Luc Besson change radicalement de registre avec «The Lady» où il
ressasse les combats quotidiens d’une résistante birmane. Un sujet important et
nécessaire qui se voit coiffer d’un film banal et sans personnalité.
Aung San Suu Kyi (qui est personnifiée à l’écran par Michelle Yeoh) est
un des plus grands symboles de liberté du monde moderne. Pendant des années,
elle a été confinée à sa résidence : son influence politique mettait en
danger la junte militaire birmane au pouvoir. Elle a été coupée de son mari
(David Thewlis) et de ses enfants pour une cause qui les dépasse tous. Encore à
ce jour, si elle sort du pays, elle ne pourra plus y remettre les pieds et
continuer la lutte pacifique sur le terrain…
Un film devait absolument être fait sur Aung San Suu Kyi. Pour la faire
connaître au plus grand nombre de gens, pour souligner son combat de la
non-violence dans une société sans démocratie et pour inspirer des générations
d’êtres humains. Il n’est donc pas surprenant que ce long métrage a recueilli
des ovations partout sur son passage. Le parcours de cette femme touche le
coeur et embrasse l’esprit par tant de bonté.
Cela dit, le film n’est certainement pas à la hauteur de son
sujet. La démonstration est inutilement lourde, appuyée et mélodramatique. Les
scènes d’action sont tournées comme n’importe quelles superproductions
américaines. Malgré sa trop longue durée, l’effort privilégie souvent la
romance au reste. Certains faits importants sont également occultés (par
exemple, qu’est-ce qui la pousse au demeurant de prendre soin de son pays elle
qui habite en Grande-Bretagne) et l’essai se termine en 1999, alors qu’une
nouvelle génération de résistances et de souffrances sont passées dans l’ombre.
Contrairement à ses habitudes, Luc Besson offre une mise en scène
étonnamment calme et posée. Être admiratif et respectueux de cette grande dame
est une chose. Sauf qu’il ne lui fait pas toujours honneur. Sa démarche est
tellement classique, pompeuse et poussiéreuse qu’elle finit par se retourner
contre lui. Heureusement, ce grand amateur de femmes en danger («Nikita», «Le
cinquième élément», «Jeanne d’Arc») a trouvé en Michelle Yeoh (qui est
principalement connue en occident pour son rôle dans l’illustre «Tigre et
dragon») une très grande actrice qui offre possiblement sa plus belle
performance en carrière. Elle est accompagnée du très solide David Thewlis qui
lui permet d’élever encore davantage son jeu.
Tout comme le déjà oublié «The Iron Lady» qui portait sur Margaret
Thatcher, «The Lady» manque l’occasion de célébrer par le pouvoir du septième
art les luttes acharnées de Aung San Suu Kyi. Pourquoi offrir un quelconque
téléfilm et de passer à côté de son sujet au lieu d’aller droit au but et de
retransmettre à l’écran son âme et sa passion? C’est sûr et certain qu’un autre
film devra se faire sur elle.
2/5
Aucun commentaire:
Publier un commentaire