Qui a dit que le cinéma roumain
offrait seulement des drames déprimants? Corneliu Porumboiu prouve le contraire
avec Les siffleurs, qui plaira à coup
sûr aux admirateurs de Quentin Tarantino.
À en croire le septième art
roumain qui arrive sur nos écrans, les journées y sont grises et douloureuses,
faisant autant souffrir les individus (Cristian Mungiu et son chef-d'oeuvre 4 mois, 3 semaines, 2 jours) que leur
famille (Cristi Puiu avec son opus phare Sieranevada).
« Pourtant les Roumains ont une
belle tradition dans l'absurde, le comique », assure Corneliu Porumboiu,
rencontré en marge du Festival international du film Toronto de 2019.
Depuis sa brillante satire
politique 12h08 à l'est de Bucarest
qui lui a permis de mettre la main sur la Caméra d'Or en 2006, son travail
baigne dans l'humour décapant. Le voilà se dépasser avec sa nouvelle création,
produite notamment par Maren Ade (Toni
Erdmann) et présentée à Cannes l'année dernière en compétition officielle, qui
mélange les genres avec une rare aisance, passant du polar au western, avant
que la romance devienne synonyme de grande violence.
« J'ai eu beaucoup de plaisir à
faire ce film et ça se voit! », concède son metteur en scène quadragénaire, qui
repart à l'aventure de la fiction après son hilarant Le trésor.
Pour une rare fois dans sa
carrière, l'action ne se déroule pas seulement dans sa Roumanie natale mais aux
Îles Canaries, alors qu'un flic - celui-là même qu'on retrouvait il y a une
décennie dans l'étonnant Policier,
adjectif et qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Michael Keaton - tente d'y voir plus clair
au sein d'une intrigue sinueuse, qui regorge d'êtres douteux et corrompus.
«
Je voulais faire un film sur un monde où l'argent dicte tout, surtout en
cette période de post crise économique, révèle son réalisateur et scénariste. J'ai
rêvé de films noirs des années 40, de classiques que j'ai beaucoup regardés,
comme ceux de Howard Hawks, de Fritz Lang. »
Dans un univers aussi flou et
tordu, où le héros aliéné et paranoïaque - ainsi que le spectateur - ne comprend
plus rien (gracieuseté des délicieuses ellipses de temps et de lieux), le salut
réside dans l'apprentissage d'une nouvelle forme de communication.
« C'est pourquoi le policier va
apprendre le langage sifflé, explique le cinéaste. C'est sa seule manière d'échanger
avec les autres. Le langage est au coeur du film, sa colonne vertébrale. Tous
les personnages l'utilisent pour avoir une position plus forte. C'est un jeu de
pouvoir. »
Le pouvoir pour Corneliu
Porumboiu, c'est d'être un créateur libre, qui suit ses instincts en
accomplissant les projets qu'il désire, sans se soucier s'ils se retrouveront
en festivals.
« Chaque film que j'ai fait était
une décision réfléchie, note celui dont les oeuvres sont souvent difficiles à
voir au Québec. L'important est d'être honnête envers soi-même, pouvoir se
regarder dans le miroir. »
***
« Tous les films sont politiques
à la fin. C'est le monde d'où l'on vient qui les dicte. » - Corneliu Porumboiu,
réalisateur des Siffleurs.
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En complément, la présence des Siffleurs dans le 7e Ciel du Métro.
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