Récit doux-amer sur la famille et
la solitude, Adrift in Tokyo (2007) apaise
l’âme par sa longue promenade à travers la métropole du Japon. Original et
décalé, à l’image de cet humour qui baigne la majorité des situations.
Fumiya (Joe Odagiri) doit de
l’argent à Fukuhara (Tomokazu Miura). Ce dernier lui propose de régler sa dette
en marchant en sa compagnie dans les rues de Tokyo au gré de ses envies. Cette
errance dans des sites pas nécessairement touristiques va rapprocher les deux
hommes, qui se trouveront une famille de substitution. Il doit bien y avoir une
raison à tous ces pas qui semblent sans fin?
Ce road-movie est issu de
l’imaginaire du talentueux cinéaste nippon Satoshi Miki. Lors de l’édition de
2009 du Festival Fantasia, il ravissait le public avec son extrêmement
imaginatif Instant Swamp. Il reste
ici sur le plancher des vaches, traitant des thèmes universels et essentiels,
dont la filiation, l’amitié et le sens de l’existence. Il utilise cette
capitale tant arpentée pour décrire la solitude et la mondialisation effrénée
qui remplace ce qui est et ce qui n’est plus.
Cette mélancolie des souvenirs
est traitée sur un mode absurde à travers des dialogues décalés et des
situations complètement imprévisibles. Il ne faut surtout pas prendre au
premier degré cet humour en apparence vulgaire et primaire. L’étrangeté et la
bizarrerie des lieux et des personnages restent en tête, ce qui tranche avec la
majorité des longs-métrages qui prennent régulièrement l’affiche. Surtout que
l’interprétation décontractée détonne au sein de sujets plus lourds et
profonds, où le visage ensoleillé d’Odagiri se frotte à celui plus perplexe et
rigide de Miura.
Adrift in Tokyo est une œuvre singulière, drôle et subtile, qui
cache sa complexité derrière des gags limites qui surprennent avant de faire
rire ou sourire. Il s’agit surtout d’une quête existentielle comme il s’en fait
peu, fine et méditative, qui permet de voir l’univers un peu autrement. Cela
fait du bien. ***1/2
Ce soir à la Cinémathèque.
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