Depuis son premier long métrage de fiction Mariages en 2001, Catherine Martin s'est forgée une carrière plus qu'enviable au sein du sein du cinéma d'auteur québécois, peignant des oeuvres de fiction (Dans les villes, Trois temps après la mort d'Anna, Une jeune fille) et de documentaire (L'esprit des lieux) essentielles. Je l'ai rencontré pour la sortie de Certains de mes amis (entrevue) et je lui ai demandé quels étaient ses films préférés. Voici sa réponse...
« C'est dur de répondre à ça. Il
y a des films qui ont été des tournants, où tout à coup j'ai compris. Vers
14-15 ans, j'allais au cinéma et il y avait beaucoup de cinéma de répertoire.
Il y avait aussi à Radio Canada un ciné club. Ça, c'était incroyable. J'avais vu
à la télévision La passion de Jeanne
d'Arc de Dreyer et j'étais restée figée là. Je sais qu'à l'âge de 15 ans,
j'étais allée voir le film À travers le
miroir d'Ingmar Bergman. J'étais sorti de la salle, je n'avais rien
compris, mais je me disais qu'il s'était passé quelque chose de très, très
fort. Je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. C'était autre chose. Je suis
restée jusqu'à la fin parce que j'étais fascinée.
Ce sont des films qui m'ont
appris que le cinéma était un art et que ça pouvait nous amener ailleurs, nous sortir
de nous, nous amener à réfléchir, à voir le monde différemment. Je n'ai jamais
cessé de voir des films. J'allais beaucoup au cinéma. J'ai vu Kamouraska lorsque c'est sorti. Je
n'allais pas voir de blockbusters, j'ai toujours détesté ça. (rires)
Après j'ai découvert d'autres
cinéastes. Dreyer a été très important, Bergman bien sûr, Tarkovski un peu plus
tard. Quand j'ai fait mes études en cinéma, j'ai découvert Bresson et ça, ça
été fort. La première fois que j'ai vu Mouchette,
je trouvais qu'on touchait là à quelque chose de grand, de sublime. Quand on a
20 ans, c'est super important. C'est merveilleux. Comme je suivais des cours,
en même temps on pouvait parler de ça. Quand j'étais étudiante, on voyait 15
films par semaine, en plus de mes études. J'en voyais, j'en voyais. J'ai vu
beaucoup de films japonais. J'adore Ozu, Kurosawa, Mizoguchi. Ce sont des
maîtres incroyables. C'est là que j'ai compris que le cinéma est un art.
Et quand tu apprends à voir,
c'est là que tu découvres que chaque plan peut avoir un sens par rapport à
l'ensemble. Je crois beaucoup à ça. Il faut donner un sens à ce qu'on fait. Il
y en a encore quelques-uns qui travaillent comme ça. Apichatpong Weerasethakul par exemple, je trouve ça
extraordinaire. C'est comme une redéfinition de ce qu'est le cinéma, tout en
étant profondément cinématographique. Et profondément ancré dans une certaine
forme de classicisme. Mais il est dans un univers vraiment étonnant. Sinon,
dans les contemporains, je diras également Chantal Akerman, Lav Diaz, Tsai Ming-liang
et Béla Tarr. »
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