Film du jour: Blitz

Pour son deuxième film à prendre l'affiche en 2024 (après son puissant documentaire Occupied City), Steve McQueen signe avec Blitz une fiction se déroulant à Londres pendant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Le récit d'apprentissage classique sous fond de racisme réserve toutefois peu de surprises, alors que la mise en scène conventionnelle empêche l'émotion de filtrer. Quelques séquences s'avèrent toutefois saisissantes et l'interprétation est de qualité supérieure. ***

Film du jour: Mad Max: Furiosa

En privilégiant l'action à l'histoire, Fury Road imposait un rythme d'enfer presque inégalable. Son antépisode Furiosa propose un récit des origines beaucoup plus conventionnel et explicatif. Visuellement très proche du jeu vidéo, peuplé de personnages schématiques (la seule exception étant l'hilarant Chris Hemsworth), l'ensemble toujours signé par George Miller arrive à divertir, même s'il n'y a aucun réel moment inoubliable. ***

Film du jour: Simon & Marianne

Impossible de ne pas être touché par Simon & Marianne, ce documentaire intimiste et respectueux de Martin Fournier et Pier-Luc Latulippe. Devant la maladie et la mort annoncée de Simon, le couple demeure plus amoureux que jamais. La mise en scène soignée au noir et blanc onctueux enveloppe, tandis que les mots du couple résonnent plus que jamais. Un voyage au bout de la nuit qui laissera des marques. Présenté au Cinéma Moderne.  ***1/2

Film du jour: Emitaï

Récit contre le colonialisme, Emitaï (1971) se veut une oeuvre profondément engagée et féministe de la part d'Ousmane Sembène, qui pourfend les abus de pouvoir de toutes sortes. Alternant entre des échanges entre les personnages et des affrontements violents, le film captive aisément, éblouissant même lors d'une séquence onirique qui pousse encore plus loin la forme cinématographique. ****

Film du jour: The Fire Inside

Écrit par Barry Jenkins, The Fire Inside relate l'ascension d'une jeune boxeuse américaine. Malgré ses conventions, le film réalisé avec panache par Rachel Morrison ne manque pas d'intérêt et il laisse généralement les poncifs au vestiaire. Il est surtout campé par des interprètes épatants qui se donnent sans compter. Là où n'importe quel récit se termine avec le combat final, le long métrage ose filmer l'après et c'est ce qui le rend si attrayant. En salle. ***1/2

Film du jour: Babygirl

Babygirl s'inscrit dans la mouvance du supérieur L'été dernier de Catherine Breillat et du surprenant Les salopes ou le sucre naturel de la peau de Renée Beaulieu (dont certains passages musicaux s'avèrent pratiquement identiques): faire émerger le désir féminin au sein d'une société obsédée par le contrôle et le pouvoir. La brillante Nicole Kidman se met à nu - au propre comme au figuré - en campant une femme complexe qui développe une relation ambiguë avec un jeune stagiaire. Et si le scénario qui multiple les hommages aux thrillers sexuels des années 1980 et 1990 manque de profondeur (la satire façon The Substance prend le dessus sur la nuance), il s'avère diablement efficace, bien alimenté par la mise en scène de haut vol d'Halina Reijn. ***1/2

Film du jour: Nosferatu

Robert Eggers réalise son rêve en proposant une adaptation à la fois fidèle et personnalisée de Nosferatu. Autant le film est sublime sur le plan esthétique et musical, autant son traitement s'avère un peu trop lisse et déshumanisé, éloigné de ses flamboyants précédents essais. En mettant toute son attention sur le vampire (monstrueux Bill Skarsgard) et sa proie féminine (Lily-Rose Deep parfois juste, souvent hystérique), les autres personnages ne font que la simple figuration et le récit ne tarde pas à plafonner malgré une conclusion astucieuse. Un peu plus de mordant n'aurait pas fait de tord quoique l'ensemble, sans rivaliser avec les autres Nosferatu (et même les précédents films de son créateur), s'avère un divertissement sanglant et tout indiqué pour la période de Noël. ***1/2

Top 10 de 2024!

Même si Noël n'est que demain (ou ce soir), voici mon top 10 des meilleurs films de 2024. Mes choix sont à découvrir sur Cinoche!

Film du jour: A Complete Unknown

Todd Haynes a réalisé le film ultime sur Bob Dylan avec I'm Not There, qu'est-ce que James Mangold peut rajouter de plus avec A Complete Unknown? Il s'agit ici d'un biopic beaucoup plus conventionnel, anecdotique et assez quelconque, qui réserve heureusement de longs moments musicaux. Ce sont lorsque les mélodies s'emparent de l'écran que Timothée Chalamet est le plus convaincant. Le reste du temps, il traîne sa carcasse caricaturale, auprès d'un Edward Norton particulièrement convaincant en Pete Seeger. L'ensemble ne manquera pas de divertir, mais il s'oubliera avant la fin de l'année. ***

Top 50 de 2024

L'année tire à sa fin et voici mon palmarès des meilleurs films qui ont pris l'affiche au cinéma au Québec entre le 1er janvier et le 31 décembre 2024.

50. Ex aequo Le deuxième acte, Daaaaaaali! et Yannick de Quentin Dupieux

49. Maria de Pablo Larrain

48. Juror #2 de Clint Eastwood

47. L'enlèvement de Marco Bellochio

46. Seagrass de Meredith Hama-Brown

45. La vénus d'argent d'Helena Klotz

44. Rien à perdre de Delphine Deloget

43. Love Lies Bleeding de Rose Glass

42. Here de Bas Devos

41. Woman of the Hour de Anna Kendrick

40. Le roman de Jim de Arnaud et Jean-Marie Larrieu

39. L'été dernier de Catherine Breillat

38. La garde blanche de Julien Elie

37. La ligne de Ursula Meier

36.Comme le feu de Philippe Lesage

35. Occupied City de Steve McQueen

34. Monkey Man de Dev Patel

33. Blink Twice de Zoë Kravitz

32. Flow de Gint Zilbalodis

31. Kalak de Isabella Eklöf

30. Memoir of a Snail de Adam Elliot

29. Soleils Atikamekw de Chlöe Leriche

28. The Substance de Coralie Fargeat

27. Megalopolis de Francis Ford Coppola

26. Anora de Sean Baker

25. Crossing de Levan Akin

24. Robot Dreams de Pablo Berger

23. Tu ne sauras jamais de Robin Aubert

22. Only the River Flows de Wei Shujun

21. Linda veut du poulet de Chiara Malta, Sébastien Laudenbach

20. La salle des profs de Iker Çatak

19. Les colons de Felipe Galvez Haberle

18. Dahomey de Mati Diop

17. I Saw the TV Glow de Jane Schoenbrun

16. Bird de Andrea Arnold

15. La chimère d'Alice Rohwacher

14. Ryuichi Sakamoto: Opus de Neo Sora

13. Totem de Lila Avilés

12. Foudre de Carmen Jacquier

11. Ex aequo La jeune femme à l'aiguille de Magnus von Horn et Eureka de Lisandro Alonso

Les choix 10 à 1 se trouvent ici!

Film du jour: Jamais sans mon psy

Un psychanalyste tombe des nues en apprenant qu'un client insupportable s'est amouraché de sa fille. Dans des mains expérimentés, Jamais sans mon psy aurait pu être une comédie hilarante et irrévérencieuse. Dans celle d'Arnaud Lemort, cela donne un long métrage sans attrait, pauvre en idées et situations humoristiques. La mise en scène anonyme et l'interprétation en roue libre n'est pas là pour aider. *1/2

Film du jour: Peppermint Candy

Oeuvre importante de la nouvelle vague coréenne, Peppermint Candy (1999) a permis à Lee Chang-dong d'être le grand cinéaste qu'il est aujourd'hui. En retournant vers le passé afin de mieux expliquer ce qui a amené son héros à s'enlever la vie, le long métrage dresse un portrait sans concession de son pays. Les bonbons du titre agissent comme les madeleines de Proust et le scénario magnifique, secondé d'une mise en scène précise et d'une performance irréprochable de Seol Kyeong-gu, en font un film important. ****

Film du jour: La plus précieuse des marchandises

Pour sa première excursion du côté de l'animation, Michel Hazanavicius adapte avec La plus précieuse des marchandises le livre de Jean-Claude Grumberg. La première partie prend la forme du conte, charmant mais appuyé et répétitif, tandis que la seconde plonge dans l'horreur de la Seconde Guerre mondiale en ne lésinant pas sur les images graphiques, dont plusieurs, obscènes, font sourciller. De quoi enrayer ce qui aurait pu être un dessin animé important sur la solidarité au coeur des ténèbres. ***

Film du jour: Prodigieuses

Deux jumelles pianistes doivent faire face à la maladie dans Prodigieuse de Frédéric et Valentin Potier. Inspirée d'une histoire vraie, cette création conventionnelle et moralisatrice rappelle les téléfilms de la semaine avec sa mise en scène formatée et son ton didactique. Heureusement, l'interprétation d'ensemble s'avère plutôt juste et la musique séduit aisément l'ouïe. Ce n'est toutefois pas suffisant pour arrêter son chemin. **

Film du jour: Civil War

Est-ce que les prochaines années américaines ressembleront à Civil War? À partir de données volontairement nébuleuses, Alex Garland parle de l'importance des journalistes en temps de guerre. Son propos, plus important que jamais, demeure toutefois au niveau théorique, tant la démonstration sur le terrain demeure appuyée. Car derrière des images souvent saisissantes et des interprètes convaincus émane une oeuvre conventionnelle et quelque peu manipulatrice, au rythme volontairement relâché, dont l'intérêt et l'impact vacillent presque complètement lors d'un dernier tiers boursouflé et invraisemblable. ***

Film du jour: Hester Street

Pour son premier long métrage, Joan Micklin Silver traite à la fois du rêve américain et d'immigration juive à la fin du 19e siècle à travers les yeux d'une mère de famille. Traité comme un film muet, Hester Street surprend par ton mélange de tons (à la fois léger et très grave), la beauté de sa photographie et la performance inoubliable de Carol Kane. ****

Film du jour: Hitman

Richad Linklater n'aura jamais réalisé un film aussi divertissant que Hitman, qui s'inspire d'une incroyable histoire vraie: celle d'un prof qui se fait passer pour un tueur à gages. Humour et romance font bon ménage au sein de cette oeuvre ludique qui interroge les fractures identitaires et le désir de changer de peau. La mise en scène entièrement dévouée aux comédiens permet au charismatique Glen Powell de briller. ***1/2

Film du jour: Mlle Bottine

Variation sur Bach et Bottine, Mlle Bottine de Yan Lanouette Turgeon tente d'intéresser les enfants et les adultes à un récit convenu et moralisateur, qui ne manque pas de charme (grâce au brio du duo), mais dont l'écriture demeure chargée et la mise en scène anonyme. Au moins, l'émotion passe ici et là, et la séquence de la foire rachète plusieurs moments oubliables. ***

Film du jour: Le cyclone de Noël

Dérivé d'une série à succès sur une mère grinch qui gâche le Noël de ses proches, Le cyclone de Noël d'Alain Chicoine ressemble à un simple épisode télévisuel: intrigue remâchée, personnages stéréotypés, mise en scène sans attrait, mélange de morales et de mièvreries, gags éculés, etc. Le tout n'aurait pas dû se retrouver en salle, mais sur l'extra de Tou.tv. *1/2

Film du jour: The End

Après quelques documentaires remarqués, Joshua Oppenheimer s'essaye à la fiction avec The End, un drame musical apocalyptique à la fois séduisant et ennuyant. Ambitieux quoique inabouti, l'effort s'avère surtout  interminable, et bien que l'interprétation demeure irréprochable, la mise en scène se veut tour à tour virtuose et paresseuse. Ma critique complète est à lire sur Cinoche. **1/2

Film du jour: Flow

2024 n'aura pas manqué de belles animations. Un des plus somptueuses est certainement Flow de Gints Zilbalodis, un hymne à la vie, à la nature et à l'amitié qui va droit au coeur. La virtuosité technique rivalise avec la chaleur des animaux et si quelques passages se veulent plus appuyés, l'ensemble séduit et enchante haut la main. Ma critique est à lire dans le numéro d'hiver de Ciné-Bulles. ****

Critique: Queer

Daniel Craig trouve le rôle de sa vie dans Queer de Luca Guadagnino, une histoire d'amour sous fond de psychotropes. Quoiqu'un peu trop long et inégal, l'ensemble ne manque pas de profondeur et d'originalité, méritant plus d'un visionnement. Ma critique complète est à lire sur Cinoche. ***1/2

Film du jour: The First Omen

Antépisode au célèbre film de Richard Donner, The First Omen d'Arkasha Stevenson tient étonnamment bien la route. Si les longs métrages sur des religieuses méchantes sont devenus légion à notre époque (il n'y a aucune surprise ou once d'originalité), celui-ci est mené sobrement avec beaucoup d'assurance. L'interprétation demeure louable, les clins d'oeil sont nombreux et quelques scènes marquent les esprits. ***

Film du jour: Cash Calls Hell

Un homme qui vient de sortir de prison est impliqué dans une sombre machination au sein de Cash Calls Hell. Ce Melville à la sauce japonaise bénéficie grandement du style d'Hideo Gosha, à la fois sur le plan des thèmes (mélange entre décalage ludique et mélancolie fataliste) que de la mise en scène (la photographie en noir et blanc séduit amplement), faisant fi d'un scénario qui ne manque pas de clichés. Disponible en vidéo sur demande via Film Movement. ***1/2

Film du jour: Heureux gagnants

2024 a prouvé que la comédie française ne se portait pas très bien. Autre exemple en liste: Heureux gagnants de Romain Choay et Maxime Govarde, un ridicule film à sketchs où des gagnants de gros lots se comportent stupidement. Les récits très inégaux se terminent toujours avec un pseudo punch consternants, les comédiens jouent gros et la mise en scène manque de cinéma. Lorgner du côté de la noirceur des Nouveaux sauvages est une idée qui se tient, faut-il seulement proposer des situations réussies et de l'humour qui fait effectivement rire. En salle. **

Film du jour: The Return

Adapter l'Odyssée d'Homer au cinéma est toujours un pari. Même si on s'attarde «seulement» à sa conclusion, comme l'a fait The Return d'Uberto Pasolini. Le pari tient relativement bien route grâce à la rugueuse reconstitution historique et la dévotion de ses têtes d'affiche (Ralph Fiennes et Juliette Binoche). L'ensemble s'avère quelque peu démonstratif et l'abondance de scènes violentes dans la seconde partie peut surprendre (cela s'apparente à un récit de vengeance classique). Sauf que l'effort passionne plus souvent qu'autrement, donnant le goût de (re)découvrir le matériel source. ***

Film du jour: La jeune femme à l'aiguille

Quelque part entre le cinéma d'Ingmar Bergman et celui de Lars von Trier se trouve La jeune femme à l'aiguille, un récit cauchemardesque de Magnus von Horn qui se déroule à Copenhague dans l'après Première Guerre mondiale. Éblouissant visuellement, interprété avec grâce par deux actrices émérites, ce conte de fées féministe fascine et hante allègrement. C'est ce qu'on appelle une véritable oeuvre d'art. Ma critique complète sera à lire dans le prochain numéro de Ciné-Bulles. ****

Film du jour: Comme le feu

Prenant finalement l'affiche au Québec près de cinq mois après sa sortie française, Comme le feu rappelle que Philippe Lesage est un de nos plus grands cinéastes. Sa mise en scène experte rivalise avec sa riche direction d'acteurs et si l'ensemble traîne quelque peu en longueur, les dialogues magnifiquement écrits regorgent de répliques violentes ou hilarantes. Ma critique est à lire dans les pages de Ciné-Bulles. ****

Film du jour: Memoir of a Snail

Memoir of a Snail aurait pu être un mélo tant les tragédies sont omniprésentes. Adam Elliott a toutefois opté pour la comédie très noire au sein de cette folle odyssée où les personnages attachants se succèdent au tournant. Les fans de Mary & Max seront comblés (malgré une finale moralisatrice) et les autres découvriront un univers unique. Ma critique complète sera à lire dans le prochain numéro de Ciné-Bulles. ****

Film du jour: A Real Pain

Deux cousins partent à la recherche de leurs origines polonaises dans A Real Pain, une comédie dramatique finement écrite par Jesse Eisenberg. Bénéficiant d'une interprétation mémorable de Kieran Culkin et d'un bon dosages de thèmes graves et légers, le film se veut une jolie réussite malgré quelques flottements et moments d'égarements. ***1/2

Film du jour: Reinas

Sélection de la Suisse pour les Oscars, Reinas de Klaudia Reynicke est un récit d'apprentissage qui se déroule au Pérou dans les années 1990. Pendant que le pays est rongé par la crise économique, deux soeurs sont tiraillées entre leur mère qui souhaite partir pour les États-Unis et leur père pas toujours responsable. Prévisible mais efficace, le long métrage est ponctué d'interprètes sincères et attachants. Ce sont d'ailleurs eux qu'on remarque et non pas la mise en scène effacée et le scénario qui demeure parfois trop à distance. Disponible au cinéma dans quelques salles (dont à New York et Los Angeles). ***

Film du jour: Monsieur Aznavour

Il n'était qu'une question de temps avant qu'un biopic sur Charles Aznavour voit le jour. Didactique et conventionnel, Monsieur Aznavour de Mehdi Idir et Grand Corps Malade n'apprend pas grand-chose sur le sujet, tentant de tout raconter en demeurant profondément superficiel. Les épisodes de qualité inégale se suivent (celui au Québec est particulièrement risible) et la mise en scène, tantôt banale, tantôt inspirée, n'est qu'un prétexte pour cumuler les tubes qui font toujours plaisir aux oreilles. Reste la performance de Tahar Rahim dans le rôle titre qui, s'il donne sans compter, rappelle souvent l'acteur extrêmement talentueux qui est en train de jouer au lieu d'incarner. **1/2

Film du jour: Au-delà de la lumière

Grand Prix au dernier Festival de Cannes, Au-delà de la lumière est la superbe première fiction de Payal Kapadia, qui construit une oeuvre autour de la sororité féminine afin de résister au machisme de la société indienne. Le cocon qui en émane enchante allègrement, autant sur le plan de l'interprétation (riche et naturelle) que de la mise en scène (précise et délicate). La dernière partie en forme d'allégorie atteint d'ailleurs des sommets. Ma critique complète est à lire dans le magazine Ciné-Bulles. ****

Film du jour: Kalak

Un homme fuit son passé en s'installant avec sa famille en Islande. Adepte des héros énigmatiques, Isabella Eklöf (Holiday) se surpasse avec Kalak, conjuguant malaises et beauté, parfois dans la même scène. L'effort démarre sur des chapeaux de roues et si la seconde moitié subit quelques baisses de régime, la conclusion brutale remet les pendules à l'heure. Emil Johnsen n'est rien de moins que prodigieux dans le rôle principal. Ma critique complète sera à lire dans le prochain numéro de Ciné-Bulles. ****

Film du jour: Abiding Nowhere (RIDM)

 

Depuis 2012, le réputé cinéaste Tsai Ming-liang réserve des courts et longs métrages à un moine marcheur. S'il se trouve à Washington dans Abiding Nowhere, la formule qui flirte avec l'installation muséale demeure inchangée: le rythme méditatif permet l'immersion totale et, surtout, à renouer avec le moment présent. De quoi vouloir se perdre dans cet essai contemplatif à la photographie souvent renversante. ***1/2

Film du jour: Maria

Angelina Jolie trouve son plus beau rôle en carrière dans la peau de Maria Callas. Adepte de biopics qui sortent de l'ordinaire, le style de Pablo Larrain opère à nouveau, même si l'ensemble, d'une rare élégance, peine à renouveler le filon de Jackie et Spencer. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***1/2

Film du jour: My Memory is Full of Ghosts (RIDM)

Les survivants d'une ville syrienne ravagée par la guerre se racontent dans My Memory is Full of Ghosts d'Anas Zawahri. Le temps semble s'être arrêté au sein de ce documentaire douloureux où les magnifiques images dévastées correspondent à l'état d'esprit de la population. En arpentant le territoire de la mémoire, le récit palpe la souffrance et, ultimement, la résilience. ***1/2

Film du jour: Republic (RIDM)

Huis clos se déroulant dans une chambre de six mètres carrés, Republic de Jin Jiang permet à un jeune révolutionnaire d'inventer un monde meilleur. Des débuts utopiques, le documentaire laisse peu à peu place à la désillusion, alors que les schémas en place - notamment le communisme et le capitalisme - se désagrègent, à l'image du lieu où se tient l'action et, surtout, les discussions. En résulte un tour de force technique et narratif, qui utilise les répétitions afin de relancer l'échange entre le protagoniste et son environnement, mais également entre le public et son héros naïf. ***1/2

Films du jour: Rising Up at Night, Malintzin 17, Invention (RIDM)

 

Les documentaires hors de l'ordinaire se succèdent aujourd'hui dans le cadre des RIDM.

Plongée dans le noir, les habitants de Kinshasa au Congo luttent pour retrouver la lumière dans Rising Up at Night de Nelson Makengo. Ce sujet que l'on peut transposer à toutes les sauces métaphoriques est un réel trip esthétique, à la fois dans l'utilisation des ombres que du son ambiant. Lorsque le sujet plafonne, on peut toujours miser sur le ressenti afin de vivre une réelle expérience cinématographique. ***1/2

En filmant pendant quelques journées un nid d'oiseau, le regretté Eugenio Polgovsky offre avec Malintzin 17 un hymne à sa jeune fille et à la résilience de la nature. Le procédé minimaliste prend son temps pour revenir à l'essence de l'existence, ce qui risque de séduire ou d'ennuyer selon sa sensibilité. ***

L'héritage inattendu d'un père à sa fille est source de curiosité dans Invention, une docu-fiction signée par Courtney Stephens. La prémisse ne manque pas d'humour et de situations incongrues, sauf que les répétitions et le rythme stagnant empêchent l'ensemble de briller comme il se devait. ***

Film du jour: Nous, les Leroy

La famille implose dans Nous, les Leroy de Florent Bernard, qui utilise la comédie afin de mieux faire ressortir les éléments dramatiques et mélancoliques du récit. Une bien curieuse alchimie tant la qualité des gags se veut très variable. C'est également le cas du scénario, pas toujours inspiré, de la mise en scène, qui cumule les angles étranges, et de l'interprétation, où la naturelle Charlotte Gainsbourg se heurte à des partenaires de jeu plus coincés. Ce n'est pas parce qu'on tente de faire un Little Miss Sunshine à la française qu'on y parvient. En salle. **1/2

Film du jour: Speak No Evil (2024)

Remake d'un film danois, Speak No Evil (2024) de James Watkins rappelle qu'il est parfois difficile de s'échapper d'une fin de semaine entre amis. Le récit d'abord drôle et léger devient de plus en plus intense. Et si le résultat est loin d'être aussi tordu que la version originale, il donne régulièrement la frousse, gracieuseté de James McAvoy qui campe un autre méchant inoubliable. L'édition blu-ray comporte en bonus quelques documentaires sur le tournage et une piste de commentaires avec le réalisateur. ***

Film du jour: Apprendre (RIDM)

Pour son nouveau documentaire Apprendre, Claire Simon pose sa caméra dans une école primaire de la région de Paris, captant petits et grands en plein action. Donnant autant d'importance à ce qui est montré qu'à ce qui est dit, cette oeuvre empathique et révélatrice se veut passionnante et émouvante, donnant presque le goût d'aller enseigner. Voilà peut-être bien le digne héritier spirituel du mythique Être et avoir de Nicolas Philibert. Présenté aujourd'hui et demain. ****

Film du jour: Le roman de Jim

Les frères Larrieu délaissent leur folie habituelle pour embrasser le mélo bouleversant dans Le roman de Jim, traitant d'amour, de résilience et de parentalité. Les ellipses mènent le bal et si le récit paraît un peu sage, il permet à Karim Leklou de briller. Mon avant-plan sera publié dans le prochain numéro de Ciné-Bulles. ***1/2

Entrevue: Léa Todorov pour Maria Montessori: La nouvelle femme

Dans Maria Montessori: La nouvelle femme, Léa Todorov suit le parcours de deux femmes qui s'entraident afin de s'émanciper d'un monde dominé par les hommes. Je me suis entretenu avec la cinéaste et mon entrevue est à lire à la une de Ciné-Bulles.

Film du jour: The Line

L'univers des fraternités d'université aura rarement été aussi bien traité que dans The Line d'Ethan Berger. La première partie reproduit tous les clichés du genre afin de  les faire éclater par la suite. Entre existences de privilégiés et masculinité toxique, le scénario ne manque pas de cibles. Bien que l'ensemble ne soit pas sans lourdeur, la réalisation demeure alerte et Alex Wolff livre une prestation impeccable. À découvrir en vidéo sur demande. ***1/2

Film du jour: Juror #2

Larguer par son distributeur (Warner), Juror #2 s'avère pourtant le meilleur film de Clint Eastwood depuis Gran Torino. Il s'agit d'une oeuvre passionnante et faussement conventionnelle sur le système de justice américain, dialoguant avec 12 Angry Men dans la façon de rappeler qu'il ne faut surtout pas se fier aux apparences et à nos idées préconçues. L'époque n'est plus la même, les valeurs se veulent beaucoup plus égoïstes et malgré de nombreuses invraisemblances, ce chant du cygne tient aisément en haleine, notamment grâce à son irréprochable distribution. ***1/2

Twisters (blu-ray)

Le pire est évité pour Twisters. Même si le résultat est indigne du talent du réalisateur Lee Isaac Chung, cette variation sur le succès de 1996 sait comment divertir avec ses effets spéciaux spectaculaires, son humour bon enfant et ses interprètes chaleureux. Le plaisir est évidemment rehaussé en format blu-ray qui offre une riche définition d'images et un soin méticuleux apporté aux enceintes sonores. Les suppléments comprennent des scènes retranchées, un bêtisier et quelques documentaires sur le tournage. (Universal)

Film du jour: La palisiada

Deux coups de fusils, survenus à 25 années d'intervalle, secouent La palisiada, le premier long métrage du cinéaste ukrainien Philip Sotnychenko. Dommage que le film noir qui s'y déroule, ironique à ses heures, est d'un intérêt très quelconque, frustrant par ses ellipses, ennuyant par son rythme indolent. À découvrir via Film Movement +. **

Film du jour: Une jeunesse française

Deux hommes d'origine maghrébine tentent de s'affranchir de leur condition en pratiquant des courses camarguaises dans Une jeunesse française de Jérémie Battaglia (Parfaites). Ce sport est évidemment une prétexte à la chronique sociale valable quoique traitée de façon conventionnelle. Lorsque le récit piétine, on peut toujours compter sur la mise en scène soignée (aux ralentis significatifs) afin de raviver l'intérêt. ***

Film du jour: L'histoire de Souleymane (Cinemania)

La 30e édition de Cinemania se termine aujourd'hui avec L'histoire de Souleymane, le magnifique nouveau long métrage de Boris Lojkine qui porte sur le quotidien d'un sans-papier à Paris cherchant à régulariser sa situation. Dans la lignée de Deux jours, une nuit des frères Dardenne, ce drame social puissant prend la tangente du suspense insoutenable. L'acteur non professionnel Abou Sangare est bouleversant, se gardant les meilleures scènes pour la fin. ****