Deux excellents films, un intéressant exercice de style, une fantaisie sucrée et plusieurs longs métrages décevants: voilà ce qui compose la semaine au niveau des nouveautés au cinéma.
Se situant aux antipodes de son précédent et très bon documentaire Godin, Simon Beaulieu propose avec Miron-Un homme venu d'en dehors du monde un essai fascinant, où les mots du célèbre poète sont accompagnés d'un jeu constant sur la forme (autant visuelle que sonore) à l'aide d'archives probantes, alors que la temporalité est joyeusement bousculée. Cela donne un opus brillant, déstabilisant et hypnotisant, où la mémoire d'un homme et d'un pays en devenir ne forme qu'un. À voir absolument avant les prochaines élections. ****
Meilleur film de Bertrand Tavernier depuis des lunes, Quai d'Orsay est une satire politique assez jouissive sur un novice qui est embauché pour écrire les discours d'un ministre. La mise en scène dynamique, le scénario intelligent, quelques dialogues cultes et l'interprétation hallucinante de Thierry Lhermitte font de ce projet la meilleure comédie des dernières années. ***1/2
Adapté de son one-man show, Les garçons et Guillaume, à table! est une sorte d'autobiographie à saveur théâtrale, où Guillaume Gallienne parle de son alter-ego, un jeune homme que tout le monde soupçonne d'être gai. Les belles trouvailles y côtoient les clichés éculés, l'interprétation dans le tapis permet de mieux accepter certaines facilités scénaristiques et si l'humour ne touche pas toujours la cible, on en ressort le coeur plus léger. Cependant, il n'y avait aucune matière à remporter autant de prix (dont le César du meilleur film, devant le chef-d'oeuvre La vie d'Adèle). ***
Tourné avant Prisoners et adapté d'un livre de José Saramago, Enemy de Denis Villeneuve est un petit film sur un homme qui rencontre sans double. Malgré un excès de symbolisme (l'araignée) et un scénario qui refuse d'explorer la valeur psychologique de son sujet, on s'amuse généralement beaucoup devant ce bel exercice de style, brillamment réalisé, interprété avec conviction par Jake Gyllenhaal et où l'atmosphère rappelle Lost Highway et La moustache. ***
Différentes personnes parlent à la caméra de tout et de rien, d'amour et d'animaux, mais également d'enfances difficiles de mort. L'idée est prometteur. Sauf que le documentaire Autoportrait sans moi de Danic Champoux se veut rapidement répétitif. Surtout que l'ensemble est beaucoup trop long et que le traitement est terriblement statique. **1/2
Stay de Wiebke von Carolsfeld est l'exemple parfait de l'effort où la valeur de ses parts n'arrivent pas à créer un fond uniforme. Car s'il y a une intrigue potable (des gens à la croisée de leur vie qui cherchent à mieux repartir), des beaux paysages et des acteurs compétents, le traitement conventionnel finit par ennuyer. Tout comme ce sentiment de se retrouver devant une propagande pro-vie. **1/2
Les amateurs de Fast and Furious risquent d'aimer Need for Speed, l'adaptation d'un jeu vidéo à succès où l'intrigue sans queue ni tête n'est qu'un prétexte à une avalanche de poursuites. Si les cascades sont tournées à l'ancienne sans trop d'effets spéciaux, le tout manque cruellement d'originalité et il n'y a aucun réel attachement qui se fait envers les personnages. **
La transposition au cinéma de la populaire émission de télévision Veronica Mars de Rob Thomas n'est pas du cinéma, mais seulement un long épisode qui s'adresse uniquement aux fans. Les autres seront un peu perdus devant cet univers décalé et préfabriqué, peuplé d'insides jokes et de situations cousues de fils blancs, où la réalisation et le jeu des comédiens laissent grandement à désirer. **
Nouveau mélo collant de Tyler Perry tourné à la manière d'un banal téléfilm, The Single Moms Club s'intéresse au sort de cinq femmes monoparentales qui, ensemble, arrivent à devenir de meilleures mères et à trouver l'homme idéal. Un autre tas de niaiseries qui insultent l'intelligence du spectateur. *1/2
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