jeudi 26 décembre 2019

Film du jour: Final Fantasy VII: Advent Children

Le rêve de tous les amateurs de la Playstation se réalise: une suite à l’excellent Final Fantasy VII voit le jour sur grand écran. De quoi faire oublier le moyen Final Fantasy : The Spirits Within paru il y a quelques années. Si Advent Children est effectivement supérieur à la tiède production de 2001, le résultat déçoit tout de même beaucoup.

En 2004, par un coup de marketing extraordinaire, la compagnie Square-Enix s’associait avec le Festival du Nouveau Cinéma de Montréal pour montrer une grosse publicité de trente minutes de leur dernière création Final Fantasy VII : Advent Children. Cette façon un peu mercantile de fonctionner (dépenser près de dix dollars pour une bande-annonce) a tout de même provoqué des salles combles à chacune des représentations. Une année plus tard, l’histoire se répétait avec la version finale de 90 minutes. Si les nombreuses personnes présentes applaudissaient incessamment à la toute fin, plusieurs amateurs du plus grand jeu de rôle de l’histoire (on parle ici de la série Final Fantasy, et non du septième épisode, très pâle en comparaison du sixième) baillaient aux corneilles.

Avant de s’aventurer trop loin dans les méandres de cette nouvelle édition cinématographique, il peut être bénéfique de se rappeler comment cette série culte a débutée. À la fin des années 1980, les difficultés financières poussent Square à mettre la clé dans la porte. Avant ce geste imparable, la compagnie nipponne décide de sortir un dernier jeu sur la console Nintendo : Final Fantasy. Au Japon, ce jeu de rôle (RPG) atteint des ventes records et rejoint la mythique licence Dragon Quest (ou Dragon Warrior en Amériques du Nord) de Enix. Ce succès permet de renflouer les coffres et deux suites voient rapidement le jour. Le deuxième volet était presque une extension de l’original avec une histoire plus développée et un nouveau système de combat, alors que le troisième allait enfin proposer des images plus intéressantes et de multiples classes intrigantes. Si le pays du soleil levant est friand de RPG, ce n’est pas la même chose pour le restant de la planète. Le succès de Final Fantasy aux États-Unis en est un d’estime et la sortie de l’excellent épisode Final Fantasy IV sur la Super Nintendo n’allait pas vraiment faire date. Des personnages très charismatiques au sein d’un scénario riche en intrigues, c’était suffisant pour quelques mordus. Le sympathique cinquième épisode n’ayant jamais été distribué sur le nouveau continent, la révolution allait débuter avec le sixième volume, facilement le meilleur RPG jamais crée sur console. Une trame narrative à la Star Wars, des protagonistes extraordinaires, une musique légendaire de Nobuo Uematsu et de nombreuses quêtes connexes allaient faire de ce jeu une expérience des plus fantastiques.

Pourtant, le public américain et européen n’était pas encore totalement au rendez-vous. S’il est vrai que les six premiers épisodes ne comportaient pas des graphiques à tout casser et que leur difficulté était parfois problématique (c’est ce qu’on appelle des jeux old-school), le destin allait changer la donne. Square rompt son alliance avec Nintendo à cause de la misérable 64 qui continue dans l’optique de la cartouche pour signer un lucratif contrat avec Sony et ses disques compacts où énormément d’informations peuvent être stockées. C’est le début d’une alliance unique en son genre. Le RPG le plus marquant de tous les temps à voir le jour était le Final Fantasy VII sur la Playstation. Tournant autour de l’écologie, cet épisode multipliait les héros plus grands que nature et Sephiroth, un des meilleurs méchants (second après Kefka) de l’histoire des jeux vidéos. C’est à ce moment que la fantaisie allait être remplacée par un abus de la technologie. Les thèmes mythologiques sont toujours de la partie et ce segment sera le plus rentable de la série. Par la suite, Square va pondre de nombreux produits dérivés exceptionnels et quelques nouveaux épisodes. Final Fantasy VIII allait créer la plus grande polémique avec son histoire d’amour et ses combats diamétralement différents, alors que Final Fantasy IX n’était qu’un retour nostalgique vers le passé. Le bonheur passager continuait sur la Playstation 2 sans être de tout repos. Malgré sa linéarité, Final Fantasy X était une œuvre riche en rebondissements et les critiques furent nombreuses envers Final Fantasy X-2 (une suite directe, quel manque d’originalité) et un Final Fantasy XI) en réseau qui allait faire fuir de multiples admirateurs. Quelques choix désastreux, comme la création de ce Final Fantasy : The Spirits Within sur grand écran qui n’avait absolument rien à voir avec la célèbre série. Les images extraordinaires ne compensaient pas ce scénario plat qui n’était une énième variation de Aliens. Un échec colossal, une perte de cent millions de dollars et une fusion avec le compétiteur de toujours pour former la nouvelle association Square-Enix. Répondant au souhait de tout le monde, cette compagnie allait offrir une suite à son bébé phare sorti en 1997.    

Advent Children débute quelques années après les évènements de Final Fantasy VII. Sephiroth et Jenova ont disparu, ce qui laisse à la Shinra le besoin de tout reconstruire. Toujours aussi torturé, Cloud ère et se cherche, se sentant coupable de la perte de son amie Aerith. Un jour, trois mystérieux individus kidnappent les enfants de la planète pour accéder à une source inépuisable de materias. Dans quel but? Faire revivre le passé, ce qui pourrait amener la destruction de la terre. Bien malgré lui, Cloud et ses nombreux camarades reprennent du service pour éliminer cette nouvelle menace et parvenir, peut-être bien, à un peu de quiétude.

Si l’on ignore exactement combien d’argent a coûté cette adaptation cinématographique du célèbre jeu, il est aisé d’avancer le terme « beaucoup » tant les images éclaboussent littéralement la rétine. Tout y est lustré, magnifique et parfaitement reproduit. Des nombreuses épées de l’ancien mercenaire à la fourrure de Red XIII, l’extase est totale. Le rendu vidéo est extraordinaire, sans défaut ni anomalie. Le feu, l’eau, les cheveux en mouvement : les détails demeurent hallucinants. Surtout que les clins d’œil sont légions. Un Mog en peluche, une musique d’un téléphone cellulaire qui évoque le terme d’une bataille gagnée et l’ultime bicyclette au design imparable, il ne manque qu’un Chocobo pour atteindre le nirvana.

L’action est omniprésente du début à la fin. Excitantes et enivrantes, ces séquences bougent dans toutes les directions, accumulant les morceaux de bravoures, les balles de mitraillettes et les monstres divins qui sont appelés en renfort. Il est aisé de deviner à quel endroit The Matrix a tiré son inspiration originale. De la version publiée sur la première Playstation. Pourtant, l’overdose est rapidement atteinte. Tout est concentré sur les séquences rapides qui s’échelonnent beaucoup trop longtemps. Après plus de 50 minutes où les personnages s’affrontent au sabre, il est aisé de décrocher, de s’endormir ou de faire autre chose tant les répétitions sont affligeantes. Un tel bourrage a rarement été vu depuis le somnifère Peal Harbor.

Malgré cette pétarade incessante d’explosions, le produit tombe sur les nerfs assez rapidement. L’histoire, d’une simplicité absolue, est à mille lieux des scénarios prodigieux des jeux vidéo originaux qui tenaient en haleine pendant des dizaines d’heures. Les personnages, d’un vide abyssal, ne sont jamais explorés. Il y a bien la présence, inutilement stéréotypées, de Rude et Reno, qui ne sert absolument à rien, mais les Cid, Yuffie, Sith (sans son Cait), Vincent et Barret ne font que passer. Ce dernier ne s’occupe nullement de sa propre fille Marlene, qui semble avoir plus de liens avec Tifa. Quant à Cloud, il est facile de deviner la moindre de ses pensées ou de ses actions tant il est linéaire. En contrepartie, la personne n’ayant jamais joué au récit original ne comprendra absolument rien à cette mascarade. La courte explication en introduction n’est pas assez étoffée et les questions arriveront de tous les côtés. Qui est qui, qu’est-ce que le méchant cherche et pourquoi les enfants se prennent soudainement pour ceux du Village des DamnésAdvent Children est un film s’adressant presque uniquement aux fanatiques de la série, une forme de cinéma qui a beaucoup plus à voir avec les jeux vidéo que le septième art.   

La musique, composée par le légendaire Nobuo Uematsu, est très décevante. Il y a bien quelques thèmes qui reviennent comme des leitmotivs, mais les morceaux de combats sur fond de heavy metal, d’électronique ou d’industriel, était-ce réellement nécessaire? Surtout que cela n’a strictement rien à voir avec les géniales pièces composées tout au long de la série. Quant aux moments plus sérieux, pourquoi tout saturer avec des airs sirupeux? Pour suivre ce scénario inapte aux paroles prévisibles? Misère.

Tout amateur des Final Fantasy, peut-être bien la meilleure série jamais crée sur une console, ne peut qu’être déçu par une ineptie comme Final Fantasy VII : Advent Children qui semble exister seulement pour faire de l’argent. C’est splendide et il y a trop d’action, mais c’est à peu près tout. Il n’y a pas beaucoup de magie, de mystère, de fantaisie, de mythologie ou même d’intérêt. C’est le moment de recommencer une énième partie du septième volet pour le plus grand plaisir d’un tout et chacun. **1/2

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