lundi 6 août 2018

Film du jour: Julia

En attendant de découvrir Fleuve noir, on se replonge dans Julia, le précédent long métrage d'Érick Zonca.

Le scénario est généralement la pierre angulaire du cinéma. Lorsqu’il fait défaut, il faut d’importants atouts (qualité de l’interprétation, de la mise en scène, de la façon de traiter un sujet ou des émotions, etc.) pour convaincre le spectateur que l’objet vaut réellement le détour. Ce n’est malheureusement pas le cas de l’ennuyant "Julia".

Julia (Tilda Swinton) est seule, sans le sou, avec un problème d’alcool et d’hommes. Pour remettre son existence "dans le droit chemin", elle décide d’adhérer à une sombre combine qui consiste à kidnapper le jeune enfant d’une riche famille. Ce plan se complique rapidement, l’obligeant à prendre la poudre d’escampette jusqu’au Mexique, où elle se retrouve sur un territoire particulièrement dangereux et instable.

Il faut souvent battre le fer lorsqu’il est chaud. En 1999, le cinéaste Érick Zonca avait offert le très intéressant "La vie secrète des anges", un récit sensible et ingénieux qui n’était pas passé inaperçu. Au lieu de continuer à explorer le septième art, le réalisateur a décidé de faire de la publicité. Il revient à la charge une décennie plus tard dans une co-production entre la France, la Belgique, les États-Unis et le Mexique! Son retour à l’écran se veut malheureusement décevant.

L’idée de base n’était pourtant pas mauvaise : réactualiser le fameux "Gloria" de John Cassavetes. Tilda Swinton, qui semble jouer comme s’il n’y avait pas de lendemain, livre une performance habitée… qui sent toutefois la malhonnêteté tant elle aimerait ardemment mettre la main sur des prix d’interprétation. Ce qui serait peut-être possible si le canevas n’était pas aussi invraisemblable et incohérent. Pendant 138 longues minutes, le cinéphile est médusé devant tant d’improbabilités et de séquences outrancières, se demandant pourquoi personne n’a relu les mots d’Aude Py. Au lieu de cela, le suspense se transforme en répétitive comédie involontaire et l’intérêt fond comme neige au soleil.

Cet amalgame de personnages peu sympathiques et de situations risibles donne seulement le goût de revoir l’efficace "Ransom" de Ron Howard. Il jette également de l’ombre à la réalisation tout à fait louable de Zonca, qui est alimentée par une image ornée de couleurs significatives, d’éclairages enveloppants et de contrastes imparfaits qui n’arrivent pas toujours à prendre le dessus sur le grain.

"Julia" est l’exemple probant qu’un vrai scénario est généralement l’élément le plus important, que ce soit au théâtre, dans les livres ou au cinéma. Érick Zonca a un talent certain pour la mise en scène et il l’a prouvé par le passé, sauf que son apport – et celui de Tilda Swinton – ne sont pas suffisants pour sortir ce long-métrage de l’impasse. Tant d’efforts pour presque rien, c’est toujours malheureux.

2/5

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