Réalisatrice des excellents Nettoyage à sec et Entre ses mains, Anne Fontaine se perd quelque peu dans La fille de
Monaco (qui fête son 10e anniversaire cette année), un amalgame de genres qui
ne convainc qu’à moitié. Il y a cependant de très bons acteurs pour faire avaler
la pilule.
Lors d’un important procès dans
la ville de Monaco, maître Bertrand Beauvois (Fabrice Luchini) reçoit la
protection du garde du corps Christophe (Roschdy Zem). Tout se déroulerait
normalement si la jeune arriviste et prosaïque Audrey (Louise Bourgoin) n’était
pas dans le portrait pour séduire l’avocat et le manipuler à sa guise.
Difficile de travailler lorsque l’esprit est occupé ailleurs.
Ce nouveau film d’Anne Fontaine aborde
à nouveau ses thèmes fétiches : luttes de classes sociales, relations
parfois houleuses entre les hommes et les femmes, des amitiés douloureuses, la
montée du désir, la séduction à tout prix, etc. Il est même question de
trahison, de sacrifice et de rapports particuliers impliquant un dominant et un
dominé. Le tout est servi dans un enrobage peu orthodoxe, à mi-chemin entre le
drame et le suspense, prenant comme témoin ce procès qui s’avère l’idéale mise
en abyme des troubles relationnelles des individus.
Devant autant de ruptures de ton,
il faut prendre l’entreprise au second degré, comme une énorme comédie décalée
dont les répliques font beaucoup rire. Cela permet de mieux accepter ces
quelques invraisemblances et ces situations qui dépassent l’entendement. Les
dialogues, incisifs, sont portés par la verve habituelle d’un Fabrice Luchini
en grande forme. Après l’inégal Paris
de Cédric Klapisch, il est toujours surprenant de constater que de jolies et
séduisantes demoiselles extrêmement jeunes s’intéressent à lui presque
immédiatement. Dans un rôle flamboyant, Louise Bourgoin finit cependant par
énerver, ce qui est tout le contraire de Roschdy Zem dont l’intensité n’en
démord pas.
Bien que La fille de Monaco soit une œuvre mineure chez cette cinéaste qui
commence à ressembler de plus en plus à un sous pendant féminin de Claude Sautet, elle
demeure nettement plus divertissante et agréable que le formaté Coco avant Chanel de la même metteure en
scène. Il faut seulement ne pas oublier de ne rien prendre au sérieux et de se
laisser porter par l’humour qui se révèle mordant et implacable. Pour une rare
fois, le deuxième visionnement est meilleur que le premier. ***
Présenté ce soir à la Cinémathèque québécoise.
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