Film du jour: Love Lies Bleeding

Pâques se célèbre cette année avec Love Lies Bleeding, le fabuleux film noir de Rose Glass (Saint Maud) qui croise avec efficacité et inventivité un propos féministe à la Thelma & Louise et l'environnement trouble d'un Nicolas Winding Refn. C'est drôle, violent, sexy, intelligent, d'une grande maîtrise technique et formidablement joué pour ce qui s'avère pour l'instant du divertissement le plus excitant de l'année. ***1/2

Film du jour: Club Zero

Dans la lignée de son précédent Little Joe, Jessica Hausner propose avec Club Zero une satire du capitalisme et de la foi, alors que des adolescents refusent de manger. Bien que le propos tourne parfois en rond, il fait rire et réagir. La mise en scène colorée aux zooms proéminents et l'interprétation glaciale et détachée rappellent ce qu'aurait pu ressembler une comédie signée Michael Haneke. ***1/2

Film du jour: Iris et les hommes

Fort de leur désopilant Antoinette dans les Cévennes, Caroline Vignal refait équipe avec Laure Calamy pour Iris et les hommes, qui suit les aventures extraconjugales d'une femme mariée. Superficiel et prévisible, le film vaut seulement le détour pour la performance pétillante de sa vedette, capable de beaux malaises et même de pousser la chansonnette. Car les situations forcées et l'humour rarement opérant ramènent constamment le récit vers le bas. **1/2

Film du jour: Onze jours en février

Est-ce que le cinéaste Claude Jutra a été effacé trop rapidement de l'espace public à la suite de la publication du livre d'Yves Levers? C'est ce qu'affirme le documentaire Onze jours en février de Jean-Claude Coulbois, qui regroupe une multitude de témoignages sincères se portant à la défense du réalisateur de Mon oncle Antoine. Si le long métrage partisan rappelle la nécessité de séparer la vie personnelle et l'oeuvre de son auteur, elle fait peu de cas des souffrances des victimes, ce qui s'avère tout de même troublant. **1/2

Film du jour: Chien et chat

Pire film de l'année jusqu'à maintenant, Chien et chat de Reem Kherici est une véritable honte, ne sachant jamais s'il doit s'adresser aux adultes (avec ses nombreuses références sexuelles) ou aux enfants (avec ses morales abondantes). Des situations ridicules aux effets spéciaux pitoyables, en passant par un humour au ras des pâquerettes et une utilisation consternante de la culture québécoise, il y a de quoi en ressortir frustré et enragé. *

Film du jour: Hotel

Film d'horreur minimaliste, Hotel (2004) permet à Jessica Hausner de parler de menaces invisibles, au détour d'un récit glacé qui évoque le cinéma de Lynch, Haneke et Hitchcock. Si l'on adhère ou pas à la proposition, il faut reconnaître l'immense travail visuel et sonore. ***

Film du jour: A Quiet Girl

Le cinéaste canadien Adrian Wills part à la recherche de ses origines dans A Quiet Girl, un film touchant et sensible qui, s'il se répète quelque peu, pose d'excellentes questions sur l'identité et les secrets du passé. Lorsque le cinéma personnel finit par devenir universel. Disponible gratuitement sur ONF.ca. ***

Film du jour: Shayda

Une immigrante iranienne et sa fille qui habitent l'Australie trouvent refuge dans leur communauté pour échapper à un mari et père violent. Tel est le sujet nécessaire du puissant film Shayda. La réalisation discrète de Noora Niasari s'efface au profit de la magnifiques actrice Zar Amir Ebrahimi qui porte le long métrage sur ses épaules, éclipsant certains  passages moins convaincants ou appuyés à l'aide de quelques pas de danse magnétiques. En salle. ***1/2

Film du jour: La fonte des glaces

Neuf années après son très intéressant Le bruit des arbres, François Péloquin est de retour avec La fonte des glaces, un film nettement moins abouti. Ce n'est pas la faute de Christine Beaulieu, excellente en agente de libération conditionnelle. Mais elle ne peut rien face à un scénario trop écrit et démonstrateur, qui tente de faire cohabiter le drame carcéral (souvent émouvant) et le suspense (ridicule et pétri d'invraisemblances). **1/2

Film du jour: La vénus d'argent

La chanteuse Pomme crève l'écran dans La vénus d'argent d'Héléna Klotz, où elle incarne une jeune femme qui cherche à changer de classe sociale. Un film riche et profond qui vaut assurément le détour. Ma critique est à lire sur Cinoche. ***1/2

Film du jour: Le temps dérobé

Documentaire sur la façon dont les maisons de retraite à but lucratif sont régit au Canada, Le temps dérobé (Stolen Time) d'Helene Klodawsky passionne et fait instantanément réagir tant les conditions de vie sont parfois déplorables. Un fascinant travail d'enquête qui excuse une mise à l'image plus quelconque et quelques longueurs. ***

Film du jour: Dernière nuit à Milan

Dernière nuit à Milan est un drôle de suspense. Cette histoire de corruption policière ne manque pas de clichés et d'invraisemblances. Sauf que la mise en scène de haut niveau d'Andrea Di Stefano et la présence impériale de Pierfrancesco Favino en font un thriller extrêmement agréable à regarder. En salle dès vendredi. ***

Film du jour: The Cut

Le cinéma de Fatih Akin n'a plus jamais été le même depuis The Cut en 2014, qui traite du génocide arménien. Malgré tout son talent et un parcours presque sans faute, le réalisateur s'est fourvoyé dans cette superproduction ambitieuse et ennuyeuse, conventionnelle au possible, dénuée d'éclat et d'émotion des plus grandes fresques, laissant le pauvre Tahar Rahim littéralement perdu dans le désert. **

Film du jour: Le toit

Il n'y a que Vittorio De Sica qui est capable de faire cohabiter la fable et le néoréalisme italien. Dans Le toit (1956), il apporte espoir et solidarité humaine à un récit optimiste - quelque peu naïf et appuyé - sur un couple qui reçoit de l'aide afin de construire une maison en une nuit. La photographie soignée et le jeu convaincu de tous les interprètes ne manquent pas de charmer. ****

Film du jour: The Blackout

Cinéma et quête identitaire se confondent dans The Blackout (1997) d'Abel Ferrara, une oeuvre mystérieuse qui se veut fascinante à ses heures même si le résultat n'est pas toujours à la hauteur. En suivant un amnésique dans son délire, le récit se promène parfois sur le chemin de David Lynch, la grâce en moins. Reste le plaisir assez bordélique de sortir des sentiers battus. ***

Film du jour: Ils ont tiré sur le pianiste

Un journaliste enquête sur la disparition d'un musicien dans Ils ont tiré sur le pianiste, un documentaire animé de Javier Mariscal et Fernando Trueba. Le récit verbeux et répétitif, plutôt conventionnel, n'atteint pas les sommets de Valse avec Bachir. Mais il est plutôt difficile de demeurer insensibles aux harmonieux dessins colorés et à la magnifique partition musicale. *** 

Film du jour: Tu ne sauras jamais

De tous les films québécois sortis depuis le début de l'année, Tu ne sauras jamais est certainement le plus intéressant. Il s'agit d'une oeuvre bouleversante sur un homme qui tente de retrouver son amoureuse. Porté par le non-acteur Martin Nault, le récit va droit au coeur, se voulant social et très humain. Robin Aubert se dépasse avec ses hommages (à Chantal Akerman et aux BB) et sa riche grammaire cinématographique, signant probablement son meilleur long métrage en carrière. ****

Film du jour: Reprise (Nouvelle Donne)

Dès son premier long métrage Reprise (Nouvelle Donne), Joachim Trier imposait son style, tâtant la Nouvelle Vague française à sa façon. Car cette histoire d'amitié, de rêves et de littérature encapsule la jeunesse dans sa beauté et sa maladresse. La mise en scène mouvementée et l'interprétation décontractée procurent fougue à un récit qui, dans d'autres mains, aurait pu être convenu. ***1/2

Entrevue Robin Aubert (Tu ne sauras jamais)

Sept ans après le succès des Affamés, Robin Aubert est de retour avec Tu ne sauras jamais, un film magnifique sur un homme isolé dans sa chambre de résidence qui tente de revoir la femme qu'il aime. Je me suis entretenu avec le cinéaste et mon entrevue est à lire dans le numéro d'hiver de Ciné-Bulles.

Film du jour: Youth (Spring)

Premier volet d'une trilogie, Youth (Spring) se concentre sur un groupe de jeunes travailleurs du textile. Fidèle à ses habitudes, Wang Bing prend son temps pour exposer ses sujets et leur milieu, filmant sans juger pendant 3 heures 30 minutes. Évidemment, les notions sociales et économiques ressortent du lot, mais on retient surtout ces jeunes hommes et femmes qui passent leur temps à travailler pour ensuite se réfugier sur leur cellulaire. Comme portrait d'une génération et d'un pays, il se fait difficilement mieux. Disponible en dvd via Icarus Films. ****

Film du jour: Zelig

Zelig est sans aucun doute le film le plus original de Woody Allen. Une magnifique oeuvre de montage où son héros change constamment de personnalité, se greffant aux faits historiques près de 10 ans avant Forrest Gump. Outre ses exploits techniques, on retient ses situations hilarantes et cette façon de combiner psychanalyse et romantisme. ****1/2

Oscars (Choix et prédictions)

La 96e cérémonie des Oscars se déroule ce soir. Oppenheimer est sur toutes les lèvres et la statuette est pratiquement dans la poche pour Christopher Nolan qui ne l'a jamais eu auparavant. Mais est-ce réellement le cas? Voici mes prédictions et mes choix personnels...

Meilleur film

Prédiction: Oppenheimer

Choix: The Zone of Interest

Meilleur réalisateur

Prédiction: Christopher Nolan (Oppenheimer)

Choix: Jonathan Glazer (The Zone of Interest)

Meilleur acteur

Prédiction: Cillian Murphy (Oppenheimer)

Choix: Cillian Murphy (Oppenheimer)

Meilleure actrice

Prédiction: Lily Gladstone (Killers of the Flower Moon)

Choix: Sandra Hüller (Anatomie d'une chute)

Meilleur acteur dans un second rôle

Prédiction: Robert Downey Jr. (Oppenheimer)

Choix: Robert De Niro (Killers of the Flower Moon)

Meilleure actrice dans un second rôle

Prédiction: Da'Vine Joy Randolph (The Holdovers)

Choix: Da'Vine Joy Randolph (The Holdovers)

Meilleur scénario original

Prédiction: Anatomie d'une chute

Choix: Anatomie d'une chute

Meilleur scénario adapté

Prédiction: American Fiction

Choix: The Zone of Interest

Meilleur film international

Prédiction: The Zone of Interest

Choix: The Zone of Interest

Meilleur film d'animation

Prédiction: Le garçon et le héron

Choix: Le garçon et le héron

Meilleur film documentaire

Prédiction: 20 Days in Mariupol

Choix: Les filles d'Olfa

Meilleurs décors et direction artistique

Prédiction: Poor Things

Choix: Poor Things

Meilleurs costumes

Prédiction: Barbie

Choix: Killers of the Flower Moon

Meilleur maquillages et coiffures

Prédiction: Maestro

Choix: Poor Things

Meilleure photographie

Prédiction: Oppenheimer

Choix: El Conde

Meilleur montage

Prédiction: Oppenheimer

Choix: Anatomie d'une chute

Meilleur son

Prédiction: Oppenheimer

Choix: The Zone of Intereste

Meilleurs effets visuels

Prédiction: The Creator

Choix: Godzilla Minus One

Meilleure chanson originale

Prédiction: What Was I Made For? - Barbie

Choix: Killers of the Flower Moon

Meilleure musique

Prédiction: Oppenheimer

Choix: Oppenheimer

Meilleur court métrage (prises de vues réelles)

Prédiction: The Wonderful Story of Henry Sugar

Choix: Invincible

Film du jour: Drive-Away Dolls

Après le triomphe du Macbeth de Joel Coen, on attendait avec impatience Drive-Away Dolls de son frangin Ethan. Malheureusement, il s'agit d'un cuisant échec. Non seulement cette «comédie délurée» recycle maladroitement ce qui faisait le charme de The Big Lebowski, Fargo et Raising Arizona, mais il bousille un scénario prometteur qui aurait pu être avant-gardiste, surtout avec le joli duo d'actrices en place. Malheureusement, le traitement peu inspiré, les situations qui tombent à l'eau, l'humour douteux et la mise en scène amateur finissent d'enfoncer le clou. **

Film du jour: Sucré seize

Les essais sur l'adolescence sont nombreux. Sucré seize sort pourtant du lot. Cette adaptation d'une pièce de théâtre par Alexa-Jeanne Dubé convie poésie et lyrisme, créant une véritable symphonie où huit adolescentes récitent - ou déclament - sur différents sujets qui leur tiennent à coeur. L'importance de la démarche éclipse rapidement les quelques redondances et le grand soin formel fait fi d'un ton qui pourrait paraître précieux. ***1/2

Film du jour: Les herbes sèches

Attention: chef-d'oeuvre! C'est le meilleur terme pour résumer Les herbes sèches, le nouvel opus de Nuri Bilge Ceylan qui transcende le simple triangle amoureux pour offrir une réflexion colossale sur la condition humaine. La mise en scène virtuose rivalise avec l'intensité des acteurs, tandis que la longue durée de l'entreprise et le ton verbeux permettent qu'on s'y investisse totalement. ****1/2

Film du jour: Quitter la nuit

Remarqué à la Mostra, Quitter la nuit de Delphine Girard explore les conséquences d'un crime sur trois personnes. Passé la superbe introduction (qui reprend le court métrage de la cinéaste), le film se perd quelque peu dans un récit choral inégal. Le script n'est pas le plus subtil, mais il s'oublie parfois devant le brio de ses interprètes et la mise en scène soignée aux ellipses terrifiantes. ***

Film du jour: Le repas

La monotonie du mariage est montrée dans toute sa mélancolie dans Le repas de Mikio Naruse, un drame qui ne fait pas le poids de ses années (1951) tant le film demeure moderne dans son propos. Plus américanisé que chez Ozu, le récit familial fait sourire et se suit avec un intérêt certain tant l'interprétation demeure sincère et la mise en scène dépouillée. ***1/2

Film du jour: Dune: Part Two

Supérieur à son prédécesseur, Dune: Part Two permet d'avoir enfin une vision complète de la transposition épicée de Denis Villeneuve du roman de Frank Herbert. Si le cinéaste québécois en met encore une fois plein sur la vue sur le point technique (les images frappent l'imaginaire et la musique de Hans Zimmer s'avère magnifique), son adaptation montre toujours ses limites, à la fois dans l'abondance de personnages bidimensionnels que de la prévisibilité des enjeux, du manque flagrant d'émotions et de cette propension à faire passer l'histoire d'amour kitsch avant le reste. L'ensemble donne surtout le goût de (re)lire la saga, plus riche sur le plan politique, religieux et philosophique. Mais si on prend le tout comme une simple superproduction hollywoodienne, le long métrage sort aisément du lot. ***1/2

Film du jour: The Creator

Avec The Creator (2023), Gareth Edwards avait l'occasion de révolutionner les superproductions hollywoodiennes ou du moins d'offrir un second souffle à ces longs métrages qui se suivent et se ressemblent. Le film n'a pas rencontré un franc succès et ce n'est pas étonnant. Malgré une réalisation alerte et quelques immenses images de cinéma, l'ensemble recycle sans cesse les mêmes clichés, les mêmes références. Peut-être qu'en soignant finalement le scénario, en offrant des personnages digne de ce nom, le tout aurait pu être différent. ***

Film du jour: Migration

Avec la semaine de relâche qui commence, on pourra confier les enfants aux bons soins de Migration, une animation drôle et intelligente sur la nécessité de sortir de sa zone de confort et d'aller voir ailleurs. Malgré ses conventions et son ton moralisateur, l'ensemble saura divertir petits et grands. Esthétiquement, l'effort ne manque pas de soin et l'édition blu-ray regorge de suppléments. ***

Film du jour: Écho à delta

Parler de la mort dans un film pour enfants n'est jamais évident. Le pari est remporté dans Écho à delta. Malgré des ruptures de tons pas toujours au point, le long métrage s'envole grâce à la réalisation sensible de Patrick Boivin et le talent de sa distribution. En salle. ***

Film du jour: Le dernier jaguar

Spécialiste du film d'animaux, Gilles de Maistre est de retour avec Le dernier jaguar, qui relate l'amitié entre une ado est une bête sauvage. Comme toujours, ses images sont soignées et le héros poilu trop mignon. Mais comme à l'accoutumé, son scénario prévisible et pétri de clichés croule sous les morales et les bons sentiments, tandis que l'interprétation humaine demeure sommaire et monolithique. Ce n'est pas parce que c'est bientôt la semaine de relâche que l'on doit refourguer n'importe quoi aux enfants. **