lundi 31 janvier 2011

Film du jour: Casino


Il est vrai que Casino ressemble beaucoup à GoodFellas et que le tandem Robert De Niro et Joe Pesci peut paraître usé. N'empêche que ce long métrage de Martin Scorsese se regarde pendant trois heures avec un large sourire, notamment dans sa façon de décrire un univers de tentations et de faire écrouler cette pyramide inatteignable. Les choix sonores forcent l'admiration, tout comme l'introduction et la conclusion. Rarement un effort de Scorsese aura été aussi divertissant. ****

Entrevues Chercher le courant


Un documentaire québécois très intéressant a pris l'affiche dans quelques salles de la province vendredi dernier. Il s'agit de Chercher le courant de Nicolas Boisclair et Alexis De Gheldere qui se questionnent sur le développement hydroélectrique de la Rivière Romaine. Roy Dupuis en assure la narration. Ce projet volontairement subjectif condense beaucoup d'informations en 85 petites minutes et il s'adresse, comme le rappelle le synopsis, à «quiconque paye une facture d'électricité».

Je me suis entretenu avec les réalisateurs et le populaire comédien. Ma première entrevue se trouve ici.

Ma seconde en format questions/réponses juste ici.

dimanche 30 janvier 2011

Film du jour: Me and You and Everyone We Know


Été 2005. Il faut trouver les bons films sur les écrans québécois. C'est là que le Cinéma du Parc décide de programmer le long métrage américain Me and You and Everyone We Know de Miranda July. Coup de coeur instantanément qui se répercute grâce à cette fine et imaginative mise en scène, cette musique délicate, ces fantastiques interprètes peu connus et ce scénario mignon et poétique comme tout sur la quête de bonheur de quelques individus. Une oeuvre qui fait beaucoup de bien, dans la même lignée que (500) Days of Summer. À quand le prochain effort de la cinéaste? ****

samedi 29 janvier 2011

Film du jour: Trainspotting


Pour plusieurs cinéphiles le cinéaste Danny Boyle n'a fait que deux films vraiment excellents: son ingénieux premier long métrage Shallow Grave et son magnifique Trainspotting. Bien que ce très divertissant titre de drogués n'a pas la même portée qu'un Requiem for a Dream, il demeure un des meilleurs efforts de junkies.

Pour une fois la mise en scène rapide sert le propos. Les flashs visuels et sonores sont constants (et assez extraordinaires), tout comme les dialogues irrésistibles, l'humour qui coule à flot et l'interprétation complètement décontractée (Ewan McGregor y trouve un de ses meilleurs rôles en carrière). Pas certain de vouloir voir cette suite que Boyle promet depuis des lustres... ****

Entrevues: Funkytown


Le disco est à l'honneur depuis vendredi dernier dans le film québécois Funkytown. Très sollicité sur le tapis rouge de la grande première montréalaise, j'ai réussi à m'entretenir avec son réalisateur Daniel Roby afin de lui poser quelques questions qui sortent - c'est à espérer - de l'ordinaire.

Mon entrevue en format questions/réponses se trouve sur le site électronique de Showbizz.net et celui de Lecinema.ca.

vendredi 28 janvier 2011

Film du jour: Rebel Without a Cause


L'ultime film américain sur l'adolescence n'est peut-être pas American Graffiti, mais bien Rebel Without a Cause que Nicholas Ray a réalisé en 1955. Au sommet de son art, James Dean incarne un jeune homme en guerre contre son père et qui est pris en grippe par une gang de son école. La critique sociale, toujours pertinente, est alimentée par une jolie distinguée, une mise en scène ample et le jeu touchant de tous ses interprètes. Qui veut encore faire des courses de voiture après cela? ****1/2

Another Year, Chercher le courant, Casino Jack, The Rite, Funkytown, The Mechanic


Lorsqu'il y a un grand film qui prend l'affiche, on arrête tout et on va le voir. Ce sera possible cette semaine avec la présentation d'un certain ouvrage anglais qui berce l'âme.

Mike Leigh rappelle qu'il est un très grand cinéaste avec Another Year, une chronique douce-amère et nostalgique sur un couple et leurs amis célibataires. Magnifiquement interprété avec un scénario à l'avenant et beaucoup d'improvisation, ce joyau ne quitte plus l'esprit une fois la tombée du générique. On lui pardonnera même ses métaphores qui manquent de subtilité, car le résultat donne le goût de renouer avec sa famille.

Documentaire éclairant sur l'hydroélectricité, Chercher le courant de Nicolas Boisclair et Alexis De Gheldere propose des alternatives à cette forme d'énergie tout en présentant les magnifiques paysages la rivière Romaine. Banal dans sa forme, l'exposé subjectif résonne avec ses exemples bétons.
Critique

Dans son dernier film, le réalisateur George Hickenlooper propose Casino Jack, une satire mordante du monde des lobbyistes. Bien que le scénario soit touffu et que le rythme ne le met pas toujours bien en valeur, l'exposé à la Wag the Dog fait sourire, tout comme la forte composition de Kevin Spacey.

Nouveau film sur l'exorcisme, The Rite de Mikael Hafstrom est doté de belles atmosphères, d'une tension probante et d'un jeu appréciable de ses comédiens (surtout Anthony Hopkins), mais également d'affrontements qui laissent à désirer et d'une finale qui n'est pas à la hauteur. Mais cela aurait pu être bien pire.
Critique

On aurait voulu beaucoup aimer Funkytown de Daniel Roby. Un film choral sur la période disco à Montréal qui traite également de la langue et de la souveraineté: quel projet ambitieux! Sauf qu'à force de s'éparpiller, la prémisse devient superficielle et moralisatrice. Paul Doucet est toutefois très surprenant dans un rôle coloré.
Critique

Un remake d'un mauvais long métrage demeurera généralement un mauvais long métrage. C'est le cas de The Mechanic de Simon West sur les problèmes de conscience d'un assassin. Au lieu d'alterner entre dérision et second degré, l'effort se prend terriblement au sérieux. Si au moins Jason Statham jouait bien...
Critique

jeudi 27 janvier 2011

Film du jour: Tokyo Story


Cinéaste japonais qui a longuement exploré les liens qui se tissent entre les membres d'une même famille, Yashujiro Ozu est un des géants du septième art, ayant livré plusieurs films qui ont influencé des générations de réalisateurs.

Son plus grand opus est certainement Toky Story, ce mélodrame sur des parents qui décident de visiter leurs enfants... qui n'ont pas le temps de s'occuper d'eux! Le récit, lent et mélancolique, s'apparente aux plus beaux des requiems: une découverte de lieux et de moeurs, une réelle possibilité d'un monde meilleur et une perte aussi tragique que soudaine. Même si l'ensemble date de 1953, sa résonance actuelle est cruellement étonnante. À voir en compagnie d'êtres chers. *****

mercredi 26 janvier 2011

Film du jour: Suspicion


Alfred Hitchcock n'est pas seulement le maître du suspense. Il est également celui qui dérègle la romance pour l'amener ailleurs. C'est le cas dans ses films les plus célèbres (Vertigo, Psycho, Rear Window), mais également dans ceux qui sont un peu plus obscurs.

Réalisé en 1941, Suspicion n'est pas un classique. Cela ne l'empêche pas d'être un titre drôlement efficace sur une femme qui a de plus en plus de raisons de croire que son mari veut l'assassiner. Doté d'un rythme tout à fait au point et d'une belle photographie, cet essai captive avec son humour bien dosé, ses dialogues savoureux et son duo composé de Joan Fontaine et de Carey Grant. ***1/2

mardi 25 janvier 2011

Film du jour: Fahrenheit 451


Premier film en anglais de François Truffaut, Fahrenheit 451 est une adaptation de grande classe du roman titre de Ray Bradbury. Dans un avenir volontairement ancré dans la dystopie, des pompiers brûlent tous les livres, source de savoir, jusqu'au moment où un des leurs décident de penser par lui-même et de se rebeller contre le pouvoir en place.

Alternant entre une mise en scène glaciale et une musique chaude de Bernard Herrmann, une performance incarnée d'Oskar Werner et deux autres (double rôle oblige)propre à la désinvolture de Julie Christie, voilà un récit de science-fiction qui ne finit plus de dérouter. ****

DVD: Lebanon, Tête de turc, Enter the Void, RED, Nowhere Boy, L'italien, Secretariat, Le poil de la bête, StreetDance, Saw VII


10 sorties de films en dvd et en blu-ray! C'est beaucoup. Surtout qu'on a tout vu et qu'il n'y a que la moitié qui est recommandable. Alors pour éviter de se tromper, on prend des notes!

Sorte de Das Boot du 21e sièce, le brillant Lebanon de Samuel Maoz réduit la guerre à un tank qui avance. Un portrait magnifique sur l'absurdité et l'incompréhension qui se cachent derrière les conflits armés.

Tête de turc est le premier film du comédien Pascal Elbé et il ressemble beaucoup à un 21 Grams dans les cités. Malgré quelques maladresses (la finale), l'ensemble se veut une grande décharge au visage.

Gaspar Noé représente le meileur et le pire du cinéma. C'est encore le cas avec Enter the Void, une interminable odyssée à la première personne. Après un générique inoubliable et une fascinante première heure, le récit perd de son intérêt.

Plaisir coupable de voir Bruce Willis, John Malkovich, Morgan Freeman et Helen Mirren se frapper pour des riens, RED de Robert Schwentke reprend la formule du film d'action. Avec de l'humour, ce qui fait toujours du bien.

Biographie romancée sur la jeunesse de John Lennon, Nowhere Boy de Sam Taylor Wood mérite le détour surtout pour la portion familiale entre le musicien et sa mère. Le reste ne représente que des anecdotes.

Kad Merad est un bon comédien. Il devrait arrêter de perdre son temps dans des niaiseries comme L'italien d'Olivier Baroux où il passe son temps à mentir à tout le monde. Au lieu d'une comédie clichée, cela aurait dû être un drame.

Une leçon de courage édifiante avec un animal comme sujet principal? C'est du Walt Disney tout craché! La dernière version s'intitule Secretariat de Randall Wallace et elle ressasse avec une musique écrasante les exploits d'un célèbre cheval.

Qui n'aime pas les longs métrages de loups-garous? Les bons films, bien entendu, pas les ratages complets comme Le poil de la bête de Philippe Gagnon qui réussi l'exploit d'insulter l'intelligence malgré son impressionnante distribution.

Est-ce qu'il y a un seul modèle lorsqu'on désire toucher à la danse et à la musique dans une production pour adolescents? Il semble bien que oui. C'est justement ce sentiment de déjà-vu qui émane du superficiel StreetDance de Max Giwa et Dania Pasquini.

Les Saw se suivent et se ressemblent. Cela en devient d'autant plus éprouvant avec ce septième épisode qui semble avoir été assemblé dans une usine. Rien n'y est bon, il faudrait fermer boutique le plus rapidement possible.

lundi 24 janvier 2011

En attendant le dévoilement des Oscars


C'est demain que seront annoncées les nominations pour la prochaine cérémonie des Oscars. Depuis l'année dernière la sélection a été augmentée à 10 titres dans la catégorie du meilleur film.

Pour des longs métrages qui méritent de se retrouver là (Inception, Black Swan, Social Network, Toy Story 3 et sans doute Winter's Bone), on imagine très bien les fauteurs de troubles qui n'y seront sans doute qu'à cause de la forte pression de leur studio. Dans le lot il sera difficile d'écarter The King's Speech (beaucoup trop classique), The Fighter (une copie inférieure de The Wrestler), The Kids Are All Right (sympathique, sans plus), et possiblement True Grit (parce que c'est réalisé par les frères Coen, et le succès au box office ne doit pas nuire non plus).

Voici mes choix personnels des 10 films qui devraient, dans un monde idéal, s'y retrouver. Dans tous les cas ce sont des opus en langue anglaise, quoique la réglementation de ce côté n'étant pas toujours claire, les cinéphiles se rappelant que l'excellent La vie est belle Benigni a été retenu il y a de cela plus d'une décennie.

- The American
- Animal Kingdom
- Another Year
- Black Swan
- Blue Valentine
- Please Give
- The Social Network
- Scott Pilgrim vs. The World
- Toy Story 3
- Winter's Bone

Film du jour: Land of Plenty


Même s'il ne fait plus d'aussi bons films qu'avant, une oeuvre de Wim Wenders est toujours un évènement, et c'est le cas de Land of Plenty (2004) qui est sorti directement en DVD.

Dans une Amérique toujours éprouvée par les attentats du 11 septembre, une jeune fille bien attentionnée et son oncle paranoïaque ne s'entendent pas sur la marche à suivre lorsqu'un homme meurt assassiné.

Éloquente étude de milieu tournée en HD, ce récit passionnant et éloquent sur la pauvreté et le peu de soin apporté aux anciens soldtats bénéficie de deux excellents acteurs: Michelle Williams et le trop rare John Diehl. Même si la finale déçoit par sa facilité et son côté moralisateur, le chemin exploré jusque-là mérite qu'on s'y attarde. ***1/2

dimanche 23 janvier 2011

Film du jour: Solaris


Le cinéma d'Andrei Tarkovsky est un des plus fascinants du septième art. Avec ses lenteurs, son ton contemplatif, sa façon d'accumuler les mystères et les propositions ambitieuses, il est possible de revoir ses oeuvres encore et encore et toujours saisir des éléments nouveaux.

C'est le cas de sa version de Solaris qui a vu le jour en 1972. Cette histoire au demeurant simple d'un homme qui rencontre des problèmes lorsqu'il va travailler sur une station spatiale est un chef-d'oeuvre sur tous ses aspects. En l'espace de trois heures, il interroge la condition humaine, la conscience, les souvenirs et les rapports entre la vie et la mort. Un labyrinthe sans fin (un peu à la façon d'Inception dont il est possible de faire quelques liens dans la façon dont l'être humain peut aimer éternellement) qu'il faudra arpenter plus d'une fois afin de saisir toutes les subtilités. Surtout que l'édition Criterion comprend plusieurs suppléments de grande qualité, dont un exposé d'Akira Kurosawa. *****

samedi 22 janvier 2011

Entrevues: Une vie qui commence


Ouvrant l'année cinématographique québécoise 2011, Une vie qui commence raconte les déboires d'un fils lors du décès soudain de son père.

Afin d'en savoir davantage sur le sujet je me suis entretenu avec son réalisateur Michel Monty, ainsi que les comédiens François Papineau, Julie Le Breton et Charles-Antoine Perreault.

Une première entrevue se retrouve dans les pages du Métro.

Un second texte orne le site Lecinema.ca.

Film du jour: Tarnation


Lors de sa sortie en salles au Québec en 2005, le Tarnation de Jonathan Caouette avait fait grande impression, se retrouvant bien haut dans notre palmarès de fin d'année. En le revoyant, on comprend pourquoi. Ce documentaire d'un jeune homme sur sa mère est toujours aussi pertinent, chavirant le coeur par sa poésie nocturne, faisant frissonner devant ses grands moments d'horreur. Trop souvent le documentaire se limite à une forme simpliste et classique. Pas ici où un soin esthétique et musical de tous les instants a été apporté au sujet. Une des grandes oeuvres méconnues du dernier millénaire qui donne le goût de faire du cinéma. ****1/2

vendredi 21 janvier 2011

L'autre Dumas, The Way Back, The Company Men, Made in Dagenham, Une vie qui commence, No Strings Attached


Plusieurs petits films se disputent les écrans et la plupart son sympathiques sans être transcendants.

Réalisateur des intéressants Le cou de la girafe et L'empreinte de l'ange, le talentueux cinéaste Safy Nebbou propose L'autre Dumas, une fiction sur les liens entre le romancier Alexandre Dumas et son ghost writer. Mordant et intéressant, l'ouvrage vaut surtout pour le duo formé entre le monstre sacré Gérard Depardieu et l'étonnamment sobre Benoît Poelvoorde.

Donnant finalement des nouvelles après son surestimé Master and Commander en 2003, Peter Weir revient en adaptant une supposée histoire vraie d'une évasion de sept prisonniers d'un goulag russe lors de la Seconde Guerre mondiale. Des magnifiques images ne viennent pas toujours sauver ce The Way Back qui traîne en longueur. L'interprétation de comédiens talentueux (Ed Harris, Jim Sturgess) est tout de même acceptable.
Critique

John Wells signe un classique mais intéressant premier film sur la crise économique et le chômage qui touchent trois hommes d'une même compagnie. En faisant abstraction de l'horrible finale, The Company Men se suit avec intérêt, bénéficiant de la forte présence de Ben Affleck, Tommy Lee Jones, Chris Cooper et Kevin Costner.

Feel-good movie consensuel qui emprunte une thématique forte pour offrir un divertissement léger et oubliable, Made in Dagenham de Nigel Cole relate une grève de travailleuses anglaises à la fin des années 1960. Quelle chance qu'il y a la lumineuse Sally Hawkins pour relever la sauce, car l'ensemble manque singulièrement de rythme.
Critique

Premier long métrage québécois de 2011, Une vie qui commence de Michel Monty n'est ni bon ni mauvais. Bien que cette histoire de deuil qui se déroule pendant les années 1960 sente le réchauffé, la première partie captive par la présence forte de François Papineau. La suite n'est cependant pas à la hauteur.
Critique

On s'attendait tous au navet et c'est finalement pas si pire. C'est le constat qui ressort de No Strings Attached d'Ivan Reitman sur les relations entre un homme et une femme qui désirent être des amis avec des bénéfices sexuels. Dans le meilleur des mondes il faudrait sortir avant la fin qui est tout simplement moralisatrice. Mais d'ici là de bons gags feront sourire, tout comme la performance charmante de Natalie Portman.
Critique

Film du jour: Maradona


La vie est souvent injuste. Même s'il a remporté deux fois la Palme d'Or, les films d'Emir Kusturica ne se rendent même plus ici. En attendant de voir un jour Promets-mois qui a pris l'affiche en 2007 (et dont la trame sonore est vraiment excellente), un de ses documentaires réalisés en 2006 est apparu comme par magie au courant de 2010.

En parlant du célèbre joueur de foot Diego Maradona, le créateur de Underground a trouvé un sujet à sa hauteur, qui permet de le mettre en vedette aux côtés de son idole tout en saturant sa réalisation de séduisants airs tziganes. Sans grande nuance ni subtilité, le manifeste embrasse les causes du demi-dieu, racolant sur son discours politique. L'ouvrage prend heureusement de sa pertinence lorsqu'il aborde des questions familiales ou qu'il revient sur les problèmes de drogue de l'artiste. ***

jeudi 20 janvier 2011

DVD: Altiplano, Animal Kingdom, Eyes Wide Open, La tête en friche, Howl, Baaria


On ne peut pas tout voir à temps. Mais on peut faire du rattrapage, ce qui permet de ne rien manquer de ce qui se passe. Surtout depuis l'invention du dvd et du blu-ray. Voici une petite liste - qui sera sans doute mensuelle - sur ce qui a pu échapper à notre radar.

Altiplano: Nouveau film du tandem Peter Brosens et Jessica Hope Woodworth qui explore cette fois les notions de vie, de mort, de rituels et de destin qui peuvent lier deux femmes. Avec son rythme contemplatif, ses images à couper le souffle et ses excellents interprètes peu connus (sauf Olivier Gourmet qui y fait une apparition remarquée), il s'agit d'une magnifique trouvaille qui évoque autant le cinéma de Bernard Émond que celui de Fellini.

Animal Kingdom: On a beaucoup parlé de ce film australien sur les déboires d'une famille de gangsters. Sombre et malsain, le récit mené de mains de maîtres par David Michôd surprend par sa maîtrise technique et le soin apporté aux personnages. En grand-mère, Jacki Weaver est tout simplement terrifiante.

Eyes Wide Open: Sorte de Brokeback Mountain israélien, ce long métrage d'Haim Tabakman porte un regard sincère sur l'éternel conflit qui oppose raison et sentiments, traditions et émancipation. Une oeuvre fine et très bien fignolée.

La tête en friche: Jean Becker continue à explorer les liens entre les classes sociales avec cette charmante histoire d'amitié entre une vieille dame et la mascotte du village. Un peu moralisateur dans sa dernière ligne droite, l'effort séduit par le délicieux duo formé de Gérard Depardieu et de Gisèle Casadesus.

Howl: De la poésie au cinéma peut être intéressant. C'est le cas de la dernière missive de Rob Epstein et de Jeffrey Friedman (Times of Harvey Milk) qui s'intéresse aux célèbres écrits d'Allen Ginsberg. Une performance forte de James Franco et quelques surprenants éclairs au niveau de la mise en scène sauve ce discours un peu trop statique de l'ennui.

Baaria: Après La femme inconnue l'année dernière, Giuseppe Tornatore redonne déjà des nouvelles avec cette chronique qui se déroule sur trois générations et qui débute dans les années 1930 en Italie. Nostalgique mais un peu anecdotique, l'ensemble finit par sentir un peu trop la carte postale.

Film du jour: Les diaboliques


On se rappelle de l'horrible remake qui mettait en vedette Sharon Stone et Isabelle Adjani. Bien entendu la version originale de Les diaboliques était une oeuvre qui se tenait parfaitement, accumulant de forts moments de suspense jusqu'à une conclusion horrifiante. Sans doute que sa finale n'est plus aussi surprenante qu'en 1954. Reste que la mise en scène d'Henri-Georges Clouzot coupe le souffle dans son utilisation de la lumière et de l'obscurité, et que Paul Meurisse incarne un des pires salauds du septième art, martyrisant à outrance Simone Signoret et Vera Clouzot. Morale: faire disparaître son mari sera tout sauf évident! ****1/2

mercredi 19 janvier 2011

Film du jour: Sans toit ni loi


Grand-maman de la Nouvelle Vague, Agnès Varda a toujours été d'une pertinence primordiale, comme en fait foi son excellent documentaire Les plages d'Agnès qui a vu le jour il y a de cela quelques années.

Dans Sans toit ni loi (1985), elle interroge la responsabilité de tout un chacun en suivant une jeune itinérante qui ne demande qu'à un peu de bonheur et de quiétude. Récit filmé au plus près sur un ton naturaliste, cet exposé plus vrai que la réalité déchire par la performance touchante de Sandrine Bonnaire et le ton intimiste employé. De quoi se sentir inconfortable tout au long du visionnement. ****

mardi 18 janvier 2011

Film du jour: East of Eden


Vibrante adaptation du classique de John Steinbeck, East of Eden du controversé cinéaste Elia Kazan est un des meilleurs films américains du septième art, transcrivant avec une rare maestria une relation conflictuelle entre un fils et son père. Sorti sur les écrans en 1955, c'est possiblement LE long métrage qui a instauré James Dean dans l'imaginaire. Une oeuvre forte et inoubliable, où un soin technique de tous les instants (la musique, la photographie) se symbiose parfaitement aux dialogues truculents. Grand moment de cinéma. *****

DVD: Route 132, Buried, London River, Jack Goes Boating, The Switch, Stone, Takers, Death Race 2, The Infidel, Score - A Hockey Musical


Les grosses productions américaines cèdent leur place à une multitude de petits essais, bons ou mauvais, qui déferlent sans crier gare.

C'est le cas de Route 132, cet énième film québécois sur le deuil. Un récit inspirant, drôle et dramatique porté par la réalisation sensible de Louis Bélanger et l'interprétation dans le ton de François Papineau et d'Alexis Matin.

Buried de Rodrigo Cortes est un peu ce que le 127 Hours de Danny Boyle aurait dû être: un film qui inspire la claustrophobie, haletant et dérangeant, avec beaucoup d'ironie et un soupçon de politique. Chapeau à Ryan Reynolds d'avoir été enterré dans un cercueil!

Touchante odyssée au coeur de l'incompréhension et du terrorisme, London River de Rachid Bouchareb fait oublier sa prévisibilité par la performance impressionnante de Brenda Blethyn et du regretté Sotigui Kouyaté.

Sorti directement en dvd, Jack Goes Boating marque les débuts à la réalisation de Philip Seymour Hoffman. Cette histoire d'amour et d'amitié ne renie pas son inspiration théâtrale, faisant rire par ses dialogues forts en bouche et ses bons comédiens. Reste la fin qui n'est pas à la hauteur.

Jennifer Aniston qui joue dans un bon long métrage? C'est ce qui arrive dans The Switch de Josh Gordon et Will Speck, une comédie efficace sur la relation entre un enfant et un homme qui pourrait bien être son père.

Le principal attrait de Stone de John Curran est de voir Robert De Niro (nuancé) et Edward Norton (caricatural) s'affronter en mots dans une pièce close. Un duel captivant qui fait oublier le reste de l'intrigue, un peu quelconque.

Gros film d'action clinquant et superficiel, Takers de John Luessenhop reprend le canevas du film de casse sans rien apporter de nouveau. Moyen... mais meilleur que ce que laissait présager la bande-annonce.

L'original était un des pires navets de 2008, mais sa suite-prequel Death Race 2 titille les bas instincs sans se prendre au sérieux. C'est mauvais mais tellement mieux que la précédente version.

Comédie sur la tolérance entre deux peuples ennemis, The Infidel de Josh Appignanesi est ponctué de tellement de clichés que cela joue pour beaucoup sur l'appréciation rencontrée.

On adore les comédies musicales, le hockey et les longs métrages canadiens. Mais on se sent insulté devant une ineptie comme Score - A Hockey Musical qui fait mal aux oreilles et aux yeux (les chorégraphies). Au moins son réalisateur Michael McGowan demeure quelqu'un de très sympathique...

lundi 17 janvier 2011

Film du jour: Le salaire de la peur


Ce qu'il y a de bien dans le cinéma d'Henri-Georges Clouzot, c'est sa façon de plonger dans l'âme humaine à travers un genre, le suspense. Sur le plan francophone, personne n'est encore allé aussi loin que lui.

C'est un des nombreux aspects intéressants de Le salaire de la peur (1953), ce récit phare sur quatre hommes qui cherchent à se faire un peu d'argent en acheminant de la dynamite sur une route accidentée. La première partie développe parfaitement ses personnages, la seconde les plonge littéralement en enfer, avec cette tension qui rend nerveux et qui fait sursauter à chaque instant. Un film long (150 minutes) mais essentiel, plastiquement impeccable et qui peut compter sur une distribution internationale de grande qualité. ****1/2

Entrevues Death Race 2


Je voulais parler de la cérémonie des Golden Globes qui s'est déroulée hier, mais comme les choix étaient si prévisibles, j'ai décidé de passer à autre chose.

Voici donc mes entrevues avec les comédiens Luke Goss et Tanit Phoenix pour Death Race 2 qui sort directement en DVD et en Blu-ray à partir de demain.

Mon texte complet se trouve ici.

dimanche 16 janvier 2011

Film du jour: The Red Shoes


Au rayon de l'horreur et du suspense, la Corée du Sud a longtemps eu une bonne longueur d'avance sur ses plus proches poursuivants. The Red Shoes de Kim Yong-gyun n'est cependant pas à inscrire parmi les meilleures productions du genre.

Ce n'est pourtant pas la faute de l'histoire, très prometteuse, qui concerne des souliers roses (et non rouges du titre) meurtriers. Mais plutôt le traitement qui se dégonfle avant la fin, que ce soit la mise en scène qui fait dans l'esbroufe, l'interprétation inégale et ce désir latent de mélanger inutilement ce qui aurait pu être si simple. Quelques scènes sortent heureusement du lot dans leur façon de mélanger humour et macabre, tout comme ce grand soin esthétique et cette musique mélodique. De quoi en retirer une petite frousse, tout au plus. **1/2

samedi 15 janvier 2011

Film du jour: Sling Blade


Il y a des acteurs où l'on est disposé à oublier tous leurs mauvais films parce qu'ils ont joué dans des oeuvres extraordinaires. C'est le cas de Billy Bob Thornton qui a été connu grâce à son rôle dans Sling Blade, un long métrage qu'il a également réalisé en 1996.

Cet excellent récit classique dans sa forme mais si émouvant dans ses thèmes suit les tribulations d'un simple d'esprit qui devient ami avec un garçon qui habite avec sa mère et son nouveau conjoint. Explorant les méandres de la famille et de l'amitié avec une sensibilité impressionnante, cet ouvrage un peu long hante par sa progression et la composition exceptionnelle de Thornton, facilement la meilleure de sa carrière. ****

Blue Valentine, The Green Hornet, The Man From Nowhere, Neuilly sa mère!, The Dilemma


L'année cinématographique 2011 commence finalement à prendre forme avec la présentation de beaux et de bons films. Le tourbillon déferle même en force que nous n'avons pas eu le temps d'aller voir le Somewhere de Sofia Coppola. Ce n'est pas grave, on va se rattraper très bientôt... ou lors de sa sortie en DVD.

Superbe histoire d'amour tragique, Blue Valentine de Derek Cianfrance explore les hauts et les bas de la vie de couple. Mis en scène avec originalité et style, porté par une excellente trame sonore, de grands moments d'émotions et un couple parfait formé de Ryan Gosling et de Michelle Williams, il s'agit d'un immense opus américain que nous n'allons certainement pas voir à la prochaine cérémonie des Oscars. Trop «indépendant». Dommage.
Critique

Il était légitime d'avoir peur envers The Green Hornet. L'exquis réalisateur Michel Gondry qui débute dans le gros long métrage commercial? Pourtant cela fonctionne très bien avec sa vision d'enfant, son humour délicieux et ses jolies scènes explosives. Le tandem Seth Rogen et Jay Chou fait mouche dans ce conte à prendre au 3e ou au 4e degré.
Critique

Débarquant sur trop peu d'écrans, The Man From Nowhere de Lee Jeong-beom s'inspire du Léon de Besson, avec son tueur en série qui cherche à protéger une petite fille. De là le récit s'enchaîne comme une montagne russe, avec ses grands moments violents et ses lentes montées de tension. Superficiel mais terriblement divertissant.
Critique

Petite comédie française qui n'a bénéficié d'aucune projection de presse, Neuilly sa mère! de Gabriel Julien-Laferrière est une satire gentille du racisme et de la tolérance sous Sarzoky, s'intéressant aux problèmes d'un jeune d'une cité qui vient s'installer dans un quartier huppé. Drôle, sympathique et parfait pour toute la famille qui ne veut pas se prendre la tête inutilement.

Après son surprenant Frost/Nixon, Ron Howard offre un de ses pires essais en carrière avec The Dilemma, où il présente un héros aux prises avec des problèmes de conscience, à savoir s'il doit dénoncer les infidélités de la femme de son meilleur ami. Jamais réellement drôle ou inspiré, cet effort mal écrit et pas très bien réalisé sabote une distribution de rêve formée par Vince Vaughn, Jennifer Connelly et Winona Ryder.
Critique

vendredi 14 janvier 2011

Film du jour: Time


Un des cinéastes les plus productifs du septième art, Kim Ki-duk combine généralement grande beauté esthétique et scénario élaboré. C'est le cas de Time, ce projet incongru et fascinant qui a vu le jour en 2006.

À la façon d'un David Lynch ou d'un Wong Kar-wai, il demande à ses personnages de jouer plusieurs rôles, tentant au passage de percer à jour les élans du coeur. Réflexion passionnante sur le temps qui passe et le désir à tout prix de rester jeune, ce suspense singulier ne s'oubliera pas de sitôt, berçant par ses images d'une grande beauté symbolique et ses interprètes hors pairs. ****

jeudi 13 janvier 2011

Film du Jour: Missing


Palme d'Or de 1982, Missing est un autre exemple éclatant du travail de Costa-Gavras, qui part d'un terrible drame humain (la disparition d'un fils, d'un amoureux) pour le mélanger à une affreuse réalité politique, ici le renversement d'un régime d'un pays de l'Amérique du Sud. Aussi subtile qu'une tonne de brique, son brio passe par son scénario qui donne des frissons, sa mise en scène qui prend rapidement à la gorge, la superbe trame sonore de Vangelis et le jeu dense de ses interprètes, Sissy Spacek en tête et surtout Jack Lemmon dans un rôle sérieux. Un de ses meilleurs films en carrière, tout juste derrière l'inoubliable Z. ****1/2

mercredi 12 janvier 2011

Film du jour: Cradle Will Rock


Il y a quelques années prenait l'affiche Me and Orson Welles, une sympathique chronique sur l'art et la création qui se déroulait pendant les années 1930. Pour en savoir davantage sur cette époque fondamentale il est recommandé de revoir Cradle Will Rock, un film choral peuplé de stars (Susan Sarandon, John Cusack, Emily Watson, Cary Elwes, John Turturro, Vanessa Redgrave, Jack Black, Paul Giamatti et Bill Murray) qui se veut à la fois drôle et satirique, touchant subtilement à l'engagement et au sens éthique de chacun.

Bien qu'imparfait (c'est un peu long et imparfait), la démonstration demeure pertinente, de surcroît en 2011. C'est étrange que depuis la sortie de ce film (en 1999), l'excellent comédien Tim Robbins n'a plus touché à la réalisation, lui qui en avait mis plein la vue avec le truculent Bob Roberts et, surtout, le déchirant Dead Man Walking. ***1/2

mardi 11 janvier 2011

DVD: Mademoiselle Chambon, The Social Network, Mr. Nobody, Machete, Alpha and Omega, Pirahna 3D


Les bons films peuvent enfin déployer leurs ailes en cette année qui se promet faste en productions intéressantes (il faut toujours demeurer positif). Il y a tellement de sorties pertinentes aujourd'hui que nous allons aborder le cas d'Animal Kingdom et de Howl lors d'une entrée ultérieure.

En attendant il ne faudra pas manquer Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé, une des meilleures histoires d'amour pour adultes des dernières années où deux êtres issus de deux classes sociales différentes sont attirés l'un vers l'autre comme des aimants. Sensible et intelligent, avec en prime des performances justes de Vincent Lindon et de Sandrine Kiberlain.

En prévoit la horde de prix pour The Social Network, le dernier long métrage de David Fincher qui porte sur le créateur de Facebook. Oui, le rythme est endiablé, tous les acteurs sont excellents et la musique de Trent Reznor mérite le détour. Pourtant il manque une certaine profondeur pour en faire un grand film. Au lieu de cela il demeure un très recommandable divertissement.

Dans la catégorie «romance maudite qui arrive ultimement à séduire malgré son scénario brouillon», Mr. Nobody de Jaco Van Dormael est un fourre-tout ambitieux qui, malgré sa trop longue durée, présente un homme dans trois existences différentes en compagnie d'Aphrodites multiples. En résulte alors une réflexion pertinente sur le temps et les choix.

Robert Rodriguez est beaucoup trop gentil dans ses satires ultra violentes. Il l'est à nouveau dans Machete, une série B jouissive sur les déboires d'un Mexicain. Ce qui est drôle la première heure sent rapidement la redite par la suite. Mais bon, dans le même genre, c'est 1000 fois mieux qu'un certain Pirahna 3D...

Non les animations ne sont pas toutes intéressantes. Alpha and Omega d'Anthony Bell et de Ben Gluck est même une déception sur toute la ligne, avec son banal scénario de divergences amoureuses chez les loups. Lorsque les enjeux sont quelconques, que les gags tombent à l'eau, que les personnages manquent de personnalité et que le dessin demeure mal élaboré, il y a rien pour intéresser très longtemps.

Une des pires productions de 2010, Pirahna 3D est un vulgaire remake d'un film de série B des années 1970. Ce qui aurait pu être drôle et jouissif dans cet ersatz de Jaws ne se concrétise jamais tant l'effort d'Alexandre Aja ressemble à un pétard mouillé qui ne se veut ni drôle ni social (comme l'original qui évoquait les affres du Vietnam). La déception - et l'échec - se veulent alors retentissants.

Film du jour: Withnail & I


Film de drogués par excellence des années 1980, Withnail & I de Bruce Robinson a attiré l'attention par ses dialogues ingénieux et le duo irrésistible porté par Richard E. Grant et Paul McGann bien plus que par son scénario secondaire. Dans cette galère où deux amis cherchent le sens de la vie, l'humour très british fait bon ménage avec cette galerie presque sans fin de personnages étranges et inquiétants.

La bonne nouvelle est qu'une édition non Criterion vient de voir le jour (donc avec un prix qui a beaucoup plus d'allure). La mauvaise est que les suppléments sont pratiquement inexistants. Encore une fois mieux vaut se contenter du contenu et non du contenant. ***1/2

lundi 10 janvier 2011

Film du jour: Trouble in Mind


Trouble in Mind d'Alan Rudolph fête peut-être son 25e anniversaire, mais peu de gens se rappellent de sa naissance. Ce n'est pas surprenant, le titre n'a rien de mémorable malgré ses bons moments, sa finale forte et ses dialogues humoristiques. Quelque part dans le futur (ou le passé tellement la ligne est floue), un homme qui sort de prison est appelé à aider les gens (enfin, principalement du sexe féminin) qu'il rencontre. Envoûtant par son climat et frustrant un peu par son scénario éparpillé, une certaine fascination se développe, seulement pour voir où le tout va aboutir. Avec Kris Kristofferson, Keith Carradine et Geneviève Bujold, tout en bénéficiant d'une chanson de Marianne Faithful. ***

dimanche 9 janvier 2011

Film du jour: Loves of a Blonde


Comment ne pas aimer Milos Forman, ce grand cinéaste à qui l'on doit les géniaux Amadeus et One Flew Over the Cuckoo's Nest? Alors que le cinéphile attend depuis des lustres quelque chose d'intéressant de sa part, il peut bien retourner dans son passé, alors que le réalisateur travaillait en République Tchèque (qui s'appelait à l'époque la Tchécoslovaquie).

C'est là qu'on retrouve plusieurs oeuvres d'exception, dont le délicieusement éclaté Loves of a Blonde qui date de 1965. Dans ce petit film simple comme tout, une jeune blondinette cherche l'amour chez les garçons qu'elle rencontre. Improvisé presque de A jusqu'à Z et mettant en scène des comédiens non professionnels, cette fantaisie en trois temps est un excellent exemple du type de cinéma pratiqué à l'époque. Plus sensuel qu'érotique, plus comique que tragique, cet apprentissage dans la cours des grands se savoure avec délectation, notamment grâce à un dernier acte hilarant. ****

samedi 8 janvier 2011

Film du Jour: The African Queen


Des grands classiques américains, The African Queen de John Huston est probablement celui qui a le plus tardé avant d'apparaître en DVD. Puisque c'est maintenant le cas, il ne faudrait surtout pas manquer ce titre phare qui a influencé tous les Indiana Jones de la planète.

À la fois drame, suspense, comédie, aventure et critique sociale, cette folle randonnée dans la jungle entre un couple mythique qui se déteste avant de se tomber dans les bras (Humphrey Bogart et Katharine Hepburn) a possiblement un peu vieilli depuis sa sortie en 1951, reste que le divertissement est assuré de mains de maître par une mise en scène précise et des dialogues truculents. ****1/2

Country Strong, Season of the Witch


Les débuts d'années cinématographiques débutent généralement très lentement et 2011 ne fait pas exception. En fait il y a seulement deux sorties cette semaine et aucune mérite le détour!

Dans le coin droit se trouve Country Strong, un drame musical sur une ancienne chanteuse qui cherche à repartir en tournée. Clichés à la tonne, moments morts, mélodies omniprésentes et mise en scène conventionnelle de Shana Feste (qui avait pourtant offert le très bon The Greatest) plombe assez rapidement cet essai bien interprété (Gwyneth Paltrow n'en fait jamais trop) qui aurait pu être intéressant.
Critique

Et dans le coin gauche débarque Season of the Witch, une série B qui se prend terriblement au sérieux où Nicolas Cage et Ron Perlman cherchent à survivre face à une méchante sorcière. Une jolie photographie est loin d'être suffisant devant ce fléau de bêtises, ces affrontements mécaniques et ce rythme plus près de Morphée que de Mars. Un nouvel échec pour le réalisateur Dominic Sena (Gone in 60 Seconds, Swordfish et Whiteout).
Critique

Il ne faut pourtant pas désespérer, les bons films arrivent dès la semaine prochaine et ils risquent d'être nombreux...

vendredi 7 janvier 2011

Film du jour: Inventing the Abbotts


Petit film qui est passé complètement inaperçu lors de sa sortie en 1997, Inventing the Abbots de Pat O'Connor attire l'attention par sa belle distribution: Joaquin Phoenix, Billy Crudup, Liv Tyler et Jennifer Connelly qui interprètent des frères et des soeurs qui cherchent l'amour, affrontant plus souvent qu'autrement les conventions des années 1950.

La réalisation soignée et le jeu juste de tous les comédiens sauvent en grande partie cette histoire qui contient très peu de surprises (c'est Splendor in the Grass de Kazan, mais en beaucoup moins fort). Si un jour il y a un remake québécois, on imagine très bien Danielle Proulx dans le rôle de la mère défendue par Kathy Baker. ***

jeudi 6 janvier 2011

Film du jour: Doctor Zhivago


La saga a toujours été un genre prisé par le spectateur américain et international... mais beaucoup moins par la critique en général. Même à l'époque de Gone in the Wind, les mauvais mots d'antan ont été nombreux, même si de nos jours, ce ne sont pas eux que l'histoire a retenus.

C'est un peu le sort réservé au Doctor Zhivago, cette fresque de plus de trois heures se déroulant pendant la révolution russe. Trois années après son mythique Lawrence of Arabia, le cinéaste anglais David Lean revient à la charge avec une histoire moins manichéenne qu'elle n'y paraît, portée par la prestation de solides comédiens, de la musique éternelle de Maurice Jarre et de magnifiques paysages enneigés. La romance surannée ne se complaît pas dans des effets faciles à la Titanic, misant volontairement sur la retenue des sentiments, où un simple regard prend le dessus sur une multitude de mots. ****1/2

mercredi 5 janvier 2011

Film du Jour: The Passenger


Une fois sa grande époque de classiques terminée (les années 1960), le cinéaste italien Michelangelo Antonioni a continué à pondre quelques films importants, dont The Passenger (ou Profession: reporter) en 1975 où Jack Nicholson jouait les journalistes qui décidait du jour au lendemain d'emprunter l'identité d'un homme mort.

Mystérieux, fascinant et hypnotisant, le récit n'aurait pu que s'apparenter au très bel exercice de style, surtout devant cette finale renversante. Il n'en n'est rien. Aux côtés de la très belle beauté plastique de l'ensemble se développe peu à peu des thèmes troubles et mystifiant que vient enrichir un rythme volontairement lent et posé. ****

mardi 4 janvier 2011

Film du jour: Le corbeau


En compagnie d'Alfred Hitchcock, Henri-Georges Clouzot est certainement le meilleur réalisateur de suspenses du septième art. En plus de développer ses thèmes fétiches, il n'en oublie jamais les personnages, principaux vecteurs de ses histoires.

Fignolé pendant la Seconde Guerre mondiale et censuré de tous les côtés, Le corbeau (1942) n'a pas perdu de son pouvoir d'évocation. Ce scénario à la fois simple et riche sur des lettres anonymes qui menacent des habitants traite autant des dérives de la nature humaine que de leur propension à alimenter l’ambiguïté. Le résultat, magnifique, s'inscrit parmi les meilleurs opus de son auteur. ****1/2

DVD: Mères et filles, The Last Exorcism, Dinner For Schmucks, Catfish, Mother and Child,


Lent début d'année sur le plan des sorties DVD et Blu-ray alors que les titres majeurs se font attendre. En attendant de parler dans une entrée ultérieure de Baaria et La tête en friche (mais pas de Mao's Last Dancer qui est demeuré beaucoup trop longtemps sur les écrans), voici ce qui a attiré notre attention...

Mères et filles: Cette histoire moins simple qu'elle n'y paraît permet à la réalisatrice Julie Lopes-Curval d'explorer les liens qui se tissent entre les mères et leurs filles. Un petit film révélateur et intelligent porté par les performances justes de Marina Hands, Catherine Deneuve et Marie-Josée Croze.

The Last Exorcism: Possiblement le meilleur film d'horreur de 2010, cette allégorie de Daniel Stamm sur le vrai et le faux fait frissonner avec sa démarche éprouvée (format faux documentaire) sous fond sociale. Les comédiens sont particulièrement convaincants et la finale fait écho à celle de Rosemary's Baby.

Dinner for Schmucks: Sans rivaliser avec la version originale du Dîner de cons, ce remake un peu trop long de Jay Roach sait en soutirer l'essentiel, ce qui donne plusieurs moments irrésistibles. Le duo formé par Steve Carell et Paul Rudd est particulièrement attendrissant.

Catfish: Faux documentaire sur les dérives de Facebook et des amitiés virtuelles, cet essai d'Ariel Schulman et d'Henry Joost commence seulement à intéresser dans sa dernière demi-heure. Le problème est qu'il faut se rendre jusque-là.

Mother and Child: C'est pratiquement la même histoire que Mères et filles, mais en version chorale, mélodramatique et interminable. Bien que le metteur en scène Rodrigo Garcia sache tirer le maximum de ses interprètes (Naomi Watts, Samuel L. Jackson, Annette Bening), la charge demeure lourde.

lundi 3 janvier 2011

Film du jour: Blood and Bones


Le septième art asiatique a de moins en moins la cote au Québec, sortant généralement directement en DVD... lorsqu'on a la chance. Trop souvent après un passage à Fantasia, le titre disparaît dans la brume et il faudra le commander par Internet afin d'être certain de ne pas avoir rêvé.

Réalisé en 2004 par Yoichi Sai, Blood and Bones n'est pas un grand film. Ce trop long métrage qui retrace près de 60 années de vie d'un père qui est tout sauf aimable se veut trop souvent mélodramatique et répétitif. Reste tout de même le jeu incarné de Takeshi Kitano qui campe un des êtres les plus diaboliques du cinéma contemporain. Seulement pour sa prestation inoubliable le projet mérite le détour. ***

Entrevue avec Rodrigo Garcia pour Mother and Child


Même s'il a fait peu de remous lors de sa sortie en salles l'année dernière, le long métrage Mother and Child a généralement remporté de bonnes critiques, notamment pour les performances de Naomi Watts, Annette Bening et Samuel L. Jackson.

Le DVD est disponible dès demain et pour l'occasion je me suis entretenu avec son réalisateur Rodrigo Garcia, un spécialiste du film choral au féminin.

L'entrevue complète est disponible en suivant le lien suivant.

dimanche 2 janvier 2011

Film du jour: Alphaville


La mini rétrospective sur Jean-Luc Godard bat son plein au Cinéma du Parc jusqu'au 6 janvier prochain avec la présentation de son chef-d'oeuvre À bout de souffle, du sidérant Pierrot le fou et du beaucoup plus ordinaire Sauve qui peut (la vie) (détails).

Afin de poursuivre le plaisir, pourquoi ne pas opter pour Alphaville qui se retrouve en édition simple ou chez Criterion? Film de science-fiction décalé (on navigue sans cesse entre le drame intellectuel sur le sens de l'existence, le suspense noir et la satire), complètement original et fascinant de la première à la dernière image, il s'agit surtout d'un récit inoubliable, qui compense son rythme vaporeux par les performances parfaitement stoïques d'Eddie Constantine et de la toujours resplendissante Anna Karina. ****

samedi 1 janvier 2011

Film du jour: Sweet Smell of Success


2011 marque l'instauration de nouvelles sections. Une de celles-ci est le Film du jour qui retrace quotidiennement un long métrage à voir ou à éviter. Entre hier et aujourd'hui, plusieurs productions risquent de croupir sous la poussière, et c'est d'autant plus important d'en parler afin de les faire revivre auprès des nouvelles générations de cinéphiles.

Le premier titre est Sweet Smell of Success, un essai qu'Alexander Mackendrick a réalisé en 1957. En compagnie du mythique Network de Lumet, aucun film sur le journalisme n'est aussi important que celui-ci. Avec son élégant noir et blanc, ses interprètes (Burt Lancaster, Tony Curtis) parfaits et son intrigue toujours pertinente (deux hommes cherchent à salir la réputation de quelqu'un), cette satire s'avère une véritable référence du genre, questionnant avec intelligence l'avide de gloire et l'importance de la conscience. À voir en édition normale (et peu dispendieuse)... ou en version Criterion d'ici un mois ou deux. ****1/2

Top 50 de 2010: Dernière partie


Après un détour vers Las Vegas qui a obligé à mettre ce blog sur la glace pour quelques journées, voici finalement la fin de notre palmarès des meilleurs films de 2010 qui ont pris l'affiche en salles entre le 1er janvier et le 31 décembre.

50 à 31

30 à 11


10. The American d’Anton Corbijn
Un film d'art et d'essai contemplatif en noir et blanc pour les amateurs de Melville et de Jarmusch, avec un George Clooney au sommet de son art.

9. Revanche de Götz Spielmann
Une référence essentielle sur la vengeance que malheureusement trop peu de gens ont vu. Il est possible de se reprendre avec l'édition Criterion.

8. Black Swan de Darren Aronofsky
Sans être le meilleur titre du réalisateur, ce succulent divertissement sait hanter grâce à sa mise en scène extraordinaire, sa musique truculente et la composition de haut niveau de Natalie Portman.

7. Trois temps après la mort d’Anna de Catherine Martin
Le long métrage québécois le plus touchant et essentiel de l'année, avec une Guylaine Tremblay qui demeure sans aucune doute la meilleure actrice de la Belle Province.

6. Inception de Christopher
Un puissant délire qui se laisse regarder encore et encore, pour son scénario imaginatif, sa finale consternante et sa trame sonore légendaire. Classique en puissance.

5. Oncle Boonmee d’Apichatpong Weerasethakul
Une Palme d'Or méritée qui se regarde comme un voyage mystique qui ne s'oubliera pas de sitôt. La méditation peut enfin débuter et qui sait où elle mènera le cinéphile.

4. Un prophète de Jacques Audiard
D'une grande maîtrise technique, ce nouveau sommet du cinéaste se savoure principalement pour l'apport de ses deux excellents interprètes.

3. Mother de Bong Joon-ho
Drame, suspense, satire: ce tour d'horizon des possibilités du septième art plaira à quiconque n'a pas peur d'affronter quelques sous-titres. Surtout que cela en vaut grandement la peine.

2. I am Love de Luca Guadagnino
L'histoire d'amour de l'année qui met les sens en ébullition. Tilda Swinton trouve là son meilleur rôle en carrière.

1. Le ruban blanc de Michael Haneke
Palme d'Or incontestée de 2009, ce drame qui évoque allègrement Bergman est une allégorie prenante sur les affres de l'humanité et de l'éducation. Tout simplement inoubliable.


Davantage de détails sur ces choix se retrouvent ici.