jeudi 3 mai 2012

The Lady: Portrait incomplet


Luc Besson change radicalement de registre avec «The Lady» où il ressasse les combats quotidiens d’une résistante birmane. Un sujet important et nécessaire qui se voit coiffer d’un film banal et sans personnalité.

Aung San Suu Kyi (qui est personnifiée à l’écran par Michelle Yeoh) est un des plus grands symboles de liberté du monde moderne. Pendant des années, elle a été confinée à sa résidence : son influence politique mettait en danger la junte militaire birmane au pouvoir. Elle a été coupée de son mari (David Thewlis) et de ses enfants pour une cause qui les dépasse tous. Encore à ce jour, si elle sort du pays, elle ne pourra plus y remettre les pieds et continuer la lutte pacifique sur le terrain…

Un film devait absolument être fait sur Aung San Suu Kyi. Pour la faire connaître au plus grand nombre de gens, pour souligner son combat de la non-violence dans une société sans démocratie et pour inspirer des générations d’êtres humains. Il n’est donc pas surprenant que ce long métrage a recueilli des ovations partout sur son passage. Le parcours de cette femme touche le coeur et embrasse l’esprit par tant de bonté.

Cela dit, le film n’est certainement pas à la hauteur de son sujet. La démonstration est inutilement lourde, appuyée et mélodramatique. Les scènes d’action sont tournées comme n’importe quelles superproductions américaines. Malgré sa trop longue durée, l’effort privilégie souvent la romance au reste. Certains faits importants sont également occultés (par exemple, qu’est-ce qui la pousse au demeurant de prendre soin de son pays elle qui habite en Grande-Bretagne) et l’essai se termine en 1999, alors qu’une nouvelle génération de résistances et de souffrances sont passées dans l’ombre.

Contrairement à ses habitudes, Luc Besson offre une mise en scène étonnamment calme et posée. Être admiratif et respectueux de cette grande dame est une chose. Sauf qu’il ne lui fait pas toujours honneur. Sa démarche est tellement classique, pompeuse et poussiéreuse qu’elle finit par se retourner contre lui. Heureusement, ce grand amateur de femmes en danger («Nikita», «Le cinquième élément», «Jeanne d’Arc») a trouvé en Michelle Yeoh (qui est principalement connue en occident pour son rôle dans l’illustre «Tigre et dragon») une très grande actrice qui offre possiblement sa plus belle performance en carrière. Elle est accompagnée du très solide David Thewlis qui lui permet d’élever encore davantage son jeu.

Tout comme le déjà oublié «The Iron Lady» qui portait sur Margaret Thatcher, «The Lady» manque l’occasion de célébrer par le pouvoir du septième art les luttes acharnées de Aung San Suu Kyi. Pourquoi offrir un quelconque téléfilm et de passer à côté de son sujet au lieu d’aller droit au but et de retransmettre à l’écran son âme et sa passion? C’est sûr et certain qu’un autre film devra se faire sur elle.

2/5

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