jeudi 30 avril 2020

Film du jour: Les garçons de Fengkuei

Premier «véritable» film de Hou Hsiao-hsien, Les garçons de Fengkuei (1983) est le récit personnel et autobiographique de sa jeunesse, qui utilise un cadre connu - l'adolescence - pour explorer des sentiments riches et contradictoires. À la fois léger et dense, l'oeuvre mélancolique laisse son empreinte, peut-être pas immédiatement pendant le visionnement, mais au fil des journées successives, autant dans sa façon d'appréhender le monde et le passé que de définir un style et un langage cinématographique qui n'allaient que s'enrichir. ***1/2

mercredi 29 avril 2020

Film du jour: La bataille du Chili

Le site Tenk regorge de documentaires fabuleux. Un des plus essentiels est sans aucun doute La bataille du Chili, l'immense triptyque de Patricio Guzman sur le coup d'État de 1973. Magnifiquement documentés, ces essais importants s'apparentent à de véritables suspenses, prenant plus souvent qu'autrement le parti des travailleurs qui ont perdu leur pays démocratique. Un vibrant tour de force - cinématographique, de résistance et de mémoire - qui permet de mieux concevoir le monde d'hier et celui d'aujourd'hui. ****1/2

mardi 28 avril 2020

Film du jour: Blood Quantum

Rare films de zombies autochtones, Blood Quantum trouve assurément écho en cette époque trouble de virus. Le cinéaste micmac Jeff Barnaby (Rhymes for Young Ghouls) s'amuse d'ailleurs à multiplier les hommages aux maîtres du genre, à Romero en particulier Autant sa réalisation précise au rythme parfois chancelant ne manque pas de gore et d'intérêt (superbe passage animé), autant son scénario au riche potentiel social peine à faire totalement sens, ankylosé par des dialogues appuyés et des interprètes stéréotypés. Disponible en vidéo sur demande. **1/2

lundi 27 avril 2020

Film du jour: La solitude du chanteur de fond

Il y a des choses à voir et à entendre dans La solitude du chanteur de fond (1974), le documentaire d'à peine une heure que Chris Marker consacre à Yves Montand en préparation d'un concert donné en réaction à la prise de pouvoir de Pinochet. Tout d'abord l'homme, ses mélodies et ses idées, évidemment, qui enchantent et hantent allègrement. Puis le dispositif de mise en scène, extrêmement ingénieux, qui s'attarde à des détails importants (ses mains, par exemple), jouant constamment avec le son, les images et le montage afin de créer un essai où la radicalité l'emporte sur l'anecdote. Sur Tenk.ca. ***1/2

dimanche 26 avril 2020

Les films préférés de... Marianne Farley

Actrice, productrice, scénariste et réalisatrice, Marianne Farley touche à tout avec bonheur, donnant son temps et son énergie à des projets qui valent généralement la peine. Je l'ai rencontré pour la sortie des Nôtres (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient quelques-uns de ses films favoris...

« J'aime beaucoup les films qui ont un pendant social, pas trop politique. Il faut que ça soit humain. Tout ce qu P.T. Anderson a fait est au top de ma liste. Un de mes films fétiches est Run Lola Run: au niveau visuel, de la drive, la trame sonore qui est extraordinaire. J'ai vu Joker que j'ai vraiment aimé. J'ai trouvé ça brillamment réalisé. Mais c'est sûr que je n'avais pas d'attentes et que je n'aime pas les films de super-héros. Ça m'a déstabilisé d'une bonne façon. Sinon Beanpole c'est vraiment bon. Ça m'a marqué. C'est particulier et intriguant. C'est une expérience ce film-là qui est resté avec moi pendant un petit bout. »

Film du jour: Le temps des gitans

C'est avec Le temps des gitans qu'Emir Kusturica est devenu le grand cinéaste que l'on connaît. En embrassant le réalisme magique, le cinéaste offre un condensé fantasmagorique de ses obsessions (la mort, les animaux, les relations familiales conflictuelles) et de ses influences (Fellini, Vigo, Bunuel) où l'humain et le politique ne forment un. Cela donne un tour de force de stimulus visuels et sonores, une immense fête où tout le monde est invité et qui pourrait bien ne jamais se terminer. ****1/2

samedi 25 avril 2020

Film du jour: Machines

Récompensé à Sundance en 2017, Machines est un documentaire éloquent de Rahul Jain qui porte sur le sort des travailleurs indiens dans une usine de textile. Impressionnant dans sa forme presque muette où les images et le son disent tout, un peu plus redondant lorsque les intervenants s'expriment, il s'agit néanmoins d'une fresque importante qui arrive à être à la fois sociale et cinématographique. ***1/2

vendredi 24 avril 2020

Film du jour: Le père de Nafi

Présenté aujourd'hui gratuitement dans le cadre du Festival international de cinéma Vues d'Afrique, Le père de Nafi est le premier long métrage de Dia Mamadou, qui a été doublement récompensé à Locarno. Il s'agit d'une oeuvre patiente et attentive sur la division d'une famille qui risque de plonger leur communauté dans la violence et l’extrémisme religieux. Porté par ses silences et sa mélancolie latente, le récit brûlant d'actualité rappelle que le cinéma sénégalais est en pleine ébullition. ***1/2

jeudi 23 avril 2020

Film du jour: Youth in Oregon

Il y avait un beau film, sensible et intéressant, qui aurait pu être fait sur le suicide assisté. Sauf que Joel David Moore a décidé avec Youth in Oregon de pondre une comédie dramatique superficielle et oubliable, avec une quantité d'emprunts douteux à Little Miss Sunshine. La réflexion sur la famille américaine en devient donc limitée malgré la présence de bons comédiens, dont le vénérable Frank Langella. **1/2

mercredi 22 avril 2020

Film du jour: Bad Boys For Life

Après l'exécrable second épisode, Bad Boys reprend vie avec For Life, qui rend constamment hommage à la série (scènes d'action trépidantes, engueulades légendaires, réalisation stylisée de Bilall Fallah et Adil El Arbi sous fond de couleurs néons de Floride, violence omniprésente, élans racistes et sexistes, etc.) en y incluant de nouveaux éléments peu convaincants comme une équipe à la Mission: Impossible et une histoire complètement stupide. De quoi amuser - surtout que la chimie humoristique entre Will Smith et Martin Lawrence fonctionne amplement - sans trop d'effets secondaires. En Blu-ray et en dvd à partir d'aujourd'hui. (Sony Pictures) **1/2

mardi 21 avril 2020

Film du jour: La moindre des choses

En compagnie de Raymond Depardon, Nicolas Philibert est sans aucun doute le documentariste français le plus important de son époque. Le cinéaste présente des milieux rarement montrés au cinéma et avec La moindre des choses (1997), il filme tendrement quelques résidents d'une clinique psychiatrique en plein répétition d'une pièce de théâtre. Humain et respectueux, le long métrage offre tout l'espace à ses sujets, au détour d'une création qui prend son temps (parfois un peu trop), enchantant allègrement le coeur. Sur Tenk.ca. ***1/2

lundi 20 avril 2020

Film du jour: Super Troopers 2

Encore plus insignifiant que son prédécesseur, Super Troopers 2 de Jay Chandrasekhar est une «comédie» imbécile, stupide et raciste sur des patrouilleurs américains qui font la loi au Canada. Jouant la satire à fond sans jamais proposer le moindre élément humoristique édifiant, cette farce bête à pleurer insulte à la fois l'intelligence et le cinéma. Comme il fallait s'y attendre, la réalisation ne casse rien et l'interprétation insolente demeure en roue libre. N'y a-t-il pas de meilleures façons de s' occuper pendant son isolement? *

dimanche 19 avril 2020

Les films préférés de... Judith Baribeau

Entre télé et cinéma (Le marais, Monsieur Lazhar, Isla Blanca), Judith Baribeau a développé depuis plusieurs années une très intéressante feuille de route. Dans Les nôtres, elle interprète un rôle pivot tout en ayant participé au scénario. Je l'ai rencontré pour l'occasion (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient quelques-uns de ses films préférés...

« Un film que je pense beaucoup en ce moment est Manchester by the Sea. J'ai beaucoup aimé sa façon d'utiliser le flashback et des dialogues forts. Et en même temps, il y avait des moments de silences mortels.

J'ai adoré Parasite, mais c'est un cliché, tout le monde a aimé. Sinon, qu'est-ce que j'ai vu en ce moment...

Il y a des films que tout le monde a adoré que je n'ai pas tant trippé, comme Marriage Story...

J'ai vu un film... je ne dirais pas que c'est un de mes films préférés, c'est Un beau soleil intérieur (Claire Denis). J'ai trouvé ça bien intéressant. Je n'ai pas été embrassé d'émotions, mais le fait que les scènes soient longues, que ça permettait tellement d'aller profondément dans la désillusion de ces personnages-là. Ça prenait des acteurs phénoménaux pour jouer ça. Et pas trop de structure, tu as vraiment cinq blocs et il n'y a pas d'arc, elle ne change pas à la fin. Mais malgré tout, j'étais scotché. »

Film du jour: L'amant d'un jour

Le cinéma de Philippe Garrel est tombé dans la fontaine de jouvence depuis La jalousie et L'ombre des femmes. Le voilà se surpasser avec L'amant d'un jour, l'histoire belle à pleurer d'un professeur qui s'amourache d'une étudiante qui a exactement le même âge que sa fille... Entre récit sur l'amour, chronique œdipienne et quête de bonheur, le récit d'une simplicité et d'une vitalité absolue opte pour l'épure, une magnifique photographie en noir et blanc et des acteurs épatants qui font vibrer un texte poétique qui ne s'oubliera pas de sitôt. À découvrir de toute urgence, surtout que c'est possible de le faire en soutenant le Cinéma Moderne. ****

samedi 18 avril 2020

Film du jour: Straight Up

Ce n'est pas parce qu'on est en confinement qu'on ne peut pas rire un bon coup. Cela tombe bien, Straight Up de James Sweeney est disponible en ligne via le Cinéma du Parc. Il s'agit d'une des comédies romantique les plus drôles et charmantes des dernières années, élevant l'humour au rayon de l'art. Malgré l'abondance de dialogues et un rythme un peu laborieux, les situations savoureuses se succèdent au tournant et le duo en place (Sweeney et l'exquise Katie Findlay) illuminera à coup sûr n'importe quelle journée grise. ***1/2

vendredi 17 avril 2020

À voir à Vues d'Afrique

La 36e édition du Festival international de cinéma Vues d'Afrique débute aujourd'hui en ligne. J'ai pu voir six films - dont Un divan à Tunis (***) et Notre-Dame du Nil (**1/2) - et mon compte-rendu se trouve dans les pages du journal Métro.

Film du jour: Extra Ordinary

Pendant le confinement, le Cinéma du Parc propose des nouveautés cinématographiques en ligne. Léger et ludique, Extra Ordinary de Mike Ahem et Enda Loughman s'avère une comédie romantique sous fond de fantômes. Un récit original qui s'estompe malheureusement avant la fin, alors que l'humour inégal ne touche pas toujours cible. Cela ne brime heureusement pas les interprètes, en grande forme, et les bonnes idées du scénario, qui avait cependant tout en main pour devenir culte. ***

jeudi 16 avril 2020

Film du jour: Le pays des sourds

Nicolas Philibert aime dévoiler le quotidien de groupes trop souvent occultés, mettant l'emphase sur les êtres humains et leur quotidien. Il le fait d'une merveilleuse façon avec Le pays des sourds (1992), inscrivant petits et grands dans leur réalité propre. Tendre et empathique malgré quelques redondances, le documentaire est parsemé de moments drôles et touchants, offrant une totale liberté à ses sujets, respectant leur langue sans ressentir le besoin de tout sous-titrer. En résulte une plongée immersive qui fait un bien fou à l'âme. Sur Tenk.ca. ****

mercredi 15 avril 2020

Film du jour: The Sharks

La présence réelle ou imaginée de requins au large d'une plage uruguayenne devient la métaphore de l'éveil sexuel d'une adolescente dans The Sharks, le premier long métrage de Lucia Garibaldi. S'il ne semble rien se passer au sein de ce récit d'apprentissage, le film récompensé à Sundance reste longuement en tête, que ce soit dans sa façon sensible de traiter de thèmes délicats, sa réalisation assurée pimentée de pièces de synthétiseurs et l'interprétation obsédante de sa jeune héroïne. En vidéo sur demande. ***1/2

mardi 14 avril 2020

Entrevue Never Rarely Sometimes Always

Même si les cinémas sont fermés depuis un mois, on peut tout de même découvrir Never Rarely Sometimes Always, un des plus beaux longs métrages de l'année, où une adolescence enceinte se bat pour se réapproprier son corps. Pour ce film quatre étoiles, j'ai pu m'entretenir avec sa réalisatrice Eliza Hittman (Beach Rats). Mon entrevue a été publié ce matin dans les pages du journal Métro.

Film du jour: Just Mercy

Le septième art américain semble avoir redécouvert les films de peine de mort. Après l'excellent Clemency, place à Just Mercy de Destin Daniel Cretton. (Warner)

C'est quoi? Un jeune avocat défend quelques clients qui seront bientôt exécutés par l'État de l'Alabama.

C'est comment? Cette histoire vraie va droit au coeur et tous les comédiens (des rôles principaux aux plus secondaires) sont excellents.

Et pourtant? Le traitement demeure classique et les beaux discours moralisateurs sont nombreux, éclatant littéralement à la toute fin.

Techniquement? La musique de Joel P West apporte l'ambiance souhaitée, tout comme la photographie texturée qui est élevée par des images claires et précises.

Suppléments? Cette édition comprend un Blu-ray et une copie numérique. Les bonus regroupent trois documentaires - sur le tournage, les thèmes explorés, le regroupement où agissait le héros - assez élémentaires et d'intéressantes scènes supprimées.

Au final? Après son très inégal The Glass Castle, Destin Daniel Cretton remet sa carrière dans le droit chemin avec ce récit sensible et émouvant. S'il n'y a rien pour faire oublier son magistral Short Term 12, il prouve à nouveau que la direction d'acteurs est son point fort.

lundi 13 avril 2020

Little Women (blu-ray)

Faisant suite à son excellent Lady Bird, Greta Gerwig offre une flamboyante nouvelle adaptation de Little Women. (Sony Pictures)

C'est quoi? Quatre soeurs tentent de contrôler leur destin dans une Amérique marquée par la guerre de Sécession.

C'est comment? Le texte est d'une modernité sans nom (l'aspect féministe prend une place prépondérante) et la riche mise en scène jongle avec fluidité entre les époques. La distribution d'ensemble est rien de moins que remarquable.

Et pourtant? Il y a quelques passages à vide avant la conclusion inoubliable. Alors que le premier visionnement peut laisser de glace, les successifs convainquent amplement.

Techniquement? Les couleurs foisonnantes sont relevées par une image raffinée et détaillée. C'est également le cas de la musique vibrante d'Alexandre Desplat qui utilise à bon escient les différentes enceintes.

Suppléments? Cette édition comprend un Blu-ray, un dvd et une copie numérique. La pochette à l'effigie de l'héroïne déçoit (l'oeuvre porte sur le collectif, pas l'individualité). Les bonus généralement intéressants regroupent six documentaires - il est notamment question des thèmes abordés, de l'apport de la cinéaste, du soin technique et de la maison de l'auteure originale Louisa May Alcott - et quelques bandes-annonces.

Au final? Si l'on pouvait douter de la pertinence du projet (cette histoire a régulièrement été revisitée par le cinéma), il s'agit sans aucun doute d'une des transpositions les plus réussies. Le long métrage méritait d'ailleurs plus que le simple Oscar remporté pour ses costumes.

Ma critique

Film du jour: Un jour, Pina a demandé...

À voir en doublé avec le merveilleux opus de Wim Wender, Un jour, Pina a demandé... que Chantal Akerman a réalisé en 1983 est un court documentaire d'à peine plus d'une heure qui laisse toute la place à ses chorégraphies, à ces corps qui envahissent l'espace et qui tentent de communiquer des émotions universelles et personnelles comme l'Amour. Malgré sa frustrante courte durée, l'essai captive dans sa façon d'arpenter des chemins non-conventionnels, de toujours poser sa caméra au bon endroit afin de montrer plusieurs moments - dont les répétitions - qui sont rarement représentés à l'écran. À découvrir sur Tënk. ***1/2

dimanche 12 avril 2020

Les films préférés de... Louis Godbout

C'est le mois dernier que prenait l'affiche Mont Foster, le premier long métrage du professeur de philosophie Louis Godbout. Je l'ai rencontré (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés...

« Il y a des films que j'aime beaucoup et qui sont très différents. Un que j'aime beaucoup qui n'est pas un grand film de répertoire mais un petit chef-d'oeuvre, c'est The Remains of the Day. C'est magnifique comme film! J'ai beaucoup aimé Les fraises sauvages aussi.

Évidemment Terrence Malick, même s'il commence à devenir un peu sa propre caricature. Mais d'avoir un souffle comme ça et de faire servir le cinéma, à capter quelque chose d'intangible dans notre rapport au monde, la proximité des choses, de l'être, la lumière...

Je suis très éclectique. J'ai beaucoup aimé Woody Allen à une certaine époque. Mais j'aime beaucoup Birdman aussi. Je ne suis pas un fanatique d'une école: je suis encore en formation. »

Film du jour: The Greatest Story Ever Told

C'est la journée idéale pour The Greatest Story Ever Told, la fresque biblique de George Stevens qui relate l'existence de Jésus. À partir d'une histoire que tout le monde connaît, le cinéaste offre une mise en scène d'une simplicité exemplaire, utilisant chaque recoin de ses superbes images pour créer des textures visuelles incroyables. S'il pourrait paraître étrange de retrouver le regretté Max von Sydow dans le rôle principal, sa présence finit toutefois par créer moins de remous que la horde de caméos qui défilent à l'écran. Il s'agit indéniablement d'une des plus belles versions de ce «classique». ***1/2

samedi 11 avril 2020

Film du jour: The Flavor of Green Tea over Rice

Grand cinéaste sentimental, Yasujiro Ozo propose avec The Flavor of Green Tea over Rice (1952) une satire douce-amère du Japon de l'après-guerre, où les luttes de classes et les changements de mentalité se font sur le plan domestique. À la fois très drôle et poignant, ce récit simple et réconfortant enchante avec sa riche palette de personnages (surtout féminins) et ses mets qui donnent instantanément faim. ****

vendredi 10 avril 2020

Film du jour: Homework

Éclairant documentaire sur la jeunesse iranienne, Homework (1989) d'Abbas Kiarostami débute de façon ludique avant de devenir de plus en plus essentiel dans sa façon de décrire les relations familiales et le système d'éducation. Un tour de force où la parole des jeunes enfants éclipse la mise en scène volontairement frontale et rudimentaire. ***1/2

jeudi 9 avril 2020

Film du jour: Bacurau

Disponible en ligne via le Cinéma du Parc, Bacurau de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles est une magnifique fresque sur l'entraide d'une petite communauté brésilienne (la première partie, la plus mémorable), qui n'a pas le choix de prendre les armes (la deuxième partie en forme de western, plus violente et divertissante) et de résister à l'envahisseur. Une fable brillante et importante sur la possibilité et même la nécessité de se tenir debout devant l'adversité réelle ou métaphorique, qui peut prendre la forme du régime d'extrême-droite de Bolsonaro et de l'impérialisme américain. ****

mercredi 8 avril 2020

Film du jour: Bad Boys

Il y a 25 ans prenait l'affiche Bad Boys. Même s'il s'agissait d'une pâle copie de Lethal Weapon, le charme opérait à plein régime avec ce malin mélange d'action et d'humour. Rien ne pouvait égaler la chimie entre Will Smith et Martin Lawerence, si ce n'est l'énergie que mettait Michael Bay derrière la caméra, lui qui en était à son premier long métrage. Beaucoup d'eau a coulé depuis avec deux suites et revenir aux sources peut toujours être une bonne idée afin d'oublier momentanément le désordre ambiant. ***

mardi 7 avril 2020

Film du jour: Dolittle

Dolittle semble avoir plus de vies qu'un chat. Le voici de retour au cinéma, cette fois devant la caméra de Stephen Gaghan (Syriana).

C'est quoi? Un docteur qui parle aux animaux doit trouver un remède afin de guérir la reine d'Angleterre.

C'est comment? Les enfants seront amplement amusés par ces animaux attachants et ces péripéties virevoltantes.

Et pourtant? Rien n'est moins sûr pour les adultes. La qualité des effets spéciaux demeure inégale, quelques gags font sourciller (toute la scène du dragon) et la finale s'avère particulièrement moralisatrice.

Techniquement? La musique de Danny Elfman est décuplée par les différentes pistes sonores, alors que les images soignées donnent un surplus d'âme à la photographie.

Suppléments? Cette édition comprend un Blu-ray, un dvd et une copie numérique. Les bonus sont composés de six courts documentaires qui portent sur les acteurs/personnages, la maison spéciale du héros et sa rare faculté de pouvoir parler aux animaux.

Au final? C'est étrange que Robert Downey Jr. ait choisi ce long métrage comme premier projet post Avengers. Aussi charmant et ludique, le résultat n'est pas particulièrement édifiant ou convaincant (à moins d'avoir moins de huit ans), s'étant royalement planté au box-office.

lundi 6 avril 2020

Film du jour: Rois et reine

Film phare de l'essentielle filmographie d'Arnaud Desplechin, Rois & Reine s'avère un délice à bien des égards, autant dans sa construction miroir qui alterne la tragédie et le burlesque que dans son exploration de la filiation à travers de riches personnages campés à la perfection par Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric. Regorgeant d'idées, de références et de clins d'oeil, il s'agit d'une fresque libre qui se dévoile davantage à chaque nouveau visionnement. ****1/2

dimanche 5 avril 2020

Les films préférés de... Jeanne Leblanc

Longtemps assistance réalisatrice, Jeanne Leblanc a réalisé Isla Blanca et Les nôtres, qui a ouvert la plus récente édition des Rendez-vous Québec Cinéma. Je l'avais rencontré pour l'occasion (mon entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés...

« Il n'y a pas de films qui sort quand on y pense... J'aime beaucoup deux cinéastes, Andrea Arnold et Lynne Ramsay. J'aime leurs oeuvres, leurs démarches, où est-ce qu'elles s'en vont. J'aime la brutalité, la recherche.

Après ça, j'ai tellement d'élans. Des fois, je peux aller vers des films très contemplatifs avec un pur bonheur. J'ai adoré récemment Portrait d'une jeune fille en feu qui était un vrai coup de coeur.

Comme film de référence, il y a Le décalogue de Kieslowski que j'ai tant aimé pour toutes sortes de raison. »

Film du jour: High Sierra

À la fois film noir, western et drame existentiel, High Sierra de Raoul Walsh permet à Humphrey Bogart de briller en voleur qui rêve d'une autre vie. Aux côtés de l'excellente Ida Lupino, il forme un duo mélancolique, plein de zones grises et de profondeur. À tel point que leur destin éclipse l'histoire en place - sur un braquage qui tourne mal - qui s'avère beaucoup plus conventionnelle. La réalisation assurée et la beauté des paysages élèvent cependant la mise. ***1/2

samedi 4 avril 2020

Entrevue Resistance

Disponible sur iTunes Canada, Resistance présente la Seconde Guerre mondiale sous l'angle d'un mime français (incarné par Jesse Eisenberg) qui a secouru des milliers d'orphelins juifs. Je me suis entretenu avec son réalisateur Jonathan Jakubowicz pour une entrevue publiée dans le journal Métro.

Film du jour: The Black Pirate

Dernier long métrage à avoir été vu au cinéma - avec un pianiste en action! - avant que la pandémie n'ait obligé les salles à fermer, The Black Pirate (1926) d'Albert Parker demeure un joyau du titre d'aventure. Un film muet divertissant à souhait, plein d'action et de rebondissements, avec un Douglas Fairbanks bondissant presque à chaque instant. Ce qu'on peut s'ennuyer de cette époque naïve et si amusante... ****

vendredi 3 avril 2020

Film du jour: Le lac aux oies sauvages

Il n'y aura probablement pas plus belle mise en scène cette année au cinéma que dans Le lac aux oies sauvages de Diao Yan (Ours d'Or pour Black Coal Thin Ice), un polar noir fataliste - se déroulant à Wuhan! - rendant hommage aux classiques américains des années 40 et 50. Malgré une intrigue ténue et obscure, le film fascine allègrement par sa photographie vaporeuse (signée Jingsong Dong, qui a travaillé sur Un grand voyage vers la nuit), ses images souvent extraordinaires, ses couleurs néons, sa réalisation virtuose, son montage étonnant, etc. Reprenant la mélancolie romanesque de Wong Kar-wai et la violence parfois absurde de Johnnie To, l'oeuvre stylisée hante les esprits, posant un regard que ne risque pas nécessairement d'apprécier la Chine. À voir en ligne grâce au Cinéma du Parc ou le Cinéma Moderne afin d'encourager ces lieux touchés par la crise. ****

jeudi 2 avril 2020

Film du jour: Who Framed Roger Rabbit

À une époque où n'importe quel personnage animé (Pikachu, Sonic) peut accompagner un être humain réel, revenir à la base est une nécessité. Surtout s'il s'agit de Who Framed Roger Rabbit (1988), le magnifique film de Robert Zemeckis qui n'a pas pris une ride, amusant les enfants avec ses péripéties tout en distrayant les plus grands grâce à son humour noir. Le mélange d'univers impressionne toujours autant et si l'intrigue n'est pas toujours relevée, ses personnages attachants le sont amplement. ****

mercredi 1 avril 2020

Film du jour: Chaos

Il y a 20 ans, Hideo Nakata était le roi du suspense malsain. C'était le cas justement de Chaos (2000), un pastiche du film noir qui s'amuse à tout complexifier, en jouant par exemple avec la temporalité et les doubles. Il n'y a rien à prendre au sérieux dans cet exercice de manipulation et de digression, si ce n'est un malin plaisir à saboter une intrigue déjà touffue par des coups de théâtre  érotiques aussi imprévisibles qu'improbables. ***