vendredi 8 juin 2012

Prometheus : Les deux extrêmes


Dire que «Prometheus» était attendu est un euphémisme. Ridley Scott qui décide d’offrir un nouveau «Alien», c’est un rêve de cinéphile qui se réalise. Qui pourrait très bien se transformer en cauchemar parce que ce volet n’a que peu de choses à voir avec l’original. Une fois passée cette déception, il est tout de même possible de prendre son pied. Surtout si on est amateur de série B.

À la fois un antépisode et un remake du classique de 1986, «Prometheus» est le nom d’un vaisseau spatial qui transporte à son bord de nombreux passagers vers une planète inconnue. Cette dernière serait à l’origine de la vie sur Terre. Mais avant que les explorations scientifiques ne puissent se tenir correctement, une menace agit en sourdine, décimant un à un ces visiteurs…

«Alien» n’est pas un classique de science-fiction pour rien. Il a inventé un genre, laissant des centaines et des milliers d’imitateurs sur la touche. C’est également le long métrage qui a lancé la carrière de Ridley Scott, un des cinéastes les plus volubiles de notre époque. Après une série d’échecs, le créateur de «Thelma et Louise» a décidé de retourner à ses premiers amours.

Il a toutefois oublié de bien faire ses classes. Au lieu de tout cacher dans le noir, de dissimuler dans l’ombre, il montre ses bêtes dès les premières minutes. Le mystère n’a donc pas lieu, renforçant le mythe que «moins on en voit et mieux c’est». La peur et l’oppression qui caractérisaient son matériel source ne sont également plus au rendez-vous. Il s’agit davantage d’une odyssée épique à grand budget (le lien avec «Lawrence of Arabia » au commencement n’est pas fortuit même si la fresque de David Lean est de plus grande nature cinématographique) où la réalisation assurée, les fabuleux effets spéciaux et la formidable utilisation de la 3D compensent pour les véritables frissons et les moments d’angoisse qui font défaut.

L’essai embrasse également deux genres qui pourraient paraître aux antipodes l’un de l’autre. Le premier est la science-fiction à la limite prétentieuse, lente et faussement complexe. Comme si le père de «Gladiator» voulait faire son «2001» en exposant ses théories sur la vie, la mort et le cosmos. Du blabla qui se mute progressivement en grosse série B, ridicule et amusante où des corps se font déchiquetés dans l’hilarité la plus totale. Tout d’un coup, l’histoire ne se prend plus autant au sérieux, ce qui permet quelques poursuites impressionnantes, des combats à couper le souffle et des séquences joyeusement délirantes, à la fois absurdes et complètement invraisemblables.

Un grand soin a été apporté aux personnages. Charlize Theron fait oublier sa pénible prestation de «Snow White and the Huntsman», Noomi Rapace est extrêmement sexy (et oui, ça se peut) et Michael Fassbender éclipse encore une fois tous ses partenaires de jeu. Il possède l’être le mieux écrit, le plus insaisissable. Sorte de mélange entre le David Bowie de «The Man Who Fell to Earth», Hall 9000 de «2001» et «Wall-e», il est capable de faire le bien et le mal, suivant sa propre logique interne.

N’ayant finalement que peu de choses à voir avec «Alien» tout en ouvrant le bal d’une belle façon (mais pas de façon totalement satisfaisante, quelques liens font défauts si l’on regarde tout de suite après «Alien»), «Prometheus» s’apparente également au fossé qui séparait «Hannibal» (également de Scott) de son modèle «The Silence of the Lambs». La mécanique en fait cette fois beaucoup trop, s’avérant nettement plus lourde, tonitruante et grotesque. Ce n’est pas désagréable à voir, il y a quelques moments très impressionnants et les admirateurs du jeu vidéo «Super Metroid» reconnaîtront plein de similarités. Il faut seulement ne pas avoir d’attentes envers ce «Event Horizon» qui possède une âme, mais pas le souffle horrifique nécessaire pour vouloir y revenir outre mesure. En espérant que Ridley Scott ne sabote pas l’essence de «Blade Runner», lui qui a décidé d’en faire une trilogie…

3/5

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