple TV. ***
Sun Children: Des garçons pauvres fréquentent une école afin de dérober son trésor dans cette fable signée Majid Majidi. Même si le vétéran cinéaste iranien a la main lourde (traitement manichéen, les acteurs jouent gros), sa réalisation symbolique fait mouche, développant un récit narratif qui devient de plus en plus intéressant au fil du visionnement. ***
Werewolves Within: Faire une parodie dans le style d'Edgar Wright est une chose. Faut-elle seulement qu'elle soit amusante, angoissante et ingénieuse. C'est trop rarement le cas de ce long métrage de Josh Ruben adapté d'un jeu vidéo qui ne lève qu'à moitié tant le script est prévisible et la mise en scène monocorde. Au moins il y a le charismatique Sam Richardson (Veep) qui devrait tenir plus souvent le rôle principal et qui forme un charmant duo avec Milana Vayntrub. Dans un genre similaire, mieux vaut se tourner vers le délectable The Wolf of Snow Hollow. **1/2
L’été 1968 ne sera pas de tout repos pour les Doré. Le jeune Léon (Antoine L’Écuyer), 10 ans, multiplie les mauvais coups et les suicides ratés afin d’attirer l’attention de ses parents. Cela ne fonctionne guère, car maman (Suzanne Clément) décide de déménager ses pénates en Grèce, laissant seul son mari (Daniel Brière) et ses deux enfants. Antoine a pourtant plus d’un tour dans son sac pour faire signifier sa présence, et il pourrait même être une mauvaise influence envers une jeune amie (Catherine Faucher) qui semble avoir autant de problèmes que lui.
Ce n’est pas un hasard si l’histoire ressemble à s’y méprendre au récent Maman est chez le coiffeur. La poésie de Léa Pool est cette fois remplacée par une charge plus cérébrale, mais le scénario provient de la même famille Hébert. Dans son troisième long-métrage, le metteur en scène a décidé d’adapter les romans C’est pas moi, je le jure ! et Alice court avec René de Bruno Hébert en se gardant bien de ne pas trop faire peur aux spectateurs. Si le personnage de Léon est doté d’un féroce humour noir, sa folie paraît moins palpable, plus contrôlée.
Le succès du récit, très bien réalisé avec une trame narrative plus que satisfaisante (hormis peut-être cette finale qui croule sous les symboles et les morales), découle de cette infinie tendresse et de ce sensible mélange de drames et de moments rigolos qui arrivent au tournant. Le tout ne serait cependant pareil sans la présence des excellents comédiens. Antoine L’Écuyer porte le film sur ses épaules et il s’en sort avec les lauriers grâce à son énorme charisme. Il n’éclipse toutefois pas ses jeunes partenaires de jeu, dont Catherine Faucher et Gabriel Maillé (l’autre frère) qui montrent beaucoup de talent. Chez les adultes, Suzanne Clément fait feu de tout bois, avant de s’éclipser pour donner toute la latitude à Daniel Brière qui évite aisément les stéréotypes d’usage.
La récréation d’époque est assez soignée et elle explore des thèmes universels (familles éclatées, rôle du clergé, mal de vivre quotidien, etc.) qui, en 1968, pouvaient être tabous. La jolie photographie d’André Turpin offre une superbe luminosité et de très beaux plans. La musique, efficace à défaut d’être surprenante, juxtapose à nouveau un tube extrêmement émotif de Sigur Ros aux chaudes mélodies de Patrick Watson.
Sans avoir le même charme et la même inventivité que ses précédents et excellents deux premiers films, Philippe Falardeau a réussi à mettre à sa main un projet plus charnel comme C’est pas moi, je le jure !. C’est toutefois la prestance des acteurs –le jeune L’Écuyer en tête – qui donne tout le cachet à cette œuvre plus grand public qui comporte néanmoins le sceau de son auteur. ***1/2
C'est quoi? Un père de famille effacé commence à utiliser la violence afin de se faire respecter.
Censor: Le cinéma d'épouvante britannique se conjugue de plus en plus au féminin. Après l'exquis Saint Maud, c'est au tour de Prano Bailey-Bond de séduire avec cette réflexion sur la violence, le cinéma, le passé et la difficulté de faire son deuil, à une époque - les années 80 de Thatcher - empreinte de conservatisme. L'habile construction cinématographique (l'ombre de Lynch se fait ressentir) ne lésine pas sur les moments de tension d'une ironie sèche, pouvant compter sur Niamh Algar qui livre une prestation rigoureuse. ***1/2
The Sparks Brothers: Documentaire admiratif sur un de ses groupes musicaux préférés, Edgar Wright s'en donne à coeur joie, multipliant les intervenants de choix et les extraits musicaux au fil d'un montage enjoué, rapide et ludique. La construction chronologique pourrait paraître sage et l'effort est un peu long (2h20), mais c'est sûrement ce qu'il fallait pour couvrir les nombreuses décennies de cette formation culte qui ne manque pas de tubes enjôleurs. ***1/2
Gaia: Le film d'horreur écologique a la cote ces temps-ci et celui réalisé avec efficacité par Jaco Bouwer se trouve à mi-chemin entre Annihilation et In the Earth, confrontant l'humain à la nature à coup de symboles appuyés. L'ensemble commence à sentir la formule, mais la composition intense de Monique Rockman et l'immense soin visuel permet à l'ensemble de marquer les esprits. ***
Le mariage de Rosa: Une femme qui ne vit que pour les autres commence enfin à penser à elle dans cette comédie d'Iciar Bollain. Sympathique mais éphémère, le récit moralisateur à ses heures tourne rapidement à vide malgré sa chaleureuse distribution. La lumière a beau mener le bal, elle n'éclaire pas pour autant cette sitcom qui s'oublie rapidement. **1/2
Une sirène à Paris: Le chanteur de Dyonisos (Mathias Malzieu) retourne au cinéma avec cette fable kitsch et romantique, inspirée d'un de ses livres et disques. Sorte de Splash revisité par Jeunet et Caro, ce délire techniquement soigné où un chanteur recueille une sirène peine à convaincre tant le rythme est relâché, le scénario superficiel et l'interprétation inégale. Au moins la musique fait rapidement son effet. **1/2
C'est quoi? Face à un Godzilla devenu incontrôlable, les humains dépêchent Kong afin qu'il devienne LE mâle alpha.
C'est quoi? Un adolescent (Taylor Takahashi) doué au basketball est confronté aux exigences de sa famille.
Ainsi soient-elles: Impossible de ne pas être inspiré par les religieuses actives et engagées de ce documentaire de Maxime Faure. La communauté des Soeurs Auxiliatrices va peut-être disparaître, mais son héritage demeure profond, comme en fait foi cette oeuvre touchante et attendrissante. La technique n'est pas exempte de fautes (musique poussive, traitement télévisuel), mais elle est compensée par le charisme de ses attachants sujets. **
Akilla's Escape: Nommé aux Prix Écrans Canadiens, ce long métrage de Charles Officer cherche à confronter le cycle de violence générationnel par l'entremise d'un film noir classique mais très solide techniquement (immersions sonores et visuelles impeccables), dont les errances scénaristiques et didactiques sont compensées par des comédiens convaincus et une finale émouvante. ***
Pinocchio: Mais à qui s'adresse cette nouvelle adaptation du célèbre conte italien, cette fois signée Matteo Garrone (Gomorra, Dogman)? Aux enfants qui trembleront de peur devant la noirceur ambiante ? Ou aux adultes qui devront affronter plein de gags infantiles et répétitifs? Au moins l'oeuvre en met plein les yeux, fascinant par la complexité de ses détails. Ma critique ***
Des infirmiers jouent à Dieu dans La Dosis, le solide premier film de Martin Kraupt qui traite dans un style clinique de la mort et de la masculinité toxique. Lent et verbeux, le récit composé dans des tons de bleus est interprété avec assurance et si le scénario ambigu peut paraître sinueux, c'est pour mieux refléter les enjeux moraux qui en découlent. En vidéo sur demande. ***
Dans un village africain (dont le nom ne sera jamais mentionné), Collé Ardo (Fatoumata Coulibaly) est perçue comme une résistante. En effet, elle est une des seules à s’être battue pour ne pas que sa fille subisse l’excision. Lorsque quatre fillettes viennent la voir en réclamant leur protection contre cette coutume ancestrale, Collé décide d’invoquer le Mooladé, un rythme oral qui est censé protéger les jeunes filles. La population locale, très croyante, obéira à cette incantation en rouspétant, mais les anciens verront d’un mauvais œil qu’une femme se dresse devant les hommes et leur histoire.
Ce film propose une confrontation entre les conventions et la modernité. D’un côté, il y a une petite région patriarcale centrée sur elle-même, où l’importance des traditions est prépondérante. Afin de ne pas perdre leur influence, les aînés n’hésitent pas à brûler tous les contacts vers l’extérieur (comme les postes de radio), alors que des commerçants profitent de la bonne foi des gens pour hausser leur prix.
Il y a également quelques personnes qui cherchent à briser ce canevas où règne la corruption, les mariages arrangés, la pédophilie et où les femmes sont esclaves de leurs maris. De nombreux maux qui empêchent l’Afrique de prendre sa place sur l’échiquier mondial. Si un des protagonistes est influencé par le monde occidental ou le simple dévouement au genre humain, le résultat est le même. Le poids du peuple est important et il faut toujours des sacrifices pour changer la donne.
Sans tomber dans la démonstration manichéenne, Moolaadé se veut une œuvre importante, magnifique et fort troublante. Malgré une certaine tendance à avoir recours au mélo et une démonstration finale qui peut rappeler un certain The Passion of Christ, voilà un long métrage qui propose une réflexion intelligente et émotive, peuplée de personnages inoubliables. Le plus incroyable, c’est que l’espoir émane dans les derniers moments, ce qui laisse présager qu’une révolution est possible. ****
Présenté aujourd'hui à la Cinémathèque québécoise
Meilleur film
Prédiction: La déesse des mouches à feu
Choix: La déesse des mouches à feu
Meilleur premier film
Prédiction: Jusqu'au déclin
Choix: Aucun
Meilleure réalisation
Prédiction: Anaïs Barbeau-Lavalette (La déesse des mouches à feu)
Choix: Anaïs Barbeau-Lavalette (La déesse des mouches à feu)
Meilleur scénario
Prédiction: La déesse des mouches à feu
Choix: La déesse des mouches à feu
Meilleure interprétation féminine: premier rôle
Prédiction: Margaret Qualley (My Salinger Year)
Choix: Sarah Sutherland (Like a House on Fire)
Meilleure interprétation masculine: premier rôle
Prédiction: Sébastien Ricard (Club Vinland)
Choix: Patrick Hivon (Mont Foster)
Meilleure interprétation féminine: rôle de soutien
Prédiction: Caroline Néron (La déesse des mouches à feu)
Choix: Marianne Farley (Les nôtres)
Meilleure interprétation masculine: rôle de soutien
Prédiction: Théodore Pellerin (Souterrain)
Choix: Normand D'Amour (La déesse des mouches à feu)
Révélation de l'année
Prédiction: Joakim Robillard (Souterrain)
Choix: Kelly Depeault (La déesse des mouches à feu)
Meilleure distribution des rôles
Prédiction: Souterrain
Choix: La déesse des mouches à feu (Gagnant)
Meilleure direction artistique
Prédiction: Le club Vinland (Gagnant)
Choix: Blood Quantum
Meilleure direction de la photographie
Prédiction: Souterrain (Gagnant)
Choix: La nuit des rois
Meilleur son
Prédiction: Souterrain (Gagnant)
Choix: La nuit des rois
Meilleur montage
Prédiction: La déesse des mouches à feu (Gagnant)
Choix: La nuit des rois
Meilleurs effets visuels
Prédiction: Jusqu'au déclin (Gagnant)
Choix: Blood Quantum
Meilleure musique originale
Prédiction: My Salinger Year (Gagnant)
Choix: La nuit des rois
Meilleurs costumes
Prédiction: Le club Vinland (Gagnant)
Choix: Blood Quantum
Meilleur maquillage
Prédiction: Jusqu'au déclin
Choix: Blood Quantum (Gagnant)
Meilleure coiffure
Prédiction: Le club Vinland
Choix: La déesse des mouches à feu (Gagnant!)
Meilleur film documentaire
Prédiction: Je m'appelle humain
Choix: Tant que j'ai du respir dans le corps
Meilleure direction de la photographie: film documentaire
Prédiction: Errance sans retour (Gagnant)
Choix: Prière pour une mitaine perdue
Meilleur son: film documentaire
Prédiction: Errance sans retour
Choix: Prière pour une mitaine perdue (Gagnant)
Meilleur montage: film documentaire
Prédiction: Errance sans retour (Gagnant)
Choix: Wintopia
Meilleure musique originale: film documentaire
Prédiction: Sisters: Dream & Variations (Gagnant)
Choix: Prière pour une mitaine perdue
Meilleur court métrage fiction
Prédiction: Comme une comète
Choix: Aniksha
Meilleur court métrage animation
Prédiction: Barcelona de Foc
Choix: La saison des hibiscus
Meilleur court métrage documentaire
Prédiction: Life of a Dog
Choix: Clebs
Prix du public
Prédiction: Jusqu'au déclin
Choix: La déesse des mouches à feu (mentions spéciales à Nadia, Butterfly et We Had It Coming)
Le cinéaste russe Andreï Tarkovski n'a fait pratiquement que des chefs-d'oeuvre. Son classique le plus personnel demeure Le miroir qu'il a réalisé en 1974. Dans ce pensum qui fait éclater la chronologie et la narration conventionnelle, il paye un hommage à sa mère et à son pays. Son opus qui ressemble à tous ces songes et ces ellipses que l'on peut avoir avant de mourir est un poème d'une grande beauté sur la vie, la famille et ces liens qui unissent l'être humain avec tout ce qui l'entoure. Pénétrer dans cet univers unique en son genre n'est pas toujours aisé. Pourtant, rarement le cinéma aura offert quelque chose d'aussi magique, d'aussi magnifique. À redécouvrir au Cinéma du Parc. *****
En détournant le mythe d'Ondine, Christian Petzold (Transit, Barbara) propose un drame romantique d'une folle beauté doublée d'une lettre d'amour puissante à Berlin. Malgré la transformation de l'architecture fantomatique des sentiments, le désir demeure entier et il trouve son chemin dans les dédales intérieurs de la vibrante Paul Beer, récompensée à la Berlinale en 2020. À côté de ça, Shape of Water est de la petite bière. ***1/2
Souterrain: Chien de garde avait marqué la province avec ses répliques fortes et ses individus bouillants. On ne retrouve malheureusement rien de tout ça dans le second long métrage de Sophie Dupuis, qui porte sur l'amitié masculine et la difficile quête de rédemption. Autant son univers visuel fascine dans le silence (cela aurait donné un excellent documentaire dans la lignée de Miron de Simon Beaulieu), autant son scénario digne d'un téléroman cherche trop à plaire à tout le monde, cumulant les dialogues redondants et les personnages bidimensionnels (qui sont toutefois incarnés par de très bons acteurs). **1/2
The Conjuring: The Devil Made Me Do It: Ce 3e épisode réalisé n'importe comment par Michael Chaves sabote l'ambiance oppressante et l'atmosphère lourde des deux très bons précédents tomes au profit de sursauts gratuits. De très bons comédiens sont coincés dans des êtres stéréotypés qui n'évoluent plus, au sein d'une intrigue passe-partout qui ne fait jamais peur et qui se prend beaucoup trop au sérieux. Au moins, quelques scènes chocs s'avèrent efficaces. **1/2 Ma critique
C'est quoi? Un homme des cavernes et un dinosaure font équipe afin de survivre à une époque trouble.