lundi 28 février 2022

Sorties au cinéma: The Batman (Critique)


Film le plus attendu de ce début de 2022, The Batman pose les bases d'une nouvelle trilogie qui s'annonce passionnante. Ma critique du premier volet se trouve sur le site de Cinoche. ***1/2

Film du jour: Tin Can


Présenté à la dernière édition de Fantasia et disponible demain en vidéo sur demande, Tin Can de Seth A. Smith (The Crescent, Low Life) est le film de pandémie par excellence. Une oeuvre angoissante, fascinante et éreintante, qui rend inconfortable et titille la chair comme les premiers Cronenberg, utilisant un budget inexistant dans la concoction d'un huis clos déstabilisant, brillant à bien des égards même si la conclusion pourra en laisser certain dubitatif. Un exercice de style hallucinant à l'esthétisme marquant, porté par une actrice qui se dévoue tout entier à la cause. Attention: on adore ou on déteste. ***1/2

dimanche 27 février 2022

Film du jour: The Addams Family


Impossible de se tanner de The Addams Family. Les personnages inventés par Charles Addams sont truculents et les situations font souvent hurler de rire. La transition vers le film pour enfants effectuée en 2019 avait du bon. Surtout que l'humour noir fonctionne généralement bien. Sauf qu'en l'absence d'une véritable histoire et devant l'abondance de morales et d'un visuel hideux, les plus grands risquent de décrocher assez rapidement. **1/2

samedi 26 février 2022

Sorties au cinéma: Compartment No.6, Le bruit des moteurs, L'acte de la beauté, Le trésor du petit Nicolas


Les salles de cinéma québécoises commencent à retrouver leur splendeur d'antan. Outre Illusions perdues (critique) et Cyrano (critique), voici un retour sur les principales nouveautés de la semaine...

Compartment No.6: Grand prix du dernier Festival de Cannes, le nouveau film de Juho Kuosmanen arrive à renouveler deux genres convenus: le road movie et les duo mal assorti, proposant un voyage (voyage) singulier à travers le territoire et l'âme de ses individus, prenant des détours étonnants qui, malgré quelques égarements, finissent par arriver à bon port. ***1/2

Le bruit des moteurs: Dans son premier long métrage, Philippe Grégoire opte pour une comédie unique sur la liberté et l'existence. La proposition absurde séduit par son originalité et son utilisation splendide des images, tout en laissant de glace lorsque ses discours verbeux prennent trop de place. Une belle curiosité. ***

L'acte de la beauté: En rêvant d'un monde meilleur, Nicolas Paquet offre un documentaire plein d'espoir et de poésie, enchanteur lorsqu'il laisse les paysages triompher et plus didactique quand les mots sont récités inlassablement. ***

Le trésor du petit Nicolas: Titre phare du Festival du film pour enfants de Montréal, cette troisième variation - maintenant réalisée par Julien Rappeneau - d'un héros aimé de tous recycle mécaniquement une formule connue, où le charme est presque aussi grand que les clichés et les discours moralisateurs. **1/2

Film du jour: Mr. Jealousy


Noah Baumbach se prend pour Éric Rohmer sur Mr. Jealousy (1997), une comédie allumée sur un homme un peu trop jaloux pour sa partenaire. Le verbe mène le bal, éclipsant même la mise en scène (qui aurait mérité d'être plus soignée), offrant son lot de dialogues savoureux qui coulent en bouche. Si le charme du début finit quelque peu par s'évaporer, ce n'est jamais la faute du couple en place: Eric Stoltz et Annabella Sciorra formant un duo assez attendrissant. ***

vendredi 25 février 2022

Sorties au cinéma: Illusions perdues (Critique)


Film le plus nommé aux César, Illusions perdues de Xavier Giannoli est une adaptation luxueuse du classique de Balzac, rappelant comment l'argent, l'ambition et l'information spectacle mènent encore le monde. La distribution est exemplaire et le scénario riche de trouvailles malgré un ton satirique qui ne fait pas toujours dans la subtilité. ***1/2 

Ma critique

Mon entrevue avec Cécile de France

Film du jour: A Merry Friggin' Christmas


On s'ennuie tous de Robin Williams. Ce n'est pourtant pas une raison pour découvrir A Merry Friggin' Christmas, où il incarne dans un de ses derniers rôles un père blasé qui aimerait être ailleurs. Dans cette comédie noire réalisée par Tristram Shaperro et produite par les frères Russo, l'humour se veut stupide, le propos moralisateur, les situations attardées et les personnages énervants, campés par des interprètes inégaux. Mieux vaut se rappeler de l'acteur pour bien d'autres choses. *1/2

jeudi 24 février 2022

Choix et prédictions César


C'est demain que se tiedront les César. Cette cérémonie qui célèbre le meilleur du septième art français a toujours hésité entre récompenser le cinéma populaire et celui plus exigeant qualifié d'auteur. Si les paradoxes ne sont pas rares (Titane a remporté la Palme d'Or mais n'est même pas sélectionné comme meilleur film), il y a eu plusieurs titres de grande qualité qui sont en nomination, dont Annette, L'Événement, Serre moi fort et Onoda (photo).

Voici mes choix (C) et prédiction (P)... et les gagnants

CÉSAR DU MEILLEUR FILM

Aline, de Valérie Lemercier

Annette, de Leos Carax                   C

BAC Nord, de Cédric Jimenez

L’Événement, de Audrey Diwan    P

La Fracture, de Catherine Corsini

Illusions perdues, de Xavier Giannoli

Onoda, 10 000 nuits dans la jungle, d’Arthur Harari

 

CÉSAR DE LA MEILLEURE ACTRICE

Leïla Bekhti dans Les Intranquilles

Valeria Bruni Tedeschi dans La Fracture

Laure Calamy dans Une femme du monde

Virginie Efira dans Benedetta

Vicky Krieps dans Serre moi fort          C

Valérie Lemercier dans Aline                P

Léa Seydoux dans France

 

CÉSAR DU MEILLEUR ACTEUR

Damien Bonnard dans Les Intranquilles           C

Adam Driver dans Annette

Gilles Lellouche dans BAC Nord

Vincent Macaigne dans Médecin De Nuit     

Benoît Magimel dans De Son Vivant                 P

Pio Marmaï dans La Fracture

Pierre Niney dans Boîte noire

 

CÉSAR DE LA MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE

Jeanne Balibar dans Illusions perdues

Cécile de France dans Illusions perdues                  P

Aissatou Diallo Sagna dans La Fracture

Adèle Exarchopoulos dans Mandibules                   C

Danielle Fichaud dans Aline

 

CÉSAR DU MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE

François Civil dans BAC Nord

Xavier Dolan dans Illusions perdues                    P

Vincent Lacoste dans Illusions perdues               C

Karim Leklou dans BAC Nord

Sylvain Marcel dans Aline

 

CÉSAR DU MEILLEUR ESPOIR FÉMININ

Noée Abita dans Slalom

Salomé Dewaels dans Illusions perdues

Agathe Rousselle dans Titane                             C 

Anamaria Vartolomei dans L’Événement          P

Lucie Zhang dans Les Olympiades

 

CÉSAR DU MEILLEUR ESPOIR MASCULIN

Sandor Funtek dans Suprêmes

Sami Outalbali dans Une histoire d’amour et de désir

Thimotée Robart dans Les Magnétiques           C

Makita Samba dans Les Olympiades

Benjamin Voisin dans Illusions perdues           P

 

CÉSAR DE LA MEILLEURE RÉALISATION

Valérie Lemercier pour Aline

Leos Carax pour Annette                              P

Cédric Jimenez pour BAC Nord

Audrey Diwan pour L’Événement

Xavier Giannoli pour Illusions perdues

Arthur Harari pour Onoda, 10 000 nuits dans la jungle

Julia Ducournau pour Titane                       C

 

CÉSAR DU MEILLEUR FILM D'ANIMATION

Même les souris vont au paradis, de Denisa Grimmovà et Jan Bubenicek

Le Sommet des dieux, de Patrick Imbert              P

La Traversée, de Florence Miailhe                        C

 

CÉSAR DU MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE

Animal, de Cyril Dion                                                     P

Bigger Than Us, de Flore Vasseur

Debout les femmes !, de Gilles Perret et François Ruffin

Indes galantes, de Philippe Béziat

La Panthère des neiges, de Marie Amiguet et Vincent Munier        C

 

CÉSAR DU MEILLEUR PREMIER FILM

Gagarine, de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh

Les Magnétiques, de Vincent Maël Cardona

La Nuée, de Just Philippot

La Panthère des neiges, de Marie Amiguet et Vincent Munier        C

Slalom, de Charlène Favier                                                  P

 

CÉSAR DU MEILLEUR FILM ÉTRANGER

Compartiment n° 6, de Juho Kuosmanen

Drive My Car, de Ryûsuke Hamaguchi              C P

First Cow, de Kelly Reichardt

Julie (en 12 chapitres), de Joachim Trier

La Loi de Téhéran, de Saeed Roustayi

Madres paralelas, de Pedro Almodóvar

The Father, de Florian Zeller                             

 

CÉSAR DU MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

Valérie Lemercier et Brigitte Buc pour Aline

Leos Carax, Ron Mael et Russell Mael pour Annette

Yann Gozlan, Simon Moutaïrou et Nicolas Bouvet-Levrard pour Boîte noire       P

Catherine Corsini, Laurette Polmanss et Agnès Feuvre pour La Fracture

Arthur Harari et Vincent Poymiro pour Onoda, 10 000 nuits dans la jungle         C

 

CÉSAR DE LA MEILLEURE ADAPTATION

Yaël Langmann et Yvan Attal pour Les Choses humaines

Audrey Diwan et Marcia Romano pour L’Événement                     C P

Xavier Giannoli et Jacques Fieschi pour Illusions perdues

Céline Sciamma, Léa Mysius et Jacques Audiard pour Les Olympiades

Mathieu Amalric pour Serre moi fort

 

CÉSAR DE LA MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

Ron Mael et Russell Mael pour Annette                         C P

Guillaume Roussel pour BAC Nord

Philippe Rombi pour Boîte noire

Rone pour Les Olympiades

Warren Ellis et Nick Cave pour La Panthère des neiges

 

CÉSAR DU MEILLEUR SON

Olivier Mauvezin, Arnaud Rolland, Édouard Morin et Daniel Sobrino pour Aline

Erwan Kerzanet, Katia Boutin, Maxence Dussère, Paul Heymans et Thomas Gauder pour Annette  P

Nicolas Provost, Nicolas Bouvet-Levrard et Marc Doisne pour Boîte noire

François Musy, Renaud Musy et Didier Lozahic pour Illusions perdues

Mathieu Descamps, Pierre Bariaud et Samuel Aichoun pour Les Magnétiques            C

 

CÉSAR DE LA MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

Caroline Champetier pour Annette

Christophe Beaucarne pour Illusions perdues                             P

Paul Guilhaume pour Les Olympiades

Tom Harari pour Onoda, 10 000 nuits dans la jungle                  C

Ruben Impens pour Titane

 

CÉSAR DU MEILLEUR MONTAGE

Nelly Quettier pour Annette                     C

Simon Jacquet pour BAC Nord               P

Valentin Féron pour Boîte noire

Frédéric Baillehaiche pour La Fracture

Cyril Nakache pour Illusions perdues

 

CÉSAR DES MEILLEURS COSTUMES

Catherine Leterrier pour Aline

Pascaline Chavanne pour Annette                               C

Madeline Fontaine pour Délicieux

Thierry Delettre pour Eiffel

Pierre-Jean Larroque pour Illusions perdues                 P

 

CÉSAR DES MEILLEURS DÉCORS

Emmanuelle Duplay pour Aline

Florian Sanson pour Annette                                       C

Bertrand Seitz pour Délicieux

Stéphane Taillasson pour Eiffel

Riton Dupire-Clément pour Illusions perdues               P

 

CÉSAR DES MEILLEURS EFFETS VISUELS

Sébastien Rame pour Aline

Guillaume Pondard pour Annette

Olivier Cauwet pour Eiffel                                         P

Arnaud Fouquet et Julien Meesters pour Illusions perdues

Martial Vallanchon pour Titane                                 C

Sorties au cinéma: Cyrano (Critique)


Qui n'aime pas Cyrano de Bergerac? Peu importe sa forme, il s'agit d'une des plus grandes histoires d'amour du répertoire classique. Mais en anglais avec des chansons insupportables et plusieurs détours douteux, cela demeure discutable. Joe Wright a beau soigner sa mise en scène et Peter Dinklage insuffler une force tranquille au héros, la nouvelle version  s'avère oubliable. Ma critique. **1/2

Film du jour: Lilting


Déjà sur son premier long métrage Lilting (2014), le réalisateur Hong Khaou (Monsoon) traitait de sujets importants comme le deuil, la solitude et la difficulté à communiquer. Le tout avec une sensibilité et une délicatesse qui l'honore. Son scénario un peu trop chargé - les détours romantiques sont peut-être de trop - se fait heureusement éclipser par les performances nourries de Ben Whishaw et, surtout, de Cheng Pei-pei. ***1/2

mercredi 23 février 2022

Film du jour: The Sun is Also a Star


Adapté d'un roman à succès, The Sun is Also a Star parle de destin, d'amour et de la nécessité de profiter de notre passage sur Terre. Des ingrédients qui ont fait leurs preuves, surtout que la chimie romantique fonctionne à plein régime entre Yara Shahidi et Charles Melton, alors que la réalisation de Ry Russo-Young met à contribution l'imposante Grosse Pomme. Dommage que le scénario de Tracy Oliver reproduit un peu trop les clichés adolescents, ensevelissant son charme authentique sous les bons sentiments. **1/2

mardi 22 février 2022

Entrevue Cécile de France (Illusions perdues)


En prévision de la sortie québécoise du film Illusions perdues, je me suis entretenu avec l'actrice Cécile de France au sujet du classique de Balzac, ses thèmes toujours d'actualité et sa relation avec Xavier Dolan qui y campe un rôle important en plus de s'occuper de la narration. Mon entrevue se trouve dans les pages du journal Métro.

House of Gucci (blu-ray)


Ridley Scott tourne plus vite que son ombre. En 2021, il a même offert deux films! Le moins intéressant s'avérait toutefois House of Gucci. (Universal).

C'est quoi? La saga de la famille Gucci, où comment une femme ambitieuse a finit par faire imploser le mythique empire.

C'est comment? La distribution - qui comprend Lady Gaga, Adam Driver, Jeremy Irons et Al Pacino - est prestigieuse.

Et pourtant? Le traitement n'est jamais loin de la parodie involontaire. Tout le monde en met trop (particulièrement Jared Leto) et le récit conventionnel traîne en longueur, multipliant les clichés.

Techniquement? Visuellement, le long métrage en impose, soignant ses teintes, ses couleurs et ses contrastes. Les pistes sonores sont également précises et élégantes, subtilement immersives tout en mettant à l'avant-plan les voix et les dialogues.

Suppléments? Cette édition comprend un blu-ray et un dvd. Les bonus réunissent trois documentaires: un segment sur l'apport de Ridley Scott, un second sur la façon que Lady Gaga ne fait qu'une avec son modèle, et un dernier sur l'esthétisme en place.

Au final? Alors qu'on aurait pu se retrouver avec une fresque immense sur l'argent et la condition humaine, il s'agit plutôt d'une farce grotesque et inconséquente, d'une superficialité sans nom.

Film du jour: Miss Stevens


Même avant d'être connu, Timothée Chalamet faisait du Timothée Chalamet, en mettant trop - ou pas assez - dans chacune de ses scènes. Cela n'empêche pas Miss Stevens de Julia Hart de piquer la curiosité, obligeant une enseignante à faire le choix entre le monde des adultes et celui de son passé adolescent alors qu'elle part en congrès avec trois de ses étudiants. Lily Rabe livre une performance envoûtante dans le rôle titre et le scénario honorable transcende la plupart des lieux communs. ***

lundi 21 février 2022

Film du jour: The Cursed


Avec The Cursed, le réalisateur Sean Ellis tente de restaurer le mythe du loup-garou, immortalisé dans sa plus grande version cinématographique en 1941 - il y a déjà plus de 80 ans! -  avec The Wolf Man. Un soin immense a été apporté à l'atmosphère et à l'ambiance gothique. À tel point que les personnages ont été complètement oubliés, sacrifiés sous prétexte de multiplier les scènes barbares et violentes. Présentement au cinéma. **1/2

dimanche 20 février 2022

Film du jour: The Land


Les chroniques d'ados de milieux difficiles qui frayent avec le crime afin d'exaucer leurs rêves sont nombreuses. The Land de Steven Caple Jr. (Creed II et le bientôt le Transformers) ne fait pas dans la demi-mesure, accumulant le maximums de clichés et de lieux communs. À tel point que scénario attendu - et la mise en scène tape à l'oeil - finit par nuire à l'authenticité de la démonstration et à la sincérité de l'interprétation. **1/2

samedi 19 février 2022

Film du jour: L'événement


Coup de poing. C'est la meilleure formulation pour décrire le nouveau film d'Audrey Diwan. Adapté du livre d'Annie Ernaux, L'événement traite d'avortement dans la France des années 60, mettant au service son récit nécessaire, sa mise en scène implacable et son héroïne déterminée au service d'une création renversante, à ne manquer sous aucun prétexte. ****

vendredi 18 février 2022

Sorties au cinéma: Uncharted (critique)


Adapter un jeu vidéo au cinéma donne rarement des résultats intéressants et le Uncharted de Ruben Fleischer mord la poussière plus souvent qu'autrement. Si le mélange entre l'action et l'humour est dans l'esprit d'un ersatz d'Indiana Jones, l'ensemble générique et conventionnel s'oublie assez rapidement. Ma critique. **1/2

Film du jour: Le saint


Après son controversé Devi, Satyajit Ray traite à nouveau des tumultes entre les croyants et les adeptes de raison avec Le saint (1965), se tenant toutefois du côté de la satire évidente afin que son message soit interprété correctement. S'il s'agit d'une oeuvre mineure dans son immense filmographie, ce long métrage d'à peine 66 minutes s'avère tout de même un de ses essais les plus rigolos, rachetant son propos répétitif par une mise en scène précise et expressive. ***

jeudi 17 février 2022

Entrevue Simon Beaulieu (Le fond de l'air)


Oeuvre de colère et de révolte, Le fond de l'air de Simon Beaulieu capte peut-être mieux qu'aucun autre film contemporain le mal-être du monde moderne.

Vendredi 13 mars 2020. Une pluie presque verglaçante frigorie Montréal, jetant un froid quelques heures à peine après la demande du gouvernement Legault de limiter les rassemblements de plus de 250 personnes afin de contrer la pandémie du coronavirus. La Cinémathèque québécoise est endormie et presque vide, on pourrait sans peine y entendre un ange passer.

« J'ai écrit à l'ONF tout à l'heure pour savoir si on annule la sortie du film, lance à arrivée Simon Beaulieu. La vie arrive avant les films. »

Puis le cinéaste s'assied à une table, relevant l'ironie de la situation. « Quand il y a des crises comme ça, il y a toujours une part de noirceur... mais aussi des choses qui naissent. Le capitalisme est arrêté. Les gens sont apaisés. Il n'y a plus le mouvement des personnes partout, la folie de la vitesse de la vie, la production qui détruit l'environnement, la croissance du rythme effréné qui pèse sur tout le monde. »

Son nouvel essai Le fond de l'air traite d'ailleurs de tout ça. De l'Anthropocène qui apporte les dérèglements climatiques, les risques d'une guerre mondiale, l'anxiété de plus en plus généralisée, le pouvoir politique qui est incapable de régir le capitalisme, le culte de la technologie Dieu qui remplacera peut-être un jour les êtres humains, etc. La peur de demain demeure tangible et éloquente.

« Ma question était: "Qu'est-ce qui fait qu'on fait rien de ce qu'on sait?", se remémore celui qui penchait sur ce projet tout en écrivant le scénario de La grande noirceur de Maxime Giroux. On sait qu'on va dans un mur, on le voit, on a des statistiques. Alors soit on est dans la négation, soit on est impuissant ou pire encore, est-ce qu'il n'y a pas quelque chose de suicidaire dans l'espèce humaine? »

Après quelques documentaires remarqués (Godin, Lemoyne), Simon Beaulieu n'hésite pas à repousser encore plus loin son expérimentation des formes cinématographiques, déjà au coeur de son essentiel Miron: Un homme revenu d'en dehors du monde.

Il bombarde cette fois le spectateur de stimulus visuels et sonores, créant un hypnotisant rave dansé sur le bord d'un précipice. Le montage parfois constitué d'archives retouchées par Karl Lemieux se succède à un rythme d'enfer, formant une symbiose étonnante et même essoufflante avec ces voix omniprésentes qui s'échappent des écrans et autres appareils radiophoniques.

« Je voulais faire un film comme quelqu'un qui est pris dans le flux contemporain du monde actuel, admet son réalisateur. Le flux est en train de le submerger de vitesse, de bruits. C'est un film maximaliste, excessif, exagéré, dont le but est de faire sentir le trop plein de l'époque par un trop plein encore plus grand. Ça te donne ce débordement informationnel où tu es placé à chaque jour et qui finit par t'angoisser. C'est comme un train qui passe, qui te fonce dedans et tu n'as pas le choix d'embarquer. »

Construit à l'image d'une pièce de post-rock, le long métrage utilise dans ses moments de «détente» une caméra subjective afin de suivre des individus à la maison et au travail. « La caméra subjective correspond à ta vision de tous les jours, où tu n'as pas de vision périphérique, développe le metteur en scène. Tu es tout seul dans ta bulle. C'est intéressant de mettre en parallèle tous ces gens qui sont seuls dans leur bulle. Ils vivent une décollectivatisation du monde. Le monde est atomisé en mini atomes, éloignés les uns des autres. »

Parfois une caméra thermique est utilisée, donnant aux êtres humains une image de zombies. Puis il y a d'inquiétantes entités masquées qui apparaissent ici et là, pourchassant les protagonistes à l'effigie des méchants des slasher movies. Sont-ils réels ou imaginaires? Peu importe, la peur affecte tout le monde, le cauchemar s'avère entier. Tel ce film d'horreur et d'épouvante qui se déroule au quotidien.

« J'aime le détournement au cinéma, confirme en souriant son créateur. C'est comme un film catastrophe. Je voulais faire un objet déstabilisant où tu finis de le regarder et tu te demandes ce que tu as vus. Mais l'impression qu'il t'a donné est très précise. C'est une impression sensorielle. »

C'est également son projet qui lui ressemble le plus. Sans doute pas son plus aimable, mais certainement son plus personnel. « Dans ma jeunesse, j'étais un joueur de musique hardcore, révèle Simon Beaulieu. C'est resté très important dans ma vie. J'aime ces énergies radicales, puissantes, fortes, comme un show de métal. Je trouve que c'est une énergie qu'on ne visite pas souvent au cinéma. Au cinéma, il faut faire une expérience esthétique qui plaît à beaucoup de monde. Pour rentrer dans son argent, tu dois viser large. »

« Je voulais faire un film qui soit l'inverse d'une valeur marchande, projeter le spectateur dans une expérience radicale qui n'est pas fondée seulement sur l'idée de le satisfaire. En tant que spectateur, j'ai envie de vivre des expériences plus intenses. »

Le film prend finalement l'affiche le vendredi 18 février 2022.

Film du jour: Haute couture


Deux classes sociales différentes se rencontrent dans Haute couture de Sylvie Ohayon. Cela donne un récit bien intentionné mais cousu de fils blancs, prévisible et moralisateur, incapable de s'extirper de ses clichés malgré les performances justes de ses interprètes. La mise en scène anonyme et sans relief n'est évidemment pas là pour aider. Au cinéma dès vendredi. **

mercredi 16 février 2022

Entrevue Audrey Diwan (L'événement)


Lauréat du prestigieux Lion d'Or, L'événement est un film courageux sur l'avortement. Je me suis entretenu avec réalisatrice Audrey Diwan et mon entrevue est à lire sur Cinéfilic.

Film du jour: Killer of Sheep


Le destin est parfois d'une infinie tristesse. Réalisé au courant des années 70 par Charles Burnett, Killer of Sheep est passé dans le tordeur de la censure et de l’indifférence. Le film n’a été diffusé sur les écrans de cinéma que quelques journées avant d’être retiré, perdu et oublié... puis redécouvert 30 années plus tard. C’est le moment d'admirer un trésor oublié de la cinématographie afro-américaine et de saisir l’essence d’un cinéaste d’envergure qui a trop longtemps travaillé dans l’ombre. Ce soir au Cinéma Moderne. ****

mardi 15 février 2022

Film du jour: Greenland


Film catastrophe qui privilégie généralement le côté humain aux effets spéciaux, Greenland de Ric Roman Waugh verse dans le chaos le plus total, conférant au passage un rôle étonnamment solide à Gerard Butler. À tel point qu'on est presque conquis par la démarche... avant que le manque flagrant d'originalité de la prémisse saute aux yeux, tout comme ses effets larmoyants et sa manipulation outrancière. **1/2

lundi 14 février 2022

Sorties au cinéma: Julie (en 12 chapitres)


Pour la Saint-Valentin, on ne voudra pas manquer Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, une fantaisie drôle, romantique et mélancolique sur une femme brillante qui trouve toujours le moyen de se mettre dans le pétrin. Le récit traîne quelque peu en longueur, mais il ne faudra pas se surprendre de tomber amoureux de Renate Reinsve qui défend avec vivacité le difficile rôle titre. Ma critique complète est à lire sur le site de Cinoche. ***1/2

Film du jour: La fille du 14 juillet


Quelle est la meilleure comédie française de la dernière décennie? Les choix sont nombreux... mais pourquoi ne pas opter pour La fille du 14 juillet (2013)? Ce premier long métrage d'Antonin Peretjatko mélange le social et le personnel, le romantique et le politique en recourant à un amalgame incroyable de nombreux types d'humour. Cela donne une création riche et charmante, attachante à bien des égards, qui puise au sein de la Nouvelle Vague (on pense beaucoup à Zazie dans le métro) afin de créer quelque chose de vraiment unique. Dommage que le tout n'a jamais été présenté dans une salle québécoise... ****

dimanche 13 février 2022

Film du jour: Kung-Fu Master


Romance illicite entre une mère de famille et un garçon de 14 ans, Kung-fu Master d'Agnès Varda ne tâte pas tant l’ambiguïté d'une relation interdite qu'elle ressasse une période mélancolique de l'existence. Le tout se déroulant à la fin des années 1980, pendant l'épidémie de sida. Se collant au plus près de son héroïne Jane Birkin (qui tourne notamment avec ses propres enfants), le récit tendre et émouvant laisse émaner un doux parfum d'automne. ***1/2

samedi 12 février 2022

Sorties au cinéma: Death on the Nile


Fort du succès de Murder on the Orient Express, Kenneth Branagh récidive avec Death on the Nile, une autre adaptation quelconque d'un classique d'Agatha Christie, où une distribution (principalement composée d'acteurs de séries B) passe leur temps à parler d'amour et d'argent avant qu'on crime soit commis après plus d'une heure de blabla. Au moins lorsque l'enquête se met en branle, cela devient intéressant... Ma critique complète est à lire sur le site de Cinoche. **1/2

Film du jour: The Clovehitch Killer


Le suspense est généralement un des éléments les plus importants des films sur les tueurs en série. Il ne fonctionne pourtant pas dans The Clovehitch Killer de Duncan Skiles, alors qu'un fils suspecte son père d'avoir commis des crimes horribles. La métaphore sur l'Amérique n'est pas banale, Dylan McDermott surprend en patriarche et le récit comprend quelques surprises. Sauf que sa construction est si approximative et ses invraisemblances si commodes qu'il est difficile de prendre le tout au sérieux. **1/2

vendredi 11 février 2022

Sorties au cinéma: Mères parallèles


On ne s'ennuie jamais chez Pedro Almodovar. Plus politisé et social que d'habitude, Mères parallèles raconte l'amitié incroyable entre deux femmes et comment le destin va sans cesse les réunir. Moins flamboyant que d'habitude, le film s'articule autour de Penélope Cruz qui trouve son meilleur rôle depuis longtemps. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***1/2

Film du jour: The Sky is Everywhere


Joséphine Decker est une des cinéastes américaines les plus intéressantes du moment. De ses débuts expérimentaux, elle est en train d'ouvrir son art pour le rendre plus accessible, sans pour autant sacrifier ce qui le rend authentique. C'est le cas de The Sky is Everywhere, qui aurait pu être un récit d'initiation adolescent comme les autres. Sauf que des clichés en place (deuil, premiers amours, quête intérieure), la réalisatrice y insuffle poésie, lyrisme et fantaisie, parsemant l'essai de riches trouvailles visuelles et d'un charme qui opère vivement malgré quelques passages à vide et une naïveté qui ne plaira pas à tous. À découvrir sur Apple TV+. ***

jeudi 10 février 2022

Sorties au cinéma: Licorice Pizza


Prévu pour Noël mais repoussé à cause de la fermeture des salles de cinéma, c'est enfin demain que le public québécois pourra découvrir Licorice Pizza, le formidable nouveau film de Paul Thomas Anderson. Ma critique est à lire sur le site de Cinoche. ****

Film du jour: Pixie


Film de gangsters fauchés qui aurait pu voir le jour dans les années 90, Pixie de Barnaby Thompson ne fait pas dans la demi-mesure. Les situations sont prévisibles, les gags inégaux, la réalisation routinière et il y a même Alec Baldwin qui vient faire son tour en prêtre hors de l'ordinaire. Mais ce qui permet à cette production de pas mordre complètement la poussière est la performance délectable d'Olivia Cooke, insufflant style et charme à un récit particulièrement usé. **1/2

mercredi 9 février 2022

Film du jour: Voyagers


Interstellar rencontre Gattaca dans Voyagers de Neil Burger. La première partie pose les bases d'une science-fiction intrigante que vient complètement détruire la suite, insipide et copiée sur Lord of the Flies. Alors on passe le temps à se faire hypnotiser par la réalisation qui multiplie mécaniquement les plans d'accélération. Tout cela s'avère bien long et vain. **

mardi 8 février 2022

Sorties au cinéma: The King's Man


Autant le premier épisode était jouissif, autant le second s'avérait désastreux. Le troisième, en forme d'antépisode, n'est pas très convaincant malgré quelques moments amusants. Ma critique de The King's Man se trouve sur le site de Cinoche.

Film du jour: Beyond the Infinite 2 Minutes


Imaginez Tenet en moins prétentieux et en plus amusant. C'est un peu ce que propose Beyond the Infinite 2 Minutes de Junta Yamaguchi, une histoire de voyage dans le temps d'à peine 70 minutes - et doté d'un micro-budget - qui se déroule en un seul plan séquence! Le bonheur se répète et le charme opère allègrement, au détour d'un scénario complexe, brillant et absurde dont la gaucherie ludique en dit pourtant long sur les hasards de l'existence et le libre-arbitre. Au Cinéma Moderne et en vidéo sur demande. ***1/2

lundi 7 février 2022

Réouverture des cinémas!


Les salles de cinéma ouvrent aujourd'hui au Québec. Voici mon tour d'horizon des films à voir sur grand écran, qui comprend Drive My Car, The 355, C'est la vie, On est fait pour s'entendre, The Tragedy of Macbeth, Benedetta, Red Rocket, Flee, Josep, Prière pour une mitaine, sans oublier les excellents Beyond the Infinite Two Minutes et What Do We See When We Look at the Sky? que l'on pourra découvrir au Cinéma Moderne. Mon article est à lire dans le journal Métro.

Film du jour: I Care a Lot


Rosamund Pike crève l'écran dans I Care a Lot, une comédie noire et corrosive de J Blakeson où l'ambition et l'argent mènent le monde. Malgré ses invraisemblances et baisses de régime, le récit ne manque pas de style, s'avérant un divertissement particulièrement mordant et même troublant dans la façon de voir aux bons soins des personnes âgées. ***

dimanche 6 février 2022

Sorties au cinéma: Drive My Car (critique)


Les salles de cinémas ouvrent finalement leurs portes demain. S'il y a une oeuvre à ne pas manquer, c'est bien Drive My Car de Ryûsuke Hamaguchi. Ma critique de ce très grand film se trouve ici...