Sacha Baron Cohen est un grand comique. Même si sa performance dans le
surestimé «Hugo» de Martin Scorsese prouvait parfois le contraire, le voilà
revenir à ses premiers amours. Après «Borat» et «Brüno», place à «The Dictator»!
Les amateurs des précédents faux documentaires du réalisateur Larry
Charles ne seront pas trop déboussolés. Ce dictateur qu’incarne le sauveur de
l’humour politiquement incorrect n’est pas trop loin de «Borat». Il s’agit d’un
mécréant, d’un être diabolique qui dirige son pays d’Afrique avec une main de
fer dans un gant de fer. Le genre d’individu à faire exécuter quiconque
s’oppose à ses idées. Lors d’une visite à New York, une tentative d’assassinat
le laisse seul dans la Grosse Pomme ,
ne pouvant compter que sur l’aide d’une activiste de gauche (Anna Faris, il
fallait y penser) pour retrouver sa couronne.
«The Dictator» est un film très drôle, parmi les plus irrésistibles de
2012. On y rit beaucoup, mais à condition d’avoir le sens de l’humour. En tirant
sur tout ce qui bouge, en s’attaquant à la fois au capitalisme, aux chrétiens,
aux Juifs, aux jaunes, aux noirs, aux femmes et aux handicapés, le tandem fait
mouche presque à tout coup. Ce n’est pas tout le monde qui va rire et quelques
propos scatologiques peuvent laisser pantois, mais plusieurs cinéphiles seront
pliés en quatre pendant près d’une heure et demie. Il y a des répliques cultes
à revendre, des situations inoubliables et une bonne dose de mauvaise foi.
Le procédé n’est pas nouveau. Mais après le semi échec de «Brunö», il
est bon de voir Cohen et Charles reprendre le chemin du bon sens. Moins axés
sur l’aspect documenteur que «Borat» (mais beaucoup plus hilarant que ce
dernier), «The Dictator» enfonce le marteau, se moquant allègrement de l’Amérique
et de ses travers. La charge aurait pu être encore plus féroce et elle aurait
pu être plus subtile. Reste que de ce côté de l’Atlantique, ce type d’essai
salvateur est plutôt rare et lorsqu’il arrive sur les écrans, il ne faut
surtout pas passer à côté.
Il y en aura toujours pour dire que l’histoire d’amour ne sert
strictement à rien. Et c’est vrai. C’est toutefois une façon de se moquer des
clichés qui affligent ce type de récit. Parce que dans d’autres mains, cela
aurait donné quelque chose de banal et pitoyable comme «You Don’t Mess With the
Zohan» qui mettait en vedette Adam Sandler. Rien de tout ça ici lorsque
l’intelligence côtoie constamment le mauvais goût pleinement assumé. Surtout
que la distribution secondaire, qui va de Ben Kingsley en passant par John C.
Reilly, est parfaitement jouissive. Et c’est sans compter sur la horde de
caméos dont il ne faudra surtout pas dévoiler la nature.
«The Dictator» n’est pas seulement pour l’instant la meilleure
superproduction de l’«été» (désolé «The Avengers» et «Dark Shadows»), il s’agit
d’une des satires les plus rigolotes de l’année. Du plaisir – parfois coupable
- à la tonne qui fera mal aux côtes tant les fous rires sont nombreux.
3,5/5
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