En attendant de découvrir Fleuve noir, on se replonge dans Julia, le précédent long métrage d'Érick Zonca.
Le
scénario est généralement la pierre angulaire du cinéma. Lorsqu’il fait défaut,
il faut d’importants atouts (qualité de l’interprétation, de la mise en scène,
de la façon de traiter un sujet ou des émotions, etc.) pour convaincre le
spectateur que l’objet vaut réellement le détour. Ce n’est malheureusement pas
le cas de l’ennuyant "Julia".
Julia
(Tilda Swinton) est seule, sans le sou, avec un problème d’alcool et d’hommes.
Pour remettre son existence "dans le droit chemin", elle décide d’adhérer
à une sombre combine qui consiste à kidnapper le jeune enfant d’une riche
famille. Ce plan se complique rapidement, l’obligeant à prendre la poudre
d’escampette jusqu’au Mexique, où elle se retrouve sur un territoire
particulièrement dangereux et instable.
Il
faut souvent battre le fer lorsqu’il est chaud. En 1999, le cinéaste Érick
Zonca avait offert le très intéressant "La vie secrète des anges", un
récit sensible et ingénieux qui n’était pas passé inaperçu. Au lieu de
continuer à explorer le septième art, le réalisateur a décidé de faire de la
publicité. Il revient à la charge une décennie plus tard dans une co-production
entre la France ,
la Belgique ,
les États-Unis et le Mexique! Son retour à l’écran se veut malheureusement
décevant.
L’idée
de base n’était pourtant pas mauvaise : réactualiser le fameux
"Gloria" de John Cassavetes. Tilda Swinton, qui semble jouer comme
s’il n’y avait pas de lendemain, livre une performance habitée… qui sent
toutefois la malhonnêteté tant elle aimerait ardemment mettre la main sur des
prix d’interprétation. Ce qui serait peut-être possible si le canevas n’était
pas aussi invraisemblable et incohérent. Pendant 138 longues minutes, le
cinéphile est médusé devant tant d’improbabilités et de séquences outrancières,
se demandant pourquoi personne n’a relu les mots d’Aude Py. Au lieu de cela, le
suspense se transforme en répétitive comédie involontaire et l’intérêt fond
comme neige au soleil.
Cet
amalgame de personnages peu sympathiques et de situations risibles donne
seulement le goût de revoir l’efficace "Ransom" de Ron Howard. Il
jette également de l’ombre à la réalisation tout à fait louable de Zonca, qui
est alimentée par une image ornée de couleurs significatives, d’éclairages
enveloppants et de contrastes imparfaits qui n’arrivent pas toujours à prendre
le dessus sur le grain.
"Julia"
est l’exemple probant qu’un vrai scénario est généralement l’élément le plus
important, que ce soit au théâtre, dans les livres ou au cinéma. Érick Zonca a
un talent certain pour la mise en scène et il l’a prouvé par le passé, sauf que
son apport – et celui de Tilda Swinton – ne sont pas suffisants pour sortir ce
long-métrage de l’impasse. Tant d’efforts pour presque rien, c’est toujours
malheureux.
2/5
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