La peur de vieillir est au cœur d’Elegy (2008), une
adaptation plus que satisfaisante d’un roman de Philip Roth dont la formidable
distribution sauve quelque peu le film de la dérive. Poétique, sensuel et d’une
belle profondeur.
David Kepesh (Ben Kingsley)
est un professeur et critique culturel qui aime bien séduire ses ancienne
étudiantes. Ce père divorcé vit dans le moment présent sans trop s’attacher,
recevant les foudres de son fils (Peter Sarsgaard), l’affection d’une vieille
maîtresse (Patricia Clarkson) et les conseils d’un ami fidèle (Dennis Hopper).
Un jour, il noue une relation avec la splendide Consuela (Penélope Cruz). Ce
qui ne devait qu’être une aventure d’un soir se complique lorsque les
sentiments remplacent les simples besoins animaux.
Après la
transposition plus ou moins convaincante de The Human Stain par le vétéran
Robert Benton, c’est au tour d’Isabel Coixet de s’attaquer à un autre roman de
Philip Roth qui brasse des thèmes similaires. Il est toujours question de
passion et de désir, d’amour et de sexualité, d’attachement et de liberté. Le
tout est présenté au sein d’une mise en scène réfléchie et glaciale que viennent
fracasser quelques moments de chaleur intense, un humour cyniquement jouissif
et d’intempestifs jeux de miroir.
La première heure
est intrigante à souhait avec ce mélange de passion et de jalousie entre deux
êtres qui semblent diamétralement opposés. La seconde, plus évasive et
abstraite, tend vers le recueillement, la mélancolie et, malheureusement, une
conclusion dans les larmes et le drame. Avant d’arriver à cette finale trop
facile et déjà mâchée, il y a de beaux personnages complexes et émouvants qui
sont de la partie. Patricia Clarkson, toujours parfaite, continue de fasciner
par sa présence. Tout comme Peter Sarsgaard qui n’apparaît que tardivement.
Cela fait longtemps que Dennis Hopper n’avait été aussi juste. Et puis Ben
Kingsley qui vient enfin de terminer sa longue traversée du désert après un
nombre incalculable de navets. Pénélope Cruz a peut-être remporté un Oscar dans Vicky Christina Barcelona en campant encore et toujours la femme
frustrée qui crie plus fort que son ombre, mais ici, elle s’avère encore plus
convaincante et captivante, habitée par une fragile tendresse.
Elegy est un poème à la vie et à l’amour avec ses joies et ses déceptions, ses vibrants moments de bonheurs et ses doutes d’avoir manquer le bateau. Sans être parfaite, la progression tient en haleine, et c’est avec beaucoup de dévotion que d’excellents comédiens campent des individus en trois dimensions qui existent pour de vrai. Une brise attirante et réconfortante qui se regardera sans doute à nouveau dans quelques années avec des yeux différents. ***
À la Cinémathèque québécoise
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