mercredi 30 septembre 2015

Film du jour: The Housemaid (1960)

Pour mieux connaître les fondations de cette fabuleuse nouvelle vague coréenne qui a émergée au début des années 2000, il faut remonter en 1960 au fascinant et malsain The Housemaid de Kim Ki-young. Dans ce tour de force absurde et mélodramatique digne de Bunuel, une femme de chambre sème la zizanie chez une famille en apparence normale. Les ruptures de tons savoureuses, le climat oppressant et les images superbes forment une fresque kaléidoscopique de sensations fortes où le rire et l'effroi ne représentent qu'une seule et même émotion. ****

mardi 29 septembre 2015

11e édition du Festival International du Film Black de Montréal

La 11e édition du Festival International du Film Black de Montréal débute aujourd'hui et pour tout savoir sur le sujet, je vous invite à lire mon texte sur le sujet où figure également une entrevue avec son porte-parole Gardy Fury.

Mon article se trouve dans les pages du Journal Métro.

Nouveautés DVD/Blu-ray : Black Coal Thin Ice, Famous Nathan, I’ll See You in my Dream, Aloft, La French, Poltergeist

Avant que la valse des festivals ne débute, place à quelques nouveautés en DVD et en Blu-ray, dont une sortie qui mérite vraiment toute notre attention.

Il s'agit du puissant Black Coal, Thin Ice de Diao Yi'nan, Ours d'Or à Berlin en 2014 qui mélange adroitement suspense et drame sociale. Cinématographiquement, c'est la totale. ***1/2

Documentaire plutôt intéressant sur l'homme derrière les Nathan, Famous Nathan de son petit-fils Lloyd Handwerker sait divertir même s'il ne va pas toujours au fond du sujet. ***

Film de "vieux" qui prend soin de ne pas trop moraliser, I'll See You in my Dreams de Brett Haley sait comment faire rire et émouvoir en toute honnêteté. Les acteurs y sont épatants. ***

Premier long métrage américain de Claudia Llosa, Aloft est également son premier échec, se perdant au sein d'une intrigue tortueuse qui avale le grand talent de ses interprètes. **1/2 

La French de Cédric Jimenez ressemble à tant de polars de qualité supérieure qu'on se demande pourquoi on voudrait passer plus de deux heures avec une version inférieure de tout ce qu'on connait. **

Remake inutile et bâclé d'un classique horrifique qui n'a pas pris une ride, Poltergeist de Gil Kenan se prend terriblement au sérieux. Il faudrait bien que le réalisateur lâche les maisons hantées... **

Film du jour: Sweet Micky for President

Cette année, le Festival Black de Montréal s'ouvre avec Sweet Micky for President, ce très divertissant documentaire de Ben Patterson sur Pras Michel des Fugees qui fait campagne pour mousser la candidature d'un musicien à la tête d'Haïti qui vient tout juste des terrorisées par un tremblement de terre. Sans trop entrer en profondeur, l'essai a tôt fait d'éclairer sur de nombreux enjeux et bien qu'il demeure partisan, l'ensemble ne manque pas de surprendre. *** 

lundi 28 septembre 2015

Film du jour: A Room with a View

Petit dernier dans l'importe collection Criterion, A Room with a View du célèbre duo Merchant-Ivory est un magnifique film romantique sur les amours impossible d'une jeune Anglaise. Doté d'un charme désuet, d'une recréation d'époque époustouflante et d'une bonne humeur communicative, ce grand plaisir sentimental qui est loin d'être rose bonbon rappelle d'où provient Helena Bonham Carter. **** 

dimanche 27 septembre 2015

Film du jour: The Gambler

Après avoir vu le très ordinaire remake avec Mark Wahlberg l'année dernière, il fallait bien se retaper la très bonne version originale The Gambler de Karel Reisz et scénarisée par James Toback où le grand James Caan crève l'écran en prof accro aux jeux de hasard. Avec sa trame sonore parfaite, ses personnages bien développés et sa décortication sans flafla du rêve américain, il y a tout pour élever ce film des conventions du cinéma américain. ***1/2

samedi 26 septembre 2015

Sorties au cinéma : Mississippi Grind, Sicario, Grandma, Scratch, Bonté divine, Beltracchi : The Art of Forgery, Pawn Sacrifice, Hotel Transylvania 2, Goodnight Mommy, On voulait tout casser, The Green Inferno, Soudain le silence

Cette semaine au Québec, il n'y a pas moins de 14 sorties de films au cinéma! Comme The Reflektor Tapes d'Arcade Fire ne sera présenté que quelques fois et que The Intern avec Anne Hathaway et Robert De Niro semble particulièrement laborieux (peut-être que je vais me reprendre en Blu-ray, mais le cinéma de Nancy Meyers n'est pas toujours synonyme de qualité), j'ai préféré me concentrer sur l'autre douzaine. Et bien qu'aucun titre ne sort réellement du lot, il y a des longs métrages qui valent le coup d'oeil.

C'est le cas de Mississippi Grind de Ryan Fleck et Anna Boden (un duo qui ne font que des bons films: Half Nelson, Sugar, It's Kind of a Funny Story) qui s'intéresse à deux hommes qui tentent de s'en mettre plein les poches aux jeux de hasard. La mise en scène sobre et le scénario très humain laissent toute la place aux interprètes: à Ryan Reynolds qui est étonnant et à Ben Mendelson qui crève l'écran. ***

Sicario de Denis Villeneuve fait grande impression. Avec raison. Sa réalisation est spectaculaire et elle rivalise avec les meilleures des gros studios hollywoodiens. Dommage que son scénario emprunte trop au Traffic de Soderbergh et que les personnages soient si vides. Globalement intéressant malgré de sévères baisses de tension, bien défendu même si Emily Blunt ne semble pas toujours investie, il y a de quoi amplement satisfaire les amateurs du genre. ***

Il ne faudra pas être surpris de voir Lily Tomlin décrocher une nomination aux Golden Globes pour Grandma de Pault Weitz. Elle est superbe en vieille lesbienne rouspéteuse qui fait l'impossible pour aider sa petite-fille à trouver l'argent pour se faire avorter. Le récit, gentil et prévisible, surprend par sa façon de mélanger plus que correctement humour, émotions et mélancolie. ***

Scratch n'aurait pu qu'être un autre film plein de stéréotypes sur la culture rap. Mais le premier long métrage de Sébastien Godron déjoue - légèrement - les clichés avec ce hip-opéra pas piqué des vers, qui convainc la plupart du temps et qui laisse croire à un heureux avenir pour le cinéaste. ***

Énorme succès en Croatie, Bonté divine de Vinko Bresan est une énorme farce sur un prêtre qui sabote des préservatifs pour repeupler son île. Autant la première demi-heure est hilarante, autant l'effort s'essouffle rapidement, tombant complètement à sec avant la fin. Qui n'est pas Jiri Menzel qui veut. **1/2

Faire un documentaire comme Beltracchi: The Art of Forgery sur un homme qui peint des faux tableaux pose d'excellentes questions sur l'éthique et le rôle de l'art. Mais ces interrogations semblent très peu intéresser Arne Birkenstock qui suit son sujet sans le remettre en question. **1/2

Histoire vraie tournée à Montréal sur Bobby Fischer qui affronte la grande machine russe, Pawn Sacrifice d'Edward Zwick ne s'éloigne guère du biopic usuel. S'il force la dose (au niveau de la musique et de l'interprétation), il arrive malgré tout à créer un certain suspense dans ses joutes d'échecs. **1/2

Hotel Transylvania 2 ressemble comme deux gouttes d'eau à son prédécesseur. Les enfants mordront à l'hameçon, alors que les adultes vont passablement s'ennuyer devant cet humour inégal et moralisateur dominé par le style outrancier d'Adam Sandler. **1/2

Ne laissant pas indifférent, Goodnight Mommy de Veronika Franz et Severin Fiala ressemble un peu à un Shyamalan qui se permettrait de refaire Le grand cahier, en ayant constamment Funny Games en tête. Cela donne une oeuvre prévisible et prétentieuse qui fait l'impossible pour choquer sans vraiment y arriver. Mieux vaut revoir A Tale of Two Sisters et le trop peu connu The Other (1972) **

La manipulation est partout dans On voulait tout casser de Philippe Guillard, le récit édifiant d'un homme condamné par la maladie qui tarde à l'annoncer à ses amis. Autant la distribution est superbe (Kad Merad, Charles Berling, Benoît Magimel), autant tout est trop gros et appuyé. **

C'est un peu le cas aussi de The Green Inferno d'Eli Roth, le récit grotesque de manifestants qui se font dévorer par une ancienne tribu. Une fois passée les quelques séances de gore obligatoires, l'ennui s'installe et elle ne fera qu'une bouchée du cinéphile. *1/2  

Pire encore est Soudain, le silence de Michel Préfontaine, un film québécois indépendant mais assez consternant sur la relation entre un chanteur d'opéra qui ne peut plus chanter et la femme qui doit s'en occuper lors de son séjour à Montréal. *1/2

Film du jour: The Adventures of Robin Hood

Pour bien commencer la fin de semaine, on revoit The Adventures of Robin Hood de Michael Curtiz et William Keighley, un des premiers grands films qui mêlaient à la perfection humour, action et aventure. C'est le grand-père d'Indiana Jones ce justicier célèbre qui n'a pas froid aux yeux et qui usera de son charme pour séduire la gente dame et mettre hors d'état de nuisance les méchants. Un divertissements impeccable, où Errol Flynn y tient un de ses rôles les plus emblématiques de sa carrière. ****

vendredi 25 septembre 2015

Entrevue Scratch

Le cinéma québécoise peut flirter avec la comédie musicale. La preuve: Scratch de Sébastien Godron qui est un très divertissant hip-opéra sur le chanteur d'un groupe de rap qui cherche à percer.

Pour en savoir plus, je vous propose à lire mon entrevue qui se trouve dans les pages du Journal Métro.

Film du jour: Je tu il elle

Dans son premier film de fiction, l'essentiel Je tu il elle, la cinéaste belge Chantal Akerman continue sa réflexion documentaire sur le temps et l'enfermement en suivant le quotidien d'une jeune femme qui semble beaucoup s'ennuyer dans son nouvel appartement. Entre une rafle du silence, de la parole et du sexe, il y a une méditation passionnante sur l'aliénation et la mise en scène, impeccable, s'avère en parfaite osmose avec son sujet. ****

jeudi 24 septembre 2015

Film du jour: That Night’s Wife

Avec son film noir That Night's Wife (1930), Ozu l'oriente évidemment vers la famille, et si cette histoire de père de famille qui vole pour soigner sa fille flirte sérieusement avec le mélo, les thèmes sont abordés avec une humanité qui l'honore. Le soin apporté aux images, aux ombres et à la mise en scène montre un cinéaste en pleine possession de ses moyens, qui commençait à utiliser le cadre pour mieux cerner la psychologie de ses personnages. ***1/2

mercredi 23 septembre 2015

Film du jour: Beyond the Black Rainbow

Très original film canadien qui a vu le jour il y a déjà cinq ans, Beyond the Black Rainbow de Panos Cosmatos est un angoissant suspense de science-fiction sur un scientifique dérangé qui tient en captivité une pauvre jeune femme. Sans remplir toutes ses promesses, l'intrigue s'amuse à alterner les genres et s'il y a des scènes qui se répètent et s'éternisent, l'emballage graphique y est foudroyant et la trame sonore, mémorable. *** 

mardi 22 septembre 2015

Nouveautés en DVD/Blu-Ray : Saint Laurent, Journal d'une femme de chambre, L’affaire SK1, Les souvenirs, L’art de la fugue, The Age of Adaline, Pitch Perfect 2

Les films français mènent le bal cette semaine alors que les quatre sorties Blu-ray/DVD les plus intéressantes sont de cette nationalité. Laquelle se distingue des autres?

Il s'agit indéniablement de Saint Laurent de Bertrand Bonollo qui revigore le biopic et même son sujet à l'aide d'un traitement incendiaire où la forme épouse parfaitement le fond. Du grand art! ****

Moins mémorable que les versions de Renoir et de Bunuel, Journal d'une femme de chambre de Benoît Jacquot joue tout de même avec les classes sociales avec un grotesque qui fait un bien fou. Léa Seydoux domine un casting béton. ***
Ma critique complète
Ma critique du DVD

Histoire vraie qui glace le sang sur une série de meurtres, L'affaire SK1 de Frédéric Tellier est bien mené et joué malgré une mise en scène un peu trop télévisuelle. ***

Les souvenirs de Jean-Paul Rouve filme la famille avec beaucoup de sensibilité, de l'humour mais également une fine mélancolie. ***

De quoi le regarder en doublé avec L'art de la fugue de Brice Cauvin, où l'amour - et les clichés - prennent encore plus d'importance. Encore là, la distribution est solide. ***

Passant à un cheveux d'être un bon film, The Age of Adaline de Lee Toland Krieger est plutôt une romance peu appuyée sur une femme qui ne vieillit pas. **1/2

Pitch Perfect 2 d'Elizabeth Banks ravira les fans de la première heure sans améliorer ses défauts. C'est toujours aussi bourrant et trop long, avec cette fois une histoire encore plus anecdotique. Mais l'humour est souvent drôle et les performances musicales, enlevantes. **1/2

Film du jour: Finding Forrester

Fort du succès de Good Will Hunting, Gus Van Sant a tenté de remettre ça avec Finding Forrester où il confronte deux individus de classes sociales différentes: un écrivain ermite et un jeune homme du Bronx qui est aussi bon au basketball qu'à l'écriture. Entre plusieurs clichés et une mise en scène qui aurait davantage eue sa place au théâtre, il y a un canevas central assez intéressant qui pose de bonnes questions sur l'amitié et l'apprentissage. Cela donne un petit film mineur mais touchant, porté par de sensibles prestations de comédiens. ***

lundi 21 septembre 2015

Film du jour: Sorry, Wrong Number

Le téléphone a souvent été un instrument pour faire peur. Le film le plus effrayant jamais réalisé sur ce sujet est certainement Sorry, Wrong Number d'Anatole Litvak, ce grand succès de 1948 sur une femme malade qui découvre qu'un meurtre va bientôt se produire. Le récit trop explicatif à la Citizen Kane tend à s'éparpiller, mais lorsqu'on se concentre sur la pauvre Barbara Stanwyzk et qu'elle vit cette terreur en temps réel, il n'y a pratiquement rien d'aussi efficace. ****

dimanche 20 septembre 2015

Film du jour: The Bitter Tears of Petra Von Kant

Bergman qui rencontre Fellini, Antonioni et Sirk. Fassbinder est parvenu à le faire avec son superbe et grotesque mélodrame The Bitter Tears of Petra Von Kant où il montre des relations d'ennui et de dominances entre différentes femmes. À la fois cinématographique et théâtral, ce fascinant exercice déboussole complètement, multipliant les jeux de miroir pour rendre le cinéphile béat d'admiration. Il est aisé de se perdre dans cette magnifique fresque et de toujours trouver quelque chose de nouveau. ****

samedi 19 septembre 2015

Film du jour: Fantastic Voyage

Voyager dans le corps humain. C'est l'amorce fascinante et extrêmement originale du Fantastic Voyage que Richard Fleischer a réalisé en 1966 et qui tient toujours la route aujourd'hui. Sans doute que le récit n'aborde qu'en surface ses nombreux thèmes et que l'interprétation manque parfois de conviction. Mais il y a ces possibilités infinies, ces effets spéciaux psychédéliques qui font sourire et ces mélodies tendues qui transforment le voyage en véritable odyssée divertissante. ***1/2

vendredi 18 septembre 2015

Sorties au cinéma : Chameleon, Deep Web, Toute première fois, Everest, Paul à Québec

Le TIFF étant sur ses derniers milles, les sorties au cinéma sont moins nombreuses cette semaine. Et comme j'ai manqué Black Mass (je me promets d'y revenir en Blu-ray ou en DVD) et le second épisode de Maze Runner, je me suis fait un devoir d’attraper presque toutes les autres nouveautés.

Un titre sort du lot et il s'agit de Chameleon de Ryan Mullins, ce formidable documentaire sur un journaliste africain qui se prend pour James Bond et qui met à jour de terribles complots. Un essai essentiel et fascinant, doté d'une forme à toute épreuve. ***1/2

Un peu plus terme visuellement, Deep Web d'Alex Winter est un intéressant documentaire sur la face cachée de l'Internet, son marché noir et ses arrestations arbitraires. De quoi devenir encore plus paranoïaque! ***

Sur papier, Toute première fois de Noémie Saglio et Maxime Govare a tout de la comédie stupide sur un homosexuel qui remet en question son identité sexuelle. Et s'il y a effectivement des clichés, il y a surtout de la tendresse et beaucoup d'humour qui en émanent. ***

Spectaculaire film catastrophe, Everest de Baltasar Kormakur vaut surtout pour ses impressionnantes scènes d'action, sa 3D et son utilisation de l'écran IMAX que pour son histoire conventionnelle et ses personnage unidimensionnels qui laissent complètement indifférents. **1/2

Paul à Québec de François Bouvier est le type de film qui veut tellement bien faire (rire, pleurer, user de nostalgie) qu'il en finit un peu par énerver par tant de manipulation. Les ficelles sont grosses, le récit relâché et l'interprétation, franchement inégale. Le réalisateur avait déjà exploré ce sujet en beaucoup mieux avec son irrésistible Histoires d'hiver. **1/2 

Film du jour: Odd Man Out

La carrière du cinéaste Carol Reed sera éternellement associé à son chef-d'oeuvre The Third Man, ce qui n'enlève rien à ses excellents autres films. Odd Man Out est un des plus intrigants dans sa façon de suivre un cambrioleur meurtrier qui est recherchée par tout le monde. La première partie adopte un ton presque documentaire, alors que la seconde se plaît à délirer dans les abus de style et de poésie. Cela donne un opus visuellement extraordinaire, qui questionne l'âme sans jamais donner de leçons faciles. Dans le rôle titre, James Mason est tout simplement phénoménal. ****

jeudi 17 septembre 2015

Film du jour: Walk Cheerfully

Yasujiro Ozu n'est pas seulement le maître des récits familiaux sous fond de mariage. Dans les années 30, il réalisait également des films noirs et des polars en s'inspirant d'Hollywood. Sans être totalement maîtrisé, Walk Cheerfully est un bel exemple de ce croisement de genres, alors qu'un malfrat cherche à changer de vie pour impressionner une jeune femme qui fait battre son coeur. Une fois passée une incroyable introduction qui rappelle M de Lang, le récit se développe de façon attendue, sans passion ni ennui. Une mise en bouche plus qu'acceptable en attendant quelque chose de plus nutritif. ***

mercredi 16 septembre 2015

Film du jour: Demimonde

Pour en finir complètement avec l'édition 2015 du FFM, il faut bien parler de Demimonde, ce long métrage hongrois d'Attila Szasz qui a été présenté en compétition officielle et qui a mordu la poussière. Il s'agit d'une leçon assez mordante sur les classes sociales, ces femmes - ménagères ou prostituées - qui sont prêtes à tout pour gravir les échelons. Une fois passée une introduction moyennement convaincante, la table est mise pour un drame de chambre relevé et grotesque à la fois, où la mise en scène énergique donne un souffle contemporain au récit vieillot. Ce sont évidemment les actrices qui dominent le jeu et elles sont généralement en bonne forme. ***

mardi 15 septembre 2015

Nouveautés en Blu-ray/Dvd : The Overnight, Reality, Love and Mercy, Cinderella, I’ll See You in my Dreams, Papa ou maman, Furious 7, Monkey Kingdom

Pas besoin du TIFF pour s'éclater avec de bons films. Les sorties DVD et Blu-ray de la semaine le rappellent amplement.

Hilarante comédie sur deux couples qui cherchent à pimenter leurs relations, The Overnight de Patrick Brice fait rire aux larmes avec sa succulente brochette de comédiens. ***1/2

Plus absurde encore est Reality de Quentin Dupieux, un récit sur le cinéma qui abuse avec un grand plaisir des mises en abyme. ***

Les amateurs des Beach Boys seront comblés par Love and Mercy de Bill Pohland, un biopic faussement éclaté qui reprend le modèle I'm Not There (en moins bon) pour parler de création. ***
Ma critique complète

Les enfants, eux, seront au septième âge devant la nouvelle version de Cinderella de Kenneth Branagh qui revigore le conte classique sans jamais travestir le passé. Visuellement, c'est splendide, et il y a plein de choses intéressantes à se mettre sous la dent. ***

Pour un public plus adulte, il y a l'élégant drame I'll See Your in my Dreams de Brett Haley qui rappelle les beautés de l'existence et ce, peu importe son âge. ***

Des fous rires, il y en a en masse dans Papa ou maman de Martin Bouboulon où un divorce occasionne des coups en bas de la ceinture de la part des deux parents. ***

Énorme succès aux guichets, Furious 7 de James Wan applique à nouveau une formule gagnante sans toutefois atteindre l'efficacité du sixième épisode. **1/2

Documentaire rétrograde et moralisateur qui se cache derrière une narration humoristique de Tina Fey, Monkey Kingdom de Mark Linfield et Alastair Fothergill est la nouveauté à éviter cette semaine. **

Film du jour: Francesco

Mickey Rourke dans la peau de Saint François d'Assise est une curieuse idée. Et il y a plusieurs choix surprenants dans le Francesco de Liliana Cavani (Night Porter). Si ce biopic hors norme n'est pas totalement au point et qu'il ne vaut pas ceux de Zeffirelli et de Rossellini, il y a le climat d'étrangeté et la riche musique de Vangelis qui en font un objet de curiosité. ***

lundi 14 septembre 2015

Fim du jour: Charulata

Film préféré du grand cinéaste Satyajit Ray, Charulata est plein de choses: une fresque féministe, un récit d'émancipation, une histoire d'amour impossible et surtout un chef-d'oeuvre de grâce et de poésie, où les symboles se fondent parfaitement dans cette superbe photographie en noir et blanc et ces chansons irrésistibles. À voir en doublé avec The Big City qui est peut-être plus accessible. ****1/2

dimanche 13 septembre 2015

Film du jour: Ran

En s'inspirant à la fois de sa propre existence que du King Lear de Shakespeare, Akira Kurosawa signe avec Ran son dernier grand film. Une fresque brutale, haletante et riche sur la condition humaine où un royaume est en guerre depuis qu'un seigneur a divisé ses terres entre ses fils. Les plans composés avec soin bénéficient d'une mise en image hallucinante et d'une orchestration foudroyante, rivalisant avec les compositions amples des comédiens. De l'art virtuose. ****1/2

samedi 12 septembre 2015

Sorties au cinéma : Court : Un procès indien, Anton Tchekhov 1890, Je suis à toi, Wolf Totem, The Visit, The Perfect Guy

Pour ceux et celles qui ne sont pas à Toronto pour suivre cet énorme festival, il y a les traditionnelles sorties au cinéma qui réservent bien des surprises.

Très intéressante fiction sur un système judiciaire complètement déconnecté de la réalité (comme dans l'étonnant Gett qui a pris l'affiche plus tôt cette année), Court: Un procès indien de Chaitanya Tamhane est un fascinant exposé doux-amer qui séduit par ses plans volontairement statiques et la patience de son rythme. Il y a du Kafka là-dedans! ***1/2

Élégant biopic qui fait beaucoup avec peu, Anton Tchekhov 1890 de René Féret s'intéresse à quelques moments fondamentales dans l'existence de l'écrivain. Sans être inoubliable, le résultat est plus intéressant que les récents Gurov et Anna et Journal d'un vieil homme qui parlaient également de cette figure d'exception. ***

Après la déception de Hors les murs, le cinéaste David Lambert se reprend d'une belle façon avec Je suis à toi où il s'intéresse encore au mal de vivre de ses personnages. Avec ses individus soignés et ses quelques ruptures au niveau des genres, il y a de quoi piquer la curiosité et ce, même si tout n'est pas toujours au point. ***

Magnifique mais vide et naïve. C'est la meilleure façon de résumer cette fable humaine et écologique sur un jeune homme qui devient ami avec les loups. On reconnaît évidemment la touche magique de Jean-Jacques Annaud dans Wolf Totem, sauf qu'il n'y a rien d'unique ou d'essentiel, contrairement à son toujours superbe L'ours. **1/2

Pour sauver ce qui lui reste de carrière, M. Night Shyamalan retourne au suspense avec The Visit, une oeuvre bancale qui a plus à voir avec la série B qu'avec le thriller de qualité. Entre horreur, comédie et drame, le long métrage ne sait pas toujours sur quel pied danser et s'il offre une conclusion assez satisfaisante, c'est une fois passée cette "révélation" qui se devine au bout de cinq minutes. **1/2

Impossible de prendre au sérieux The Perfect Guy de David M. Rosenthal qui rappelle que notre ancien amoureux peut être un dangereux psychopathe. Tous les clichés y passent et c'est hilarant involontairement. Là où cela devient moins drôle, c'est dans cette conclusion qui vante l'auto-justice et les armes qui font toute la différence lorsque les forces de l'ordre ne peuvent rien faire. C'est Trump qui doit être content. *1/2

Film du jour: Charlotte's Web

S'il y a un classique pour enfants qui n'a rien perdu de son pouvoir d'émerveillement, c'est bien Charlotte's Web et le dessin animé de 1973 conçu par Charles A. Nichols et Iwao Takamoto continue de faire rêver avec cette histoire d'amitié trop mignonne entre un cochon et une araignée et ses chansons accrocheuses. Bien sûr, il s'agit d'une animation d'une autre époque et le rythme n'est pas le même qu'aujourd'hui. Sauf que ce sentiment de prendre son temps est souvent salvateur et ce, même si au fond, il ne s'y passe presque rien. ***1/2 

vendredi 11 septembre 2015

Entrevue avec Jean-Jacques Annaud pour Wolf Totem




De tous les cinéastes qui sont venus faire leur tour à la dernière édition du Festival des films du monde de Montréal, Jean-Jacques Annaud était certainement le plus prestigieux. Avec une filmographie qui comporte son lot d’opus (La guerre du feu, Le nom de la rose, L’ours et même L’amant), voilà une entrevue qu’il ne fallait pas rater.

Le réalisateur français était présent pour accompagner Wolf Totem (Le dernier loup), une superproduction chinoise - c’est la sélection de la Chine aux Oscars - sur un homme qui découvre les loups et la Mongolie. Une création esthétiquement impressionnante, surtout lorsqu’on la découvre en format IMAX.

Pourquoi avoir décidé de réaliser Le dernier loup?
Parce que c’est un de ces livres qui réunis plein de thèmes qui sont familiers. Le thème du jeune homme dont la vie va être transformée par l’immersion d’une société/civilisation différente est un thème constant dans mes films. L’attrait pour les cultures autre que la mienne aussi. Bien entendu, le rapport chaleureux entre l’homme et l’animal a occupé un certain nombre de mes films. Et la très grande envie de connaître la Chine de l’intérieur. L’envie de passer plusieurs années à comprendre la civilisation chinoise, mongole, la civilisation des loups est appétissante. Et après avoir eu conscience de ce livre rare, le fait que des gens viennent de Pékin jusqu’à Paris pour me demander de le faire m’a énormément séduit. Vous savez, pour moi, un film est plus qu’un film. C’est une tranche de vie.

Il n’y a pas eu une réticence de votre part ou de leur part? Car la Chine avait bannie Sept ans au Tibet lors de sa sortie au milieu des années 90…
C’est ça qui fait partie des choses extraordinaires. J’ai associé ça à des expériences de vie. Parmi mes meilleurs amis, ça a commencé avec une engueulade. Et des engueulades violentes… Je crois qu’on peut fonder des amitiés très intéressantes lorsqu’on a fait table rase. Ce qui a joué en ma faveur, c’est que c’est une histoire d’un jeune homme qui fait partie d’une majorité et qu’il va découvrir deux minorités. La minorité mongole et la minorité des loups. Et que le fait d’avoir eu beaucoup de sympathie pour les habitants du Tibet qui font partie de la Chine, c’était une garantie sans doute que j’allais probablement aimer les Mongoles. Et aimer les loups.

Vous avez réalisé un film avec des ours, un autre avec des tigres (Deux frères) et maintenant avec des loups…
J’ai aussi fait des films avec des stars américaines, des femmes, des jeunes filles. Vous savez, la nature instinctive n’est pas seulement réservée aux quadrupèdes. Les bipèdes sont parfois aussi violents et dangereux que les quadrupèdes prédateurs.

Donc vous n’avez pas de préférence?
Non. Ce que je peux vous dire, c’est que c’est du matériau vivant. À chaque fois que je tourne avec ces animaux, j’apprends, je crois, à mieux diriger les acteurs humains. Parce que je comprends à quel point, quoi qu’on fasse, la première chose qui doit être juste, c’est de mettre l’acteur dans une situation qu’il comprend et qu’il va aimer. Si vous choisissez le mauvais costume, le mauvais partenaire, le mauvais dialogue, la mauvaise lumière, le mauvais décors, comment voulez-vous que l’acteur se sente bien? Il pourrait être excellent acteur, avoir fait 10 ans de cours de comédie, eh bien il ne pourra pas être bon. Parce que son instinct lui dit le contraire… Il faut bien choisir ce que vous faites. C’est là l’art de la mise en scène. Eh bien, c’est pareil avec une star hollywoodienne ou un loup.

Peu importe qu’on aime ou pas vos films, on sait qu’ils seront visuellement magnifiques. Avec Le dernier loup, on n’est pas déçu. Avec des images aussi puissantes, des combats aussi enragés, est-ce difficile que le reste du long métrage, lorsqu’il faut faire avancer l’histoire, les dialogues et tout, soit aussi fort et intéressant?
Les scènes d’adrénaline doivent être au service de l’histoire. Du coup, vous allez réagir émotionnellement d’une manière différée, c'est-à-dire que la scène d’adrénaline va vous faire palpiter le cœur, mais le moment d’émotion qui va vous plaire, c’est la conclusion qui doit être généralement, à mon avis, fait comme la musique. Si vous faites tout rapide tout le temps, ça ne fonctionne pas. Il faut des moments de calme, surtout pour que les moments rapides semblent rapides. On a besoin de souffler… C’est intéressant comme question, car on me la pose rarement. Effectivement, vous récupérez dans la scène calme ce que vous avez accumulez pendant la scène vivace.

Sentez-vous que l’on peut diviser votre filmographie en deux parties? Ce qu’il y a eu avant Sept ans au Tibet et ce qu’il y a eu après?
Je ne me pose pas la question. Les films sont tels que je les vis moi. Je sens la continuité et je les fais avec la même passion, le même désir. Ceci étant, le cinéma a changé. Ce serait sans doute difficile de faire aujourd’hui un film comme La victoire en chantant (qui a remporté l’Oscar du meilleur film en langue étrangère). C’est comme chez les peintres. Ils ont des évolutions de tonalité, des changements de sujets parfois. Il y a certainement ça qui rentre en jeu.

Ce que je crois, c’est que ça dépend des personnes et ça dépend des lieux. En Chine, un de mes films qui marchent le mieux et qui est le préféré est L’ennemi aux portes. C’est un film de sniper, comme Le dernier des loups, car les loups sont des snipers, avec ce même regard, cette même patience. Sept ans au Tibet, par exemple dans des pays comme l’Italie et la Hollande, c’est un film qui est plus populaire que La guerre du feu et L’ours. La réaction des gens est très variée. Et c’est bien ainsi. Je n’aime pas faire des films formatés. Selon sa culture, son âge, son éducation, des gens préfèrent ceci ou cela et ça me va.

Film du jour: L'amant

Pour accompagner la sortie de Wolf Totem, on se replonge dans un autre film de Jean-Jacques Annaud, L'amant. Librement inspiré du livre culte de Marguerite Duras, cette adaptation particulièrement érotique sur une histoire d'amour interdite traduit bien les rapports de classe sociale et ce sentiment d'ennui qui pousse les âmes à passer à l'acte. Le ton littéraire a été conservé, les images sont comme toujours superbes chez ce cinéaste et l'interprétation juste amène une fougue aux propos. ***1/2

jeudi 10 septembre 2015

Film du jour: Susana

Une jeune inconnue sème le trouble chez la famille qui l'accueille. Une prémisse qui fait penser, évidemment, à Pasolini. Mais également à Bunuel qui, avec Susana, se faisait la main en attendant ses classiques à venir. Sans posséder l'ironie glaçante de ses plus grandes fresques, cette charge contre la bourgeoisie est bien aiguisée et elle rappelle comment l'amour peut bousiller les plus belles relations entre les gens. Du cinéma mordant, bien réalisé et exécuté, où il manque seulement ce grain de folie qui fait toute la différence. ***1/2

mercredi 9 septembre 2015

Film du jour: Gangs of Wasseypur

Disponible en Blu-ray et en DVD depuis peu, Gangs of Wasseypur est cette superbe saga de 5h20 d'Anurag Kashyap qui, en plus de payer un hommage sincère aux films de Bollywood, se veut un éblouissant exercice référentiel qui repasse les meilleures offrandes sur le crime et la mafia (pensons à celles de Coppola, Scorsese, To, mais également Leone). Du cinéma violent et électrisant qui, sans totalement renouveler le genre, se veut généralement fascinant. ****

mardi 8 septembre 2015

Nouveautés en DVD/Blu-ray : Citizenfour, Manglehorn, Aurélie Laflamme: Les pieds sur terre, American Heist, Thomas & Friends : Sodor’s Legend of the Lost Treasure, Barbie in Rock’N Royals, Brooklyn Nine-Nine : Season Two

L'automne débute tranquillement au rayon des sorties DVD et Blu-ray. Il faudra en profiter, parce que ça ne sera pas comme ça toutes les semaines.

Cela n'empêche pas de voir et revoir Citizenfour, cet excellent documentaire de Laura Poitras sur les révélations d'Edward Snowden. Un essai essentiel sur le monde qui nous entoure, à ne manquer sous aucun prétexte. ****

Al Pacino chez le cinéaste David Gordon Green, cela donne Manglehorn, un effort touchant et mélancolique sur un homme qui vit encore dans le passé. Peut-être pas un grand film, mais une superbe performance de la part de sa vedette. ***

Suite d'un succès québécois, Aurélie Laflamme: Les pieds sur terre de Nicolas Monette reprend une formule gagnante en demeurant plus moralisateur et superficiel que son prédécesseur. Pour ados seulement. ** 

American Heist de Sarik Andreasyan reprend tous les clichés possibles et inimaginables des longs métrages de braquage. Une production routinière affligeante, qui dépasse l'entendement. *1/2

Les petits ne voudront pas manquer Thomas & Friends: Sodor's Legend of the Lost Treasure et Barbie in Rock'N'Royals même s'il n'y a rien de réellement recommandable. Les plus vieux, eux, risquent de rire beaucoup devant le délicieux Brooklyn Nine-Nine: Season Two.

Film du jour: Morning for the Osone Family

Pamphlet anti-guerre qui s'attaque aux dogmes de l'impérialisme et des kamikazes, Morning for the Osone Family de Keisuke Kinoshita qui a été réalisé en 1946 mais qui se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale ébranle les fondations d'une famille comme les autres. Élégante pièce historique centrée sur les humains, le récit suit son lot de personnages, utilisant la digression comme façon de former un tout cohérent. Et si on ne peut pas parler de grand film, plusieurs scènes touchent leur cible et la finale finit par émouvoir. ***1/2

lundi 7 septembre 2015

Film du jour: La brabançonne (FFM)

Une comédie romantique sous fond de compétition entre deux fanfares? L'idée derrière La brabançonne de Vincent Bal est éculée et kitsch au possible. Quelle chance qu'il y a de fabuleux numéros musicaux pour égayer le spectateur. Mais est-ce que ce sera suffisant pour lui redonner totalement le sourire? Rien n'est moins sûr. **1/2

dimanche 6 septembre 2015

Film du jour: The Girl King (FFM)

À l'origine, la pièce de théâtre The Girl King était inspirée d'un scénario de Michel Marc Bouchard, qui prend le chemin du cinéma par l'entremise de Mika Kaurismäki (le frère d'Aki). Cela devient un film à costumes globalement intéressant qui plonge dans la psychologie de son héroïne: la reine Christine de Suède qui cherche à s'émanciper en suivant sa propre voie et en découvrant l'amour. L'ensemble aurait pu être plus captivant, mais la distribution d'ensemble est solide et les thèmes d'une grande modernité. Au FFM aujourd'hui en attendant que le long métrage prenne l'affiche en 2016 (je vous promets des entrevues avec le cinéaste et le scénariste). ***

samedi 5 septembre 2015

Sorties au cinéma : Listen to Me Marlon, Meru, Vincent n’a pas d’écailles, Cavanna jusqu’à l’ultime seconde j’écrirai, A Walk in the Woods, Une heure de tranquillité, Dragon Blade, The Transporter Refueled

Pendant que le FFM touche à sa fin, les sorties régulières continuent à défiler. Cette semaine, ce sont les documentaires qui sortent du lot.

Tout commence avec Listen to Me Marlon, ce magnifique essai de Stevan Riley qui retravaille des centaines d'heures d'archives personnelles de l'immense acteur pour offrir une formidable leçon de vie et de cinéma. ***1/2

Plus tendu est Meru de Jimmy Chin et Elizabeth Chai Vasarhelyi qui ressasse l'obsession d'alpinistes pour une montagne jugée imprenable. Les moments de tension sont tellement grands qu'ils éclipsent les quelques répétitions. ***1/2

Rafraîchissant et minimaliste film de superhéros, Vincent n'a pas d'écailles de et avec Thomas Salvador suit un homme dont les pouvoirs sont décuplés au contact de l'eau. Filmé sur un ton doux-amer et comportant une histoire d'amour charmante comme tout, cette création qui tourne un peu en rond surprend constamment. ***

Après les attentats de janvier, c'est bien de se replonger dans Charlie Hebdo, Hara-Kiri et cette liberté d'expression qui est plus que salvatrice. Et si Cavanna, jusqu'à l'ultime seconde, j'écrirai de Nina et Denis Robert a ses bons moments, cela ressemble parfois plus à de la TV gonflée pour le grand écran. **1/2

A Walk in the Woods de Ken Kwapis reprend cet éternel duo mal assorti pour le gratifier de réflexions pesantes sur le sens de l'existence et la nécessité de renouer avec la nature. Si le tandem Robert Redford et Nick Nolte fonctionne plutôt bien, l'humour trop primaire ne lève pratiquement jamais. **

Patrice Leconte cherche un nouveau Bronzé avec Une heure de tranquillité, une comédie sur un individu qui est toujours interrompu lorsqu'il cherche à écouter son nouveau disque. Sauf que cet effort n'est jamais très drôle et qu'aucun personnage ne mérite vraiment l'attention du spectateur. **

Sur papier, un long métrage avec Jackie Chan, John Cusack et Adrien Brody ne peut pas être mauvais. Mais dans les fais, cela donne Dragon Blade de Daniel Lee, un film de combats et d'épées ridiculement raté et épais qui sabote un concept qui aurait pu être fonctionner. Tant de vent pour rien. *1/2

Ressusciter une série morribonde est le comble de l'inutilité. C'est pourtant ce qui arrive avec The Transporter Refueled de Camille Delmarre qui est encore plus insupportable que la mauvaise trilogie qui a lancé la carrière de Jason Statham. Et dire que deux suites sont déjà prévues... *1/2

Film du jour: Army

Prenons une pause du FFM pour se replonger dans l'oeuvre essentielle de Keisuke Kinoshita. Par l'entremise d'Army, il s'intéresse à la guerre qui gruge trois générations d'une même famille. Bien interprété et réalisé subtilement, le récit suit des tranches d'existences au profit d'un scénario nuancé qui, même s'il demeure parfois en surface, se reprend lors de cette formidable conclusion plein de larmes et de hargne. ***1/2

vendredi 4 septembre 2015

Film du jour: Greenery Will Bloom Again (FFM)

De tous les films vu dans cette présente édition du FFM, Greenery Will Bloom Again (Torneranno I Prati) d'Ermanno Olmi est facilement mon préféré. Sans être à la hauteur des classiques de son cinéaste, cette charge pacifique qui se déroule dans les tranchées italiennes pendant la Première Guerre mondiale rend mal à l'aise par son utilisation du silence et des répétitions, de ces lieux claustrophobes et de cette luminosité où les ombres semblent constamment dévorer la lumière. S'il ne se passe pas grand-chose, un énorme souci de réalisme s'en dégage (les comédiens sont criants de vérité) et si l'effort s'embourbe parfois dans la neige, il se conclut de façon triomphale avec un superbe monologue émouvant à la chandelle. Voilà un long métrage qui mériterait d'être acheté et distribué. ***1/2

jeudi 3 septembre 2015

Film du jour: Marry Me! (FFM)

Un mariage entre un Belge et une Turque ne fait pas nécessairement la joie de leur famille. C'est cet angle traité sous le filtre de la comédie douce-amère qu'aborde Marry Me! (Trouw Met Mij!) de Kadir Balci. Le film, assez sympathique et inoffensif, demeure toutefois en surface et si les clichés sont nombreux, ils sont parfois - mais pas tout le temps - excusés par les charmants interprètes. On préfère toutefois le court segment du mariage de l'hilarant Les nouveaux sauvages. **1/2

mercredi 2 septembre 2015

Film du jour: Gandhi (FFM)

Présenté ce soir en plein air dans le cadre du FFM, Gandhi demeure certainement le meilleur film de Richard Attenborough et celui de Ben Kingsley. Même si le cadre du biopic demeure classique, c'est dans le sens noble du terme, avec sa reconstitution d'époque fabuleuse et son rythme effréné. De quoi être hésitant à prime abord d'embarquer dans l'aventure... et être déçu, au bout de trois heures, que ça soit déjà fini. C'est ce qu'il faut appeler une référence du genre. ****1/2

mardi 1 septembre 2015

Nouveautés en DVD/Blu-ray : Mad Max: Fury Road, Dark Star : H.R. Giger’s World, Le semeur, Miss Julie, Chicago Fire: Season 3 et Chicago PD: Season 2

Lorsqu'un poids lourd sort en Blu-ray et en DVD, la compétition est frêle. C'est le cas cette semaine alors que le meilleur film d'action des dernières années arrive près de chez vous.

Il s'agit évidemment du Mad Max: Fury Road de George Miller, une course effrénée pendant deux heures qui rend béat. Oui, le point de saturation est atteint, mais quel divertissement tout de même! Surtout avec 110 minutes de suppléments! ****

Moins tendu est le documentaire Dark Star: H.R. Giger's World de Belinda Sallin sur l'homme qui a donné le look unique à la série Alien. On y apprend plein de choses pertinentes sans y retrouver l'essentiel. ***

C'est un peu le cas aussi de l'essai Le semeur de Julie Perron qui suit un être qui se dévoue à ce métier de longue haleine. Techniquement c'est au point et le sujet est charismatique et instructif. Il manque toutefois un peu de paprika pour faire lever le met. ***

Adaptation d'un livre célèbre, Miss Julie de Liv Ullmann ressemble à une pièce de théâtre statique et un brin poussiéreuse où le combat romantique de classes sociales est un prétexte pour rappeler le grand talent de Jessica Chastain et celui de Colin Farrell. Une fois qu'on s'habitue, cela devient plutôt intéressant. ***

Pour les amateurs de rebondissements efficaces et plus conventionnels, il y a toujours Chicago Fire: Season 3 et Chicago PD: Season 2 qui ne changent en rien une formule gagnante.

Film du jour: Fata Morgana

Redécouvrir les vieux documentaires de Werner Herzog, c'est plonger dans un univers sans ligne narrative classique, alors que l'on passe son temps à tout déchiffrer et à interpréter... et c'est loin d'être une vilaine chose. Dans son très spécial Fata Morgana qui est séparé en trois actes, la nature sauvage et humaine ne font pas toujours bon ménage, ce que l'on comprend dès cette introduction bizarroïde d'un avion qui n'arrive jamais à atterrir. Une fois ce test passé, on entre dans le vif du sujet, de cette prison à ciel ouvert et de ce temps qui semble glisser continuellement. L'exercice pourra en irriter plus d'un, mais il est souvent fascinant. ***1/2