Martin Eden: En adaptant le roman de Jack London, Pietro Marcello pond à la fois un puissant récit initiatique sur l'art et l'amour ainsi qu'une fascinante chronique de l'Italie qui embrasse le libéralisme avec décadence. La photographie de grande beauté, les choix sonores surprenants, les ellipses étonnantes, la mise en scène étourdissante qui alterne réalisme documentaire et fantaisie et, surtout, l'interprétation plus grande que nature de l'excellent Luca Marinelli (récompensé à Venise devant le Joker de Joaquin Phoenix) en font un opus à ne pas manquer. ****
Stray: Istanbul possède une relation particulière avec ses animaux. Après les chats du surestimé documentaire Kedi, place aux chiens de ce magnifique essai d'Elizabeth Lo, qui utilise une caméra immersive afin de se rapprocher au plus près des bêtes, des gens et de la ville afin de faire triompher leur humanité. Le tout sans réel dialogue, porté par quelques mélodies vibrantes et des intertitres de Diogène et Orhan Pamuk. ***1/2
Produit par Nicole Holofcener (Please Give), Sophie Jones est un premier long métrage d'une belle sensibilité de la part de Jessie Barr. Sans être particulièrement original, ce récit d'initiation sur une adolescente de 16 ans qui tente d'entrer en relation avec les autres suite au décès de sa mère est parsemé de trouvailles sincères, rigolotes et émouvantes à la fois. Le charme opère malgré un certain relâchement à mi-chemin, et Jessica Barr livre une prestation attendrissante, s'avérant la bougie d'allumage de cette jolie surprise issue du cinéma indépendant américain. Présenté virtuellement depuis le 2 mars et au Cinéma du Parc dès le 26 mars. ***
My Salinger Year: Philippe Falardeau continue ses projets anglophones avec cette comédie dramatique divertissante mais plutôt oubliable sur une aspirante écrivaine qui a la tâche de répondre aux courriers du mythique J.D. Salinger. Interprétée plus que correctement (Sigourney Weaver demeure évidemment truculente), cette création ludique et enjouée n'a pas toujours l'ambition nécessaires afin de s'échapper des conventions. ***
The Orphanage: Avec cette suite de son propre Wolf and Sleep (récompensé à Cannes en 2016), la réalisatrice Shahrbanno Sadat continue sa pentalogie sur l'Afghanistan, suivant cette fois son jeune héros adolescent à la fin des années 80. Entre le faux documentaire révélateur à la Kiarostami et le récit d'apprentissage plus classique teinté d’échappatoires vers les productions bollywoodiennes, l'équilibre se veut plutôt instable. Et même s'il s'éparpille allègrement, l'effort ne manque pas d'intérêt, surtout que la conclusion annonce un troisième tome particulièrement prenant... ***
Underplayed: S'intéressant à la sous-représentation des femmes dans la musique électronique, ce documentaire de Stacey Lee touche une corde sensible, levant le voile sur ce qui est généralement relégué dans l'ombre. Le tout sous fond de bonne musique et d'intervenantes de qualité. Dommage que la mise en scène académique et le traitement un brin manipulateur empêchent l'ensemble de réellement sortir des sentiers battus. Dès le 8 mars via Amazon Prime et Crave. **1/2
La daronne: Isabelle Huppert gère un trafic de stupéfiants dans ce polar comique guère convaincant ou amusant de Jean-Paul Salomé, où la star française semble plus à l'aise à converser avec Hippolyte Girardot qu'à faire avancer l'histoire parsemée de fils blancs et d'invraisemblances. Mon entrevue avec Isabelle Huppert. **
Jusqu'au 12 mars se déroule le Festival Filministes, alors que le public pourra visionner gratuitement 50 courts métrages et cinq long métrages, dont le joli Traversées de Caroline Côté et Florence Pelletier.
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